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au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Push me away
Par Cloe Lockless
Originales  -  Romance/Tragédie  -  fr
One Shot - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     2 Reviews    
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Note: ça fait un an et demi que ce texte traîne sur mon ordi. Je ne sais plus quoi en faire alors le voilà posté. Je me suis pris la tête pour essayer de refaire la mise en page, mais ça ne ressemble pas à grand chose *au bord de la crise de nerf* T_T Non, je ne ferai pas d'auto-commentaire *auto-persuasion* T_____T Merci Mathy d'avoir recueilli ce que je pensais de cet OS, d'avoir lu et rererelu les 5 ou 6 versions (7-8-9?), supporté mes caprices, etc... Merci à Fanny de m'avoir fait jeter la version Lynch avec une sublime franchise, désolée d'avoir persisté :)

Disclaimer 1 : Un personnage et demi font discrètement semblant d’être empruntés à une série que je ne nommerai pas pour ne pas vous influencer (je serais très curieuse de savoir qui reconnaît... *se terre avec un petit gloussement pervers* Mathy, on ne souffle pas...) — c’est simple, un blond, un brun, classique — tous les autres, les musiciens, sortent d’un roman que je n’ai pas fini d’écrire (ni vraiment commencé) ; voilà pourquoi je publie cet OS dans les originales. Suite du blabla en fin de fic.
Cette histoire est celle d’une rupture brutale. Elle se passe à Tokyo. La violence a été diluée et brouillée mais des fragments de lime entre garçons risquent de surgir de temps à autre. Si vous n’aimez pas les histoires d’amour entre garçons (est-ce que ça existe sur ce site ?) ou si vous n’aimez pas ne pas tout comprendre dès la première phrase, passez votre chemin.
Sinon, bon courage et merci… >.<

A ma pauvre Mathy :)

 


Push me away


Le téléphone, posé sur la table de la loge, se dédoublait dans les miroirs.
Il en regardait les reflets.

Des pas sur le bitume grisâtre.
Son portable était éteint. Il l’a allumé, regardé le fond d’écran se composer, il reprend son chemin, le téléphone glisse entre ses doigts. Tombe, il continue de s’éloigner, sans ralenti, ni accéléré.
Sur le sol la petite diode clignote, luit, s’éteint,…


Debout sur la barrière d’un pont, le vent le fait osciller, au loin la mer, dessous les eaux, derrière plus rien.
(I pushed you away, it made me fall)
(When you hit the ground, I hit it too)

Les genoux se détendent, les pieds penchent dans le vide, et se détachent…
(I died, but so had you)

Le bras raffermit sa prise sur le sac. La main s’extirpa de la poche, décrocha et porta le téléphone à l’oreille. Les lèvres se détendirent en un léger sourire, en entendant la voix.
Dniwnu lla ti hctaw ot tfel, emit attuo er’ew, dnif noos ll’uoy, dne ot sah gnihtyreve
« - Allô, Taï ?
« Hey stranger
« - T’es libre ce soir ?
« Ce soir ? j’ai un —
« - On a une journée de pause au studio. On pourrait se retrouver à la 1225 …
Nwod kaerb yllautneve nworf reven ohw elpoep eht neve, trapa sllaf gnihtyreve

 

Everything has to end, you'll soon find, we're outta time, left to watch it all unwind
Everything falls apart, even the people who never frown
Eventually break down


Yama écarta lentement la main qu’il tenait près de son oreille, et la tendit vers le sommier. Il dégagea son pied du pantalon, ramena ses jambes contre lui, tout en s’agrippant fébrilement au drap qui pendait devant lui. Il tira de toutes ses forces, ces lambeaux de force qui tremblaient dans ses membres, se terrant plus bas encore aux pieds du lit ; il ne voulait pas se redresser, seulement se recouvrir, se cacher, disparaître. Maladroitement, sans ouvrir les yeux, il s’enveloppa du tissu froid, y enfouit son visage, son corps dénudé, sa peau, striée de marques violacées, par endroits, de fines coupures sanguinolentes...
Le silence était trop atroce, imprégné de fantômes tranchants qui n’auraient de cesse de le transpercer encore et encore de leurs regards suintants de haine. Il eut un hoquet de dégoût, se crispa davantage dans le tissu, qui aurait pu soudain se resserrer, l’étouffer, il s’en moquait ; plutôt mourir asphyxié, que souffrir, exposé.
Il voulait disparaître.

