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au 31 Mai 21 :
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Treats... and trick.
Par camisole
Harry Potter  -  Romance/Humour  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     3 Reviews    
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Ding Dong !

La petite clochette de ma porte d’entrée sonne. J’avais mis une pancarte pour dire que je ne donne pas de bonbons, donc ça doit être Ron et Hermione venus pour me remonter le moral. Ils savent pourtant très bien que je veux être seul le soir d’Halloween, le soir où Voldemort m’a pris mes parents. La sonnette insiste. Je ronchonne et dévale les escaliers dans mon pantalon de pyjama, un tee-shirt rapidement enfilé sur le dos où on peut lire « Potter-Attrapeur », avec le sigle de l’équipe de Quidditch d’Angleterre. Je ne joue pas dans l’équipe nationale, mais Ron oui. Il a trafiqué son maillot pour créer ce haut à mon nom, et en me l’offrant a dit « Sans rancune, vieux ! »

J’ouvre la porte en grimaçant et me retrouve devant un petit gamin adorable, déguisé en vampire, un petit sac cousu d’or entre les mains, et moins adorable, son père. Je m’étrangle. Même dans un costume de diable qui serait ridicule sur n’importe qui, Malefoy parvient à rester classe. Deux petites cornes paraissent surgir de sa tête et il est habillé, chose rarissime, en rouge – chemise et pantalon. Une queue magnifique (de DIABLE !) fixée en bas de son dos se meut toute seule.

En voyant le visage de Malefoy, c’est comme si je me voyais dans un miroir. (Mis à part la tenue, la classe, les cheveux, les traits et la couleur des yeux. Ouais, en fait cette comparaison est nulle.) La stupeur de ses traits est la même. Puis ses lèvres se tordent en un rictus.

Je m’agace. Ce type ose se pointer chez moi le pire soir de l’année, alors qu’on ne s’est pas vu depuis 6 ou 7 ans, alors que je suis censé être  en train de pleurer la mort de mes parents, et en plus il se permet de se marrer. Sans compter qu’à côté de lui j’ai l’air d’une loque. Je ne sais pas combien de temps on s’est fixé dans les yeux mais c’était assez bizarre.

-          Tu ne sais pas lire ? lancé-je, en pointant du doigt la pancarte.

Le gamin qui s’impatiente depuis tout à l’heure intervient :

-          On ne pointe pas du doigt, dit-il négligemment.

Je m’offusque pendant que le sourire de son père s’agrandit.

-          Tu n’es pas assez célèbre ? ironise t-il en voyant mon tee-shirt ridicule. (Je maudis Ron)

Je ne réponds pas. Le mioche s’agace.

-          Des bonbons ou une malédiction !

-          J’en ai pas, répondé-je en refermant ma porte.

-          On va être obligés de te maudire, Potty.

La voix de Malefoy m’arrête dans mon geste. Je rouvre.

-          Qu’est-ce que t’as, Malefoy ? dis-je avec hargne.

-          Scorpius veut des bonbons, dit-il simplement.

-          Revenez demain, dis-je, sarcastique. Rupture de stock.

Cette fois, je referme la porte pour de bon.

 

Le lendemain, la clochette sonne de nouveau. (Evidemment, vous vous doutez de l’identité de la personne qui se trouve derrière la porte, mais n’oubliez pas que pour moi 24 heures se sont écoulées. L’incident d’hier est bien loin dans ma mémoire)

J’ouvre donc en grommelant, pas beaucoup mieux habillé que la veille, et Malefoy et son fils se retrouvent de nouveau devant moi. Je soupire.

-          C’était une façon de parler, Malefoy, dis-je en levant les yeux au ciel.

Dire que la localisation de ma maison était restée secrète depuis que j’y habite… Avec Malefoy, l’information va vite se répandre.

-          Scorpius serait très déçu, dit Malefoy d’un ton mielleux.

Le mioche tire une tête de chiot larmoyant. Je me demande combien de temps a mis Malefoy pour obtenir de son fils un résultat si convaincant.

