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La fureur du fleuve
Par SarahCollins
Originales  -  Mystère  -  fr
24 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 24     Les chapitres     2 Reviews     Illustration    
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Un être part, un autre arrive

 Jimmy Cliff – Many rivers to cross

24. Un être part, un autre arrive

Les amants se perdent en s’aimant, Jean-Jacques Goldman.

— Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux dire ou faire pour que tu changes d’avis ? demanda Peter.

Jenny secoua la tête. Elle paraissait sûre d’elle mais vulnérable et il se dit que malgré son apparente détermination, il restait de l’espoir.

— Non, ma décision est prise. Je vais rester à Charlestown.

Peter secoua la tête, partagé entre la peine et l’incompréhension. Il le dit à son amie.

— Je sais que c’est difficile à comprendre, reconnut-elle avec un sourire triste et contrit. Je ne suis même pas sûre de le comprendre moi-même. Mais rester ici, à Charlestown, c’est quelque chose que j’ai besoin de faire.

— Est-ce que c’est à cause de ta fille ?

Il ne lui avait toujours pas dit. Plusieurs jours avaient passé depuis cette nuit fatidique où il s’était introduit au siège de SC avant de rencontrer les Duncan. Plusieurs jours qu’il avait retrouvé sa fille et découvert qu’elle était morte. Il savait qu’il n’avait pas d’excuse, rien ne justifiait de lui dissimuler une telle information. Mais il ne pouvait s’y résoudre. Comment lui dire que la fille qu’elle avait faite adopter via une agence douteuse avait par miracle atterri dans une famille aimante et été parfaitement traitée pendant dix-sept longues années avant d’être tuée à peine quelques semaines avant son retour à Charlestown ? Et c’était sans parler des circonstances encore troubles de la mort de Michelle Duncan.

— Non, ce n’est pas à cause de ça. Pas entièrement en tout cas, finit-elle par nuancer après un regard dubitatif de son meilleur ami.

Peter et Jenny étaient allés dans un restaurant du centre-ville la veille. Sur le moment, il avait cru que c’était pour célébrer leur dernier jour à Charlestown mais la jeune femme lui avait alors annoncé sa décision de rester. Rétrospectivement, il devait reconnaître qu’il s’y attendait depuis son retour de New York. Le comportement de Jenny cette semaine n’était pas celui de quelqu’un qui s’apprêtait à quitter la ville pour de bon, il l’avait bien vu.

La veille au soir, il n’avait rien dit et s’était contenté de hocher la tête. Ils avaient achevé leur dîner et étaient retournés à l’hôtel où ils avaient regardé un classique des années 70 avec Audrey Hepburn. Mais maintenant que le moment fatidique était arrivé, maintenant qu’ils se tenaient à l’extérieur du motel, à côté de sa vieille Corvette rouge prête à démarrer pour le ramener à New York sans Jenny, maintenant, oui, la réalité de la séparation le frappait en plein cœur. On y était.

Elle s’assit sur les marches, le regard dans le vide.

— Je pensais que résoudre les meurtres m’aiderait à me sentir mieux, à définitivement tourner la page mais ce n’est pas le cas. Et je me dis que passer quelques mois de plus ici pourrait m’y aider.

Il décida d’adopter une approche plus terre-à-terre.

— Mais qu’est-ce que tu vas faire à Charlestown ?

— Je voudrais faire reconstruire le Quinn’s. Attendre que tout ait été remis en ordre et que le bar ait rouvert.

— Avec quel argent ? demanda Peter d’un ton plus brusque qu’il ne l’aurait voulu.

— L’assurance-vie. Je vais sans doute devoir me serrer la ceinture mais ça devrait aller. Ensuite, une fois le bar remis en état, je vendrai et reviendrai à New York.

Peter la regarda sans mot dire. A l’évidence, elle y avait mûrement réfléchi. Il chercha des arguments pour la contrer, pas encore décidé à lâcher prise et à rentrer sans elle.

