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au 31 Mai 21 :
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Parce que rien n'a changé
Par Ketchupee
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
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    Chapitre 19     Les chapitres     28 Reviews    
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D-Day

NdA : Bonjour mes p'tits amis ! Après une absence, encore une fois, monstrueusement longue, voilà un nouveau chapitre ! J'étais persuadée de pouvoir le finir vite vu que je l'avais commencé à la fin des vacances de noël, mais je n'ai finalement pas eu d'autres vacances avant cet été... Et ce chapitre refusait de se finir, il est absolument interminable et je n'étais pas assez sadique pour le couper en plein milieu. Ça n'aurait pas eu beaucoup de sens et vous méritez un gros chapitre pour votre patience. Encore une fois, merci à tous ceux qui commentent et qui me motivent à écrire !

Bonne lecture !

 

Chapitre 19 - D-Day

 

Le temps était quelque chose de monstrueusement traître et fluide. Trop lent et trop rapide, sans possibilité de l'influencer, juste à subir. Toute cette mission qui avait traîné en longueur avait éreinté ses unités, les vidant de leurs forces et de leur motivation comme une sangsue indélogeable qui se nourrissait d'eux, mais les derniers jours qui s'étaient écoulés après qu'ils aient définitivement fixé la date de leur attaque avaient été bien pires. Ils n'avaient tous plus qu'une envie : pouvoir avancer le temps et réduire à néant les heures qui passaient bien trop lentement. Mais tous avaient également l'impression qu'ils ne seraient jamais prêts dans les délais. Il y avait trop de détails à préparer, trop de choses dont il fallait s'assurer pour qu'ils ne se précipitent pas à leur perte. Tout devait être réglé comme du papier à musique, et les aiguilles de l'horloge murale tournaient beaucoup trop vite et beaucoup trop lentement, leur tic tac répétitif rythmant les vagues de stress que tous les aurors tentaient tant bien que mal d'ignorer.

Les informations que leur avait fait parvenir Draco les avaient confortés dans une de leur principales crainte : ils étaient en sous-nombre avec quarante-deux aurors – en comptant Léna qui, après avoir débattu pendant une bonne trentaine de minutes avec son directeur, avait obtenu qu'elle, Mantheer et Ulrich participent – contre une cinquantaines de rebelles. C'était un poil déprimant de découvrir qu'une cause aussi répugnante était soutenue par autant de personnes, mais comme l'avait fait remarquer Tony, ce n'était finalement pas tant de monde que ça, surtout si l'on considérait que le bureau des aurors était aussi vide car encore en pleine reconstruction depuis la fin de la guerre. C'était l'unique raison pour laquelle ils ne les écrasaient pas littéralement en nombre et avec les nouveau aurors en formation, ils auraient tôt fait de renflouer les rangs. Le fait était qu'ils restaient moins nombreux pour cette attaque, et Harry avait hésité à demander au ministre de la magie de dépêcher d'autres agents de sécurité employés par le ministère – moins formés que ses unités mais utiles quand même – en renfort avant d'abandonner l'idée. Ils attaqueraient par surprise pendant que le gros des troupes rebelles serait absent et seraient donc normalement en position de force à l'intérieur lorsque que leurs ennemis reviendraient. Ajouté au fait qu'ils devraient se déplacer le plus discrètement possible pour rejoindre leur cible et que d'après Draco, nombre des hommes qui l'entouraient avaient l'air d'être de bien piètres combattants, Harry avait finalement décidé que ses aurors suffiraient. Et alors qu'il regardait le groupe silencieux qui se rassemblait devant lui, baguettes à la main et protections enchantées en place, passant d'un visage concentré à l'autre, il se dit qu'il avait bien fait. Il faisait confiance à chacun d'entre eux pour mener à bien leur mission tout en protégeant leurs arrières. L'angoisse ne pourrait pas disparaître totalement – et il avait depuis longtemps compris que cette sensation faisait partie intégrante de son travail et de son rôle – mais c'étaient probablement parmi les meilleurs sorciers et sorcières du pays qui se trouvaient devant lui, ces fichus rebelles ne feraient pas le poids.

Le brun jeta un coup d’œil à l'horloge murale, suivant l'aiguille du regard pendant les quelques secondes qu'elle mit pour rejoindre le point le plus haut, une minute passant avec un petit bruit du rouage. Anthony et Sidley avaient eu le même réflexe avant de reporter leur attention sur leur directeur, se plaçant entre lui et le groupe d'aurors maintenant immobile. Harry prit un instant pour croiser le regard de ses deux collègues et amis. Il combattrait avec eux, reformant ainsi le groupe de mission qui s'était dissolu quand il avait pris le poste de directeur – une intervention avait mal tourné, les forçant à réorganiser les troupes. Un léger sourire étira ses lèvres, les deux autres hommes l’imitant immédiatement, sans aucun doute ressentant eux aussi le même frisson d'anticipation et d'excitation remonter le long de leur dos. Puis il leva la tête, le clic de l'horloge résonant dans le silence. Il était trois heure du matin et la mission pouvait commencer.

Le groupe avançait sans bruit sur la route de bitume éclairée par la lune. Le ciel dégagé leur épargnait l'utilisation de lampions ou autres objets magiques pour se repérer dans la nuit et ils suivaient tous Léna en faisant attention où ils mettaient les pieds. Harry et Sidley étaient directement derrière elle, Anthony ayant choisi de fermer la marche avec Mira. Ils avaient tous transplané à distance suffisante pour s'assurer de ne pas être repéré par leur cible et presque une heure de marche plus tard, ils n'allaient plus tarder à arriver dans leur base d'attente. Le groupe s'engagea sur un petit chemin de terre à la suite de Léna, quittant la route principale et la lumière nocturne pour s'enfoncer sous les arbres. Les yeux rivés sur leurs pieds pour essayer d'éviter les racines traîtres qui parsemaient l'allée, plusieurs d'entre eux s'aidaient mutuellement et silencieusement à avancer, relevant de temps en temps la tête pour vérifier que leurs chefs de file étaient toujours devant. Harry suivait son apprentie de près, échangeant parfois un mot murmuré à mi-voix avec elle. Ils avaient tous les deux suffisamment étudié le trajet pour savoir qu'ils approchaient du but. Et en effet, après une côte particulièrement abrupte, ils arrivèrent enfin à découvert, une vieille église de pierres taillées trônant au sommet de la colline, son clocher se découpant sur le ciel et ses tuiles brunes reflétant la lumière de la lune. Les deux aurors vérifièrent rapidement qu'il n'y avait personne dans les environs avant de faire signe au reste de la troupe de continuer à avancer. Ils avaient choisi cet endroit stratégique qui surplombait la vallée et le petit château où étaient cachés les rebelles pour pouvoir observer à distance tous les mouvements de troupe, mais ils avaient aussi la possibilité d'avancer à découvert dans la cour de l'église puisqu'une grande rangée de haies puis d'arbres fruitiers les cachaient à la vue de quiconque aurait le regard tourné vers le clocher.

 

Ils rentrèrent les uns après les autres dans le bâtiment, s'installant silencieusement – ou en tout cas aussi silencieusement que possible dans un endroit où une simple respiration résonnait – sur les bancs qui occupaient la nef centrale. Le petit espace fut rapidement rempli, et Harry éleva très légèrement la voix.

 

« Essayons de rester le plus discret possible. Avec la résonance et le silence dans la plaine, s'il prenait l'envie à quelqu'un de crier, on serait immédiatement repérés. »

 

Puis, d'un signe de tête, il appela Anthony et Sidley et indiqua l'escalier en bois qui permettait de monter à l'étage. Si l'espace central était un peu éclairé grâce à la lumière de la lune qui filtrait au travers des vitraux, la coursive dans laquelle ils débouchèrent après avoir monté les quelques marches branlantes était une autre paire de manche. Lâchant un soupir – immédiatement suivi par le juron chuchoté de Sid qui venait de se cogner la tête sur le plafond bien trop bas pour lui – Harry posa sa main sur le mur pour continuer à avancer sans risquer de se casser la figure.

 

« Attention, on passe derrière l'orgue, je ne sais pas s'il fonctionne encore mais on va éviter de prendre le risque. »

 

Un double grognement affirmatif lui répondit et il dépassa l’alcôve, poussant une porte en bois et rejoignant un second escalier, en colimaçon cette fois-ci. Deux étages plus tard, il déboucha dans une petite pièce ronde dont tout l'espace central était occupé par une grosse cloche métallique et dont les murs en pierre étaient remplacés à intervalles réguliers par des grillages qui donnaient sur l’extérieur, prenant toute la hauteur de plafond.

 

« Au moins on y voit quelque chose, murmura Sidley en se glissant à la suite d'Anthony, le visage rivé vers la lune.

-Mais il va falloir faire attention, si le manoir est visible, c'est qu'ils peuvent nous voir aussi s'ils décident d'observer de près le clocher. »

 

En effet, un peu plus loin dans la vallée, la forme sombre du châtelet que Draco avait décrit se découpait sur le bleu de la nuit, une unique petite lueur près de la porte d'entrée indiquant qu'il était bien occupé.

 

Sidley s'avança jusqu'à la grille qui faisait face à leur cible et sans plus de manière, s'installa juste à côté, le dos appuyé aux pierres de taille.

 

« Tant qu'on allume pas de lumière il ne devrait pas y avoir de problème patron, la silhouette de la cloche occulte les nôtres »

 

Le brun acquiesça, imitant son auror et allant s'installer en face de lui, de l'autre côté de l'ouverture. Puis il tourna la tête vers le troisième homme en souriant.

