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au 31 Mai 21 :
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La lumière dans l'obscurité.
Par Yamaneko
Originales  -  Romance  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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Vendredi, 23 heures. Je m’apprête à rejoindre mon petit ami, Geoffrey, dans une boite qu’il affectionne particulièrement. Je n’aime pas beaucoup cela, je préfère me reposer dans des endroits calmes quand j’en ai l’occasion. Mais je travaille énormément, ce qui fait que nous nous voyons peu, alors je fais un effort.

Je suis médecin, pédiatre, pour être plus précis. C’est déjà un travail qui remplis bien mes journées mais malgré cela, je travaille également à l’orphelinat dont je suis voisin. Il ne me reste pas beaucoup de temps libre, ce qui exaspère mon amant. Je suis en congé demain matin, j’en profite donc pour lui faire plaisir.

Geoffrey a vingt-huit ans, j’en ai déjà quarante. Il sort régulièrement avec ses amis à qui il n’oublie jamais de préciser mon métier. Il me les présente. Ils me sourient, l’air mi-gêné mi-moqueur. Au début ça me flattait qu’il me présente en tant que médecin, je croyais qu’il était fier de moi. Mais je me suis vite rendu compte qu’il voulait dire que je faisais office de portefeuille. Les gens ont tendance à penser que tous les médecins roulent sur l’or, mais ce n’est vraiment pas le cas, surtout lorsque l’on essaye d’aider des enfants dans le besoin. Mais je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas pauvre non plus. Bien qu’il finira par me ruiner un jour, s’il continue à dépenser sans compter.

Je l’aime. Je crois qu’il m’aime aussi, même s’il sait parfois se montrer odieux. Je pense qu’il cherche juste à me faire payer mes absences. Il a perdu son boulot il y a un an, je n’ai jamais très bien compris ce qui s’était passé. Le sujet le met en colère, alors nous n’en parlons simplement pas. Il passe ses journées à s’amuser et ne cherche pas à retrouver un emploi, voilà encore un des sujets de nos régulières disputes.

Arrivé à destination, je le retrouve en pleine conversation avec le barman. Il rit, il charme. Il est beau, je l’aime. Il me voit, me sourit et m’apporte un verre. Il me demande si je danse, il sait bien que non. Il se dirige vers la piste et commence son rituel. Il se déhanche, passe ses mains sur son torse, son corps, il m’allume. Ainsi que son entourage, par la même occasion. Un gars se lance et vient coller son bassin au sien. Il ne me quitte pas des yeux et me sourit. La danse est de plus en plus provocante, ils se caressent. Il attend peut être que je réagisse. Mais il sait aussi que je ne le ferai pas. Enfin… une partie de moi réagit très bien… Je lui renvois son sourire. Il me fixe toujours. Je sais qu’il a de nombreux partenaires. Même s’il m’aime. Il est jeune et plein de vie, il écoute son corps et je le comprends.

Je fatigue assez vite et je lui fais savoir que je vais rentrer. Il veut rester et me demande de l’argent, pour terminer sa soirée. Je le lui donne, l’embrasse en lui demandant d’être prudent. Il rit comme à chaque fois, mais acquiesce pour me rassurer.

Il rentre très tard dans la nuit, qui tire déjà vers le matin. Il me rejoint sur le lit, je suis éveillé. Je l’envois prendre une douche, il sent le sexe à plein nez. Il râle pour la forme, mais s’exécute. Lorsqu’il me rejoint il se glisse sous les draps, trouve rapidement mon sexe et me prend en bouche. Il remonte, m’embrasse et en se retournant me demande de le « baiser ». On a rapidement terminé et il s’endort. Nous ne faisons pratiquement plus jamais l’amour, nous nous contentons d’évacuer la tension qui nous habite. Il aime le sexe plus que l’amour, ça se sent bien au langage qu’il emploie pendant l’acte. Ça me convient. De toute façon je suis toujours épuisé après mes journées et il le sait.

Je me réveille assez tôt, le regarde dormir un instant. Son masque d’arrogance laisse place à un visage d’enfant durant son sommeil. Le visage doux, en paix.

Je sais que je ne le verrai pas éveillé avant de partir travailler. Il ne se lève jamais avant midi, voire bien plus tard.

Je prépare ses repas, qu’il n’aura qu’à réchauffer. Ça m’évite déjà une scène. Il doit déjà manger seul, alors pas question qu’en plus il doive cuisiner. Il déteste ça.