I've lied
To you

This is… the last smile…
That I'll fake for the sake of being with you


Taï entrouvrit la bouche pour répondre — Tuuuuuuut. Il soupira ; et reprit le téléphone. Il disposait de onze touches et un ou deux bips pour trouver une excuse qui, de toute façon, ne satisferait pas son entraîneur.

(Everything falls apart, even the people who never frown eventually break down)
(Everything has to end, you'll soon find, we're outta time, left to watch it all unwind)

For sake of being with you
(Everything falls apart, even the people who never frown eventually break down)
The sacrifice is never knowing


Taï dut montrer sa carte d’identité au gardien avant de pouvoir taper le code d’ouverture de la résidence. Trois semaines qu’il n’y avait pas mis les pieds, on avait oublié son visage, et on le prenait pour un fan qui faisait semblant de vivre ici. Il n’était qu’un étranger, un nom qu’il fallait vérifier sur une liste avant de se souvenir. La bâtisse n’avait rien d’un hôtel grand luxe, mais on se méfiait des intrus à tête de lycéen amateur de rock. Quelques escaliers plus tard il tournait la clé dans la porte 1225.
Tout était silencieux, les musiciens n’étaient pas encore rentrés. Il quitta ses chaussures dans le hall et se dirigea à droite. Un parfum familier l’accueillit lorsqu’il entra dans la chambre de Yama, un murmure imperceptible ; ici au moins, il sentait qu’il n’était pas considéré comme un intrus. Il posa son sac dans un coin et se laissa tomber sur le lit. Sa montre digitale indiquait 17h53 ; encore un peu de temps à passer seul.
Officiellement il était malade, c’était le mensonge le plus inventif qu’il avait pu articuler. Mais il y avait un fond de vérité. Une tension sourde dans le ventre, qui remontait jusqu’à la gorge, lui appuyait sur la poitrine, lui retenait le souffle. Ne respire pas trop fort, tu risques de sentir qu’il n’y a personne contre toi. Ne bouge pas trop, tu risques de sentir qu’il n’y a rien que tu puisses toucher, que la pesanteur pour attraper la main que tu tends. N’ouvre pas la bouche, tu aurais tant envie d’embrasser ce fantôme que tu vois dès que tu fermes les yeux. Retiens tes lèvres avec les dents, tu voudrais trop appeler son nom, il ne pourrait pas te répondre.

Why I stay with you
Just push away


Taï se concentra sur ce que son dos touchait. Les draps ; même lisses et proprement tirés, ils ne pouvaient s’empêcher de lui rappeler, à la dérobée, que celui qu’il attendait était bien réel, qu’il avait été là, et qu’il allait arriver. Taï se concentra sur cette pensée, afin que la tension qui le tiraillait jour et nuit se calme. Elle avait déjà trop patienté. Elle s’était habituée à ne plus espérer de signe de vie. Tourner en rond dans sa cage de chair et d’esprit, puis en reprendre possession quand enfin sonnait le téléphone.
C’était toujours la même chanson. Attendre longtemps une date incertaine, qui ne se faisait connaître qu’à la dernière minute. Puis vouloir retenir en vain le temps qui coulait à rebours. Regarder la montre, compter les heures et les jours qui nous séparent de la dernière fois ; ou voir s’enfuir trop vite les minutes avant la fin de la nuit.
De longues journées défilent sans cesse, jamais identiques, toujours semblables, une ligne à sens unique que la mémoire éclate, pour recomposer quelque chose de flou, mélangé à des voix brouillées. Après ces jours qui se déclinent encore et encore sans qu’on ne les retienne, le refrain sonne comme un cri de libération, un instant extirpé des rouages mécaniques. Une nuit, deux phrases, que l’on a ensuite dans la tête en permanence — ton image qui me hante.
La chanson tourne et s’étire depuis plus d’un an. Les refrains, à force, ont pris un arrière-goût amer.
Tu les as tellement chantés… Aurais-tu oublié ce que leurs mots signifient ?
Yama, change de disque. Non… Arrête tout.
J’aime ta voix.
Mais j’ai envie de toi.



