manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
La fin des guerres
Par Sa-chan
Originales  -  Action/Aventure/Horreur  -  fr
One Shot - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     4 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger

Ceci est un texte que j'ai écrit alors que j'étais en terminale. Si le coeur vous en dit, dites-moi ce que vous en pensez. Oh, dernière chose, si vous le trouvez cruel, dites-vous que ce n'est qu'un début : dans mes fics, je le serais encore plus. Et si vous vous posez la question de pourquoi alors laissez-moi vous répondre "pourquoi pas ?" avec un petit sourire espiègle et sadique. Bonne lecture.

 

 

Un ciel immensément bleu au-dessus d’un champ de bataille sans fin. Lances et épées semblent plantées pour confirmer la présence d’un combat éternel où beaucoup d’êtres humains ont perdu le fil de leur existence. Les drapeaux de ces trois légions qui s’affrontent ont été piétinés mais on peut encore en deviner les couleurs et les écussons, qui jadis étaient flamboyants. Un gryffon sur fond jaune pour la contrée du sud-est ; un tigre sur fond gris pour le royaume du sud-ouest ; une sirène sur fond bleu pour le pays du nord. Ils ont été abandonnés, eux qui servaient la foi aux armées qui désormais continuent à se battre pour l’honneur lacéré, la haine irréversible et la vengeance de ceux qui sont déjà tombés sous les coups ennemis. Une folie meurtrière s’est emparée d’eux et il est trop tard pour y renoncer à présent. Les cadavres s’amoncellent au point que la terre semble disparaître. Ils se sont figés dans des postures qui prouvent la mort violente qui les a frappés. Leur odeur, puisqu’ils sont en pleine décomposition, est insoutenable. Même les charognards, si avides et affamés, refusent de goûter à ces chairs infectes qui possèdent encore une certaine respiration à cause des nids d’insectes qui se sont créés dans ces pourritures. Oui, seuls les insectes acceptent de se nourrir de ces choses dont le nom d’homme est difficile à donner.

Au centre de cette plaine immense, il y a des combattants. Ils ne sont qu’une cinquantaine et ils se reposent en grignotant leur déjeuner et en observant l’horreur qui les entoure. Ils savent leur combat inutile mais ne faut-il pas venger ses camarades, morts dans le souhait de la victoire pour leur camp ? Le vent qui se met soudain à souffler fait entendre la voix d’un désespoir poignant et atroce. Que faire ? Mourir ici pour une chose qui malgré tout vaut la peine ou rentrer chez soi pour retrouver femmes, enfants et oublier cette monstrueuse guerre. Ils hésitent tous. Le désespoir fait encore entendre ses cris. Les trois camps se surveillent. Chacun souhaitant que l’autre abandonne. Ils leur restent donc encore, au fond du cœur, une once, une lueur d’espoir. D’envie de paix. D’envie d’amour. D’envie de profiter de l’existence loin de tout cela. Mais est-ce seulement possible ? Aucun d’eux ne le sait vraiment. L’attente est longue et le soleil, astre impitoyable, tape sur le fer de leur armure, leur donnant une impression de chaleur intense. Ils sont en sueur. Mais ils attendent encore. Attente peut-être vaine. Mais non, un des hommes sous la bannière du Tigre se lève et se place à égale distance des trois camps.

Il est jeune… Ou il l’était. En effet il a perdu cette naïveté qui faisait sa jeunesse. Cette guerre l’a rendue vieux. Elle ne dure pourtant que depuis deux années. Mais il a vu la mort de près et la sans doute trop vu. Des cernes entourent ses yeux gris et prouvent la perte de son innocence. Il fait peine à regarder. Mais ce qu’il pourrait dire peut être intéressant pour les deux autres camps. Il sent les regards nerveux qui le scrutent. Il essaye de parler. Le vent du désespoir l’en empêche. Il se demande si une prière pourrait l’aider. Mais il ne croit plus en ses dieux. Il ne veut plus y croire. Perdre confiance en tout. Mais surtout il ne veut plus croire en la race humaine. Il tousse pour dégager un peu ses cordes vocales, abimées par les hurlements qu’il a l’habitude de pousser en passant à l’attaque. Il se détend un peu mais garde la précaution de laisser sa main sur le fourreau de son épée. Il se sent prêt et commence son discours :