 

« Anthony, tu peux aller dire aux autres qu'il faudra deux personnes pour nous relayer d'ici quarante-cinq minutes ? On prend le premier tour de garde. Profite-en pour essayer de dormir un peu. »

 

L'auror hocha la tête avec un léger sourire avant de tourner les talons, redescendant précautionneusement les escaliers branlants. Harry réprima un bâillement et ramena ses genoux contre son torse, s'enveloppant dans la chaude cape de voyage dont ils étaient tous vêtus. Un léger vent s'infiltrait par les grillages, leur présence régulière dans la pièce favorisant malheureusement les courants d'air. La température était loin d'être basse pour la saison, mais la nuit restait fraîche et il savait très bien qu'il finirait tout engourdi. Une des joies des tours de garde. Rester immobile était souvent une tâche ardue. En face de lui, Sidley s'agita une seconde pour sortir une grosse montre à gousset d'une de ses poches puis, avec un soupir à peine audible, il reposa sa tête sur la pierre froide, le regard perdu dans la direction du manoir.

 

« Il est à peine cinq heure passée.

-D'ici une heure ils devraient commencer à se réveiller. Il faudra être d'autant plus précautionneux. »

 

Le grand noir esquissa un sourire. Harry avait la fâcheuse manie de toujours répéter plusieurs fois les choses en mission, comme s'il avait peur de ne pas s'être fait entendre la première fois. En l’occurrence, tous avaient appris par cœur le déroulement des opérations avant même de quitter le bureau des aurors. Ils avaient rejoint leur cache aussi tôt justement pour profiter que les rebelles soient en majorité encore tous endormis. Et ils savaient tous également que le gros de leurs ennemis allaient quitter leur base aux alentours de huit heure, et qu'ils devraient lancer leur propre attaque dans les minutes qui suivraient.

 

« Nerveux, patron ? »

 

Le brun hocha une épaule en pinçant légèrement les lèvres.

 

« Un peu. Comme toujours. Ça va monter progressivement jusqu'à ce qu'on y aille. »

 

Sidley laissa passer un silence avant de répondre, toujours en gardant sa voix la plus basse possible.

 

« C'est bien, d'être nerveux. Philip nous disait toujours que c'était le meilleur mécanisme de défense que l'on pouvait avoir. Que tant que la peur ne devenait pas incontrôlable, c'était elle qui nous permettait de garder la tête froide alors que l'adrénaline montait. Il disait que si on n'était pas nerveux, on avait d'autant plus de chance de tout faire foirer. »

 

Il reporta son regard sur son directeur, celui-ci ayant encore le regard vers l’extérieur et un léger sourire sur les lèvres.

 

« C'est une des premières choses qu'on m'a apprise quand je suis arrivé au département des aurors. Que l'on m'a dite, en tout cas, parce qu'au fond je l'avais déjà appris pendant la guerre. Parfois, accepter d'avoir peur, c'est accepter de prendre ses jambes à son cou et de fuir. Selon le contexte, ça peut être lâche ou très intelligent. L'ancien directeur des aurors disait que quand refuser de fuir revient à accepter de mourir, c'est ça qui est lâche. On ne sauve plus personne une fois qu'on est mort. »

 

Sidley resta silencieux pendant de longues secondes, réfléchissant à ce que son chef venait de dire, puis il étira ses longues jambes pour aller taper le pied d'Harry et attirer son attention.

 

« Tu regrettes de ne pas avoir fui ?

-Pardon ?

-Le jour ou Philip est mort, tu penses que vous auriez dû fuir ? »

 

Le brun sembla hésiter, se mettant inconsciemment à mordiller sa lèvres inférieure. Puis finalement, il lâcha un simple oui qui, bien que prononcé très silencieusement, résonna dans leurs oreilles comme un coup de la grande cloche. Immédiatement, Sidley ré-étendit sa jambe pour lui donner un petit coup.

 

« Tu n'es pas responsable de sa mort. Personne ne l'est si ce n'est le connard qui lui a jeté ce sort. On ne peut pas savoir ce qui se serait passé si vous aviez fui, mais sache que personne ne te tient responsable de quoi que ce soit. »

 

Puis, après avoir inspiré profondément, il continua.

 

« Il n'y aurait probablement pas eu d'autre occasion de s'infiltrer dans une de leurs bases. Si vous aviez fuit, on se serait retrouvé au point zéro. C'est peut-être horrible à dire, mais cette mission qui a si mal tourné nous a laissé beaucoup de répit parce qu'ils te croyaient – et te croient peut-être encore – mort, et nous a permis d'avoir une sorte d'agent infiltré. Si tout se passe comme prévu dans quelques heures, on va éviter des centaines de décès et de blessés et on protégera l'équilibre entre les mondes sorciers et moldus. La mort de Philip n'aura pas été vaine. »

 

Le silence se réinstalla. Une bourrasque de vent s'infiltra à l'intérieur, glissant le long des pierres et de leurs interstices, caressant la grosse cloche avant de ressortir par une autre ouverture en faisant claquer le métal mal fixé d'un grillage. Après un long moment, Harry souffla tout doucement:

 

« Il te manque ?

-Tout le temps. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point je passais ma vie avec ce râleur avant qu'il ne disparaisse. Honnêtement je ne pense pas qu'un jour le vide qu'il a laissé pour Anthony et pour moi, et pour tout le département en vrai, puisse se combler. Mais ça va mieux quand même. J'arrive à passer devant son portrait sans fondre en larmes. »

 

Harry esquissa un sourire un peu forcé devant la tentative d'humour de son auror, mais ses sourcils restaient froncés dans un pli douloureux.

 

« Sérieusement patron, ça va mieux. Je le regrette, mais maintenant quand je pense à lui, c'est surtout les bon souvenirs qui remontent. Le temps rend la peine plus supportable. C'est comme une cicatrice. Ça ne fait plus aussi mal qu'avant dans les bons jours, simplement ça gratte et ça me rappelle qu'il n'est plus là pour me dire de faire attention où je mets les pieds, de ne pas oublier mes protections magiques ou que ne je suis vraiment qu'une tête brûlée. »

 

Le brun ne dit rien, se contentant d'observer le visage de l'homme en face de lui, son regard perdu vers le manoir encore endormi, ses bras croisés sur son torse et surtout son sourire, mélancolique mais bien présent, étirant son visage et dévoilant ses dents blanches qui contrastaient si fortement avec sa peau. Après un moment qui sembla durer une éternité, Sidley se tourna vers lui, une lueur taquine dans les yeux.

 

« Tu as hâte de le revoir, patron ?

-Hein ?

-Draco Malfoy. »

 

Harry resta la bouche ouverte, aucun son n'en sortant. Il se reprit quand le sourire de son ami commença à devenir un peu trop moqueur.

 

« Bien sûr, j'ai hâte que tout soit fini et que cette enquête soit enfin bouclée.

-Patron. »

 

Évidemment qu'il n'avait pas été dupe, en même temps sa tentative de diversion était particulièrement peu crédible. Il lâcha un léger soupir.

 

« Oui. Il me manque. C'est bizarre parce que techniquement je suis « ami » avec lui depuis très peu de temps et qu'on a surtout échangé des lettres, mais il me manque. »

 

Son auror ne dit rien, le laissant libre de parler à cœur ouvert, exactement comme il venait de le faire un peu plus tôt lorsqu'ils avaient évoqué Philip. Et après tout, parler l'aiderai peut-être à remettre de l'ordre dans le fatras de son cerveau avant qu'il ne se retrouve à nouveau face à face avec Draco.

 

« Il est... différent ? On a été ennemis pendant toute notre scolarité mais en quelques mois il m'a laissé voir une toute autre personne. Il a changé. Mûri, sans doute, et moi aussi. En tout cas je ne lui en veux pas pour ce qu'il a été avant. Il a fait plein de mauvais choix, mais il partait dans le mauvais camp à la base, il était empêtré dans des difficultés que je ne pouvais même pas imaginer. Dans ma tête tout était manichéen, soit on était du côté du seigneur noir, soit on était gentil. »

 

Sidley esquissa un sourire face au ton presque moqueur qu'il venait d'utiliser mais ne l'interrompit pas, se contentant de hocher la tête pour indiquer qu'il était tout ouïe.

 

« J'ai compris avec le temps que c'était bien plus compliqué que ça. Et finalement, toutes les fois où je l'ai trouvé lâche, peut-être que ça lui a sauvé la vie. Face au seigneur noir, faire le brave était suicidaire, sa peur lui a permis de survivre. Et il a changé, définitivement. Il est toujours un peu cassant et moqueur, mais ce n'est plus gratuit et méchant comme avant, tu vois ? C'est agréable d'avoir quelqu'un qui me traite comme Harry, pas comme l'élu ou une autre connerie de ce genre. »

 

Le brun hésita une seconde avant de continuer, priant pour que la relative obscurité cache la rougeur de ses joues.

 

« J'ai découvert qu'il était très protecteur, aussi ? Que même s'il a tendance à le cacher, il est attentif aux autres. Il est un peu maladroit dans sa manière d'exprimer ce genre de chose et préfère avoir recourt à l'ironie. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais quand on s'en rend compte, ça devient évident.

-Tu l'aimes beaucoup.

-Oui. »

 

Nier aurait été vain, Harry était parfaitement conscient que Sidley, de même qu'Anthony et FanYu, avaient des suspicions à chaque fois qu'il évoquait Draco. Mais le dire à haute voix restait un saut dans le vide. C'était admettre et accepter des sentiments qu'il essayait tant bien que mal d'ignorer depuis un peu trop longtemps.

 

« Je ne te blâme pas, passé la couche porc-épique, il est plutôt charmant. »

 

Il se prit immédiatement un léger coup de pied dans le tibia, réprimant son rire en se mordant la lèvre.

 

« Te moques pas.

-Je me moque pas patron. En fait je suis plutôt content, tu viens enfin de dire ouvertement qu'il te plaît alors que ça fait des mois que ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

-À ce point là ? »

 

Sidley ne fit que sourire en secouant légèrement la tête et Harry lâcha un soupir faussement dépité.