« Hey stranger… »
Le murmure près de mon oreille glissa sur ma joue.
Une caresse, un baiser sur la paupière, au coin des lèvres, sur le cœur. J’ai su que c’était toi.
Il se redressa, écartant d’un souffle, puis du dos des doigts, des mèches d’or mat qui lui tombaient sur le visage. Il était assis sur moi, radieux.
« Alors, ça va ?
« Je ne suis pas en position de te dire ‘non’… »
Il sourit. Puis se pencha pour m’embrasser, et glissa sur le côté. Allongé à côté de moi il relâcha un profond soupir.
« J’ai cru qu’on n’aurait jamais terminé. On a passé la semaine sur les prises de voix de Lullaby. Ce matin enfin on fignolait le mixage… »

No matter what you see…


À peine arrivé, déjà reparti dans son monde. Raconter, ses jours, ses nuits, la musique, la musique, toujours. Son regard, tourné vers le plafond, ou ailleurs, semblait voir et revoir une beauté invisible à l’autre.
Taï aurait aimé qu’il le regarde, cesse de lui parler cette langue étrangère. Qu’ils ne soient plus simplement posés côté à côte, mais ensemble, quelque part. Lui demander…
Coupe tes ailes. Reste avec moi.
Mais si je te mutilais, ta douleur me détruirait.
Cela me tuait à petit feu. Je souffrais de ton absence, je souffrais de ta présence.
Je mourais d’une jalousie sourde. Et oubliais chaque fois, une fois rejeté dans la vie de tous les jours, la douleur que tu me causais, ne pensant qu’aux bons moments qui étaient déjà passés.
Si je décidais de partir. T’oublier comme j’oubliais tous les détails de ce que tu me disais. Je ne serais plus torturé par tes paroles. Avec le temps j’oublierais nos moments. Tu ne serais plus qu’une image sur des affiches que je croiserais sans m’arrêter, une voix à la radio, sans corps réel.
Je n’aurais pas survécu. Je n’aurais pas pu t’oublier. Ton sourire était collé partout sur les murs. Tes mots résonnaient dans toutes les bouches. J’avais quelque chose que les millions de fans n’avaient pas. Tes doigts dans mes cheveux, je pouvais toucher ta peau. Je n’aurais pas supporté de te voir de loin, comme tout le monde.

…You're still so blind to me


Taï détourna les yeux de la fenêtre et les glissa le long des faibles rayons de l’aube jusqu’au visage de Yama endormi. Il caressa du bout des doigts une mèche qui tombait sur sa joue, sans l’écarter, juste l’effleurer, comme un dernier baiser avant de partir.

Assis sur sa chaise, dans la salle de classe bourdonnante, il se rendit soudain compte qu’il n’était plus avec Yama. Les bruits devinrent nets, et Taï n’eut qu’une envie : retourner se coucher. Il ressentait le vide familier se creuser en lui, mais il savait qu’il retournerait à la 1225 le soir même.
Ni dans un monde ni dans l’autre ; il était coincé dans les limbes, entre les deux.
Il était épuisé. Les moments avec Yama étaient si rares qu’il leur sacrifiait tout le reste. Mais après coup il fallait payer. Les discours des professeurs traversaient son ouïe et ressortaient à la pointe du stylo sans laisser de trace dans son esprit. Taï ralentit sa main, peu à peu il n’avait plus de mots à transmettre à la feuille, et il s’aperçut distraitement que la terre ne s’arrêtait pas de tourner ni le prof de parler. La joue posée sur le dos de ses doigts, le coude sur la table, les paupières à demi fermée, le stylo appuyé contre le papier, son corps se figea avec l’équilibre d’un château de cartes. Il sentait qu’il pouvait s’effondrer sur le bureau au moindre soubresaut. Mais tant qu’il ne bougeait pas son coma passerait inaperçu.

