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au 31 Mai 21 :
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Le cri des Cornèbre
Par Cyrlight
Pokemon  -  Tragédie/Fantastique  -  fr
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    Chapitre 3     Les chapitres     0 Review    
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Noise

- Les Cornèbre s'envolent...

Cuchulainn leva les yeux de son épée, qu'il était en train d'aiguiser. Il avait rejoint le camp de Scathach depuis plusieurs mois, désormais, et avait fraternisé avec le reste des soldats. Même s'ils ne se considéraient pas entre eux comme des amis, ils étaient liés par un respect mutuel.

Il observa le ciel. Depuis la rive où ils étaient établis, les hautes cimes des arbres ne leur masquaient pas la vue de cette immensité bleutée. Il put ainsi voir sans être dérangé par le feuillage une quantité indénombrable d'oiseaux noirs quitter leur nid pour s'élever à tire-d'aile. Ce spectacle était toujours lugubre, pour ne pas dire macabre.

- Je te parie qu'ils ne vont pas revenir au complet.

L'homme assis à côté de Cuchulainn, Ferdiad, jeta une pièce d'or sur la table. Le jeune homme grimaça. Il n'avait jamais partagé l'engouement de ses compagnons d'armes, qui s'amusaient à miser sur la vie des combattants que Scathach envoyait dans la Forêt de Vestigion.

Le plus souvent, ceux-ci s'y aventuraient lors des missions de patrouille, afin de s'assurer que le nombre des pokémon sauvages présents dans les bois ne s'accroissait pas, mais également pour rallier le village, où ils se procuraient leur ravitaillement. Ils étaient entraînés afin de survivre à ces situations, certes, mais parfois, des drames se produisaient.

- Ils sont quatre, un nombre amplement suffisant pour venir à bout d'une créature.
- Même d'un Carchacrok ? s'enquit Ferdiad. Oh, j'oubliais. Depuis que tu en as pourfendu un, lors de ta dernière escapade, tu te prends pour le roi de ce camp.
- Absolument pas. Nous sommes les élèves de Scathach. Mourir revient à nous montrer indigne d'elle. Ils n'ont pas le choix, s'ils veulent conserver leur honneur.
- Va donc tenir ce charmant discours à ceux qui ont déjà péri, je suis certain qu'ils partageront ton optique, mon frère.

Ferdiad cala la pièce sur son pouce et entreprit de la propulser dans les airs avant de la réceptionner sur son ongle à chaque fois. Il s'extasia devant sa propre dextérité, puis demanda, le sourire aux lèvres :

- Alors ? Tiens-tu le pari ?
- D'accord. Pour ma part, je pense qu'ils reviendront tous.

Cuchulainn sortit de l'argent de la petite bourse en cuir qu'il conservait à taille, suspendue à une cordelette reliée au fourreau de son épée, et le déposa sur la table, à côté de la mise de son compagnon. Après cela, il se remit à entretenir sa lame, qu'il ponçait avec une pierre.

Les soldats étaient réunis autour des diverses tables du campement, où ils buvaient et mangeaient allègrement. Aucun ne semblait s'inquiéter pour ceux qui ne se trouvaient pas parmi eux. C'était l'une des règles d'or de Scathach : il ne fallait jamais se focaliser sur la mort, car elle rôdait partout et paralysait les esprits qui se laissaient apeurer par elle. Cuchulainn avait encore un peu de mal à adapter ce précepte, toutefois il s'efforçait de ne pas le montrer.

Les conversations s'interrompirent et le silence se fit sur la rive lorsque la guerrière écarta les tentures qui condamnaient l'entrée de sa tente, dans laquelle elle s'était retirée une bonne partie de l'après-midi. Elle n'avait pas vu les Cornèbres, mais le cri caractéristique qu'ils poussaient toujours en prenant leur envol avait certainement dû l'alerter de la situation.

- Ne sont-ils toujours pas rentrés ? interrogea-t-elle.
- Pas encore, maîtresse. Voulez-vous...
- Oui. Noise, prends deux hommes avec toi et ramène-les vivants, c'est un ordre. J'ai suffisamment eu de pertes, ces derniers temps, pour en souhaiter davantage.