 

« Sans vouloir être indiscret patron, tu préfères les hommes d'une manière générale ? »

 

Le brun sursauta presque en écarquillant les yeux, ne s'attendant clairement pas à une telle question. Il resta éberlué un instant avant de réussir à se reprendre.

 

« Non ? Je ne sais pas ? Je m'en fiche, je crois.

-Okay. »

 

Et aussi simplement que ça, sa réponse fut acceptée. Il fut accepté. Évidemment, Sidley avait toujours été particulièrement ouvert d'esprit, et il faisait partie de la même génération que lui, plus moderne et moins conservatrice, mais ça le touchait.

 

« Merci. »

 

Il reçut un clin d’œil en réponse. L'auror n'avait pas eu besoin de plus d'informations pour le comprendre.

 

« Je compte sur toi pour le lui dire dès que la mission sera finie, patron. »

 

Harry ne répondit rien, resserrant les pans de sa cape et cachant ses mains contre son torse pour les réchauffer. Admettre ce brin de sentiments qui commençait tout juste à fleurir était une chose, l'avouer à Draco en était une autre, beaucoup plus incertaine et effrayante. La mission qui approchait nécessitait son attention complète, c'était bien mieux de repousser ce genre de décision à plus tard, au moins lorsque l'équilibre de la société sorcière ne risquait pas d'être chamboulée.

 

Les bancs de l'église étaient aussi inconfortables que le sol dur du clocher. Après avoir été relayés pour monter la garde, Sidley et Harry étaient descendus rejoindre le reste des aurors dans la nef, essayant comme les autres de profiter des quelques heures qu'il leur restait pour regagner un peu de leurs forces. Mais rien à faire, dormir était évidement impossible avec le stress qui commençait à monter, et même simplement se reposer devenait une tache ardue avec le froid qui les pénétraient jusqu'aux os et le bois dur tout sauf accueillant sur lequel ils étaient installés.

L'heure tournait doucement mais sûrement et tout le groupe commençait à s'agiter. D'impatience, pour certains, mais la plupart avaient surtout entrepris de s'étirer méthodiquement pour réveiller leurs membres engourdis. Huit heure approchait. Mais deux minutes avant le moment fatidique, le premier imprévu montra le bout de son nez sous la forme d'un vrombissement de véhicule moldu. Tous levèrent la tête en même temps, se tournant vers la porte avec appréhension. Mantheer, resté de garde dehors, dans l'ombre de la porte cochère, rentra en trombe à l'intérieur.

 

« Quelqu'un arrive, un moldu !

-Seul ? »

 

L'apprenti hocha la tête affirmativement. Le bruit de moteur cessa et tous s'immobilisèrent. Harry ne prit même pas le temps de réfléchir, Mantheer et Ulrich étant les plus proche de la porte, il les pointa successivement du doigts puis mima quelqu'un qui dormait en ramenant ses mains contre la joue. Les deux jeune hommes comprirent immédiatement, se positionnant en deux enjambées de chaque côté de l'ouverture. Et dès qu'un rayon de lumière pénétra la nef en même temps qu'un vieil homme bedonnant, un sortilège prononcé à mi-voix fusa de la baguette de Mantheer, Ulrich sortant de sa zone d'ombre pour rattraper le corps avant qu'il ne s'effondre. Son partenaire empêcha la porte de se rabattre trop violemment, la ramenant doucement en position fermée avant de lui prêter main forte pour porter le moldu jusqu'au banc le plus proche. Il ne leur avait en tout pas fallu plus de quelques secondes et plusieurs aurors hochèrent la tête d'un air appréciateur. À mi-voix, Harry demanda à quelqu'un d'aller rassurer les deux personnes de garde dans le clocher, ils avaient forcément entendu la voiture arriver eux aussi et il ne fallait pas qu'ils s'inquiètent de ce qui venait d'arriver. Leur attention devait être rivée sur le manoir pour ne pas manquer le départ des troupes rebelles.

 

.oOo.

 

Draco jeta un coup d’œil vers la porte de la serre, sourcils froncés. Il pouvait deviner à travers les carreaux sales de la vitre que tout le monde se préparait à partir, mais il ne comprenait pas pourquoi le départ n'avait pas déjà été donné.

 

« Fais au moins semblant de travailler Malfoy. »

 

Le blond se tourna vers l'homme qui était de l'autre côté de la serre. Ethen lui avait enlevé une sacrée épine du pied en demandant à Fenrir l'autorisation de le garder comme main d’œuvre dans la serre pour une raison inventée de toute pièce, lui permettant d'échapper à l'obligation de partir en mission avec le reste des rebelles. Le loup-garou, toujours friand de toute forme d'humiliation qu'il pouvait imposer à Draco pour asseoir sa propre position de chef, n'avait pas hésité. Les deux hommes étaient donc penchés sur leurs plates bandes respectives. Mais le blond commençait à s'inquiéter.

 

« Ils ne partent pas... »

 

Ethen se redressa, un pli soucieux entre les sourcils, et releva sa manche pour jeter un coup d’œil à sa montre.

 

« Oui, ils sont en retard. »

 

Puis après avoir hésité une seconde, il ajouta :

 

« Viens, il me manque de l'engrais. Celui qui est dans la réserve. »

 

Draco esquissa un sourire avant de lui emboîter le pas, parfaitement conscient qu'il avait lui même descendu deux sacs de cet engrais pas plus tard que la veille. Deux sacs qui étaient déposés dans un coin de la serre, à côté des carottes et des poireaux. Le jardinier le savait aussi très bien, mais pas la bande de dégénérés qui s'agitait à l’intérieur.

Il rentrèrent dans le hall au moment où Fenrir lâchait un grognement particulièrement sonore, calmant efficacement l'effervescence de ses hommes. Une mouche vola. Puis un des plus haut gradé s'avança.

 

« La cloche n'a toujours pas sonné. Et deux de mes combattants affirment avoir aperçu du mouvement en haut du clocher. »

 

Le blond s'immobilisa au pied de l'escalier, Ethen s'étant arrêté avec un pied déjà sur la première marche. Il gardait un visage totalement impassible, prouvant une fois de plus qu'il avait développé une capacité à jouer la comédie impressionnante. Draco s'en serait probablement réjoui s'il n'était pas lui aussi en train de tenter par tous les moyens de garder son calme. Une goutte de sueur froide glissa le long de sa colonne vertébrale.

 

« Vous pensez que nous avons été repérés ? Dans un endroit aussi reculé ? »

 

Il sentit son cœur accélérer dans sa poitrine, les pires scénarios défilant devant sa rétine. Si les aurors n'avaient pas été assez discrets et si leur embuscade se retournait contre eux―

Un toussotement les interrompit, tous les regards se tournant vers Ethen, qui, le visage toujours aussi impassible, lâcha d'une voix morne :

 

« Ou sinon c'est l'équipe qui vient entretenir la vieille cloche, comme tous les trois ans. Ils ne la font pas sonner dans ce cas. »

 

Le silence plana pendant quelques secondes puis Fenrir gronda.

 

« Tu en es sûr ?

-Il y a des affichettes partout dans le village depuis deux semaines. »

 

Et il haussa les épaules, l'air passablement blasé, grommelant que si n'était pas le seul à devoir se taper les courses, tout le monde aurait pu être au courant. Puis il continua son chemin, se retournant trois marches plus tard.

 

« Malfoy, si tu ne veux pas que ta corvée patate dure jusqu'à ce soir, ramène toi. Les sacs d'engrais vont pas se porter tous seuls. »

 

Plusieurs rires moqueurs retentirent dans les rangs des rebelles avant que Fenrir ne se retourne vers le gros de ses hommes, fulminant, et leur hurle de se mettre en route. Ses injures continuèrent à résonner alors que Draco disparaissait à la suite du jardinier. Une fois qu'ils furent loin de potentielles oreilles un peu trop curieuses, Ethen se retourna, esquissant un sourire devant le regard noir que lui réservait l'autre homme. Il leva les deux mains, paumes ouvertes, comme pour s'excuser.

 

« Mon coup de bluff était assez nul, même s'ils me méprisent trop pour me soupçonner, et ils sont suffisamment stupides pour pouvoir être distraits par le plaisir de te voir humilié Malfoy. » Puis, après quelques pas de plus, il ajouta, « Tu sais, malgré ton acte de sauvetage héroïque il y a quelques semaines, beaucoup ne te portent pas dans leur cœur. »

 

« J'avais remarqué » répondit Draco en chuchotant lui aussi. « Ils étaient pour la plupart des admirateurs du seigneur noir mais on ne rentrait pas dans son armée si facilement que ça, à moins d'être de la simple chair à pâtée. Mon nom de famille m'avait placé à un rang relativement haut et beaucoup ici me jalousent pour ça. Il y a aussi le fait que, même s'ils se me voient plus en ennemi, certains considèrent quand même que je n'ai pas fait ce que j'aurais dû pour protéger leur seigneur de mes deux. »

 

Ethen étouffa un ricanement avant de refermer la porte de la réserve dernière eux et de lui jeter un regard interrogateur.

 

« Et maintenant ?

-On attend qu'ils partent en mission. Après ça Rummick, tu m'accompagnes, je pars en tournée pour neutraliser le plus possible de ceux qui sont restés ici.

-Même Greyback ?

-Surtout Greyback. »

 

.oOo.

 

Enfin, après des minutes qui leur semblèrent aussi longues que des heures, un des guetteurs déboucha dans la nef, descendant en trombe les dernières marches du petit escalier.

 

« Ils sont sortis du manoir. Anaëlle est en train de les compter mais il semble que les informations que nous avons reçues étaient justes. Ils ont l'air de partir vers le bois qui borde l'ouest du bâtiment. »

 

Harry s'approcha en quelques enjambées, suivi de près par Anthony et Sidley.

