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au 31 Mai 21 :
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Raie-Bus
Par Dragoun Lou
Originales  -  Romance/Bisounours  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     2 Reviews    
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Le JT en sourdine, deux hommes discutaient tranquillement autour de leur dîner. Bien qu’ils travaillent ensemble, ils aimaient le soir venu partager leurs impressions sur leur journée à la boutique. Jouissant d’une excellente réputation, leur petite entreprise de brocante marchait de mieux en mieux.

David avait l’art de dénicher les bonnes affaires et la tchatche pour marchander au meilleur prix. Bricoleur chevronné, il donnait une seconde vie aux objets abimés leur rendant lustre et potentiel. Il partait le lendemain écumer les vide-greniers de la région afin de renouveler leur stock. Son sac bouclé attendait à l'entrée.

Romain, son compagnon, s’occupait de les vendre en plus de la paperasse.

« Tu m’écoutes pas, râla faussement David.
— Désolé, je réfléchissais.
— J’avais remarqué, figure-toi ! Qu’est-ce qui te tracasse ? lui demanda-t-il, un petit sourire en coin tout sauf innocent. »

Ils ne craignaient pas la séparation prochaine. Ils en avaient l’habitude. S’ils adoraient passés leur temps côte à côte, ces courtes périodes loin l’un de l’autre participaient à la sérénité de leur couple comme une bouffée d’oxygène salvatrice. Romain observait son amant suspicieusement quand il eut le déclic, celui-ci tramait quelque chose.

« Je m’en doutais, déclara-t-il. Qu’est-ce que tu me caches ?
— Moi ! Mais rien, je t’assure. »

David affichait sa tête de winner. Qu’avait-il donc encore manigancé ? Vu son air plus que content de lui-même, ce qu’il mijotait, s’annonçait grandiose.

Bizarrement, cela ne rassurait pas Romain. Son mec avait toujours eu des idées pour le moins originales. Depuis leurs dernières vacances, il s’en méfiait encore plus. David lui avait promis une croisière. Il s’était attendu à faire le tour d’îles paradisiaques rêvant de plages immenses et de baignades coquines. Grave erreur. Sa quinzaine à lézarder au soleil s’était transformée en trois semaines à griller, oui, mais sous la morsure du froid. Jouer les touristes en Moon Boots, anorak et moufles dans le cercle polaire, franchement il l’avait péché où cette trouvaille ? Ce con - parce que dans ces cas là, c’était un con - lui avait avoué, la bouche en cœur qu’il préférait voir évoluer de vraies baleines plutôt que de subir des cachalots échoués par dizaines sur des bans de sable surpeuplés. Sur le coup, Romain avait eu envie de lui faire bouffer ses foutus billets. Et puis… il avait fini par céder. Ce n’était pas comme s’il pouvait lui refuser quoique ce soit de toute façon.

Leur remake du « Grand bleu » version fjords, icebergs et cétacés s’était au final très bien déroulé, mis à part que leurs bouche à bouche d’habitude si sensuels avaient quelque peu perdus en intensité et en fréquence du fait de lèvres gercées. Il n’y avait pas pire « tue-l’amour » que de voir David se les tartiner de Labello. Pour ne rien arranger, ce truc avait un goût dégueulasse.

Romain se secoua, ce n’était pas le moment pour la minute de nostalgie.

« J’ai horreur que tu fasses ça, David. Tu le sais.
— Oh, ça oui ! Et il rigola. Une fois calmé, il ajouta perfide, ne t’inquiète pas. Tu vas aimer, je te le promets. Je ne saboterais pas notre anniversaire. »

Romain soupira exagérément.

« T’as intérêt, conclut-il pour la forme. »

Il le connaissait, ça ne servirait à rien qu’il insiste. La réciproque était tout aussi vraie, David titillait merveilleusement bien sa curiosité. Il crevait d’envie de l’avoir sa surprise même s’il la craignait ou justement à cause de ça. Le mois prochain, ils fêteraient leurs dix ans de couple. Déjà dix ans.

