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au 31 Mai 21 :
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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 18     Les chapitres     28 Reviews    
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L'allier

NdA : Bouh ! Hey mais c'est qu'on approche de la fin ! (quand je pense qu'au chapitre 11 je disais qu'il ne restait à priori que 2/3 chapitres...)

 

 

Chapitre 18 - L'allier

 

Draco ferma la porte derrière lui en essayant tant bien que mal de garder un visage fermé et crispé, pas question que les quelques personnes qui passaient dans les couloirs à ce moment là et qui avaient entendu le mécontentement de Hudson ne devinent le sourire qui menaçait de percer sur son visage. Il inspira profondément, la satisfaction de voir son plan se dérouler à merveille le rendant presque euphorique. Il avait malencontreusement « oublié » d'acheter quelque chose la veille et, après s'être fait remonter les bretelles – son ego en avait pris un petit coup, mais il fallait bien faire quelques sacrifices – on lui avait assez sèchement demandé de réparer son erreur. Il n'avait plus qu'à se rendre à nouveau au village. Il descendit donc en vitesse le petit escalier qui menait aux quartiers des plus hauts gradés, longea la coursive, sa marche rapide agitant les rideaux qui lui cachaient la vue du grand hall, puis, après avoir contourné une vieille armure un peu rouillée, prit le couloir qui menait à l'infirmerie.

La grande salle était heureusement totalement vide à cette heure, et il n'eut aucun mal à trouver l'armoire qui servait à ranger les antidotes contrant le poison qu'ils utilisaient pour poser leurs pièges. Il n'y avait qu'une vingtaine de fioles, mais vu la fréquence à laquelle ils en avaient besoin – l'accident qui les avaient obligés, Thommason et lui, à ramener un des rebelles inconscient avait été une première et ne s'était pas reproduit depuis – son larcin passerait inaperçu. L'antidote bien cachée dans le fond de sa poche, il prit l'escalier principal et rejoignit la salle d'arme, là où était gardée la version mortelle du poison. Malheureusement pour lui, plusieurs personnes étaient assises autour d'une table, penchés sur ce qui semblaient être des bombes artisanales, probablement liées à des sortilèges. Draco resta planté devant la porte entrebâillée, hésitant quelques secondes avant de décider qu'il serait louche qu'il vienne chercher un échantillon du poison alors que la prochaine attaque devait avoir lieu dans quatre jours. Tant pis, c'était toujours plus fiable de recréer une antidote après avoir analysé le poison plutôt que de simplement essayer de recréer une version déjà au point, mais pour le moment cela suffirait. Il tourna donc les talons, revenant vers le hall principal. Deux hommes jouaient aux cartes à côté de la porte d'entrée mais le blond les ignora, tournant immédiatement à droite et s'engageant dans le couloir qui le mènerait à la porte latérale, celle qui donnait directement dans les serres – et la seule qu'il avait le droit d'utiliser s'il était seul et voulait prendre l'air. Il était moins détesté qu'à son arrivée, mais Greyback ne lui faisait toujours pas confiance. La serre lui permettait de sortir voir la lumière du jour et se promener sur quelques mètres de pelouse sans pour autant échapper à la surveillance qui pesait sur lui, la grille qui faisait le tour du petit château étant en place à cet endroit là, un homme gardant la seule ouverture vers l'extérieur.

Draco aperçut le dos courbé de son compagnon de courses à travers les carreaux sales de la porte vitrée et appuya sur la poignée. Il pris une seconde pour s'habituer à l'endroit, l'humidité froide du château étant ici remplacée par une chaleur lourde et étouffante quelle que soit la température extérieure, et s'avança entre les rangées de légumes.

 

« Hey. »

 

Un grognement bourru lui répondit, mais il ne s'en formalisa pas, ayant pris l'habitude des manières de l'homme.

 

« On a oublié d'acheter quelque chose hier. »

 

Son interlocuteur se redressa lentement, se tournant vers lui en grattant un sourcil broussailleux.

 

« Tu as oublié quelque chose Malfoy, moi j'ai ramené tout ce qui était sur ma liste. »

 

Draco acquiesça en détournant légèrement la tête et l'espèce d'ours qui se tenait devant lui souffla avant de se remettre au travail.

 

« Il faut qu'on y retourne. Hudson demande...

-Il faut que tu y retournes. Et Hudson peut aller se faire foutre. »

 

Le blond retint de justesse un soupir lassé. Il devait absolument aller dans cette fichue supérette aujourd'hui, sinon il allait louper le seul contact qu'il avait avec Harry.

