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Les Jolis Garçons
Par Lilithc
Teen Wolf  -  Romance/Drame  -  fr
4 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     6 Reviews    
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Chapitre 3

Disclaimer: Teen Wolf est une série des productions MTV et ne m'appartient pas. Aucun profit n'est tiré de cette fanfiction. Toute ressemblance avec des personnages ou des histoires existants est purement fortuite.

Notes: Encore beaucoup d'action dans ce chapitre. Le nombre de calamités qui se déroule dans cette fiction est assez hallucinant, je dois l'admettre. Mais là-encore, les personnages du canon ne sont pas connus pour avoir des vies très reposantes.

 

Les Jolis Garçons: Chapitre 2

 

« McCall, mon vieux, je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai accepté de t'aider, » grommela Stiles pour la troisième fois en dix minutes en se tortillant sur place. Des heures qu'ils étaient assis au même endroit, et l'adolescent était certain que son derrière ne serait plus jamais le même.

Scott n'avait pas quitté des yeux l'immense portail depuis qu'ils étaient arrivés. Pas exactement une compagnie agréable, songea Stiles en étouffant un soupir.

« Parce que tu es un véritable ami, » répondit le jeune homme d'une voix lasse.

Stiles leva les yeux au ciel.

« Si tu penses que la flatterie va me faire oublier que ça fait une demi-journée qu'on espionne la maison de Chris Argent en espérant voir sa fille comme deux vieux pervers libidineux, tu te goures sévèrement, mon pote. »

Il coinça sa cigarette à la commissure de ses lèvres et jeta un caillou sur la route. Déplora pour la millième fois n'avoir pas pris son livre. Au moins, il aurait fait bon usage de ces longues heures d'attente. Au lieu de ça, il était là, à regarder Scott sursauter dès qu'un domestique sortait de l'immense maison de la famille Argent.

Comme promis, il avait écrit avec Scott la lettre pour sa bien-aimée. Avait fait preuve d'une patience qu'il était loin de ressentir lorsque le jeune Irlandais lui avait fait recommencer le brouillon pour la troisième fois. Il avait recopié le billet de sa plus belle écriture, sur du papier de mauvaise qualité que sa plume avait menacé de percer à maintes reprises.

Et avait espéré de tout son cœur que sa participation dans l'opération séduction se terminerait sur cette note.

Et pourtant, il était là, les fesses douloureuses d'être assises sur la pierre irrégulière, les mains poussiéreuses. L'immobilité forcée le rendait fou, et il ne pouvait empêcher son cerveau de tourner à plein régime, ce qui l'amenait à penser à des choses qu'il s'était promis d'oublier.

Parfois, Stiles détestait sa vie.

À côté de lui, il entendit Scott pousser un glapissement et détourna un regard blasé en direction du portail qui s'ouvrait. Ce n'était pas la première fausse alerte, et il commençait à se demander si la fameuse Allison Argent, ses cheveux noirs comme une nuit sans lune et sa peau semblable à de la porcelaine existait ailleurs que dans l'esprit de son meilleur ami.

« C'est elle, c'est elle, » croassa Scott à ses côtés. Une jeune fille venait d'apparaître au portail, encadrée de deux armoires à glace, talonnée par une belle femme blonde. Stiles poussa un soupir à la vue de la troupe.

« Oh, génial, manquait plus que ça, » marmonna-t-il en jetant un coup d'œil à son ami. Il lui prit la lettre des mains, lui tendit sa cigarette et sauta sur ses pieds. « T'as de la chance que je sache improviser. »

Il se précipita vers le petit groupe, son sourire le plus charmeur aux lèvres.

« Messieurs, » dit-il en direction des deux gorilles en costume. Ceux-ci s'arrêtèrent, la main sur la poche, et Stiles déglutit. « Mesdames, » dit-il en direction d'Allison et de la jeune femme qui l'accompagnait, « auriez-vous quelques dollars pour un pauvre orphelin des bas quartiers ? » demanda-t-il d'un ton joyeux en faisant mine de s'approcher des cerbères. Le reste de son corps faisant écran, il fourra la lettre dans la direction générale des mains de la jeune fille avec un regard en coin. Il vit ses yeux sombres s'écarquiller, et une seconde après, sentit la lettre glisser de sa prise.

