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au 31 Mai 21 :
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Mémoires d'un fils.
Par Artemine
Originales  -  Humour/Action/Aventure  -  fr
4 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 4     Les chapitres     1 Review    
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You can't hurry love.

“You have the same shit over there, it’s just.. little differences.” Pulp Fiction <3 

- Si vous tenez tant aux surnoms, mes amis m'appellent 'Mine.


Je souriais comme un illuminé. Mine. C'était mignon.
- Alors, que fais-tu dans la vie, Minerve ?
- J'étudie la médecine. Ma première année, me répondit-elle en attrapant un morceau de pain pour le tremper dans le fromage, que j'ai validée en juin. J'attaquerai la deuxième en octobre.
- J'ai jamais eu le courage de faire médecine. C'est dur ?

Elle haussa les épaules.
- Tout dépend du degré de difficulté que vous accordez aux choses... Il faut travailler. Beaucoup, pour faire des choses qui ne nous intéressent pas forcément. Des études, quoi. Et toi ? J'imagine que tu n'as pas grand chose à étudier...
- Effectivement... Actuellement, je suis plutôt inactif, j'ai bien un scénario en tête, mais tu sais comme il est difficile de commencer un écrit et de s'y tenir pour terminer, surtout avec un truc aussi long.
- Non, à vrai dire je ne sais pas, sourit-elle. De quoi parle-t-il, ce scénario ?

Elle avait avalé son morceau de fromage et s'essuyait les lèvres avec la langue. Je lui souris, prenant à mon tour de quoi manger.
- C'est l'histoire d'un homme charmant, qui rencontre une demoiselle. Au début il ne s'aime pas, mais petit à petit, leur histoire devient belle et tout finit bien, dans un happy end guimauvesque et rose bonbon.
- Rien de très original, donc, rit-elle.
- Mais si, mais si, lui assurai-je. Le meilleur est à venir.

**

Pour ainsi dire, son histoire était originale. S’il voulait jouer dedans, ce serait un vraaaaai rôle de composition : celui d’un jeune homme riche mais perdu, beau et/ou mystérieux, amoureux et/ou déchiré. Rayez toutes les mentions inutiles. La suite, le “meilleur” c’est qu’au milieu, il y avait de l’action, des meurtres, des amitiés perdues, et tout le fatras qui allait avec. Un genre de Sherlock Holmes, mais sans Watson. Quel dommage que Watson soit mon préféré dans l’histoire. 

Il fallait le dire : j’aimais bien Artemis. Il avait cette nonchalance des gens qui peuvent tout dire et ne risquent rien. Et puis cette soirée reste dans ma tête toujours un rêve qui ne s’est jamais passé. Je n’étais que Minerve, la fille qui étudiait la médecine à Boston et qui bavait devant sa télé lorsqu’elle voyait un certain acteur. Enfin, seulement devant ma télé, je ne bavais pas devant lui, rassurez-vous. Je me contrôlais un peu, quand même. 

Excepté un brin de sympathie, je ne ressentais à l’époque rien de sincère pour lui. Je ressentais juste l’éclat des gens comme lui. Malgré des qualités certaines, il prenait un malin plaisir à se faire passer pour un prétentieux vaniteux, ce qu’il n’était pas. Il forçait son accent français. J’en ris encore. J’avais parlé à Abi, elle m’avait prévenue.

- Il fera tout pour t’impressionner, ma chère Minerve. Accent français, scénario qu’il est censé écrire depuis longtemps... Ce n’est pas un homme honnête, autant que je te le dise. Mais c’est un homme bien.
- Du moment qu’il ne me force à rien... merci, Abigaïl.

Elle m’avait fait un sourire sincère, le genre de sourire que l’on ne voit que rarement pour la plupart des gens.
- Appelle-moi Abi, à ton service. 

On avait ri, toutes les deux, et puis Artemis était arrivé. Et maintenant je mangeais une fondue au fromage en rigolant avec LE Artemis Petersen. Ma vie devenait n’importe quoi. Et ce n’était que le début.