 

« T'auras qu'à m'attendre dehors dans la voiture ? Tu sais bien que je ne suis pas autorisé à aller au village seul. »

 

Le regard sombre de l'homme se posa sur lui, le fixant pendant de longues secondes.

 

« T'as vraiment oublié quelque chose où t'essaie de te faire la malle ? »

 

Draco lâcha un grognement énervé, agitant son bras sous le nez de celui qui commençait tout doucement à l'irriter.

 

« Même si je voulais me barrer, j'ai un joli petit bracelet au poignet je te rappelle. »

 

Puis il sortit de sa poche la liste que leur gérant d'inventaire lui avait secoué devant le visage lorsqu'il s'était fait engueuler un peu plus tôt, ce qui manquait ayant été entouré en rouge plusieurs fois, quelques mots absolument illisibles mais probablement loin d'être polis ajoutés à côté de trois points d'exclamation.

 

Après quelques secondes de réflexion et un soupir qui traduisait son irritation, l'homme lâcha sa pelle au sol et lui fit signe de le suivre. Ils passèrent devant le garde qui ne fit que hocher la tête lorsque un courses lui fut balancé au visage comme seule explication et se dirigèrent vers l'endroit où étaient garées les deux voitures appartenant au groupe de rebelles.

Assis sur le siège passager – il ne savait absolument pas conduire ces machines là – Draco garda le regard fixé sur l'extérieur pendant tout le temps que mit l'autre homme à démarrer le moteur et à s'engager sur l'allée qui permettait de quitter la propriété. La première partie de son plan s'était déroulée à merveille, mais maintenant il lui restait toujours à trouver un moyen de convaincre ce type de rester dans le véhicule pendant qu'il rentrait en contact avec l'auror. La possibilité de devoir le pétrifier ou l’ensorceler de quelque manière que ce soit ne lui plaisait pas du tout, dès que l'homme reprendrait conscience le blond aurait bien du mal à expliquer son geste sans être immédiatement enfermé à nouveau, sa couverture complètement détruite au moment où il en avait le plus besoin. Il se mordilla la lèvre, le goût du sang dans sa bouche le faisant grimacer.

Mais à peine furent-ils arrivés sur la route qui menait au village, que son conducteur braquait à gauche, se garant sur le bas côté et s'extirpant de la voiture sans un mot. Draco le suivit du regard, les sourcils levés, et retint une exclamation de surprise en le voyant sortir de sa poche un petit paquet d'herbes séchées et de quoi se rouler une cigarette. Et vu l'odeur qui se diffusa dès qu'il ouvrit le sachet, il était très probable que ce ne soit pas du simple tabac. Le blond se demanda brusquement si les salades et les patates de la serre étaient les seules choses qu'il cultivait et faillit poser la question à voix haute avant de se reprendre et de s'extirper du véhicule.

 

« Tu fais quoi ?

-Je fume. Je peux pas le faire au manoir, tout le monde en voudrait. »

 

Draco resta silencieux pendant deux bonnes secondes, complètement estomaqué.

 

« Mais... On doit aller au village. »

 

L'homme secoua la tête en léchant soigneusement sa feuille, ses gros doigts étonnamment particulièrement habiles à refermer le joint.

 

« Tu dois y aller. J'ai jamais dit que j'irai avec toi. Tu peux pas sortir du manoir seul, ben c'est bon, t'es en dehors du manoir.

-Arrête tes blagues, je ne sais pas conduire.

-Va y à pied, ça me laissera le temps de me détendre un peu. »

 

Et après avoir secoué ce qu'il avait dans la main pour être sûr que Draco avait compris ce dont il parlait, il s'assit lourdement dans l'herbe du bas-côté, extirpant un briquet de la poche de son manteau.

Comprenant qu'il n'obtiendrait rien de plus de son conducteur, le blond lâcha un juron avant de tourner les talons, un immense sourire étirant ses lèvres quelques secondes plus tard. Il se mit à courir dès qu'il fut hors de vue, son cœur battant la chamade alors qu'il dévalait l'asphalte gris à toute vitesse. Il n'arrivait pas à croire la chance qu'il avait. Le seul problème de son plan s'était réglé de lui même et il n'avait plus qu'à filer rejoindre l'auror pour mettre au point la chute de ces fichu rebelles. Et après il retrouverait Potter. Il se mordit de nouveau la lèvre, mais de joie cette fois.

 

La jeune femme n'était pas encore arrivée et Draco essaya de contenir sa déception comme il put. Il inspira profondément plusieurs fois, laissant l'impression de liberté qu'il ressentait pour la première fois depuis longtemps lui remplir les poumons, et il se permit de lever la tête vers le ciel, esquissant un sourire en voyant le soleil qui brillait haut au milieu des nuages. Puis il rentra dans la supérette, se dépêchant de trouver ce qu'il devait ramener au manoir.