« Dégage, morveux, » grogna un des hommes à la mine patibulaire. La jeune femme derrière Allison le gratifia d'un sourire, mais ses yeux restèrent froid comme la glace.

Stiles recula précipitamment, un large sourire sur les lèvres.

« À votre guise, belle compagnie, » dit-il. Il tira sa casquette et esquissa une courbette en direction du petit groupe. « Passez une bonne journée, » finit-il avant de s'enfuir à toutes jambes.

De retour dans le coin de rue où il avait laissé Scott, il s'assit lourdement et reprit la cigarette des doigts de son ami.

« Mon pote, » grommela-t-il, le cœur battant à tout rompre, « j'espère pour toi qu'elle viendra au rendez-vous, sinon je te ferai payer chaque jour l'humiliation que je viens de subir. »

Il se tourna vers Scott. Celui-ci le regardait, l'air béat.

« Stiles, » dit-il lentement, un sourire radieux naissant sur son visage, « Je pourrais t'embrasser, là. »

Stiles grimaça.

« Garde ça pour ta donzelle, veux-tu ? »

Après avoir tiré une bouffée de sa cigarette, un souvenir le frappa. Il fronça les sourcils.

« Tu m'as dit que tu avais rencontré Allison à la foire, non ? »

Scott hocha la tête, une expression rêveuse sur le visage.

« Elle n'a pas l'air d'être le genre de fille qu'on laisse sortir toute seule, d'après ce que je viens de voir. »

Scott lui lança un regard qui semblait dire qu'est-ce que ça peut faire, mais répondit avec un haussement d'épaules.

« Elle m'a dit qu'elle était venue avec sa tante et qu'elle l'avait perdue de vue. »

« Sa tante, hein…, » marmonna Stiles en se remémorant le sourire carnassier de la femme blonde. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, sans qu'il ne parvienne à se l'expliquer.

Il secoua la tête. Son imagination lui jouait sûrement des tours.

 

OoOoOoO

 

« STILINSKI !, » beugla Mr. Woods depuis son point de surveillance. Stiles étouffa un juron, manqua de laisser tomber la caisse qu'il portait. Il la posa et se précipita vers le gros homme. Tenta de retenir une grimace lorsque l'odeur de transpiration mêlée à celle de l'eau de Cologne bon marché frappa ses narines.

« M'sieur Woods, » dit-il, le souffle court.

« Stilinski, je t'ai dit quoi à propos des caisses de droite ? »

Stiles tenta de se rappeler d'une consigne particulière touchant ces caisses, en vain.

« De les mettre dans le monte-charge, m'sieur ?, » tenta-t-il sans grand espoir.

Les oreilles de l'homme prirent une vilaine teinte rouge et Stiles déglutit avec difficulté.

« Mauvaise réponse, Stilinski, espèce de bon à rien, » éructa Woods, l'air furieux, « les caisses de droite restent à quai ! Livraison spéciale ! Va me reposer celle que tu as pris et reviens me voir. »

« Oui, m'sieur, » dit Stiles en tentant d'empêcher sa voix de trembler. Il fila vers la caisse qu'il avait laissée sur le sol. Dans sa précipitation, il vit trop tard le rouleau de cordages qui traînait au sol. Il mordit la poussière avec un cri de douleur, sentant sa cheville craquer douloureusement sous son poids.

Autour de lui explosèrent les rires graveleux des autres travailleurs.

« Eh, Stilinski, on t'a déjà dit que t'étais inutile?, » l'interpella l'un d'entre eux.

« Tous les jours, » répondit Stiles à voix basse.