 

« Leur zone de transplanage j'imagine, ce qui veut dire que le manoir doit encore être protégé ou mis sous alarme. On va attendre les quelques minutes dont ils vont avoir besoin pour s'en aller et comme prévu on transplanera tous à côté de ce bois. »

 

Un hochement de tête général lui répondit et toutes les unités reformèrent rapidement leur trinôme, se plaçant en ligne à côté de l'escalier. Ils n'allaient avoir d'autre choix que de monter pour pouvoir visualiser l'endroit où ils devaient se déplacer, la couverture des arbres qui les avaient cachés lors de leur arrivée se retournant contre eux.

 

« Est-ce que Greyback est parti avec ses hommes ? » Demanda Sidley, une lueur d'espoir sur le visage. Mais la grimace du guetteur ruina ses espérances. Il lâcha un juron.

 

« Vous avez entendu ? Le loup-garou est probablement à l'intérieur. Interdiction de se faire mordre ou FanYu va vous botter le cul. »

 

Harry leva les yeux au ciel, ne prenant même pas la peine de reprendre son auror. Les autres avaient l'habitude de toute façon. Pendant ce temps là Anthony parcourait les rangs, vérifiant que l'ordre d'arrivée qu'ils avaient prévu avait bien été respecté. Il ralentit devant l'équipe que formaient Padma, Mantheer et Ulrich, stratégiquement placée au milieu pour minimiser les risques, leur adressant un petit signe d'encouragement. Les deux apprentis avaient pour le moment l'air de gérer leur nervosité et compte tenu de la rapidité de réaction qu'ils avaient montré un peu plus tôt avec le moldu, ils n'étaient pas vraiment la première source d’inquiétude du directeur et de ses deux partenaires. Léna en revanche n'avait pas d'équipe avec laquelle elle pouvait partir mais, étant la seule à avoir déjà eu l'occasion de repérer les environs, Harry avait été pris dans un dilemme quant au rôle qu'elle pourrait tenir. Il aurait pu, par facilité, la sortir de l'opération et se contenter des informations qu'elle avait pu leur transmettre, mais elle avait négocié sa présence et obtenu de leur prêter main forte avec un petit compromis : elle resterait dans le clocher et, au moindre signal des aurors, serait en charge de contacter le ministère si l'opération tournait mal. La jeune femme allait donc rester seule pendant toute l'opération, mais comme elle l'avait fait remarquer, la probabilité que des rebelles la remarquent alors que le manoir était sous assaut était quasiment nulle. Anthony lui adressa un petit signe de tête en arrivant à son niveau avant de remonter la ligne.

 

« Prêt patron.

-Bien. On attend le signal et on y va. »

 

.oOo.

 

Draco avança sans bruit le long du couloir menant à la salle d'arme. Ethen était deux mètres derrière lui, vérifiant leurs arrières au cas où un des rares rebelles encore présent se déciderait à errer dans les couloirs du manoir. Mais comme souvent, les hommes « de garde » profitaient de leur temps libre pour se reposer et jouer aux cartes. Mis à part les deux pauvres bougres qui avaient été choisi pour garder la porte d'entrée, aucun d'entre eux ne serait vraiment alerte. À l'exception de Fenrir, peut-être. Jusqu'au dernier moment le blond avait espéré qu'il se décide sur un coup de tête à accompagner ses troupes, après tout il n'y avait rien qui lui fasse plus plaisir que répandre mort et destruction sur son passage, mais le chef de l'organisation avait apparemment un autre plan en tête. C'était leur première cible, mais encore fallait-il le trouver.

Après avoir monté les marches qui menait au deuxième étage quatre à quatre, les deux hommes s'engagèrent dans le couloir des hauts gradés, passant devant la salle de réunion et les premiers quartiers privés – tous aussi vides les uns que les autres – sans s'arrêter, finissant par ralentir alors qu'ils approchaient de la grande porte en bois gravée derrière laquelle devait se trouver le loup-garou. Mais avant même d'avoir essayé la poignée, Draco s'arrêta net, l'oreille tendue. Greyback était en pleine discussion avec quelqu'un, les mots prononcés restant inaudibles mais sa voix grave et rauque parvenant quand même jusqu'aux deux hommes. Un silence, leurs respirations résonnant dans leurs poitrines, puis la voix reprit. Le blond fit demi-tour immédiatement, suivit de près par le cracmol.

 

« Pourquoi―

-On n'entend pas la personne avec qui il parle donc je mettrais ma main à couper qu'il est en contact par moyen magique avec le vrai chef de l'organisation. Ou la vraie cheffe, je n'ai aucune idée de qui cela pourrait être. En tout cas l'attaquer maintenant c'est informer en direct la cible finale des aurors. »

 

Ethen mit une seconde avant d'acquiescer, mais la seconde question qu'il allait poser fut interrompue par l'apparition soudaine, au détour d'un couloir, d'un rebelle solitaire. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, le début d'un froncement de sourcil apparaissant sur son front, qu'il fut frappé de plein fouet d'un rayon lumineux et s'écroula. Draco le rattrapa in extremis, récupérant son arme d'un accio baguette lâché à mi-voix, son partenaire l'aidant ensuite à le faire glisser au sol silencieusement et à le rouler hors du passage, à moitié sous une des tapisseries accrochées au mur.

 

«Il est... endormi ?

-Assommé, pour une bonne heure au moins.

-Pratique. »

 

Draco esquissa un sourire avant de se remettre en route, descendant les escaliers de service légèrement branlants pour retourner au premier étage, juste derrière la salle commune. D'un signe de la main à son partenaire, il lui indiqua d'avancer sans lui, le barbu passant devant la porte entrouverte en y jetant un coup d’œil. Dès qu'il eu passé l'encadrement, il se retourna, levant visiblement trois doigts. Le blond fit la grimace. C'était trop pour espérer tous les avoir à la suite et Ethen l'avait probablement compris puisqu'il lui lui signe de reculer, se pointant ensuite de la main. Draco hésita une seconde avant de choisir de lui faire confiance et fit un pas en arrière, rentrant dans le petit cagibi où avaient été installés des toilettes. Dès qu'il fut caché, son allié rentra dans la salle commune, sa voix bourrue portant jusque dans le couloir.

 

« J'ai besoin de deux paires de bras supplémentaires pour environ cinq minutes.

-T'as déjà Malfoy.

-C'est bien pour ça que j'ai dit « supplémentaires ». »

 

Une série de grommellement s'éleva.

 

« Vous êtes au courant que je suis le principal fournisseur des elfes qui vous font à bouffer ? Bougez vos fesses ou dites adieu à votre repas de ce soir. »

 

Le bruit distinct d'un paquet de carte lâché sur la table fut suivit par le raclement d'une chaise.

 

« Merci McGoy. Un autre ? Le troisième pourra battre les cartes en attendant, ça ne durera pas longtemps. »

 

Draco observa Ethen sortir de la pièce à travers les lattes de la porte branlante, suivant du regard les deux rebelles à sa suite. Il s'éloignèrent d'une dizaine de mètres, tournant à l'angle du couloir. La voix de son partenaire s'éleva à ce moment là, s'étant très clairement arrêté avant d'aller plus loin.

 

« Je vous explique : vous voyez le travail que je fais dans la serre ? En gros― »

 

Le blond n'en attendit pas plus et sortit silencieusement des toilettes, rentrant dans la salle commune sans perdre de temps. Ethen était en train de lui faire gagner de précieuses secondes mais sa diversion n'allait pas pouvoir tenir longtemps. Baguette sortie, il se trouva nez à nez avec le troisième homme qui, de l'autre côté de la table était en train de tourner les cartes à jouer entre ses doigts. Il releva le nez en entendant le blond entrer, un air surpris s'étalant sur son visage. Mais il n'eut ni le temps de dire quoi que ce soit, ni même de remarquer que Malfoy était armé, qu'il se prenait un sortilège en pleine poitrine. Il s'affala dans sa chaise, sa tête retombant sur son épaule et les cartes se déversant au sol. Un de moins. Le blond ressortit au pas de course, rejoignant son partenaire avant que les rebelles ne voient au travers de son bluff. Il avait eu l'intelligence, quand il les avait arrêtés pour leur parler, de se retourner totalement, les incitant inconsciemment à rester dos à l'endroit d'où allait déboucher Draco. Celui-ci n'eut qu'à lever sa baguette pour que le premier s'écroule au sol, le second sursautant avant que son geste d'attraper sa propre baguette ne soit interrompu par une droite reçue de plein fouet. Il trébucha en arrière avec une exclamation de douleur puis un faisceau bleu l'immobilisa alors qu'il perdait l'équilibre, le blond l'attrapant par l'épaule pour amortir sa chute et le bruit sourd de son corps sur le vieux parquet. Puis il se redressa, et lâcha un sifflement admiratif en récupérant les baguettes de ses adversaires.

 

« Jolie droite. »

 

Le barbu esquissa un sourire avant de hausser une épaule.

 

« J'ai fait partie d'un gang Malfoy, il a bien fallu que j'apprenne à me battre. Bon, et maintenant, on fait quoi ?

-Direction les dortoirs, je vais les insonoriser et bloquer la porte. Et ensuite on va vider leurs réserves de potion, juste au cas où.»

 

Comme il l'avait prédit, une certain nombre des rebelles exemptés de mission étaient en train de profiter d'une sieste bien méritée. Draco s'assit juste à côté de la porte, tissant lentement son sort d'isolation sur les murs et la porte entrebâillée. C'était loin d'être aussi rapide et facile qu'une simple immobilisation et, dans un coin de sa tête les secondes continuaient à défiler, les rapprochant dangereusement du début de l'attaque. Quand il eut enfin fini, il tira la porte pour la fermer complètement et agita sa baguette une dernière fois. Ce n'était pas un sort de fermeture difficile à défaire, mais il résisterait quand même à un alohomora et faire plus compliqué lui aurait demandé trop de temps.