**

Il déambulait seul dans son appartement. Saccagé de tous les côtés. L’écran de la télé éclaté et les grandes vitres brisées étaient pour la plupart responsables des morceaux de verres éparpillés sur le sol ou plantés un peu partout. L’appartement était plutôt grand. Il était dans les derniers étages d’un building new-yorkais, le genre d’appartement que l’on voyait du bas de l’immeuble. Ceux des gens riches, avec des grands tableaux et un salon avec cuisine qui prenait la surface de la totalité de l’étage, donnant sur une belle vue accessible par des baies vitrées. Balcon compris, pour une modique somme que la plupart des gens et plus encore n’auront jamais. Les meubles avaient été vintages avant d’être brûlés ou détruits, les peintures avaient été modernes avant d’être refaites avec du sang et du feu. Cela faisait maintenant 9 ans que le chez-soi de cet homme avait été détruit, brûlé, fouillé, rebrûlé, et re-détruit. Et puis détruit encore une fois, tiens, parce que ce n’était jamais assez.

L’homme, justement, avait décidé de revenir ce jour-là. Il avait toujours aimé les symboles, le genre de clin d’œil fait en mémoire ou en hommage à quelque chose. Cela faisait maintenant 9 ans tout pile. 9 ans auparavant, il était là, dans ce canapé, rouge-violet. A 21 heures 7 minutes précises, car son film venait de démarrer. Watchmen. Tout à fait adapté, vu qu’il aurait bientôt à se battre dans son grand appartement, comme la scène du début, une de ses scènes préférées. L’homme du présent se rassit dans le canapé, faisant attention aux bouts de verres et autres débris. Il ferma les yeux, tenta de se remémorer la scène comme il l’avait vécue. 

J’avais hésité entre whisky et vin rouge. Deux boissons totalement différentes, certes. Mais merde, le choix était là et j’avais bien mis un bon quart d’heure à choisir, et puis j’avais pris la bouteille de whisky. Quitte à bientôt terminer sa vie, autant la terminer sur une note agréable. Une bonne bouteille de whisky. Un verre était inutile, le goulot et ma bouche s’entendaient très bien et auraient toujours une relation amicale, je pense. J’avais fait sortir mon fils et ma femme par sécurité pour eux. Je ne voulais pas que mes erreurs aient des répercussions malheureuses sur ces gens-là. La seule faute de ma femme avait été d’épouser un mec comme moi. Pas fréquentable et dangereux. La preuve. Je savais pertinemment qu’une jeune femme en colère et assez impulsive se tenait devant ma porte, un fusil muni d’un silencieux braqué sur le putain de judas. J’avais dit pourtant, pas de judas. Ils ont mis un judas. Idiots. Si vous connaissez un peu les techniques des tueurs à gages, vous savez comment vous servir efficacement d’un judas. Non, pas comme dans Léon, où la petite fille met un chewing-gum dessus et prétends qu’il fait noir. C’est une technique stupide. Un vrai méchant de l’autre côté de la porte, s’il a un brin d’intelligence, n’ouvrira pas. À vrai dire, il ne fera même pas attention à la personne de l’autre côté de la porte. Quelle qu’elle soit.

La technique, c’est de pointer le canon du flingue sur le judas, et de guetter les pas qui approchent. Lorsque vous vous doutez qu’il y a quelqu’un derrière la porte, vous tirez. Un œil et des soucis en moins pour vous et en plus pour l’innocente victime. J’ai appris cette technique sur le tas en la subissant quand j’étais petit. Ca fait mal, et ça rend borgne avec de la chance. J’en ai eu, j’étais trop petit et j’avais des lunettes. Elles m’ont sûrement sauvé la vie, vu que je n’ai perdu qu’un œil et en grande partie grâce ou à cause des débris de bouts de verres qui sont gentiment venus cohabiter avec ma rétine. En plus, la personne ne me visait même pas moi. Mais c’est l’inconvénient d’un judas. On ne sait pas qui est de l’autre côté. Bref, j’avais entendu toquer. Je m’étais approché sur la pointe des pieds sans faire aucun bruit. Je me souviens d’avoir trouvé un vase, et de l’avoir balancé en direction du judas. Il fut brisé en vol par une balle silencieuse qui traversa l’appartement. Bien joué. Tu avais brisé le vase préféré de ta femme mais bien joué, Kristopher. Devant l'inefficacité du tir de la jeune femme, je ricanai. Elle me prenait vraiment pour un débile. Un putain de débile. Et puis d’un coup, j’entendis une voix.

- C’est ta femme qui ne va pas être contente.