« Nous, combattants sous la bannière du Tigre, nous continuerons ! Nous avons promis à notre roi de ne pas abandonner cette bataille. Il avait foi en nous ! Nous ne trahirons pas sa confiance ! Lapyuta sera à nous ! »

Cris de guerre venant de ses compagnons. Les deux autres camps sont outrés. Eux non plus n’abandonnent pas. Pas alors que juste au-dessus d’eux flotte dans une bulle éthérée un simple paysage. Un paysage qui sera réalité quand le vainqueur sera déclaré. Une grande plaine verdoyante, capable de recouvrir celle où ils se trouvent, pleine d’animaux vagabondant en toute liberté. Endroit où rien ne manque. Où rien ne manquera jamais. Le ciel y est clément. Mais surtout, une simple cabane se dresse dans ce lieu idyllique, près d’un lac aux eaux miroitantes de la couleur du ciel à l'aurore. C’est celle qui y vit qui intéresse ces soldats. C’est presque l’heure de sa sortie d’ailleurs.

En effet, la voilà. Tous cessent de respirer. Et ils ne contemplent plus que sa beauté. Elle est grande. Elle est svelte. Sa silhouette s’accorde parfaitement au paysage. Comme si elle était consciente de leur présence, ce qui n’est pas le cas, elle baisse les yeux vers eux. De magnifiques saphirs où égarer son âme. Remplis d’une pureté et d’une innocence. Ses longs cheveux gris foncés aux racines mais gris clairs aux pointes vont jusqu’à ses pieds. Elle sourit et un rossignol se pose sur son épaule. Sa robe argentée est éclatante sous le ciel où elle se trouve. Dans tous les esprits de ces combattants qui peuvent l’admirer, une phrase : « Je veux la libérer. » Mais est-elle vraiment prisonnière ? Rompant l’enchantement, un homme sous la bannière de la Sirène se lève et s’écrie :

« Nous n’abandonnerons pas non plus ! Lapyuta n’est pas pour des minables comme vous ! Cette Dame sera la nôtre ! «

« Vous croyez vraiment que nous vous laisserons gagner ! » cria un soldat sous le Gryffon.

Le jeune homme qui s’était avancé décide de retourner auprès des siens. Il ne perdra pas sa vie cette fois encore. La haine est de retour malgré la lassitude extrême qu’ils connaissent tous. Mais elle est toujours là. Douce et cristalline, sa voix s’élève pour un chant avec ses oiseaux. Et les cœurs s’apaisent, bercés par les harmoniques vives et paisibles à la fois. Chaque jour, la Dame leur fait « cadeau » de son chant. D’une partie d’elle. Et depuis le début de la guerre, chaque jour, tous se sont arrêtés pour l’écouter. Et cette fois encore elle gagne leur âme. Elle s’arrête, repousse une de ses mèches et va à la rencontre des animaux. Ils s’inclinent devant elle. On peut voir de la fierté dans leur regard. Et là, comme toujours, l’image devient floue, le doux sourire de la Dame s’efface et finalement l’utopie avec lui.

Les voilà frustrés. Pourquoi faut-il toujours qu’elle disparaisse ? Pourquoi faut-il toujours qu’elle les laisse seuls ? Ils se retiennent d’exprimer leur peine à haute voix. Ils ne veulent pas paraître vulnérables. Ils doivent être forts. Et en finir le plus vite possible. Car il se peut qu’elle disparaisse à jamais. Et ils ne se le pardonneraient pas. Le déjeuner se termine dans un grand silence seulement troublé par le vent. Mais pas celui du désespoir. Celui du combat. Ils se relèvent tous. Malgré la haine, ils se respectent. Ils vérifient donc que tous les autres sont prêts. Ils le sont. Alors tous ensembles, d’un même mouvement, en passant à l’attaque et en dégainant leur épée, d’une même voix surpassant les vents, ils hurlent :

« Pour Lapyuta ! »

Au point de rencontre des trois troupes, le sang fuse, gicle et se répand dans des cris de victoire ou de douleur. La haine se fait plus vive, plus virulente. Elle se montre dans toute sa splendeur et sa folie. Elle se couvre du flot écarlate sans pudeur et dans une joie sauvage, vouant tout ce qui est à la destruction totale. Tout ce qui est, mais plus particulièrement ces hommes plus près de la mort et de la dégénérescence de leur corps que la vie et cet idéal qu’ils souhaitent atteindre. Certains d’entre eux tombent, privés du souffle qui les animait ; certains pleurent et frappent avec encore plus de hargne et de rancœur si cela est possible. Il peut sembler que la fin de la bataille soit proche… Mais ce n’est pas le cas. Ils sont encore vingt à être debout face à la mort qui leur tend les bras. Ils n’ont pas remarqué que tous les soldats de la bannière de la Sirène ne sont plus. Seuls restent les Gryffon et les Tigre, s’agitant dans une danse plus que macabre.