-          Je n’ai toujours rien, malheureusement. Revenez demain, lui dis-je avec un sourire carnassier.

 

Oui, je sais, je suis idiot. Pourquoi ai-je donc cru qu’il n’allait pas me prendre au mot cette fois ? Me revoilà dévalant les escaliers, cette fois en peignoir. Je pousse un juron et ouvre la porte aux deux blonds.

-          C’est pas vrai, Malefoy ! m’exclamé-je, sérieusement en colère.

-          Je ne fais que t’obéir, dit ce con en ouvrant de grands yeux innocents.

Et bien sûr, il jauge ma tenue du coin de l’œil, l’air sarcastique. Mon peignoir est décoré d’un vif d’or au niveau de ma poitrine. Une série d’insultes défilent dans ma tête, contre lui et contre moi-même. Je suis encore une fois ridicule, je n’ai aucune excuse, et je ne peux même pas lui reprocher quoi que ce soit sur son apparence à lui : Comme d’habitude, il fait preuve d’une classe indéniable.

J’observe le môme. Il a l’air de s’emmerder ferme, et se tortille en me jetant un regard suppliant.

-          Je crois que ton gosse a envie de rentrer.

Malefoy arrache son regard de mon torse et le tourne vers son gamin qui s’est tourné vers lui.

-          Pôpa…

-          Je crois qu’il aimerait surtout visiter tes toilettes, Potter, lance t-il, moqueur.

Je soupire et m’écarte.

-          2èmeporte à droite, bonhomme.

Le petit blond se précipite à l’intérieur. Un silence s’installe entre son père et moi.

-          Tu vis seul ? demande t-il finalement.

On le croirait presque concerné. Je ne réponds pas. On a l’air cons, comme ça, sur le pas de la porte. Je soupire.

-          Entre, dis-je à regret, en le laissant passer. Il s’assoie gracieusement sur le canapé.

La chasse d’eau est tirée. Le gosse se lave les mains. Je regarde vaguement la porte.

-          Ca va, Potter ? demande Malefoy.

Ca me fait sursauter. Il a l’air grave.

-          Oui, oui, dis-je précipitamment.

Ses yeux gris cessent de me sonder et mon cœur regagne son rythme normal. Le petit sort des toilettes. Malefoy se lève.

-          Scorpius, il me semble que tu n’as pas été très poli.

Le petit ouvre grand ses yeux bleus vers son père qui fronce les sourcils.

-          Merci, marmonne le gamin à mon intention.

-          Non, non, Scorpius, recommence.

-          Merci,Monsieur, rectifie le môme à contre-cœur.

-          Allez, on y va.

-          Et les bonbons ? trépigne le blond mini               ature.

Malefoy se retourne vers moi avec un sourire interrogateur, puis tire son gosse sur le seuil. Il me lance :

-          Je sais, revenez demain !

Son sourire espiègle est comme un coup dans mon estomac, et il a déjà disparu. Je proteste contre le vide.

Maudit soit Drago Malefoy.

 

Ding dong ! Je ne bouge pas de mon canapé. La clochette insiste plusieurs fois et je vais ouvrir. Malefoy siffle à ma vue, avant d’éclater de rire. Je rosis et fronce les sourcils. D’accord, c’est la première fois que je suis habillé à peu près correctement, mais quand-même. Pas besoin d’en faire un plat.

Je suis un peu vexé. Je m’étais préparé… Il n’est pas le seul à pouvoir avoir la classe, merde ! Il reprend son sérieux.

-          Alors, ces bonbons ? demande t-il.

-          J’en ai pas, dis-je, avec un sourire.

Il me toise, menaçant. Je lève les mains en signe de paix.

-          On est dimanche, les magasins sont fermés !

-          Tu exagères, franchement, Potter. On revient demain.

Je lui décroche un sourire brillant et il transplane avec son fils. Je crois que j’ai titillé le dragon.

 

J’anticipe le lendemain. Je me tiens derrière la porte. J’ouvre au premier tintement de la cloche et les deux blonds sursautent.

-          Quelle réactivité, s’amuse Malefoy.