Les joues brûlantes et les yeux rivés au sol, il se releva. Sans regarder autour de lui, il se dirigea vers la caisse en tentant de ne pas boiter. La douleur qui fusait dans sa cheville à chaque pas lui donnait la nausée. Il ferma les yeux et inspira profondément pour contrôler la vague d'écœurement qui l'avait envahi.

« Bien joué, Stilinski, se faire virer au bout d'un mois, un exploit de plus, » marmonna-t-il entre ses dents serrées. Il maudit ses yeux de le piquer, inspira profondément pour ravaler les larmes qui menaçaient.

« T'inquiètes, Stiles, je m'en occupe, » lui lança une voix derrière-lui.

« Merci Isaac, » soupira-t-il sans se retourner. Il vit le jeune homme lui décocher un sourire compatissant avant de saisir la lourde caisse.

Il tourna les talons et retourna vers son chef de service. Celui-ci le regardait en secouant la tête.

« Qu'est-ce qu'on va faire de toi, Stilinski ?, » soupira-t-il. Stiles vit son regard parcourir son corps et frissonna malgré-lui.

Vieux porc, songea-t-il, j'ai pas besoin que tu me dises ce que tu veux faire de moi pour le deviner.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, l'homme tritura son alliance.

« Rentre chez toi, Stilinski, » finit-il par grogner, « dans ton état tu ne serviras à rien. »

Stiles sentit sa gorge se serrer.

« Est-ce que…, » il avala sa salive et baissa les yeux, « est-ce que je dois revenir demain ? »

L'homme sembla réfléchir un instant, mais son regard se fit dur.

« Non,» lâcha-t-il d'un ton sec avant de le chasser d'un geste de la main. Stiles ne bougea pas.

« Stilinski, tu peux partir. »

« Ma paie, monsieur. Je voudrais ma paie de cette semaine… » Ravalant sa fierté, il leva les yeux vers l'homme. « S'il vous plaît…, » finit-il doucement.

L'espace d'un instant, Stiles crut qu'il allait se faire rire au nez. Puis l'homme hocha brusquement la tête et se leva.

« Suis-moi. »

Stiles lui emboîta le pas jusqu'au cabanon attenant. Il vit l'homme se diriger vers le bureau. Il hésita un instant, mais un geste de l'homme l'invita à entrer.

Lorsque Woods referma la porte derrière lui, le regard calculateur qu'il posa sur lui fut loin de plaire à Stiles. Tandis que le contremaître ouvrait le coffre-fort en marmonnant, il mit autant de distance que possible entre l'homme et lui, se dirigeant vers la fenêtre qui donnait sur les docks. Il contempla la fourmilière incessante de mouvement, les ouvriers qui empilaient les caisses de marchandises sur les monte-charge qui les embarquaient sur le cargo.

Il tenta de ne pas se laisser envahir par le désespoir. Un mois à peine qu'Isaac lui avait glissé que les dockers cherchaient de nouveaux employés, et il avait déjà réussi à se faire renvoyer comme un malpropre. Il prit une inspiration tremblante et se noya dans le paysage morne qu'offraient le ciel lourd et de l'eau grisâtre de la Chicago River.

Le raclement de gorge de Woods le fit sursauter. Lorsqu'il se retourna, ce fut pour trouver l'homme beaucoup trop près à son goût. Celui-ci tenait une petite liasse de billets. Stiles tendit la main, mais Woods ne fit pas le moindre mouvement pour la lui donner.

Ce fut comme si une sonnette d'alarme s'était déclenchée dans son esprit. L'adrénaline commença à faire son chemin dans ses veines, y laissant une traînée ardente. Il sentit ses paumes devenir moite et serra les poings, tentant de lutter contre la panique.

Une fois de plus, le regard calculateur de Woods le parcourut de haut en bas.

« Booon, » lâcha Stiles, de plus en plus paniqué, « c'est pas que je suis pressé, mais… »

« Tu tiens à ce boulot, pas vrai ?, » le coupa Woods d'une voix rauque qui ne laissait pas la place au doute.

Stiles hocha lentement la tête. L'homme fit un pas vers lui.

