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Qu'est ce que pour nous, mon coeur
Par Darkecho
Originales  -  Romance/Erotique  -  fr
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10 Juillet 1873, Bruxelles

Note : Chapitre de rupture, enfin terminé après plusieurs mois.
Les choses intéressantes arrivent donc très bientôt.

 

                          ******************************

 

10 juillet 1873, Bruxelles

- Tu ne peux pas me faire ça Rimb'.

Je n'arrivais pas à croire que j'étais revenu. Qu'il avait réussi à me traîner jusqu'à cette ville miteuse, juste pour le revoir. J'avais quitté Londres pour lui, je m'étais senti abandonné, mais maintenant, j'avais simplement l'impression que j'étais ridicule. Il m'avait informé dans une de ses lettres qu'il voulait se faire sauter la cervelle, qu'il voulait me revoir, et tout un tas de ce genre de conneries. Je voulais voir ce qu'il en était.

- Rimb'. S'il te plait. Reste. Pars pas.

Sa voix tremblait. A cause de la tristesse, et certainement à cause de l'alcool.

Je lui lançais un regard, et me rendis compte qu'il était désespéré. Il avait l'air d'un enfant à qui on avait retiré son jouet préféré.

- Verlaine, tu es totalement ivre. Calme toi.
- Non ! Je ne me calmerais pas ! Je ne te laisserais pas me quitter !

Il baissa brusquement la voix, l'air apeuré tout à coup, de peur que sa mère l'entende meugler. Ce pauvre type ne trouvait pas mieux à faire que de me loger chez ses parents. Il n'avait même plus assez d'argent pour boire ni manger, et il était retourné chez Maman, à Bruxelles. Depuis mon arrivée la veille, il braillait à tout bout de champ, et me rappelait toutes les deux minutes que sa petite femme chérie n'était pas encore venue, qu'il allait se tuer, et qu'il était le plus malheureux des hommes, etc, etc...

- Paul, ne va pas me dire que nous sommes heureux ensemble. Tu ne penses qu'à ta femme, t'as plus un sou et t'es pas foutu d'écrire un ver ! Même tes lettres sont fades !

Je me laissais tomber dans un des fauteuils du petit salon en soupirant et sorti la lettre de Verlaine de ma poche.

- ''Je tiens à te confirmer que, si d'ici à trois jours, je ne suis pas retourné avec ma femme, dans des conditions parfaites, je me brûle la gueule. Et gnagnagna'' Tu vois, viens pas me parler de te tuer ou quoi que ce soit, tu m'avais garanti que tu serais mort trois jours après le 3 juillet, et pourtant, tu es encore vivant si je ne m'abuse, et nous sommes le 10 ! Si tu avait un tant soit peu de courage, tu serais déjà mort depuis quatre jours ! Tu es ridicule, Paul Verlaine, et c'est pour ça que je ne veux plus rester avec toi. T'as plus qu'à compter sur Mathilde maintenant, je vais te foutre la paix que tu cherches depuis deux ans.

En m'affalant, je poussais un soupir de déception. Même si je ne l'avais jamais aimé, je m'étais habitué à ses yeux soumis, à son crâne dégarni, à sa voix geignarde et à sa présence finalement. Mais j'avais plus envie de vivre comme ça. Je voulais consacrer mes 19 ans à autre chose qu'à un pauvre poète comme lui.

- Arthur, ne me laisse pas.

Hoho... Quand il m'appelait Arthur, c'est qu'il avait vraiment quelque chose à me reprocher.

Je me retournais, les mains sur le dossier, pour le surprendre, les yeux brillants, un revolver à la main.

- Ah ! Bah finalement, peut être que tu pensais sérieusement à te foutre en l'air !

Malgré ma surprise première, je le connaissais, et je savais que je pouvais prendre le risque de le taquiner. Il avait toujours été le pire des poltrons que je connaissais, et j'aurais réagi de la même façon s'il m'avait menacé avec un poireau. C'est pourquoi je me retournais en agitant la main, comme pour dire au revoir.

- A plus Paul, ça peut pas continuer comme ça !
- Tiens, voilà pour toi qui veut partir !

Le bruit d'un coup de feu résonna derrière moi, et fut presque immédiatement suivi par une douleur aiguë au niveau de mon poignet . Un deuxième coup de feu explosa, qui me rata cette fois ci.
Je regardais mon poignet, ébahi. La douleur qui serrait mon cœur à cet instant dépassait de loin celle qui lancinait mon poignet.

Verlaine m'avait tiré dessus !

