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au 31 Mai 21 :
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Aladin, Mozenrath et les sorciers
Par Aqat
Harry Potter  -  Action/Aventure  -  fr
7 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 5     Les chapitres     0 Review    
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Réunion au sommet

Le professeur Rogue pinça les lèvres de l’air d’être au comble du dégoût. Le vacarme des mandibules des amis de Potter, assis de part et d’autre de lui dans les profonds fauteuils qui flanquaient le bureau de Dumbledore, outrepassait ce qui était en son pouvoir de supporter. Les voilà tous à se goinfrer des sucreries produites par le directeur hors d’un cabinet de laque que le maître ès potions n’avait jamais connu que verrouillé à double tour, et qu’il avait ainsi conjecturé abriter des secrets en lieu et place de coffrets de bonbons, comme si des matières d’une urgence absolue ne dépendaient pas des présents à cette réunion ! Les responsables des quatre Maisons, McGonagall en tête, faisaient honneur aux friandises, rares certes, divines pourquoi pas, mais d’une complète trivialité en comparaison des graves décisions à prendre. Il n’y avait guère que Rémus et Madame Pomfresh, debout non loin du perchoir de Fumeseck, pour afficher le maintien adéquat. Potter également, qui croisait et décroisait les jambes dans son siège ; mais depuis quand Severus Rogue attachait-il de l’importance à ce que le mal peigné pouvait dire ou faire ? Deux fauteuils vides, à l’extrémité du bureau, attiraient des regards en coin de tel ou tel des assistants. Les moins capables de retenir leur curiosité se cherchaient du côté de Gryffondor, en la personne d’un rouquin à l’air stupide tout particulièrement prononcé, en cette fin de nuit, d’une bêcheuse forte en thème et en anglaises brunes, et d’un Drago Malefoy pour une fois échevelé et négligé, ce qui se comprenait à merveille après sa tentative de rapt. Un raclement de gorge en provenance du directeur de Serdaigle, Maugrey Fol-Œil, parvint aux oreilles de Severus, lui garantissant que son manège agaçait le sourcilleux Auror. Le regard direct qu’il braqua dans la chose servant à ce dernier de dispositif ophtalmique, l’avertit de ne pas persister dans cette voie.

Dumbledore fit son entrée dans un grand battement de portes. Sa vieille main appesantie sur la nuque de Mozenrath guidait le jeune sorcier à la mine farouche. Derrière eux, doigts dans les poches de son pourpoint, marchait Aladin. Chacun put constater qu’il s’était changé : la robe bleu nuit semée d’étoiles tombait élégamment sur les tuyaux de son pantalon coquille d’œuf et adoucissait le blanc cru de sa veste de chasse. Le bombé de sa poitrine gonflait avantageusement ledit pourpoint — de quoi bourreler de complexes les meilleurs joueurs de Quidditch de l’école et leur physique compact. Celui qui avait pris le meilleur sur Voldemort gagna, très raide, le fauteuil outrageusement décoré que lui désignait le vieux magicien. Presque aussitôt l’attention de tous les sorciers présents se détourna vers un objet de sinistre renommée — la baguette calée entre son pouce et son index, sur le velours grenat de l’accoudoir. Longue, presque trop pour l’allonge de Mozenrath, d’un brun mâtiné de rose et de teintes rouilles, son bois luisant à la clarté indirecte de la flambée dans l’âtre, elle respirait le pouvoir et l’autosatisfaction. Et chacun d’éprouver un pincement dans la région du cœur, à la considérer aussi évidemment heureuse d’assister le nouveau numéro un du monde magique.

Aladin ne s’était pas pressé pour s’asseoir auprès de lui ; il avait marqué un détour par devant Hermione, la remerciant à haute et intelligible voix avant de prolonger ses propos d’un baise main. Au terme de celui-ci, la jeune fille rougissante baissa la tête et Ron, passant de la surprise mutique à la colère, dut se faire contenir par Harry autrement il se fût élancé à la gorge de l’effronté. Le bédouin n’avait pas seulement esquissé un geste ; mais Potter avait bien vu, au changement subtil de la balance de ses jambes, qu’il était prêt à en découdre et que Weasley se casserait les dents. Le son mat qui ramena le calme du côté Gryffondor de la pièce aimanta de plus belle l’ensemble des regards sur Mozenrath. C’était sa baguette qui crissait contre la nymphe dont la tête et le dos composaient l’accoudoir de son siège. Le repli volontaire du menton, ses lèvres pleines et suffisantes, en remontraient à Rogue en fait de sévérité.