« Tu pourrais le garder, tu sais, » murmura-t-il à l'oreille de l'adolescent en posant une main sur sa joue, ses ongles sales pénétrant dans la chair tendre, « si tu te montres obéissant. »

Stiles sentit l'haleine chargée de tabac et d'alcool de contrebande effleurer son visage, vit la langue rouge humecter des lèvres gercées. Le spectacle était obscène, et sa nausée le reprit, serrant sa gorge comme un étau.

Il laissa son corps s'affaisser contre le mur. Baissa les yeux, plaquant une expression soumise sur son visage. Lorsqu'il vit l'expression de l'homme se faire victorieuse, il sut que sa ruse avait pris. Il fit un pas précipité sur le côté, tenta de ne pas grimacer lorsqu'il sentit les ongles labourer sa peau et leva les bras en signe d'apaisement.

« Woaah, vous savez m'sieur, j'y tiens pas tant que ça, finalement. »

D'un mouvement fluide, il arracha la liasse de billets des mains du contremaître, et pris une seconde de satisfaction à la vue de l'expression d'indignation mêlée de rage sur le visage du gros homme.

« Merci m'sieur Woods, » dit Stiles en feignant un grand sourire et une assurance qu'il était loin de ressentir, « ce fut un plaisir de travailler avec vous. J'aimerais juste vous informer, avant de partir, que vous puez autant qu'un vieux bœuf. »

Avec une courbette, il s'élança vers la porte, le pouls affolé sous la peau fine de son cou.

« Saluez votre femme de ma part, » lança-t-il par-dessus son épaule. Il n'attendit pas la fin du juron que lança Woods avant de se mettre à courir à toute vitesse, sans prêter attention à la douleur de plus en plus insupportable qui élançait sa cheville.

Il courut jusqu'à ce que ses poumons le brûlent et que son articulation n'émette un craquement de mauvais augure. Il s'arrêta alors à une distance raisonnable du port. Ses jambes se dérobèrent sous lui à la minute où il cessa sa course. Reconnaissant les symptômes d'une crise de de panique, il se laissa tomber à quatre pattes et tenta de contrôler sa respiration sifflante.

Un haut le cœur plus tard et il vomissait, s'étouffait d'affolement et le soulagement mêlés, les billets serrés dans sa main et les larmes de douleur coulant sans interruption, traçant sur son visage couvert de la poussière des docks des traînées collantes.

Lorsque les hoquets cessèrent et que sa respiration se fit plus régulière, il s'essuya la bouche et se releva avec difficulté.

La nuit tombait sur Chicago.

 

OoOoOoO

 

Stiles boitait. Lorsque son pied gauche touchait le sol, un éclair douloureux traversait son pied de part en part, et il devait lutter pour garder son rythme. Le trajet, qui en temps normal ne lui prenait pas plus de trente minutes, s'était étiré en longueur.

Il marchait depuis plus d'une heure.

Le crépuscule et sa vision brouillée par l'épuisement l'empêchaient de surveiller les alentours comme il l'aurait fait d'ordinaire. Il se méfiait avec raison des fréquentations du quartier.

C'est pourquoi lorsqu'il entendit un bruit de pas derrière lui, il accéléra le mouvement sans réfléchir, retenant le gémissement de douleur qui naissait dans sa gorge.

Les pas semblèrent accélérer de concert.

« Journée de merde. Journée-De-Merde, » siffla-t-il, incapable de se résoudre à courir.

« Stiles, » gronda une voix vaguement familière derrière lui. Impérieuse.

Il se figea et se retourna lentement. Pour se trouver face à Derek Hale, sourcils froncés –vraiment, ce type devrait tenter de travailler ses expressions, car il était horriblement prévisible –et sous la lueur pâle des réverbères, Stiles vit danser dans ses yeux une lueur qui ressemblait vaguement à de l'inquiétude. Stiles ne savait vraiment pas quoi faire de ça. Il n'avait pas vu l'homme depuis plus d'un mois, pas depuis cette horrible soirée au Fishtank.

