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Le boomerang
Par demoisellette
Originales  -  Général  -  fr
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    Chapitre 1     0 Review    
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Chapitre 1

Bonsoir / bonjour ( selon créneau horaire et lecture) 

Voici ma première histoire le Boomerang l'équivalent d'une trentaine de pages. Ecrite à la première personne ce texte relate plusieurs année de la vie du personnage de Misail Delcev et de son histoire compliquée avec Yannis. 

Mention d'une relation homosexuelle et protagoniste torturé, ne pas lire si le sujet vous choque ou vous dérange. Merci par avance.

Bonne lecture 

Si vous avez vu ce même texte ailleurs sur internet il l'est publié de mon fait.

Hormis les personnages d'Ethan, Lilween, Billy et Abellio qui sont à ma coo auteur Veneziano tout est à moi, jusqu'à l'univers où cette histoire se déroule. ( Petite Préquelle à Travers les Liens, notre coo écriture que je publierais si ce texte récolte un peu d'intérêt.

___________________________________________________________________________

 

 

Yannis Zacharias, rien que de penser à lui je rougis, à ses yeux bleu-vert, son sourire en coin, son torse parfait, sa silhouette à la musculature bien faite. Il ne semble pas avoir treize ans, il ne peut pas les avoir. Il doit être plus vieux que moi, quinze ou seize ans. Il a les cheveux châtain, toujours coupés correctement, jamais de mèches qui dépassent. D’un côté être le fils d’une styliste reconnue doit aider. Il fait du parkour aussi, j’ai entendu dire.

Je dois me concentrer, mon manager va encore me reprocher de manquer de professionnalisme, je débute après tout.

Je m’appelle Misail, Misail Delcev, un nom qui ne dit rien à personne ici, hormis deux trois exceptions : mais en Macédonie presque tout le monde sait de qui je descends. Sur les conseils de Maman j’ai décidé de rentrer dans une agence de mannequins car un ami de la famille lui a dit que j’avais mes chances dans ce milieu. Je calme ma nervosité comme je peux alors que je souris au photographe qui m’encourage d’un gentil signe de tête. Mon père travaille en tant que négociateur de guerre, un médiateur renommé, habile. Si seulement il se montrait aussi compréhensif envers moi… Mes parents ont obtenu la garde partagée, j’avais sept ans quand leur couple a explosé en mille morceaux, lui depuis vit avec une autre femme que je n’aime pas, une potiche ultra conne. Depuis mes dix ans Maman a recueilli une Albanaise dans le cadre de son engagement dans l’humanitaire, elle a un nom pas facile à retenir, je l’écorche souvent, mais elle m’en veut pas : ouf. SHQIPE ! Voilà j’ai retrouvé son prénom, ça veut dire Aigle dans sa langue. Et ça lui va franchement bien.

La voilà qui vient me chercher avec Maman, elle jette un regard assassin à mon agent, elle m’a dit qu’elle aimait pas sa façon de se comporter avec les filles. Faut savoir que Shqipe vient d’un des coins les plus pauvres de toute l’Albanie, elle a connu les trafics d’êtres humains, souvent elle voyait les types des gangs Roumains emmener des amies, des voisines, elle a dû voler pour manger régulièrement. Mais je l’aime bien, en plus comme elle est forte elle peut jouer le rôle de « l’Homme fort » qu’a toujours vu Maman. J’ai essayé d’être la « Vraie Fille » que voulait mon père, mais il s’en fiche de moi. Tant pis.

Je salue le personnel de l’agence, les techniciens, les gens qui s’occupent de la maintenance, tout le monde quoi, puis retour à la maison. Avant le départ mon agent me donne un rendez-vous sur un petit bout de papier plié en je ne sais combien de morceaux, je dois y aller du bout des ongles pour ne pas le déchirer. Je promets d’être là, à l’heure, habillé correctement, voilà je peux enfin quitter le studio. Sur le chemin, la brise légère souffle emportant mes cheveux en cette fin d’été, la rentrée arrive bientôt, je vais revoir mes amis. Je me demande combien de filles Ethan aura pu embrasser, combien d’autres Stelios aura essayé lui. Ethan, Rajani, Stelios, mes trois amis d’enfance, ceux avec qui j’ai grandi, que je changerais pour rien au monde. Il y aussi la fille Klein, qui nous rejoint parfois, mais elle, disons que je l’ignore, je lui réponds juste quand elle me parle.