L'individu à qui Scathach venait de s'adresser était l'un des soldats les plus aguerris du camp. Grand, musclé et armé jusqu'aux dents en toute circonstance, il avait prouvé à maintes reprises sa valeur au combat.

Immédiatement, son regard se posa sur Cuchulainn et son voisin Ferdiad. D'un mouvement de la tête, il les invita à le rejoindre. Flattés par cet honneur qu'ils leur faisaient en les choisissant, ni l'un ni l'autre ne perdirent un instant à se mettre debout. Ils frappèrent leur buste du poing, en signe de respect et de courage.

- Ta sélection n'aurait su être plus judicieuse, Noise, affirma Scathach. Allez, à présent. Que votre mission soit une réussite !
- Nous vaincrons, maîtresse ! s'exclamèrent-ils en choeur.

Comme un seul homme, ils la saluèrent, puis s'éloignèrent l'épée à la main en direction de la Forêt de Vestigion. Cuchulainn et Ferdiad marchaient côte à côte, dans le sillage de Noise qui ouvrait la voie. Rapidement, ils s'enfoncèrent dans les entrailles du bois, là où les arbres devenaient si denses et le feuillage si épais que les lieux étaient plongés dans une sempiternelle pénombre.

- Écoutez.

Ils s'immobilisèrent, alors qu'ils progressaient désormais au milieu de la flore depuis une quinzaine de minutes. En tendant l'oreille, ils perçurent des croassements sinistres, qui semblaient provenir des environs. Ils échangèrent ensemble un regard. Les Cornèbre paraissaient particulièrement excités.

- Pour Scathach ! s'écria férocement Noise en brandissant son arme, avant de s'élancer.

Les deux autres soldats l'imitèrent. Ce fut en courant qu'ils pénétrèrent dans une clairière, où le combat faisait rage. Les oiseaux, une fois encore, n'avaient pas menti sur le mauvais présage qu'ils annonçaient. Leurs compagnons se battaient farouchement pour leur vie face à un Rhinastoc.

Seule la moitié d'entre eux était encore en mesure de lutter. Un homme gisait au pied d'un tronc, inconscient mais vivant, tandis qu'un second se tenait en retrait de l'affrontement, le bras en sang. Victime d'une hémorragie, il s'efforçait de se fabriquer un garrot de fortune avec un morceau de tissu.

- De toutes les maudites créatures qui peuplent cette forêt, voici celle que je déteste le plus, grommela Noise.

Cuchulainn ne releva pas. Si, pour sa part, il éprouvait une haine plus farouche à l'encontre des Carchacrok, il ne les appréciait guère non plus. La peau des Rhinastoc était si robuste qu'une épée suffisait rarement à la perforer. La majeure partie des lames se brisaient dessus.

Scathach avait ramené d'autres métaux de l'Île de Fer, afin de fabriquer des alliages plus résistants capables de transpercer leur armure naturelle, cependant cela n'avait pas suffi. Tout au plus réussissaient-ils à leur causer quelques égratignures, à présent.

L'unique moyen de venir à bout de ces pokémon était de parvenir à les atteindre là où leur cuirasse les protégeait le moins. En effet, elle ne recouvrait pas une minuscule partie de leur anatomie, au niveau de la gorge. Le plus souvent, cet endroit était abrité par la tête baissé des Rhinastoc, mais en rusant, il était possible de la toucher.

- Je l'attaque de face, déclara Noise. Cuchulainn, tu le prends par le flanc, et toi, Ferdiad, par l'autre revers. Prêts ? À l'assaut !

Ils chargèrent, sans marquer la moindre hésitation. La peur ne faisait pas partie de leur vocabulaire, car Scathach l'en avait bannie depuis longtemps. Ils ne devaient jamais s'interroger face au danger. Ils étaient entraînés pour l'affronter. S'ils tremblaient face à la tâche qu'ils avaient à accomplir, alors ils ne méritaient pas leur place au camp.

Voyant les renforts arriver, les deux autres soldats se regroupèrent autour de leurs compagnons blessés, afin de leur prodiguer les premiers soins. Cela leur permettait également de se reposer un peu, eux qui avaient mené une lutte acharnée jusqu'à présent.