Nous nous regardâmes quelques instants, aussi choqué l'un que l'autre. Le revolver gisait sur le sol, et Verlaine, les bras ballants, après l'avoir fixé pendant quelques secondes, se jeta à mes pieds en hurlant ''Tues moi ! Je t'en pries tues moi !''

Il s'accrocha à mon bras encore valide, me suppliant de l'achever.

- Arthur, pardonnes moi !

Je ne réagissais pas, sous le choc de ce qui venait de se passer. Je n'avais plus le dessus sur Verlaine, et maintenant, il me faisait réellement peur.

Une porte s'ouvrit, et la mère de Verlaine entra dans la pièce, essoufflée d'avoir couru. Elle s'assit rapidement, s'éventa de sa main et dévisagea sévèrement son fils, puis moi.

Verlaine reniflait, les larmes coulant encore sur ses joues.

- Paul, il faut l'emmener à l'hôpital !

La mère de Paul le regarda quelques secondes, puis se leva et se dirigea d'un pas ferme vers l'entrée de la maison. J'attrapais mon paletot, et je lui emboitais le pas, suivit par Verlaine, qui pleurnichait toujours comme un gosse.

L'hôpital était à quelques pas du logement de Verlaine, aussi nous y arrivâmes rapidement, et je fus pris en charge par une infirmière laconique, qui m'enleva l'éclat de balle qui restait dans mon poignet sans poser de question, me fit un bandage et nous expédia dehors aussi sec.

Profitant d'une discussion entre Verlaine et sa mère, je m'éclipsais, en direction du port. Paul m'aperçut et vint se placer devant moi. Ses yeux étaient encore brillants de larmes.

- Rimb', je t'en pries, reste avec moi. Je t'aime immensément.
- Paul, c'est terminé. Nous n'avons plus rien à nous apporter l'un et l'autre. Tu as ta femme, ta littérature. J'ai ma vie. Retrouves Mathilde, et oublies moi. Je rentre à Paris.

Je posais ma main sur son épaule et essayait d'avoir l'air compatissant, malgré la peur qu'il m'inspirait désormais. Je voulais juste m'éloigner de lui, me sentir de nouveau en sécurité. Je reculais d'un pas lorsqu'il voulait me prendre dans ses bras.

Il se précipita vers sa mère, lui demanda rapidement quelque chose, et revint vers moi.

- Prends au moins ça. Et écris moi, je t'en pries.


Il me tendit 20 francs, que j'acceptais. Il avait l'air étrange, et son sourire faux me pinça le coeur. En prenant le chemin du port, je remarquais que Verlaine glissait sa main dans la poche de son manteau qui contenait encore son pistolet. Écarquillant les yeux, je me rendis compte qu'il voulait en finir avec moi, et qu'il me détestait encore plus que ce que j'imaginais.

- Paul...Tu veux ? Tu ? T'as ?

Son regard aussi étonné que le mien ne me trompa pas une seule seconde, et j'avais peur qu'il recommence. Qu'il brûle ma gueule plutôt que la sienne.

Le quittant enfin des yeux, je détalais en courant dans une rue voisine et cherchais un policier, ou quelqu'un qui pourrait m'aider. Je me jetais sur le premier homme en uniforme que je rencontrais, et lui expliquait en bégayant que le Sieur Verlaine, en manteau gris, accompagné d'une vieillarde, voulait attenter à ma vie.

Le policier me suivit jusqu'à Verlaine, qui n'avait pas bougé depuis mon départ. Il était là, seul, désemparé, mais m'effrayait toujours autant. Je m'éloignais vers la rue du port, ne le quittant pas des yeux.

Il me regarda, un éclair de compréhension passa dans ses yeux, et il m'envoya un baiser, l'air totalement désespéré.


J'avais totalement conscience de mon acte, des difficultés que Verlaine allait devoir endurer à cause de moi. Mais j'avais vraiment peur, et l'idée d'un Verlaine en prison me rassurais.

Je errais sur le port, l'esprit totalement embrumé par les évènements. J'avais même plus envie de boire, d'écrire, ou même de vivre. J'avais l'impression que ma vie était totalement vidée de sens, et que plus rien n'avait d'intérêt. J'étais un gamin perdu, abandonné, et vraiment con.

Je montais dans le premier bateau pour Londres. Dans la minuscule cabine qu'on m'avait attribué, je me jetais sur la couchette. Je m'enroulais dans mon manteau, et m'effondrais en pleurs.

Verlaine et Rimbaud, c'était terminé.
Ma vie était terminée.

 
 
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