Enfin le silence.
En un bruit soyeux, la cravate du lycée avait fuit mon col pour se perdre dans la pénombre. A tâtons il déboutonnait ma chemise, parcourait de la paume mes épaules et ma poitrine. Il approchait des lèvres timides, je m’en emparais. Un calme délicieux ; je le goûtais à nouveau, les gestes étaient naturels, tenir sa nuque au creux de ma main, butiner ses lèvres, de temps en temps pénétrer plus profondément, effleurer sa joue comme si je m’étais égaré, respirer le parfum fruité de ses cheveux, dérober la saveur acidulée de son cou…
« Yama ?
« Hmm ?
Sa main plongeait dans ma manche, suivie de ses lèvres, du haut vers le bas, je n’étais bientôt plus vêtu que de la sensation de son souffle sur ma peau. L’air que je respirais semblait très froid dans ma gorge. Mes mots se figèrent. Ils attendaient que les picotements sucrés sur mes lèvres aient fini de s’évaporer. Puis ils s’échappèrent ; ma voix était si faible que je me demandai si j’avais vraiment parlé.

« J’aimerais que tu ne sois rien qu’à moi. »

Une poigne ferme lui saisit le bras.
« - Une minute, Kamiya. »
A l’expression que l’entraîneur affichait, Taï su immédiatement que son équipe avait perdu le match, que comme Taï n’avait pas l’air à l’agonie ni amputé des deux jambes il n’était pas pardonnable, que d’une seconde à l’autre des hurlements au degré 7 sur l’échelle de Richter allaient se déverser sur lui… Il ferma les yeux et 1010 démons furent lâchés de l’enfer.
Evidemment l’excuse — comme quoi il ne se sentait pas bien — avait été un mensonge. Mais il avait l’air exténué, vraiment, cela aurait pu passer… s’il n’avait pas déjà séché un certain nombre d’entraînements pour des motifs similaires depuis quelques mois. Il aurait pu se défendre, pour le salut de ses oreilles, demander pardon, tenter de crier que, non, il n’en avait pas rien à foutre du football, qu’il aurait aimé ne pas être absent si souvent ; mais ça n’aurait fait qu’ajouter de l’eau au torrent dévastateur. Il aurait pu se laisser craquer, fondre en larmes, effet déstabilisateur, effet de surprise qui aurait peut-être fait taire la gueulante, seulement Tai n’avait pas de larmes à verser, il avait juste envie de lui cracher à la figure, hurler son ras-le-bol, et partir. Il avait le sentiment qu’il pouvait se le permettre, que ça n’aurait aucune conséquence néfaste pour son passe-temps préféré, vu que cette journée jusque là s’était déroulée comme un rêve distordu.

Je le sentis se raidir contre moi, s’accrocher à mon bras. J’aurais aimé qu’il me regarde ; ses yeux me hurleraient en face « Mais je le suis déjà ! », une niaiserie. Ce serait un mensonge. Son image appartient au public, son âme à la scène ; son cœur, je me le disputais avec la musique. J’aurais pu garder son corps pour moi, mais je savais que d’autres me le prenaient quand je n’étais pas là. Qu’au moins il me mente, les yeux dans les yeux, si fort que l’illusion deviendrait ma réalité, au moins pendant le refrain…
Son front était appuyé contre ma poitrine. Il saisit doucement mon cou pour se hisser jusqu’à mon oreille.