 

« Vite Rummick, ils vont arriver d'une minute à l'autre et, crois moi, c'est le calme avant la tempête, tu veux être bien planqué quand ça va péter. »

 

Une légère inquiétude traversa le visage de l'autre homme avant qu'il n'acquiesce et lâche un allons-y pressé. Pour le moment, tout se déroulait à peu de chose près comme prévu et Draco sentit un frisson d'excitation remonter le long de son dos alors qu'il courrait dans les couloirs, Ethen à sa suite. La chance continua à leur sourire quand ils arrivèrent devant la réserve, vide de toute présence humaine. Ils ouvrirent les portes de l'armoire, découvrant l'énorme quantité de fioles prêtes à l'emploi. Logique, l'attaque de la journée était un leurre pour que les aurors n'imaginent pas celle prévue à Londres, quatre jours plus tard, le stock était préparé pour l'occasion.

 

« On en fait quoi ?

-On transporte tout très précautionneusement dans les toilettes de l'étage et on ferme la porte à clé.

-On ne les détruit pas ?

-Je ne vois pas comment. Les verser dans les chiottes est hors de question, on risque de contaminer toute les terres aux alentours. Et je veux en garder des échantillons pour pouvoir les analyser après.

-Donc on les met juste à un endroit improbable. » Fit Ethen en se penchant pour attraper le premier carton.

 

« C'est ça. Mais attention en les transportant, cette potion est dangereuse et je doute qu'elle soit stable. »

 

.oOo.

 

Le silence dans l'église était quasiment religieux, les secondes semblant résonner entre les gros murs de pierre grise. Puis, enfin, l'escalier grinça et la tête d’Anaëlle apparut.

 

« Ils sont partis. »

 

Harry hocha la tête avant de se tourner vers ses aurors.

 

« On y va. Comme d'habitude, je compte sur vous. Faites votre job et protégez vos arrières. »

 

Un murmure d'approbation traversa les rangs pendant que la brune dégageait les escaliers pour rejoindre ses partenaires et le directeur s'avança, suivit de Sidley et d'Anthony. Ils échangèrent un regard avant de s'engager sur les marches branlantes, tout le groupe leur emboîtant le pas, auror après auror. Dès qu'ils furent en haut du clocher, toute la vallée s'étendant devant eux, le premier groupe transplana, apparaissant légèrement à droite du manoir, encore caché par un petit bosquet d'arbres. À peine furent-ils en place que le second groupe les imitait, arrivant un tout petit peu plus à leur gauche. Puis tous suivirent, à chaque fois qu'un trio se retrouvait à découvert à côté de la grosse cloche, il disparaissait pour réapparaître sur la zone d'arrivée, restant ensuite parfaitement immobile pour permettre à ceux qui suivaient d'avoir un repère et de ne pas créer une collision à l'arrivée. Moins d'une minute plus tard, il ne restait que Léna en haut de la petite église et Harry lança le signal du départ, tous les aurors se mettant à courir après lui en direction du petit château.

 

.oOo.

 

Draco observa leur œuvre avec un petit hochement de tête appréciateur avant de refermer la porte des toilettes doucement, histoire de ne pas déséquilibrer la pile moyennement stable des caisses qu'ils avaient déplacé. Personne n'irait chercher ce poison ici, mais par mesure de sécurité, le blond agita sa baguette une dernière fois, le verrou émettant un petit clic sonore. Puis, Ethen toujours à côté de lui, il rejoignit la coursive principale puis l'escalier. Deux hommes étaient de garde, assis autour d'une table postée juste à côté de l'entrée et concentrés sur une partie d'échec sorcier.

 

« Alors, qui gagne ? »

 

Après un instant de silence, le plus patibulaire des deux releva la tête.

 

« Moi. Il sait toujours pas quels déplacements son cavalier doit faire et il lui donne toujours des cases d'arrivée impossibles. »

 

En effet, après avoir jeté un coup d’œil à l'échiquier, un cavalier noir semblait passablement énervé, son cheval piétinant sur place et la pièce jetant des regards furieux à son joueur. Il devait probablement sentir qu'il allait finir la partie brisé au sol et ça ne l'enchantait pas vraiment.

 

« Pas de bol. »

 

Et un sort fusa de sa baguette, l'homme se retrouvant projeté contre le mur. Le second se leva avec une exclamation de surprise, renversant la table et le jeu en se prenant les pieds dedans. Plusieurs pièces lâchèrent des petits cris avant de s'écraser par terre et le rebelle atterrit sur les fesses, cherchant maladroitement sa baguette avant de s'écrouler, pétrifié à son tour.

 

« Les sorciers sont un peu barbares quand même. »

 

Draco mit un instant à comprendre ce qu'entendait Ethen par là, finissant par suivre son regard et découvrant les éclats d'ivoire qui parsemaient le sol, un fou se traînant lentement vers une partie de son corps – un bras probablement.

 

« Je ne vais pas te donner tort sur ce point là. Reparo. »

 

Le barbu eu l'air soulagé et, devant l'expression de surprise que lui lançait Draco, il haussa les épaules.

 

« J'aime pas voir ces petits trucs souffrir pour rien. Un homme, j'dis pas, ça dépend de ce qu'il a fait, mais ça c'est comme les animaux, c'est gratuit et malsain. Pour le coup je préfère la version moldue du jeu. »

 

Le blond n'eut rien le temps de répondre, la porte d'entrée fut brusquement ouverte, plein d'hommes et de femmes en tenue de combat rentrant rapidement à l'intérieur, baguette levée et prêts à en découdre. Harry était à leur tête. Un soupir s'échappa de ses lèvres à l'instant où les yeux vert émeraude se posèrent sur lui, un énorme poids semblant brusquement se retirer de ses épaules. Il était vivant. Même s'il en avait eu la confirmation un peu plus tôt, l'angoisse n'avait pas pu se dissiper totalement, pas tant qu'il ne l'avait pas vu en chair et en os. Mais il était vivant. L'air fatigué, un peu, plus vieux aussi peut-être, ou simplement plus mature. Son visage n'avait pas tant changé, mais de subtiles petites marques sous ses yeux ou au coin de ses lèvres étaient autant de témoins de ce par quoi il avait dû passer. Il avait l'air en forme physiquement, ayant probablement repris l'entraînement dès que sa période de convalescence était passée. Mais penser à ce moment où sa vie n'avait probablement tenu qu'à un fil était loin d'être plaisant, alors il releva les yeux vers le visage du brun, réalisant qu'il venait d'être scruté par son ancien ennemi exactement de la même manière que lui venait de le faire. Un mouvement sur sa droite l'arracha de sa torpeur et il reprit violemment pied avec la réalité. Ethen venait de lever les mains en l'air, une bonne dizaine de baguettes pointées sur lui. Draco fit un pas sur le côté, s'interposant entre son allier et les aurors.

 

« Il est avec moi ! C'est un cracmol qui travaille dans les serres du manoir. Il m'a aidé à plusieurs reprises. »

 

Harry hocha la tête quasiment immédiatement et un geste de sa main suffit à ce que toutes les baguettes soient abaissées. Il n'avait pas posé de question, pas cherché à en savoir plus, il l'avait juste cru sur parole et Draco sentit sa poitrine se serrer d'une émotion sur laquelle il avait du mal à mettre un nom.

 

« On a mis hors d'état de nuire six rebelles et j'ai fermé et insonorisé le dortoir où les autres faisaient la sieste. »

 

Il tendit les baguettes confisquées et Harry s'en saisit, les confiant ensuite à une femme qui se trouvait juste derrière. Une fois que les armes eurent disparu dans un repli de manteau, Draco continua.

 

« Normalement le gros de ceux qui étaient ici sont hors d'état de nuire, mais il faut rester prudents. Par contre je n'ai rien pu faire pour Greyback, il était en communication avec la personne qui doit être derrière cette organisation et l'attaquer à ce moment... »

 

Il n'eut pas besoin de continuer sa phrase que tous les aurors à portée de voix acquiesçaient. Un grand noir – Sid...Sidney ? Sidley ? – lui lança un grand sourire en levant un pouce.

 

« Bien joué Malfoy. Ça va nous faciliter la tâche. »

 

Harry ne rajouta rien, mais le léger sourire sur ses lèvres parlait de lui même. Il fixa Draco une seconde de trop avant de se retourner vers ses aurors.

 

« En position. Mira et Yoran, vos équipes partent en reconnaissance en haut. Vous empêchez qui que ce soit de nous avoir par derrière. Draco, où est le dortoir dont tu t'es occupé ?

-C'est celui de l'aile ouest. Et c'est cette aile qui est la plus occupée et qu'on a vidé. De l'autre côté il y a les quartiers des hauts gradés et les cuisines, en gros.

-Okay, donc concentrez vous sur l'aile est. Choppez le loup-garou dès que possible. Ne le laissez pas vous mordre, c'est clair ? »

 

Sans même attendre de réponse, il agita deux doigts et, comme une machine bien huilée, tous les aurors se mirent en branle, six d'entre eux courant vers l'escalier tandis que les autres se positionnaient avec l'air de déjà connaître les lieux par cœur. Son plan gribouillé à la va-vite avait finalement bien servi.

 

« Comment l'alarme pour alerter ceux qui sont sortis se déclenche ? »

 

Draco se tourna vers le barbu à côté de lui. Il n'avait jamais assisté à ça, ni même à des tests pour mettre en place une telle alarme, mais peut-être que le cracmol en savait plus. Deux aurors, Sidley et Anthony – il n'avait pas eu de mal à se souvenir de son nom à lui, un vague souvenir de rivalité remontant dans sa mémoire, et vu la façon dont l'auror le regardait, il ne partageait pas la confiance d'Harry – s'étaient rapprochés, entourant leur directeur. Le trio dirigeant, sans aucun doute. Par contre si le vieux aux cheveux poivre et sel n'était pas à côté d'eux, ça ne présageait rien de bon. Mais il aurait le temps de leur poser des questions à ce sujet plus tard.

