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au 31 Mai 21 :
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Dulcis mea angelus. Sevan.
Par Hema00
Plume & Crayon  -  Humour/Surnaturel  -  fr
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    Chapitre 3     Les chapitres     0 Review    
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Chapitre 3

«[...] Je suis l'astre des nuits. Je brille, pâle et blanche,
Sur la feuille qui tremble au sommet d'une branche,
Sur le ruisseau qui dort, sur les lacs, bien plus beaux
Quand mes voiles d'argent s'étendent sur leurs eaux. [...]»

Une voix du ciel, Sophie D'Arbouville


Une douleur fulgurante déchire mon dos, deux points sous mes omoplates me brûlent et labourent ma chair de l'intérieur. Je tombe à genoux, le souffle coupé, les joues baignés de larmes, mes poings se serrent, et seulement lorsque je m'aperçois que mes ongles pénètrent dans ma paume, la souffrance me submerge et fait remonter à la surface un hurlement formidable. Le souffle court, la gorge en feu et le corps roulé en boule, mes mains déchirent ma robe de malade, et cherchent quelque chose, n'importe quoi dans mon dos aussi douloureux que si on m'avait marquée au fer rouge. Je tâtonne, je palpe, je griffe, mais il n'y a rien. Et c'est ça, le plus effrayant.
Au bout d'une vingtaine de secondes des infirmières se ruent vers moi et crient des choses que je n'entends pas. Je ne m'entends pas non plus gémir, et brailler.
Tout ce que j'entends, c'est la pulsation de mon organe vitale, qui, tout comme moi, est en train de perdre les pédales. La douleur me rend folle, je me dégage de la poigne des infirmières, je me débats, je ne veux pas qu'elles me touchent. Elles me font mal, elles ne comprennent pas à quel point ces foutues omoplates me torturent. Et puis tout à coup je le sens.
Je sens quelque chose de...
Bon sang qu'est-ce que?...
Le temps s'arrête. Pendant une seconde, j'arrête de me battre avec les infirmières de service, et elles arrêtent de me violenter. Plus aucun bruit. Plus aucun geste.
Je sens un truc se diviser dans mon dos. Quelque chose se libère. Murmure l'Instinct dans un silence des plus morbides. L'angoisse revient, avec ses traits flous, sa bouche tordue et son sourire carnassier, et elle plonge sa main translucide dans ma poitrine. Elle étouffe mon cœur, l'écrase -J'ai toujours vu les émotions comme des personnes autour de moi, jamais celle des autres, mais j'ai compris il y a longtemps que c'était une sorte de Don et m'y suis désintéressé étant donné l'inutilité de ce ''Don'' . Des millions de pensées traverse mes esprits pendant que les colosses en tenue médicale finissent, enfin, par m'attraper un membre chacune et m'emmener je-ne-sais-où. J'ai pensé :
Alors quoi, j'ai mangé un ver qui a grandit dans mon estomac ? Ou peut-être qu'un alien me dissèque de l'intérieur. Nom de Dieu peut-être que c'est un cancer, mais...Non...Enfin, c'est pas vrai mais qu'est-ce que c'est ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me réveille dans ma chambre, le cerveau en gelée. Les premières minutes, je ne sais ni où je suis, ni ce que je fais là. Tout est embrouillé.
Puis tout se délit au fur et à mesure, mon regard passe de mon lit, aux barreaux jusqu'aux appareils médicaux à ma droite, branchés à Adelaïde. Oh, je me souviens d'Adelaïde. Elle dort et elle est en plein rêve -je vois ses paupières trembler. L'infirmière qui s'occupe de la Sourde m'entends me relever du lit et détale en un temps record. Je regarde autour de moi, intriguée. Qu'est ce qui lui prend  ? Quelques minutes après, Dr. Kaset entre dans ma chambre. Derrière elle, suit une forme bleue plus ou moins cotonneuses : L'excitation.
« Mlle.Fotroy, je dois vous avouer être... perplexe, quand à votre subite guérison. Sachant que vos blessures étaient, plus que désastreuses et handicapantes. Alors, je vous le demande en tant que médecin. Que prenez vous donc ? »
Je pense qu'elle se trompe de patient, parce que je ne comprends pas un traître mot de ce qu'elle raconte. Je plisse les yeux, lève un sourcil et demande avec confusion :
«Excusez-moi, de quoi parlez-vous exactement ? »
Le bleu clair et effacé de la forme qui se traînait derrière elle s'estompe, laissant place au vermillon de l'agacement et ses traits grossiers.

