« Selphie découvrit la cité des elfes, elle était enfin chez elle. Après tant d’années, tant de morts, elle pouvait enfin revoir sa famille, son peuple. »

C’est fini, pensais-je tristement en refermant mon livre après deux semaines de cohabitation avec celui-ci. Une partie de moi s’est éteinte lorsque j’ai refermé ce livre. Je tourne la tête comme si des êtres extraordinaires auraient dû être là. Je ne vois que la documentaliste aigrie du CDI qui me regarde avec un air accusateur. Après quelques minutes je perçois un manque que je comble en cherchant un autre livre. Je me lève, passe délicatement mes doigts sur les ouvrages posés sur les étagères. Soudain, je m’arrête devant un livre à la couverture cuivrée, aux dessins finement dorés. Mon regard est irrésistiblement attaché à ce livre. Inconsciemment, ma main est attirée par lui. Je le capture. Tout de suite plongé dans l’action, je sens à peine qu’une personne m’interpelle en me tapotant doucement l’épaule.

Un peu énervé d’être interrompu, je me retourne rageusement vers le briseur de rêve. J’ouvre la bouche, excédé mais me fige rapidement, découvrant devant mes yeux une jeune femme blonde à la peau translucide tellement elle parait pâle. Ses cheveux flottent dans les airs, merveilleux et brillant d’une douce lumière dorée tels des fils d’or fin. Ses yeux bleus éclatants et enfantins me donnent envie de m’y plonger sans hésiter. Ils sont chaleureux et rassurants. Je peux y voir tellement d’émotions et pourtant nous ne nous connaissons pas…. « Troublant ». Son collier  argenté et d’une beauté rare, avec en son centre une pierre blanche, luit intensément. « Comme il lui va bien ! » On pourrait penser qu’il a été fait pour elle. Elle est habillée d’une robe blanche resplendissant à la lumière. Elle lui donne l’air encore plus irréel.

Même si je connais chaque élève de ce lycée à force de les observer, je n’ai jamais vu cette jeune femme auparavant. Elle me rappelle tout de même quelqu’un « L’ai-je déjà vu ? ».

                -Je suis nouvelle dans ce pays. Pourrais-je savoir où se trouve le chef de cet endroit ?

Je suis fasciné par cette personne qui me dévisage. Je n’ai pas écouté sa question trop absorbé, attiré par elle. Après quelques minutes, peut-être dix, je sors de mes pensées et commence à parler, voulant répondre à sa question. Elle a disparu.

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Les cours ont commencé depuis 35 minutes avec une interrogation surprise d’une heure en maths. Le lycée est tellement calme que l’ont pourrait penser que personne n’est en cours en ce moment. Pourtant, des voix se font entendre de plus en plus fortement. La porte de notre salle est fracassée contre le mur et deux adolescents, dont la jeune fille qui m’a interpellé, et le proviseur entrent dans la salle. Tous les regards sont rivés sur eux. Les deux arrivants n’ont pas l’air de nous avoir remarqués et continuent de hurler. Une aura rouge apparaît autour d’eux, je crois rêver. Etrangement, j’ai l’impression que personne n’a fait attention. Le proviseur s’approche. Il leur parle et même si je n’entends rien, je sais que les deux adolescents se calment un peu. La voix forte et imposante du proviseur retentit enfin :

                -Jeunes gens, voici le jeune Sygur et mademoiselle Senna qui seront désormais vos camarades de classe.

Après cette présentation sommaire, le proviseur s’en va, laissant la classe et moi-même bouche bée. La classe est en effervescence : parlant des nouveaux élèves et de leur arrivée fracassante. Pendant que Sygur et Senna regagnent leur place, je les observe distraitement : Une lumière furtive et aveuglante part de la main de Senna pour toucher Sygur qui grimace de douleur. Encore une fois, personne ne remarque ce phénomène surnaturel. Senna s’assoit à côté de moi, sort ses affaires et se retourne vers moi souriant pour me demander ce que l’on fait. Je commence à lui expliquer mais rapidement je me rends compte qu’elle ne comprend pas alors que ce sont des révisions de seconde. Pourtant, je lui pose des calculs plus compliqués les uns que les autres qu’elle arrive à résoudre en manipulant deux petits bâtons. Elle les touchent, les retourne, tel un rituel entre ses doigts. Ils virevoltent dans les airs puis enfin retombent dans la paume de sa main. Je m’intéresse aux cinq dernières minutes de cours tout en regardant ma voisine du coin de l’œil. Je la vois écrire des signes formant une sorte de dessin fascinant, captivant.