Je fourre une poignée de bonbons dans le petit sac de riche du mioche qui a l’air de trouver vraiment lassantes toutes ces visites chez moi. Il jette un coup d’œil à l’intérieur du sac.

-          C’est tout ? dit-il d’une voix traînante.

Je croirais retrouver mon Malefoy de 11 ans. Même si Scorpius en a la moitié. Drago se marre et regarde les bonbons à son tour. Son rire stoppe net.

-          Potter, gronde t-il.

-          J’ai mis un paquet ! protesté-je.

-          Oui, mais, les interêts ! braille le môme.

-          A demain, conclut Malefoy avant de disparaître.

Ca c’est fort !

 

Ca commence à me fatiguer. J’ouvre.

-          Potter.

Je déverse une caisse de bonbecs dans le petit sac qui semble avoir subit un sort d’agrandissement indétectable. Le gamin sourit. Il est quand-même assez mignon.

-          C’est vraiment du chantage, râlé-je.

Malefoy me fait vaciller avec son sourire qui devrait être interdit et se casse. Enfin.

Je chiale sur mon canapé. La fatigue.

Le lendemain, à 17 heures, je me tiens prêt à renvoyer chez eux Blondie et son fils.

A une heure du mat, Malefoy et son garnement ne sont toujours pas là.

-          Merde ! gueulé-je dans le salon vide.

Ca sera comme ça tout le temps, désormais.

 

Ca sonne. Au bout d’une semaine. Je me précipite vers la porte, ma chemise mal attachée, soulagé. Enfin.

-          Salut, vieux, dit Ron qui entre sans que j’aie ouvert.

Hermione le suit. Elle m’embrasse sur la joue, puis fronce les sourcils devant mon air dépité et ma mise… qui laisse à désirer.

-          T’as pas oublié que tu nous avais invités ?

Merde.

-          Non, non ! Je me préparais, on va au restau en fait, je vous invite.

Ron se marre. Pour donner le change, je ne me fous pas de leur gueule et les emmène dans le restau français le plus chic de Londres. Je n’ai pas réservé, mais les serveurs me reconnaissent. Je fais très rarement des apparitions publiques, alors ils sont tout émoustillés et nous offrent le champagne.

-          Alors, Harry, me demande Hermione avec délicatesse. Tu as passé une bonne semaine ?

Elle a beau avoir les meilleurs sentiments du monde, elle m’exaspère.

-          Bien sûr, j’ai adoré la passer à me souvenir que tous ceux qui tenaient le rôle de parents ou de mentors ne sont plus de ce monde.

J’ai lâché ça d’un ton sinistre et blasé. Hermione fait basse-figure et Ron me jette un regard noir. Je culpabilise aussitôt.

-          Désolé Hermione. En fait, ça ne s’est pas si mal passé que ça. La mort de mes parents, c’est du passé, pas vrai ! Ca ne m’affecte plus autant… J’ai même eu de la visite, pour Halloween.

Je m’interromps en voyant les deux nouveaux arrivants dans la salle. Malefoy et Malefoy junior. Je crois le regard du père. Il m’observe d’une manière très particulière, qui me fait prendre conscience que désormais je ne suis plus obligé de rendre compte à mes meilleurs-amis de tout ce qui concerne Malefoy en ce bas monde. Nous ne sommes plus à Poudlard. Je détourne les yeux, de peur que mes amis n’aperçoivent Malefoy. L’échange visuel a duré moins d’une seconde mais c’est comme si le temps s’était arrêté. J’ai peur d’avoir l’air louche.

-          Qui ?

-          Non, je veux dire, des enfants, pour Halloween, assez hardis pour transgresser le message sur ma porte ! dis-je en reprenant peu à peu contenance.

Nous éclatons de rire tous les trois. Malefoy ne me regarde déjà plus. Mais il sourit pour lui-même.

 

Le lendemain, la clochette retentit. C’est Hermione. Elle doit passer me poser des bouquins remplis d’âneries à propos de moi. J’ouvre. C’est Malefoy. Seul. Je ferme les yeux et j’inspire ; je suis en pantalon de pyjama. Et c’est tout.