Soudain, ils s’arrêtent tous. Le son que laisse échapper le vent a changé. Le Syraphian arrive. Ils se séparent, courant vers leur abri de fortune malgré leurs blessures, leur fatigue et leur souffle court. Aucun d’eux ne tient à Le rencontrer. Surtout Lui… Il est pire que la mort mais plus doux en même temps. Comment le savent-ils ? Ce sont les légendes… Un bruit sourd. Il a atterri. Les vents s’emmêlent comme si une tempête se préparait. Et c’est le cas puisqu’Il vit dans ces orages immenses qui sont capables de couvrir en un instant cette plaine dont on ne voit pas la fin. Le tonnerre fait entendre sa voix profonde et les éclairs L’illuminent. Les soldats voient enfin la silhouette légendaire. Une silhouette humaine, celle d’un enfant d’une douzaine d’années. La pluie commence à s’abattre alors que le petit garçon ou la petite fille s’avance là où ils venaient de se battre. Les vents tournent de plus en plus vite, l’eau pénètre le sol avec violence et les éclairs s’écrasent sur la terre détrempée, la faisant vibrer avec force.

L’enfant est arrivé aux cadavres. Il les observe. Les hommes se recroquevillent, sentant à présent Son regard perçant sur eux. Ce regard qui les appelle à venir sous cette pluie battante, à supplier la mort de vous endormir à jamais. Les abris résistent malgré l’orage mais tremblent plus que jamais auparavant. Combien de temps tiendront-ils encore ? L’enfant s’agenouille près des corps sans vie. Il rit de bon cœur comme à chaque fois. Un rire si pur et si cristallin sur une chose qui paraît si horrible à ces soldats : la Mort. Dans la tente des Tigres, le jeune homme qui avait fait son discours se lève, complètement envouté par le Syraphian. Ses compagnons d’armes essayent de l’empêcher de sortir mais c’est peine perdue. Il arrive à se dégager facilement et émerge de l’abri de peaux. Et il Le voit.

Le Syraphian est un petit garçon aux yeux rouge sang, aux cheveux mi-longs d’un rouge plus clair, aux traits fins et graciles. Il sourit au soldat qui se dirige vers lui totalement hypnotisé, retrouvant une naïveté franche qui apparaît sur son visage émacié. Il lui tend les mains et l’homme, arrivé à Sa hauteur, le soulève délicatement et le serre avec douceur sur son armure d’acier trempée. La tempête atteint alors son paroxysme et les tentes s’envolent, laissent ceux qu’elles abritaient devenir les proies du Syraphian. Le jeune homme qui le tient est déjà perdu et tous les autres voient avec horreur le petit garçon qui dépose délicatement Ses lèvres de couleur nacré sur celles du jeune Tigre. Aussitôt, tous entendent dans leur tête son cri de douleur, du fait qu’il perd peu à peu son énergie vitale. Le cri ne résonne pas sur la plaine, ses lèvres étant scellées par celles du Syraphian. Tout doucement, le jeune homme s’effondre accompagné tendrement par le petit garçon qui avait passé Ses bras autour de son cou. Le cri qui se faisait entendre dans les esprits n’est plus et laisse place à un requiem magnifiquement orchestré par l’orage.

