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Naissance d'une naturaliste
Par Cloe Lockless
Harry Potter  -  Romance/Général  -  fr
3 chapitres - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     8 Reviews     Illustration    
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De grands travaux

Pairing/Pitch : Le premier amour de Luna, plusieurs années avant de rencontrer Rolf Scamander.

Personnages : Luna, Flitwick, McGonagall, Neville, Dean, Ginny, Hermione, autres, son père.

Rating : 13+, deviendra 16+ sûrement et, si M, petit M.

Disclaimer : Les personnages et l’univers appartiennent à Rowling. L’inspiration pour ce couple m’est venue en lisant Azoth de zeitgeistic (ou faire_weather) un Harry/Draco (+ Hermione/Millicent) que vous trouverez en anglais sur le livejournal de la communauté hd-erised ou sur AO3. http://hd-erised.livejournal.com/18913.html

Mais c’est aussi une réécriture du premier chapitre d’une autre de mes fics, encore en chantier, que je posterai un jour. En gros, ne pas s'étonner s’il y a des redites d’une fic à l’autre chez moi, j’ai tendance à réécrire cent variations de la même chose.

 

Cace-dédi à la plus grosse perte que l’humanité ait subie l’été dernier. Je suis en deuil :(

 

 

 

« The cold smell of potato mould, the squelch and slap
Of soggy peat, the curt cuts of an edge
Through living roots awaken in my head. »

 

« L’odeur froide du terreau, les bruits
de la tourbe travaillée, les coups secs du tranchant d’un outil
sectionnant des racines vivantes s’éveillent dans ma tête. »

 

« Digging » (« Creuser »)

Seamus Heaney,

1939-2013.

 

 

 

 

 

1 : De grands travaux

 

 

 

 

Elle trouva le haut portail fermé à son approche. Elle ralentit le pas, examinant du regard l’ouvrage de fer et les murs de pierre qui l’entouraient et qui semblaient disparaître dans les arbres. L’enceinte était familière et n’avait l’air de déployer aucune magie hostile à son encontre. Tendant le bras, refermant précautionneusement les doigts autour d’un des barreaux et constatant qu’aucun sort ne la repoussait, elle se rapprocha d’un pas de plus et jeta un œil de l’autre côté, dans l’espoir d’apercevoir quelqu’un. Les terres de Poudlard s’étendaient devant elle jusqu'au château, adoptant le relief capricieux des collines, sous un soleil adouci par l’air d’Écosse. Au loin, le chemin de terre battue se perdait dans les herbes, s’amenuisant à mesure qu’il se rapprochait de l'École. Elle se trouvait encore dans l’ombre de la lisière de la forêt et, malgré la douceur de l’air, il lui semblait sentir un souffle d'une curieuse température sur son bras, qui ne venait pas du soleil, comme celui des Sombrals qui tiraient leurs petites calèches en septembre.

Une silhouette avançait vers elle d’un pas vif :

« Reculez Mademoiselle. »

L’Auror fit un geste brusque de sa baguette, faisant claquer au passage sa robe de fonction, et Luna eut à peine le temps de se reculer que le loquet cédait et les deux battants de vieux fer se séparaient. L’homme se glissa dans l’ouverture et la fit reculer encore, baguette tendue de manière dissuasive vers sa poitrine.

« Le périmètre est interdit au public, dit-il d’un ton peu amène en la parcourant des pieds à la tête d’un rapide coup d’œil. Qu’est-ce que vous faites ici ?

Luna cilla avant de répondre :

- Le professeur McGonagall m’a autorisée à venir. Je dois participer à la restauration des sortilèges de protection. Je suis Luna Lovegood.

L’homme fronça les sourcils et elle se sentit en fraude sans avoir rien fait de mal. Il avait tout de même dû être informé de sa venue, mais il n’avait pas l’air de vouloir la croire :

- Une mineure ? Quel âge avez-vous ?

- Je suis majeure.

Les phrases ne sortaient pas. S’il ne la laissait pas entrer, elle allait devoir attendre. Repartir ? Heureusement, une seconde silhouette, à bout de souffle, arriva à sa rescousse : la petite stature du professeur Flitwick accourait dans leur direction.

- Laissez-la entrer, Monsieur Proudfoot, c’est une ancienne élève.

L’Auror se recula et se tourna vers le professeur. Son visage demeura fermé, mais il abaissa sa baguette.

- Je n’ai pas été prévenu, dit-il.

- Ça s’est décidé tout récemment, s’excusa Flitwick en rajustant son col. Minerva devait vous en avertir hier mais ça lui est sorti de l’esprit. Bonjour, Miss Lovegood, entrez, entrez.