«Ne jouez pas l'enfant je vous prie. Mentir est une forme de délit, êtes-vous sûr de vouloir récidiver la chose ? Dois-je préciser le fait que la question que j'ai dû vous poser à votre arrivée n'était qu'une simple formalité ? Les marques sur vos jambes ont été causés par des poings, celles de vos bras ont la forme de régulière d'une ceinture, et vous avez demandez des nouvelles de votre Mère et n'avaient même pas daigné en prendre de votre père. Il est temps d’arrêter de mentir Mademoiselle Fotroy. Des gens pourraient survivre grâce à votre... ''sérum de guérison'', si je puis dire. »

Tilt.

Je me rue dans les toilettes et ce, sans le moindre effort.
Je suis terrifiée, je sais ce que je vais voir dans le bout de miroir de la salle de bain avant même d'ouvrir les yeux. Mais je n'ose même pas y croire. Alors j'ouvre les paupières. Une peau lisse, un teint hâlé, des yeux bruns, des cheveux ondulés.
Et pas une seule égratignure. Mon cœur s'arrête, des mots sortent par millions de ma cage thoracique et meurent au bout de mes lèvres. Je ne sais plus où poser mon regard, parce que tout ce que je voie me fait tressaillir. Mais bientôt je ne vois plus rien et je remercie en silence les larmes qui troublent ma vision.
Je me tourne vers Kaset, et les mains lourdes, dorées et velues de la déception enserrent ses entrailles.
«Alors, vous ne savez pas. »
Mes mains tremblent tant qu'il faut que je les fourre dans mes cheveux pour avoir un semblant d'équilibre mentale à servir au docteur.
«Comment est-ce possible ? »
La déception se rue hors de la chambre et la frayeur rampe aux pieds de Kaset. Ses écailles luisent comme des billes de verre humides.
«Qu'est-ce... Vous... ? »
Ses globes oculaires sont près de tomber de leurs orbites tellement ses yeux sont écarquillés. A son tour de trembler. Elle fait tomber son stéthoscope, recule et répète  : «Comment est-ce possible ?... »
En me fixant, moi. Je me tourne vers le miroir, de nouveau.
Ce que je vois me laisse dans une torpeur innommable , et un torrent de question, de jurons déferle en moi, mais le barrage de la peur érigé dans mon être les empêche d'atteindre ma gorge.
Je brille. Littéralement, de la chaleur et un halo de lumière surnaturelle s'échappe de mes pores.
Je vais me réveiller. Ce n'est qu'une question de temps, autrement je suis complètement folle.
Retourne-toi.
L'instinct est de retour, et il n'est pas question de l'ignorer. Je me retourne, Kaset atteint la porte et en un clin d’œil j'ai la main sur son poignet. A partir de là, les choses se passent sans mon accord. Et ce que je fais, je le fais comme si j'y suis destinée depuis toujours, comme une vieille habitude maladroite qui émerge après de longues années de sommeil.
J'attrape les frêles épaules de Blondie et plonge mon regard dans le sien. Quelque chose se produit. Le regard de Kaset gagne en intensité. Perd en frayeur.
Elle est prête murmure l'Instinct.
«Les médicaments et les soins que vous m'avez procuré, vous, ainsi que tout le personnel médical mit à ma disposition ont payés. Je suis encore groggy, encore amochée mais je peux rentrer chez moi dés à présent, et vous ni voyez aucun inconvénient. Vous comprenez ? »
Kaset hoche la tête, absente.