Le blond resta à l'intérieur pour attendre, décidant rapidement qu'il y aurait plus de témoins indésirables à l'extérieur. Même si le caissier trouvait son attitude étrange et voulait utiliser ça comme prétexte pour essayer d'engager une discussion avec eux lors de leur virée de la semaine, il n'en aurait pas la possibilité. Le groupe rebelle serait éclaté dans quatre jours si tout se passait bien, donc avant que leurs provisions n'aient besoin d'être renouvelées.

L'auror arriva alors qu'il faisait mine de s'intéresser aux magazines de jardinages trônant sur le haut des présentoirs, la clochette de la porte d'entrée le faisant sursauter avant qu'il ne se tourne vers la jeune femme, lui faisant tout de suite signe de s'approcher.

 

« Vous êtes seul ? »

 

Elle gardait la voix basse de manière à ce que le caissier ne l'entende pas et jeta un petit coup d’œil vers le reste du magasin, par sécurité. Draco la rassura d'un signe de tête, ne réussissant pas à réprimer le sourire satisfait qui ornait ses lèvres.

 

« Ils sont plus faciles à berner que je le pensais. Ou en tout cas ils ne me voient plus comme un potentiel danger pour l'organisation. Mais il ne faut pas que je tarde trop pour autant. »

 

Son interlocutrice hocha la tête et sortit immédiatement une pochette en carton de son sac en bandoulière, s'accroupissant pour la poser sur ses genoux et en retirer plusieurs feuilles blanches et un crayon à papier. Draco se mit à son niveau, la regardant farfouiller dans ses affaires et lui tendre une sorte de petit bracelet plat, lisse et transparent. Il le prit et le tourna entre ses doigts une seconde, surpris par sa texture spongieuse.

 

« Essayez de le glisser en dessous. »

 

Il redressa les yeux vers l'auror, son regard suivant ensuite son doigt pointé vers son poignet et sa bouche forma un oh de compréhension. L'objet était suffisamment élastique pour qu'il puisse le passer au delà de sa main et dès que ce fut fait, la jeune femme repoussa sans ménagement ses doigts malhabile pour s'occuper elle-même en quelques gestes rapides de le glisser sous ce qu'il appelait avec une certaine ironie son « collier de chien ». Une fois en place, écrasé sous le bracelet de métal, il était quasiment invisible, devinable uniquement par ceux qui savaient où le trouver.

 

« C'est par sécurité. Si jamais ils comprenaient que vous êtes de notre côté pendant l'intervention. C'est le mieux que nous ayons pu mettre au point en aussi peu de temps alors pas de folie, il contrera les effets mais ne les annulera pas pour autant. En fait, sans savoir exactement quel sortilège est lié au bracelet on ne peut pas faire grand chose de plus. »

 

Draco acquiesça tout en faisant tourner son poignet, s'assurant que la protection ne risquait pas de bouger, et l'auror reprit immédiatement.

 

« Ce qui mène à la première chose à retenir à propos de l'intervention : vous vous planquez dans un coin et vous n'en bougez plus. »

 

Le blond redressa brusquement la tête en fronçant les sourcils mais le doigt levé de la jeune femme et son air intransigeantle dissuada de se plaindre tout de suite, la laissant finir.

 

« On m'avait prévenu que ça n'allait pas vous plaire. Du coup j'ai un message personnel de la part d'Harry. »

 

Elle soupira un coup, se pinçant l'arrête du nez, hésita une seconde puis le fixa avec un air particulièrement blasé.

 

« Je vous épargne les mots exacts, mais en gros le directeur est inquiet pour votre sécurité et vous savoir en danger est handicapant pour l'intervention en elle-même. Il vous fait savoir que s'il vous arrive la moindre chose à cause de votre... Votre insupportable manie à ne jamais faire les choses comme prévu—

-Pardon ? Il peut parler ! »

 

L'auror resta silencieuse une seconde avant d'acquiescer rapidement, un léger sourire sur les lèvres, et de reprendre.