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« Gurys frappa avec une force surhumaine le sol qui s’ouvrit sous ses pieds. Trois êtres difformes et morbides vinrent attaquer Annes. Celle-ci riposta en lançant des dizaines de boules de feu aveuglantes et mortelles. Elle sortit deux bâtons qu’elle fit virevolter au dessus de sa tête telle une danse. Ils retombèrent doucement dans sa main et firent ainsi apparaître un dragon qui cracha des flammes gigantesques. »

[…]

« Annes arriva près de Sean, sur la pointe des pieds tel un enfant et hurla dans ses oreilles puis rigola bruyamment en le voyant devenir blême. Elle le regarda avec un amour non contenu. […] »

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                -Simon, Simon !! Je peux m’asseoir ?

Bien qu’une personne me parle, je ne détache pas mon regard de ce merveilleux livre. Ce n’est qu’après avoir lu plusieurs lignes, peut-être plusieurs pages que j’arrive à détacher mon regard de l’histoire. Je grogne et tourne la tête vers le perturbateur qui n’est autre que Senna. En me voyant faire, elle rigole bruyamment, d’ un rire clair et communicatif, beau à écouter. Je remarque qu’elle est belle quand elle rit. Au cours de ses deux semaines écoulées depuis son arrivée, j’ai appris à connaître et à aimer ses humeurs et son attitude. Quelques phénomènes étranges comme le premier jour se sont produits si rapidement et discrètement que personne à part moi n’y fait attention. « Sans importance ».

Nous allons sortir du lycée quand tout à coup Sygur passe près de Senna et lui murmure quelque chose à l’oreille. Brusquement elle s’arrête et devient pâle. Mon étrange amie commence à hurler mais bizarrement je ne comprends pas un traître mot de ce qu’ils disent pourtant si près de moi. De curieux mots sont prononcés. A mes oreilles, ils sonnent comme une douce mélodie attrayante et envoûtante. Je ne peux qu’écouter même si je ne comprends pas ce qui est dit. Comment peut-on nous ignorer ? Nous sommes vraiment bruyants… « Etonnant ». Nous sommes rapidement seuls. Subitement, Senna se retourne, s’éloigne en courant. Peu après elle fonce sur Sygur extraordinairement vite. « Il l’évite ! ». Je n’en reviens pas. Après l’avoir évitée, Sygur riposte et envoie deux jets lumineux et étincelants en direction de son adversaire. Très vite un mur de feu se dresse devant la jeune femme pour la protéger. Puis les deux jets lumineux disparaissent au contact de ce mur enflammé. Je tourne la tête apercevant une personne passant près de nous. Quand je pivote de nouveau vers le combat épique tout a étrangement disparu et les deux lycéens en face de moi se hurlent toujours dessus.

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De retour chez moi, je me plonge dans mon livre toujours aussi passionnant et envoûtant. J’entre avec une grande facilité dans l’histoire, comme d’habitude.

« Annes marchait main dans la main avec Sean. Elle était bien, à sa place. Brusquement Gurys s’interposa et envoya un violent sortilège en direction d’Annes. Celle-ci lâcha précipitamment Sean et le protégea en créant un mur de feu. Gurys commençait à sortir une longue et affreuse épée quand soudain le combat se termina étrangement. Une jeune femme s’était interposée entre les deux combattants. Elle tomba tristement à terre, morte, ayant reçue la riposte d’Annes de plein fouet.

Le combat prit fin. »

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J’ai été témoin de plusieurs combats toujours aussi énigmatiques entre Sygur et Senna. Ils s’arrêtent aussi vite qu’il ont commencé et personne ne semble les remarquer.

Je dévore mon livre à une vitesse folle ; je l’ai presque fini. A cette pensée, des larmes coulent lourdement sur mes joues : j’ai peur à la pensée de fermer cet ouvrage à jamais.

