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Mémoires
Par Elfy
Originales  -  Général  -  fr
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Solitude

Solitude

 

On dirait que ma bonne humeur n'est plus ce qu'elle était.
Petit recueil d'OS, qui sera mis à jour au fur et à mesure que les idées viendront.
Désolé, c'est pas très joyeux!

___________________________________________________________________________________

 

        Terminé. Tous s'étaient pressés de lui dire aurevoir, rapidement. Une expression de tristesse collée au visage. Cette expression qui ne leur allait pas. Ils n'étaient pas tristes, pas dévastés. Pas comme lui. Seul face à cette tombe.
Il croyait que, comme dans les films, la pluie viendrait soutenir l'instant dramatique. Ou au moins le vent. Sentir quelque chose d'autre que ce seul sentiment. Cette solitude.
L'air était sec, rien ne l'empêchait de respirer. Et pourtant, il suffoquait. Il n'avait pas eu le temps.

        Six mois. C'est tout ce qu'il avait fallu pour l'emporter. De cet homme plein de vie, ne restait que cette carcasse sur laquelle il était penché. Blanche, froide. Le marbre du sol reflètant la main qu'il tenait dans la sienne, cette main qu'il voulait réchauffer comme elle l'avait réchauffé. Alors qu'il était seul.

        Six mois. C'est aussi ce qu'il avait fallu pour que cet homme passe d'un simple inconnu à un père. Ou au moins, une figure à laquelle se raccrocher comme à un père. Il l'avait trouvé, seul, recroquevillé, dans une ruelle, alors qu'il sortait du bureau. Il l'avait vu dans la faible lumière que laissait filtrer la lune. Les nuits d'hiver ne pardonnaient pas. Il frissonnait, tentait en vain de garder un peu de chaleur. Et cet homme était arrivé, avait déposé sur ses épaules son manteau. Et l'avait regardé avec compassion. Lui que tous évitaient. Mais il n'avait pas saisi sa main, l'avait fuit.
L'homme ne l'avait pas retenu. Il s'était retourné, avait glissé quelques mots à la femme qui l'accompagnait, puis s'était assis à l'entrée de la ruelle. Puis il l'avait fixé, sans dire un mot. Avant de se mettre à greloter. Les températures ne dépassaient pas la barre du zéro, mais il restait, dans son costume, à regarder celui à qui il avait donné son manteau. Sans s'approcher. Sans lui demander de le lui rendre.
Finalement, il s'était endormi sous le regard de l'homme. Le lendemain, il n'était plus là. Un mot, une adresse. Rien de plus. Alors il avait demandé aux passants où il pouvait trouver l'homme. Mais tous l'avaient regardé ave mépris, l'avaient pris de haut. Et aucun ne lui avait répondu.

        Six jours. Après lesquels il avait finalement réussit à retrouver l'homme. Il aurait du s'en douter. Tous les soirs, celui-ci était revenu à la ruelle. Sans manteau. Et était resté deux heures à l'attendre. Deux heures dans l'espoir que ce gamin qu'il était serait là, toujours vivant. Il avait eu peur, les jours passés. Peur que la mort l'ait emportée. Personne n'avait pu lui dire ce qu'il était advenu de l'enfant qui dormait dans cette rue, quelques nuits plus tôt. Alors, quand il l'avait vu, revenant en grelotant à son point de départ, meurtri par plusieurs journées de recherche infructueuse, il avait courru jusqu'à lui. Et cette fois, il ne l'avait pas fuit. Il avait apprécié cette étreinte emplie de chaleur. Et il s'était senti bien.

         Six heures. Le temps qu'il avait fallu pour rentrer, à pied, de la ruelle jusque chez l'homme. Il l'avait d'abord amené à sa voiture, qu'il avait garé non loin. Mais les roues avaient été percées, et l'ensemble de la voiture mis à sac. L'homme n'avait pas pris le temps de chercher un parking, et l'avait laissé dans la rue. Des voyous en avaient donc profité pour prendre ce qu'ils pouvaient. Mais il ne s'était pas énervé, avait haussé les épaules, puis avait pris la main de l'enfant dans la sienne. Celui-ci sentit le froid de la main, gelée par le vent. Et se rendit compte que l'homme n'avait toujours pas de manteau. Ils n'avaient presque pas parlé, sur le chemin. Et sans un mot, ils s'étaient apprivoisés. Lorsque le soleil darda timidement ses premiers rayons à l'horizon, ce n'était plus l'homme et l'enfant. C'était le père et le fils.