-          C’est pas possible, soupiré-je.

-          Sympa, remarque Malefoy, classe, comme d’habitude.

Il me fixe, impérieux.

-          Mais non, tu peux rester, enfin je veux dire, reste, enfin… C’était pas de toi que je parlais… C’est juste qu’à chaque fois que tu me rends visite, je suis habillé n’importe comment.

Malefoy sourit et me reluque.

-          J’ai vu pire, dit-il avec un clin d’œil.

-          Entre, je vais me changer.

-          T’inquiètes, j’ai déjà vu des torses nus.

Je tords le nez devant le sous-entendu et Malefoy se blase.

-          Potter… J’ai un fils…

-          … Je pense quand-même qu’il n’y a pas de comparaison à faire entre le torse d’un gamin de 5 ans et le mien ! le coupé-je, incisif, en le faisant entrer.

-          J’ai aussi un miroir. En tout cas, Potter, ne t’en fais pas pour ça, dit-il en désignant ma tenue d’un geste vague. Je t’importune, j’en assume les conséquences.

-          Tu ne m’importunes pas. Un thé ?

-          Une vodka plutôt, me répond t-il avec le plus grand sérieux.

J’obtempère sans sourciller, me sert également, faisant fi de l’heure matinale. Je m’installe en face de Malefoy.

-          D’ailleurs, ton fils est où ?

-          Chez mes beaux parents.

-          Et ta femme ne peut pas s’en occuper ?

Malefoy boit une gorgée.

-          Elle est morte, Potter, dit-il sur un ton de reproche.

-          Oh ! Pardon ! dis-je, horrifié.

-          Tu ne savais pas ? demande Malefoy, profondément surpris, mais définitivement pas triste.

-          Non, je m’en étais arrêté au mariage…

Malefoy se renfrogne – de la manière la plus classe que j’ai jamais vue.

-          Désolé, fais-je.

Je bois une gorgée du liquide glacé et brûlant.

-          C’est pas grave, dit-il, toujours un peu stupéfait.

-          J’ai arrêté de lire les journaux un peu après la guerre, ajouté-je. J’en avais assez que l’on m’encense sans arrêt.

-          C’est vrai c’est tellement lassant…

La clochette tinte.

-          Ce doit être Hermione, l’informé-je. Elle devait m’apporter des livres.

-          Sans blague, dit-il, ironique. Tu n’ouvres pas ? demande t-il après une courte hésitation.

Il paraît déçu sans que je me l’explique.

-          Tu ne veux pas qu’elle me trouve là, suppose Malefoy avant que je ne réponde.

Je souris.

-          Ce n’est pas ça. Mais si j’ouvre, elle nous tiendra un discours d’une heure sur le rapprochement entre maisons… Elle laissera les bouquins devant la porte.

Malefoy se détend. Il boit quelques gorgées de vodka.

-          Elle doit être repartie, dit-il en se levant. Je vais chercher tes précieux ouvrages avant qu’on ne te les vole.

Je n’ai pas le temps de l’arrêter que déjà il ouvre la porte d’entrée et éclate de rire en voyant les bouquins. Il revient avec. Sur l’un d’eux, il y a une énorme photo de moi.

-          « Tu en avais assez que les journaux  parlent de toi sans arrêt» singe Malefoy en référence à ce que j’ai dit plus tôt.

Je rougis. Malefoy ouvre le premier livre qui s’intitule « 1001 choses à savoir sur Harry Potter », écrit par Sandy Crivey. Je ne la connais pas, mais son nom ne m’inspire rien qui vaille. Malefoy commence à lire :

-          « 1 : Les deux meilleurs-amis d’Harry Potter sont Hermione Granger et Ron Weasley. » Sans blague. « 2 : les personnes les plus importantes aux yeux de Harry sont ses parents, Sirius Black, Remus Lupin et Albus Dumbledore. » Quel optimisme, ils sont tous morts… commente Malefoy. En plus, ils m’ont oublié. Ah, ça vient « 3 : La personne qu’Harry déteste le plus est Drago Malefoy »

Ca me fait bizarre d’entendre Malefoy prononcer mon prénom avec tant de désinvolture. Ca fait bien 13 ans que ça n’était pas arrivé, et encore, je ne sais même pas s’il m’a un jour appelé Harry tout court. Malefoy regarde la quatrième de couverture du livre.