En posant la main sur la poignée de la 1225, il déglutit, inspira profondément, coupa jusqu’à ce qu’il ne tienne plus et expira entre les dents. Il avait la migraine, la journée avait été épouvantable, il était hors de question que sa soirée avec Yama soit gâchée elle aussi. Y’jima était au grand complet à l’intérieur. Quand il ouvrit la porte, il tomba nez à nez avec Iku. La jeune fille, surprise, recula d’un bond, le reconnut et sourit. Elle s’inclina respectueusement.
« Konbanwa, prince de notre princesse. »
Elle lui adressa un clin d’œil malicieux. Un jeune homme aux cheveux longs passa un bras autour des épaules de la batteuse et écarta gentiment Taï du chemin.
« On fuit : Matoi est intenable. Faites pas de bêtises. »
Il lui serra l’épaule avec compassion, Taï grimaça.
« Peut-être à plus tard ? fit Arui avant de partir
« Bande de lâches, siffla Taï.
« Ja ne ! chanta Iku avec un petit salut de la main et un très large sourire. »
Taï referma la porte. Il entendait un dialogue survolté dans la salle commune entre Yama et Matoi. Pas de trace de Jun ; mauvais signe. Il se retourna.
« Attends bouge pas ! s’écria Matoi. »
Yama le regarda suspicieusement. Le guitariste l’observait avec sérieux. Soudain il se pencha en avant, écarta le col de Yama et y fourra son nez. Le chanteur sursauta, éclata d’un rire de pseudo-protestation, Matoi refusait de le lâcher et faisait des sortes de « piwiwiwiwiwi » au creux du cou de sa proie. Yama aperçut Taï et son sourire s’agrandit. Il repoussa son ami et s’enfuit vers le nouvel arrivant, s’arrêta à mi-chemin quand un gémissement strident le rappela.
« Naaaaan ne me quiiiiiiiiiitteeu paaaaas mon amour !!! »
Yama se retourna et tendit le bras en direction de Matoi qui se roulait par terre.
« N’aie crainte, répondit-il d’un ton lyrique. Je te reviendrai. »
Il leva les yeux au ciel, vers Taï. Celui-ci lui sourit tandis que son regard glissait vers Matoi. Yama appela par-dessus son épaule quelqu’un qui se trouvait dans une des pièces à l’opposé de sa chambre.
« Juuun ! Baby-sitter pour Matoi ! Urgent !
« Pitiééé Taï, ne me l’arrache pas ! Yamaaa »
Yama lui envoya un bisou en soufflant sur sa main, et entraîna Taï dans sa chambre. Il ferma la porte et soupira de soulagement.
« Tu me sauves la vie !… Qu’est-ce que tu fais ? »

Entre deux baisers, entre nos lèvres, je lui disais les mots que lui seul devait entendre. Contre ma paupière il déposa : « C’est une promesse ».

« J’ai besoin d’une douche, répondit-il froidement.
« Ah, d’accord. »
Taï ferma le loquet, ils ne le faisaient jamais d’habitude, mais là c’était un cas de force majeure. L’eau froide ne fit que le crisper davantage. Il tourna le robinet, de plus en plus chaud.
Il fallait qu’il se calme. Il devait avoir l’habitude de voir Matoi bisouiller Yama, c’était Matoi, ç’avait toujours été ainsi. Mais ça l’énervait prodigieusement. Yama vivait dans son petit monde et le reste n’était qu’un jeu pour lui. Taï avait été stupide de croire que du jour au lendemain il ouvrirait les yeux.
L’eau lui brûlait la peau et l’engourdissait. Il posa les paumes contre le carrelage du mur et, courbé, laissa l’eau marteler son crâne et dégouliner contre sa mâchoire, au coin de ses yeux et de sa bouche. Il ne se laisserait pas avoir par la fatalité. Il ne se disputerait pas avec Yama ce soir. Il avait une journée à sauver.
Quand il se décida à sortir, la buée n’était pas partie. Yama se balançait sur une chaise. Il se releva et avança vers Taï. Il passa un doigt sous ses yeux.
« Tu as des cernes.

I've tried
Like you

« Ça ne va pas ?

… To do everything you wanted to

Yama haussa les sourcils.
« Tu aurais mieux fait de pas aller au foot, dit-il après un silence. Pour une fois, il n’en mourrait pas. Et en plus tu serais arrivé plus tôt. »

This is… the last time…

Un sourire se dessina sur ses lèvres mais s’effaça aussitôt devant le regard noir que lui jetait Taï.

I'll take the blame for the sake of


« A chaque fois que tu claques des doigts, j’accours. C’est tout ce qui t’intéresse !

being with you


« Tu crois que je passe mon temps à m’amuser ?! La maison de disque nous donne toujours des planning serrés, et Jun…
« Je sais très bien ce que tu fais de ta vie, tu ne me parles QUE de tes putain de plannings de studio !!

(Everything falls apart, even the people who never frown eventually break down)


Si je te saoule, pourquoi tu viens ?

