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Autour d'une table
Par Follinette
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Adieu aux soirs doux

Mars 2015.

Du non-engagement à l'insurrection.

______________________________________________________________________________

 

Je m’asseyais par terre

ces soirs qui étaient doux

je t’écoutais parler

et quand je répondais, c’était en murmurant.

 

On est bien peu de chose

tu disais, j’acquiesçais

et tous enfermés, dans nos regards, nos préjugés

on critique et on juge, on loue et on blâme, on méprise, on déteste

mais nos pensées biaisées sont trop arrogantes à vouloir dire le vrai.

Tu disais, j’acquiesçais.

 

Je m’asseyais par terre

ces soirs qui étaient doux

je m’ouvrais à tes mots

à toi, à tes pensées

et au monde au-delà, aux hommes à travers toi.

Je suivais tes conseils, je m’admettais faillible

et je respectais tout

et les soirs étaient doux.

 

Tu disais (j’acquiesçais) que l’indulgence modeste sauverait des conflits

et qu’il faudrait un jour que les hommes disent tous

que rien n’était bien sûr, qu’ils se trompaient sans doute.

Ce jour-là, disais-tu, les hommes vivraient en paix

sans orgueil pour eux-mêmes

sans mépris pour les autres

sans vouloir plus se battre pour de simples illusions.

 

Tu disais, j’acquiesçais

fesses sur le macadam

et c’était bien paisible, en regardant le monde, de ne pas valoir mieux.

 

Et le temps a passé. J’ai beaucoup regardé.

 

Je n’ai pas oublié les soirs qui étaient doux

et pourtant j’ai jugé

non je n’acquiesce plus.

 

J’affirme que ceux qui tuent pour le plaisir d’un dieu

se trompent bien plus que ceux qui joignent les mains.

J’affirme que ceux qui disent qu’il y a des hommes moins hommes

se trompent bien plus que ceux qui crient « égaux ! ».

J’affirme tout cela, je dis « vrai », « mal », « injuste »

et non au nihilisme !

Et si je me trompe, j’affirme que toi (protégé de l’erreur puisque tu ne dis rien)

j’affirme que tu te trompes bien plus que moi.

 
 
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