Alors que ma sœur adoptive plonge dans la piscine, je monte l’escalier, traverse le grand couloir aux peintures assez prétentieuses, Maman aime parfois trop imiter les voisins, elle perd en authenticité je crois, cet énorme cadre rouge tordu, œuvre d’un peintre qui se dit post moderne, ça m’évoque plus un escroc qui cherche à tout prix comment se faire du fric. La fenêtre grande ouverte donne sur une sorte de balcon qui se confondrait avec une mini terrasse, ma pièce préférée, l’été comme en ce moment je peux m’y assoir, m’y allonger pour lire. Des arabesques complexes s’entrelacent dans un décor non figuratif aux couleurs bleu, plus vert en fait… Très proche des yeux de Yannis…Oh ! Je sens mes joues chauffer encore, personne ne doit me voir c’est gênant ! Le tout est maintenu par une colonnade d’inspiration Grecque qui soutient l’essentiel de l’extension en hauteur, ma tour d’Ivoire, ma résidence des beaux jours. La chaleur rend possible d’y dormir, ça personne ne le sait, Maman piquerait une crise si elle apprenait que je me cloître pas entre quatre murs passé minuit. J’attrape un des bouquins que je garde là, je tombe sur Baudelaire, les Fleurs du Mal, pourquoi pas lire quelques quelque poèmes avant que vienne l’heure du dîner ? Surtout que dimanche je retourne chez mon père, rah, pas envie de voir son espèce de bimbo aux lèvres siliconées, toute botoxée, elle a même pas trente ans la fille, déjà entièrement charcutée, dégoûtant ! Allongé sur le ventre, je me laisse porter par la magie des rimes, la beauté des mots, je me prends à rêver devant certaines images que me viennent. Je ne suis plus les lignes à présent, je visualise le sourire de Yannis, ses épaules sculptées sans avoir la largeur des trop grands sportifs qui n’en paraissent plus humains. Il ressemble tellement à un athlète, le genre de garçon qu’on appelle bien foutu en plus son visage aux traits francs mais harmonieux ne gâche rien. Comparé à lui je suis d’une taille ridicule, un corps fin, gracile, digne d’une fille, des petits yeux vert-jaune, des membres tellement minces qu’il pourrait les briser, des cheveux d’un brun si clair qu’il frôle le châtain, ils me tombent souvent sur le front. Je soupire devant mon reflet me disant que tout aurait été plus simple pour moi si j’avais été une Vraie fille.

 

Le vent souffle si fort que je manque d’en laisser échapper mon parapluie, je vais chez mon père, forcément il pleut, un sale temps, le ciel d’un gris aux nuances noires annonce presque un orage, si ça pouvait attendre que je sois à l’abri. Une voiture s’arrête à quelques millimètres du bord, me voici trempé, je me suis pris la flaque de plein fouet, mon jean a changé de teinte. J’ai froid maintenant. J’ai pensé, vu qu’il n’habite pas loin que me rendre à pieds chez mon père était une bonne idée, visiblement non. Je frissonne, ma lourde valise, contenant un tas d’objets qu’il a fallu que j’emmène car Maman insistait pour que je les ais, je commence à avoir du mal à la tenir. Fichue force inexistante ! Alors que je pousse pour sortir les roues de l’eau, une voix féminine m’interpelle. Je lève les yeux sur une fille, de taille moyenne habillée d’un ciré qui la recouvre entièrement, j’allais lui dire bonjour et lui demander ce qu’elle me voulait quand j’ouvre la bouche pour la refermer aussitôt. Sortant d’une jolie voiture vermeil, élégante mais pas mais pas tape à l’œil les grandes jambes de Yannis s’avancent dans ma direction, enfin celle de l’inconnue.

- Hé Athenia ! Tu devais pas rentrer demain ?

- Non, finalement tante Ariane m’a ramenée plus tôt, j’allais à la maison et j’ai vu ce garçon, je crois qu’il a des problèmes avec sa valise.

- Oh. Fais voir.

Il se tourne vers moi me mettant KO par un simple mouvement de ses lèvres, que les Grecs ont du charme ! Je tente de le saluer me battant pour ne pas atteindre les sommets du ridicule.

- Salut, ça te dérangerait de m’aider, je crois que les roues sont coincées ou quelque chose du genre.

 

Pour me donner raison un grincement protestataire trouble l’apparent silence. Surpris, Yannis se baisse, sa main s’approche et tire sur quelque chose : un bout de plante bloquait, pas étonnant qu’elle m’ai donné tant de mal. Sa tête ruisselle le temps de l’opération, ça n’a pas l’air de le déranger. Quand il se relève, je remarque que son pantalon goûte encore plus que le mien.

- Essaie maintenant.

A ma grande stupeur, le bagage se tire à présent tout seul, comment j’ai pu louper une chose pareille ? Ha, je fais attention à rien.

- Suffisait juste de débloquer les roues, ça va tout seul.

- Merci.

- C’est pas la première fois que je te vois dans le coin, tu t’appelles comment ?

-Misail Delcev. Je dois pas traîner, mon père va finir par se poser des questions. Et, je connais déjà ton nom c’est pas la peine de me le dire.

Je progresse jusqu’au feu de signalisation où je me retourne le temps de voir les deux corps s’engouffrer à l’intérieur claquant la porte. Soit Yannis vit ici, ou il rend visite à quelqu’un. Enfin, dans leur discourt, tout indique qu’ils habitent là. J’aurais dû vérifier la boite aux lettres. J’y penserais demain, ou un autre jour.

 

A table l’ambiance est immonde. Pour cause, mon père vient de m’apprendre que sa poufiace et lui vont se marier, puis, histoire de me miner le moral pour de bon, ils auront un gosse d’ici quelques mois. La cérémonie est prévue pour le vingt-cinq février, la veille de mon anniversaire. Merci Papa, merci beaucoup, ça veut dire que je peux m’assoir sur ma fête ou même sur un gâteau puisqu’il y aura le lendemain de tes Putains de Noces !

- Mésia, habille toi de façon plus convenable, c’est tellement pas pour un garçon ce que tu portes. Dit l’espèce de pseudo actrice cramée aux UV qui bientôt me servira de belle-mère.

Entre mes dents je lâche une injure Macédonienne, manque de chance, il l’entend, je vais déguster…

- Comment oses-tu manquer autant de respect à Rita ?!

