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Eater Memories
Par Wazah-Bii
Originales  -  Drame  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     0 Review    
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Le coeur en vrac...
L’hiver était particulièrement froid cette année en ce mois de février. Je m’appelle Emilie, je viens juste d’entrer au lycée, en seconde littéraire. J’ai perdu mon meilleur ami, Matt, il y a de ça quelques semaines, dans un accident de la route. C’était la seule personne qui était réellement à mon écoute, la personne en laquelle ma confiance n’avait aucune limite, une des personnes les plus marquantes de ma vie, il était pour moi le grand frère que je n’ai jamais eu.

C’était le 31 octobre dernier. Avec Matt et Claire, mes meilleurs amis, on est allés chez moi pour faire les dernières retouches de nos costumes pour ce soir. Lorsque la nuit tomba, on enfila vite fait nos œuvres d’arts puis on fila en vitesse dehors. On avait un programme plutôt chargé ce soir là. On devait traîner pendant un nombre d’heures interminables, à rire, à crier et courir dans tout les sens comme on le faisait si bien tous les trois, aller chercher notre fameuse pizza jambon/fromage qui nous attendait à la pizzeria du coin. Ou pouvait traîner jusqu’à pas d’heure. C’était sensé être la nuit parfaite entre trois meilleurs amis. Je me demande encore pourquoi. Pourquoi lui ? Pourquoi nous ? Pourquoi ce jour là ? Pourquoi maintenant ? …
Pourquoi il à fallu nous faire mal ce soir là, pourquoi tu es parti ?

Nous étions à l’une des principales intersections de la ville lorsque le drame se produisit.
Il faisait désormais nuit, le ciel était d’un bleu aussi intense que celui de l’océan, les étoiles brillaient de mille feux et nous, on rigolait. Le sourire était la première chose que l’on pouvait apercevoir sur nos visage, il transperçait le silence ardent de cette rue noire et froide, on le voyait à des kilomètres.
On vit des phares au loin, nous on était là, on se baladait tranquillement dans notre coin. Claire avait envie d’aller aux toilettes et m’a demander de l’accompagner. Les toilettes public étaient à quelques mètres, à même pas dix mètres en fait. Seulement, la voiture n’était déjà plus très loin, nous n’y avons pas fait attention à ce moment là, elle ne paraissait pas plus dangereuse que les autres après tout. Avec Claire, on a à peine eu le temps de faire trois pas… le vacarme assourdissant que fit l’acier lorsqu’il percuta le premier obstacle nous fit retourner en sursaut. Celle-ci ne s’était pas seulement contentée de la barrière de sécurité, elle avait continué à accéléré. J’entendis alors une voix criant notre nom de terreur résonner et des mains nous pousser pour ne pas être percutée. C’est alors que le craquement des os et les cris de souffrance se firent entendent. Une vision d’horreur prit forme sous nos yeux déjà emplis de larmes : ce corps étalé sur le bitume, l’odeur du sang mélangée à celle du goudron et de l’acier, ce corps presque inanimé, baignant dans une marre de sang. Claire et moi étions tétanisée, sur nos visages se cofondaient une multitude de sentiments, les mains et les jambes tremblantes, le teint blafard, l’estomac noué, le cœur gelé.

On entendit quelqu’un appeler les secours.

Il bougeait encore, il nous appelait avec sa voix presque inaudible, ses lèvres remuaient, il nous parlait. Il tendit son bras vers nous. Claire tomba au sol en larme, elle pleurait, le voyant souffrir sans qu’elle puisse lui venir en aide. Je m’écroulai à mon tour à leurs cotés, Matt me tendit son bras ensanglanté que je pris délicatement dans mes mains comme Claire le faisait.

Toutes les larmes de mon corps ne suffisaient plus pour éprouver l’énorme chagrin qui me rongeait. On se pencha ensemble au niveau de ses lèvres fébriles pour entendre les paroles qu’il nous livrait peu à peu :
- « Ne m’abandonnez pas…      Je vous en pris…      J’ai mal, mal de vous voir pour la dernière fois, vous resterez avec moi où que je sois…      Désolé. »

Sa douleur se sentait. Sa respiration était faible et irrégulière, ses yeux nous cherchaient sous le sang dont ses yeux étaient inondés, sa main nous serrait de moins en moins fort… A chaque seconde, nous pleurions de plus belle, regardant les larmes de sang longer sa peau si froide à présent. Je me penchai alors au-dessus de lui pour lui dire :
- « Reste avec nous, on est rien sans toi, trois c’est trois, pas deux ! »
Mes larmes perlaient sur son visage. Claire lui passait la main dans la nuque et les cheveux.