— Et ton boulot ?

— Je vais demander une mutation au bureau médico-légale du comté d’Orange

— Est-ce que je suis censé d’attendre ? demanda-t-il, sans détour.

Elle releva la tête.

— On n’a pas parlé de ce qui s’est passé entre nous. Le soir de ton anniversaire ou après mon retour de Richmond, lui dit-il. Qu’est-ce que ça signifiait ? Est-ce que ça signifiait quelque chose pour toi ou c’était juste pour passer le temps ? Parce que figure-toi que j’ai parlé à Jack Kerrigan hier.

Les yeux de la jeune femme s’agrandirent et Peter crut y lire une certaine culpabilité. Mais ce n’était peut-être que le fruit de son imagination et de sa peine.

La semaine précédente, l’avocat new-yorkais et Jenny avaient retrouvé l’enregistrement de Linda Thompson et son courtier. Sa tante l’avait caché dans son appartement comme elle l’avait deviné.

Armé de l’enregistrement compromettant et du témoignage de l’incendiaire du bar qui liait le garde du corps de Thompson au sinistre, Kerrigan avait bon espoir de faire aboutir un recours collectif contre l'ex-banquière. Un peu tard pour Sally Quinn mais Peter savait que ce récent développement apportait un certain réconfort à Jenny.

— Il m’a dit qu’il avait démissionné et cherchait un nouveau cabinet pour monter la procédure contre Linda Thompson, continua Peter. Il a déjà reçu plusieurs offres de cabinet d’avocats prestigieux, dont celui fondé par l’actuel ministre de la justice. Quoi qu'il en soit, il devrait passer beaucoup de temps à Charlestown dans les mois à venir.

— Peter, où est-ce que tu veux en venir ?

— Il s’est passé quelque chose entre vous ?

Immédiatement, il regretta ses paroles. Les yeux de Jenny lancèrent des éclairs.

— Quand est-ce que j’aurais eu le temps ? Quand je suis retournée pour la première fois dans mon appart’ en me demandant environ un milliard de fois pourquoi tante Sally ne m’avait rien dit de ses problèmes avec son ancienne banque ou avec Save Children ? Ou bien est-ce que tu crois que je me faufilais la nuit hors de l’hôtel pour aller le retrouver quand j'étais ici ?

Elle secoua la tête et croisa les bras, paraissant cette fois plus attristée qu’en colère.

— Il m’a juste invité à aller boire un verre pour discuter de l’affaire. Je lui ai répondu que j’étais d’accord mais que pour l’instant, je n’étais pas vraiment prête pour une relation sérieuse. L’ennui, c’est que toi, tu l’es Peter. Entre nous deux, ça ne pourra jamais être autre chose que « sérieux ».

— Donc, je répète : suis-je censé t’attendre ? Ou est-ce que tu veux que je rentre à New York et que j’oublie ce qui s’est passé entre nous ?

— Je veux …

Elle hésita alors qu’il faisait un pas vers elle.

— Ce ne serait pas très juste de te demander ça. Je ne serais peut-être jamais prête à te donner ce que tu veux.

Et lui ne serait peut-être jamais prêt à lui révéler la tragique disparition de sa fille biologique. C’était sa dernière chance de le lui dire avant de partir. Mais au moment où il ouvrait la bouche, elle se jeta dans ses bras et le serra fort contre elle. Il respira les effluves de son parfum une dernière fois.

Non, il ne pouvait pas, songea-t-il alors qu’elle s’éloignait. Il déposa un baiser sur son front avant de grimper en voiture. Il attacha sa ceinture et démarra rapidement pour ne pas changer d’avis et faire quelque chose de stupide. La dernière image qu’il vit dans son rétroviseur alors qu’il s’engageait dans la rue fut celle de Jenny, débout dans sa robe printanière, au pied de l’hôtel dans lequel ils avaient passé plus d’un mois ensemble.