Super, ma journée se termine magnifiquement, miracle si je finis pas attrapé par le poignet puis balancé dans ma chambre enfermé à triple tours. Le meilleur moyen qu’il a trouvé pour pas me taper dessus, s’il s’y risque, Maman lui fera regretter amèrement, alors il ne lèvera pas la main sur moi.

- Oh mais ce n’est rien mon Roudoudoudou. Mersha, tu devrais écouter un peu plus ton père.

 

Hm, tu vas m’appeler comment à la prochaine, Métal ? Bancal, Bocal ?! Je ravale ma colère au possible. Que je la déteste… Ma main se crispe sur ma fourchette, ce qui ne lui échappe pas.

- Tu as quelque chose à dire ? Alors vas-y, conduis toi en Homme !

Et on y revient, je me demandais quand elle allait sortir celle-là ! Toujours pareil avec lui, à croire qu’il aime, que ça lui plait la confrontation. Je quitte la table, les ignorant, ils m’ont coupé l’appétit tous les deux, vivement que cette semaine se termine. Afin de les avertir sur mon état émotionnel de ce soir j’envoie valdinguer la porte de toutes mes forces, des larmes de rage perlent au coin de mes yeux, j’aimerais hurler, or je refuse de leur concéder cette victoire, demain je me casse, pour la journée entière !

 

Une musique qui aurait pu être agréable à un autre volume sonore me réveille. Ensommeillé, je tends le bras pour attraper mon téléphone portable, la vérité m’explose en plein visage : CINQ HEURES DU MAT ! Ha non ! Déjà que j’ai à peine pu dormir à cause de ses gémissements d’actrice porno, même dans ce gigantesque manoir ils ne savent pas baiser en silence ! Mais Madame n’a pas besoin de huit heures pour récupérer, quant à lui, avec les somnifères qu’il ingurgite, un braqueur aurait le temps de se servir sans qu’il ne bouge un cil. Réprimant mon envie de lui cracher à la figure, de l’insulter copieusement, j’enfile un survêt, choque un sac que je remplis avec tout ce qui ressemble à de la nourriture, de l’air. Je réfléchis quelques secondes, qui parmi mes amis ne dort pas à cette heure ? Rajani a l’habitude de se lever tôt car elle dort mieux par la suite, autant essayer. Mes doigts ripent sur les touches alors que je bâille à m’en décrocher la mâchoire, l’écran brumeux, je me demande si ce que j’écris est lisible ou non. Le bip m’indique qu’elle répond, enfin une bonne nouvelle, je peux terminer ma nuit chez elle. Ma Ténébreuse, merci je peux toujours compter sur toi. Ce surnom s’explique par son prénom signifiant nuit.

 

Il est midi quarante quand le timbre sucré de ma meilleure amie me sort du monde des songes. Récupération effectuée, quota, rempli, je me sens déjà mieux. Le grognement de mon estomac indique qu’il veut son carburant, un délicieux nân fumant arrive sur mes genoux alors que deux bras bienveillants m’entourent. Elle se comporte en Maman avec moi depuis toujours, je n’ai jamais rien trouvé à y redire, au contraire, j’aime qu’elle me bichonne. Depuis le divorce je me retrouve fréquemment chez elle, elle me loge pour dormir, me prépare de quoi manger, me réconforte, je serais perdu sans elle.

- Ce n’est pas aujourd’hui que tu as ton entretient pour l’agence ?

- Si, c’est à quinze heures trente, en centre-ville, j’en aurais pour un quart d’heure même pas en voiture.

Elle sourit, me passant la main dans les cheveux, elle les recoiffe, juste pour le plaisir de me materner.

- Gerald Cole vient te chercher ?

- Oui, on a des détails à régler avant.

Je la remercie encore de m’avoir prêté leur chambre d’amis, laquelle ne sert que pour moi ou presque.

 

Un retour à la maison de mon père a été nécessaire pour que je me change, me douche, je ne veux pas abuser de l’hospitalité des Vikal, ils sont déjà assez gentils de m’accepter chez eux à n’importe quelle heure. Le 4X4 se gare dans l’allée manquant de rouler sur le trottoir, quelle idée de conduire un engin aussi grand, c’était pas interdit en agglomération ces véhicules ? Il ouvre la porte, me siffle, ha, d’accord. Je monte, m’attache, m’écartant pour ne pas respirer sa fumée de cigarette sur laquelle il tire nerveusement. Youpi, il stresse, que es ce ça signifie ?

- Ecoute Gamin, le contrat est mal barré.

- Ha, vous avez eu des soucis avec quelqu’un ?

Il tousse aussi fort qu’un asthmatique, je me dis qu’un jour ses poumons vont atterrir sur les sièges en cuir noir de son monstre à quatre roues. Je le vois secouer la tête, la lumière timide du soleil se reflète légèrement sur son crâne dégarni. Il accuse la pression de son boulot, je penche plus pour les pilules qu’il gobe façon tic tac, l’alcool qu’il s’enfile ainsi que ses autres vices que je préfère ne pas mentionner car il y aurait de quoi s’endormir. Ca, si les rumeurs disent vrai.

- Pas exactement, mais le client veut un truc en plus du fric.

- Vous ne pouvez pas vous arranger avec lui ?