-          Cette Crivey est vraiment stupide. Le bouquin est sorti pendant l’été de notre 6èmeannée… Elle devrait savoir qu’à cette époque, je n’avais pas la moindre importance à tes yeux. Tu haïssais bien plus Voldemort que moi à cette époque. Bon, dit-il en revenant à la liste. Passons les passages trop sentimentaux. Alors… « 128 : Harry refuse de se coiffer par soucis de style. » Ridicule, tes cheveux refusent juste de t’obéir. « 132 : Harry n’aime que la tarte à la mélasse. » Quoi ? Tu es un des types les plus gourmands que j’ai jamais vus ! « 416 : Harry veut devenir attrapeur professionnel. » Non, Auror ! Mais finalement… tu es attrapeur, non ? dit Malefoy avec un clin d’œil, faisant allusion à mon tee-shirt d’Halloween.

Je lui tire la langue, mais au fond je suis époustouflé du nombre de choses qu’il connaît sur moi. Il reprend :

-          « Harry est amoureux de Ginny Weasley et veut l’épouser. » N’importe quoi. Tu étais trop jeune pour être amoureux. Et puis… Black venait de mourir, tu avais d’autres choses en tête.

Malefoy me regarde dans les yeux, comme pour vérifier que je ne suis pas vexé. Je décide de ne pas m’épancher sur Sirius et rétorque.

-          Si, j’étais amoureux de Ginny.

-          Tu avais 16 ans, s’entête Malefoy.

-          Et alors ? Je l’aimais quand-même, quel est le rapport ?

-          Tu avais autre chose à faire que de t’occuper d’une fille !

-          C’est vrai que j’étais préoccupé par Voldemort, et je cherchais à savoir ce que tu fabriquais dans la salle sur demande, mais il n’empêche que je l’aimais !

-          D’accord, répond Malefoy, glacial, reposant le livre sur la table. Bon, j’y vais, je vais chercher Scorpius.

-          Qu’est-ce qui te prend ? demandé-je. Pourquoi tu t’énerves ?

-          Non, mais tu dis que tu l’aimais mais je sais bien, moi, que, enfin, je te connais Potter !

-          Et alors, moi, je ne me connais pas ? dis-je avec un sourire. Mais de toute façon, je ne l’aime plus, Poudlard c’est fini, ça fait une éternité que nous ne sommes plus ensemble. Reste !

Malefoy se rassoit à contre-cœur. On ne parle ni l’un ni l’autre pendant un moment. La situation est décidément étrange.

-          Au fait, tu ne m’as pas dit pourquoi tu étais venu.

Malefoy pâlit, si c’est possible.

-          J’espérais que tu ne me demanderais pas ça…

-          Pourquoi ?

-          … Parce que je ne sais pas, dit simplement Malefoy.

Je tombe des nues.

-          Alors tu es venu… Pour rien ?

-          Ouais, dit Malefoy sur le ton de la conversation. J’avais envie de discuter… Ca m’a fait… plaisir de te retrouver à Halloween.

Un silence désagréable s’installe.

-          Je te fais visiter ? dis-je soudain en me levant.

Il accepte et tente de se lever, mais reste enfoncé dans mon fauteuil.

-          Oh, le fauteuil est capricieux. Quand il aime un peu trop les gens, il les garde.

Je lui tends la main pour l’aider à se relever, que je lâche à regret une fois qu’il est debout. Elle était douce et chaude. Je lui fais visiter chaque pièce, m’attardant pour faire durer le temps où il sera chez moi. Je profite de lui montrer ma chambre pour enfiler un pantalon décent et une chemise tandis qu’il me tourne le dos. Une question me brûle les lèvres. Je la lui pose quand je m’aperçois qu’il est déjà midi.