Enfin, le Syraphian lâche le jeune homme, dont le cadavre tombe mollement parmi les autres. Il regarde les deux restes d’armées et se dirige vers celle où il y a le plus de survivants. Ce sont les Gryffon. Ils sont maintenant Ses proies. Complètement tétanisés, les hommes Le regardent avancer, chacun de Ses pas étant ponctués par la foudre et le tonnerre. Ils veulent fuir mais aucune échappatoire n’existe à cet instant. Un des leur, sous l’enchantement, va au Syraphian et agit comme le jeune Tigre. Comme l’homme avant lui, il s’effondre et meurt dans la musique de la tempête. Un troisième accourt serrer l’être de légende, suivi bientôt par un quatrième. Au bout du sixième, le Syraphian, rassasié, se fait soulever par les vents tourbillonnants et disparaît dans les nuages noirs d’où la pluie continue d’émerger pour arroser la terre qui pourtant après ce déluge ne se couvrira d’aucunes fleurs et d’aucunes herbes. Elle restera stérile jusqu’à la victoire d’un des deux camps et l’apparition de Lapyuta.

Ils sont trempés, ils ont froid, ils pleurent leurs défunts. Ils sont quatorze : sept chez les Gryffon, sept chez les Tigre. La pluie s’arrête enfin. C’est comme une délivrance. Les deux camps se regardent alors que le vent du désespoir revient. Frigorifiées, les deux armées se serrent contre chacun de ses membres pour se réchauffer. Car même si le soleil est de retour, il ne dégage aucune chaleur après le passage du Syraphian. Passage qui a retiré les cadavres qui se trouvaient entre eux laissant le champ libre pour qu’ils continuent leur folle bataille. Ils pensent à la Dame, à leur envie de la délivrer. Elle leur dirait « merci » d’une voix si douce…

Ils en rêvent et parce qu’ils en rêvent, ils s’endorment. Quelques heures plus tard, ils entendent un chant qui les pousse en dehors des limbes du sommeil. La bulle est là et à l’intérieur, assise sur un banc, droite, fragile et pourtant fière, caressant un daim, la Dame chante.Les oiseaux l’accompagnent avec une douceur presqu’infinie. Les coeurs des soldats fondent et ils ne ressentent plus que de l’emerveillement et de la joie. En quelques instants, ils oublient où ils sont pour plonger dans l’univers de leur Dame. Les fous ! S’ils savaient... Mais ils ne savent pas. Cette utopie leur paraît tellement belle. Comment ne pas s’y noyer et se laisser tenter par cet autre monde ? Elle rejette sa chevelure qui balayait son visage d’un geste harmonieux. Puis quand un rossignol audacieux se perche sur son épaule et lui caresse tendrement la joue, elle éclate de rire. Un rire aérien. Un rire qui pourrait faire croire que le mal n’existe pas. Il met du beaume sur les coeurs meurtris de ses hommes. Si elle n’est pas malheureuse, ils n’ont aucune raison de l’être. C’est ce qu’ils veulent croire. Les deux « armées » se toisent à nouveau. En finir. Tout de suite. Pour pouvoir enfin la voir et la laisser leur faire oublier toutes les horreurs de cette guerre infâme. Ils se relèvent comme un seul homme. Ils avancent les uns vers les autres, fièrement comme au début de la bataille. Ils dégainent et foncent.

Les premiers à tomber sont naturellement les blessés dont les plaies n’avaient pas été soignées, oubliées à cause du Syraphian. Puis suivent les plus âgés dont les forces se sont amoindries pendant ces deux années de malnutrition et de mauvais sommeils. Le sang de ces vaillants soldats colore les armures d’acier écarlates. Le vent fait résonner la plaine de tous ces cris. Les Tigre ont l’avantage du nombre mais un Gryffon, qui était l’homme lige du souverain, abat les derniers Tigre et s’écroule en souriant à son compagnon d’armes, qui essaye de le sauver mais ses efforts seront vains. Il est le survivant et grâce à ce fait, le royaume du Gryffon, au sud-est de cette plaine vient de remporter la victoire. Affaibli, le jeune homme se laisse tomber au milieu des cadavres et pleure, crie sa détresse. Seul le vent lui répond, l’entourant comme pour le consoler. Mais c’est une bien maigre consolation. Il ose lever ses yeux bruns clairs pour observer la bulle. A travers ses larmes, il arrive à s’apercevoir qu’elle est en train de se fissurer. Il essuie ses pleurs du revers de la main et se redresse lentement.