Je le vois qui grogne, cette proposition a l’air de ne pas l’enchanter. Tant qu’ils ne me demandent pas de les satisfaire comme les blondinettes de vingt ans, je ne vois pas où est le problème.

- Tu saurais où trouver de la coke toi ?

Je recule et lui signifie clairement que je ne veux pas de ce contrat. Il me dit qu’il ne comptait pas l’accepter, trop d’ennuis, les types sont pas clairs, il préfère ne pas tremper là-dedans, mais tenait à me le dire que je sache pourquoi.

- Y en a dans le milieu qui sont pas nets, Gamin, apprends à les repérer très vite.

- On est là pourquoi alors ? Si cette rencontre a été annulée ?

- J’ai pu rattraper le coup, Demi Zacharias veut te voir.

Zacharias. Yannis, trop tard, je souris.

 

C’est l’un des plus grand studio que j’ai visité, la dernière fois que j’ai vu autant de monde sur un plateau de tournage c’était lors du défilé où l’ami de Maman nous a mis en contact avec Blue Phoenix, mon agence. Je me suis retrouvé avec ce type parce qu’ils ne pouvaient pas vraiment me donner Mieux, la secrétaire m’a chuchoté avant que je parte qu’il fallait que je lui signale le moindre problème. Alors ils me collent déjà un mec en qui ils n’ont pas confiance ? Et ils veulent me rassurer…

 

Les yeux de sa mère ressemblent à ceux que son fils, il les tient d’elle, ces deux magnifiques beautés rappelle la mer Egée. Nous avions passé nos vacances, trois années avant que la famille ne vole en éclat, je dois tout associer, possible. Elle me serre la main, m’expliquant en quoi consiste sa campagne, il s’agit de promouvoir une nouvelle marque de polaire, pas compliqué. La maquilleuse, une fille à la coupe improbable, aux cheveux tellement colorés que je ne trouve même plus celle de base me prend la main pour m’entrainer avec elle, je me surprends à chercher mon Apollon parmi les silhouettes qui s’agitent en tous sens. J’ai de la chance, cette employée ne cesse pas de parler d’à peu près n’importe quoi, je saisis cette occasion pour lui demander en toute innocence si le fils de Madame l’a accompagné. Le peigne danse entre ses longs doigts, elle m’annonce qu’elle s’occupe aussi de la coiffure, histoire de gagner du temps pour ce spot. Ha, pourquoi pas, hein. Au fil de son babillage j’apprends que non seulement Yannis est là, mais la sœur, ainsi que son mari, la famille complète se promène dans les couloirs, oserais-je l’approcher ?

 

Voilà terminé, une longue préparation pour quelques photos, une avec une fille de mon âge que je tenais gentiment comme mon « amoureuse », une, seul, puis les dernières en groupe, genre joyeuse bande de copains. Sympa les shootings de ce style, ça détend. Changé, je me renseigne pour savoir où les distributeurs, j’ai soif. Je paye pour une bouteille d’eau et j’entends rire au fond du couloir.

- Yannis, arrête de me mettre ça sur la tête j’ai l’air de quoi hein ?

- Je sais pas, une Pastèque à plumes ?

- Hé arrête de dire ça je ne suis pas rouge comme une pastèque, idiot de petit frère.

Gloussement : Mais tu commences à avoir des pastèques !

Leur jeu se poursuit en langue étrangère, les Zacharias sont Grecs, je crois, alors c’est la langue qu’ils doivent parler. La grande sœur me regarde et ses yeux s’illuminent.

- Oh regarde la Damoiselle à la Valise que tu sauvée !

Je me serais passé de cette désignation féminine, mais elle reste correcte, j’ai dû encaisser pire.

Il donne une petite tape sur la tête, elle proteste plus par principe.

-Dis pas n’importe quoi il est petit mais ça se voit bien que c’est un garçon.

Il pianote sur le distributeur compostant un numéro à une telle vitesse que je n’ai pas temps de le voir. J’ouvre le bouchon, celui-ci m’échappe de justesse, après la pluie voilà ma chemise éclaboussée, à croire que ça me suit en ce moment. Yannis fouille dans sa poche dont il extirpe un mouchoir en boule mais propre, nos peaux se frôlent à ce moment, je sens une espèce de courant électrique me parcourir. C’est dingue l’effet qu’il a sur moi. Je le sais depuis quelques temps, je ne ressens rien pour les filles, je dois garder ça pour moi, mon père ne l’acceptera jamais…

 

Je passe la canette non décapsulée à Stelios, nous profitons des dernières belles journées de cette fin septembre, bientôt octobre et l’automne s’installeront, terminées les heures à paresser en short sur ma terrasse personnelle. Stelios, mon modèle, je l’admire, il a le même âge que moi pourtant il ne ressemble pas une collégienne menue, lui. Rajani s’assoit et nous rejoint, elle apporte un paquet de gâteaux éventré dans lequel elle plonge allégrement. Je refuse d’un geste, avec ma carrière de mannequin qui débute j’évite les gourmandises, surtout que je ne pourrais pas compter sur le sport compte tenu de mon endurance pour garder un tour de taille correct. Je veux réussir, prouver à tous ceux qui doutent de moi que j’ai ce qu’il faut. Ma meilleure amie a hérité de la prestance, de la classe de sa mère, ancienne étoile des podiums désormais reconvertie en égérie de l’humanitaire, elle initie des programmes visant à améliorer les cliniques des quartiers défavorisés.

