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La Grenadine
Par Drei_Sterne
Tokio Hotel  -  Romance  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     3 Reviews     Illustration    
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 Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas (malheureusementparcequej'auraisbienaiméquandmêmehein)

Note : JOYEUX ANNIVERSAIRE DINE ! Drei et Soiz'

 

 

Je suis tombé amoureux. Comme ça, d'un coup, sans que je m'y attende, sans que je comprenne, sans que je sache d'où et comment. C'est arrivé, et j'ai rien compris. Ca m'a retourné, chamboulé, fait tremblé des pieds à la tête et je suis resté là, planté. Comme un con. Un con d'amoureux comme dans les films. Je revois tout, chaque détail, j'essaye de distinguer chaque seconde. Je revois tout et rien, absolument rien ne montre que ça n'est pas arrivé, que non, en fait non, t'as encore rien compris. Ca me fait frissonner, trembler, et je serais incapable de dire si c'est de peur ou d'excitation. J'aime ça, j'aime chaque battement de coeur, chaque arrêt de respiration, chaque tremblement. J'aime ça et je crois que j'suis un peu maso. Mais c'est trop tard, foutu, j'suis tombé dedans et il n'a rien fait pour m'arrêter. Absolument rien.

 

C'était un matin de juin. J'étais fatigué, éreinté, avant même d'avoir commencé la journée. J'étais adossé à l'arrêt de bus, comme tous les jours. Je m'étais levé seul, avais déjeuné seul, n'avais dit au revoir à personne et en fermant la porte, ma gorge s'est nouée. J'étais seul et ça me détruisait. Peut-être à cause de mes tresses noires plaquées sur mon crâne, peut-être mes habits trop larges, peut-être mon piercing trop voyant, peut-être... Mais non, non. J'avais déjà tout retourné, dans tous les sens, et si les gens s'arrêtaient à ça, ça ne valait de toute façon pas la peine de les connaître, hein? Et lui me le prouvera. J'étais adossé à l'arrêt de bus et, lâchant un soupir, j'ai levé les yeux vers les personnes attablées au café en face de moi. J'ai regardé leurs lèvres rire, demander, surprendre, vouloir, trembler imperceptiblement. J'ai regardé leurs mains s'agiter souvent pour rien, parfois pour cacher beaucoup. J'ai fait chaque table, une par une. Et puis, mon regard a glissé sur la dernière table, collée au café, la plus éloignée. J'ai plissé les yeux, et mes jambes ont commencé à trembler. J'ai rapidement regardé autour de moi mais personne ne semblait me voir. Comme personne ne semblait le voir. Lui. Mon Dieu. Lui. Je sentais mon coeur battre partout dans mon corps, j'ai cru sentir ma gorge exploser sous la pression et je me suis mis à avoir peur. A sérieusement flipper. A me dire, m'ordonner d'arrêter mes conneries de frissons et de me reprendre. J'ai essayé. Mais mes yeux repartaient constamment vers lui, le couvaient, et je me demande même comment il a pu ne pas le sentir. Mon bus est passé. Et mes jambes ont refusé de me porter à l'intérieur.

 

J'ai attrapé mon sac, ai fortement serré les poignets, comme s'il allait m'aider, me retenir si je tombais. Conneries. J'ai traversé la rue et me suis posté près d'un lampadaire, un peu plus près. Mon coeur s'affolait, mon cerveau me hurlait d'arrêter, qu'Hollywood n'était que fiction et que tout ça ne pouvait pas être vrai. Et pourtant, merde, pourtant je contrôlais plus rien. J'ai pris mon portable, l'ai collé à mon oreille et ai remué les lèvres, essayé d'avoir des expressions cohérentes. J'ai fait comme si j'attendais quelqu'un pour pas faire peur aux gens et je me sentais terriblement con. Je le fixais sans vraiment m'en rendre compte. Je le fixais dans mes rétines, clignais des yeux comme pour prendre un milliard de photos que je retrouverais sous mes paupières. Il était... foutrement époustouflant.

 

Ses grands doigts manucurés enserraient un verre comme s'il était la plus belle des merveilles. Ils le protégeaient, le caressaient presque, comme s'il avait peur de le briser. Le liquide avait une couleur magnifique, entre le rouge et le rose. Une grenadine. La plus belle grenadine qu'il m'ait été donné de voir, je pense. Et je me suis douté que ce café n'avait pas été choisi au hasard, qu'il devait aimer passionnément cette gourmandise. J'ai détaillé ses doigts fins, ses mains, et j'ai dû me raccrocher au lampadaire avant de défaillir pour de bon. Je me suis mis une claque mentale, ai secoué la tête. J'ai serré les dents et ai voulu repartir. A quoi rimait ce coup de foudre à la con? A quoi rimait cette espèce de fixation passionnée? Je me faisais peur et mes yeux ont commencé à me brûler. J'ai lâché le lampadaire. J'ai ordonné à mes jambes de bouger. Elles n'ont jamais voulu m'écouter.