        Six semaines.  Vécues au rythme des leçons que père lui dispensait, des repas côte à côte pris sur une table ronde, des premiers instants de bonheur. Et des heures où père travaillait, où lui pouvait visiter à sa guise le manoir, et lorsqu'il apprit à lire, la bibliothèque. Puis, il avait rencontré la famille de père. Il l'avait vu sourire, en accueillant tous ces gens. Ils lui avaient répondu, bien sûr, et étaient venu saluer le jeune homme qu'il avait recueilli. Mais ils n'avaient ensuite témoigné aucun réel intérêt pour père et lui. Tout ce qui les avait intéressé, avait été de se pavaner, de lancer quelques flatteries. En un mot, ils avaient voulu se faire bien voir. Il ne comprenait pas les raisons de cette attitude, et ces gens lui répugnaient. Il s'était alors réfugié dans un coin, et les gens qui passaient devant lui le regardaient avec un mélange de pitié et de dégoût. Alors, il gardait la tête baissée. L'après-midi passa, et père ne vit même pas qu'il était seul. Trop occupé à parler avec d'autres hommes. Puis, tout le monde parti. Et ils restèrent seul. Alors, seulement, obtint-il quelques attentions. Et lorsque l'homme s'approcha, il parti en courant, sans savoir où. Courant dans les couloirs de la grande demeure, dévalant des escaliers et en montant d'autres. Après plusieurs minutes de course, il s'arrêta. Epuisé par sa course, il s'endormit au détour d'un couloir. Il sentit à peine les bras de père, puissants, le soulever du sol.

        Six semaines. Ils ne parlèrent pas de cette crise, du désespoir qui l'avait envahi durant cette après-midi. Et père ne le quittait presque plus, l'emmenait à son travail, passait parfois plusieurs minutes à le regarder lorsqu'il souriait. Alors, il se résolut à le pardonner, car père n'était pas parfait, mais faisait de son mieux. Parce qu'il voulait le protéger. Et qu'en retour il ne demandait rien, n'attendait peut-être qu'un peu d'amour. Alors, le fils lui en donna, autant qu'il le pouvait. Il s'étonna même d'être capable d'éprouver un sentiment si fort, après ces seize années passées seul dans les rues. 
Mais un jour, père se sentit mal. Alors, ils allèrent à l'hôpital, bien sûr. Ils durent donc se séparer, le temps des examens. Et lui resta à attendre, dans une salle blanche, avec d'autres personnes. Tous semblaient inquiets, ou sur le point de craquer. Parfois, un homme rentrait, se dirigeait vers quelques personnes. Parfois, ces personnes pleuraient, d'autres fois, elles semblaient soulagées. Et il ne comprenait, il attendait. Il savait que père reviendrait. Parce qu'il ne pouvait plus l'abandonner. Mais le temps passait, et l'homme en blanc ne venait pas lui parler. La salle se vida, petit à petit. Le fils consulta l'horloge, au mur. vingt-trois heures passées.

        Six quinzaines de jours. Les résultats avaient été mauvais. Père était atteint d'un cancer, et ne pouvait quitter l'hôpital. Il n'avait pas encore appris ce qu'était un cancer. Et personne ne voulait lui expliquer. Il ne pouvait rester que deux heures par jour avec père, et ils les passaient en silence, à se regarder. Parfois, de la famille venait. Ils parlaient, fort jugea-t-il, importunaient père. Mais celui-ci répondait calmement, souriait. Et, soudain, ils semblaient baisser la voix, jetaient quelques coups d'oeil au fils. Faisaient tout pour qu'il ne comprenne pas ce qui se disait. Alors, il décida qu'il devait comprendre, et chercha dans les livres de l'immense bibliothèque de père. Il compris que c'était une maladie, grave. Que les chances de s'en sortir n'étaient pas minces, plutôt du cinquante pourcent. Même s'il ne voyait pas trop en quoi cela pouvait vraiment l'intéresser. Père vivrait, ou ne vivrait pas. Les pourcentages n'avaient pas d'intérêts.
Il reçut chaque jour des précepteurs, qui l'éduquèrent du mieux qu'ils purent. Les leçons étaient plus pointues que celles de père, plus difficiles. Mais moins intéressantes. Ils n'avaient pas la même envie de lui enseigner. Pourtant, il fit des progrés étonnants, rattrapa son retard. Et alors que quelques mois auparavant, tous l'auraient pris pour un sauvage, il constata que l'attitude des gens, dans la rue, changeait. Ils le regardaient maintenant avec une certaine indifférence, et non avec dégoût. Pourtant, il ne parvenait toujours pas à les apprécier. Il n'aimait que père.

        Mais c'était fini. Père était mort. Ils avaient passé moins de deux cent jours ensemble. Mais il avait été le seul inconnu qu'il avait aimé. Et maintenant, la famille s'était dispersée. Le testament avait été lu, et il avait hérité de suffisamment pour continuer son éducation. Mais père avait fait en sorte que le reste de la famille ne le méprise pas, et avait donné une part presque égal à chacun de ceux qui lui étaient liés. Pourtant, très vite, la famille ne vint plus le soutenir. Ils avaient eu ce qu'ils voulaient, et n'avaient pas plus de temps à offrir à un infirme. Car s'ils n'avaient jamais su qu'il venait des rues, tous avaient remarqué. Depuis seize ans, personne ne le regardait normalement. Il n'avait plus reçu d'amour de sa mère lorsqu'elle avait compris, n'avait reçu aucune éducation avant celle de père car personne n'avait la patience nécessaire. Il n'avait eu que cet homme, que ce père. Parce qu'il était sourd.

 
 
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