Je pars travailler. Je me sens vide. Heureusement, j’adore mon travail. Je suis là pour soigner les enfants, mais en fait, sans le savoir ce sont eux qui me font du bien, une vraie thérapie. J’aurais aimé être père, voilà le seul regret qu’implique mon homosexualité. Mais à l’orphelinat, c’est un peu comme s’ils étaient tous mes enfants. Malgré leur présence, j’ai un manque terrible au fond du cœur. Ce vide au fond de moi tue toute envie de sourire.

Lorsque j’ai rencontré mon amant, j’ai ressenti comme une bouchée de fraîcheur. C’était un jeune homme rieur et dynamique. Il m’avait remarqué au croisement d’un couloir à l’hôpital, lors d’une de ses visites. Ensuite, s’en est suivi une drague intensive. Je trouvais son acharnement amusant et j’ai décidé de lui donner une chance. Je dois avouer qu’il me plaisait beaucoup aussi.

Le début de notre relation a été magique, mais ne le sont-ils pas toujours ? Ne s’imagine-t-on pas à chaque fois notre partenaire comme on aimerait qu’il soit, quand on ne se connaît pas encore vraiment ?

J’ai par la suite appris qu’il aimait se montrer aux bras d’hommes ayant une bonne situation. Il ressentait aussi le besoin que l’on s’occupe beaucoup de lui, un peu comme un enfant qui souhaite qu’on le gâte. Mais je n’avais pas le temps. Il l’a vite compris et notre couple a commencé à se dégrader.

Je suis autant responsable de ce que l’on vit actuellement que lui. Je pense que nous ne sommes simplement pas compatibles, mais nous restons ensemble par habitude et facilité. Et nous nous aimons malgré tout, ou j’essaie peut-être de m’en convaincre ?

Je sais que les choses ne seront plus jamais comme avant et je suis impuissant face à cela. Je repense souvent aux qualificatifs affectueux que j’associais à son nom, ils ne seront probablement jamais plus.

Geoffrey est de plus en plus froid et distant. Il rentre pour manger ou demander de l’argent. Sinon, il préfère définitivement la compagnie des autres. Il est désagréable et insultant. Je me fâche face à ses dépenses. Il devrait chercher du travail, je ne suis pas un distributeur. Toujours ces mêmes querelles qui n’en finissent pas. On gueule, on baise et on se calme. La routine se remet en place.

L’hiver est là et nos différents sont de plus en plus sérieux. Je sais que le comportement détestable qu’il a à mon égard n’est pas étranger au froid qui m’habite. Froid qui n’est en rien dû à la saison. Le3ciel bleu est devenu gris et la tempête menace tous les jours.

Je finis par rompre. Je l’aime, mais on se tue à petit feu. Il devra se débrouiller financièrement. Je lui laisse un peu d’argent pour qu’il puisse repartir de zéro. Ce sera difficile pour tous les deux, d’une façon bien différente.

Je ne me suis pas remis de cette rupture, qui s’est éternisée. Dix mois plus tôt, elle m’a laissé déboussolé et meurtri. Je ne l’ai pas revu. Nous ne fréquentons pas les mêmes endroits et je n’ai pas répondu à ses appels, qui ont maintenant cessés. Je me concentre sur mon travail, ce que je fais de mieux.

La directrice de l’orphelinat a engagé deux jeunes gens dernièrement. Des jumeaux, une fille et un garçon. La première fois que je les ai vus, j’ai eu le souffle coupé. De Lucie, se dégageait force et caractère et de Tristan, pureté et fragilité. J’ai directement été hypnotisé par sa beauté. Les enfants les ont tout de suite adorés. Ceux-ci sont toujours très câlins avec le jeune homme. Par contre, ils adorent tourner la soeur de ce dernier en bourrique. Je prends toujours beaucoup de plaisir à les observer.

Les semaines s’écoulent, je le cherche constamment du regard. J’aime voir cet ange illuminer son entourage de son magnifique sourire. Mon cœur se gonfle de bonheur et m’arrache un soupir. Oui, un seul de ses sourires balaie mes souvenirs douloureux et me donne envie de repartir, de revivre pleinement.

Nous sympathisons, passons de plus en plus de temps ensemble, lorsque les enfants dorment ou à la fin de la journée. Nous parlons beaucoup. Une véritable amitié est née entre nous même s’il a fallu du temps pour qu’il accepte de s’ouvrir totalement à moi.