The sacrifice of hiding in a lie

Tu m’as fait une promesse — j’y ai cru.
Et quand je suis arrivé ici —
« Bravo, t’as même pas tenu une journée.
Yama porta la main à son cou, là où Matoi avait fourré son nez, son souffle, ses lèvres. Il garda la bouche ouverte de stupeur, sans savoir quoi répondre pendant un instant.
« Mais Matoi est comme ça, ç’a toujours été comme ça. C’est un jeu, ça ne veut rien dire.
« C’est un jeu, ouais — Et ça t’amuse beaucoup.

(Everything has to end, you'll soon find, we're outta time, left to watch it all unwind)


Tai n’arrivait plus à parler — il tremblait de rage — tout ce qu’ils disaient ne menaient à rien — et s’il avait toujours pris sur lui c’était justement pour ne pas risquer de ternir le sourire de Yama.
Il n’arrivait pas à lui faire comprendre ce qu’il voulait — il ne le savait lui même que confusément.
Et il avait peur de le briser — Yama était trop fragile.
Mais là, la colère l’aveuglait. Il s’était retenu trop longtemps. Le vase ne débordait pas — il explosait.
Il voulait Yama pour lui.
The
Il le voulait trop intensément.
Sacrifice
Plaqué sur le mur.
Is
Yama échappa un cri immédiatement étouffé par la bouche de Taï.
Never
L'embrasser violemment.
Knowing
Faire mal.
Why
Yama voulut se dégager du mur, Tai lui saisit le bras, et cassa avec les ongles, d’un coup sec, tous les bracelets offerts par les filles du fan club. Yama ouvrit la bouche.
I
« J’aimerais que tu ne sois rien qu’à moi. »
Yama resta interdit pendant une seconde. Il ne s’était jamais donné entièrement qu’à Taï. Il ne parlait vraiment qu’à Taï. Il ne s’était jamais senti aussi bien qu’une nuit avec Taï, tout contre Taï, après un concert.
Stay
Il était certain que Taï le savait. C’était ce que leur être tout entier avait crié, la première fois qu’ils avaient fermé le verrou à double tour, toute une soirée, toute une nuit.
With you
Taï était à lui, rien qu’à lui.
Just
C’est pour ça qu’il n’avait plus peur, qu’il pouvait se plonger à fond dans la musique pendant des semaines sans trêve, il savait que Taï l’attendrait, que Taï serait toujours là.
Push away
Mais peut-être avait-il besoin d’être rassuré.
No
Il voulut être le plus sincère possible, il se laissa donc agir sans réfléchir. Il saisit doucement son cou pour se hisser jusqu’à son oreille. Et, les mots qui lui venaient, il aurait pu les chanter de toutes ses forces, dans le vent tumultueux, debout au bord d’un pont, comme dans son clip — ils coulèrent dans un murmure, la version inédite qui ne serait jamais reçue que par une seule personne.
« …
Matter

« La ferme, siffla Tai. »
What
Il ouvrit brutalement le col, là où Matoi était passé, vampirisant les morsures qu’il lui infligeait ;
You
laisser une marque,
See
deux marques…
You
…Mal…
Are
Les yeux fermés
Still
Trop peur de voir
So
La douleur
Blind
Jamais toucher son visage
To
Violer tout le reste
Me
Mais dans la violence il effleura sa joue — le coin de ses lèvres contre le coin de ses yeux — il éclata

Reverse psychology's
failing miserably
It's so hard to be,
left all alone
Telling you is the
only chance for me
Theres nothing left but,
to turn and face you
When I look into your eyes, there's nothing there to see
Nothing but my own mistakes staring back at me
Asking why...
The sacrifice of hiding in a lie
The sacrifice is never knowing


Yama était recroquevillé sur le sol.
Il écarta lentement la main qu’il tenait près de son oreille, et la tendit…
Le silence était trop atroce…
Il eut un hoquet de dégoût —
Il voulait disparaître.

Push me away


Dans la loge rien ne bougeait, sauf la loupiote, du portable, qui clignotait.
Par intermittence, luit et s’éteint.
Matoi passa les bras autour du cou de son ami.
« J’aime pas que t’es tristoune… »
Yama secoua l’épaule avec une moue dégoûtée.
« Lâche-moi.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu t’es disputé avec Taï-kun ?
« Laisse-moi, Matoi, s’il - te - plaît. »

Sur le pont Regarde au loin
Envie de hurler, aucun son ne sort, le vent souffle une brusque bourrasque qui déstabilise. Il vacille
dangereusement, une main fermement agrippée au câble.
Entaille
Du sang coule entre les doigts
Un temps.
Quand le vent s’est calmé, ils relâchent leur prise.