 

« Donc s'il vous arrive la moindre chose, il se chargera lui-même de vous ressusciter pour vous foutre la rouste de votre vie. Ses mots. Même si je pense qu'il se retenait un peu, il y avait d'autres aurors dans la pièce. Mais sérieusement, il a beau dire que c'est Archimède qui espère vous revoir en un seul morceau... »

 

Elle ne termina pas sa phrase, le blond hochant rapidement la tête, la gorge étrangement nouée. Harry avait peut-être une manière un peu particulière de lui dire qu'il tenait à lui, mais il se rendit compte que cela le touchait plus qu'il n'aurait imaginé. Cet abruti de griffondor lui manquait et il était peut-être temps qu'il arrête de se mentir à lui-même : Harry n'était plus un ennemi à qui il rêvait de prouver qu'il était le meilleur. Mais, pour être tout à fait honnête, l'envie de l'impressionner était toujours bien présente.

 

« Je ferais attention. »

 

La jeune femme le fixa sans rien dire, lui donnant l'étrange impression d'être en train de lire en lui tout ce qu'il venait de réaliser. Puis elle hocha la tête, lui tenant le crayon à papier.

 

« Il nous faut le plan le plus précis possible. »

 

Il passa donc les dix minutes suivantes à détailler chaque étage du château, annotant de la manière la plus claire possible ses croquis et ajoutant ensuite au dos d'une feuille le nombre d'effectif qu'il y aurait sur place pendant l'opération et tout ce qui pouvait potentiellement être utile aux équipes d'Harry. L'auror l'avait d'abord observé faire en silence avant de se rappeler que leur temps était compté et de lui expliquer à mi-voix le déroulé exact des opérations, de ce qu'ils attendaient de lui jusqu'au moment où il était censé se cacher et faire le mort. Une fois s'être assurés qu'il n'y avait plus aucune incertitude ou incompréhension et que tout était clair pour Draco comme pour elle, la jeune femme se redressa, rangeant les plans dans la pochette qu'elle glissa ensuite dans son sac.

 

« Au fait ! »

 

Elle jeta un regard surpris au blond qui s'était mis à fouiller dans ses poches, ressortant entre ses doigts une petite fiole transparente remplie d'un liquide très légèrement bleuté.

 

« je n'ai pas pu récupérer un échantillon du poison, mais voilà l'antidote. »

 

Un grand sourire étira les lèvres de l'auror et elle s'empara de l'objet, l'observant pendant quelques secondes en le levant au dessus de ses yeux, les rayons du soleil qui rentraient par la porte y faisant briller une myriade de reflets multicolores. Puis elle le glissa également dans son sac.

Un silence passa. Draco se racla la gorge, hésita, puis finalement repris la parole, articulant juste assez fort pour qu'elle l'entende.

 

« Dites lui de faire attention à lui aussi. »

 

Elle ne prit même pas la peine de lui demander de qui il parlait. Son sourire s'agrandit et elle hocha la tête d'un petit coup sec avant de tourner les talons, le carillon de l'entrée résonnant encore alors qu'elle enfourchait son vélo et donnait un grand coup de pédale, s'éloignant à toute vitesse.

Se rendant brusquement compte du regard inquisiteur du caissier qui l'observait depuis l'arrière du comptoir, Draco s'empressa de sortir à son tour, vérifiant machinalement qu'il avait bien son achat fourré dans la poche droite – revenir sans aurait pu mettre fin à ses rêves de liberté – et se mit à courir, maudissant le fait que la route soit en monté dans ce sens là.

 

Son compagnon de courses n'avait pas bougé, il était toujours assis dans l'herbe du bas-côté, les coudes posés sur les genoux. Il n'y avait que son mégot, tenu du bout des doigts et dont il ne restait plus que le filtre et de la cendre qui refusait de tomber qui était témoin du temps qui s'était écoulé. Il garda le regard perdu dans le vide, ignorant le bruit que faisait le blond en arrivant, jusqu'au moment où celui-ci se planta devant lui, les poings sur les hanches et les sourcils levés.

 

« C'est bon. On peut rentrer. »

 

L'homme hocha la tête lentement, jetant ce qui restait de sa cigarette un peu plus loin avant de se lever avec un grognement. Il essuya son pantalon en quelques gestes rapides et automatiques, se rapprochant ensuite de la voiture, le regard dans le vague. Draco fronça légèrement les sourcils. Il n'était pas coutumier de ce que l'homme avait fumé et des effet que cela pouvait avoir, mais vu l'impression planante qu'il dégageait, ça ne l'encourageait pas vraiment à lui faire confiance pour contrôler leur véhicule.