Autour de lui, les corps disparaissent au fur et à mesure sous son regard étonné. De la verdure et des fleurs commencent à se montrer, chose qui semblait impossible sur cette plaine. La bulle continue de se lézarder puis explose. Aveuglé, le Gryffon protège ses yeux en plaçant ses bras devant son visage amaigri. Quand la lumière a disparu, il entrouve ses paupières pour se rendre compte qu’il se tient debout devant la cabane de la Dame et devant la Dame toujours assise sur son banc, accompagnée de son daim. Epoustoufflé par sa beauté, il a l’impression que le temps s’arrête pendant qu’il la contemple, un pur bonheur emplissant son âme. La plaine est maintenant couverte de fleurs, d’arbres et d’animaux la faisant vivre pour la première fois. Tout semble si parfait. La Dame n’a pas quitté le jeune homme des yeux. Elle n’est pas étonnée par sa présence, au contraire, elle écarte le daim et se lève avec grâce. Elle avance vers le soldat avec un doux sourire et lève la main gauche pour lui caresser la joue. Il se laisse faire face à tant de douceur qui le soulage. Il soupire d’aise et ferme les yeux pour les rouvrir brusquement.

Un atroce douleur vient de s’emparer de lui. Un cri muet franchit ses lèvres et son regard se pose sur le bras droit de la Dame qui transperce son armure et lui transperce le coeur. Il sent un filet de sang couler de ses lèvres et la mort l’envahir avec une lenteur indescriptible. Il s’affaisse sur la Dame et perçoit son le souffle brûlant et l’odeur de soufre. Il l’entend alors murmurer :

« Merci de m’avoir libérée moi et mes enfers. Le Syraphian m’avait emprisonnée. Je vais pouvoir faire de ce monde un océan de flammes et de souffrances. »

Elle retire son bras violemment et se transforme comme le paysage sous les yeux horrifiés du Gryffon. Sa longue chevelure argentée laisse place à des cheveux courts et noirs, très rebelles. Ses yeux deviennent noirs eux aussi et son regard froid et implacable. Sa robe devient aussi sombre que la nuit et des ailes démoniaques lui poussent des omoplates. Le jeune homme crie d’effroi et voit le paysage idyllique sous sa vraie forme. Les fleurs aux magnifiques couleurs ne sont que des ronces empoisonnées ; l’herbe verte et ondoyante, des os blanchis par le temps ; les arbres immenses et protecteurs, des flammes d’une hauteur inimaginable ; et les animaux si doux, des monstres effroyables prêts à tuer toutes créatures vivantes.

Le jeune homme est mort dans les bras de celle qu’il adorait mais qui n’a jamais été comme il le pensait. La Dame lâche le corps et regarde l’animal qui était avec elle pendant tout ce temps se repaître du cadavre. Premier festin depuis leur enfermement, il y a des siècles de cela. Maintenant, elle attend. Elle attend le Syraphian. Le vent souffle très fort, annonçant l’imminence de Son arrivée. Le vent, encore et toujours lui. Mais elle aime cet élément qui attise les feux qui l’entourent. Elle fait face à la cabane, seule chose encore intact du changement de l’utopie en enfer. D’un geste, elle la force à se réduire en poussière et éclate d’un rire sardonique et d’une froideur sans égale avant de se retourner pour apercevoir le Syraphian dans le ciel noir teinté de rouge. Il descend de Ses nuages de pluie et d’éclairs et tranquillement, marche vers elle. Il y a une certaine distance entre eux, mais Il la franchit assez vite avec empressement et avec une certaine peur. Lui sait combien elle est effrayante et dangereuse. Il sait aussi qu’Il ne pourra pas l’enfermer une seconde fois.

Quand Il venait sur le champ de bataille, accompagné par Ses tempêtes, Il sauvait les âmes de ces soldats dont Il s’en voulait de prendre la vie. Mourants au combat, ceux –ci voyaient leur âme arriver ici , dans cet endroit infernal où ils connaissent désormais des douleurs et des supplices sans fin. Il aurait aimé en sauver plus. La souffrance qui l’assaillait à chaque souffle qui s’éteignait dans Ses bras le faisait fuir. Et finalement, elle remporte la victoire. Et Il se doit d’aller lui parler. Il soupire profondément et s’arrête en face d’elle observant son vrai visage qu’Il n’avait vu depuis longtemps. Il prend la parole :

« Bonjour Cylynde, je t’ai manqué ? »

Elle se penche vers Lui et Lui caresse le visage de ses griffes.

