Eh bien voilà, j'avais promis, je l'ai fait !
Voici la nouvelle version des deux premiers chapitres de Terrains de Jeux.

Cette fiction est plus ou moins en lien avec mon OS "rentrée des classes".
Enfin, vous verrez bien... Enjoy (j'espère)! 

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        Les vacances d'été touchaient lentement à leur fin. Hugo, lui, ne savait pas vraiment quoi en penser. Certes, reprendre les cours lui ferait le plus grand bien : il était resté enfermé dans l'appartement la plus grande partie de l'été, principalement pour travailler, et n'était jamais sorti qu'à quelques rares occasions pour profiter un peu de la piscine. Personne ne l'avait invité à faire un tour en ville de toute la durée des vacances. Non que cela le gène : avec le temps, il s'était habitué à rester seul chez lui pendant que les autres traînaient dans des salles d'arcades ou allaient au karaoké.

Seul, c'était le terme : ses parents n'avaient pas le temps de s'occuper de lui. Seul, malgré la présence du chien qui ne lui était que d'un maigre réconfort. Certes, celui-ci appréciait lorsqu'Hugo jouait avec lui ou l'emmenait faire sa promenade. Il ramenait gaiement la balle qui lui était lancée, ponctuant de quelques aboiements et de deux ou trois mouvements de queue sa fierté de réussir ce qu'il semblait considérer comme un exploit. Mais sa conversation s'arrêtait là, ce qui ne permettait en rien au jeune garçon de se sentir vraiment aimé. Le chien s'intéressait au jouet et non à lui.

        La rentrée serait donc pour lui, il l'espérait, un moyen de rencontrer de nouvelles personnes et de se faire enfin des amis, de recommencer à zéro. Jusque là, il était plutôt mal tombé. Peut-être ne s'était-il jamais suffisamment impliqué, ou manquait-il tout simplement de chance : restait qu'il se trouvait toujours rejeté par les autres, mis à l'écart par tous. Ses tentatives semblaient irrémédiablement vouées à l'échec : ceux qu'on appelait intellos se sentaient mal à l'aise en sa présence, et craignaient d'être encore plus persécuté s'ils étaient vus en sa présence. Il avait même travaillé d'arrache-pied pour être à chaque fois premier de sa classe, espérant ainsi qu'il viendrait à l'idée de quelques brutes de lui soutirer son travail, mais même pas. Il ne subissait aucun affront, on ne le frappait, il était juste ignoré. Personne ne s'était jamais approché de lui et, lorsqu'il faisait le premier pas, les gens avaient tendance à trouver au plus vite un prétexte pour se retirer.

        C'est pourquoi il avait décidé de ne rien dire sur sa maladie lors de sa rentrée au lycée, de cacher le plus longtemps possible ses soucis de santé. Il espérait, grâce à quelques mensonges et à une bonne dose de chance, réussir à se faire des amis qui pourraient le comprendre lorsqu'il leur révélerait tout. D'un autre côté, il craignait qu'une fois les mensonges révélés, ceux-ci ne le rejettent encore plus… C'était là l'ampleur de son dilemme, entre envie de reprendre les cours et crainte de souffrir encore et toujours, comme les années passées. Il le craignait, y pensait sans cesse depuis plus d'un mois déjà, et en avait même perdu en partie le sommeil. Pourtant il plaçait beaucoup d'espoir dans ce lycée - que certains considéraient comme réservé aux snobs - car il lui avait fallu de nombreux efforts pour y être accepté : pour pallier aux coûts exorbitants de chaque trimestre, il s'était renfermé sur ses études jusqu'à obtenir une bourse au mérite qui les couvrirait dans leur totalité. À condition, bien sûr, qu'il parvienne à maintenir sa moyenne au dessus de seize. La chose ne lui paraissait pas impossible, surtout après deux mois de révisions, de lectures et d'exercices en vu de cette nouvelle année. Il devait bien avoir quelques mois d'avance sur ce qui lui serait demandé.

        Il repoussa son cahier, déposa dans sa trousse son stylo plume avant de la refermer puis se leva et avança en direction de la fenêtre. Elle donnait sur une multitude de bâtiments, dont certains commençaient à cacher le soleil qui poursuivait sa lente course autour de la Terre. Il jeta un œil à sa montre, posée sur la table. Huit heures un quart. Ses parents n'étaient toujours pas rentrés, ce qui lui laissait penser qu'il allait devoir se débrouiller pour le repas. Il ferma les rideaux du salon avant de se diriger vers la cuisine.