« Hum, » dit Stiles. À défaut de trouver mieux.

Derek franchit les quelques pas qui les séparaient et observa le visage de Stiles de plus près. Ses yeux étaient sombres, son expression indéchiffrable. Stiles grimaça. Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'il avait une tête horrible, les yeux gonflés et les lèvres craquelées.

« Tu boites, » lui annonça l'homme.

« Nooon, vraiment ? J'avais pas remarqué, » rétorqua Stiles, optant pour le sarcasme pour cacher le tremblement dans sa voix. Il n'avait qu'une envie, rentrer chez lui, s'enrouler dans ses couvertures et n'en ressortir qu'après une dizaine d'heures de sommeil.

« Qui t'as fait ça ?, » demanda l'homme en désignant son visage. Stiles fronça les sourcils et porta sa main sur sa joue. Sentit le relief léger des griffures laissées par les ongles épais de son ancien contremaître.

« Oh, ça ! C'est, hum, c'est moi. En me grattant. Foutues puces, » finit-il d'un ton qui se voulait joyeux en tentant de cacher ses mains aux ongles rongés derrière son dos.

Étrangement, Derek n'eut pas l'air convaincu.

« Tu viens avec moi. »

Stiles recula d'un pas.

« Écoute, mon pote, c'est, euh, sympa, mais il faut vraiment que je rentre et… »

« Tu, » coupa Derek en le fixant de son regard le plus sévère, « Viens. Avec. Moi. »

Stiles hocha la tête sans un mot de plus.

Ils étaient moins loin du Fishtank que Stiles ne l'avait pensé. Après cinq minutes de marche silencieuse –Stiles n'avait jamais été aussi reconnaissant du mutisme de l'homme –il laissa Derek le guider jusqu'à l'entrée de service. Il suivit l'homme dans le dédale de couloir, jusqu'à arriver dans une pièce qui devait faire office de salon. Il y faisait chaud, et cette chaleur qui pénétra le corps de Stiles jusqu'aux os, brouilla son esprit. Ce ne fut qu'à cet instant qu'il se rendit compte qu'il était épuisé. Pas l'épuisement sain d'une bonne journée de travail, celui qui guérissait après une bonne nuit de sommeil, mais l'épuisement physique et moral que n'apportait que l'accumulation de trop de choses, trop de secrets et trop de douleurs refoulées. Stiles sentit ses épaules s'affaisser, et se laissa guider dans un sofa sans protester.

Il entendit plus qu'il ne vit Derek Hale ouvrir un placard et farfouiller en marmonnant durant quelques minutes, jusqu'à ce que l'homme en revienne avec un verre et une bouteille dépourvue d'étiquette.

Il remplit le verre à ras bord et le tendit à Stiles.

« Je ne bois pas, » protesta celui-ci sans grande conviction.

Derek ne bougea pas.

« Ça te fera du bien, » dit-il d'une voix ferme.

Stiles saisit le verre et le vida d'un trait. La brûlure de l'alcool le prit par surprise et il fut saisi d'une violente quinte de toux, crachant quelques gouttes du liquide sur sa chemise déjà sale.

La respiration sifflante, il leva ses yeux emplis de larmes vers l'homme. Il s'apprêtait à lui dire dans des termes colorés à quel point le breuvage était répugnant, mais la brûlure se transforma en douce chaleur qui finit de réchauffer son corps. Il avait la tête qui tournait, mais un bien-être sans précédent l'avait envahi. Il se sentit soudain détendu, plus qu'il ne l'avait été depuis des années.

« Merci, » dit-il simplement.

Derek hocha la tête et tourna les talons, ouvrant une porte que Stiles n'avait pas remarquée jusqu'à présent. Il en revint quelques minutes après, une pile de vêtements à la main.

