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Deux poissons en un (ou 1er chap de "quand la musique, etc..." )
Par Lusaka
1er Avril '08  -  Général  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     4 Reviews    
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Et ben voilà. Après moults hésitations, je participe tout de même à ce nouveau concours. Ne laissons pas Mani tout seul !! è_é ça fait méga super trop longtemps que je n'ai rien posté... J'en profite pour demander pardon auprès de celles et ceux qui me lisaient. Mais je reviens voyez-vous, je suis toujours en vie. ^^ (et je vais continuer Break th ice, c'est promis juré)

Donc voilà, je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne chance pour la lecture de cette originale... ma première... il n'y a pas de slash (sorry) mais cet OS va probablement devenir une fic en fait.... si j'ai le temps et si vous aimez. ^^ Donc les deux personnages principaux que vous allez découvrir....... voilà, bon j'en dis pas plus. Bonne lecture ! ^^

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Classique et rap : deux en un.

Le léger clappement de la télé qui s'éteignit ramena le silence dans la pièce. L'écran noir ne bougeait plus. On pouvait à nouveau entendre le bruit des voitures dehors, en bas, dans la rue. Marsh se leva et attrapa la canette de bière qui traînait sur une petite table. Il la porta à sa bouche mais aucune goutte n'en sortit.

- Fuck…

Il froissa l'alu entre sa main et le jeta dans une corbeille qui trônait là un peu par hasard. Un monde sans bière est un monde mortel. Heureusement, son frigo recelait de ce trésor alcoolisé. Il attrapa une nouvelle canette et la déclipsa d'un mouvement rapide. Le liquide coula dans sa gorge. Que de jouissance… 

Bobigny, banlieue de Paris, samedi 1er avril 2006, 20h56. Les lumières de la rue s'allumèrent d'un seul coup et avec elles, un panneau publicitaire lumineux accroché sur la façade de l'immeuble d'en face dont la lumière verte et orange clignotait jusque dans l'appartement. Le jour tombait tout doucement.

Aujourd'hui, Marsh avait perdu son travail. La cause ? Insulte homophobe envers un client. De la part d'un serveur de bar gay, ça ne collait pas. Le client s'était aussitôt plaint et le patron, tout aussi homo que les clients de son bar, avait gentiment remercié Marsh en lui demandant d'aller désormais se faire voir ailleurs.

Le blond soupira et s'approcha de sa fenêtre. Huit étages plus bas, les phares des voitures éblouissaient les quelques passants qui piétinaient encore les trottoirs de bitume. Son pantalon trop large lui tombait sur les reins, recouvert par un tee-shirt énorme lui arrivant à mi-cuisse. Des baskets et un bracelet de cuir noir parachevait ce look de rappeur de banlieue.

Le téléphone sonna.

- Hey…

Une fine voix inaudible lui répondit.

- Ouais, je pète la forme, lança-t-il plein d'ironie. J'ai perdu mon job.

La petite voix du téléphone sembla horrifiée. Marsh soupira et se laissa tomber dans son divan. Tout en fermant les yeux, écoutant à moitié son interlocuteur, il finit sa canette en quelques gorgées.

- Ecoute, j'en ai rien à foutre, finit-il par dire.

- ...

- Je sais. Mais j'en trouverai un autre.

- ...  

- Non Tom, j'irai pas m'excuser !  

- ...

- Ok, je te laisse. 

Alors que l'interlocuteur continuait de parler, Marsh raccrocha et envoya son téléphone sans fil à l'autre bout du divan. Il avait horreur qu'on lui fasse la morale. Il savait pertinemment qu'il était loin d'être parfait, peut-être même était-il le pire élément de la race humaine, mais il avait ses valeurs, il ne changerait pas.

Il ne voulait plus entendre parler du bar, ni d'homos, ni même de boulot. Il allait profiter de ce tournant pour faire ce qu'il aimait réellement. Un sourire naquit sur ses lèvres. Il se pencha en avant et attrapa une télécommande qu'il pointa vers un lecteur de disque. Quelques secondes plus tard, une basse résonnait contre ses murs et une voix, grave et agitée, se mit à rapper sur le rythme.