 

« Sûr de pouvoir conduire ? »

 

Une paire d'yeux bruns se posa immédiatement sur lui, brusquement aussi perçants que d'ordinaire, et le blond retint un soupir de soulagement. Il n'était peu être pas complètement stone, seulement perdu dans ses pensées. Le peu de fois où il avait touché à ce genre de substance lors de sa scolarité, pendant les quelques soirées – non validées par le corps enseignant – qu'il y avait eu dans la salle commune des serpentards, il avait en effet fini dans un canapé, perdu dans une introspection sans fin et sourd au brouhaha qui l'entourait. Et de toute façon, il ne leur faudrait que quelques minutes pour rejoindre le château, la probabilité de finir encastré dans un arbre était faible, surtout à la vitesse où ils allaient d'habitude. Rassuré, il monta en voiture, s'installant à sa place sans dire un mot de plus. Son conducteur fit de même, silencieusement, considérant apparemment qu'il n'était pas nécessaire de répondre à sa question. Mais il ne démarra pas pour autant, pianotant quelques secondes sur le volant avant de laisser tomber sa tête en arrière. C'était un comportement inhabituel, même pour un type aussi étrange que lui et Draco ouvrit la bouche pour lui demander ce qui se passait, ses mots se bloquant dans sa gorge lorsque la voix bourre de l'homme s'éleva brusquement dans l'habitacle.

 

« Tu as vu la fille ? »

 

Son sang se glaça. Il resta muet, son cerveau tournant à toute vitesse, cherchant avec une pointe de désespoir à qui il pouvait faire référence. Tout sauf elle, tout sauf ça. Il était si près du but, il ne pouvait pas s'être fait remarquer alors qu'il était à deux doigts de la liberté.

 

« La fille de la police des sorciers, celle que tu as vu hier aussi. »

 

Le terme résonna bizarrement à ses oreilles mais son cerveau en surchauffe ne s'y attarda pas, cherchant à toute vitesse quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait lui servir d'explication et le sortir du mauvais pas dans lequel il se trouvait. L'homme le fixait, ayant lentement tourné la tête et le regardant essayer tant bien que mal de trouver une excuse et sortir de son mutisme. Par réflexe Draco se recomposa un visage impassible, éliminant les émotions qui auraient pu y être visibles. Il ouvrit la bouche, prêt à nier en bloc ce que son conducteur avançait, mais un simple souffle l'arrêta dans sa lancée. Même pas un soupir, juste une expiration lente et un affaissement des épaules, comme si la conversation qu'ils allaient forcement avoir le fatiguait par avance. Draco haussa un sourcil. La posture de l'homme était tout sauf agressive ou accusatrice, bien au contraire. Lassée ou blasée à la limite et en plus de cela il gardait ses mains en évidence sur le volant sans qu'aucun mouvement ne trahisse l'envie de s'en prendre à son passager. C'était au moins aussi inattendu que la brusque révélation qu'il avait vu clair dans le jeu du blond et celui-ci ne chercha pas à masquer son incompréhension.

 

« J'ai entendu votre discussion d'hier. Je me suis ré-éloigné avant de t’appeler pour qu'elle ait le temps de se cacher et que tu ne te doutes de rien. »

 

En d'autres terme, ils s'étaient fait avoir comme des bleus. Cette réalisation plutôt irritante lui laissait un arrière-goût amer dans la bouche mais la situation était bien trop perturbante pour qu'il s'arrête sur ce détail. L'homme venait de confirmer qu'il savait tout de sa trahison mais sa posture restait résolument calme. Certainement pas détendue puisqu'il jetait de petits coups d’œil aux mains de Draco comme pour s'assurer qu'il n'allait pas brusquement saisir sa baguette mais absolument pas agressive. Les doigts du blond tremblèrent légèrement, glissant un tout petit peu plus près de sa poche et le regard de son conducteur se braqua dessus, ses jointures devenant blanche sur le volant.

 

« Si tu me fais quoi que ce soit Malfoy, tu ne pourras pas rentrer au manoir sans détruire ta couverture.

-Je pourrais fuir immédiatement après. »

 

Il ne précisa pas après quoi, sa menace suffisamment claire pour ne pas avoir besoin d'être expliquée. Il était normalement en situation de faiblesse, mais cet espèce d'ours bourru n'avait pas fait un geste vers sa baguette et il savait pertinemment que sans celle-ci l'homme n'avait aucun moyen d'activer son bracelet contre lui, alors il avait naturellement repris le dessus de la conversation. Cela n'eut pas l'air d'étonner son interlocuteur qui se contenta de lever rapidement les yeux au ciel avant de les poser de nouveau sur lui.

 

« Si tu voulais fuir tu l'aurais déjà fait. »

 

Draco resta silencieux suffisamment longtemps pour lui donner raison et l'homme continua.

 

« J'aurais très bien pu aller raconter à Fenrir tout ce que j'ai entendu hier Malfoy. Mais j'ai choisi de ne pas le faire. »

 

C'était vrai. Et étonnant. Mais le blond ne laissa pas tomber toute méfiance pour autant et devant son expression toujours aussi fermée, l'autre homme soupira.