Que faisait Minerva Petersen, armée dans mon appartement ? Et si c’était elle, qui était derrière la porte ? Et si c’était à moi qu’elle en voulait, dans quelle sorte de merde je m’étais encore foutu ? 

De toute façon, je ne devais plus me voiler la face. A qui pouvait-elle en vouloir d’autre dans cet appartement ? A mon avis, les tableaux et les bouteilles ne lui avaient pas fait d’offense en particulier. Moi par contre, ça restait à prouver. Je n’eus pas vraiment le temps de me rendre compte de ce qui se passait. Une balle se logea dans la télévision, frôlant mon oreille. La suite, ce fut une silhouette élégante et assurément féminine se levant, et puis des coups, des balles, du sang, du verre, des cris, des flammes, et un tourbillon noir devant mes yeux. La dernière image que j’avais en tête : cette même Minerva, se penchant au dessus de mon dernier œil à moitié valide, ses longs cheveux détachés qui me tombaient sur le visage et sa voix.

- Moi aussi je sais me servir d’une arme, vois-tu. Et de tout ça, tu apprendras que je tiens toujours mes promesses. 


Des larmes coulaient sur ses joues. Ses yeux vomissaient des larmes, et l’un d’eux en faisait couler des rouge sang. Il s’était toujours demandé si seulement son œil valide pouvait pleurer. Il avait maintenant la réponse. Oui, mais seulement du sang. Il allait se venger, lui aussi. 

**

Le dîner s’était bien passé, finalement. Rien d’extraordinaire, mais j’étais content d’avoir pu redémarrer à zéro avec Minerve. Je savais qu’elle me trouvait gentil, au moins. J’avais deviné dans ses yeux une lueur violacée et sympathique qui indiquait que... Ouais, c’est bon, elle me l’avait dit. Rabat-joies. 
- T’es pas méchant, en fait, avait-elle sourit. 

Quoi ? T’es pas méchant ? C’est comme dire ‘tu es gentil’, non ? BREF, elle m’avait dit quelque chose de positif et j’en étais ravi. Le dîner s’était donc bien passé, nous avions parlé de tout et de rien. Surtout de rien. Elle ne m’avait posé aucune question à propos de ma vie ou de mon style de vie, de mon boulot, de mes habitudes, ce genre de questions habituelles qui m’exaspèrent, mais je savais qu’elle viendrait plus tard. Enfin, moi, j’avais pu lui poser tout plein de questions personnelles et elle avait joué le jeu et répondu à toutes. Elle étudiait la médecine, elle avait toujours vécu à Boston et ne voulait pas en sortir. Son père était mort, sa mère professeur de danse. Le noir très foncé des cheveux de mademoiselle lui venait de son grand-père, mais elle avait les yeux foncés eux aussi de son oncle. Sa couleur préférée ? Bleu indigo. Son plat préféré ? Les lasagnes. Elle parlait espagnol et anglais, et apprenait le français depuis plusieurs années, langues dont nous avions échangé quelques mots au cours du repas, jusqu’à ce qu’elle éclate de rire en disant qu’elle était nulle. C’était faux, je lui ai fait remarquer, elle a souri. Un ange. Elle avait aussi accepté de dormir ici jusqu’à demain, ce qui était un bon point positif mais pas surprenant. Non, pas surprenant, puisque c’est ce que je veux et j’ai toujours ce que je veux. Vous en auriez douté ? Non ? Merci. Enfin bref, j’étais incollable sur un sujet de plus : Minerve Teetsun de son nom. C’était maintenant la fin du repas depuis longtemps et les derniers sujets de discussions se faisaient rares. Nous avions mangé du sorbet à la framboise fait maison après la fondue. Vous me diriez peut-être que le plat et le dessert n’allaient pas du tout ensemble, mais ça lui a plu de toute façon, donc ça m’a plu aussi. (Le lien de conséquence que vous avez pu noter dans la phrase “ça lui a plu de toute façon, donc ça m’a plu aussi” est une situation rare et qui ne s’applique qu’à cette jeune femme, Minerve, et encore pas à chaque fois. Je ne voudrais pas que vous croyiez des choses. C’est pas parce que vous aimez dormir dans des tentes pour attendre une de mes avant-premières que j’aime le camping.)

Elle faisait tourner une mèche de ses cheveux autour de son doigt en me fixant. Je léchai une dernière fois ma cuillère pour enlever le peu de glace qui restait et m’étirai un grand coup. Elle posa ses couverts en ordre dans son assiette et les prit en se levant. Son geste me surprit tellement que je m’arrêtai en plein bâillement.