Les secours arrivèrent alors.

Il prit nos deux mains pour y déposer un baiser sur chaque. Je le pris le plus délicatement possible dans mes bras, Claire vint me rejoindre instantanément. Il était si froid, nos tentatives désespérées pour tenter de le réchauffer n’étaient qu’échecs. Nos bras, nos mains, nos visages... pas une seule parcelle de notre corps échappait à ce sang mélancolique ruisselant.
Mon cœur me fit un mal de chien, je ne sentais ni son souffle éthéré, ni la force de sa main me serrer, ses yeux étaient fermés… mais je ne pouvais pas me faire à cette idée.
Tellement de souvenirs me vinrent à l’esprit…

Je ne me souviens plus comment on s’est connu, mais je me souviens de quelques petits bouts de vie que l’on à vécu. Je me souviens de la première année où l’on à fêtés Halloween, on est allés se terrer quelque part avec Claire et Mike, une sorte de cave creusée dans la pierre découverte au hasard au fin fond de cet épais brouillard. On y est restés pendant des heures, même si Claire était affolée dans le noir inquiétant de ce taudis. Visuellement, il était impossible de nous distinguer de ce noir épais. Je me souviens des fois où on allait jouer à la console, où l’on nous prenait pour des barges à crier comme des hystériques. Je me souviens de nos séances cinéma, l’une plus effrayante que l’autre. Je me souviens de l’endroit où l’on stagnait lorsqu’on sortait tous les trois, ce petit endroit peuplé de verdure au milieu duquel un petit rocher prenait place. Je me souviens des petits bancs qui bordaient cet espace où l’on pouvait passer tout la journée. Je me souviens de cette soirée où nous sommes allés au bal Claire, toi et moi, danser sur tous les rythmes possibles existants. Je me souviens même de nos ballades les plus banales, de celles que l’on faisait tous les jours : Claire venait te chercher, vous veniez me chercher, on allait en cours, on revenait le soir chez nous chacun notre tour après être passés à la superette. Je me souviens que tu adorais les cornichons. Je me souviens aussi que tu étais là à chaque fois que a n’allais pas, tu devinais ce dont à quoi je pensais, ce qui ne tournait pas rond, et pourquoi. J’ai l’impression de t’avoir perdu hier, tu étais comme une second conscience, on avait la même façon de penser, de réagir, de s’amuser. On était comme deux frangins auxquels il manque les liens du sang. Je me souviens de beaucoup de choses en fait. J’aime me rappeler ces moments dont ma mémoire prend un malin plaisir à ressasser. Ces souvenirs qui blaisent et réchauffent mon cœur, qui évoquent la peine et le bonheur des jours passés. Te souviens-tu de moi ? Je me demande chaque jour si tu m’as oubliée, si tu es bien là où tu es.
On t’en veut d’être parti comme ça, ce n’est pas toi, mais nous qui aurait dût passer sous la carcasse métallique de l’ivrogne. Pourquoi tu as fait ca ?
J’aurais voulue pouvoir prendre de ta douleur pour que tu souffre moins ce jour là.

La braise de la peine consume ma joie à chaque seconde qui passe. Et toi de ton côté, tu te souviens de tout ca ? J’ai l’impression de te parler encore plus maintenant que tu n’es plus là, de t’annoncer le regret que j’ai à ne jamais t’en avoir parlé… Je voudrais de nouveau pouvoir me confier à toi, te faire part de cette douleur insoutenable.
Claire de son côté, est dans le même état. On essaye de prendre soin l’une de l’autre en se laissant parfois abandonnée au jeu. Cette année là, on était dans la même classe tous les trois. A présent, entre Claire et moi, il y avait une place habitée par une vague de peine glaciale. Les professeurs ne prononcent plus ton nom, comme si tu étais rayé de la liste, mais non, tu es encore avec nous, tu nous l’as dit toi-même ! Ne nous abandonne pas.

Je t’en supplie, dis-moi comment stopper cette avalanche de douleur. Dis-moi comment assécher les pluies sur mon visage. Dis-moi comment faire pour ne plus avoir mal. Dis-moi que tu reviendras.

 
 
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