 

« Ma baguette est dans ma poche gauche. Tu peux la prendre, je garde mes mains sur le volant. »

 

Perplexe était un euphémisme pour définir l'était dans lequel il se trouvait. Qui acceptait volontairement de se faire désarmer devant un ennemi mis au pied du mur ? Ça n'avait pas de sens.

 

« Malfoy, prend cette fichue baguette histoire que tu te détende une bonne fois pour toutes. Tu as l'air d'avoir un balais dans le cul. »

 

Le ton bourru et moqueur eut le mérite de le faire sortir de sa torpeur et il plongea immédiatement la main dans la poche de l'homme pour en retirer sa baguette. Son regard n'avait pas quitté le visage de son compagnon de courses jusqu'au moment où ses doigts se refermèrent sur le bois, ses yeux descendant immédiatement lorsqu'il ne sentit absolument rien. Pas d'impulsion, pas d'étincelle, aucune forme de rejet ou d'acceptation, juste un bout de bois mort contre sa peau. Mû d'une impulsion soudaine, il releva le genou pour y briser l'objet en deux, le léger craquement résonnant dans l'habitacle silencieux. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il ne découvrit rien à l'intérieur. Ni crin de licorne, ni poudre de ventricule de dragon, rien. Il releva la tête lentement.

 

« C'est...

-...une fausse. Je n'ai pas de baguette Malfoy. C'est une pale copie pour te dissuader d'avoir l'idée de me filer entre les doigts quand on descend aux courses. Parce que s'il te prenait l'envie de le faire je serais relativement impuissant. »

 

Et devant le silence de son interlocuteur, l'homme lâcha de nouveau un profond soupir.

 

« Je suis un cracmol. Je n'ai pas de magie. »

 

Draco parcourut son visage des yeux, passant de ses sourcils broussailleux à son regard fatigué et descendant ensuite à la ligne sévère des lèvres qui se perdait dans sa barbe brune. Il n'avait pas l'air de mentir. Et surtout, il n'avait aucune raison de mentir, il n'avait pas cherché à cafter et s'était lui même mis en position de faiblesse pour prouver qu'il n'était pas un danger. Le blond se détendit immédiatement, fermant les yeux et levant la main pour se masser les tempes. Mais un bon nombre d'interrogations restaient.

 

« Pourquoi faire partie d'un groupe pro-sorcier dans ce cas ?

-Ce n'était pas un choix. »

 

Il sembla hésiter une seconde, ses doigts pianotant sur le faux cuir du volant avant qu'il ne se tourne plus franchement vers Draco, croisant ses bras sur son torse.

 

« Je vais recommencer depuis le début. Déjà je ne m'appelle pas le jardinier comme beaucoup le disent au manoir, mais Ethen Rummick. Je suis né cracmol dans une famille sorcière, donc pas nécessairement source de fierté. »

 

Le blond se pencha légèrement en avant, appuyant son menton sur sa paume, indiquant physiquement qu'il était tout ouïe, et se plongea dans le récit de l'hom— d'Ethen. Il garda le silence, préférant laisser ses questions pour la fin, et le laissa lui expliquer la façon dont, après s'être battu pour se faire accepter dans une société qui ne voulait pas de lui, il avait finit par la repousser avec violence, se tournant vers le monde moldu et y relâchant tout le mépris qu'il avait intériorisé. S'il était inférieur aux sorciers, il était tout de même meilleur que ces abrutis inconscients de la société entière qui se trouvait de l'autre côté du miroir. Ou en tout cas c'était le mantra qui lui avait permis de tenir durant les plus dures années de son adolescence et du début de sa vie d'adulte. Sa recherche de pouvoir l'avait conduit droit dans les bras de mauvaises fréquentations et il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il devienne membre actif dans un gang qui s'occupait principalement de propagation de drogues. Autrement dit, ils étaient fournisseurs pour particuliers mais traitaient aussi parfois avec des clients beaucoup plus gros. Ce n'était pas le genre de vie que l'on pouvait lâcher du jour au lendemain sur un coup de tête et il s'était très rapidement retrouvé pieds et poings liés à cette organisation. Mais, obnubilé par l'agent facile, le pouvoir et la violence dans laquelle il traînait, cette réalisation n'était arrivée que bien trop tard. Il fit une pause à ce moment là, restant le regard dans le vide pendant de longues secondes avant de lâcher qu'il avait fait pas mal de choses dont il n'était pas fier mais qu'au moins, il avait tourné cette page de sa vie. Voyant le regard inconscient que Draco avait laissé traîner sur la poche intérieure d'où il avait sortit son sachet d'herbe un peu plus tôt, il se permit de rire, lui assurant immédiatement qu'un joint de temps en temps n'était rien comparé à ce dans quoi il avait pu traîner. Reprenant rapidement son sérieux, il expliqua ensuite qu'à force de se prendre pour le roi, il avait fini par tomber de haut, terminant en prison plus vite qu'il ne fallait pour le dire – Draco mit un petit moment à comprendre que c'était ce qu'il entendait par en taule. Ironiquement ça avait probablement été une chance pour lui, lui permettant de couper tous les liens avec son gang. La fidélité n'étant pas une qualité de ses anciens collègues, tous lui avaient tourné le dos pour éviter d'être entraînés dans sa chute. Il n'était sorti de prison que quelques années plus tard, retrouvant enfin la liberté – conditionnelle – et obligé de suivre le conseil de son agent de probation et d'accepter le job de jardinier au manoir. Un « retour à la nature » pour reprendre pied avec la réalité et surtout l'éloigner des mauvaises fréquentations de la ville et des quartiers dangereux où il aurait forcément fini, faute de pouvoir se payer un logement dans des zones moins mal famées.

