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Rancoeur d'une pierre précieuse
Par Periphrase
Harry Potter  -  Général  -  fr
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Chapitre 2

Bonjour,

Voici le second chapitre de Rancoeur ! J'ai enfin terminé le dernier chapitre - la fiction en compte 5 en tout- donc normalement je posterai tous les lundis sans faute.

A très vite !

 

____

 

Chap 2:

 

 

Depuis que la porte s’est refermée sur une volée de capes noires, semblable au plus mauvais des présages, le silence s’approprie à nouveau la cellule. Silence en totale opposition avec l’arrivée brutale de Bellatrix, au travers de laquelle les deux jeunes hommes avaient perçu, entre deux vociférations indistinctes, le lourd poids d’une menace.

 

 

-Plus qu’une heure, hein, Malfoy ? Cela dit, tes potes les Mangemorts sont beaucoup plus généreux que ce à quoi je m’imaginais. Te laisser une heure de plus pour m’achever, alors que tu es ici muet et perdu dans tes pensées depuis que le soleil est levé… On voit que tu as une certaine influence. Enfin, que tu as un entourage puissant,  et même très puissant, si tu vois ce que je veux dire.

 

 

Alors, encore une fois, l’enchaîné éclate d’un rire faux et sans joie, un rire jaune et amère ; un rire d’une rancœur à peine dissimulée. Parce que derrière l’éclat se cache le poids, l’Enclume, des souvenirs. Souvenirs qu’il n’arrive pas à rayer, souvenirs auxquels il se raccroche avec l’énergie du désespoir. A cet instant, l’Elu, le prétendu Sauveur du Monde Sorcier, n’a jamais tant ressemblé à un naufragé, s’accrochant vainement à une planche de bois décidément trop mince, dans l’espoir de ne pas couler trop vite. Il s’apprête à reprendre, mû par cette détermination farouche et bornée qui l’a toujours caractérisé, quand une voix – Sa voix- l’interrompt. Alors, évidemment, il ne peut plus prononcer un mot.

 

 

- Explique moi, Potter. J’ai besoin de réponses. Pourquoi tu t’obstines toujours ? Et pourquoi tu restes ? Pourquoi tu continues la lutte seul, toujours seul ; pourquoi tu peux pas te contenter de me haïr en silence ? J’ai tout fait pour le mériter, pourtant, tu crois pas ? Je veux dire, sans même t’impliquer personnellement, j’ai insulté tes potes, j’ai piétiné la mémoire de ta famille, j’ai toujours craché sur les Sang-de-Bourbe et les traîtres à leur sang, et surtout, surtout, je suis dans le mauvais camp. Je suis un méchant, tu comprends, un vil serpent, moi je trahis, je dénonce, j’anéantis les rêves des gentils ; je ne pense qu’à moi, à mon fric et à ma belle gueule, et n’essaie pas de démentir, tu sais que c’est perdu d’avance. Arrête de vouloir me faire culpabiliser, arrête de vouloir me faire éprouver des regrets. Tu crois que je n’ai pas assez de poids sur les épaules, peut être ; ma vie est encore trop terne pour la trépidante existence du Survivant, n’est ce pas ? Alors je réitère ma question. Pourquoi ?

 

 

Les minutes s’égrènent tandis que la clarté décline peu à peu. La cellule, le cachot se fond dans la pénombre, et ce n’est que quand l’étrange lueur du crépuscule couvre son visage, émacié, que la voix du brun fend le silence.

 

 

-Parce que moi, j’aurais aimé que quelqu’un se lève pour me défendre. Un homme, une femme, qu’importe, quelqu’un qui se serait levé face au destin qui m’était tracé, en faisant ouvrir les yeux au monde. Comment peut-on infliger ça à un gosse ? Je veux dire, j’aurais aimé que quelqu’un ouvre les yeux. Comment peut-on laisser un gamin d’onze ans porter le fardeau d’une nation ? Ce qui m’a fasciné, toutes ces années, c’est l’adoration qu’on me vouait sans pour autant tenter de me protéger alors qu’il était encore temps. Dumbledore, Sirius, les Weasley, ils disaient m’aimer, n’est-ce pas ? Quelle belle démonstration ils en ont fait. « Si tu t’ennuies, l’année de ta septième année, Harry, tu pourrais peut-être chercher des Horcruxes, je ne sais pas vraiment où ils sont, mais bon »…  Quel splendide voyage scolaire ça a été ! Le père Weasley, passionné par les canards en plastique, toujours très inquiet, mais d’une utilité discutable en matière de protection, pas vrai ?

En hommage au petit garçon aux yeux verts qui n’a pas vécu assez longtemps, je me suis juré de protéger les autres. Pour que leur mémoire, à eux, persiste un peu plus. Et un jour, j’ai croisé un regard gris, perdu, larmoyant, dans des toilettes hantées par un fantôme pleurnichard, et j’ai compris que nous avions quelque chose en commun. Un manque total de contrôle.