Le Rhinastoc ne put suivre l'assaut des trois hommes en même temps, aussi concentra-t-il son attention sur Noise. Il frappa le sol de sa patte puissante, provoquant un séisme. Le guerrier peina à conserver son équilibre. Déstabilisé, il tituba à plusieurs reprises et le pokémon finit par lui infliger un coup de corne au niveau de l'épaule. Il poussa un hurlement de douleur. Le muscle avait été perforé.

Ferdiad fut le premier à atteindre le monstre, néanmoins il ne put accéder à sa gorge. Il le frappa inutilement au flanc, car sa lame ne provoqua qu'une gerbe d'étincelles au contact de sa cuirasse. Il tira alors un poignard qu'il gardait accroché autour de son mollet et bondit au cou de la créature. Il l'enserra d'un bras fort, tout en tentant d'atteindre sa carotide de sa main libre.

Enragé, le Rhinastoc se débattit furieusement. Ferdiad résista un moment, mais il en fut bientôt incapable. Il ne tarda pas à être projeté à terre. Il ferma les yeux, convaincu que sa dernière heure était venue, mais s'étonna de voir passer le bipède cornu à côté de lui, alors qu'il semblait visiblement charger une cible.

- Attention ! s'écria Cuchulainn.

Contrairement à son partenaire, il avait deviné l'objectif du pokémon. Celui-ci venait de foncer dans un arbre avec tant de hargne que le tronc se sectionna net. Sa chute fut ralentie grâce au feuillage, emmêlé avec les autres branchages. Ce laps de temps permit au jeune homme de pousser Ferdiad hors de sa trajectoire.

- Par tous les saints, je te dois la vie, l'ami.
- Tu en aurais fait de même pour moi.

Cuchulainn lui offrit son bras afin de l'aider à se remettre debout et, ensemble, ils reprirent le combat. Leur adversaire était robuste, puissant, mais également beaucoup moins rapide et agile qu'eux. Ils décidèrent de s'appuyer sur cet avantage qu'ils possédaient sur lui.

Avec dextérité, ils bondissaient autour de lui, l'épée à la main. De temps en temps, l'un d'eux faisait une tentative pour atteindre sa gorge, toutefois cela se soldait constamment par un échec. L'épée de Ferdiad fut même brisée par un coup de poing.

Noise, blessé comme il l'était, ne pouvait plus combattre. Il ordonna cependant aux autres soldats, ceux qui étaient encore aptes à lutter, de les rejoindre. À cet instant, alors qu'il évitait une corne acérée pointée dans sa direction, Cuchulainn eut une idée. Elle était risquée, certes, mais il s'agissait de la seule qui, si elle fonctionnait, leur permettrait de ressortir tous vivants de la forêt, ainsi que Scathach l'avait exigé.

- Chargeons-le ! hurla-t-il afin que sa voix couvre les bruits de l'affrontement. Tous ensemble.
- Es-tu fou ? Si nous nous approchons trop prêt de lui, surtout avec de l'élan, il tentera de nous empaler sur sa proéminence nasale.
- C'est un risque à courir et je pense qu'il en vaut la peine. Ferdiad, es-tu avec moi ?

Le soldat s'accorda une seconde de réflexion. Il était facile de lire, sur ces traits, qu'il jugeait cette entreprise totalement insensée. Quant aux autres, ils acceptèrent aussitôt. Après le combat qu'ils venaient de mener, ils n'avaient plus rien à perdre s'ils tenaient à s'assurer la victoire.

- À trois. Un... Deux... Maintenant !

En même temps, ils s'élancèrent. Ferdiad et Cuchulainn atteignirent le pokémon de plein fouet en premier et leurs acolytes les imitèrent une fraction de seconde plus tard. La créature poussa un mugissement féroce, tenta de résister, mais la pression infligée par ces quatre colosses humains eut raison de sa volonté.

Il s'écrasa sur le sol dans un bruit sourd, griffant au passage la jambe de l'un des guerriers. Il fut soutenu par son coéquipier, car il ne parvenait plus à demeurer debout. Du sang imprégnait déjà le tissu de son pantalon.

Cuchulainn ne jeta pas le moindre regard au blessé. Il bondit par-dessus les pattes du Rhinastoc, les seules parties de son corps qu'il pouvait encore mouvoir, bloqué au sol par sa masse, et avec l'aide de son épée, lui perfora la gorge. L'effet fut immédiat. Le monstre cessa de s'agiter pendant qu'un fluide épais et nauséabond s'échappait de sa carotide. Il se vida entièrement en moins de deux minutes.

