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Sans rancune
Par Vaesen
Originales  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 1     Les chapitres     1 Review    
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Prologue

Note de l'auteure :

Bonjour à tous et à toutes !

Cette fiction ne sera probablement pas très longue, de l'ordre d'une dizaine de chapitres au grand maximum, et suite au prologue, la narration va tomber à la troisième personne. Parce qu'écrire à la première personne avec Misha, c'est la mort. D'ailleurs, j'avertis que ce prologue ne sera pas de la grande littérature...

Ahem. D'autre part, je ne sais pas du tout à quelle fréquence je posterais la suite, disons que les personnages sont butés et ne s'entendent pas encore sur le fin mot de l'histoire, chacun voulant son bout d'os. De même, je n'ai pas encore totalement décidé si je plaçais l'histoire dans un lieu existant, semi-fictif ou fictif. D'un autre côté, le titre risque de changer en cour de route. Il est potentiellement provisoire.

Avertissement : Il s'agit d'une fiction MxM, c'est-à-dire qu'elle porte sur des relations entre hommes. Vous êtes donc prévenus ! Ceux qui n'aiment pas, ne lisez pas. Tout simplement.

Prologue

Quand tu te réveilles le matin, la tête dans le cul, à moitié avachi sur un matelas miteux et un plancher crasseux, t'as pas franchement envie de te bouger et de te trainer jusqu'au boulot. Même si le travail est à moins de dix minutes de marche et quelques autres en métro, c'est qu'en fin décembre, dans mon coin de pays, on se les gelait, assez qu'il faisait un froid de canard dans mon appart. Ça frôlait le froid polaire. J'en avais les orteils engourdis, sans parler de mes pieds ankylosés. Le chauffage était pas foutu de fonctionner et j'avais beau gueuler au proprio de s'en occuper depuis que j'avais emménagé, il l'avait jamais fait. Et je vivais dans ce taudis depuis plus de six ans. Six putains d'années et ce con foutait que dalle pour arranger le chauffage ou la plomberie. Fallait même pas parler de la buanderie du premier étage ; c'était une vraie porcherie. Y'avait pas un truc de potable dans tout l'immeuble, même les escaliers tombaient en morceaux, c'est vous dire. La peinture écaillée et les taches brunes au plafond, ça avait le don de massacrer votre bonne humeur. Déjà que la mienne volait jamais bien haut... c'était à se demander pourquoi.

Enfin, je devais avouer qu'au réveil, la cause de mon humeur de chien était toute désignée.

L'alarme se taisait pas, me tuait le crâne, et même si j'agitais mes bras à gauche et à droite, je tombais que sur mes fringues et jamais sur cette saloperie de téléphone. Ça m'avait pris des plombes avant de le trouver, alors que, merde, je vivais dans une piaule d'une pièce et demie. C'était pas compliqué. T'avais le choix entre la salle de bain pire que crade et une chambre tellement bordélique qu'on n'y voyait même plus le plancher. Entre les assiettes dégueulasses que je devais laver depuis un bail, les sacs d'ordures qui puaient la mort et les vêtements aussi sales que propres, c'était quand même pas si difficile à dénicher. Ou peut-être que si, justement.

J'avais jamais été une fée du logis, c'était plutôt ma sœur qui s'en occupait dans le temps où on vivait chez mon père et qui venait faire razzia dans ma chambre, pillant le linge à laver avant de mettre un peu d'ordre dans tout ce beau bordel. Je sais pas si elle se prenait pour notre mère, mais le ménage, ça la connaissait. Et les remontrances aussi. Le « Range ça, Misha » ou bien le « Nettoie ça, Misha » et il ne fallait pas oublier l'éternel « T'es plus un gosse Misha ! Prends toi un peu en charge, bon sang ! », c'était pas prêt de me manquer. Même après neuf ans.

- Tss.

Ma langue claqua contre mon palais et je serrai les dents. Penser à Masha direct en me réveillant, ça avait de quoi plomber ma journée. À n'en pas douter, le coupable était ces bouts de rêve qui me restaient en travers de la gorge. Rêver à ce connard qui, que je le veuille ou non, était associé à ma sœurette, m'ouais, il y avait mieux comme nuit. S'il pouvait aussi éviter d'apparaître dans mon sommeil, ça me ferait des vacances. À ce temps-ci de l'année, il hantait déjà mes pensées à longueur de journée... Oui, bon mes journées étaient donc pourries d'avance et c'était peut-être pour ça que je rêvais de lui puisque j'arrivais pas à me le sortir de la tête. Ou c'était peut-être l'inverse ? En rêvant de lui, je ne pensais qu'à sa tronche du matin au soir ? Dans les deux cas, il devait forcément y avoir une cause à effet dans le coin et dans les deux cas ça me réjouissait pas des masses.

