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au 31 Mai 21 :
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Scorpius
Par Nya
Harry Potter  -  Général  -  fr
8 chapitres - Complète - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     5 Reviews    
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Elle

Tu viens de la voir. Elle souriait. Pas à toi, bien sûr, mais elle souriait et c’est ce qui compte. Tu sais qu’elle est encore là, quelque part dans cette foule mouvante. Tu sais aussi qu’un jour ou l’autre elle réalisera que tu l’observes sans cesse ; cela fait plus de dix ans que ça dure… Il est temps que ce jeu éprouvant cesse.

 

Tiens, regarde, elle est là, juste derrière cette jeune femme brune qui rit aux éclats. Maintenant que tu l’as vue, tu ne vas plus pouvoir la quitter des yeux. Son regard brillant t’attire, à tel point que tu oublies les autres. Tous les autres. Il n’y a plus que toi et elle. Elle et toi. Ce n’est pas grave si elle ne te regarde pas tant que, toi, tu la vois. Des yeux, tu caresses ses cheveux, qui tombent en boucles folles autour de son visage. Tu t’imagines embrasser ses lèvres entrouvertes sur un rire. Tu t’interdis d’aller plus loin dans tes rêves utopiques, tu la respectes trop pour cela.

Soudain, ses yeux déjà lumineux s’éclairent davantage encore et elle disparaît dans la foule l’espace d’une seconde interminable… Oui, tu manques d'objectivité quand il s’agit d’elle.

 

Ca y est, elle est dans ses bras. Même quand il dépose un baiser léger sur ses lèvres, même quand il la serre si fort contre lui, tu l’observes. Tu la vois si rarement… Pourtant tu l’aimes. Malgré tout. Malgré lui, qui ne la mérite pas.

Ton regard se voile.

 

Par Salazar, il ne peut pas la lâcher ?

 

Elle disparaît de nouveau entre les passants. Avec lui, cette fois. Tu ne bouges pas, pourtant, le regard perdu au loin, ignorant les badauds qui te bousculent sans même s’en rendre compte. Pourquoi elle ? Tu aurais pu t’éprendre de n’importe qui… Mais non, il a fallu que ce soit d’elle. Elle qui ne te connaît pas mais qui te juge quand même. Elle que tu n’aurais jamais dû ne serait-ce qu’apprécier…

 

Elle que j’aime, pourtant.

 

-Hermione, on peut y aller, là ?

-J’arrive Ron, une seconde !

 

Tu te figes. Glacé. Ils sont juste derrière toi. Tu entends Weasley soupirer, marmonner qu'il en a marre.

 

-Ronald ! Qu’est ce que tu allais dire ?

 

Tu perçois les bredouillements du rouquin tandis qu’ils passent à côté de toi avant de disparaître entre deux passants. Tu te détournes, étrangement satisfait. Au moins, ils se disputent.

 

 

 

Tu erres dans les ruelles depuis des heures. Subjectives, cela va sans dire. Il ne s’en est même pas écoulé une seule… Mais la pensée d’Hermione, qui ne te quitte pas, semble étendre le temps sans fin. Absurde. Tu effleures de la main une vitrine rutilante sans y prendre garde. Il serait temps que tu rentres, mais tu n’en as pas envie. Alors tu marches. Encore.

 

 

 

-Mais non, ce n’est pas ce que je voulais dire ! Arrête de changer de sujet et de revenir sur ça sans arrêt ! Et puis cesse de t'énerver pour un rien, c’est insupportable !

-Je m’énerve pour un rien ? Tu n’es même pas capable d’attendre ne serait-ce qu’une seconde si ce n’est pas toi qui l’a décidé ! Et tu oses prétendre que tu as changé ? C’est trop facile, Ron ! s’exclame Hermione d’un ton exaspéré.

-Je n’avais pas à changer. Du moins, pas plus que toi. Regarde-nous, là, tout de suite ! On est ridicule, Hermione…

 

Interminable silence. Tu réalises alors qu’ils sont encore derrière toi ; ce n’est pas juste un de tes songes qui se prétend réalité… Leur dispute s’est envenimée, depuis tout à l’heure.

 

-Peut-être, murmure-t-elle finalement d’une voix posée. Peut-être que tu as raison. Peut-être que c’est à moi de changer et pas à toi. Mais je pense que notre relation ne mène plus à rien, de toute manière. On tourne en rond. Je crois… Je crois qu’on s’est remis ensemble une fois de trop.

Elle a hésité sur le dernier mot. Une telle souffrance se devine derrière ses phrases… Tu te retiens, tu ne dois surtout pas te retourner. Tu te crispes encore plus lorsque tu entends Weasley lui dire qu’elle regretterait de le laisser partir, qu'ils sont faits l'un pour l'autre, que ce n'était qu'une dispute ridicule… Il a l’air triste mais tu t’en fous, il ne compte pas. Tu n’écoutes même pas la suite de son pitoyable discours. Elle est la seule qui compte.