Le jeune homme se redressa et nettoya sa lame, répugné. Sa surprise fut grande lorsqu'il constata que Ferdiad et les autres s'inclinaient avec respect devant lui. Ils tinrent cette position pendant un instant, puis se mirent à louer sa bravoure. D'après leurs dires, il était leur sauveur.

- Quelle ingéniosité, quelle force et quelle intelligence ! le loua son plus proche compagnon d'armes. Scathach viendra certainement te féliciter en personne dès qu'elle aura eu vent de ton mérite.
- Ce mérite n'est pas le mien, mais celui de nous tous. J'ai certes eu l'idée de heurter ce mastodonte, toutefois elle serait restée vaine sans vous pour m'aider à la mettre en pratique.

Sur ces mots empreints de modestie, Cuchulainn souleva Noise, qui avait perdu connaissance à cause du sang qui s'échappait de sa blessure, et le porta sur son épaule. Ferdiad l'imita, emportant avec lui le corps du second soldat inconscient. Les blessés fermaient la marche, avançant au rythme que le leur permettaient les séquelles du combat.

***

Morrigan se mouvait sans bruit, se tapissant derrière chaque tronc, afin que nul ne devine sa présence. Elle savait que les guerriers de Scathach la méprisaient autant que la guerrière elle-même. En dépit de cela, elle n'avait pas pu résister à la tentation de s'approcher dès lors qu'elle avait perçu les prémices de l'affrontement.

Elle avait eu raison de le faire. Elle n'osait jamais s'aventurer jusqu'au camp de la féroce femme à la chevelure de feu, cependant elle ne perdait jamais une occasion d'observer Cuchulainn lorsqu'il pénétrait dans la forêt. Elle aimait le voir et le contempler. Chaque fois, néanmoins, elle s'interdisait de lui parler.

Sa main se serra sur le morceau d'étoffe avec lequel il lui avait bandé la main, autrefois. Bien qu'il soit devenu crasseux et élimé, elle ne s'en séparait pas. Il s'agissait du seul bien matériel qu'elle possédait. Elle préfèrerait mourir plutôt que d'y renoncer.

Son coeur, dont elle croyait pourtant qu'il avait cessé de battre depuis son enfance, s'était épris du vaillant soldat. Elle savait que cet amour était impossible, qu'il n'y avait pour elle aucun espoir, toutefois elle ne pouvait lutter contre lui. Il était bien trop fort pour qu'elle parvienne à l'ignorer.

Elle n'avait plus parlé à Cuchulainn depuis ce fameux jour où ils s'étaient rencontrés, or elle aurait cédé volontiers tout l'or du monde pour entendre à nouveau sa voix à la fois puissante et rassurante. Elle avait parfois l'impression de l'écouter dans ses rêves, au point de supplanter les cauchemars dont elle était fréquemment victime.

À plusieurs reprises, elle avait été tentée de l'approcher, sans pour autant s'y résoudre. Dès lors qu'il s'aventurait dans la forêt, il n'était jamais seul. Il avait toujours l'un de ses compagnons d'armes avec lui au minimum.

Morrigan songeait que, s'il n'avait pas été le disciple de Scathach, elle aurait peut-être pu espérer. Hélas pour elle, la guerrière rousse la haïssait tant qu'elle enseignait à ses hommes à en faire de même. Jusqu'à présent, cela l'avait laissée indifférente, cependant elle ne voulait pas que Cuchulainn apprenne à la détester.

Elle essuya les larmes cristallines qui ruisselaient le long de ses joues crasseuses. Sans son don, sans cette femme, les choses seraient certainement différentes. Malheureusement, il n'était pas possible d'altérer la réalité. Elle était ainsi et elle le resterait, indubitablement.

Était-ce son destin ? Voir ses rêves être brisés les uns à la suite des autres et n'avoir jamais le droit de goûter au bonheur ? Était-ce en châtiment de ce dont elle était capable ? Elle n'avait pas demandé à être une sorcière. Si elle pouvait se défaire de sa faculté qui la liait aux pokémon, elle le ferait sans hésiter.