Je disais rêver, mais les flashs qui me revenaient en tête n'avaient rien du rêve et tout du souvenir. Et les sentiments emboitaient tout simplement le pas comme si c'était tout ce qu'il y avait de plus naturel. Se réveiller avec des envies de meurtres et une colère sourde, ça frisait la psychopathie parce que, franchement, j'étais prêt à parier que si on me contrariait, là et maintenant, il m'en faudrait pas plus pour buter le malheureux. Mes poings me démangeaient et je me faisais violence pour calmer mes pulsions. Le mur allait encore en payer les frais et il était déjà assez amoché. J'allais peut-être éviter d'en rajouter une couche et je soupçonnais le plafond de vouloir céder à la moindre secousse. Nan, mourir sous les débris à cause d'un pauvre con, très peu pour moi. Être pathétique dans la vie de tous les jours me suffisait, j'avais pas envie que cet état me colle à la peau jusqu'aux enfers - les portes du paradis, celles-là, elles m'étaient fermées ; j'allais pas me mentir là-dessus, j'étais loin du saint et je m'en cachais pas.

D'une main tremblante, je dégageai mes mèches blondes de mes yeux. Fichtre, elles me faisaient chier parfois. Enfin, là, tout me faisait chier. Tout me passait par-dessus la tête, exception faite de l'alarme qui me cassait toujours les burnes. Sérieux, où est-ce que j'avais encore foutu mon téléphone ? La dernière fois, je l'avais retrouvé dans le micro-onde et vu mon état d'ébriété en rentrant ce matin, je serais pas surpris de le retrouver dans la cuvette, tiens.

Mais non, le bruit était trop proche et faut avouer qu'avec mes mouvements de paresseux, j'étais pas prêt de mettre la main dessus. De toute manière, mes pensées (les « rationnelles », s'entend) se faisaient la malle pour laisser place à des envies de vendetta, celle-là même que j'avais jamais réussie à mener à bien. Et c'était une chose qu'au mois de décembre, je regrettais un peu trop. Ça me collait à la peau, cet échec. C'était malsain... et, ouais, je me plaisais là-dedans. Ça me rassurait toujours de constater que j'avais pas oublié. De toute manière, j'oublierai jamais. On m'a trop souvent dit que j'avais la rancune tenace. Rien à foutre. Qu'on me râle dessus, qu'on me rabatte le clapet, j'assumais ce « défaut ». J'avais juste une bonne mémoire. Pour les coups de pute et les trous du cul.

J'avais beau revoir sa sale tronche en sang dans mes rêves, ce qui était jouissif à un certain degré, c'était jamais assez. J'en voulais à mon téléphone de me couper de cette image parce que, dans les fantaisies de mes rêves, ce fils de pute n'avait pas que le nez pété après notre petite discussion à l'amiable, discussion qui s'était soldée avec mes poings et des insultes à faire rougir une salope. Si ça n'avait tenu qu'à moi et que le pion était pas débarqué dans son bureau, ses couilles auraient fini éclatées contre le parquet, sous mes semelles. L'idée de les arracher et de les lui faire bouffer avait aussi été vachement tentante.

Le seul hic dans l'équation, ça avait été Marco et ses bras musclés contre lesquels je faisais pas le poids à l'époque. Comme si un gosse de seize ans pouvait espérer rivaliser avec un pion qu'on aurait dit tout droit sorti de l'armée. Marco était bien gentil, mais il foutait quand même les jetons quand il s'y mettait. Ça avait pas été faute d'essayer, au moins, et l'autre s'était vu gratifier d'un sale coup de pied dans le ventre. Verdict ; sa descendance était sauve, pour ce que ça valait. Tsk. Fait chier, mon humeur était partie pour dégringoler. Génial, ce réveil.

Quand enfin je mis la main sur mon téléphone et que je lançai un coup d'œil au cadran, il affichait 15:01. Le bar ouvrait dans moins d'une heure et demie. Je devais y être dans quarante-cinq minutes. Oh purée, si j'arrivais encore une fois en retard ce mois-ci, j'allais carrément me faire virer et j'avais vraiment pas besoin de ça ces temps-ci. Se trouver un boulot quand t'as une scolarité de merde, c'était pas de la tarte. Alors, ouais, je quittai mon lit en catastrophe, mes pieds s'emmêlant dans les draps et je me cassai la gueule en beauté. Parce que j'étais moi et faire un truc bien, comme il faut, ça m'arrivait jamais. Jamais.

 
 
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