En effet, lors de son arrivée, il avait l’air tellement malheureux que j’avais fini par lui en demander la raison. Il avait eu un geste de surprise, ne s’attendant visiblement pas à la question. Et il m’avait simplement sourit tristement. Je m’étais alors excusé pour mon indiscrétion en lui disant que lorsqu’il se sentirait prêt et s’il le souhaitait, je serais là pour l’écouter. Il avait apprécié que je n’insiste pas. Et il fallu que la confiance s’installe entre nous pendant quelques temps, avant qu’il ne se décide à me parler du rejet de ses parents face à son homosexualité. Car c’était de cela qu’il s’agissait et il l’avait vraiment très mal vécu. Il m’avait aussi avoué son amour à sens unique pour son meilleur ami, à cette même époque. Après ces révélations, je lui avait dit que les enfants étaient un bon remède contre la tristesse, il était d’accord avec moi. Il m’avait alors parlé de l’amour qu’il éprouvait pour eux et de son désir de travailler à leur côté pour le restant de ses jours.

Je suis devenu son confident. Il dit se sentir bien en ma compagnie, ça me touche beaucoup et c’est réciproque. Je me décide à lui parler de Geoffrey, de la vie avec lui ainsi que de la douloureuse rupture. Le vide que je ressens en moi, mais aussi la joie que m’apportent les enfants. Il m’écoute, l’air surpris. Je n’avais en effet jamais laissé entendre que j’étais gay également. Après la surprise vient la peine et la compassion dans son regard. Adorable enfant. Lumière dans l’obscurité. Fils que je n’ai jamais eu.

Une joie toute nouvelle a commencé à l’habiter depuis quelques temps. J’ai appris qu’un certain Ethan en était la cause. Ce garçon le rend visiblement très heureux, j’en suis ravi. Il n’en est que plus beau encore. Chaque soir, son petit ami vient le rechercher en moto. Il me le présente un jour, le motard se montre méfiant, il ne m’apprécie pas beaucoup. Je décèle automatiquement l’ombrage, savoir Tristan à mes côtés sur son lieu de travail ne lui plait pas. Mon collègue lui a parlé de notre amitié et la jalousie fait son œuvre. Il est vrai qu’avec un tel petit ami, on a peur de le perdre. Qui plus est, il me prend peut-être pour un pervers… Allez savoir.

Je ne l’ai pourtant jamais vu de la sorte. Il me plait bien sûr, mais il est tellement jeune. Et puis, je tiens beaucoup à notre relation actuelle. C’est juste ma libido qui me travaille de temps en temps.

Je passe moins de temps avec lui, il est embarrassé mais ne veut pas perdre Ethan. Je comprends. Je suis là en cas de besoin, et je sais que lui aussi.

Lorsque leurs disputes commencent, Tristan a tellement de peine qu’il ne peut faire autrement que venir m’en parler. Il se sent mieux en me quittant, me remercie.

Ethan a l’air d’un garçon bien. Un peu caractériel, mais il est très protecteur envers son petit ami et je crois que c’est ce dont il a besoin. La situation se dégrade pourtant, et Tristan arrive un jour en pleurs dans mon bureau. Il vient se blottir dans mes bras. Je suis surpris, jamais nous n’avons eu de contact physique même si j’ai souvent éprouvé l’envie de l’étreindre, comme je le fais à l’instant. Je le console de mon mieux. Je ne dis rien, j’attends qu’il soit prêt. Il se décide à parler, mais ne quitte pas mes bras. Le motard a eu un accident. Plus de peur que de mal, mais ils ont rompu. Son ami le quitte pour un autre, son ex. Il avait réclamé cet autre garçon lorsqu’il était inconscient. Joie éprouvée de le savoir sauf, discussion sérieuse qui s’en est suivie et rupture inévitable. Tristan souffre. J’aimerais tant prendre sa peine.

Il pleure beaucoup, la mélancolie fait à nouveau partie de lui. Comment peut-on le quitter pour un autre…

Le temps passe. Il ne parle plus beaucoup. Il continue à me sourire mais nous passons beaucoup moins de temps ensemble. Il a besoin d’être seul. Il se reconstruit tout doucement dans son coin. Je sais ses amis et sa sœur présents pour lui, ça me rassure.

Un soir, je rentre tard et me rends compte que je n’ai plus rien dans le frigo. A cette heure, je n’ai pas le choix, je prends la voiture pour la petite épicerie en face de la gare qui reste ouverte toute la nuit.