Recroquevillé sur lui-même, les bras serrant ses genoux ; il releva la tête. Dans le grand miroir, Yama, lui renvoya son regard. Les deux regards uniques, se perdirent l’un dans l’autre, la surface d’opale voilée, se figea l’une dans l’autre.
La main du reflet remonta pour toucher le creux de son épaule, mais Yama ne le vit pas. Il ne voyait que ces yeux, qui le brûlaient.

When I look into your eyes
There's nothing there to see
Nothing but my own mistakes
Staring back at me


Yama était assis dans sa loge, face à la glace. Il regardait son cou. La maquilleuse avait camouflé toutes les marques, sans poser de questions. On n’y voyait plus rien, mais il les sentait encore.
Il replia ses jambes contre lui, se recroquevillant sur sa chaise comme si tout ce qui dépassait risquait d’être exposé. Des ongles avaient laissé des sillons superficiels à l’intérieur de son poignet. Il y pressa les lèvres, imaginant de toutes ses forces celles de Taï qui guériraient la blessure, il voulait sentir ces baisers caresser sa peau meurtrie. Mais il savait que ce souffle languissant contre sa peau était le sien. Alors il couvrit le bras de Taï de baisers ardents et douloureux, un bras amorphe qui ne pouvait pas le prendre… ni le serrer contre le corps de son amant.
Il se saisit le poignet et le serra si fort que ses ongles risquaient d’entamer la peau fragile; il fallait qu’il le retienne. Il l’attrapait et le retenait en différé.
Ne pars pas.

Yama glissa les bras autour de la taille de son ami, l’intérieur des mains épousant doucement la courbe de ses côtes ; il le retint contre lui. Le front contre son dos, il tendit la main à l’aveuglette le long de son bras, atteignit la poignée, et descendit pour tourner le verrou. Puis il baissa le col du T-shirt jusqu’au dessous de ses lèvres. Son cœur tapait si fort contre le dos de Taï que les coups rebondissaient en lui, à lui en couper le souffle. Il ne fit qu’effleurer la peau douce et chaude de sa nuque.
« Reste avec moi »
Taï avait lâché la poignée et sans répondre cherchait le loquet. Yama inspira profondément, trop instable pour desserrer son étreinte. Le verrou échappa un second claquement qui le fit tressaillir. Il sentait qu’il n’aurait plus la force de retenir Taï ; il ne voulait plus avoir la force d’enlever ses bras.
Toujours en silence, Taï avait attrapé doucement les mains qui s’accrochaient à lui ; et en détacha une première. Le corps de Yama était mortifié.
Taï éleva la main inerte et l’index toucha sa bouche, puis le majeur. Sans attendre de réaction il ouvrit les lèvres et y plongea le second doigt, il se mit à le sucer langoureusement, tétant avec application l’avant-goût du fruit défendu, sans oser encore en mordre la chair.
Les sens de Yama sortirent de leur léthargie. Le doigt s’enfonça plus profondément, caressant les crocs, la langue, qui menaçaient de le dissoudre. Puis une poigne vigoureuse éloigna les doigts envahissants, et les lèvres imprimèrent un secret au creux de la paume.
Il avait seulement fermé à double tour.

Il aurait du lui courir après, mais il n’en avait pas eu la force. Il était resté, effondré, aux pieds du lit, la respiration hachée. Il ne savait pas où il était parti. Et il avait ce concert à faire.
Mais Taï avait laissé ses affaires à la chambre. Il était parti sur un coup de tête. Il reviendrait bien à un moment ou un autre. Et alors Yama lui demanderait pardon, en le regardant droit dans les yeux. Même s’il lui en voulait d’avoir été si violent. C’était de sa faute à lui.
Taï, attends-moi encore, un tout petit peu…
Pour la première fois de sa carrière, il n’avait pas envie d’aller sur scène. Il ferma les yeux et laissa les premières notes le pénétrer, chasser ses angoisses. Une note… Tout allait s’arranger. C’était une dispute tellement absurde. Deux notes… Il irait demander pardon, dès le concert terminé. Il se promit de ne plus refaire les mêmes erreurs à l’avenir. Trois notes… Il prit le micro et les paroles s’échappèrent, il sourit.
Attends-moi, juste une dernière fois…

Dans les limbes : là où les décors sont ceux de la réalité, mais tout est flou et ralenti, comme dans le rêve.