L’homme aux mèches grasses décolla du dossier la ligne de ses épaules. La grimace qui s’était vissée d’elle-même sur sa face enjoignait à Dumbledore de commencer la réunion. Or le haut mage prenait son temps avant de regagner sa chaise à haut dossier. Sa marche alerte lui fit longer la paroi ronde tapissée des portraits de ses prédécesseurs, dépasser la porte basse dont les familiers de la pièce savaient qu’elle débouchait sur le petit salon privé, contourner deux tables ovales juchées sur leurs pieds argentés et non loin de crouler sous les instruments d’astronomie, pour s’arrêter au bas d’une bibliothèque de style gothique. Dessous les bronzes sommitaux qui touchaient le plafond, les rayonnages s’ornaient de bibelots et de curiosités dont le clou était le Choixpeau ; de grands et gros tomes tenaient à l’aise au sein des pans coupés du meuble. Contre l’un d’eux, une patère supportait l’épée de Godric Gryffondor.

Dumbledore désigna du doigt un coffret de bois blanc à l’huisserie scintillante. L’objet vola jusqu’à ses paumes ouvertes, dans lesquelles il ne s’était pas sitôt posé qu’il s’ouvrait.

— “ Notre libérateur ”, prononça le vieux sorcier avec son emphase coutumière en inclinant le coffre de manière à ce que tout un chacun pût obtenir une vision claire de ce qu’il renfermait, “ a été assez généreux pour consentir à me laisser en gage ce gantelet magique, artisan de sa magnifique victoire sur Vous savez qui. Il m’est apparu juste de lui laisser en pleine propriété la baguette dont il ne vous aura pas échappé à qui elle appartenait... Son compagnon et lui resteront en ces murs aussi longtemps qu’il leur plaira. Aladin, que voici n’ayant pas de pouvoirs bien que ce soit un héros, est libre de choisir le dortoir de son choix. Aussi bien m’a-t-il fait part de son souhait d’aller à Gryffondor. Dans le cas de notre libérateur, nous allons suivre les règles et lui attribuer une Maison. ”

— “ Qu’a-t-il encore à apprendre ? ”, maugréa Rogue en coulant un regard réprobateur du côté de Mozenrath.

— “ C’est bien certain qu’il est meilleur que toi ou moi, Servilus ”, rétorqua Lupin avec un grand sourire à l’adresse de l’intéressé et un flash de ses canines pour son vieux rival. “ En ce qui me concerne, je l’accueillerai volontiers à Pouffesouffle, si le Chapeau en décide ainsi. ”

— “ Parce que tu t’imagines qu’avec son potentiel il va rejoindre les rangs de ta Maison paumée... ” La voix traînante et pas qu’un peu railleuse imitait les inflexions caractéristiques des Malefoy, injure suprême flanquée à la face du loup-garou par le maître des potions.

— “ Messieurs ! Songez au spectacle que vous donnez ”, intervint McGonagall, encouragée par le froncement des sourcils du directeur.

Le cinglement d’une décharge électrique ramena aussitôt le silence dans la salle. Harry réprimait son envie de pouffer ; il se mettait à la place de l’autre garçon, novice aux prises de bec et aux façons abruptes des adultes de Poudlard. Envisagée d’un point de vue extérieur, la scène ne pouvait manquer d’apparaître excessive — un mauvais mélodrame, de l’espèce qui pullulait à la télévision moldue.

— “ Professeur ”, fit le Maître des Sables Noirs en appuyant l’extrémité de sa baguette sous le creux du menton alors qu’un restant de puissance crépitait encore dans l’artefact, “ pouvons-nous couper là à ces manifestations ? L’aube approche, je tombe de sommeil et j’apprécierais vraiment que les choses s’emballent. Mettez-moi le galurin, qu’on passe au sort à faire à V ! ”

— “ Certes, certes ”, acquiesça Dumbledore. Une passe de sa baguette fit s’envoler le Choixpeau au dessus de la tête de Mozenrath ; l’item se mettait à descendre lentement vers son front. “ Reste calme, et n’élève surtout pas tes barrières mentales. ”

— “ Vu notre chance ”, souffla Ron dans le cornet de l’oreille de sa voisine Hermione, “ c’est à nous qu’il va être attribué... Juste l’année où je suis préfet. Les fortes têtes n’ont qu’à fonder un club, ou je ne sais pas quoi, à Serpentard ! Tout ce qui leur chantera, dès l’instant qu’ils se tiennent loin de nous... ”

Il n’avait guère fait montre de la discrétion requise ; Drago installé à deux fauteuils de distance et séparé du rouquin par Potter, le fusilla du regard. L’absence de gel dans ses cheveux blond blanc conférait au dernier des Malefoy une sorte d’aura fragile, démentie par la profondeur et l’âpreté de ses prunelles grises.