Marsh laissa sa tête retomber en arrière, sur le dossier du divan et ferma ses yeux trop sombres. La vie pouvait être belle. Sans doute…

 

oOoOoOoOoOoOo

 

La chasse d'eau retentit dans le silence des toilettes du théâtre. La porte s'ouvrit et Alexandre en sortit. Il se planta face aux lavabos et s'observa dans le miroir. Teint blafard, légères cernes, lèvres tombantes, cheveux noirs impeccables, yeux clairs qui dévoilaient toute la peur qu'il ressentait. Le profil parfait du gagnant. Sa propre ironie le fit se moquer de lui-même. Il appuya sur le robinet qui fit jaillir l'eau plus fort que prévu et éclaboussa légèrement la magnifique chemise blanche du concertiste.

- Et merde, grommela-t-il.

Il rabattit sa veste noire dessus et il n'y parut plus. Il passa ses mains sous l'eau froide, longuement, les laissant se raidir avant de les contracter et les relâcher. Ce petit exercice était obligatoire. Si jamais ses mains le trahissaient…

L'eau s'arrêta d'elle même et il rappuya pour la faire couler de nouveau. Les partitions défilaient dans sa tête. Ses doigts bougeaient d'eux-mêmes sous le jet froid.

Alexandre était guitariste professionnel depuis un an seulement alors qu'il n'avait que vingt-cinq ans. Il savait parfaitement quel public il allait avoir ce soir-là. Un public de mélomanes triés sur le volet. Des gens qui reconnaîtraient ses pièces dès la première note, et qui le jugeraient sur toutes les mauvaises positions. Oui, chaque doigté allait prendre toute son importance.

Il sécha enfin ses mains, soigneusement, un doigt après l'autre. Puis il sortit en observant ses ongles. Ceux de la main gauche étaient coupés au plus ras. Parfait. Ceux de la main droite… Pourvu qu'ils ne cassent pas ! C'étaient ses armes à lui. La moitié de la qualité de son jeu se trouvait au bout de ses ongles longs, arrondis, taillés selon une technique qu'il espérait fonctionnelle.

Il arriva de nouveau dans la petite pièce qu'il avait quitté cinq minutes avant.

- Ça va mieux ?

Il quitta ses ongles du regard pour faire la moue en direction d'un vieil homme d'une soixantaine d'années. Son maître, son mentor. Charles Fray était professeur au conservatoire national de Paris depuis une vingtaine d'années. Alexandre était son meilleur élément depuis bien longtemps. Il espérait beaucoup lui céder sa place.

Mais le jeune homme était assez instable, lunatique, en constante recherche de lui-même. Un parfait artiste. Or, si ce caractère convenait à un concertiste, cela n'allait guère à un professeur qui se devait d'être méthodique et pédagogue. Tout un savoir faire.

- Tu pourrais sourire un peu, non ?

- Désolé, murmura Alexandre en remontant un peu les coins de sa bouche.

- N'oublie pas que l'apparence que tu vas leur donner jouera fortement dans les critiques que l'on pourra lire demain.

- Ne me parlez pas des critiques ! s'exclama le jeune homme d'une petite voix effrayée.

- Tu vois, tu perds déjà de ta posture. Sois fier Alex, sois fier.

Le brun reprit contenance et jeta un œil au miroir de la loge. Bien, il était toujours aussi pâle, mais au moins, sa bouche ne ressemblait plus à un vieux pruneau affaissé.

- Tu n'as pas oublié ce que tu jouais en bis ?

- Non, répondit Alexandre en espérant au plus profond de lui-même que son public réclamerait ce bis préparé depuis si longtemps.

 

oOoOoOoOoOoOo

 

- Allez ouvre je te dis !

- Je suis très bien tout seul, répliqua la voix de Marsh dans l'interphone.

- Putain, Marsh, j'ai une surprise pour toi alors ouvre cette putain de porte et…

Sylvie n'acheva pas sa phrase : la porte d'entrée de l'immeuble de son ami venait enfin de se déclencher. Elle la poussa rapidement et disparut dans les escaliers.

- Si c'est Tom qui t'envoie, tu peux repartir, grommela le rappeur en la laissant entrer dans son modeste studio.

- Pourquoi Tom devrait-il m'envoyer chez toi à la nuit tombée ? ricana la jeune femme. Il n'est pas fou.

- Il t'a rien dit ? s'étonna Marsh en se laissant retomber dans le canapé.

- Si, tu as perdu ton boulot et tu es toujours aussi grossier, répliqua Sylvie en haussant les épaules. Mais je m'en fous, c'est pas en venant te voir qu'on te changera, si ?

