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au 31 Mai 21 :
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Témoin de vies
Par Choupy
Originales  -  Romance/Général  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     1 Review    
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J’observe, je regarde, je scrute.

 

J’ai toujours adoré être seule au milieu des gens. Je suis là, invisible, transparente, spectatrice de la vie. De leurs vies. J’aime ça. Pourquoi faire la conversation ? Devoir faire des concessions en vivant, cohabitant avec l’autre ? Alors qu’il est tellement plus agréable d’être ainsi. Pas asociale, juste solitaire.

 

Oui, j’aime être seule dans les lieux où l’on vient et où l’on vit en groupe. La plage en plein mois d’août, la salle de cinéma obscure ou comme maintenant la salle bondée d’un petit restaurant.

 

Bien sûr, je ne suis pas unique à être seule. Mais au contraire des autres solitaires, moi je ne me recroqueville pas dans un coin de la pièce, espérant que personne ne vienne juger la culpabilité de la chaise vide en face de moi.

 

Une pièce pleine de monde, pleine d’inconnus est une vraie mine d’or pour l’analyse de la société. Analyse complètement subjective de ma part, je l’admets. Mais après tout, je m’en fous, que celui que cela dérange, vienne s’asseoir avec moi et que je devienne un des leurs.

 

Mince, mes voisins de droite viennent de partir. Tant pis, 3 personnes installées plus loin attirent mon attention. 3 hommes, 3 amis, un déjeuner nommé retrouvailles, retrouvailles joyeuses. Pourtant entre les rires, j’y perçois le jeu du « j’ai mieux réussi que toi ». Classique et banal. Le genre de repas, organisé des mois ou des années après le dernier, le genre de repas où l’on entend pas vraiment les autres, espérant juste que eux entendront le récit de l’achat de sa nouvelle décapotable. Et pas à crédit. Oui, classique, banal et humain.

 

Table suivante. Un couple et un bébé tout blond comme eux. Des étrangers. Aucune idée de la langue qu’ils peuvent bien parler. Leurs voix m’arrivent, mais pas la traduction des paroles. Le bébé, lui, je le comprend, petits cris aigus, rires, pleurs, sourires, bulle de bave, yeux pétillants… Lui, il parle la langue universelle. Je lui fais un sourire, il se met à pleurer. Hum, mauvaise idée, mauvais karma. Je retente et cette fois-ci, il me sourit. Assez lunatique finalement les poupons. Ses parents, inconscients du lien venant de se former continuent de discuter entre eux.

 

Au fond de la salle, un homme brun parle à son ami en face de lui. Il m’intéresse plus particulièrement. Il parle avec les mains, tout en narrant son histoire. Je suis hors de portée d’écoute mais grâce aux gestes, j’ai vraiment l’impression de pouvoir tout suivre. J’éclate de rire, il vient d’être drôle. Le couple à côté de moi vient instantanément de me classer dans la catégorie « folle à lier » ; mais qu’importe, de toute façon leur tour viendra à eux aussi.

 

Oh, un couple mal assorti vient d’entrer. Un régal pour mes 5 prochaines minutes.

 

Mon cerveau est en ébullition. Le restaurant est bruyant, comble, en perpétuel mouvement, c’est le coup de feu de midi, pourtant ce n’est rien en comparaison à mes méninges en ce moment. J’essaie de deviner les prénoms des clients. Celui-ci à une tête de Charles ou alors de James, au choix, mais assurément pas un Vincent. Je traque les regards, les gestes pour associer les couples, pour différencier les amis des amants.

 

Je remarque un homme et une femme buvant leur café assis côte à côte et non en face l’un de l’autre. Cela m’interpelle. Pourquoi ? Quel est l’intérêt ? Sont-ils déjà lassés de leur propre compagnie, qu’ils ne peuvent plus se regarder dans les yeux ? Un regard en coin de leur part m’apprend avec surprise qu’ils pratiquent eux aussi mon exercice favori. Observer des gens qui observent, intéressant et novateur pour moi.

Je croise du regard la femme. Me sentant complices, je lui décroche un sourire. Elle me dévisagea surprise et me répond d’un air un peu forcé. J’ai compris. Même si nous pratiquons la même activité, même pour eux, je ne suis pas pareille. Pas de leur catégorie. Moi, je suis seule, et sourire aux gens lorsqu’on ne semble pas intégrer socialement, c’est suspect. Et bien tant pis, je resterai une fille suspecte, et le pire s’est que l’idée me plaît assez. Suspect, c’est pire que coupable. Au moins coupable, les faits sont clairs, bien établis. Suspect, c’est le mystère, la plongée dans l’inconnu.

 

J’ai le privilège d’accueillir de nouveaux voisins à ma droite. Un homme châtain, yeux vert, assez mignon accompagné d’une dame qui semble sa mère. Il passe les commandes tandis qu’elle va se laver les mains. Il lui a fait une surprise, parait-il. Lorsque le serveur revient, la surprise n’a pas vraiment l’air de faire plaisir à la dame, et pour un peu je la comprends, c’est une boisson étrange que son fils lui a commandée. Je m’interroge même sur le pourquoi de cet acte. Vengeance tardive d’une privation de sortie d’il y a 20 ans ? Le verre somme tout classique renferme un cocktail de fruits alcoolisé qui pourrait avoir l’air appétissant, s’il n’y avait pas cette couleur oscillante entre le brun et le orange, mais le orange d’un fruit ayant passé la date de préemption depuis un bon moment. « C’est nouveau et délicieux », lui explique-t-il. Elle boit une gorgée et vu sa tête, elle n’a  pas l’air convaincu. Il lui dit que « oui, c’est fort ». Je bénis mon pauvre et tout simple jus de pomme.

 

- Salut, tu es en avance ou je suis en retard ? demanda soudain une voix devant moi en prenant place face à moi.

 

Je regarde un long moment la pauvre chaise désormais plus vraiment vide et l’homme brun à la barbe naissante qui vient de s’asseoir dessus. Je regarde la fin de mon état délicieux de voyeur, seule au monde. C’est irritant au possible.

 

- Je suis si en retard que cela ? dit-il devant mon silence. Tu as déjà commandé ?

 

Je regarde furtivement à côté : la dame âgée semble finalement avoir pris goût à sa boisson. Surprise, je choisis de réagir : je me penche par-dessus la table pour déposer un petit baiser sur les lèvres bien dessinées. Je souris heureuse. Après tout, peut-être que moi aussi je peux m’habituer à ne plus être de l’espère des solitaires, peut-être que je pourrais m’habituer à ce beau brun qui n’a pas de montre.

 

 

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