 

En réalité, Rajani agit ainsi avec moi à cause de son petit frère mort-né : ce qui a poussé sa mère à créer sa fondation. Il aurait eu deux ans d’écart avec elle mais ils n’ont pas réussi à le maintenir en vie, trop fragile car prématuré, depuis madame Vikal essaie de venir en aide aux mères des banlieues principalement, en terme de proximité. Seena incarne mon idéal féminin, la fille que j’aurais tant voulu être aux yeux de mon père, j’ai beau y mettre tous mes efforts, je n’atteins pas sa perfection.

Depuis que Stelios pratique les altères, son corps se façonne délicieusement, ses bras gagnent en formes harmonieuses…Cependant il n’a d’yeux que pour ses filles d’Asie du Sud, la dernière en date s’appelle Bhin, une Vietnamienne qui ignore royalement son existence.

J’ai eu l’occasion croiser Yannis à quelques reprises à l’agence, on a aussi été au cinéma tous les deux, je pense que je lui plais, je ne suis, par contre sûr de rien. Ses incroyables billes bleu-vert me subjuguent toujours autant, quand il parle, son accent laisse entendre des notes de musicales douces, suaves, le soleil d’Olympie, son village de naissance se pose sur mes joues qu’il caresse. Mes désirs aussi s’éveillent discrètement en sa présence, j’ai envie de l’embrasser, savoir ce que je ressentirai là contre lui. Stelios demeure hors de ma portée, que dire d’Ethan, il l’ est totalement, hors de ma portée, en plus, il ne partage pas mon intérêt du tout : je dois renoncer avant que notre amitié n’en pâtisse.

- Misail !

L’un des objets mes secrets fantasmes me ramène dans le monde réel, il me colle un verre de jus de fruits que j’ai ordre de consommer car j’aurais une sale mine…Ha s’il savait…

 

Les vacances d’octobre approchent à grands pas, mon agent me dépose devant un bâtiment en verre étincelant au milieu des pierres plus traditionnelles des constructions qui l’entourent. Joli contraste, cette tour aux allures futuristes se découpe dans la blancheur du ciel, elle semble le percer.

Je monte dans un ascenseur écoutant ce que raconte mon manger entrecoupé d’éternuements sans oublier ses imitables jurons…Le sms de Yannis tourne en boucle depuis ce matin « Misail Delcev tu es ma Lumière, il me suffit de penser à toi pour que le monde s’illumine. On ne s’est vus que cinq fois mais les échos de mon cœur suffisent à comprendre. Je t’aime. » Que répondre ? D’accord, la sortie au ciné était amusante, oui on s’entend bien, la soirée chez lui, l’après-midi dehors, le déjeuner, j’ai apprécié tous ces moments avec lui. Mais aller jusque-là ? Depuis quatre ans je travaille dur à m’endurcir, ne pas devenir faible, ne pas s’attacher, rien montrer. Sinon je serais écrasé, détruit, Maman me le répète à la moindre occasion « Si tu ne frappes pas, tu te prendras des coups, attaques avant »

J’aurais dû d’après elle m’éloigner de mes amis, écarter Rajani, Stelios et Ethan, non, je n’y résous pas, ils comptent trop, ils m’ont tellement apporté tant soutenu.

 

Dans le bureau, le directeur en personne nous accueille, un gars aux allures de père Noël jovial, il dirige un catalogue spécialisé dans les tenues de sport.

- Avant toute chose, je voudrais m’assurer que le garçon a le physique je recherche.

- Son book n’est pas encore très fourni, il n’a pour le moment fait que trois contrats, mais c’est un gamin très consciencieux, je vous enverrai pas n’importe qui.

Il s’étire avant de se remettre sur ses jambes, nettoie ses lunettes.

- Je vous crois, approche petit.

J’obéis, pensant qu’il va me poser des questions sur ma carrière ou quelques du même genre et là je me fige.

- Enlève ton pull.

Comment ? Effrayé, je cherche du soutien auprès de mon agent, il paraît comprendre ce qui me gêne. Je recule au point de rencontrer le mur.

Aussitôt, le patron éclate de rire, ça l’amuse en plus ?!

- Je crois qu’il y a un malentendu qu’il faut clarifier, vois-tu je te payerais pour faire notre collection de calçons de bain, je n’ai pas vu de photo de toi peu habillé dans ton book, j’aimerais m’assurer que tu corresponds avant de t’engager.

Je ne sais pas comment réagir, j’attrape le pan de mon haut que je garde en suspens attendant que le mec plus calé que moi me dise si je peux accepter ou non. Je reçois un bref « va-y ç’s’rique rien »D’accord. Je soulève rapidement, espérant que ça passera vite, je n’ai aucune envie que cette inspection ne s’étale. Il observe, l’air de réfléchir, un peu penché, se mordant l’intérieur de la joue, je croirais qu’il la mâche.

- C’est bon rhabilles toi. Pardon de t’avoir fait peur, il est facile de tricher avec les vêtements, je suis devenu un peu méfiant, il y a tellement de photos retouchées de nos jours.

Soulagé, je le remercie d’une voix blanche me sentant stupide de m’imaginer autant de trucs.

- Alors, vous en dites quoi ?