Elle inspire profondément. Sa voix est ferme, quoique triste, lorsqu’elle chuchote :

 

-Je… je sais.

Puis, d’une voix plus ferme :

-Peut-être que je regretterai. Nous verrons bien. Mais pour l'instant, il vaut mieux qu'on se sépare. Adieu, Ronald. Bonne chance pour la suite.

 

De nouveau, un silence infini. Tu n’oses pas bouger, mais un sourire satisfait se peint sur tes lèvres.

 

Enfin !

 

Après plus de dix années gâchées auprès de lui, Hermione le rejette. Enfin. Car tu en es sûr : la rupture est irrévocable. Même si c’est puéril, tu ne peux t’empêcher d’en être heureux. Au moins, elle ne passera pas sa vie auprès de lui. Ni auprès de toi, bien sûr. Mais, ça, tu le sais déjà, depuis toujours. Tu as eu le temps de t'y faire.

 

Soudain, tu es violemment bousculé. Tout en essayant de reprendre ton équilibre, tu aperçois la chevelure rousse de ton agresseur qui disparaît dans la foule. Tu ne t’énerves même pas, pourtant, plus préoccupé par ta future chute que par un ahuri en colère. Ce serait quelqu’un d’autre, tu compatirais, mais il s’agit de Ronald Weasley. Il ne méritait pas Hermione, d'après toi.

 

Une main fine se pose sur ton bras au dernier moment, empêchant ta chute. Elle murmure un « excusez-le » confus puis un « vous allez bien ? » inquiet. Un peu hésitant, tu te retournes pour lui faire face.

Hermione.

Ses yeux bruns te scrutent avec étonnement. Tu remarques qu’ils brillent encore plus que d’habitude, à cause des larmes qu’elle refoule difficilement. Tu t’interdis de la prendre contre toi pour la consoler, tu ne supportes pas qu’on te rejette. Et elle te rejetterait, c’est certain.

 

-Malfoy ?

 

Sa voix n’est pas agressive, juste teintée de tristesse et de surprise. Comme si te voir, toi, te promener sur le Chemin de Traverse était inconcevable. Tu ne sais pas trop comment prendre le regard qu’elle te lance alors tu le lui renvoies. Mais, toi, tu es plus triste qu’étonné…

 

Hermione…

 

-Granger.

 

Sa stupéfaction semble s’accroître. Tu ne comprends pas pourquoi, puis tu réalises que c’est probablement la première fois que tu t’adresses à elle sans l’insulter. Tout comme c’est la première fois que tu lui parles, depuis Poudlard. Certainement la dernière, aussi, tu ne te fais pas d’illusions. Mais tu veux profiter de ce moment et t’en souvenir à jamais.

Alors tu réfrènes tes sarcasmes habituels et tu lui adresses un sourire sincère, charmeur.

 

-Tu vas bien ?

 

Ta question est ridicule. Elle ne va pas bien, ça se voit et tu le sais. Alors tu espères que ton sourire l’empêchera de se rendre compte de l’inutilité de ta question. Et en effet, elle répond, visiblement gênée.

                                                                                            

-Je vais plutôt bien, merci.

 

Tu l’observes attentivement. Elle semble déstabilisée. Tu devines sans peine qu’elle ne retrouve pas en toi l’adolescent détestable qu’elle a connu. Qu’elle ne comprend pas.

Et puis, alors que tu t’apprêtes à lancer une banalité pour la retenir auprès de toi quelques secondes de plus, elle s’effondre en larmes. Ton ironie naturelle s’impose avant que tu ne puisses la réprimer.

 

-Tu vas bien, vraiment ? Ce n’est pas l’impression que tu donnes…

 

Elle lève vers toi son visage trempé de larmes et tu lis un tel désarroi dans ses yeux que tu ne peux pas t’empêcher, cette fois, de la prendre dans tes bras. Tant pis pour le rejet…

Elle se raidit dès que tu la serres contre toi, toujours secouée de sanglots mais, alors que tu t’apprêtes à la lâcher, elle s’abandonne à ton étreinte. Tu sais qu’elle a juste besoin d’un corps, quel qu’il soit, auquel se raccrocher mais quand elle passe ses bras autour de ta taille, tu ne peux empêcher un sourire heureux d’apparaître sur tes lèvres.

 

Je t’aime tant…

 

Tu en as si souvent rêvé. Hermione dans tes bras. Même si elle pleure, même si elle pense à un autre, même si elle n’a pas conscience que c’est entre<i>tes</i>bras qu’elle se trouve… tu t’en fous. Elle est là. Et c’est tout ce qui compte.

 

 
 
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