-          Tu veux rester déjeuner ?

Mon cœur joue du tam-tam.

-          Oh… Je dois passer prendre Scorpius dans une demi-heure, dit Malefoy, gêné de décliner mon offre.

-          Ah, dis-je simplement, déçu.

Je me retourne vers lui en finissant d’attacher les boutons de ma chemise. Malefoy me regarde intensément.

Puis il regarde autour de lui, cherche fébrilement sa baguette…

-          Tu as une cheminée ?

-          Oui, dis-je, en m’empressant de l’y conduire.

Il jette une poignée de poudre de cheminette, prononce le nom d’un manoir et, à genoux, enfonce sa tête dans le feu. Je suis un peu mal-à-l’aise de me retrouver tout seul dans mon salon avec son corps dans tête, mais il réapparait très vite, et se redresse.

-          Mes beaux-parents étaient ravis. Je passe prendre Scorpius ce soir, dit-il en me souriant.

Je lui rends son sourire et puis me rend compte nerveusement que je n’ai rien à manger de convenable. Il a l’air de comprendre, à la vue de ma main passée dans mes cheveux.

-          Potter, je t’emmène déjeuner, décide t-il avec un sourire éclatant qui me déstabilise.

Il saisit ma main pour la deuxième fois de la journée et se rapproche de moi. La sensation désagréable du transplanage me prend aux tripes mais moins violemment que d’habitude. Malefoy a une conduite très douce. On arrive devant le restaurant français de l’autre jour. Il m’explique:

-          L’autre jour, j’ai vu que tu avais pris un steak frites. Il faut que je te fasse goûter l’os à moelle… Et que je t’apprenne à tenir correctement tes couverts.

-          Malefoy, t’es vraiment un salop, dis-je, profondément blessé.

Il éclate de rire. Comment puis-je rester vexé face à son sourire époustouflant ? Ce mec a la joie communicative.

-          Je ne m’en rendais pas compte que tu souriais si souvent, avant, quand tu étais trop occupé à vouloir me nuire et moi à t’insulter…

Un silence gêné succède ma remarque alors qu’on entre dans le restaurant. On avait tous les deux soigneusement évité de parler de notre soudaine et étrange réconciliation. Je viens de mettre le sujet sur le tapis et… Ce n’est pas la meilleure idée que j’aie eue aujourd'hui. Remuer le passé… Qu’est-ce qui m’a pris ? On s’installe à la table.

-          Désolé, dis-je en un souffle.

Il ne répond rien, mais me regarde. Le silence se brise de nouveau lorsqu’il éclate de rire.

-          Quoi ? demandé-je, soupçonneux.

-          Rien… On a l’air de gamins maladroits, tous les deux…

Mon cœur s’emballe – j’aimerais bien qu’il ne le fasse plus – car j’ai parfaitement compris la comparaison de Malefoy avec des ados amoureux à leur premier rendez-vous. Mais j’ai dû mal interpréter puisque mon blond est toujours hilare et pas gêné le moins du monde.

Je ne sais pas ce qui me prend mais je demande soudain :

-          Malefoy… Ce n’est pas trop dur que ta femme soit…

Je vois qu’il est inutile d’insister : il s’arrête de rire tout de suite et son regard se durcit. Mais Malefoy a décidément le don de me surprendre puisqu’il finit par répondre :

