Titre: SUMMER CAMP - Welcome to Brighton, Kagoshima

Auteur: Mango

Genre: amitié, contemplatif...

rating: K

Déclaration de l'auteur: deuxième petite histoire autour de l'été, Brighton est une ville dans le sud de l'angletter ce me semble et Kagoshima est un département du Japon, le plus au sud de Kyûshû même (le n° 46). J'pourrais vous dire que c'est inspiré d'un pote qui habite à Angoulême Texas et que j'ai choppé l'idée pour vous dire que l'action se passe ici et ailleurs...

bonne lecture ^^

Welcome to Brighton, Kagoshima

Vince posa la main sur la poignée de la porte et l’abaissa lentement. Il entrouvrit le panneau de bois et se figea alors qu’un faible gémissement emplissait la chambre silencieuse. Il jeta un coup d’œil par dessus son épaule vers les lits superposés qu’occupaient son frère et sa sœur. Cette dernière se tourna lentement sur le côté, serrant son doudou contre elle. Soupirant de soulagement, le jeune homme se glissa par l’ouverture et referma la porte tout aussi silencieusement qu’il l’avait ouverte.

La faible lumière qui passait au travers des interstices des volets du salon lui ayant permis de trouver le chemin de l’entrée, il enfila ses chaussures et les bretelles de son sac à dos. Fin prêt, il déverrouilla la porte d’entrée sans faire de bruit et sortit.

Plissant les yeux sous la lumière ouatée du soleil, il salua le jeune homme adossé au mur à sa gauche. C’était un garçon à peine plus grand que lui, dont la casquette blanche cachait des cheveux courts et blonds. Leurs mains puis leurs poings claquèrent l’un contre l’autre puis, après que le blond ait attrapé le matériel de pêche posé à ses pieds, ils se mirent à longer la barre d’immeubles blancs.

Ils s’arrêtèrent un peu plus bas et frappèrent doucement un volet de plastique crème. Ils durent répéter l’opération plusieurs fois avant que les battants ne s’ouvrent, révélant une jeune fille au visage endormi encadré de cheveux auburn emmêlés. Son large T-shirt noir pendait sur le côté et laissait voir une épaule à la peau claire.

- Il est que cinq heures et demie…

- Ben ouais.

- Drew, tu fais chier…

Ce dernier fit une grimace.

- Allez Grace, t’as dis que tu viendrais !

- Hmpf… j’arrive…

La jeune fille referma ses volets et les deux garçons s’assirent sur la marche devant sa porte. C’était l’été, il faisait déjà bon et l’odeur des conifères qui poussaient en face des habitations collait aux narines. Et puis le silence… brisé de temps en temps par le vrombissement d’un insecte ou le léger cri d’un oiseau.

La porte cognant dans leur dos fit se relever les deux garçons qui saluèrent la jeune fille en lui faisant le v de la victoire. Elle secoua la tête et referma derrière elle.

Se mettant ensuite en route en silence, ils continuèrent de longer les HLM avant de se retrouver sur la piste cyclable qui bordait la pinède. Aiguilles sèches tombées des arbres et grains de sable apportés par le vent recouvraient de ci de là la bande goudronnée. Au loin, l’océan et le ciel se confondaient en une ligne floue.

Arrivés en ville, ils traversèrent les quartiers endormis pour arriver au port où régnait déjà l’agitation. Les vieux marins les saluèrent chaleureusement alors qu’ils se faufilaient entre les palettes remplies de poissons pour rejoindre l’embarcadère.

Ayant atteint le bout, ils montèrent à bord d’une petite barque fraîchement repeinte en bleu et, alors que Grace détachait l’amarre, ses deux amis se saisirent des rames. Lentement, il s’éloignèrent du ponton, ne s’arrêtant que quand la terre ne fut qu’un gros trait noir au-dessus de l’eau. Cette dernière était claire et d’un beau bleu et, en se concentrant, on pouvait voir les ombres mouvantes des poissons. Dans le ciel dépourvu de nuages, le soleil continuait sa course.

Le silence apaisant du large, perturbé seulement par le clapotis de l’eau contre le bois de la barque les happa et ils restèrent un moment immobiles avant que Drew ne range les rames et assemble son matériel de pêche.

Comme à son habitude, il s’assit vers la poupe et lança sa ligne alors que Vince occupait l’autre bout de la barque et sortait son livre de mécanique. Au centre, Grace décida qu’il était temps qu’elle finisse sa nuit et, déployant au-dessus d’elle le vieux parapluie marron qui traînait toujours dans la petite embarcation, elle s’installa du mieux possible, se calant entre le banc du milieu et les genoux du lecteur.

Ils restèrent la journée ainsi, brisant parfois le silence en chantant à voix basse les ballades des marins qu’ils avaient apprises dans les pubs. A midi, l’oncle de Drew accola son bateau à la barque de son neveu pour leur donner à manger et quelques goélands vinrent picorer les miettes qu’ils jetèrent à l’eau. L’homme revint le soir alors que le ciel se tintait d’ocre et d’orange, et attacha la petite embarcation à l’arrière de son bateau par une longue corde. Les trois adolescents se laissèrent ainsi ramener au port, les jambes pendantes dans l’eau fraîche, accompagnés par une douce brise marine. Arrivés à destination, ils retraversèrent les vieux docks puis, resaluant les marins qui s’enquerraient de leur pêche, se dirigèrent vers la plage. Cette dernière gardait encore les vestiges de quelques châteaux de sable construits dans la journée et un couple d’amoureux si baladait encore. Restant près du sommet de la dune, les trois jeunes allumèrent un feu et, regardant la mer se retirer lentement alors que l’étoile du Nord se dévoilaient à leurs yeux, firent lentement cuire les poissons que Drew avait attrapés.

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