Ils poursuivirent leur conversation empreinte de taquineries et de légèreté, heureux de leur sort en êtres accomplis et amoureux.

Le bulletin météo prévoyait un temps radieux pour les jours à venir, idéal pour prendre la route. Ils éteignirent la télévision et gagnèrent leur chambre. Le câlin du départ était sacré.

***

5 H 00, le réveil claironna arrachant au sommeil le couple enlacé. David se leva sitôt la sonnerie coupée pour se rendre directement à la salle de bain. Pas aussi alerte que son chéri au saut du lit, Romain papillonna des yeux. Quand il parvint à les garder bien ouverts, il se redressa. Le bruit de la douche s’arrêta, le poussant à s’extraire de la tiédeur de sa couette. Il enfila un boxeur et s’emmitoufla dans sa robe de chambre. Rendu à la cuisine, il prépara le café.

David, frais et habillé, le rejoignit quelques minutes après. Il but la tasse servie à son intention, grignotant, entre deux gorgées, un petit bout de brioche, sans appétit. Son estomac était plus long à se mettre en marche que le reste de sa personne. Aucune parole. Dans une coordination parfaite, ressentir la présence de l’autre leur suffisait.

Sur le pas de la porte, Romain assista au chargement de l’utilitaire. Le sac de voyage et l’ordinateur portable à l’abri dans sa house semblaient perdus dans le vide du grand coffre.

David les arrima à l’une des parois afin d’éviter qu’ils ne valdinguent sous les chaos de la circulation. L’opération achevée, il revint pour embrasser son homme, ultime échange avant la séparation. Même s’ils étaient coutumiers de ces aurevoirs temporaires, il y avait des fois plus dures que d’autres, comme ce jour là. Etait-ce à cause de la fameuse surprise ? De l’approche de leur anniversaire ? Probablement un peu des deux.

« Fais attention, lui dit Romain accroché à son cou. »

Outre les dangers de la route, sourdait en lui la peur que David ne se fasse attaquer. Dans la brocante, le cash était de rigueur, aussi partait-il avec une importante somme en liquide. Sans être bagarreur, il n’était pas du genre à se laisser marcher dessus. S’il y était contraint, il se défendrait quitte à risquer sa vie.

« Comme toujours, entendit-il murmurer à son oreille. »

A ces mots, Romain refoula son scénario catastrophe dans les tréfonds de son alarmante imagination. Il préféra profiter un dernier instant de la réconfortante chaleur du corps pressé contre le sien. Ils finirent par se détacher, l’heure du départ sonnait.

« A dans quinze jours mon mignon, lâcha David en montant dans le véhicule. »

Ledit mignon sourit à cette promesse. Il ne se décida à rentrer que quand il ne perçut plus le ronronnement du moteur déjà loin. Un rituel auquel il ne dérogeait jamais. Il ne se l’expliquait pas lui-même mais il savait que s’il ne le faisait pas, il ne se sentirait pas tranquille jusqu’à ce qu’il revienne.

Malgré l’heure matinale, il ne se recoucha pas. Il s’attela à finir de débarrasser la table laissée en plan la veille, trop pressés qu’ils étaient de s’aimer.

Un coup de fil de David en milieu de matinée lui apprit qu’il était arrivé à destination sans encombre. Rassuré, le travail le rattrapa, mobilisant son énergie et sa concentration.

Quand il revint chez eux en fin d’après-midi, Romain récupéra le courrier. Désormais seul, il combla le silence en allumant la radio tout en passant en revue ce que le facteur avait distribué. Entre deux factures, une enveloppe attira son attention. Cramoisie et rectangulaire, elle ordonnait de par sa singularité, de l’ouvrir pour en lire son contenu toutes affaires cessantes.