— “ On se passe de tes appréciations, Weaslaid ! ”, cracha-t-il dans un souffle. “ Considérant la prestation inexistante de ton précieux Potteur, tu devrais te sentir honoré d’avoir une chance sur quatre d’accueillir le meilleur d’entre nous... ”

La réplique du Survivant ne se fit pas attendre. Harry décroisa ses jambes une fois de plus, le geste appliquant, sous des apparences fortuites, un coup de pied dans le tibia du blond. Une expression suave sur ses traits, il s’inclina vers l’avant en direction de son ennemi intime et lança, de l’air de s’adresser à lui-même :

— “ Ma prestation, comme tu l’appelles, aura toujours été moins calamiteuse que la tienne. Dis-nous encore ce qui a fait que le meilleur de nos septièmes années a pu avoir le dessous contre ces ploucs de Crabbe et Goyle... ”

L’interpellé blêmit, égratigné aussi bien par l’ironie mordante que par l’air supérieur dont se mouchetaient les yeux du balafré. Il camoufla aussitôt son humeur derrière le masque froid des Malefoy. Pour une fois que son conditionnement de Sang Pur servait à quelque chose... Les événements de la soirée lui étaient une plaie à vif, et pas seulement au niveau de son estime de soi. Ses éternels sous-fifres, retourner leur loyauté et l’enlever par la force ! En début d’année, Voldemort avait été prêt à tout afin que Drago acquittât le prix de son refus de tuer Dumbledore le précédent semestre ; c’était la baguette de sureau après laquelle soupirait le Seigneur des Ténèbres, or l’héritier Malefoy ne s’était pas montré beaucoup plus perméable à l’idée de la voler au directeur, quel que fût le sort de magie noire que Voldemort lui avait fait porter dans sa chambre à cette fin. Un mois sans nouvelles de sa part, et il envoyait les tas de muscles Grégory et Vincent kidnapper le blond. La bonne étoile de celui-ci avait fait en sorte qu’Hagrid ne dormît point et patrouillât dans les parages de Serpentard sur le coup de deux heures du matin. Le demi géant avait été donner l’alerte, permettant aux plus fines baguettes de Poudlard de se poster en embuscade à l’entrée principale une fois le corridor sur l’arrière-cour verrouillé par Fol-Œil, Rogue et Lupin.

Heureusement pour Drago, il ne s’était pas écoulé longtemps entre la répartie cinglante du Gryffondor et l’instant où il se pénétra de la nécessité de ne pas laisser impuni l’affront. Sa réminiscence avait été instantanée. Louées fussent les cellules de son cerveau, capables de fonctionner si vite... Malefoy rejeta la tête en arrière, sa lèvre supérieure fine et rouge gagnée par un plissement altier. L’argent nébuleux de ses prunelles avait viré au noir quand il parla :

— “ Au moins mes amis ne rendaient-ils pas directement des comptes à Celui qui n’effraiera plus personne ”, s’exclama-t-il de sa voix étudiée. “ Six ans dans la familiarité la moins séante avec ce Londubat, et nul à Gryffondor n’a soupçonné qu’il avait pu se vendre ? Même pas lorsqu’il vous bassinait avec son intention d’éliminer ma tante, pathétique magicien comme il était ? Cela dépasse la fourberie de Crabbe et Goyle, ou je suis tout aussi Moldu que notre Grangeurre nationale ! ”

L’allusion de Malefoy visait une très instructive conversation qui s’était déroulée sur le champ de bataille, peu avant que la tentative d’enlèvement ne virât à la guerre ouverte. Ses gardes de corps charriaient un Drago stupéfixé vers la porte majeure, pleinement ignorants que six professeurs ainsi que quinze étudiants dans leur dernière année avaient pris position aux points névralgiques du hall, sous couvert de la poudre d’invisibilité puisée par Dumbledore dans l’une de ses armoires, quand leur avance s’était brisée sur un élève en particulier. Neville Londubat. L’embrasure d’une porte qui n’existait pas la seconde auparavant avait libéré le bon gros garçon joufflu. Vêtu de noir de pied en cap, un air déterminé vissé aux masséters, la risée de Gryffondor barra le passage au trio, s’interposant entre eux et les vantaux de la porte. Harry et ses fidèles se tenaient parés ; ils n’avaient qu’à épousseter leurs habits, et la poudre qui les dissimulait aux regards appartiendrait au passé. Brave, généreux, irresponsable Neville ! Dans quels dangers ne te forçait pas ta haine de Bellatrix...