-          Moi et Astoria, on ne s’est pas aimés. Elle était magnifique, digne d’une Malefoy, dit-il avec orgueil. Mais je ne ressentais pour elle qu’un intérêt poli. Nous nous sommes mariés parce que c’était le plan, pour honorer ce que nos parents voulaient. Les siens étaient morts et les miens en prison, ils n’auraient rien pu faire si nous avions désobéi, mais c’était comme un hommage à notre ancienne vie de privilégiés, de riches au plus haut de l’échelle. On a eu Scorpius parce qu’on en avait envie. La passion s’est pourtant vite tarie. Un jour, l’hôpital m’a appelé, elle avait reçu un sortilège terrible. Scorpius avait alors deux ans. Personne ne connait les circonstances de son attaque, mais elle en est morte. J’ai pleuré longtemps, pas parce que je la regrettais pour ce qu’elle était, mais parce que j’étais toujours un sale petit con. J’avais 20 ans, je me demandais comment j’allais faire avec un morveux d’à peine deux ans sur les bras. Je suis toujours triste en pensant à la mère que mon fils n’aura jamais. Elle avait cette espèce de don pour la maternité, alors qu’elle n’avait que 17 ans quand Scorpius est né ; et du coup, je ne me suis presque pas occupé de lui les deux premières années de sa vie. J’avais beaucoup à rattraper. Ca change beaucoup de choses. Nous ne sommes pas très proches. J’essaie simplement de l’éduquer, de lui transmettre mes valeurs, mon amour. J’ai appris à l’aimer, alors qu’au début il n’avait pas beaucoup d’importance à mes yeux. Je crois que je ne l’ai jamais pris dans mes bras quand il était bébé, à part le jour de sa naissance. J’attendais qu’il soit suffisamment « homme »pour m’intéresser à lui, je pense… enfin. C’est comme ça.

Malefoy reste humble et fier malgré la douleur qui suinte de tous ses pores. Il est magnifique dans sa tristesse. Je lui dis. Il fronce les sourcils, puis attrape ma main. Il la caresse de son pouce et a l’air perdu. J’ai l’impression que tout le restaurant nous regarde alors je ferme les yeux pour me concentrer sur la sensation de sa main sur la mienne. Je suis tellement plein d’émotion que j’ai l’impression que je vais déborder. Finalement, le serveur arrive, Malefoy nous excuse et nous fait transplaner. Nous sommes de nouveau chez moi. J’ouvre les yeux, et il s’approche doucement de moi, puis finalement se jette sur moi avec fougue, comme s’il ne pouvait se retenir. Il embrasse mes cheveux, mon cou, et mes lèvres se tendent désespérément vers lui. Il finit par s’y poser. La sonnette tinte mais ni l’un ni l’autre ne brisons l’étreinte qui nous tient si serrés.

-          Harry, je sais que tu es là, ouvre ! Je veux te dire quelque chose, crie Hermione à travers la porte.

Les lèvres de Malefoy s’arrêtent sur ma bouche et son souffle haletant s’y attarde. Mes mains se figent sous sa chemise.

-          Allez, quoi !

Je ferme les yeux et soupire. Malefoy m’embrasse légèrement et se recule avec un sourire navré. Je lui chuchote :

-          Comment veux-tu qu’elle ne s’aperçoive de rien ? Tu as vu l’état dans lequel tu m’as mis ?

Je ne parle évidemment pas que de mes cheveux encore plus ébouriffés que d’habitude, ou de mon souffle court. Malefoy rigole doucement puis me promet qu’il reviendra avant de transplaner. Je reprends mon calme alors que ma meilleure-amie tambourine toujours comme une forcenée à ma porte.

-          Salut, Hermione, dis-je en l’ouvrant. J’étais en pleine séance de pompes.

Elle me regarde, étonnée, mais passe outre et entre.

-          Bon, Harry, dit-elle en virevoltant dans l’entrée. Ca te dit d’être le parrain de notre prochain enfant ?

Un sourire dévaste son visage. J’ouvre de grands yeux.

-          Félicitations ! Eh bien Hermione, j’accepte. J’avoue avoir été un peu jaloux que George et Charlie me passent devant pour les deux premiers… dis-je en riant.

La clochette sonne. Mon cœur enfin calmé repart dans les hauteurs.

-          Tu n’ouvres pas ?

-          Si, si, m’empressé-je.

Je ferme les yeux avant d’ouvrir à Malefoy.

-          Putain, lui fais-je sans un bruit.

Il me passe devant et entre.

-          Bonjour Potter. Granger, ajoute t-il avec un signe de tête et ses accents traînants du collège. Potter, t’as pas oublié le match, j’espère ?

Hermione me regarde avec insistance, interdite. Je passe une main dans mes cheveux.