Ce n’était pas un adieu, se répéta Peter comme un mantra, juste un au revoir. Il se battrait pour Jenny, pour qu’ils aient un avenir ensemble. Et puis, après, il se demanda pourquoi il ne le lui avait pas dit ça à elle.

OooOo

— Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux dire ou faire pour que vous changiez d’avis ? demanda l’inspecteur Ronnie Becker.

Matt Howard rangea une photo de sa fille dans un carton avant de traverser le bureau. Il décrocha son diplôme de la faculté de droit de Fordham et le plaça également dans le carton.

— Non, ma décision est prise. Je vais quitter Charlestown.

Becker vint le rejoindre et posa sa main sur son épaule, le forçant à se tourner vers lui.

— Matt, c’est ridicule. Ce qui s’est passé la semaine dernière est tragique mais ce n’est pas de votre faute.

Tragique… Quel doux euphémisme.

Mais quel mot pouvait qualifier de manière adéquate ce que Johnny Wright avait fait ? Dans ce que les médias avaient qualifié de coup de folie d’un adolescent instable au passé violent, il avait suivi Gregory Dawson et David Fitzgerald alors qu’ils sortaient d’un bar branché, les avait forcés à s’arrêter sur le pont avant de leur tirer dessus. Fitzgerald était mort sur le coup, Dawson était à l’hôpital dans un état critique. Certains journalistes affirmaient qu’il était paralysé. D’autres avaient noté que la fusillade aurait pu tourner au carnage, en plein milieu de l’autoroute et qu’il était miraculeux qu’un seul mort et un blessé grave ne soient à déplorer pour le moment mais Matt avait du mal à voir les choses ainsi. C’était déjà beaucoup trop et surtout, c’était de sa faute.

Pour cette raison, il avait présenté sa démission le lendemain de la fusillade sur le pont, décision qu’avait fini par accepté le procureur Clemmons après des discussions houleuses et de vagues allusions au devenir de sa carrière. Mais rien de tout cela n’avait d’importance maintenant.

Il allait s’installer à New York, rejoindre sa belle-mère comme il aurait dû le faire après la mort de Terry. Sa fille Kayla aurait toutes les vacances d’été pour s’habituer à la ville avant de commencer l’école.

Mais une chose était sûr : il n’y avait rien qui le retenait à Charlestown. Il ignorait même les raisons pour lesquelles il s’était tant accroché à cette ville. Ce n’était même pas sa ville. Un hypothétique poste de procureur du comté d’Orange ne valait pas tous ces drames, toute cette haine ou tout ce sang versé. Les émeutes, les fusillades, c’en était trop pour lui.

— Si ce n’est pas de ma faute, alors qui est responsable ? demanda -t-il d’une voix emplie de lassitude.

— Fitzgerald et Dawson. Parce qu’on sait tous les deux qu’ils ont tué la jeune Michelle Duncan.

— Ronnie, protesta faiblement Matt. Ils viennent d’être attaqués …

— Et alors ? Ce que Johnny Wright leur a fait ne les exonère pas de ce qu’eux ont fait à Michelle. Je ne cherche pas à justifier son acte mais n’oublions pas comment toute cette histoire a commencé. Les médias peuvent bien essayer de les transformer en héros incompris, ça ne change rien à ce qu'il s’est passé avant.

— Cela ne change rien au fait qu’on aurait dû les inculper avant surtout, répliqua sèchement Matt. Vous le savez aussi bien que moi.

— Encore une fois, ce n’est pas de votre faute. C’est Martin Clemmons le procureur et c’est lui qui a choisi de ne pas les mettre en examen.

— Pour ne pas perdre le soutien financier de Fitzgerald senior et ses riches amis, maugréa Matt encore écœuré par le cynisme de Clemmons, qui avait fini par devenir le sien. Sauf que j’aurais pu m’y opposer et je n’ai rien dit.

Becker secoua la tête.