Je vois Senna devant le lycée, elle est rayonnante. Elle me fait de grands signes pour ensuite me sauter dans les bras. Je la serre doucement contre moi, je me sens bien. Elle se détend et m’embrasse sur la joue tout en se détachant de cette tendre étreinte. Nous allons nous asseoir sur un banc en attendant patiemment l’heure d’aller en cours. Je vois Sygur passer près de nous, je suis pris de tremblements : il me fait terriblement peur. J’ouvre mon sac et sors mon livre, mon ami. Je passe doucement mes doigts sur la couverture cuivrée puis l’ouvre délicatement. Je ne vois pas Senna me regarder horrifiée. Elle s’éloigne de moi comme apeurée par ce livre. Sygur, bien que loin de nous, m’a vu sortir le livre et adopte la même expression que Senna. Je lis à une vitesse folle les quelques lignes qui me séparent de la fin. Au bout de quelques minutes, le petit mot tombe tel une sentence « FIN ».

Senna se tourne vers moi en larmes :

                -N’allons pas en cours aujourd’hui, il faut que l’on parte. Sygur est déjà loin.

                -Sygur ?

Je connais ce prénom mais il m’est impossible de mettre un visage dessus…

Elle m’entraîne vers un immeuble. Senna me sert souvent contre son cœur. Je ne comprends pas. Lentement nous montons les marches d’un étroit et sombre escalier. Après quelques dizaines de marches nous arrivons sur le toit. Je vois Senna mettre péniblement un pied devant l’autre, comme à l’agonie. Le soleil se lève à peine, il brille d’une lumière rougeoyante. L’aurore est magnifique. Je suis subjugué par cette beauté.

Je regarde ensuite Senna qui me sourit comme au premier jour.

                -Tout a commencé avec la lumière et finira dans la lumière. Ici je m’appelle Senna, dans mon pays je suis Annes. Tu oublieras sûrement mais ton cœur se souviendra toujours de moi. Tu as pu voir un monde qu’aucun humain n’avait vu avant toi, sois en fier.

Je ne comprends pas ce qu’elle me dit mais je sens mon cœur s’accélérer et se serrer. Ca me fait mal. Senna se rapproche de moi, elle est plus attirante que jamais. Nous sommes si proches, c’en est troublant. Elle continue d’avancer vers moi et m’embrasse délicatement. Ce doux baiser est magique mais ne dure pas plus de quelques secondes. Elle se détache de moi, avec peine et me murmure « Je t’aime Simon ».

Après cette phrase murmurée à mon oreille, elle marche difficilement vers le bord du toit. Elle écarte les bras et saute du haut de l’immeuble. Je hurle son prénom avec force, je commence à courir vers le rebord mais subitement mes jambes me lâchent et je tombe à terre. Je pleure, hurle, jette tout ce qui me passe sous la main, frappe le sol, je ne comprends pas. « Pourquoi ? ». Plusieurs heures plus tard, je descends et ne trouve aucun corps, aucune trace d’une quelconque chute mais simplement des paillettes d’or brillants sous les rayons du soleil.

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Quelques jours plus tard, j’arrive au CDI pour reposer l’ouvrage si précieux à mes yeux. Je l’ouvre avant de le ranger près des autres. Je regarde la dernière page et quelques mots attirent mon attention, une phrase que je n’avais pas vu précédemment :

« L’histoire commença avec la lumière et elle finit dans la lumière. »

Je n’ai jamais vu  cette phrase avant. « Elle me rappelle quelque chose… Mais quoi ? ». Je repose le livre près des autres : sur l’étagère comportant une étiquette « fantastique », quatrième rangée en partant du haut, là où sont tous les vieux ouvrages à l’odeur si particulière. De l’autre côté de cette étagère, un étudiant passe par là, cherchant sûrement un autre livre à dévorer. Il voit mon livre, scintillant et plus attrayant que jamais. Il tend la main et s’en empare. Je regarde, étonné, le livre s’échapper de l’étagère. Le lycéen l’ouvre mais il ne voit pas deux bâtonnets en sortir et tomber à terre. Je m’empresse de les saisir et les fais virevolter au dessus de ma tête. « ... Senna ».

Fin

J’ai rajouté un bout à la fin, ne sachant pas si je devais le mettre ou non vu que ca collait pas réellement avec la fin de l'histoire...(en dessous) :

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-Excuse moi. Tu sais ce que sont devenus Senna et Sygur ? Ils ne reviennent plus depuis une semaine.

Mon camarade me regarde incrédule et me répond après quelques instants :

-Il n’y a jamais eu de… Senna ni de Sygur ici. Aucun élève n’a été intégré dans une classe après le début de l’année !

Fin (réellement ^^)

Note de l’auteur : et bien déjà je suis pas réellement fière de cette fic mais je me suis lancée. J’espère qu’elle a plu, sinon tant pis xD.