Reconnaissant l’écriture de l’adresse, son cœur s’accéléra. Il préféra s’assoir. Les mains tremblantes d’émotion, il décacheta la lettre, dépliant soigneusement la missive. Une succession de petits dessins couvrait la page. Romain comprit. C’était du David tout craché : lui envoyer un rébus géant (1), se débrouillant pour qu’il le reçoive pile le premier jour de son absence.

Une vague de souvenir l’envahit. Aussi farfelus que cela puisse paraître, David et lui s’étaient apprivoisés autour d’énigmes, de charades et de rébus. L’amitié avaient fait place à l’amour comme une évidence à mesure qu’ils grandissaient. Jamais personne ne s’étaient immiscés entre eux, chacun étant le premier et l’unique de l’autre.

Tout ce mystère avec ces pictogrammes, le soin que son amant avait mis pour les dessiner, lui prouvaient que le cap des dix ans ne serait pas une épreuve dans leur vie de couple. A l’aube de ce bilan, Romain savourait sa chance. A 26 ans, il était un homme comblé.

Fort de cette certitude, il releva le défi avec enthousiasme. S’il voulait son cadeau, il devrait se creuser les méninges pour l’avoir. Il n’en aura que plus de valeur.

****

David remplissait son utilitaire d’un impressionnant bric-à-brac. Content de ses emplettes, il photographiait chaque pièce et s’empressait, pendant que c’était encore frais dans sa mémoire, de taper sur son ordinateur les anecdotes les concernant. Il envoyait ces informations à Romain qui les mettait au propre sous forme de fiches pense-bête.

Dénués d’âmes, les objets n’en avaient pas moins un passé. Leur clientèle cherchait à acquérir ce vécu. L’authenticité des arguments à l’appui de celle de l’article assurait le succès de la vente et la renommée de leur boutique.

Plusieurs fois, David avait eu son homme au téléphone. Pour le travail, ils discutaient de certaines de ses trouvailles qu’il hésitait à acquérir car trop onéreuses ou tout simplement trop à son goût. Sa passion prenait par moment le dessus sur sa raison, Romain l’aidait à garder pied dans la réalité du marché.

Une chose l’ennuyait, jamais sa lettre n’avait été évoquée.

Son amant s’amusait-il à ses dépends ? Misère ! Et s’il ne l’avait pas reçu ? Tant de conjectures et si peu d’indices… Il se sentait comme l’arroseur arrosé en lançant un jeu dont il ne lui appartenait pas d’en fixer les règles. Contrairement aux apparences, ce n’était pas lui le plus joueur des deux. L’énigme planait désormais sur lui aussi, d’autant plus qu’il avait pris un risque. Respectant ce silence, son excitation croissait à mesure que l’attente touchait à son terme, pareil à un gosse intenable au soir du 24 décembre. Demain, il rentrait, espérant fêter Noël avant l’heure.

De son côté, Romain, n’avait pas vu filer ces quinze jours. A croire que le monde entier ou presque s’était donné le mot pour le déranger toutes les cinq minutes. Dés qu’il avait un instant à lui, il tentait de déchiffrer son rébus.

Il avait un peu perdu l’habitude, mais il en voyait le bout. Icône après icône, il décryptait les syllabes, les syllabes devenant des mots, et les mots formant des phrases.

« Tue-c-du-plus-l’-ouin-queue-jeux-meuh-sous-vie-N-deux-puits-le-bas-kaa-sable-allah-craie-…-…-banc
deux-la-fa-k’,-tue-at/arobase, jour-été-la, ame-haie-co-thé.Notre-œuf-petit-tente-r’-œufs-prix-z—deux-broc-caen-t’-eau-…-œufs-bille-
un-haie-notre-œuf-cou-p’-le-s-eau-lit-d’….-toux-haie-poux-r’-mouche-jeux-an-plus. Plus-deux-toit-an- cor-haie-toux-jour. Jeux-cœur-mouche-jeux. Jeux-t’-œuf-lait-dix-an-faon,-a-do-laisse-an-M-un-t’œuf-n’an-a-du-l’-t-œuf. Jeux-cœur. Poux-r-nos-dix-zan-deux-cou-p’-le, soie-mi-un-eau-…-œuf-du-mon-d’-vœux-tue-t-œuf-pas-X-haie-ave-k’-mois »