Sa volonté, toutefois, ne suffisait pas. Elle était condamnée, par cette capacité, à vivre en paria jusqu'à la fin de ses jours. Qui aurait accepté de s'éprendre d'un monstre comme elle ? Même le plus brave d'entre les braves ne s'y résoudrait jamais. Aux yeux de tous, elle appartenait aux ténèbres, et c'était dans les ténèbres qu'on la bannissait, là où personne ne risquait de la voir. Là où il était si facile de l'oublier.

***

- Pour le Héros... Hourra !

Les soldats du camp de Scathach levèrent leur chope de bière en même temps pour acclamer Cuchulainn. Ferdiad venait de rapporter à l'ensemble de leurs compagnons l'exploit qu'il avait accompli en trouvant seul le moyen de terrasser le Rhinastoc et comment, grâce à son courage, il était parvenu à l'achever.

Les blessés avaient été pris en charge par les guérisseurs dès leur retour et, d'après leurs dires, ils étaient tous hors de danger. Il leur faudrait observer un long repos, en particulier pour Noise dont les muscles de l'épaule risquaient de mettre du temps à se réparer, mais au moins, ils survivraient.

- Encore un verre, sieur Cuchulainn ? interrogea une jeune recrue qui les avait rejoints quelques semaines auparavant.
- Non merci, mon garçon. Je n'abuse jamais de l'alcool, cela me permet de conserver mes idées claires.
- Et vous, sieur Ferdiad ?
- Pour sûr ! Je ne suis pas un Héros, mais je préfère cela plutôt que de cracher sur une bonne bouteille.

Cuchulainn l'observa avec un sourire. Au camp, ils étaient tous aussi bons buveurs qu'excellents combattants. Savoir vider une chope entière en l'espace de quelques secondes était pratiquement une tradition. Lui-même s'y était exercé, peu après avoir rejoint l'armée de Scathach, mais il avait décidé de limiter sa consommation lorsqu'il s'était aperçu que la bière et le vin engourdissaient ses sens.

Les célébrations se poursuivirent jusque tard dans la soirée. La vie sur la rive était rude et souvent monotone, en dehors des entraînements intensifs qu'ils pratiquaient au quotidien. Seules quelques rares attaques de pokémon sauvages, orchestrées par les créatures les plus téméraires qui n'hésitaient pas à s'aventurer jusqu'à eux, rompaient la linéarité de leur existence ici.

Alors que le soleil se couchait sur les terres vestigionnaises, les guerriers sombraient progressivement dans l'ivresse. Ils s'exprimaient de plus en plus fort, mais de façon de moins en moins cohérente. Cuchulainn aurait souhaité se retirer dans sa tente, qu'il partageait avec cinq autres soldats, dont Ferdiad, cependant on ne lui en laissait jamais l'occasion. Ce soir-là, il était au centre de l'attention et tout le monde souhaitait lui adresser la parole.

Noise apparut peu avant la tombée définitive de la nuit, tandis que les torches étaient allumées une à une, afin de leur apporter de la lumière. Il tenait à remercier son sauveur, ainsi qu'à le féliciter pour l'offensive qu'il avait su mener. Il avait pu assister à une grande partie de son exploit avant de s'évanouir.

L'hémorragie dont il avait été victime s'était calmée et il portait désormais son bras en écharpe, afin de soulager son épaule et surtout ses muscles atrophiés du poids de son membre. Malgré son teint pâle, dû à la quantité impressionnante de sang qui s'était échappée de son corps, il paraissait soulagé d'être toujours vivant.

- Oh, encore un dernier petit détail.
- Pitié, plus d'éloges, Noise. Vous m'en avez fait suffisamment et je vous en sais gré, mais je me sentirais mal à l'aise si vous continuiez.
- Loin de moi cette idée. J'ai simplement un message à vous transmettre de la part de Scathach. Elle souhaiterait que vous la rejoigniez dans sa tente.

Cuchulainn fut surpris par la requête de la guerrière. Ses hommes avaient reçu l'interdiction de pénétrer à l'intérieur de son abri, sauf sur son invitation expresse. Les rares qui avaient eu ce privilège, depuis qu'il se trouvait au camp, étaient des soldats d'une grande bravoure, qui avaient tous accompli un, voire plusieurs exploits. Apparemment, elle-même devait considérer que son acte du jour méritait d'être considéré comme tel.