Il m'a fallut … comment appelle-ton cela ? Hypnotiser, contraindre ? Bien, il m'a fallut contraindre l'infirmière de mon étage de m'apporter les habits que je portais à mon arrivée, ce qu'elle fit rapidement, comme un automate, sans me regarder dans les yeux, sans émettre un son, avec des gestes fluides et avec des yeux vides. Après m'être glissée dans mon jean, la douleur retentit de nouveau dans mon dos.
«Pas question. Alors là non ! » Et c'est en serrant les dents que je me faufile dans mon sweat-shirt en plongeant furieusement les bras dans les manches. J'arpente les couloirs et aucune des infirmières au physique imposant qui m'avaient plaquée à terre la veille ne semble me reconnaître. La sortie est on-ne-peut plus facile, hormis évidemment les coups de mâchoire infernaux qui vibrent sous mes omoplates, rien ne m'empêche de m'en aller. Et c'est ce que je fais.

Alors que je me trouve dans un taxi payé avec les malheureux restes de mon argent de poche durement gagné – le baby-sitting est traumatisant...- mes pensées se dirigent vers une seule et même personne :
Maman.
La douleur est abominable mais j'essaie tout de même de l'ignorer, ce qui est une délicieuse défaite bien évidemment. Mes yeux se posent sur le conducteur du taxi.
Il est très jeune et, en toute honnêteté, il serait insensé de ne pas le trouver charmant. De longs et épais cheveux d'un blond cendré tombent sur ses yeux de temps à autres, et il les repousse en y plongeant ses mains pour les plaquer en arrière. Son nez est droit, ses lèvres sont pleines et ses yeux ont la douce couleur de l'ambre. Sa beauté me semble tout à fait... eh bien, irréelle est le mot adapté.
Je lève les yeux pour reporter mon regard sur le rétroviseur qui m'offre une vue somptueuse des beaux yeux de l'inconnu qui m'emmène chez moi, et je m'aperçois que ces derniers me lorgnent.
Oh mon Dieu, faite qu'il ne m'a pas vu le dévorer de yeux, je vous en prie, je vous en pr...
« Tu aimes ce que tu vois, ma jolie ? » Un sourire railleur fend son visage et dévoile ses dents blanches et irréprochables.
Oh le lourd.
«''Ma jolie'' tu remballes le Narcis, et tu m'expliques par quels chemins sinueux tu passes ? J'aimerais rentrer chez moi avant la disparition des ours blancs en fait. »
Le divin et abruti conducteur explose de rire, un rire rauque aux inflexions suaves.
Mais enfin, pourquoi les crétins sont-ils si beaux ?
«-Mais quel humour, quel humour, il me lance un regard doré dans le rétroviseur, alors, dis-moi petite chose, pourquoi es-tu si pressée de rentrer chez toi ? » Aussi étrange que puisse paraître sa question, aucune mauvaise intention ne transparaît dans sa voix, aussi, je ne peux m'empêcher de me dire que s'il était violeur en série- quand bien même il aurait réussit à avoir n'importe quelle fille dans son lit en un battement de cil- il aurait sut cacher ce genre de divergence de la voix pour ne pas effrayer son gibier.
Tu regardes trop Cold Case Sev'.
« Je vais voir ma Mère après avoir passé deux jours d'hospitalisation.
-Qu'est ce que tu as ? »
Un tas de choses, aurais-je voulu dire. Mais il ne parle pas de ça, et même si l'Instinct me souffle qu'il est digne de confiance j'exècre l'idée même d'aborder le terrain abrupte du souvenir du père avec lui. Avec n'importe qui d'autre d'ailleurs.
«Très mal au dos. » Je mens bien. Trop bien, même, et ça m'effraie à vrai dire cette capacité à mentir comme un arracheur de dent pour reprendre les termes vieillots de Maman.
«C'est à dire ? » Les voitures devant s'arrêtent à cause d'un camion qui a renversé sa marchandise tout le long de la route. Un automobiliste braille et klaxonne en secouant son poing par la fenêtre, le conducteur du camion le regarde avec une lassitude et un mépris inconditionnel et lui offre son joli petit majeur boudiné comme réponse à ses hurlements. Tout ça, ça commence à m'ennuyer ferme, il faut que je rentre.