Enfin… il lui restait encore quelques blancs et beaucoup d’œufs. Heureusement, qu’il les avait reconnus sinon, il aurait été mal barré pour comprendre l’ensemble.

En lisant à haute voix, il avait déduit ce qui lui manquait, la mouche devenant le taon, le cœur un : je t’aime. L’accélération de sa respiration, un coup de transpiration et l’œil humide, il réalisa ce qu’il tenait entre ses mains.

« Tu sais, du plus loin que je me souvienne, depuis le bac à sable à la crèche jusqu’aux bancs de la fac, tu as toujours été là, à mes côtés. Notre petite entreprise de brocante marche bien et notre couple est solide. J’ai tout et pourtant je veux plus. Plus de toi, encore et toujours.
Je t’aime tant, je te l’ai dit enfant, adolescent et maintenant adulte.
Je t’aime.
Pour nos dix ans de couple, sois mien aux yeux du monde, veux-tu te pacser avec moi. »

David le demandait…en mariage. Il n’en revenait pas, il était même à mille lieues de penser à ça en commençant sa traduction. Il connaissait pertinemment son aversion pour cette mascarade. L’exemple désastreux de ses parents en était la principale cause. Eux qui s’étaient promis de s’aimer à la vie à la mort, en furent réduit à se disputer jusqu’aux petites cuillères lors du divorce. Cet idiot n’ignorait pas cette blessure. Combien de fois l’avait-il ramassé à la petite cuillère justement pendant cette terrible épreuve ? Alors pourquoi maintenant ?

Il ruminait cette question depuis des jours sans parvenir à comprendre ni à se décider. Un vrombissement dans l’allée l’avertit que David arrivait. Il était nerveux.

« Je suis rentré. »

Le voyageur se rendit au salon. Romain le fixait sans bouger. Cette réaction lui prouva que le message qu’il avait laissé, était bien passé. Avait-il fait une erreur ?

« Pourquoi ? »

Romain ne pouvait rien articuler d’autre, résistant avec peine à l’envie qui le tenaillait de se jeter dans ses bras pour s’enivrer de lui.

« Parce que je t’aime. Parce qu’avec cette bague que je rêve de te passer au doigt, je veux que les autres comprennent que tu es à moi, et rien qu’à moi. Parce qu’on fera en sorte que ça marche et qu’on ne finira pas comme tes vieux. Je ne leur pardonnerai jamais le mal qu’ils t’ont fait. »

Le silence suivit cette déclaration. David s’avança et s’agenouilla devant son chéri.

« Si tu ne veux pas, je comprendrai. J’attendrai que tu sois prêt. »

Romain étudia toutes les émotions qui transparaissaient sur le visage de son amoureux et ses paroles trouvaient écho en lui. Tant de possessivité, dieu que ça lui plaisait. Et cette porte de sortie qu’il lui offrait pour le ménager. Il ne croyait pas au mariage ni aujourd’hui ni demain mais il avait foi en lui, en eux. Il sut alors ce qu’il devait faire.

« D’accord.
— D’accord, quoi ? »

Le sourire tendre de Romain lui parla davantage que ce laconique « d’accord ». Il acceptait de s’unir à lui. Fou de joie, il ravit ses lèvres puis son corps, célébrant ensemble ce futur scellé pour deux.

FIN

Dragoun Lou

Pour celles et ceux qui veulent voir le rébus, suivez le lien
http://universdragoun.over-blog.com/pages/rebus--3697066.html

 
     
     
 
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