— Ce n’est pas vrai. Vous lui avez dit que vous pensiez avoir assez de preuves pour aller au procès, il a juste refusé de vous écouter. Et quand bien même vous n’auriez rien dit ? Vous pensez vraiment que ça aurait changé quelque chose en fin de compte ?

Matt lui lança un regard incrédule.

— Pas vous ?

— Non. Vous l’avez dit vous-même : Clemmons a besoin du père de David Fitzgerald pour être élu maire. Il y aurait pu avoir une vidéo des deux autres en train de tuer Michelle qu’il ne les aurait pas mis en examen pour autant. C’est de la politique, mon vieux, c’est tout.

C’était ce que s’était dit Matt lorsqu’il avait accepté de soutenir la décision de Clemmons de ne pas poursuivre. Qu’il fallait faire des compromis et à quoi bon renoncer à son soutien pour une affaire sur laquelle il ne reviendrait de toute façon pas ? Il se revoyait encore à cette conférence de presse où ils avaient annoncé qu’ils ne mettraient pas en examen les deux étudiants. Clemmons avait exigé sa présence, pour apaiser la communauté noire de Charlestown. Rétrospectivement, Matt avait envie de vomir.

Mais ce n’était pas le pire.

— Le jour de la marche en mémoire de Michelle, avant que les émeutes ne commencent, Johnny Wright est venu me voir au bureau, raconta-t-il. Il voulait des explications. J’ai essayé de lui servir le même charabia qu’on avait réservé à la presse et aux parents de Michelle à propos du manque de preuves mais ça n’a pas marché. Et … je me suis rendu compte que je ne voulais pas lui mentir.

— Que lui avez-vous dit ?

— La vérité. Qu’à mon avis, Dawson et Fitzgerald étaient coupables et qu’ils s’en étaient tirés grâce à l’argent et l’influence de leur famille.

Matt vit la résolution de Becker vaciller. Il savait qu’il avait violé une règle tacite du métier en livrant son opinion sur une affaire à un proche de la victime, sans même consulter son supérieur au préalable. Mais il se remit rapidement.

— Matt, vous ne pouvez pas sérieusement penser que c’est à cause de cette discussion que Wright …

— Et pourquoi pas ? Est-ce que c'est si insensé de croire que cela a motivé, au moins en partie, son geste ?

— Pour commencer, si cela avait vraiment un lien avec votre discussion, il n’aurait pas attendu plus d’un mois avant d’agir.

Il soupira.

— Matt, Johnny a eu une vie difficile, entre sa mère accro et des petits copains plus violents les uns que les autres. C’est à faire pleurer n’importe quelle assistante sociale. Il aurait fini par exploser.

— Peut-être que vous avez raison mais c’est moi qui ait allumé la mèche. Ce qui s’est passé est dramatique mais contrairement à ce qu’affirment les médias, cela n’avait rien d’insensé ou d’imprévisible. C’était prévisible et quelqu’un doit en prendre la responsabilité.

Becker soupira.

— Cela me tue que ce soit vous qui partiez alors que Clemmons sera sans doute maire de cette putain de ville dans cinq mois !

— C’est justement parce que je ne veux pas devenir comme lui que je pars. Terry ne me l’aurait pas pardonné. Elle n’aurait pas reconnu le Matt qui a accepté de mettre ses principes et la justice de côté pour de la politique et une possible promotion.

Becker ne sut que répondre. Matt ne parlait jamais de sa défunte épouse.

Son carton plein sous le bras, l’ancien adjoint du procureur serra la main de l’inspecteur de police avant de quitter le bureau, sans un regard en arrière.

— Prenez soin de vous, Matt, lui lança-t-il alors qu’il s’éloignait.

Matt posa le carton sur le siège arrière et monta en voiture, prêt à quitter Charlestown pour de bon. Mais avant il lui restait un dernier arrêt. Il démarra et se rendit au cimetière de la ville, sur la tombe de Michelle Duncan.

FIN.

 
 
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