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Chroniques d'une vie ratée, ou Toutes ces lettres que je ne t'ai pas envoyées
Par Spinosa
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
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    Chapitre 1     2 Reviews    
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Le Testament, ou La première balise du chemin à suivre

Assis au fin fond d’un confortable fauteuil, Harry lisait un ancien grimoire. Il était enfin seul, il avait enfin pu se couper du monde. En effet, depuis de début des célébrations des soixante ans de la fin de la guerre, il n’avait pas eu une minute à lui. Tout le monde voulait le Héros, le Sauveur de monde sorcier, à sa table ; et encore le remercier, le féliciter, l’admirer, le congratuler ; et encore le questionner, lui demander de raconter, de s’exprimer ; et encore, encore… La communauté sorcière s’était soudainement rendu compte que Harry Potter était mortel, et qu’il avait atteint l’âge avancé de soixante-dix-sept ans. Partant, il fallait profiter de lui au maximum, tant que cela était encore possible. Quant à se demander si ces obligations mondaines n’allaient pas fatiguer le vieillard, nul ne l’a fait : il avait après tout tué un mage noir, quelques sorties en société n’allaient pas le détruire !

Ainsi avaient commencé trois intenses mois de commémorations, de célébrations, de distributions de récompenses ; de "souvenirs de ces martyrs que se sont battus pour notre avenir" ; de "minutes de silence en la mémoire des souffrances qui ont empoisonné nos enfances"… Tous ceux qui n’étaient pas nés à cette époque, et tous ceux qui ne s’étaient pas battus, voulaient admirer ceux qui avaient lutté à leur place. Tous étaient avides d’informations, de récits sur l’Horreur, sur la Mort et sur la peur. Qu’est-ce que les Mangemorts vous ont fait quand ils vous ont eus ? Quels outils ils utilisaient pour vous torturer ? Quels sortilèges faisaient le plus mal ? Et à quoi ressemblait Voldemort ? La facilité avec laquelle ce nom était de nos jours prononcé révélait bien la mentalité de la nouvelle génération, qui n’avait aucune idée de la terreur qu’il inspirait autrefois.

La guerre était pour eux un évènement du passé, que l’on racontait dans les livres et dont on écoutait à peine parler les professeurs. Elle devenait même parfois un sujet de plaisanteries dans les couloirs de Poudlard, où il n’était pas rare d’entendre des Serpentards se faire traiter de « Mangemorts » ou de « futures faces de serpent » par des Gryffondors belliqueux. La maison Serpentard ne comptait d’ailleurs plus qu’une cinquantaine de membres, tellement tous refusaient d’y mettre les pieds ; et ses élèves, autrefois respectés, éprouvaient dorénavant les pires difficultés à s’intégrer dans la société.

C’est dans ce contexte qu’Harry avait accepté, pas tout à fait de son plein gré, de faire un discours le soir de l’anniversaire de la mort de Lord Voldemort. Il avait exprimé un souhait de tolérance envers tous et toutes ; il avait demandé aux jeunes de tirer des leçons des erreurs des anciens afin de ne plus jamais les reproduire ; il avait enfin proposé la création d’un office contre la discrimination. Mais la voix du vieillard n’avait plus l’assurance d’autrefois, et son message s’est perdu dans l’indifférence ambiante. On n’était pas venu pour écouter radoter un vieil homme, mais pour admirer le Héros magnifique dont parlent tous les livres. Son discours, d’ailleurs, avait été pensé par les pontes du ministère comme une mise en valeur du Sauveur ; peu importe ce qu’il disait tant qu’il était présent et bien visible aux côtés du Ministre. Assimilé à une bête de foire, les gens ne venaient plus que pour l’observer sous toutes ses coutures.

Harry lisait donc, et savourait sa paix enfin retrouvée. Ces moments paisibles qu’il passait dans sa grande bibliothèque lui avaient manqué, et se plonger de tout cœur dans un ancien manuscrit était le meilleur moyen qu’il connaissait pour oublier sa fatigue extrême.