 

« Initialement c'était un moldu qui occupait ce petit château, mais il avait des liens avec l'organisation puisqu'il leur a laissé le lieu peu de temps après. Et eux ça les arrangeait bien que quelqu'un soit là pour gérer les serres à leur place. J'ai une paye de merde, mais au moins j'ai un toit pour dormir au sec et de la nourriture dans mon assiette. »

 

Draco hocha lentement la tête, enregistrant toutes les informations qui venaient de lui être données en se mordillant la lèvre.

 

« Donc ils savent que tu es cracmol ?

-Non. Seulement que j'ai de la famille sorcière, mais ils pensent que je suis un moldu. Les heuts gradés en tout cas, les autres ne savent rien de tout ça. »

 

Il sembla hésiter une seconde avant d'ajouter d'une voix bourrue :

 

« Je n'ai jamais eu l'occasion de me présenter comme un cracmol et après avoir bien compris quel genre d'idées ils défendaient, je me suis dit que ce n'était pas la meilleure chose à faire. Ils méprisent encore plus les gens comme moi que les moldus. »

 

Le blond acquiesça immédiatement. Il savait d'expérience qu'Ethen avait raison vu les discours qu'il avait pu entendre aux réunions de famille quand il était enfant. S'il se rappelait bien, un oncle par alliance défendait même l'idée qu'il fallait tuer ces « choses » à la naissance pour ne pas risquer que la malédiction qu'elles portaient ne se propage. L’existence même des cracmols était incompréhensible pour beaucoup de sorciers purs – l'idée étant tout aussi révoltante que celle de sorciers nés de parents moldus pour eux – et l'origine de leur mal et leur rôle dans la société provoquaient toujours de grands débats et d'impressionnants déferlements de haine.

Le silence se réinstalla dans l'habitacle, le bruit de la pluie créant un rythme irrégulier sur le toit du véhicule, son intensité montant en quelques secondes alors que leur environnement s'assombrissait. Le soleil automnal avait laissé place à de gros nuages gris.

 

« Qu'est-ce que tu veux du coup ? »

 

Draco s'était ré-installé confortablement dans son siège, se redressant de toute sa hauteur et jetant un regard en biais à l'homme à côté de lui. Il n'était pas dupe, s'il avait choisi de ne pas aller raconter tout ce qu'il savait à Fenrir et s'il venait de lui raconter toute sa vie, c'était pour une raison bien précise. Ethen tapota le volant avant de tourner la tête, choisissant lui aussi de ne pas tourner autour du pot.

 

« Ne pas être considéré comme faisant partie de cette bande de malades quand la police sorcière débarquera—

-Les aurors.

-Hein ?

-On les appelle les aurors. »

 

L'homme secoua la main devant son visage comme pour évacuer ce qu'il ne devait considérer que comme un détail sans importance.

 

« Je n'ai pas l'intention de retourner en taule donc je ne veux pas être affilié au groupe de quelque manière que ce soit. Et si le ministère de la magie a par hasard un job pour moi quelque part... »

 

Draco haussa un sourcil, un léger sourire étirant ses lèvres devant la demande de son conducteur.

 

« Rien que ça ?

-Je peux être une aide précieuse dans votre intervention. Ils me soupçonneront encore moins que toi Malfoy puisque je suis là depuis le début. »

 

Après tout, c'était en effet un avantage non négligeable.