 

« Je les ai vu le mettre en place quand ils ont emménagés ici, je crois qu'il suffit que quelqu'un apparaisse directement dans le manoir. C'est pour ça qu'ils s'éloignent d'ici quand ils partent en mission.

-Super, merci. Maintenant allez vous cacher quelque part et ne bougez plus jusqu'à ce qu'on vienne vous chercher. »

 

Draco ouvrit la bouche, s'apprêtant à souligner le fait qu'il était armé d'une baguette et en plaine possession de ses moyens, mais Harry le devança, secouant la tête avec un petit sourire.

 

« S'il te plaît Draco, va te mettre en sécurité. Sinon l'idée de te perdre alors qu'on vient tout juste de te retrouver va m'empêcher d'être efficace. »

 

L'honnêteté avec laquelle il venait prononcer ces mots retira au blond toute envie de discuter. Il resta silencieux une seconde avant de lever la main maladroitement, voulant la poser sur l'épaule du brun mais s'immobilisant en l'air. Harry parcouru le reste du chemin, attrapant ses doigts entre les siens et les serrant doucement. Draco eut toutes les peines du monde à ouvrir la bouche, son corps semblant lui obéir à moitié.

 

« D'accord. Mais fais attention à toi. »

 

Harry ne répondit rien, se contentant de hocher la tête avec un sourire. Puis, après avoir pris une grande inspiration, il se retourna vers ses troupes.

L'impression de chaleur resta sur ses doigts bien après que la main du brun se soit retirée.

Ethen le tira de sa torpeur en l'entraînant vers le cagibi coincé dans l'angle du hall, entre une tapisserie et une vieille armure à laquelle il manquait des morceaux, et déverrouilla la porte avec une des grosses clés de son trousseau. Des étagères branlantes disposées en U servaient à ranger un joyeux bazar non identifié et le barbu attrapa deux seaux en métal qui, retournés par terre, leur feraient office de sièges. Draco tira la porte après être entré, suffisamment pour que personne ne se doute qu'elle ait été ouverte mais tout en lui permettant quand même de garder un œil sur ce qui se passait.

 

« Alors « ami », hein ? »

 

Le blond jeta un coup d’œil vers l'autre homme, devinant dans l'ombre un sourcil haussé et un sourire moqueur.

 

« Ta gueule Rummick. »

 

Le rire rauque de l'homme résonna doucement derrière lui.

 

« Te vexe pas Malfoy, je pensais juste pas que t'étais de ce bord là. Mais tu t'en es trouvé un bien hein, avec un poste important et tout. »

 

Draco refusa catégoriquement de prendre en compte ce que le cracmol venait de dire, préférant se pencher en avant pour regarder où en étaient les aurors dans l'interstice de la porte. Il leva la main pour demander à Ethen de se taire et celui-ci se pencha légèrement vers l'avant pour suivre ce qui sa passait. Le silence était retombé, toutes les équipes d'Harry postées plus ou moins à découvert dans le hall, certaines occupant les coursives qui leur permettaient d'avoir une vue d'ensemble de ce qui se passait. Le directeur était le seul à être resté au milieu et après avoir échangé un regard avec chacune de des unités, il transplana. Le bruit de son arrivée résonna jusqu'aux oreilles de Draco, il devait donc s'être seulement déplacé de quelques mètres pour se mettre à l'abri. Et dans les secondes qui suivirent un sifflement strident s'éleva dans la pièce, résonnant probablement aux quatre coins du manoir. Le blond retint son souffle, Ethen faisant de même juste à côté de lui. Tout le monde restait parfaitement immobile et impassible, à l'affût de leur proie qui ne tarderait probablement pas à arriver. Draco sentit l'homme à côté de lui bouger, probablement inquiet, et il lui attrapa l'avant-bras pour l'immobiliser. L'alarme s'était déclenchée depuis quelques secondes et les rebelles devaient avoir reçu un signal quasiment immédiatement pour les en prévenir. Restait à voir ce qu'ils choisiraient de faire. Brusquement, un pop sonore résonna dans le hall, suivit d'un deuxième, puis d'un troisième et bientôt la cacophonie de l'arrivée des combattants se mêla au sifflement strident de l'alarme et aux premiers impacts de sortilèges. La première vague de rebelles fut rapidement mise hors d'état de nuire, chaque homme arrivant étant immédiatement projeté au sol par un éclair de lumière, mais, trop vite au goût de Draco, l'arrivée des ennemis fut trop massive pour être gérée et les sortilèges commencèrent à fuser dans les deux sens.

L'embrasure de la porte ne lui laissait que très peu d'espace pour essayer d'apercevoir ce qui se passait, les tenues sombres que tous portaient ne l'aidant pas à distinguer qui avait l'avantage. Il prit une profonde inspiration, essayant de se calmer. Sortir maintenant aurait été stupide, dangereux et inutile. Harry avait été clair. Mais ce n'était pas l'envie qui manquait, et plus les secondes passaient plus la tension qui le dévorait de l'intérieur menaçait de le faire exploser. Il se rassit lourdement sur le seau, juste devant Ethen, et se prit la tête dans les mains, fermant les yeux en tentant d'oublier ce qui était en train de se passer juste derrière la fine cloison de bois. Être sur place mais complètement impuissant était probablement la pire situation possible pour ses nerfs. Il se passa machinalement les doigts dans ses cheveux devenus bien trop longs pour dégager les mèches qui lui tombaient devant les yeux avant de descendre le long de sa mâchoire, s'arrêtant une seconde sur la barbe naissante qu'il avait oublié de raser avant de laisser retomber son visage dans ses mains. Il pouvait sentir le regard du cracmol sur lui certainement surpris de le voir, lui d'habitude si impassible et composé, à deux doigts de perdre son calme.

Après ce qui lui sembla être une éternité – mais qui n'avait en vérité probablement pas excédé quelques minutes, une fois lancé l'assaut n'avait pas duré longtemps – la violence du combat s'atténua, le silence revenant progressivement dans le hall. Draco réalisa brusquement que l'alarme avait été coupée, le seul bruit encore audible étant des grognements et mots échangés à voix basse. Il s'approcha de la porte, collant son œil contre l'embrasure et gardant la main sur la poignée. Harry lui avait bien demandé de ne pas bouger avant d'en avoir reçu la demande d'un auror, mais ce moment n'allait probablement pas tarder vu que tous les rebelles semblaient avoir été mis hors d'état de nuire. Leurs corps pétrifiés ou inconscients étaient soigneusement menottés et traînés dans un coin et les unités avaient l'air d'être en train de s'organiser pour les rapatrier au ministère. Quelques mètres plus loin quelques aurors s'étaient rassemblés, l'un deux pressant un tissu tâché de sang contre le bas de son visage, la femme à côté étant en train d'examiner la protection magique qu'elle portait sur la poitrine et l'énorme trace d'impact qui semblait avoir presque complètement brûlé le cuir. La voix d'Harry s'éleva presque en même temps qu'il entra dans son champ de vision.

 

« Vous filez directement chez FanYu. Même toi Amarianne, et ne retire pas ça tant qu'il ne l'a pas examiné. »

Draco lâcha un soupir. Cet abruti de Potter avait l'air de s'en être sorti sans une égratignure. Il le suivit du regard alors qu'il se joignait à deux autres aurors, probablement pour leur demander de prendre en charge ceux des leurs qui étaient encore au sol, inconscients – mais vu le peu d'inquiétude dont il avait l'air de faire preuve, il était probable que ceux-ci ne soient qu'endormis ou pétrifiés, résultat d'un sort plus violent diminué par leurs protections. Le blond lâcha un léger soupir, le bout de ses doigts jouant nerveusement avec sa manche. Il n'avait plus qu'une hâte, sortir de ce cagibi pourri et rejoindre ceux qui s'activaient dans le hall. La mission était finie, ils n'avaient plus qu'à emmener les rebelles – ceux qui restaient, la plupart ayant déjà été emmenés par les unités d'Harry – il n'y avait plus aucun danger normalement. Puis il réalisa avec un froncement de sourcils qu'il n'avait pas vu Greyback se faire emmener. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il était encore coincé dans son trou à rat. Six aurors pour un loup-garou, aussi féroce soit-il, ça n'avait probablement pas été un gros problème, mais Harry attendait clairement qu'on lui amène le chef de la base rebelle à en juger ses fréquents regards vers l'escalier principal. Il allait falloir prendre son mal en patience. Son regard dériva, passant de son meilleur ennemi à l'escalier qu'il observait, puis remontant le long de la coursive latérale et du rideau qui en couvrait les derniers mètres – un cul de sac où était installé une autre des armures rouillées qui parsemaient le domaine. Un frémissement dans le tissu arrêta net son cheminement de pensé. Une baguette se glissa dans un interstice, suffisamment discrète pour que quiconque n'ayant pas le regard rivé sur cet endroit précis de la pièce ne la remarque pas, ni elle ni sa cible, le brun qui était toujours à découvert au milieu du hall. Le cœur de Draco fit un bond douloureux dans sa poitrine. Et sans réfléchir un instant, il ouvrit violemment la porte, se précipitant hors de sa cachette.

 

« Attention ! »

 

Son sortilège fusa, un simple expelliarmus qui, avec sa panique, s’amplifia au point d'arracher les rideaux, les morceaux de l'armure s'envolant dans toutes les directions et l'homme caché derrière se retrouvant projeté contre le mur adjacent avant de glisser au sol, inconscient. L'action n'avait pas duré plus d'une seconde et demi, mais les aurors s'étaient déjà mis en action, deux d'entre eux allant récupérer le rebelle tandis que les autres vérifiaient activement tous les recoins où de potentiels dangers se cacheraient encore. Anthony et Sidley s'étaient placés de chaque côté de leur directeur, baguettes sorties et sur leurs gardes. Harry avait aussi sorti la sienne, mais il regardait Draco, son expression passant de la surprise à un léger sourire – incertain, reconnaissant et quelque chose d'autre que le blond avait du mal à analyser.