Marsh ne répondit rien. Il ne connaissait que trop bien ce calme apparent…

- Si je te disais que j'étais lesbienne tu ferais quoi ?

Le blond fronça les sourcils. Ah, il s'était attendu à quelque chose de ce genre de la part de la jeune femme, mais il était tout de même surpris par la question. Il la connaissait depuis un moment maintenant. Lorsque Tom la lui avait présenté, il avait tout de suite cerné le personnage : autoritaire, dynamique, adorable mais trop bavarde. Elle convenait parfaitement à Tom à vrai dire, un très beau couple. Ils savaient aussi bien l'un que l'autre comment pincer les gens.

- Alors ? insista-t-elle.

- Je crois que j'ai envie d'une pizza, grogna Marsh en attrapant son téléphone.

- Réponds-moi ! Qu'est-ce que ça t'aura apporté d'insulter ce type ?

- Du soulagement ! s'énerva le blond. Putain, il roulait une pelle à ce mec juste sous mes yeux là ! Un comptoir n'est pas un lit bordel !

- Ok, je suis d'accord, reconnu Sylvie en s'asseyant enfin sur une chaise. Mais réponds à ma question quand même. Tu dirais quoi ?

Le blond la regarda de biais et eut un ricanement.

- T'es aussi gouine que moi chanteur de blues.

- Tu répondras pas hein ?

- J'ai rien à dire là-dessus Sylvie, tu fais ce que tu veux. Mais si tu es lesbienne, ça veut dire que tu vas briser le cœur de mon meilleur pote. Et rien que pour ça, je te ruinerai jusqu'à l'os.

La rouquine fit une grimace et le rassura aussitôt sur sa sexualité. Le silence s'installa doucement. La chaîne stéréo continuait de diffuser du rap en sourdine et la pub du mur en face clignotait toujours désagréablement.

- Au fait, c'est quoi ta surprise ? demanda enfin Marsh.

- Habille-toi et suis moi dehors, tu le sauras.

- Nan, mais dis moi !

La rouquine lui envoya le regard le plus noir qu'elle pu. Conscient de sa faiblesse envers la gent féminine, le rappeur se leva, enfila sa veste, éteignit sa chaîne et la suivit en grognant. 

 

oOoOoOoOoOoOo

 

Quelqu'un frappa à la porte de la loge. Les mains d'Alexandre furent parcourut d'un frisson : c'était l'heure. Les couloirs s'enchaînèrent de nouveau. Le brun hésita à tourner de nouveau en direction des toilettes, mais le regard noir de Charles Fray le ramena dans le droit chemin. Le stress… son pire ennemi.

Son cœur battit plus fort que jamais lorsqu'il arriva dans les coulisses. Le rideau était encore tiré. Le bruit de la salle lui parvenait. Une simple chaise était posé au centre de la scène, et il apercevait sa guitare, debout sur un trépied, juste à côté. Il aurait préféré un espace remplit d'objets, de décors, plutôt que ce vide.

- On vient d'éteindre les lumières Monsieur, murmura quelqu'un dans son dos.

En effet, derrière le rideau, les voix se faisaient plus douces, silencieuses. Il fallait y aller. Alexandre quitta les coulisses rassurantes et s'avança sans bruit sur scène. Pas une planche ne grinça sous ses pas. Il empoigna le manche de sa guitare et s'installa.

Il tourna la tête vers les coulisses et fit un petit mouvement de tête. Aussitôt, le rideau se leva, accompagné par les applaudissements. Alexandre se releva, comme la bienséance le lui ordonnait, et salua par avance son public.

Puis, tout commença. A peine rassit qu'il plaça ses mains pour le premier morceau, et les premières notes s'envolèrent dans le silence respectueux de la salle. Au premier rang, le directeur du conservatoire national de Paris, accompagné de sa femme et de ses jeunes enfants, eut un léger sourire. Il ne regrettait pas d'avoir appuyé fermement l'entrée de ce jeune homme dans son établissement neuf ans plus tôt.

La preuve était sous ses yeux : Alexandre avait tout d'un grand.

 

OOoOoOoOoOoOo

 

Marsh commençait à avoir froid. Après le tram et le métro, ils étaient de nouveau en train de parcourir les rues de Paris à pied. Enfin, Sylvie le fit s'arrêter devant les portes vitrées d'une salle de spectacle bourgeoise.

- Je rentrerai pas là-dedans hein, prévint-il.

La rouquine qui examinait le programme de la soirée sur le mur du théâtre se tourna vers lui en fronçant les sourcils.