- Marché conclu, passez voir ma secrétaire pour qu’elle vous donne les informations pratiques, maintenant, excusez-moi jeunes gens, je dois partir. Bonne fin de journée.

Je ne dis pas un mot, m’enfonce dans le fauteuil du 4X4 que j’aimerais capable de m’avaler. Je voudrais disparaître tellement j’ai honte. Le vrombissement agressif du moteur m’arrache à mes pensées.

- Tu sais c’est pas la dernière fois qu’on t’demand’ra d’enl’ver le haut Gamin. Les photoshops et les logiciels comme ça garantissent plus tel’ment l’authenticité des photos pour certains clients. Apprends à plus faire ta Pucelle, qui sait, dans quelques années quand ça vaudra gros si t’auras pas à en montrer plus.

Je déglutis de travers au point d’en tousser, mes joues ont dû perdre plus d’une nuance malgré mon teint halé naturel. Devant mon attitude, il souffle, visant à me rassurer, à sa manière : t’en es pas encore là va.

Je me demande si je parviendrais un jour à me sentir en sécurité avec lui... Difficile de savoir s’il plaisante.

 

Il y a un seul avantage à passer la semaine chez mon père, je n’ai qu’à traverser la rue pour voir Yannis. J’ai analysé la situation, en ai parlé avec mes amis, avec Maman, elle pense que cela m’aidera à l’avenir. Rien de mieux qu’un couple, dit-elle, cela offre un parfait environnement de contrôle. Le fils Zacharias n’a jamais été désagréable avec moi, mais il ne diffère pas tellement du reste du monde après tout. Je sonne, un portier m’ouvre puis m’annonce, le garçon de Monsieur discute dans la véranda avec une demoiselle qui ne tardera à partir. Une fille ? Ça commence magistralement. Je me faufile, cherchant à les surprendre, rien à signaler, ils jouent aux cartes, deux tasses de chocolat en face d’eux. Je m’arrête un instant. L’inconnue remet son sac sur son épaule, descend de la chaise, pose rapidement ses lèvres sur sa joue, dit ce qui ressemble à un au revoir et s’éloigne vers la sortie principale.

- Salut, je dérange pas j’espère.

Il me bondit pratiquement dessus, à croire qu’il m’attendait. Un énorme sourire s’étale de pars en pars, ma présence le rend donc si heureux ?

- Ma Lumière... J’avais tellement hâte d’avoir un retour de toi. Assied-toi, une boisson, une collation, autre chose ?

Je décline ses offres prenant une profonde respiration, même Maman qui m’adore n’a jamais été aussi comblée de me voir…C’est…étrange.

- Ecoute Yannis, j’ai réfléchi à ça, ton message.

Il s’assombrit.

- Mais tu n’es pas prêt ou je ne t’intéresse pas, non ?

Je secoue énergiquement la tête.

- Non ! Non non. Au contraire, je ne…mais disons que tu me plais, vraiment. Beaucoup. Peut-être qu’en apprenant à te connaître, en passant du temps avec toi…Je sais pas hein. Mais d’accord : je veux bien qu’on sorte ensembles.

Des bras chauds se posent sur ma taille, mon cœur paraît décidé à refaire des siennes. Pourvu que ce ne soit pas la Pire erreur de ma vie. Doucement, maladroitement, à l’image des gamins de presque quatorze ans que nous sommes, il essaye de m’embrasser. Il se montre timide, maladroit puis me chuchote un « je t’aime » au creux de l’oreille.

Désolé, Yannis, je ne peux pas répondre, je doute un jour de pouvoir même y répondre…Pardon.

 

Je forme un couple avec Yannis depuis maintenant pas loin de deux mois, il vient me chercher après les cours et on passe quelques heures à se parler, se tenir la main, se câliner, quelle curieuse sensation… Il ne cesse de dire que je suis sa Lumière, pour lui rendre la pareille j’ai décidé de le surnommer Loup en Macédonien, ça donne Volk. Ce qui lui va à merveille, il peut devenir très fougueux, mais mordre également, puis dans ses yeux, il a un air du loup. J’en ai eu la démonstration hier. On est allés chercher sa sœur à l’agence Jewel, elle aidait sa mère et là, une des mannequins a débarqué furieuse pour s’en prendre à elle. Elle la prenait pour une concurrente, elle s’est énervée l’accusant de se taper tous les mecs pour réussir ainsi que ses seins d’être des prothèses mammaires, qu’elle n’avait jamais vu une Pute comme ça. Si Athenia a accepté sans réagir, se doutant de l’erreur, Yannis lui, a immobilisée la nana froidement : il exigeait des excuses. J’ai eu peur à cet instant, donc oui, cet animal colle à sa personnalité.

 

Il agite la main, je me glisse entre les voitures garées, je lève la jambe montant les trois premières marches de l’escalier décoratif. Je n’ai le temps de rien qu’il m’attrape me collant à lui, il en profite pour m’embrasser, un effleurement, pourtant ça me perturbe.

- Bonjour ma Lumière.

Il est si grand pour son âge, j’ai l’air d’une petite fille à côté.

- Salut Yannis, c’est quoi ce sac ?