A ceci près que l’inconscient avait très bien caché son jeu. Crabbe lui adressa un signe de tête loisible de maintes interprétations, hormis l’hostilité, ensuite de quoi il ajusta sa prise sur l’épaule de Drago par laquelle il le supportait, et recommença le trot pesant qui les avait conduits, Goyle et lui, depuis la chambre du Préfet des Serpentards. Neville démontra une grâce que personne ne lui soupçonnait en s’effaçant devant les Mangemorts, avant de se mettre à darder un regard inquisiteur dans les quatre points cardinaux. Sa baguette jaillit de la poche de sa robe, le Finite Incantatem lancé lors même qu’elle ne se dressait pas encore à l’horizontale au bout de ses doigts gourds. Il était trop tard pour le trio de Gyrffondors qui avaient en effet été moins silencieux en s’étranglant d’indignation devant l’attitude ambiguë de leur camarade. Le sortilège les frappa avant qu’ils n’eussent eu la possibilité de s’écarter les uns des autres ; la poudre n’en fut pas affectée, mais l’incantation dont Dumbledore l’avait doublée fluctua et mourut, les révélant à la vue. “ Pourquoi ne suis-je pas surpris de vous trouver sur ma route ”, fit Neville en dégrafant de sa main libre la boucle de sa robe. “ Nev, tu n’es pas avec eux, n’est-ce pas ? ” Le timbre de voix d’Hermione donnait l’impression d’être sur le point de se briser. “ Je regrette, Mione, mais il y a toute chance pour que ce soit lui, le traître à la solde de Qui vous savez ” Harry avait alors commenté. Un rire sans joie salua la conjecture du Survivant. “ Je n’étais pas sensé lever le voile si tôt, mais après ce soir, rien n’a plus grande importance. Ta vie s’achève maintenant, Harry — la vôtre à tous. Et le Maître me donnera cette salope de Lestrange à finir... ” Ron n’avait pu s’empêcher de libérer un sort, et Hermione avec lui, Harry plongeant à terre en pleine conjuration d’un bouclier autour d’eux trois. Cela faisait longtemps hélas que leur condisciple avait dépassé le niveau de simple élève moyen, témoins la parade éblouissante qu’il opposa à ces attaques et les Doloris aveuglants dont il les lamina entre deux ricanements égocentriques. “ Voyez-vous, c’est en partie grâce à ta grande gueule, Ron, que j’ai eu l’illumination. Ma haine m’a en effet ouvert le chemin de la vengeance, juste de façon différente de ce que tu suggérais ; elle a attiré le Maître jusqu’à moi. Le vieux bouc nous avait expliqué — souviens-t’en, Harry —, que s’il ne s’était pas produit l’incident avec tes chacals de parents, la Prophétie se serait appliquée à moi et à moi seul, le fils d’Aurors. Je me suis mis à te haïr, et cela m’a valu Sa faveur. ” Chaque phrase de sa tirade était proférée au milieu des gerbes de sorts qu’il déversait en grêle sur ses opposants. Il y avait belle lurette que le rouquin était figé, compliments d’un Stupéfix de Neville ; quant à Hermione et Harry, leur habileté leur permettait tout juste de ne pas recevoir de sorts d’incapacitation. Tant Neville avait progressé ! Sa manière de combattre calquait, en plus pataude en raison de son poids, celle montrée par Lucius Malefoy durant l’affrontement dans la Salle de l’Arcade. Leur faux frère ne mentait pas — il avait pour de bon été formé par Voldemort ! Si Harry n’était pas entré dans une rage noire et n’avait pas exhibé sa force véritable en même temps que la fureur qu'il avait trop réprimée, Merlin seul eût pu prédire ce qui se fût passé. De guerre lasse, Londubat s’était résolu à appeler du renfort. Une incantation fort courte, et plusieurs dizaines de Mangemorts en tenue de combat se matérialisaient autour de lui, couvrant la tentative de Crabbe et Goyle pour faire s’ouvrir la grand porte magiquement scellée. L’aura délétère qui flottait au milieu des nouveaux arrivants assurait qu’il s’agissait de la fine fleur des troupes du Seigneur Noir. Une chance pour les jeunes Gryffondors que la magie d’invisibilité se fût à cet instant rompue, libérant Dumbledore flanqué d'Hagrid, des Directeurs des quatre Maisons et d’élèves brûlants d’en découdre.