- Bien sûr que si, répliqua-t-elle. D'ailleurs on est en retard, ça a déjà commencé depuis trois quart d'heures.

- Tu plaisantes là ! s'énerva Marsh en la regardant pousser la porte du hall.

- Pas du tout ! Viens, vite !

- Mais t'es dingue ! C'est du classique, grommela le rappeur qui jetait à son tour un œil sur le programme. Tu sais le truc pour endormir les gamins, ricana-t-il encore.

Sylvie ne l'avait pas entendu : elle était déjà dans le hall, marchant précautionneusement sur la belle moquette mauve. Marsh entra à son tour en soupirant d'agacement. Au moins, il faisait plus chaud à l'intérieur. Se sentant pourtant trop étranger à ce lieu, il resta dans l'entrebâillement de la porte et appela la rouquine à mi-voix.

- Sylvie ! Ramène tes fesses, on se barre !

La jeune femme revint sur ses pas et pointa un doigt sur la poitrine du blond.

- J'ai deux billets pour ce concert et Tom a refusé de m'accompagner. Donc tu viens avec moi. Il n'y a aucune discussion possible.

- D'où tu es allée chercher des billets pour ce truc de naze ? ricana Marsh.

- On me les a offert, répondit Sylvie en rougissant.

 Marsh fronça aussitôt les sourcils. Si elle était bavarde, la jeune femme était aussi incapable de mentir trop longtemps.

- T'es en train de me rouler.

- Non, non ! murmura la rouquine affolée.

- Bon, tu sais quoi ? Je t'attends dehors. Vas-y à ton concert !

Marsh ressortit dans l'air frais de Paris. Au moment où la porte se refermait sur lui, une boule de cheveux noirs se jeta sur lui en éclatant de rire.

- J'ai gagné ! J'ai gagné j'ai gagné j'ai…. Argh… Nan, Marsh, lâche-moi vieux...

- Tom, c'était quoi le pari ? siffla le rappeur qui maintenait le nouvel arrivant contre le mur, son avant-bras appuyé sur le cou du brun dont les yeux riaient encore.

Le brun n'avait aucune chance de le repousser. Autant lui était fin et peu sportif, autant Marsh rendait régulièrement visite aux salles de sports de Bobigny.

- Juste te faire entrer là-dedans, souffla Tom.

- Marsh, ça va, c'était juste une blague. On voulait te sortir de ton studio, expliqua Sylvie. Te changer la tête. On… on est le premier avril, rajouta-t-elle en haussant les épaules, sachant pertinemment que cette excuse paraîtrait ridicule aux yeux du rappeur.

- Mais vous êtes des tarés hein, grogna le blond en s'écartant enfin de son ami.

- N'empêche, Sylvie me doit une nouvelle pédale pour mon synthé maintenant ! ricana Tom en se massant le cou. Elle était sûre d'arriver à te faire rentrer là-dedans.

- J'avoue que je comptais beaucoup sur mon charme, rigola la rouquine en passant une main dans ses longs cheveux flamboyants.

- J'ai viré homo, tu savais pas ? ricana Marsh.

- Idiot, pouffa Tom. Bon allez, je vous offre à boire !

Le rappeur enfonça ses mains dans les poches de sa veste et suivit le couple en soupirant. Mais au bout de quelques pas, il s'arrêta. Lui aussi pouvait avoir les idées retords.

- Dites voir vous deux, lança-t-il d'un air mesquin. Qui c'est qui a eu l'idée de ce poisson pourri en premier ?

- A ton avis ? rigola Tom. Sylvie voulait juste qu'on t'invite à boire. Moi j'ai monté le truc, et j'avoue que je suis assez content parce que tu vois…

- Ok, alors j'y vais finalement, coupa Marsh en faisant demi-tour.

- Hein ??

Tandis que le visage de Sylvie s'éclairait d'un large sourire, Tom courut rattraper son ami pour le supplier de ne pas rentrer dans ce maudit théâtre. Mais galanterie oblige, Marsh préféra faire gagner le pari à la rouquine plutôt qu'au pauvre brun désespéré de devoir désormais offrir de nouvelles chaussures à sa petite amie. Il disparut donc dans le hall en affirmant qu'il adorait la guitare classique et encore plus les poissons d'avril ratés.