- Ben... Tu fais quoi ? furent les premiers mots surpris qui sortirent de ma grande bouche que j’aurais du garder fermée.

- Je débarrasse, répondit-elle, quant à elle surprise de ma réponse. 

Oooooooh, ça. Débarrasser. Je savais à peine écrire ce mot en D et je ne le prononce quasiment jamais, alors de là à participer à une telle activité... Et voilà que Minerve Teetsun, Mademoiselle Teetsun, veut débarrasser. Mais qu’est-ce que les gens ont dans la tête, pour vouloir débarrasser, comme ça, ou alors mettre la table, passer l’aspirateur, ce genre de choses. Je dis ce genre de choses parce que je suis suffisamment épuisé en disant ces tâches ménagères alors je ne ferais pas une liste plus longue. Je ne désire pas m’évanouir de fatigue dans mon salon au côté d’une débarrasseuse.

- Pas la peine, Mine, Abi le fera. Ou Marie. Peu importe. Je vais te montrer ta chambre, lui répondis-je en souriant.
- Certainement pas, s’offusqua-t-elle. Où est la cuisine ? 

Une alarme sonna à l’intérieur de mon crâne à l’entente du mot “cuisine”. Elle avait posé la question en attrapant mon assiette, avec l’intention de lui faire subir le même sort qu’à la sienne. Où est la cuisine ? Encore une bonne question inutile dont je ne savais pas la réponse. Il y a peu de questions au monde dont je ne connais pas la réponse. Très peu. Où est la cuisine, avec où est ma mère et arrives-tu à éplucher des légumes, elle fait partie de ce genre de questions. Redoutables et redoutées. 

- Dis-moi Artemis que tu sais quand même où se trouve ta cuisine. Dis-le moi.
- Par là-bas ? hésitai-je en lui montrant du doigt une innocente porte qui se trouvait derrière elle.

Enfin je dis innocente, non, c’est faux, ce n’était pas du hasard. Détrompez-vous. Si un jour je fais quelque chose au hasard, alors inquiétez-vous. Non, une partie entière de la maison était destiné à tout ce qui était cuisine. Or il y avait une unique porte intérieure pour y mener. J’en ai donc déduit que ce devait être celle proche du salon que je n’avais jamais ouverte. Celle que je montrais d’un doigt (qui paraissait) hasardeux. Elle commença à froncer les sourcils.

- C’est une question ou une affirmation, Artemis ? 

Elle allait reprendre après un silence, quand, sûr de ma logique et de ma théorie des portes, je lui répondis.

- Une affirmation. La cuisine et par là-bas, et je t’y accompagne.

Quoi ? Arty chéri, être génialissime, c’était QUOI, CA ? “Je t’y accompagne”. Mais bien sûr. Tout à fait. Renierais-tu tes principes de non-approche de la cuisine sous peine d’une mort par excès de familiarité avec les tâches ménagères ? T’apprêtes-tu vraiment à sympathiser avec le ketchup ? A te servir dans un frigo ? Ne pouvait-il pas y avoir une mort moins douloureuse ? Au moins, elle serait rapide, je ne tiendrais sûrement pas très longtemps près d’une gazinière. 

- Artemis ? 

Une voix féminine avait coupé mon intense réflexion (que l’on peut aussi appeler “bug”). Minerve me regardait avec des yeux étonnés. La situation était comme telle : j’avais amené mon assiette jusqu’à ladite porte, et j’étais suivi par Minerve qui me regardait bizarrement. En effet ma main était posée sur la poignée mais ne bougeait plus, incapable de tourner cette putain de poignée. Maman, au secours, je t’aime, je t’adore, je ferai n’importe quoi, mais ne me fais pas aller dans la cuisiiiiiiiiine. Je commençai à sourire bêtement, cherchant une raison valable (pour ainsi dire n’importe quelle raison aurait été valable, même ultra mauvaise) de revenir à la table et de ne plus jamais m’approcher. C’est Abi, comme souvent, qui débloqua la situation devenue assez gênante maintenant que Minerve avait compris à quoi je pensais. Elle arrangea donc le fameux blocage avec quelques mots à Minerve : 

- C’est une grande étape de sa vie de gamin, passer la porte de la cuisine. Une sorte de première fois. C’est un peu comme s’il était vierge de la cuisine et il est en train de se demander s’il est vraiment prêt. Il a juste mis son mode survie en “on”.