Mais même les Héros n’échappent pas aux inconvénients de la vie moderne, et Harry ne fut pas épargné par la sonnerie stridente du téléphone. Il tenta d’abord de faire le sourd, mais malgré son âge, son acuité auditive n’avait pas baissé. Avec un soupir, il se leva et alla décrocher.

" Mr Potter ? Ici Allan Rose, avocat-conseil de Londres.

- Que puis-je pour vous ?

- Je vous appelle car je suis l’exécuteur testamentaire de Draco Malfoy, et il se trouve qu’il vous a légué…

- Attendez, Monsieur Rose. Vous voulez dire que Draco Malfoy est… Mort ?

- Depuis deux semaines Monsieur. Vous n’étiez pas au courant ? "

Une sensation de froid s’installa doucement dans le ventre de Harry, tandis qu’une foule de pensées contradictoires faisaient résonner son cerveau. Malfoy, mort. Ces deux mots, s’ils commencent par la même lettre, lui avaient pourtant toujours semblé être de parfaits antagonistes.

" De quoi…

- Une longue maladie qui a fini par l’emporter, Monsieur Potter. Il semblerait que depuis une vingtaine d’années, Monsieur Malfoy souffrait d’une forme unique à ce jour de pyropathie."

Et l’avocat se lança dans une longue tirade, explicitant toutes les clauses du complexe testament de Feu Draco Malfoy, tirade dont Harry n’entendit pas un mot. Il avait la gorge nouée et les joues en feu. Sa tête sonnait comme un carillon fou, ses oreilles sifflaient, ses yeux voyaient flou, sa main tremblait. Il finit par comprendre qu’il devait, le lendemain, se rendre au cabinet de Maître Rose, et il raccrocha au nez de cet oiseau de malheur. Une douleur féroce se répandait dans sa poitrine. Son cœur semblait vouloir sortir de sa cage thoracique. 

Avec un gémissement, il se laissa glisser au sol et se roula en boule.

 

***

 

 Allan Rose avait l’estomac noué et les mains moites. L’excitation le rendait fébrile, il brassait compulsivement ses papiers, vérifiait pour la septième fois que tout était en règle, alignait ses stylos dans un ordre parfait sur son bureau. L’angoisse provoquait chez lui une légère nausée, mais elle était compensée par l’euphorie que lui procuraient les deux pilules vertes qu’il avait avalées une poigné de minutes auparavant. Il ne se droguait normalement jamais durant ses heures de travail, mais un remontant ne pouvait pas faire de mal alors qu’il allait conclure l’affaire la plus juteuse de sa carrière. D’ici quelques instants, allaient passer la porte de son cabinet plusieurs membres des familles des plus dangereux criminels de la guerre, criminels dont certains avaient échappé à la justice, et étaient peut-être encore en liberté, quelque part… Allait aussi pénétrer dans ce bureau exigu le Sauveur légendaire du monde sorcier,  Harry Potter. Et tout ce beau monde pour se disputer autour du testament du fils du bras droit de Voldemort ! L’avocat en frémissait d’anticipation. Aujourd’hui allaient être ouverts les scellés qui protégeaient l’héritage, et Allan Rose serait là pour voir les objets de magie noire qu’il contenait à coup sûr. Ce serait ensuite aux héritiers d’acheter son silence, et il n’était pas donné…

Un sourire cruel se dessinait sur son visage, quand la coche de l’entrée sonna. Il plaqua sur sa face l’air affecté de circonstance – après tout quelqu’un était mort, même s’il s’agissait d’une pourriture qu’aucune mère n’aurait jamais dû enfanter – et alla ouvrir.

Une petite femme aux cheveux gris et aux yeux noirs et furieux entra d’un pas décidé, suivie d’un grand homme, blond et pâle, aux yeux gris, qui devait approcher la cinquantaine. Les deux le toisèrent de haut en bas alors qu’il s’inclinait.