« Enfile ça, » dit-il en fourrant la tenue entre les mains de Stiles. « Ce sera sans doute trop grand, mais ce sera mieux que tes nippes. »

Avant que Stiles ne puisse protester, il avait de nouveau disparu. Stiles soupira, mais obéit, se défaisant rapidement de ses vêtements crasseux pour passer ceux de Derek. Il fut surpris par la douceur du tissu contre sa peau, aussi agréable qu'une couverture de bonne qualité.

Il s'enfonça dans les coussins moelleux du canapé et laissa la lassitude l'emporter sur la méfiance. Il ferma les yeux et écouta les bruits étouffés des mouvements de l'autre homme dans la pièce attenante, le tic-tac régulier de l'horloge et le crépitement d'un feu de cheminée quelque-part derrière lui.

La voix de Derek le sortit de sa torpeur et il sursauta, immédiatement sur ses gardes.

« Ta cheville. »

Il ouvrit les yeux et vit l'homme penché vers lui, l'inquiétude de nouveau évidente sur son visage.

Stiles tendit sa jambe sans un mot. Laissa les mains étonnement douces de l'homme relever son pied et retrousser le tissu grossier pantalon. Il risqua un coup d'œil et grimaça. Sa cheville était gonflée et avait pris une vilaine teinte violacée. Il maudit intérieurement Woods, sa propre maladresse et tout ce qui n'allait pas dans sa vie.

La sensation d'un linge humide appliqué sur l'articulation lui tira un gémissement de protestation.

« Je vais te mettre une attelle, » marmonna Derek sans croiser son regard. « Ça va te faire mal mais si je ne le fais pas, tu risques d'avoir des séquelles. »

Stiles hocha la tête et serra les dents. L'alcool avait engourdi ses membres, et la douleur fut moins forte qu'il ne l'avait craint. Les mouvements confiants de l'homme alors qu'il posait une attelle sur sa cheville et l'entourait de bandages, le rassurèrent. Il frissonna lorsque deux doigts effleurèrent doucement son genou, comme une caresse. Cependant, lorsqu'il rouvrit les yeux, aucune émotion n'était déchiffrable sur le visage de l'homme.

« Je vais te nettoyer le visage et désinfecter la griffure, » annonça celui-ci, le regard parcourant le visage de Stiles, comme à la recherche de quelque-chose. Stiles hocha la tête et laissa l'homme frotter doucement ses joues avec une serviette. Il refusa de fermer les yeux lorsque le visage s'approcha du sien inexorablement, contemplant l'expression concentrée de l'homme lorsqu'il tapota les plaies peu profondes d'alcool pharmaceutique.

Avec le recul, Stiles comprendrait que l'alcool était la raison qui l'avait poussé à agir ainsi. Il se souviendrait aussi que c'était une des raisons pour laquelle il ne devait jamais boire, cette disparition affolante de toute inhibition, qui le poussait à agir sur ses désirs anormaux. Mais, prisonnier de l'instant, il ne se posa aucune question avant de tendre la main et de la poser sur la joue de Derek. Ce ne fut qu'en voyant un étrange éclat fuser dans les yeux de l'homme –quelque chose ressemblant furieusement à de la peur –parti aussi vite qu'il était arrivé, que Stiles réalisa avec horreur de ce qu'il venait de faire.

Il retira brusquement sa main et tenta de sauter sur ses pieds, mais la main de l'homme s'agrippa à son bras, la prise ferme refusant de lâcher face à ses tentatives épuisées de se dégager. Il ferma alors les yeux, résigné. Avec de la chance, tout serait fini très vite, et il s'en tirerait avec un œil au beurre noir, une fierté en miette et un cœur fêlé.

Lorsque les coups ne vinrent pas, il risqua un coup d'œil à l'homme, qui n'avait pas bougé d'un pouce. Le masque impassible du visage avait glissé, laissant place à une expression presque vulnérable tant elle était ouverte. Cette expression n'était pas une de dégoût, mais un mélange qui brisa le cœur de Stiles, un mélange de désir et de méfiance, mêlés d'un regret profond.