 

« Par Merlin Potter c'est la deuxième fois ! Tu tiens vraiment à claquer devant mes yeux ou quoi ? »

 

Son irritation lui valu un regard des deux aurors qui encadraient le brun, mais ils ne firent aucune remarque, l'un d'entre grommelant quelque chose qui ressemblait bien à un appui à ce qu'il venait de dire.

 

« Désolé. »

 

Le blond sursauta lorsqu'il ponctua son excuse d'un pas dans sa direction, attrapant son avant-bras et le serrant brièvement avant de se tourner vers l'homme qui redescendait les escaliers.

 

« Il n'y a plus aucun rebelle à portée. Celui-ci devait s'être caché là au début de l'opération, probablement avant même que l'on lance l'attaque, et a pris son temps avant d'agir. »

 

Draco ne dit rien, mais il réalisa brusquement que l'unique moment auquel cela avait pu être possible était probablement avant même que les aurors n'entrent dans le manoir. Ce rebelle les avaient peut-être vu, Ethen et lui, attaquer les gardes et se serait alors caché en profitant de la commotion qui avait suivi. Une vague de culpabilité brisa son expression irrité, ses sourcils se pinçant d'une manière bien plus inquiète qu'énervée. Harry avait sans aucun doute suivi le même cheminement de pensée mais ses doigts resserrèrent légèrement le poignet qu'il tenait toujours et il se pencha pour lâcher d'une voix basse.

 

« Panique pas pour ça. En plus tu viens de t'en occuper, non ? »

 

Avant qu'il ne puisse répondre quoi que ce soit, un grognement résonna un peu plus loin, accompagné de lourds bruits de pas. Les six aurors qui avaient été séparés du groupe revenaient, encadrant méthodiquement un Greyback qui fulminait, l'éclat jaune de ses yeux semblant doublé d'intensité. Nul doute que s'il n'était pas complètement immobilisé, un harnais particulièrement complexe lui bloquant les bras dans le dos et terminant fermement fixé à un épais collier qui lui avait été mis autour du cou, il n'aurait pas hésité à bondir sur le premier venu pour y planter ses crocs. Mais au rictus qui tordait ses traits à chaque fois qu'il essayait de se débattre, la pression sur sa trachée devait être trop forte pour qu'il puisse supporter un tel mouvement. Découvrant le spectacle qui l'attendait, il lâcha un grondement sourd, ses yeux passant des aurors encore présents à Harry, s'arrêtant sur lui avec surprise, avant de finir sur Draco. Une demi-seconde lui suffit à se rendre compte que le blond était toujours en possession de sa baguette, sans entraves et beaucoup trop proche de Potter pour que les aurors le tolère s'il avait la moindre velléité belliqueuse.

 

« Traître. J'aurais du me douter qu'un lâche comme toi n'aurait pas la force de porter notre projet jusqu'au bout. »

 

Même limitée par son collier, sa voix restait impressionnante, rauque et agressive, tenant presque plus de l'aboiement que du langage humain, et plusieurs aurors le rencontrant pour la première fois lui jetèrent un regard méfiant, clairement sur leurs gardes.

 

« Jusqu'au bout ? Je ne l'ai jamais porté Fenrir, j'ai toujours été dans leur camp.

-Tu as tué pour nous.

-Une fois, c'est vrai. Je n'avais pas d'autre choix pour endormir votre méfiance à tous et pouvoir contacter les aurors et je sais aussi que tes hommes l'auraient probablement tué d'une manière bien plus lente. Ça n'excuse rien, mais je n'avais pas d'autre possibilité. »

 

Son visage se crispa, sa mémoire traîtresse faisant remonter devant ses yeux les visages des moldus effrayés, la petite fille accrochée à sa mère et l'homme qui avait voulu jouer avec le feu.

La réponse du loup-garou fut interrompue par le coup d'épaule qui le força à continuer à marcher, le groupe descendant l'escalier pour l'amener vers le centre du hall, là où les aurors avaient mis en place un roulement pour rapatrier tous les rebelles. Ses yeux jaunes ne lâchèrent pas Draco du regard, la lueur malsaine qui dansait dans ses yeux poussant Harry à tirer légèrement le blond en arrière, s'interposant entre les deux. Mais Fenrir ne sembla même pas le remarquer, fixant avec un sourire qui dévoilait ses crocs le bracelet qui ornait toujours le poignet de Malfoy.

 

« Tu joues au martyr ? C'est la seule manière que tu avais pour qu'ils fassent confiance à un ex-mangemort, c'est ça ? Tu te sacrifies pour qu'ils t'acceptent ? Pathétique. »

 

Son visage se déforma d'un rictus dédaigneux, tout dans son attitude corporelle indiquant que s'il avait été suffisamment proche, il n'aurait pas hésité à lui sauter à la gorge avant même de s'attaquer aux aurors. Une vieille leçon apprise par son père remonta des tréfonds de sa mémoire, ce qu'il se souvenait de la voix de Lucius lui rappelant que les loups-garous fonctionnaient et survivaient en meutes. Un loup problématique mettant l'organisation, et donc tous les membres du groupe, en danger, il serait donc immédiatement remis à sa place ou, le cas échéant, chassé ou éliminé avant tout danger extérieur. Nulle doute que dans le cas présent, c'était lui, l’élément problématique.

 

« Tu ne peux rien faire Greyback, alors économise ta salive, tu en auras besoin lors de ton procès. »

 

Et après avoir lâché cette remarque cinglante, l'auror se détacha ostensiblement du groupe pour tendre à un des ses collègues un sachet transparent dans lequel une baguette avait été soigneusement scellée, montrant silencieusement de cette manière que leur prisonnier était bien totalement désarmé.

 

« Vous êtes naïfs, sorciers. »

 

Draco sentit Harry se tendre à côté de lui, sa main tenant sa baguette se levant légèrement. Mais il ne dit rien, laissant le loup-garou continuer.

 

« Vous pensez tout savoir de la magie. Vous pensez que vous la maîtrisez et que vous êtes supérieurs à toutes les autres formes de vie qui ont un lien avec elle.

-Parce que ton espèce est tellement supérieure à la nôtre, c'est ça ? Tu as toujours été considéré comme sacrément suprématiste, pas sûr que tu sois bien placé pour nous faire la leçon. »

 

C'était Anthony qui avait pris la peine de répondre, aussi cassant et ironique que son interlocuteur. Mais Greyback ne fit que secouer la tête avant de dévoiler ses crocs en fixant Draco.

 

« Tu sais comment ce bracelet fonctionne Malfoy ? Ce n'est pas de la magie classique, c'est quelque chose plus spécifique à mon espèce. Tous ceux à qui j'avais donné la possibilité de l'activer avaient besoin d'un sortilège. Tous ceux qui étaient humains. »

 

Et avant que quiconque ait le temps de réagir, Fenrir lâcha un hurlement rauque, les mots de son incantation se mêlant aux sonorités gutturales de sa voix, les rendant incompréhensibles pour tous. Puis il se tut tout aussi brusquement et une seconde passa dans un silence de mort. Et Draco hurla.

La douleur fut immédiate, une pulsation qui semblait s'attaquer directement aux os de son poignet saturant ses nerfs. Le bracelet s'était mis à frémir, une légère fumée noire se dégageant de l’intérieur. Tout autour de lui était flou, ses oreilles sifflantes et le battement affolé de son cœur le coupant complètement de ce qui l'entourait. Il agrippa son avant-bras avec force dans une tentative désespérée de limiter la sensation qui lui retournait les boyaux. Et dans un instant de lucidité, il réalisa que c'était ce qui était en train de se passer, littéralement, tout son corps réagissait à l'agression, ses organes semblant se débattre à l'intérieur et ses muscles se mettant à trembler. Une violente nausée le plia en deux, mais rien ne sortit de sa bouche si ce n'était qu'un râle de douleur. Il tenta de se redresser, sa vision rendue floue par les larmes qui s'étaient accumulées dans ses yeux, mais ses jambes le lâchèrent, ne supportant plus son propre poids, et il partit en arrière. Sa chute fut interrompue par un autre corps, deux bras entourant fermement son torse pour le guider au sol en douceur. Il cligna des yeux, surpris de réussir à discerner vaguement ce qui l'entourait, le brouillard devant ses yeux se dissipant doucement. Il inspira profondément et, quelques secondes plus tard, ses oreilles aussi commencèrent à fonctionner à nouveau.

 

« ―quiète pas Draco. Respire lentement. Ça va aller. »

 

Le blond obéit, son corps semblant reprendre contact avec la réalité. Son bras pulsait toujours, la douleur irradiant de son coude au bout de ses doigts, mais c'était loin de ce qu'il avait ressenti au début. Un mouvement derrière lui lui fit prendre conscience de la position dans laquelle il était, assit par terre, le dos appuyé au torse d'Harry, ce dernier continuant à murmurer des paroles rassurante dans son oreille, ses deux bras l’empêchant de basculer.

 

« Mal. »

 

Draco aurait été bien incapable d'articuler quoi que ce soit de plus, mais cela suffit à ce que le brun lâche un long soupir, sa poitrine se dégonflant doucement dans son dos et son souffle s'écrasant contre sa nuque perlée de sueur.