Les pierres précieuses qui lui tiennent lieu de regard gagnent en éclat. On s’engage sur le trottoir, direction la résidence Zacharias, au passage, il réajuste mon écharpe pour que je ne prenne pas froid. Je n’aurais jamais dû lui parler de mes problèmes de santé enfant, mais j’ai été opéré, je vais bien depuis. L’énorme chien de sa sœur me saute dessus, je tombe, forcément avec le poids de la bête je bascule, s’il aboyait et remuait la queue ça suffirait à me dire bonjour. Yannis me relève, je quitte presque le sol, pour un peu il me porterait. Il me murmure souvent que je suis la personne la plus légère de son entourage, j’hésite à le prendre pour un compliment ou une marque d’inquiétude déguisée alors : je souris. Il m’installe sur le canapé cherchant encore à ce que je mange, il récolte un « non », il devrait éviter de me tenter continuellement, je n’ai pas son métabolisme, je ne fais pas du parkour trois à quatre heures par semaines !

- Ferme les yeux.

Une surprise ? Oui, il dépose un paquet emballé sur mes genoux. Il n’a vraiment pas pu attendre.

- Mais…Mais Volk je n’ai pas encore acheté le tien !

- Sans importance, je voulais voir ma Divine Lumière heureuse. Rien ne compte plus pour moi que ton bonheur. Je t’aime.

 

Je pique un far, c’est automatique, devant ce garçon qui atteint le mètre quatre-vingt alors que je stagne à mon pauvre petit mètre quarante, pourvu que je grandisse. J’aimerais aller jusqu’à soixante, il paraît selon le doc que mon alimentation joue un rôle dans ce processus, enfin avec mes contrats, je ne suis pas autorisé aux écarts, personne ne semble prendre ça au sérieux ! Le papier disparu, je sors une montre, simple, un vert aux nuances de jaune. Oh, non il a osé commander un bracelet en accord avec la couleur de mes yeux, je vais devenir écarlate. Mes lèvres s’unissent aux siennes, pour la première fois depuis le début de notre relation c’est moi qui initie le baiser. A voir son air béat, je viens de lui offrir la Lune. Yannis est. Incroyable, je regrette certains jours de ne partager de tels sentiments. Oui, il me plait, il m’attire, m’amuse, sait me redonner le sourire comme personne, pourtant, je reste évasif sur ma vie, ce qui se passe avec mon père notamment, Maman. Il n’a pas besoin de découvrir ces choses…

- Joyeux Noël alors, Yannis, même si c’est pas tout de suite. Je te trouverai un cadeau aussi beau que le tien. Promis.

 

Je n’ai pas tellement pu voir Yannis à par pendant les vacances, je lui laisse des messages, lui envoie des mails, lui parle par téléphone, sauf que je n’ai pas le temps depuis la reprise des cours. Mon nom se diffuse, les propositions se multiplient, j’entre dans le circuit officiellement, selon mon agent. Penser à cette notoriété naissante me permet de garder la tête hors de l’eau, là. Vingt-six février. Je m’enfonce mes ongles dans la peau afin de ne pas hurler, casser n’importe quoi : je ne veux pas être là putain ! Je m’en fous de son mariage avec sa pouf ! Il l’a épousée hier très bien, qu’es ce qu’on fout encore là ? Le buffet du mariage était ultra calorique au possible, j’ai pas eu le choix que de carburer au pain ou j’aurais été viré. Non : NON ! C’est la seule chose qui marche de façon sûre et fiable dans ma vie en ce moment, donc : Non ! Evidemment, la nouvelle mariée m’a vu avaler du pain et pas toucher à son super buffet, y en a pas aujourd’hui, j’vais bouffer quoi alors ? J’la r’tiens… Sans parler de son cadeau de noël, un jean ultra serré, ce serait la tendance à venir, elle insiste pour que je le porte, je vais finir par croire qu’elle l’a acheté pour m’humilier. D’elle, ça m’étonnerait pas. Ethan a été invité aussi, j’irais bien lui parler, mais voilà, entouré d’un paquet de filles dont je connais même pas le quart. Je le laisse à ses conquêtes, quant à Stelios, il tente sa chance pour la énième fois avec Bhin, il connait le sens du mot « non ? » Shqipe les interrompt, furieuse, elle déteste le voir tourner autour d’elle, il ne respecte pas assez les filles de son point de vue.

- Misail.

Ah Rajani, elle a une boite en plastique à la main, qu es ce qu’elle contient ?

- Tu peux en prendre avec moi. Dit-elle en sortant une fourchette qu’elle me donne.

Pourquoi elle a emmené de la nourriture ? Je me souviens que le chef a fait préparer un menu spécial pour les invités végétariens, allergiques ou aux convictions religieuses différentes. Une porte de sortie, je vais pas jeûner jusqu’à ce soir.

Sa main serre gentiment la mienne, elle sait que cette journée n’aurait pas dû se dérouler ainsi, si mon père veut que je me coltine une nana, je lui demanderais, pour peu que rien n’ai changé entre nous, je ne vois pas une autre fille qu’elle. Elle me connait, elle m’épaule, me comprend et ne me juge pas.

- Joyeux anniversaire Chaton.

- Merci d’y penser Rajani, je sais même pas s’il se souvient de ma date de naissance. Je l’déteste et elle encore plus.