Là il sortit un grand set de table ainsi qu'une assiette et des couverts, avant d'amener le tout sur la table basse en verre, devant la télévision. Attrapant la télécommande de celle-ci, il l'alluma et passa quelques instants à zapper. Rien ne lui plaisait vraiment et il choisit donc par défaut de laisser le journal télévisé en fond. Puis il alla jeter un œil dans le frigo, lequel avait bien mauvaise mine : les réserves étaient plutôt maigres. S'il avait eu des lardons, il aurait apprécié de se faire une omelette aux lardons. Malheureusement, il lui manquait des œufs. Il dut donc se rabattre sur une salade composée à base de carottes et de concombres coupés en rondelles, accompagnés de miettes de thon, de maïs et de salade verte. Il souligna le tout d'un grand trait de vinaigre balsamique et d'un peu d'huile. Il choisit un fromage dont il coupa un morceau, un yaourt, puis pris le pain. Il mit le tout sur un petit plateau avant de passer tant bien que mal la porte menant au salon. Le temps qu'il s'installe, le journal touchait à sa fin. Il afficha donc le programme de toutes les chaînes. Comme rien ne l'intéressait, il se résigna a finir sa soirée comme souvent : en révisant.

        Lorsqu'il eut fini de manger, il transvasa le reste de salade dans un saladier plus petit qu'il mit au frigo puis s'attela à la vaisselle. Celle-ci fut rapidement nettoyée et laissée ainsi sur l'égouttoir. Hugo retourna s'asseoir au pied du canapé, tira à lui son livre de maths et se remit à travailler. Il examina la table des matières avant de porter son choix sur le chapitre concernant les variations de fonctions et dérivées. Il tourna quelques pages jusqu'à tomber sur l'entête de la première partie, prêt à se plonger dans l'étude passionnante - quoi que rébarbative - des tableaux de variations. Quelques minutes plus tard, il achevait la partie cours et s'attaquait avec un certain appétit aux exercices.

Il ne sortit le nez de son livre que lorsque sa montre sonna dix heures et demie. S'il trouvait intéressants ces exercices, il n'en restait pas moins qu'ils parvenaient à exercer sur lui un certain pouvoir soporifique. Il referma le livre avant d'amasser en tas ses affaires éparpillées sur la table pour pouvoir les ranger dans son sac et se dirigea vers la cuisine pour vérifier si la vaisselle avait séché : il la rangea ce qu'il put dans les placards avant d'essuyer l'assiette et le verre encore humides. Ces gestes, répétés maints fois au cours des années passées, s'exécutaient comme des automatismes.

        Il enfila son pyjama avant d'aller se brosser les dents dans la salle de bain. Là, il fit quelques grimaces devant le miroir, essayant d'imaginer ce que pouvaient faire les enfants de son âge lorsqu'ils étaient dans cette situation. Il se rinça la bouche avant d'aller dans sa chambre, attrapa le livre qui traînait sur son bureau - L'attaque du moulin, d’Émile Zola - puis se jeta sur son lit. Il lut quelques pages avant de se rendre compte qu'il avait trop chaud et alla ouvrir la fenêtre : l'air était chaud, chargé des souvenirs de la journée. Sous ses yeux brillaient les multiples lumières de la ville. Il retourna à son livre, bien que celui-ci parvint rapidement à l'emmener aux portes du sommeil. Il se mit alors à penser, à réfléchir à sa rentrée la semaine prochaine. Il n'avait pas dépensé tout l'argent de sa bourse et pourrait donc aller faire quelques achats. Sans doute quelques vêtements pourraient l'aider à se fondre plus aisément dans la masse des élèves… Il l'espérait, en tous cas.

Il essaya aussi de réfléchir à la manière dont il pourrait se présenter aux autres, sans dévoiler sa maladie. Ce qu'il pourrait dire, ce dont il pourrait discuter... Mais toutes ses conversations tournaient court dans sa tête. De fait, il préféra ne plus trop y penser : il tenterait d'être naturel, en espérant qu'on l'accepterait, que personne ne le rejetterait. Et qu'ils ne seraient pas gênés en apprenant qu'il était leucémique. Rapidement, il sombra dans un profond sommeil.

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C'est quand même mieux que la première version...

Celle dernière est définitivement perdue, sauf si quelqu'un l'a sauvé.
Oups !