L’Auror lui céda le passage en soupirant et Flitwick entraîna Luna un peu plus loin après lui avoir serré chaleureusement la main.

- Je suis désolé de cet accueil, poursuivit-il à son intention, j’espère que cela ne vous a pas trop déstabilisée. Les sorts du portail nous ont avertis de votre présence et Minerva avait oublié de prévenir Monsieur Proudfoot que vous deviez venir. J’en suis confus, vous n’auriez pas dû trouver porte close, mais avec les faiblesses de la barrière de reconnaissance, il est plus prudent de maintenir les grilles fermées. Au moins l’enceinte a bien reconnu que vous faisiez encore partie des élèves inscrits, autrement vous n’auriez pas pu arriver aussi près.

Luna sourit. Le directeur des Serdaigle l’escortait vers le château d’un bon pas, dégageant autant d’enthousiasme et de bonne fatigue que s’il accueillait une vieille amie dans une maison de campagne qu’il serait en train d’aménager. Son flot de paroles ne lui laissait pas le temps de s’attarder sur les changements éventuels du paysage : Slughorn, Chourave, McGonagall et lui étaient en train de discuter par Cheminette des préparatifs de rentrée avec le nouveau délégué du Ministère.

- J’espère que je ne dérange pas.

- Pas du tout, pas du tout ! Nous sommes très heureux de vous avoir. L’essentiel des restaurations est fait mais il reste une multitude de contrôles et d’ajustements à effectuer, notamment à l’intérieur, et nous préférons faire le moins possible appel à des extérieurs pour nous aider. Votre lettre nous a fait très plaisir ! Le Château est comme un grand convalescent, vous savez. Au bout d’un moment, on préfère se retrouver en famille. »

Luna hocha la tête, touchée par le sourire – au-delà de toute espérance – que lui adressait son professeur. Elle détourna puis ferma un instant les yeux et respira l’air dégagé des lieux, laissant les collines claires reprendre possession de ses souvenirs. Le lac en contrebas était agité par la brise. Toutes les pierres de la cour avaient repris leur place et les statues gardiennes étaient immobiles, comme elles l’avaient toujours été avant que McGonagall ne les secoue, le jour de la bataille finale.

Flitwick s’arrêta et la laissa examiner les alentours. Elle se sentait fébrile. Les arches et le paysage derrière semblaient se reposer paisiblement, mais elle percevait aussi de grandes cicatrices invisibles dans les surfaces. Elle allait se renverser s’il lui fallait parler maintenant.

Une main sur son coude la ramena à elle.

« Je voudrais vous montrer quelque chose, tant que nous sommes dehors », dit le professeur d’une voix plus basse, mais le regard pétillant.

Elle le suivit sur une des petites allées qui contournaient le flanc du Château en s’éloignant des portes d’entrée. Quelques dizaines de mètres plus loin, le demi-gobelin dévia sur l’herbe et lui fit signe d’approcher d’un endroit précis de la paroi. Le mur près du contrefort pulsait.

- Vous le sentez ? Une des pierres fondatrices se trouve en dessous. La magie ancienne s’est réveillée quand nous avons reformé les barrières anti-transplanage. L’équipe du professeur Vektor vérifiait que le déploiement de magie ne déstabilisait pas les pierres qui venaient d’être remises en place quand ils se sont aperçu de ce phénomène ; il semblerait que les fondations soient en train de ressouder les fractures de l’intérieur.

Il semblait avoir le cours de troisième année au bout des lèvres mais savoir que Luna s’en souvenait très bien : plus la magie habitant un artefact ou une construction sorcière était vieille, plus l’artefact ou le bâtiment en question était susceptible de manifester des comportements d’organisme vivant. C’était très clairement ce qui se produisait ici. La magie du Château se régénérait seule.

- La Nature est bien faite, n’est-ce pas ?

C’était étrange de voir ses deux mains blanches et ridées pressées à plat sur la pierre sombre et sûrement humide, sans baguette – le voir apprécier le rayonnement avec une jubilation sans âge. Luna effleura le pan de mur comme elle aurait approché les doigts du flanc d’un gros animal endormi. La roche rugueuse respirait. Tout en restant de la roche. La vibration, immobile à l’épicentre, lui remontait dans la main.

Luna baissa le bras. Cela lui faisait du bien de revenir, avant la date « normale », et de voir de ses propres yeux que la vie reprenait ; l'entrain de son professeur était communicatif ; mais c’était encore un peu tôt.

Quelques explications techniques plus tard, ils retournèrent vers les portes et gravirent enfin les marches de l’entrée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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