 

Alors je suis resté, là, comme un abruti, à être au bord de la crise d'angoisse. J'ai essayé de mettre ça sur le compte de ma solitude mortelle mais... Non, bordel, non. Alors j'ai inspiré, ai parié sur mon avenir. Un vrai fou. J'ai reposé mon regard sur lui, doucement, tellement doucement. J'ai fixé ses lèvres et j'ai déglutit bruyamment. Ai instantanément rougi, même si personne n'en avait rien à faire. Leur dessin parfait, leur légère brillance. J'ai aussitôt lécher discrètement les miennes et je n'ai même pas essayé de m'en empêcher. Il a porté la paille trempant gentiment dans le verre à sa bouche, aspirant doucement, l' entourant toujours de ses mains protectrices. Une goutte à glissé au coin de ses lèvres, descendant dangereusement. Mes yeux se sont grand ouverts et je suivais l'eau rosée sur sa peau. Mon regard devait le brûler, tellement. Il l'a essuyé d'un revers de la main. J'imaginais le goût sucré, la peau douce et légèrement collante, l'odeur délicieuse. J'imaginais tout et j'en aurais pleuré. Pleuré. Je me sentais ridicule, tellement, complètement. Qui croit à ce genre de chose, d'amour foudroyant, de rencontre du destin qui s'avère être la plus importante de toute notre vie? Personne, bordel, personne. Ma gorge se serrait, douloureusement. Et puis, merde. Ouais, le tournant le plus important de ma vie était là, devant moi. Je le sentais, au plus profond de mon être. Et alors, et alors?

 

Mes yeux ont remonté lentement et mes doigts se sont crispés. Ses yeux étaient maquillés, horriblement bien. Et pourtant ils étaient enfantins, pleins de vie et de surprise, plein d'émerveillement et d'étoiles. Devant ce verre, ce simple verre. Dans ses yeux se reflétait tout, l'amour et la vie, l'innocence et la merveille. Tout, l'essentiel qu'on perd et que lui a toujours, malgré tout. Et j'ai commencé à être terriblement fier de lui. Sans aucune raison, peut-être. J'étais fier, et c'était comme si je l'idolâtrais. J'aurais voulu pouvoir, être comme lui. J'ai fixé ses yeux et j'ai aimé tout ce qu'il représentait, tout ce qu'il dégageait. C'était le plus beau des tournants qu'on pourrait vouloir, le plus beau des beaux, bordel. Ses grands yeux enfantins m'ont fait échapper quelques larmes et je ne m'en suis rendu compte que quand un gémissement a passé la barrière de mes lèvres. Tout mon être était déchiré en deux. Entre lui, le rêve et la merveille, et la réalité, le monde autour, en dehors de sa bulle rouge grenadine.

 

Il a lâché sa paille et elle a émit un léger bruit. Un petit rire lui a échappé et il a plaqué ses doigts sur sa bouche, pinçant ses lèvres, ses yeux brillants doucement. Mes lèvres se sont pincées plus fortement et j'ai su que j'étais foutu. Foutu. Ses yeux se sont perdus dans le liquide et il a caressé le verre. J'ai vu une lueur de tristesse apparaître, juste, comme ça. Mon coeur a loupé un battement et je me suis senti défaillir, la colère et la tristesse me déstabilisant tout à coup. Je me serais damné, condamné pour lui, je me serais mis devant lui et aurais paré chaque problème, chaque attaque, chaque once de tristesse. J'aurais tout fait et mon angoisse augmentait, de plus en plus. Je ne savais plus où était la normalité, si ce genre de situation était vraiment réel. Quand ses mains ont lâché le verre et qu'il a secoué la tête, j'ai avancé. Sans savoir vraiment comment, qu'est-ce qu'on en penserait et... Non, non. J'ai balayé tout ça, me le suis enlevé de l'esprit. Je suis passé prendre une paille sur le comptoir, me suis dirigé vers sa table. Je tremblais, mon coeur menaçait de sortir de ma poitrine et je m'énervais moi même. On s'en fout, d'accord? On s'en fout.. j'ai tiré la chaise en face de lui et ses grands yeux se sont levé vers moi, paniqués. Je me suis mordu la lèvre, me suis assis doucement. Je l'ai regardé, dans les yeux, j'ai parlé sans le faire vraiment. Ses sourcils se sont arqués, puis froncés. J'ai posé la paille devant moi. Ai frôlé le verre, du bout des doigts, fixant le liquide rouge bouger tout doucement. J'ai retenu comme j'ai pu mes larmes, l'ai regardé à nouveau. J'ai ouvert la bouche et je ne sais pas comment j'ai réussi à parler.

 

Apprends-moi...

 

Il a frôlé ma main et a mis la paille dans la grenadine, la faisant danser. Il m'a regardé, m'a sourit. Tout a commencé ici. Ce jour-là. Autour de la plus belle des grenadines.

 
     
     
 
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