-          Euh… Hermione, Malefoy… On est en quelque sorte amis… tenté-je. Enfin, de bonnes connaissances, en tout cas, réctifié-je en voyant la grimace du blond. On joue au Quidditch ensemble.

Hermione, toujours stupéfaite, hausse quand-même les épaules, renonçant à comprendre. Elle a d’autres préoccupations. Elle m’embrasse sur la joue avec un timide « j’y vais », et salue froidement Malefoy du menton, puis s’en va. Je jette un coup d’œil inquiet à Malefoy, ayant senti sa colère.

-          Debonnes connaissances ?Tu ne veux rien leur dire alors ?

-          Malefoy, toi et moi, c’est tellement récent et bizarre… Est-ce que c’est vraiment…

-          Vraiment quoi, Potter ? Sérieux ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre ?

-          Non mais je veux dire, avant que ça ne devienne officiel, tu devrais peut-être apprendre à les connaître… Et me connaîre aussi d’ailleurs…

-          Tu te fous de moi ou quoi Potter ? Putain, on se connaît par cœur ! Tu veux que je te le prouve une seconde fois ? demande t-il en attrapant le bouquin sur la table basse.

Mon portrait sur la couverture baisse les yeux de honte.

-          Tu détestes être pris en photo. Tu ferais n’importe quoi pour tes amis quitte à être malheureux. Tu ne mets jamais de sel dans tes plats. Tu cherches à détenir la vérité à tout prix. Tu crois que n’importe qui a du bon en lui. Tu as toujours été déstabilisé par mes haussements de sourcils, et lors de nos affrontements tu as toujours cherché à éviter qu’on se touche. Tu hais Rogue et ça ne changera jamais, malgré tous les hommages publics que tu lui as rendu. Tu n’as pas eu d’aventure depuis des années. Tu dois savoir que tu es homo depuis que tu as rompu avec Ginny. Voire avant. Tu vis dans un trou paumé pour que les journalistes ne te retrouvent jamais, et on ne s’est pas vus depuis. Tu m’as beaucoup manqué, mais je ne m’en suis rendu compte le soir d’Halloween. Je m’étais jamais dit que toi et moi on sortirait ensemble un jour. En fait je suis presque sûr que j’aurais cassé la gueule à quiconque l’aurait sous-entendu. Et pourtant, là, tout de suite, ta petite moue signifie que tu meurs d’envie de m’embrasser.

Sa voix avait faibli à la fin de sa tirade. Chaque nouvelle assertion m’assène un coup au cœur. Malefoy repose l’épais volume sur la table et croise les doigts. Il ne le montre pas mais je suis persuadé qu’il est nerveux. Je m’élance vers la porte et je sors de chez moi. Puis je gueule de toutes mes forces : « HERMIOOOONE !! » Je m’avance en courant dans la rue plus loin que je ne l’aie fait depuis que j’ai emménagé ici. Des gens sortent de chez eux à cause de mes cris hystériques. J’aperçois Hermione beaucoup plus loin dans la rue et elle finit par m’entendre – ou peut-être simplement de se rendre compte de l’effervescence autour d’elle. Elle se retourne. Déjà, une horde de journalistes m’encercle. Hermione transplane et arrive juste devant moi, puis attrape mon bras et je nous fais transplaner chez moi. Là, Malefoy s’est enfoncé dans le fauteuil un peu trop amical de tout à l’heure. Il a la tête entre les mains mais la relève quand il m’entend parler.

-          Hermione, je vous ai mal présentés. Malefoy, c’est Hermione, ma meilleure-amie, qui donnera bientôt naissance à mon filleul. Hermione, voici Malefoy. On… sort ensemble.

Hermione met un petit moment à s’en remettre, mais finit par articuler.

-          Et… Tu faisais vraiment des pompes, tout à l’heure ?

Malefoy et moi lui sourions, malicieux. La porte de chez moi explose sous les coups des journalistes. J’embrasse Malefoy doucement et les flashs crépitent. Tout est bien.

 
     
     
 
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