Quand je pose mon regard sur le rétroviseur, il me regarde fixement, et l'ombre pâle et orange de l'intérêt se matérialise à ses côtés.
«Sous mes omoplates. Tu vas me prendre pour une siphonnée hein, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose sous ma peau.»
Un éclair passe dans les yeux ambrés du rétro', et il est tellement bref que je pensais l'avoir imaginé.
Puis il sourit et se tourne complètement vers moi, de toute façon il reste une tonne de marchandise sur le béton, et le bouchon est d'au moins deux kilomètres. Je ne rentrerai chez moi que dans une bonne heure et demie. Il fouille dans un sac sur le siège passager et en sort un papier froissé. Il me le tend, avec un stylo bleu.
«T'as un certain charme, malgré ton piètre humour et ta condescendance... J'aimerai bien te revoir.» Il sourit, lève un sourcil et me lance un regard de défi. C'est ce genre de regard qui vous balance : « T'oseras pas écrire ton numéro espèce de coincée, j'me trompes ? »
Eh bien oui, tu te trompes mon gras.
Et c'est non sans une pointe d'appréhension et de surprise que j'écris mon numéro sur son papier. Il remarque mon expression gênée et aussitôt un sourire railleur éclaire la planète toute entière.
«Tu ne vas tout de même pas me dire qu'on ne t'as jamais draguée !»
Face à ma moue gênée et à ma honte non dissimulée, ses traits se figent et son sourire retombe. Il a l'air sincèrement outrée et choqué.
«Attends, attends... Alors tu ne sais pas à quel point tu... Attends, non ! Tu ne vas pas me dire qu'on ne t'a jamais trouvé jolie !
-Eh bien ma Mère me le dit des fois mais je... »
Il se retourne alors que je parle dans le vide et plonge son visage dans ses mains.
«C'est pas croyable enfin ! Mais les gens sont aveugles ou quoi ? C'est quoi cette ville de timbrés ! »
Ce n'est pas tant de la colère qui transperce sa voix mais une incrédulité sans nom, plutôt.
Puis soudainement, je me sens si stupide qu'une vague de colère réveille mon dos et ces douleurs que j'avais oubliées, pourquoi aurais-je honte de dire que je n'ai jamais eu de petit ami depuis mes cinq ans, on s'en fiche non ?
«Hé, c'est bon OK ? c'est pas comme si j'avais le faciès de Queen B non plus ! Il me fait les yeux ronds. Oh et puis laisse tomber, tu veux.
-Mais comment veux-tu que je laisse tomber, c'est insensé ! Vraiment !
-Y a des choses encore plus louches dans l'univers, du style, que fait un si jolie minois dans un taxi ? » Dans ma tête, la question ne semblait pas aussi aguicheuse, bon sang...
Je voulais le mettre mal à l'aise et j'ai fais tout le contraire. Il se tourne de nouveau vers moi :
«Je rêve... T'es au courant que tu dragues comme les blaireaux bourrés aux sorties de discothèques ?
-Oh Seigneur, tu dois être la dernière personne sur Terre à encore utiliser le mot ''discothèque'' ! »
Une lueur de malice allume son regard , et il baisse les yeux et fouille dans la poche de son jean.
«Je peux savoir ce que tu fais ?
-Je cherche mon téléphone.
-Et pourquoi donc ?
-Pour te prendre en photo.
-Jamais de la vie !
-Hé, hop hop hop on se calme ! Je vais juste de mettre sur Facebook histoire de partager cette surprenante découverte avec mes potes. La surprenante découverte, je rappelle, c'est ton absence de pe...
-Face quoi ? »
Un silence plus que gênant s'installe entre nous. Il lève les yeux avec lenteur.
«Oh, non... Tout mais pas ça ! Tu n'as pas Facebook ? » Je secoue la tête.
« Mais enfin de quelle planète viens-tu ?! »

 
 
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