Stiles ne protesta pas lorsque Derek le força à s'allonger sur le canapé et jeta une couverture sur lui. Au moment où sa tête toucha le coussin, il sentit ses paupières s'alourdir.

Et s'il sentit une caresse effleurer sa joue et entendit Derek lui murmurer tu dois faire attention, gamin, il l'avait sûrement rêvé.

 

OoOoOoO

 

Stiles se réveilla plus reposé qu'il ne l'avait été depuis des mois. Son étirement voluptueux se termina en un gémissement lorsque, oubliant sa cheville douloureuse, il posa ses pieds à terre sans précaution.

Il mit quelques secondes à replacer le décor autour de lui, à se souvenir des évènements de la veille. Sur le sol, ses vêtements usés jusqu'à la corde avaient disparus et il trouva empilés sur la table une tenue qui semblait parfaitement à sa taille.

Sur la même table se trouvait aussi son salaire de la semaine. Stiles fronça les sourcils en constatant que la liasse était sensiblement plus épaisse que dans ses souvenirs, mais son attention fut détournée par un plateau couvert de tranches de pain blanc et de pots de confiture colorés. Intéressé, l'estomac de Stiles émit un grondement menaçant.

Sans plus hésiter, Stiles s'assit à la table et dévora autant qu'il le pouvait sans exploser.

 

OoOoOoO

 

« Et son rire, Stiles, tu devrais entendre son rire, c'est le rire d'un ange. »

« Mmh, » acquiesça distraitement Stiles.

« Elle est tellement parfaite, tout est parfait chez elle… »

Le silence qui tomba aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, mais Stiles était trop occupé à tourner et retourner dans sa tête les évènements récents pour se concentrer sur les babillages enamourés de son meilleur ami. Il avait eu l'espoir, en se remémorant l'expression confuse et inaltérée de Derek lorsqu'il avait posé sa main sur son visage, que le désir irrépressible qu'il ressentait dans le creux du ventre lorsque son regard se posait sur l'homme était partagé. Cet espoir avait été réduit en miette lorsque, le matin même, il avait voulu remercier l'homme de son aide et avait surpris derrière sa porte les grognements essoufflés de Derek, suivis par des gémissements de plaisir, immanquablement féminins. Stiles était resté figé devant la porte, la main suspendue en l'air, à écouter avec l'estomac retourné les bruits sans ambiguïté des plaisirs de la chair. Lorsqu'il avait retrouvé ses esprits, il avait prestement tourné les talons, griffonné un merci tremblant sur un bloc de papier trouvé dans le salon.

Il avait récupéré son salaire et avait fui, aussi vite que lui permettait sa jambe blessée.

Le soir même, Scott l'avait trouvé assis sur son trottoir habituel, sa énième cigarette au coin des lèvres.

« Stiles ? »

La voix de son ami était prudente et teintée d'inquiétude. Elle secoua Stiles de ses souvenirs doux-amers. Il leva les yeux vers le jeune homme qui le fixait, le front plissé.

« Tu es sûr que tout va bien ? Tu as à peine prononcé un mot depuis que je suis arrivé, cela ne te ressemble pas. »

Stiles n'eût pas le cœur à être vexé. Il soupira et tenta un sourire.

« Oui, tout va bien. »

Scott n'eût pas l'air convaincu, mais il eût la bonne grâce de ne pas insister. Il regarda Stiles quelques secondes, lui frappa sur l'épaule dans une tentative bourrue de réconfort et se lança dans une nouvelle diatribe sur les qualités infinies de sa dulcinée. Stiles laissa les mots de son meilleur ami l'apaiser, flot indistinct de paroles sans queues ni têtes.

Les dernières lueurs du jour s'éteignirent lentement tandis que se levait le vent d'hiver. Stiles tira une bouffée de sa cigarette en écoutant d'une oreille distraite la voix excitée de Scott.

Tout était comme avant, tenta-t-il de se persuader en contemplant le fourmillement des passants dans la rue.

Au fond de lui, il savait que rien n'était moins vrai.

 

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à suivre...

 
 
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