 

OOoOoOoOoOoOo

 

Alexandre était aux anges. Il l'avait eu son bis ! Le Carulli était passé comme une lettre à la poste. Il se sentait heureux et à sa place devant ce public qui l'applaudissait si chaleureusement. Il avait encore en tête les notes qui s'envolaient entre ses doigts. Il salua une dernière fois tandis que le rideau se baissait enfin. En retournant dans les coulisses, il serra sa guitare contre lui. C'était grâce à elle aussi.

- Bravo Alex ! s'exclama Charles Fray lorsqu'il entra dans sa loge. A part le Capricho Arabe, tu as tout réussi à la perfection ! Le son était merveilleux ! 

Le visage du brun se décomposa.

- Le… le Capricho ? Il… ça n'allait pas ? Je veux dire… je me suis trompé quelque part ? J'ai pourtant cru…

- Calme-toi ! rigola son professeur en le forçant à s'asseoir. Ce n'était qu'une blague. Tu as très bien joué.

- Mais c'est pas drôle du tout ! s'insurgea le jeune homme.

- Un premier avril reste un premier avril, assura le plus vieux en souriant.

Alexandre hocha la tête. Son cœur reprit un rythme plus normal et il daigna enfin poser sa guitare dans sa caisse, au chaud. Quelqu'un frappa et une grande dame habillée d'une magnifique robe émeraude pénétra dans la petite pièce.

- Oh mon lapin ! s'exclama-t-elle en se jetant sur le guitariste. C'était merveilleux !

Alexandre eut un bref soupir en la laissant le prendre dans ses bras. Sa belle mère avait le don de le mettre dans des situations toujours très déplaisantes.

- Bonjour Madame Gantier, lança Charles pour le sortir de là.

- Monsieur Fray ! Quelle joie ! s'exclama la femme en lui tendant la main.

Elle allait recommencer à se confondre en compliments pour Alexandre lorsque de nouveau, quelqu'un frappa à la porte. Le jeune guitariste en profita pour se déplacer et alla ouvrir la porte. Un des ouvreurs du théâtre se trouvait derrière, un petit air gêné sur le visage.

- Excusez-moi Monsieur, mais voilà… Euh… pendant le concert, il y a… quelqu'un qui se dit de vos amis qui… Il voulait entrer dans la salle, mais il n'avait pas de billet. Alors… je…j'espère que nous avons bien fait, mais nous lui avons refusé l'accès. En revanche, nous… enfin, nous lui avons dit que peut-être il pourrait vous voir après le concert et…

- Là là ! Que de discours ! s'exclama la belle mère. Peut-être avez vous autre chose à faire que de baratiner des sottises à mon fils !

- Je ne suis pas ton fils Catherine, lança Alexandre. Où est-il ?

- Il est dans le couloir A, Monsieur. Mais il avait l'air de vouloir partir.

- Allons-y vite alors.

- Mais… tu ne sais même pas qui c'est ! s'étonna Catherine.

- Son nom ? demanda Alexandre en suivant malgré tout l'ouvreur.

- Un certain Marsh.

Le brun fronça les sourcils. Il ne connaissait personne de ce nom. Mais tout était bon pour fuir sa belle mère. Cette femme l'avait gardé près d'elle à la mort de son père, mais il ne se sentait aucune affinité particulière avec elle. Il la voyait simplement comme un porte monnaie qui lui payait ses études au conservatoire, ses vêtements, et tout ce qu'il fallait pour sa guitare. Rien d'autre.

- Voilà, je vous laisse, murmura l'ouvreur avant de s'éclipser.

Alexandre revint à la réalité et écarquilla légèrement les yeux lorsqu'il vit qui l'attendait. Un jeune homme blond d'une vingtaine d'année, habillé comme un sac, un air un peu rude sur le visage, totalement décalé avec le style et l'ambiance du théâtre.

- Vous… euh…

- Désolé, c'est le serveur qui a absolument voulu que je vous attende. Mais je voulais juste entrer pour voir, et à la limite vous écouter, mais j'ai pas pu.

- Il… il faut un billet.

- Je sais bien, répliqua Marsh.

Le rappeur ne se sentait pas très fier. Que faisait-il là ? Pourquoi avait-il attendu ce concertiste dont il ne connaissait même pas le nom ? Ah oui… pour laisser Sylvie gagner le pari. Plus le silence entre les deux jeunes hommes s'intensifiait, plus il sentait toute l'ironie de sa présence dans un tel lieu.

- Mais… vous vouliez me voir ? demanda enfin Alexandre qui se remettait doucement de ses émotions.