J’étais dans les limbes.
J'ai pris un train pour 2046, regardé des silhouettes floues monter et descendre, regardé des visages, oublié... j'ai marché dans le train
à contre-courant,
— instable, dans un monde onirique, un cauchemar en drogue douce. Je suis descendu.
Je cherchai la mer... de l'air.
Un lever de soleil comme celui de tes chansons.
J'ai pris mon portable, éteint. Je l'ai allumé, regardé l'écran se mettre en place, je reprends mon chemin, le téléphone glisse entre mes doigts. Tombe, je continue de m'éloigner, sans ralenti, ni accéléré.

J'arrive enfin au pont, .... à un...
Un pont
Le jour est argenté. Le soleil étire des éclats froids et un peu tranchant à travers la mince couche de nuages. L'eau est claire.
Je veux sentir ce vertige enivrant qui t'emporte quand tu chantes. Je veux m'envoler comme toi, avec toi, dans ta voix.


L'eau est claire comme si elle avait coulé sur des pierres précieuses en en emportant la couleur. Je veux tes yeux. Je veux
entrer dans ton âme. Plonger, dans ton regard. Me noyer en toi.

Ton regard infini, comme la mer ne me regardait jamais intensément glissait autour de moi, je veux l'embrasser, la serrer dans mon être, qu'elle ne s'échappe pas, que tu m'enlaces...

Je ferme les yeux. Yama, je crois que je le sens aussi, ce sentiment que plus rien n'existe que l'immensité, un vent détaché, un souffle de liberté, un instant de chute éternelle, dans le ciel, la terre a disparu, le passé, le futur fondent dans le présent et se tuent.
Tes yeux d'océans grands ouverts. Je vais en percer la surface, enfin...

Contre ma poitrine… il avait saisi doucement mon cou… Ses paroles se faufilaient en moi furtivement, tout bas,… rien que pour moi.

« Never ourselves without each other
Kindred souls for ever after
I pushed you away, it made me fall.
When you hit the ground I hit it too.
I died but so had you.

    Deux roses sur une branche
    La première se fana et mourut,
    L'autre —
Yama, tout à coup, s'effondrait. Le micro glissait d’entre ses doigts.
La ligne de seconde voix continua. Elle sonnait atrocement faux sans sa moitié.
Matoi avait lâché sa guitare, s'était précipité vers le chanteur qui gisait inerte.
Les yeux grands ouverts

— La surface se brise ondoie se referme, se lisse —


"Arui arrête cette ***** de musique!! hurla Matoi." — Il avait la nausée.
La seconde voix continuait: "Deux roses...

L'une mourut...
L'autre n'y survécut."

Etendu sur le dos. Le regard était immobile, bleu sublime des glaciers.
Une vague l'avait frappé de plein fouet.
Sur son visage ruisselaient des gouttes d'eau salée.


Push me away

 

 

 

 

 

Note : #guette les survivants dans le périscope# ... #machouille les lèvres# T_T

Disclaimer 2 : Quelques idées sont inspirées de 2046 de Wong Kar Wai… La phrase « Deux roses sur une branche. La première fana et mourut, l’autre n’y survécut. » est tirée de Yoko Tsuno de Roger Leloup (tome 12 La proie et l’ombre). Les paroles que vous reconnaissez sont celles de Linkin Park, Pushing me away, les autres sont à mon petit groupe de musiciens.
D’ailleurs j’en profite pour faire un petit sondage pour les courageux qui sont arrivés jusqu’ici. Pour moi, la chanson qui allait avec cette fic était la version remixée de Pushing me away, de l’album Reanimation. Mais ma chère bêta-Mathy préfère la version originale, de l’album Hybrid Theory. Et vous quel est votre camp ?

Merci d'avoir lu!

 
     
     
 
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