Minerve rit tandis que je fusillais mon amie du regard. Mon invité m’arracha la bouteille que j’avais dans les mains.

- Inutile, tu n’es pas prêt pour un bond aussi grand dans ton existence. Va t’asseoir à table, tu me fais de la peine, là. 
Et c’est ainsi que j’ai évité une grande souffrance dans cette magnifique journée. Le mal-être de la cuisine était un être redoutable.

***

Il courait à travers les couloirs. Je l'entendais et je détestais ça. Je lui ai toujours dit de prendre son temps, être informateur doit être quelque chose de silencieux. Non, il ne pouvait simplement pas. Pour lui, c'était rapide et bruyant. Un vrai boulet. Je pris ma tête entre mes mains et attendis en comptant ses pas jusqu'à ma porte. Je vis la poignée bouger, il se résigna et frappa à la porte.

- Entre, entre... lui répondis-je en soupirant.

Nous étions à Londres. Il pleuvait. J'avais mal au crâne. J'avais dû manger des petits pois dans la soirée. Ce n'était pas une bonne journée. Jusqu'à maintenant. Il déboula dans la chambre et me fixa un moment, attendant que je l'invite à parler. Il louchait sur mon seul œil qui le regardait. Les gens louchent toujours. Ce soir là, il était rouge de fatigue. Ca ne devait franchement pas être beau à voir. 

- Nous avons trouvé celui qui a fait ça. Et j'ai une bonne nouvelle pour vous. Lucky Star est de nouveau sur le marché. Et nous savons qui il est.

Il me tendit une photo. Bingo. J'avais toujours eu des doutes sur sa véritable identité, on me prouvait maintenant que j'avais raison.

Lucky. Mon petit Lucky. Nous allions nous amuser, surtout depuis que je savais que Lucky Star était autre chose qu'une marque de cigarettes. C'était le nom de code du type qui avait osé tuer mes informateurs principaux, mes meilleurs. Il avait signé d'une étoile filante sur l'épaule, comme d'habitude. Lucky Star allait maintenant être confronté à moi. Et on emmerdait tous ces putains de noms de codes de mes deux qu'ils s'amusaient tous à avoir. Il voulait être Lucky Star ? Je serais Bambi, ou Cendrillon, ou n'importe quel nom de Barbie qui pourrait être pris pour de l'ironie. Jasmine, pourquoi pas. Oh, non, j'avais trouvé. Lucky Star devrait faire attention à la menace de Dumbo. C'était bien, Dumbo.


Le borgne sourit, attrapa un petit carnet où étaient écrits plusieurs noms.

"Dame de Pique, Minerve Peterson. --> As de cœur
Le Faucon Noir, Delphine Rosta. --> Le saumon vert
The Bloody Delight*, Gaëtan Dacry --> The vomit delight
The Hose*, Maximilien ? --> The bladder
Lucky Star, Artemis Petersen. --> Dumbo"

Les quatre premiers noms étaient tous barrés d'une ligne rouge, droite, fine, mais claire. On ne peut plus claire, d'ailleurs. Entre parenthèse, l'identité qu'avait utilisé l'homme pour tuer ces gens-là. L'homme détestait les surnoms utilisés dans la pègre pour cacher l'identité. C'était souvent des noms qui se voulaient éloquents par rapport à leurs crimes ou leur caractère. Il se contentait juste de reprendre un surnom dans le même ordre d'idée mais en prenant un mot tout à fait inattendu, généralement laid et sans aucune signification outre la moquerie. Il pouvait ainsi donc se moquer de la personne même en la tuant. Et il adorait ça. Aussi, il inscrivit lentement, avec pleinement de satisfaction, les cinq lettres D,U,M,B et O à côté du nom d'Artemis, Lucky Star pour l'occasion. 

Nous allons beaucoup nous amuser, cher ami, beaucoup.

*** 

*Nda :

The bloody delight = Le délice sanglant alors que The vomit delight = Le plaisir du vomi (ou le plaisir vomi, vous avez compris l'idée xD)

Hose = Boyau alors que Bladder = Vessie

Voilà pour la traduction si ça pouvait vous intéresser ^^. 
Sinon, merci d'avoir lu =)

 
 
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