 

« Ne compte pas sur moi pour te donner les détails de ce que l'on a prévu. Tu devras te contenter d'obéir sans poser de question le moment venu. »

 

Ethen n'attendit pas pour acquiescer, ayant clairement déjà pris sa décision.

 

« J'ai ta parole du coup. »

 

Le blond se mordilla la lèvre, hésitant un instant avant de décider que si cet homme avait pris le risque de jouer cartes sur table, il pouvait bien, lui aussi, être totalement honnête avec lui.

 

« Je peux te promettre que tu ne te retrouvera pas en prison, tu n'auras qu'à raconter ton histoire, j’appuierai ta déclaration et je sais qu'Harry prendra ton parti aussi.

-Harry ?

-Le directeur du bureau des aurors. C'est le chef de cette mission. Et un... ami. Pour ce qui est du job, je ne peux rien t'assurer mais je lui en toucherais deux mots. »

 

Le visage bourru d'Ethen sembla s'éclairer pour la première fois d'un sourire sincère avant qu'il ne tourne les clés dans le contact, le moteur de la vieille voiture crachant plusieurs fois avant de démarrer. Draco l'observa faire demi-tour, reportant ensuite son regard sur la route. Ce ne fut que lorsqu'ils furent entourés des arbres de l'allée privée qu'il reprit la parole.

 

« Je t'accorde ma confiance, donc considère qu'Harry t'accorde la sienne par extension, surtout si tu l'aides à protéger ceux auxquels l'organisation s'en prend. Mais si tu la trahis, crois moi, ma colère ne sera rien comparé à la sienne et à celle de ses aurors.

-Ça n'arrivera pas. Je ne compte pas retourner en taule, j'ai déjà donné. »

 

Il fit ralentir légèrement le véhicule pour passer une bosse particulièrement traître, ses mains se resserrant légèrement sur le volant.

 

« Pour une fois dans ma vie j'ai décidé de faire le bon choix, j'ai juste besoin qu'on me donne une chance. »

 

Draco ne répondit rien, tournant simplement la tête pour détailler le visage déjà marqué par les rides de quelqu'un qui ne devait pourtant pas avoir plus de trente-cinq ans, le regard fatigué fixé sur la route et la barbe et les sourcils qui lui donnait l'air de tenir au moins autant de l'ours que de l'homme. Malgré toutes leurs différences, physiques et mentales confondues, il prit brusquement conscience qu'ils étaient finalement étonnamment similaires. Alors il n'aurait aucun regret à faire pour cet homme ce qu'Harry avait fait pour lui, un sentiment de fierté à laquelle il n'était pas habitué se répandant dans sa poitrine.

 

L'homme posté près de la grille d'entrée leva un sourcil lorsqu'ils passèrent devant lui après être descendus de voiture, demandant d'une voix tout sauf polie ce qu'ils avaient fichus pour mettre autant de temps. Apparemment leurs supérieurs n'avaient pas apprécié leur absence prolongée et Hudson avait même pris la peine de descendre de ses quartiers pour se poster à côté de la porte de la serre, les bras croisés et le pied tapant nerveusement le sol tandis que ses petits yeux de rapace les fixaient avec suspicion. Mais Draco n'eut pas à se défendre, Ethen avait retrouvé son attitude bourrue en quelques secondes et envoya paître le garde à grand renforts de jurons. Il ne perdit pas de temps non plus pour aller cracher à la figure de Hudson qu'il allait rapidement falloir débloquer des moyens pour entretenir leurs véhicules, la courroie avait encore sauté et bientôt ce serait le moteur entier qui y passerait. Leur supérieur ravala ses remarques pour répondre avec un temps de retard qu'à moins qu'il se mette brusquement à chier de l'or, il allait falloir se débrouiller sans. Puis il tourna les talons avec un air furieux sur le visage. Draco était prêt à mettre sa main à couper qu'il n'avait pas plus compris que lui le jargon technique du cracmol, mais que l'admettre aurait été beaucoup trop violent pour son ego. C'était presque drôle que le mépris réservé aux moldus soit finalement ce qui venait de leur sauver la peau.

 

.oOo.

 

J'espère que ça vous aura plu, je vous dis Joyeux Noël et à la prochaine pour de nouvelles aventures :D

 

(vous voulez une blague ? Il pleut dans mon appartement. Genre il y a deux endroits où l'eau s'infiltre dès qu'il pleut. Ça fait ploc ploc dans la bassine que j'ai mis pendant toute la nuit et ça me fait péter un câble... Voilà, c'était l'instant random)

 
 
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