En rentrant, j’aperçois un jeune homme étendu sur le sol, dans la rue voisine à la mienne. Je me gare, sors, et deux autres personnes que je n’avais pas vues me tombent dessus. Je me suis laissé avoir comme un imbécile. Ils me battent, veulent mes clés de voiture. Je refuse de les donner. Une pluie de coups s’abat à nouveau sur moi. Ils m’abandonnent au sol, me jettent mon sac de course et mon pardessus qui était resté dans la voiture. Rires, crissement de pneus et je les perds de vue. J’ai mal, ma vue se brouille mais je me traîne jusque chez moi. Je m’assieds sur le pas de la porte pour me reposer. Heureusement, j’ai un double des clés. Je vois Tristan accourir. Il sort bien tard ce soir, il fait déjà nuit. Il m’explique qu’une petite fille refusait de s’endormir sans lui, alors il est resté un peu.

Il me regarde, me demande ce qui s’est passé. Je lui explique dans les grandes lignes pendant qu’il m’aide à rentrer chez moi. Il se fâche face à mon refus d’abandonner mes clés, une voiture se remplace me dit-il. Je plaisante en lui disant qu’un médecin aussi. Il me gifle. Je ne l’ai jamais vu en colère, je suis surpris et je ne comprends pas. Il tremble, regarde le sol mais des larmes coulent le long de ses joues. Il a vraiment eu peur pour moi. Je compte donc à ce point pour lui ? Ça me touche, je m’excuse pour ma plaisanterie de mauvais goût. Il faut un certain temps pour qu’il se calme.

Je le laisse seul un instant, le temps d’appeler la police. C’est un de mes amis, Joshua, qui prend l’appel. Il se fait tard, on fera un constat le lendemain.

Je rejoins Tristan. Il s’excuse pour la gifle et me demande où se trouve la salle de bain, pour me soigner. Il me suit, je veux me soigner seul mais il tient à le faire, je n’insiste pas. Aucun mot n’est échangé. Je le regarde, savoure sa douceur sur ma peau meurtrie.

Le regard de Tristan change. Il s’approche, embrasse mes blessures, je reste figé sous la surprise. Il se penche à mon oreille « Pierre… » dit-il dans un soupir. Mon prénom soufflé de cette manière me fait l’effet d’un électrochoc. Il me murmure que je suis irremplaçable à ses yeux. Je crois rêver. Je me dis que c’est peut être ça en fait, le coup sur ma tête a dû être plus important que je le pensais. Je ne réagis toujours pas. Il s’écarte, me demande s’il ne me plait pas. Je n’en reviens pas. Je dois avoir l’air terriblement bête en ce moment. Je le vois devenir de plus en plus embarrassé par son audace et mon manque de réaction. Je le rassure. Bien sûr qu’il me plait. Il me dit qu’il est amoureux de moi, mais qu’il ne s’en était pas aperçu tout de suite. C’est trop beau, je n’y crois pas. Il n’oserait pas plaisanter sur un sujet pareil ? Je lui demande. Il me confirme que non, qu’il est on ne peut plus sincère. Mes organes internes dansent la samba. Une telle déclaration en plus de la raclée que je viens de prendre, je vais défaillir. Il m’embrasse, histoire de me prouver ses dires. Une fraction de seconde ma raison me dit que je pourrais être son père, mon cœur et mon désir pour lui me répondent que je ne le suis pas. Et je lui rends son baiser. Ensuite, je lui prends la main pour l’emmener vers le salon.

Nous discutons un peu de ce que nous ressentons l’un pour l’autre, et je lui propose de le raccompagner chez lui. Je suis bien placé pour savoir qu’à cette heure les rues ne sont pas sûres. Il est surpris, il croit que je le chasse. Je lui dis que non, mais qu’il se fait tard et qu’il ne faut pas précipiter les choses. Il me sourit. Il apprécie que je ne lui saute pas dessus. Je lui souris à mon tour. Cette fois j’écoute ma raison, parce qu’une autre partie de moi lui ferait bien l’amour toute la nuit.

Il refuse que je le raccompagne à cause de mon état. Me promet qu’il sera prudent et qu’il m’appellera pour me prévenir qu’il est bien rentré. Il m’offre un dernier baiser et me souhaite une bonne nuit.

Je suis groggy, mais heureux. Je pars me coucher. Toutes ces blessures me font souffrir, mais sans elles, rien de tout cela ne serait peut-être arrivé. J’ose espérer que notre passion commune pourra gommer la différence d’âge. Je m’endors sur cette dernière pensée.

A mon réveil, le soleil inonde déjà toute la chambre. J’ai l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur. J’ai mal partout et me remémore la veille. Je m’assieds difficilement sur le bord du lit en regardant autour de moi et me dis que malgré ça, tout me semble plus beau. Je souris. Une nouvelle chance s’offre à moi et je compte bien ne pas la gâcher.

Fin

 
     
     
 
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