"Monsieur Malfoy, Madame Parkinson… Dit-il d’un ton affable. C’est un honneur de…"

Pansy Parkinson le fit taire d’un geste, puis alla se caler dans un fauteuil. L’homme blond resta debout, regardant d’un air de suprême mépris l’avocat qui ne savait plus où se mettre. Celui-ci fut d’ailleurs extrêmement soulagé quand résonna pour la seconde fois le carillon, ce qui lui permit d’échapper à ces yeux scrutateurs.

Ce fut cette fois un vieillard boiteux qui entra, et Allan Rose fut sur le point de le ficher dehors, quand il reconnut la voix qui lui dit bonjour. Un air d’incrédulité se peignit sur son visage lorsqu’il fit le rapprochement avec la voix qu’il avait entendue la veille au téléphone.

"Potter, dit Pansy Parkinson, un sourire dans la voix. Tu as bien changé depuis la dernière fois que nos routes se sont croisées. 

- C’était il y a soixante ans, Pansy, sur un champ de bataille. Je suis un peu plus propre aujourd’hui, c’est tout !"

Les deux vieillards rirent, et leurs visages disparurent presque entièrement sous leurs rides.

Puis Harry porta son regard sur l’homme en noir qui n’avait pas pour l’instant prononcé un mot, et son souffle se bloqua dans sa gorge. Ces pupilles grises, ces pommettes hautes, ce nez pointu, ce teint pâle, ces cheveux si fins… Tout, jusqu’à son expression distante, semblait sorti d’un souvenir presque effacé…

"Il lui ressemble, hein ?"

Le vieil homme sursauta. Pansy s’était approché de lui sans qu’il ne s’en aperçoive. Elle lui souffla à l’oreille :

"C’est son fils, Skorpius. L’une des deux seules choses qu’il ait jamais aimées dans sa vie."

Harry ne demanda pas quelle était la seconde.

Il tendit une main noueuse au fils unique de Draco Malfoy, et dit d’une voix douce :

"Enchanté. Je suis Harry Potter."

Skorpius saisit sa main, et ce contact électrisa le vieillard. Les yeux gris fouillèrent les yeux verts, mais la bouche de l’homme restait close.

"Skorpius ne parle pas, déclara Pansy. Il n’a jamais parlé."

Cette information mit le Survivant mal à l’aise. Il aurait aimé savoir si la voix de l’homme était la même que celle  qu’il n’avait plus entendu depuis bien trop longtemps – qu’il n’entendrait plus jamais.

Allan Rose, sentant la situation lui échapper, décida d’intervenir. Il s’éclaircit bruyamment la gorge, et dit d’un ton qu’il voulut professionnel :

"Très bien, les présentations sont faites… Sommes-nous au complet ?"

Il farfouilla un instant dans ses papiers.

"Euh, il semblerait qu’il manque une personne… Où est Monsieur Zabini ?

- Blaise est mort hier, répondit abruptement la vieille femme.

- Il est… Mort ? M-mais… De quoi… Comment ? Bafouilla Rose, décontenancé.

- Meurtre, répondit Pansy en souriant aimablement – sourire qui n’atteignait pas ses yeux. Ça arrive régulièrement pour les anciens Serpentards. Et particulièrement pour ceux de notre promotion."

L’avocat en resta interdit. En temps normal, il aurait applaudi, et peut-être même débouché une bonne bouteille, pour fêter cette bonne nouvelle. Mais en l’état actuel des choses, cette mort n’arrangeait pas ses affaires : une personne de moins à faire chanter, cela signifiait moins d’argent à l’arrivée, et Dieu sait à quel point il avait besoin d’argent.

"Hum, reprit-il, d’accord. Nous allons donc commencer, si vous le voulez bien…"

Harry Potter s’assit dans le siège voisin de celui de la vieille arrogante, mais l’aristo blond et muet comme une carpe n’esquissa pas un mouvement. Il devait sûrement être simple d’esprit, en conclut Rose. Il se demanda un instant s’il ne devait pas mimer le mouvement de s’asseoir, mais il y renonça, se jugeant indigne d’accomplir de pareilles guignoleries pour un sot en costume trois-pièces.