 

« Je sais, mais FanYu va arriver d'une seconde à l'autre, Tony et Sidley sont partis le chercher. Continue à respirer lentement. »

 

Le blond jeta un coup d’œil à son bras, découvrant avec horreur de longues veinules noires qui s'étiraient du bracelet toujours sifflant jusqu'au repli de son coude. Mais elles semblaient avoir arrêté de grandir pour le moment. Il ferma les yeux une seconde, essayant tant bien que mal de se détendre, jusqu'à ce qu'une nouvelle douleur fasse son apparition en haut de son torse. Il fronça les sourcils, essayant de déterminer d'où elle pouvait provenir et se préparant à peut-être devoir prévenir Harry que son cœur commençait à lui faire défaut. Mais plus la sensation grandissait plus il se rendait compte qu'elle venait d'autre chose. Il lâcha un grognement au moment ou il comprit enfin, la brûlure commençant à devenir insupportable, et il utilisa ses dernières forces pour plonger son bras intact dans son col, en retirant le pendentif que le brun lui avait donné de longs mois auparavant. La pierre qui dansait devant ses yeux fatigués brillait d'une lueur rougeâtre, clairement responsable de sa douleur mais, alors qu'il s’apprêtait à casser la chaînette en la tirant d'un coup sec, la main d'Harry se referma sur son poignet.

 

« Ne l'enlève surtout pas. »

 

Sans discuter, Draco reposa doucement le collier au dessus de ses vêtements et ferma les yeux lorsque le brun vint délicatement essuyer la sueur qui devait maculer son front avec sa manche. Puis il resserra ses bras contre son torse pour pouvoir le déplacer légèrement, le ré-installant plus confortablement et attirant sa tête contre son épaule.

 

« Merci.

-Merci ? Draco c'est toi qui m'a encore sauvé la vie aujourd'hui. Et j'aurais dû te faire évacuer bien plus tôt, je savais que tu avais encore ce fichu artefact et que notre bracelet de protection ne serait peut-être pas suffisant... »

 

Le blond secoua la tête faiblement, les sourcils froncés, mais n'eut pas l'énergie de montrer plus clairement sa désapprobation. Il était bien là. Malgré la douleur de son bras, la chaleur, le battement de cœur et le mouvement régulier de la respiration qu'il sentait dans son dos le calmait. Il cherchait encore la force de mettre ces sensations en mots pour pouvoir les dire à Harry quand le bruit typique d'un transplanage lui rappela brusquement qu'ils étaient toujours au manoir, totalement vide si ce n'était quelques aurors de garde et les trois personnes qui venaient d'apparaître et qui avançaient vers eux en grandes enjambées. Ce fut le seul des trois qu'il ne connaissait pas, un grand brun avec des traits asiatiques, qui prit la parole en premier, s'agenouillant à côté de son bras. Il avait le regard fixé sur le bracelet fumant mais restait à bonne distance.

 

« Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Fenrir a activé le bracelet et Draco s'est effondré par terre. Pour le moment il va mieux. AH ! Et il avait ça autour du cou. »

 

Et il passa ses doigts sur le pendentif qui reposait toujours sur la poitrine de Draco, parfaitement insensible à la chaleur qui en émanait. Puis sa main retourna là où elle était avant : placée de manière protectrice sur le ventre du blond. Le médecin – Harry avait donné son nom un peu plus tôt, mais avoir le cerveau embué par la douleur l’empêchait de s'en souvenir pour le moment – haussa un sourcil, observant l'objet avant de reposer son regard sur les marques noires qui s'étiraient sur le bras de Draco.

 

« D'où il le tient ?

-De moi. Je le lui avait donné juste avant la mission du manoir du corbeau. »

 

L'homme lâcha une exclamation, cette information résolvant apparemment quelque chose. Anthony et Sidley s'étaient accroupi à côté de lui et, même s'il ne leur accorda pas un regard, il prit la peine d'expliquer à haute voix son raisonnement.

 

« La protection que vous aviez donné à Draco lui a très certainement évité une mort certaine, mais l'artefact qu'il a au poignet était trop fort, en comparaison. Au lieu de le tuer d'un coup, il a juste commencé à répandre plus lentement son poison dans ses veines. Ce bracelet est définitivement un objet magique extrêmement puissant. Sauf que Draco portait ce pendentif.

-Mais il n'est pas assez fort pour contrer le maléfice, si ? »

 

Le médicomage secoua la tête à la question de Sidley, mais ce fut Harry qui prit une grande inspiration, semblant comprendre le fin mot de l'histoire, et se chargea de répondre.

 

« C'est un simple pendentif de protection, mais c'est celui que j'ai toujours porté, qui a été renforcé et enchanté avec ma magie. Il est beaucoup plus puissant quand c'est moi qui le porte. Je n'avais rien d'autre à lui donner dans le manoir du corbeau du coup... » Semblant réaliser qu'il s'éparpillait, il reprit. « Bref. Dès que j'ai été en contact physique avec Draco, le lien s'est établi et il s'est mis à marcher à pleine puissante. C'est pour ça que je sens ma magie d'une manière étrange, je pensais que c'était une réaction de stress, mais pas du tout. »

 

Le blond, les yeux mi-clos, hocha très lentement la tête. La dissipation d'une partie de la douleur lorsque Harry l'avait rattrapé prenait tout son sens.

 

« Exactement. Donc ne le lâche pas. Et ne bouge pas en fait, plus il y a de surface de contact entre vous, mieux c'est.

-Tu peux annuler le maléfice FanYu ? »

 

Draco posa ses yeux sur le médicomage en retenant son souffle, mais au bout de quelques secondes de réflexion et après avoir passé sa main au dessus du bracelet, celui-ci secoua la tête négativement. Les bras d'Harry se resserrèrent sur lui.

 

« Il faudrait que je puisse l'analyser pour ça, mais ça me prendrait beaucoup trop de temps. Le pendentif bloque la propagation du poison en isolant complètement cette partie de son corps, mais ça demande qu'énormément de magie passe par lui. Il ne tiendra pas indéfiniment et Harry n'a pas non plus une source de magie inépuisable. Il a beau dire le contraire, il lui faudra encore du temps avant d'être complètement remis de son accident. En plus, si le bras de Malfoy reste isolé trop longtemps, il risquerait de faire une gangrène.

-Chouette. »

 

Les quatre aurors lancèrent un regard surpris au blond, ne s'attendant clairement pas à ce qu'il prenne la parole. Puis Sidley lâcha un rire un peu tendu.

 

« S'il a encore toute son ironie, c'est que rien n'est perdu ! »

 

Lâcher un simple mot ayant relancé ses nausées, Draco ne chercha pas à répondre, se contentant de pencher sa tête en arrière pour la poser contre l'épaule de Potter. Celui-ci bougea légèrement pour pouvoir l'installer confortablement, son souffle chatouillant l'oreille de son protégé.

 

« Et si Fanyu n'est pas en train de se prendre la tête entre les mains, c'est qu'il y a forcément une solution. »

 

Le blond arrêta de lutter contre ses yeux, les fermant totalement. Si Harry ne perdait pas espoir, c'est qu'il n'était pas encore près de mourir, il lui faisait entièrement confiance pour ça. Ignorant le conciliabule que les aurors tenaient à propos de la marche à suivre et la douleur omniprésente qui émanait de son bras, Draco préféra se concentrer sur la sensation qui pulsait dans son dos, la chaleur rassurante qui se répandait et ce qu'il savait désormais être la magie de Potter qui s'infiltrait en lui pour alimenter le pendentif. S'il avait eu la pleine possession de ses moyen, nul doute qu'il aurait tout fait pour échapper à ça, des années à chercher à imiter et satisfaire son père l'ayant parfaitement formaté à être un mâle fort refusant qu'on s'occupe de lui, au point même de grimacer lorsque sa mère cherchait trop à le prendre dans ses bras. Mais, alors qu'il avait parfaitement conscience d'avoir échappé de justesse à la mort, cela lui semblait monstrueusement futile. Son père avait toujours été froid et très peu expansif, mais avant que la puberté de s'abatte sur lui comme la malédiction de devoir désormais se comporter comme un « homme », il avait eu son lot de marques d'affection, de sa mère comme de son grand-père et il n'avait jamais détesté ça. Alors que la main d'Harry traçait des arabesques contre son abdomen, il réalisa à quel point cela lui avait manqué, à quel point laisser tomber ses défenses et permettre à quelqu'un d'autre de s'occuper de lui, de le protéger, était rassurant. Et faire suffisamment confiance à quelqu'un pour se permettre ce laissez-aller était particulièrement agréable. Par Merlin qu'il était loin le temps où il avait envie d'arracher les yeux de cet insupportable gryffondor dès qu'il le voyait.

Tout doucement, sa main libre remonta le long de son ventre, attrapant celle d'Harry dès qu'elle fut assez proche. Le brun se figea pendant un instant, suffisamment longtemps pour qu'il commence à regretter son geste, puis il se détendit à nouveau, écartant ses doigts pour pouvoir les entrelacer à ceux de Draco. Ce fut à son tour d'être surpris, tournant très légèrement la tête et esquissant un sourire timide tandis que le cœur qui battait dans son dos accélérait légèrement.

 

 

 

.oOo.

 

 

Heeey ! J'espère que ça vous aura plu ! J'avoue l'avoir relu et corrigé en vitesse parce que la première partie de mon mémoire est à rendre dans une semaine et que je n'ai strictement RIEN écrit X') (C'pas grave, au talent !... Mais QUEL TALENT T.T?), du coup si vous voyez des fautes, hésitez pas à me le dire :)

Bon mais c'est qu'on a pas mal avancé dans l'intrigue sinon... Reste plus qu'à faire avancer la deuxième partie de l'intrigue maintenant (ne vous inquiétez pas, je vais leur botter les fesses à ces coincés des sentiments!). Et oui, je disais dans la note du haut que je voulais éviter de couper ce chapitre au milieu pour ne pas faire de cliffhanger, vous pourrez argumenter que j'en fait quand même un là... Mais bon, faites confiance à Harry, si FanYu ne panique pas, c'est qu'il n'y a pas de raison de paniquer plus que mesure ;)

Encore une fois, merci à vous de me lire et de commenter, vous m'embellissez mes journées :3

À la prochaine !

 
 
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