Elle me laisse poser sa tête sur son épaule, me caresse les cheveux, si j’avais été attiré par les filles elle aurait été mon âme sœur j’imagine. Mon téléphone vibre alors que je termine de manger, tout a un goût de plâtre aujourd’hui, de fiel. Je viens d’avoir quatorze ans, j’assiste au lendemain de noces que j’approuve pas, de personnes que je méprise, entouré de gens que j’ai à peine aperçu dans ma vie. Y a mieux, mais pire. Oh Yannis. « Mon Amour je sais que tu n’es pas là où tu voudrais être, j’aurais aimé venir au moins pour toi. Bon anniversaire ma Lumière, je t’aime tellement, tiens le coup, la journée se termine j’imagine comme tu dois t’ennuyer. Je pense très fort à toi mon Ange, mon Cœur. »

Mode pourpre, il a le don de faire passer mon visage par toutes les nuances de rouges répertoriées au monde. Ma meilleure amie rigole, je lui donne un petit coup de coude.

- Ne te moque pas de moi, il m’a eu par surprise !

Mais rien que ce concentré de miel me fait me sentir tellement mieux, je n’ai pas besoin de consommer du sucre, Volk m’en déverse autant que je veux à travers ses paroles. Je préfère celui-là en plus.

 

Maman a refermé la porte derrière moi quand je suis rentré des cours. Bon ok, j’ai été avec Yannis au centre commercial, il voulait me montrer un truc.

- Installe toi Misail.

Son ton sans réplique, son air pincé indiquent de s’exécuter sur le champ. Qu es ce que j’ai fait ? Rien de mal pourtant ! Ou…non, non j’en suis sûr ! Elle retire ses bottes à talons, celles à lacets, je voudrais les mêmes, ça se trouve pas pour les garçons. Jamais on me laissera en avoir, c’est trop féminin, paraît.

- Oui, qu’es ce qu’il y a, Maman ?

- Tu as encore passé du temps avec le petit Zacharias, ne t’attaches pas. Je sais que pour toi ça reste encore très flou mais quand vous aurez couché ensembles tu comprendras que j’ai raison.

Je me mords la lèvre si fort qu’elle éclate, je passe mon doigt sur la coupure. Maman soupire, elle me conduit à la salle de bain pour me désinfecter, elle me soigne me reprochant encore de me montrer trop émotif. Je sais que je ne dois pas… J’essaie de sourire, il faut que je m’endurcisse, avant que mes faiblesses ne me coûtent tout ce que j’ai…

 

Dans un mois ce sera l’anniversaire de Yannis, il est né le deux avril mais aurait pu être du premier, à quelques minutes près. Mon agent me jette un regard sombre, d’énormes cernes soulignent ses paupières, mauvaise semaine, qu’il précise. Sur sa demande, je porte une tenue qui me mets en valeur, j’ai opté pour le jean de ma belle-mère, il dessine joliment mes jambes, à force de le porter je finis par me sentir à l’aise dedans. Mais je ne la supporte toujours pas, vautrée sur le canapé du matin au soir, elle se sert de sa grossesse, parfaite excuse pour pas bouger. Aujourd’hui je postule dans une boite de pub, ils recherchent des garçons de mon âge, un spot de produits laitiers si j’ai tout compris au téléphone.

 

Dans le couloir, un groupe de jeunes discutent, les filles embijoutées parlent à l’aide de leurs mains, elles laissent traîner derrière leur dos de longs cheveux aux allures de soie. Les garçons qui les accompagnent semblent complètement sur leur charme. Je me demande si mon copain leur ressemble quand il me saisit par la taille, qu’il m’enlace, amour ou désir ? Je n’en sais rien.. On a pas l’âge pour ça, mais eux, si.

- Oh regardez un petit nouveau !

Je cligne des yeux, salue poliment.

Son amie ou sa faire-valoir, s’installe à mes côtés, son sourire lui donne des allures de prédateur prêt me bondir dessus. Je m’écarterais bien, je ne sais pas ce qu’elle me veut. Tout chez elle transpire l’hypocrisie, les intentions malsaines ou le sale coup à venir…

- Tu es mignon. Profite de tes années cool, d’ici un an ou deux, tu vas d’voir passer sous le bureau pour décrocher les rôles.

- Sissi, ce que tu peux être peau de Vache quand tu t’y mets. Glousse la troisième nana à qui ce petit manège d’intimidation fait plaisir.

- Je ne savais pas que les bimbos en toc s’étaient reconverties dans la voyance.

Ce coup, les mecs de leur suite rigolent, elle ouvre mais ferme la bouche, tournant ses échasses, courroucée. Je ne comprendrais jamais cette jalousie professionnelle, plus ma carrière évolue, plus j’y ai droit. Les gars menacent à l’occasion de me casser la figure si je leur pique la place, c’est plus facile à gérer. Maman a raison, je ne dois pas me laisser intimider, sinon ils m’écrasent. Je préférais avant, les gens se montraient plus gentils, parce que j’entamais à peine ma carrière ? Alors passés six mois dans le monde de la mode le respect s’envole ?

Mon agent lève le nez du magazine qu’il parcourt.

- Je te l’avais dit Gamin, ton nom monte, tu représentes un danger pour ces jeunes, t’es la Relève, tu leur fais de l’ombre.

Au moins l’entretient se passe dans les normes, la directrice de casting est patiente, elle me félicite, m’ajoute à la liste. D’après elle, il faut que je m’attende à beaucoup de sollicitations, j’arrive à l’âge le plus prisé dans cette branche. Je veux rentrer chez moi, voir Ethan, Stelios et Rajani, j’ai besoin d’une pause.

 

 
     
     
 
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