Il remercia Noise pour lui avoir transmis l'information, puis s'éloigna en direction du lieu convenu. Il n'avait aucune envie que ses compagnons d'armes l'aperçoivent, néanmoins il n'avait rien à craindre. Ils étaient tous si saouls qu'ils semblaient ne rien remarquer.

- Maîtresse Scathach ?

L'entrée de sa tente était fermée par deux épaisses tentures couleur émeraude, qui n'était pas sans évoquer la teinte scintillante des yeux de sa propriétaire. Il préféra appeler cette dernière afin de s'annoncer plutôt que de s'engouffrer directement à l'intérieur, ce qui lui aurait paru impoli.

- Entre. Je t'attendais.

Il s'exécuta. Il souleva un pan de tissu et se faufila de l'autre côté. Il s'efforça de masquer laborieusement sa surprise lorsqu'il découvrit la couche de Scathach, beaucoup plus somptueuse que celles que partageaient les soldats entre eux.

Des armes diverses étaient accrochées à un support en bois, à côté de l'armure que la femme revêtait parfois pour le combat. Juste à côté se trouvait une table, sur laquelle étaient disposées les esquisses de diverses stratégies militaires, et deux tabourets se dressaient de part et d'autre. Un tapis épais recouvrait le sol, sur lequel s'étendaient de nombreux coussins et édredons. Scathach était lascivement allongée dessus, un verre de vin à la main.

- Il paraît que tout mon campement chante tes louanges. Est-ce vrai ?
- Je ne m'en juge pas digne, maîtresse. Ce que j'ai accompli aujourd'hui, n'importe lequel de vos hommes auraient pu...
- Est-ce vrai ? répéta-t-elle durement.
- Oui.
- Fort bien. N'importe lequel de mes hommes, ainsi que tu le dis si bien, ne ferait certainement pas preuve d'une telle modestie. Sache également que si ceux-ci t'acclament, c'est forcément parce que tu le mérites. N'aie jamais à rougir de tes exploits, Cuchulainn, car ils sont ma fierté. C'est moi qui te forme au combat, par conséquent tes succès sont les miens.
- Je comprends, maîtresse.

Scathach déposa son verre sur le tapis après avoir prélevé une dernière gorgée de son contenu, le laissant encore à moitié rempli. Elle se redressa, ramena une jambe vers son buste et plaça son bras dessus dans une posture désinvolte.

- Viens. Approche.

Il s'exécuta sans se poser de question. Il observa en silence le visage de porcelaine de la guerrière, pendant que celle-ci le regardait également. Au bout de quelques secondes, alors qu'il se tenait désormais debout face à elle, elle sourit, dévoilant ses canines relativement pointues.

- Tu es noble et brave, Cuchulainn. Tu es l'un de mes meilleurs disciples, si ce n'est le meilleur. Être soldat, cependant, n'est pas tout dans la vie. Il faut aussi savoir être un homme.

Il ne releva pas. Il ne la quitta néanmoins pas des yeux une seule seconde lorsqu'elle se mit debout avec sa grâce naturelle. Elle approcha doucement ses mains de son buste et dénoua les lanières du vêtement qu'il portait par-dessus. Quand cela fut fait, elle libéra sa peau hâlée du tissu.

- Maîtresse... souffla-t-il, incapable de prononcer davantage de mots.
- C'est la récompense que j'offre à mes plus valeureux guerriers, à ceux qui se montrent digne de cet enseignement supplémentaire. Digne de moi.

Elle agrippa ses épaules, perdant toute la délicatesse dont elle avait fait preuve au moment de commencer à le déshabiller et pivota avec lui de façon à ce qu'ils échangent leur place. Lorsque Cuchulainn se retrouva dos à la couche luxueuse de Scathach, elle le repoussa vers l'arrière afin qu'il bascule sur les nombreux coussins.

Sous l'oeil du jeune homme qui trahissait à la fois son envie et son incertitude, elle prit place à califourchon sur ses jambes tendues. Elle plaqua ensuite ses lèvres sur les siennes pour les mordre avec ferveur. Quand elle s'en éloigna, l'espace d'une seconde, elle murmura :

- Ne t'inquiète pas. Je vais t'apprendre.

 
 
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