"Alors, vous devez tout d’abord savoir que Feu Mr Malfoy a fait un testament très complexe, rempli de clauses rétroactives et protégé par de nombreux sortilèges de scellés qui empêchent d’accéder à son contenu sans la signature magique des personnes concernées. J’aurais donc besoin de vos signatures… Par contre, il sera impossible d’accéder à la partie concernant Mr Zabini, seul son héritier direct pourra…

- C’est Skorpius, coupa Parkinson.

- Je vous demande pardon ?

- Skorpius est l’héritier de Blaise, il lui a tout légué. Blaise n’a pas d’enfants.

- Ah… Très bien, nous aurons donc accès à l’intégralité du contenu du testament. Je vais vous demander de sortir vos baguettes…"

A cet instant, un doute horrible s’insinua dans l’esprit de Rose. Et si le simple d’esprit ne savait pas ce qu’était la magie ? S’il n’était qu’un vulgaire Cracmol ? La plus grosse part de l’héritage serait alors définitivement bloquée !

Un vif soulagement se répandit en lui lorsque le blond tira de sa poche une fine baguette noire. Il la tapota doucement sur le parchemin, sur lequel apparurent plusieurs lignes de la fine écriture de Draco Malfoy. Allan Rose se saisit du manuscrit, sans prendre garde au regard scandalisé que lui jeta la vieille femme, et commença à lire.

"Mon très cher fils, aujourd’hui est venu l’heure de faire le bilan de tout ce que j’ai à t’offrir.

Je te lègue le Manoir Malfoy et son parc, puisses-tu un faire un lieu moins sinistre ;

Je te lègue notre maison en France, là où tu es né et où tu as pour la première fois vu le soleil ;

Je te lègue ma fortune, afin que jamais tu n’aies à souffrir du besoin ;

Je te lègue Le Centurion, ce petit voilier sur lequel nous aurions pu faire le tour du monde ;

Je te lègue mon eternel amour, qui jamais ne s’éteindra malgré la mort et la peur ;

Et enfin, mon fils, je te lègue ma voix."

Tout le monde leva les yeux vers Skorpius, qui resta immobile, le regard morne. Voyant que rien ne se passait, l’avocat continua sa lecture.

"Mon ami fidèle, Blaise.

Je te lègue l’intégralité de ma bibliothèque de livres anciens, fais-y attention !

Et je te lègue mon amitié sincère, qui n’a pas faibli malgré les années."

Puis Pansy tapota à son tour le parchemin.

"A toi qui sait tout et qui ne dit rien, Pansy.

Je te lègue mes tapisseries et rideaux anciens, ainsi que mon tapis persan : tu es, je pense, la plus à même de les apprécier à leur juste valeur ;

Je te lègue mon manuscrit inachevé, que j’avais écrit pour toi et que je n’ai pas eu le courage de terminer ;

Je te lègue mon Souvenir, tu sauras quoi en faire.

Je te lègue enfin ma plus grande gratitude, je n’aurais pas survécu sans toi."

Pansy renifla bruyamment. Harry Potter tira sa baguette d’une main peu assurée, puis hésita devant la dernière partie, encore vierge, du parchemin. Allan Rose, en son fort intérieur, était perplexe. Malfoy n’avait légué d’objets interdits ni à son fils, ni à ses plus vieux amis. Mais pourquoi les aurait-il légués à Harry Potter, dont l’aversion profonde pour tout ce qui avait trait à la magie noire était bien connue ?

Le vieil homme abaissa sa baguette sur le papier, et l’encre apparut.

"Harry,

Je te lègue la chambre 4 de l’hôtel Au Farfadet Bleu, que j’ai achetée il y a presque soixante ans, pour ne jamais oublier.

Je te lègue le contenu du coffre noir qui se trouve dans mon bureau.

Et enfin, lorsque tu auras tout lu, lorsque tu croiras avoir tout compris, je te lègue la possibilité d’aller sur ma tombe, où tes certitudes voleront à nouveau en éclats."