« Oui, Tu m’as manqué. C’est pour cela que j’ai tout fait pour gagner. Tu es toujours aussi beau, Syraphian . Tu es déçu d’avoir perdu ? »

« Que vas-tu faire de toutes ces âmes ? » demanda-t-Il, essayant de rester stoïque. « Les torturer pour toujours ? »

Elle sourit, continuant de toucher la joue froide de Syraphian et tout en s’amusant de cette peur qu’elle peut parfaitement ressentir.

« C’est sans aucun doute ce que je vais faire » répondit Cylynde. « Les humains sont tellement faciles à manipuler. Il suffisait que l’un d’eux pénètre sur cette plaine, me voit et puisse le dire à d’autres pour qu’une guerre sans nom commence... Et Tu as fait de ton mieux pour que cela n’arrive pas. Mais ce n’était pas assez. Alors, déçu d’avoir perdu ? »

« Je ne peux pas répondre à cette question... Elle n’a pas de sens pour moi. Cylynde, de grâce, laisse-les en paix. Tu vas avoir ce dont tu avais tant envie... »

« C’est vrai mais ce n’est pas une bonne raison à mon goût. Nous n’avions pas passé de marché à propos des âmes. Elles m’appartiennent que Tu le veuilles ou non. De toute façon, plus ou moins, quelle différence pour Toi ? »

« Aucune en effet », soupira Syraphian, « Mais ils ont tellement souffert... Je voudrais les soulager de leurs peines. Je pense que tu peux comprendre cela malgré ce que tu es. Tu n’es pas aussi... cruelle que tu veux me le faire croire. Tu étais si pure avant... »

« Pourquoi parler du passé ? Il ne m’intéresse plus en rien. Ce que je veux maintenant c’est ma récompense pour ma magnifique victoire ensanglantée. La haine a gagné sur l’amour cette fois. »

« Pas vraiment, les deux étaient et sont toujours liés. Ils se sont battus avec haine envers les autres camps mais par amour pour toi, s’attendant à ce que tu le leur rende. Tu les a brisés... »

« Ils se sont conduits comme des fous furieux ! Mais je n’essayerais pas de Te faire changer d’avis Syraphian. Je préfère que Tu restes Toi... Mon prix, Syraphian ... »

Il la regarde droit dans les yeux et en voyant l’implacabilité de sa volonté, Il baisse la tête, Sa chevelure rousse balayant Ses pommettes. Elle prend Son menton entre ses doigt et Le force à relecer la tête. Pour Lui, son regard se fait aimant, doux et irrésistible. Il retire doucemant ses doigts, inspire et déclare :

« Moi Syraphian, Maître incontesté du Temps, jure fidélité à Cylynde, Maîtresse du quatrième enfer installé sur Terre. Je lui promets de la protéger, de l’aimer et de la servir pour le temps que nous aurons à vivre ensemble tout les deux. »

Il lui attrape le poignet et le taillade avec une dague venant de nulle part. Et là, Il s’abreuve de son sang comme le veut la loi. Il sent Son dos le brûler mais Il continue car Il sait que c’est le symbole de Sa fidélité qui apparaît : des nuages rouge sang et noirs surplomblant l’arbre de la Connaissance mourrant et perdant ses feuilles et ses fruits capables de rendre heureux les hommes. Ou du moins capable d’essayer de les rendre heureux. La douleur qu’Il ressent est vive mais nécessaire. Le symbole est maintenant à jamais gravé sur Son corps. Il s’arrête de boire l’onde obsidienne et la blessure de Cylynde se guérit d’elle-même.

« Désormais », dit Syraphian, « je t’appartiens corps, coeur et âme. Fais ce que tu veux de moi... »

Cylynde sourit et soulève le petit garçon qui n’en est pas vraiment un et lui murmure à l’oreille :

« Allons visiter mon nouveau royaume, mes gentils petits compagnons ont faim. Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu de chair humaine bien fraîche... »

Syraphian tremble dans ses bras pendant qu’elle se met en route accompagnée de ses monstres ricanant et salivant déjà à la pensée de leur nourriture préférée. Cylynde dépose un baiser sur les lèvres froides et fines de Syraphian puis éclate de rire et entonne un requiem tout à fait charmant mais tout à fait cruel.

 

 

La haine règne enfin...

 

Fin ou commencement ?

 

 

 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>