- Non, répondit simplement Marsh. En fait si, se reprit-il. Je… je suis rappeur, et peut-être que… voilà, peut-être qu'un jour j'aurais besoin d'un guitariste comme vous pour la musique de fond, vous savez ?

Marsh s'enfonçait, il le savait. Cette excuse était plus que pitoyable. Du classique en fond sur du rap ? Quelle idée ! Le cœur d'Alexandre recommençait à battre la chamade. Le stress, encore. Il n'y connaissait rien en rap et cet homme lui parlait une langue étrangère. Il avait horreur de se sentir ridicule.

- Euh… non, je ne sais pas, répondit-il tout de même. Mais…

- Bon, vous savez quoi ? Laissez tomber. Je suis désolé de vous avoir dérangé. J'aurais aimé vous entendre, pour de vrai, assura le blond en s'éloignant lentement.

Alexandre papillonna des yeux et le regarda partir sans rien dire.

- Ah au fait ! s'exclama Marsh en se retournant au bout du couloir. Chouette le costume !

Le blond lui fit un signe de main et disparut totalement de son champ de vision. Marsh s'était rarement senti aussi idiot. Ridicule même. Bon, c'était sans doute le but d'un premier avril, mais tout de même. Tout ça par galanterie et parce qu'il voulait se venger des idées débiles de Tom ! Mais alors qu'il croyait avoir fait le pire, il arriva dans le hall du théâtre. Là où tout le public semblait se trouver, discutant du concert sur place. Des dames en feutre rouge, des hommes en costar, des enfants bien peignés, quelques étudiants sur leur trente et un, mais absolument aucun rappeur…

Le blond sentit des regards curieux se poser sur  sa nuque. Il décida de n'y prendre garde et de tracer son chemin jusqu'aux portes. Il ne remettrait jamais les pieds dans un théâtre, c'était chose faite.

Une fois dehors, il soupira et jeta un coup d'œil autour de lui. Ne voyant ni Sylvie ni Tom, il sortit son téléphone tout en s'approchant du mur pour disparaître davantage aux yeux des bourgeois qui sortaient du bâtiment.

Son portable avait sonné et il ne l'avait pas entendu : un message l'attendait. Tandis qu'il écoutait la voix de Tom lui dire qu'ils allaient l'attendre dans un café, ses yeux vagabondèrent sur l'affiche du concert.

- Alexandre Duhamel, murmura-t-il en lisant le nom du guitariste.

Il se traita aussitôt d'idiot. C'était quoi ce respect qu'il sentait poindre en lui face au visage souriant du brun sur la photo promotionnelle ? C'est facile de gratter six cordes, tout est facile pour un gars de ce genre. Mentalement, Marsh fit la liste des choses qui devaient être évidentes pour le petit Alex : des parents aimants et riches, une réussite scolaire haut la main, des diplômes pleins les poches, une guitare neuve tous les mois, des amis docteurs ou avocats… Marsh ricana : pour rien au monde il ne voudrait d'une telle vie. Il tourna le dos à l'affiche et s'éloigna dans la nuit vers le café où l'attendaient ses deux amis qui avaient failli lui faire écouter du classique un premier avril. Failli…

 

OOoOoOoOoOoOo

 

Pendant ce temps, Alexandre était retourné à sa loge comme un zombie. Avant d'entrer, pourtant, il se secoua : il avait déjà reçu maints et maints compliments de la part de plusieurs personnes toutes différentes depuis sa professionnalisation. Alors pourquoi pas un rappeur ? Il haussa les épaules et se laissa happer par la bonne humeur de sa belle mère.

- Alors ? qui c'était ? demanda la femme en souriant.

- Oh… Un autre poisson d'avril je crois, répondit Alexandre en lançant un clin d'œil à Charles Fray qui lui sourit en retour.

- En tout cas votre concert était magnifique pour un poisson ! s'amusa le directeur du conservatoire qui les avait rejoint pendant sa courte absence. Que dis-je un poisson ! Une baleine !

Comme la blague était censée être drôle, tout le monde rit de bon cœur. Alexandre fit les remerciements nécessaires, mais quelque part, dans sa tête, il savait qu'il avait eu ce soir là, la plus belle récompense qu'il pouvait avoir : une surprise d'un rappeur inconnu.

 

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Merci d'avoir lu jusque là ! J'espère que ça vous a plu... Bisous !

 
     
     
 
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