Un lourd silence plana pendant quelques instants sur la pièce. Pansy Parkinson, les yeux brillants, semblait se recueillir ; Harry Potter fixait intensément un pot à crayons, sa main, crispée sur l’accoudoir, tremblant légèrement ; Skorpius Malfoy avait toujours ce même air morne qu’il n’avait pas quitté depuis l’ouverture du testament ; quant à Allan Rose, son cerveau fonctionnait à toute allure, essayant de déchiffrer le message   secret que devait forcément contenir les dernières volontés du fils de Lucius Malfoy.

"Il a… Il a acheté la chambre ?" Demanda Harry d’une voix mal assurée.

 

***

 

L’hôtel Au Farfadet Bleu était un petit hôtel miteux dans la banlieue de la capitale anglaise. Une gérante – la même depuis soixante-neuf ans –, deux employés, une dizaine de chambres. Petit déjeuner à 8h, inspection des chambres à 9h, en général pas de Doxys dans les rideaux – sauf cas exceptionnels.

Même l’odeur n’avait pas changé, songeait Harry dans l’entrée. Vaguement renfermée, avec de légers relents floraux, comme si un jour, lointain déjà, un bouquet avait trôné à la réception et avait parfumé toute la pièce.

A ses côté se tenait Skorpius, droit comme un i, dont l’indifférence affichée était démentie par le tic nerveux qui lui agitait la joue. Pansy avait refusé de venir, ayant décrété que « certaines choses ne doivent être vues que par les bonnes personnes ». L’avocat Allan Rose, lui, était là, bien que personne ne l’ait invité.

La gérante, une minuscule femme au visage grêlé, salua Harry en souriant doucement. Il n’avait pas mis les pieds dans cet établissement depuis plus de soixante ans, et pourtant elle ne lui posa aucune question, ne fit aucun geste qui puisse trahir une quelconque curiosité. Elle gardait la même discrétion, la même distance respectueuse que la première fois. Elle lui tendit simplement la clé, sans un mot, sans lui proposer de l’accompagner ; et de cela, il lui en fut reconnaissant.

Une fois devant la porte brune de la chambre 4, Harry hésita. Il était à la fois fasciné et terrifié de ce qu’il était sur le point de faire. S’il ouvrait cette porte, il ouvrirait du même coup le passage à tous les souvenirs qu’il avait presque fini par étouffer.  S’il ouvrait cette porte, et s’il commençait à suivre le chemin que Draco Malfoy lui avait tracé, il se pourrait bien que sa raison vacille – à nouveau… Con esprit était tout sauf stable lorsqu’il s’agissait de Malfoy. Mais Harry envisagea l’autre possibilité : faire demi-tour, jeter cette clé au poids familier dans les égouts de la ville, et oublier. Cette perspective lui était douloureuse. Pendant soixante ans, il avait expérimenté l’oubli. Aujourd’hui, plus personne ne comptait sur lui – ses enfants étaient loin et sa femme dans une urne –, il avait droit à la folie.

Il inséra la clé dans la serrure, inspira une grande bouffée d’air. Mais quelque chose le dérangeait, un vague sentiment de gêne… Il se retourna vers les deux hommes silencieux derrière lui, et, d’adressant au plus petit, il dit :

"Monsieur Rose, merci pour tout.

- Je vous en prie, répondit l’avocat sans sourire. 

- Mais à présent, ce qu’il y a dans cette pièce est… Personnel, et ne vous concerne pas. En conséquent, je vais vous demander de partir. Vos honoraires seront réglés dans le courant de la semaine."

Annan envisagea un instant de protester, de tenter de rester pour voir ce que Harry Potter tenait tant à cacher, mais quelque chose dans l’attitude du sorcier lui rappela à qui il avait affaire. Il lui parut soudain plus sage d’opérer un repli stratégique. Il y avait après tout plus d’un moyen de pénétrer dans cette chambre. Il prit donc congé, et tourna les talons.

Skorpius allait l’imiter, mais le Survivant le retint. Sa présence ne le dérangeait pas, lui expliqua-t-il.

Puis Harry, d’un grand geste décidé, poussa la porte et entra dans la chambre 4.

 

 
     
     
 
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