 

 

Alors que les mots franchissent peu à peu le rempart de ses lèvres, les yeux du brun se mettent à briller, un peu plus fort que d’habitude. Une trace d’émotion qui n’émeut pas le moins du monde le blond, qui, adossé au mur près de la fenêtre, éclate d’un rire sarcastique. Mais l’allusion à Poudlard ravive quelque chose dans les prunelles grises. L’étincelle d’une complicité passée, celles qu’ont les amis de longue date avant de se retrouver.

 

 

-Oh, c’était donc ça ! N’ayant pas assez d’être le Sauveur des braves gens, le grand Harry Potter se décide aussi à défendre les Mangemorts opprimés. Comme c’est… touchant !

 

 

Cet écho à l’une des phrases prononcées, bien des années auparavant, dans un placard à balai de Poudlard les fait tous les deux sourire. Qui aurait cru que, en plein milieu d’une guerre, un ton mélodramatique volé à Rita Skeeter, verrait renaître des sourires si longtemps voilés ? Accolés chacun à un mur, se faisant face, l’hilarité les gagne peu à peu.

 

 

Et au fur et à mesure que la blancheur des dents se dévoile, que les yeux se plissent et que les rires gagnent en intensité, la pièce semble gagner en clarté.            On se croirait revenu quelques mois plus tôt, avant le déclin de l’Ordre et l’apogée de Voldemort, dans une taverne retirée du Chemin de Traverse. A la lueur des bougies,  attablés pour fêter dignement leurs retrouvailles, les princes de la Glace et du Feu évoquent leur passé commun, et, bien plus tard dans la soirée, dans l’appartement privé du Survivant, leur éventuel futur.

                                                                                                                                                                        

 

S’ils avaient su.

 

 

A l’instar de leur nostalgie, deux regards s’accrochent. Un mouvement devenu récurrent au cours des dernières vingt-quatre heures. La bouche du blond se fend alors d’un sourire triste.

 

S’ils avaient su… Un peu plus tôt. Aujourd’hui, la machine est lancée, et avance inexorablement vers le point de collision.

 

 

-Tu n’as plus qu’une demi-heure, Dra… Malfoy. Dépêche-toi, qu’on en finisse. Enfin… Que j’en finisse.

 

 

-Pourquoi être si pressé, Potter ? N’espère pas trop, je ne compte pas me salir les mains avec toi. Tu as raison, je ne suis pas un elfe de maison. Je n’accomplirai pas la sale besog…

 

 

Le blond suffoque, pris soudainement de hoquets brutaux et incontrôlables. Ses deux mains s’approchent peu à peu de sa propre gorge tandis qu’il convulse. Une aura noire l’entoure peu à peu, contrastant dangereusement avec son teint pâle. Il ne voit pas la figure du brun, toujours enchaîné, se tordre de douleur, comme en proie à un combat intérieure. Ses yeux se révulsent alors qu’il tente désespérément, malgré les liens qui lui enserrent les poignets, d’atteindre sa cicatrice, plus rouge que d’habitude. Sous l’effet d’un dernier spasme, il rejette la tête en arrière, et la voix qui s’échappe de ses lèvres n’a plus d’humaine. Entre crissements, chuintements et sifflements divers, la chaleur ambiante semble chuter d’un coup. Un chuchotement désagréable s’élève alors.  Glacial.

 

 

-Tiens tiens, mon Drake, qu’est-ce que j’apprends… Encore le gamin qui fait des siennes et te fait tourner la tête, pas vrai… Alors écoute moi bien, Malfoy, si tu espères revoir ta chère Maman un de ces jours, que ce soit bien clair : tu dis adieu et tu achèves ce petit bâtard de sang-mêlé avant que je ne me fâche très fort. Et tu sais comme moi ce que ça peut donner. Pas un mot à ton amour, mon cœur, ou la sentence sera… mémorable. Plus qu’une demi-heure…

 

 

Face à face, les deux ex-ennemis reprennent peu à peu leur souffle.

Et quand l’émeraude accroche l’argent, le blond ne lit plus qu’une supplique dans les deux orbes vertes. Le brun articule avec difficulté :

 

 

-Draco… S’il te plaît…

 

 

Son dernier mot n’est qu’un murmure.

 

 

Murmure bien vite brisé par l’entrée fracassante d’un enchevêtrement de voiles noirs.

Le sang du Survivant ne fait qu’un tour. Mangemort. Mais il est trop faible pour amorcer le moindre geste. Il se contente donc de pousser un long soupir, préparant son visage fermé et son regard guerrier pour l’une des dernières fois de sa vie.

 

 

-BON SANG, MAIS QUAND ALLEZ VOUS CESSER DE VOULOIR JOUER LES HEROS, POTTER ?!

 

 

Cette voix, il l’aurait reconnue entre mille.

C’était celle de Rogue.

 
 
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