La pique de Malefoy à Harry et consorts tenait, en conséquence, tout du coup bas. Une belle panique souffla dès lors sur la rangée de fauteuils où les trois Gryffondors et le Serpentard avaient pris place, pour le plus grand amusement de Dumbledore. Il fut d’abord le seul à jubiler dans sa barbe devant ce qu’il prenait comme le retour des choses à la normalité. Une ébauche de sourire décrispa, avec un temps de retard, la mine austère de McGonagall ; ce fut bientôt à Lupin de pouffer, nonobstant l’oeillade glaciale jetée par Rogue, et, de là, un amusement sincère gagna l’ensemble des présents. Les gloussements de Fumseck couvraient les arguments passionnés dont ni Drago ni Ron et Hermione n’étaient parcimonieux — après un bref échange, le Survivant riait par trop et de bon coeur de cette dispute de chiffonniers pour y participer — ajoutaient la touche finale à la cacophonie.

Le baryton grasseyant du Choixpeau trancha cette atmosphère joyeuse avec la précision d’un lame. “ Aucune Maison ”, fit-il, “ ne me semble apte à l’accueillir ! Il a besoin des vertus de chacune... ” L’item millénaire n’avait pas sitôt délivré son verdict qu’il quittait de sa propre initiative le bas du crâne de Mozenrath. Son prochain saut le conduisit tout droit sur le sous-main de Dumbledore, aussi loin qu’il était possible du coffret ouvert sur le gant. La baguette du vieux sage le transporta jusqu’à son tabouret, par delà les deux tables et leurs instruments.

Maintes paires d’yeux ébahis se cherchèrent. Jusqu’aux formes animées des directeurs de jadis, dans leurs cadres sur les murs, qui chuchotaient leur incompréhension. Direct comme à son habitude, et jamais à court de lapalissades, Ron lança à la cantonade :

— “ Je pensais que le Chapeau n’avait jamais failli à placer un sorcier ! Ben alors, on en voit de tout, cette nuit... ”

McGonagall lui adressa une mimique peinée.

— “ Pas depuis un millénaire, Monsieur Weasley... Mais puisque Celui — puisque Voldemort était, de bonne source, réputé invincible pour quiconque excepté Harry et qu’au final il n’en a rien été, peut-être n’est-ce pas aussi surprenant qu’il y paraît. ”

L’acquiescement général couvrit la protestation ayant fusé du côté des Serpentards Rogue et Malefoy, aigre-douce comme pour ne pas changer. Dumbledore en proie à une intense réflexion triturait le flot blanc de sa moustache ; les rides centenaires de sa face remuaient sous les suggestions agitées par son esprit. Personne, pas même Harry, ne donnait signe que leur parvenaient les vibrations de sombre augure qui s’échappaient de l’aura de Mozenrath. Le garçon était demeuré apathique à l’énoncé du verdict du Choixpeau ; nul muscle ne tressaillait sur son visage — mais sa magie exprimait la montée en flèche de son tempérament. Et il était pleinement justifié de réagir ainsi. Le directeur de l’école abattit sa main sur le plan de travail.

— “ Severus ”, tança-t-il le maître des potions qui venait de projeter son siège en arrière, son air des mauvais jours sur le visage ; “ plus un mot ! ”

— “ Oui ”, renchérit Fol-Œil, “ fermez-la, vu que ce n’est pas constructif ! ”

Le regard pétillant du vieil homme se chargea d’autorité. Chacun de se redresser dans son fauteuil, de se rasseoir dans les cas de Severus et Maugrey, et de faire silence. Fumseck en personne se tenait coi sur son perchoir, quoiqu’il ouvrît et refermât son bec sans trêve.

— “ Messieurs et mesdemoiselles, vous distingués visiteurs, vous avez entendu le Choixpeau. Il ne fait aucun doute que la situation requiert des mesures hors normes. Je demande à notre corps professoral de préparer une tour afin d’y installer notre Sauveur pour la durée de son séjour, ainsi qu’un programme d’enseignement accéléré. Des élèves de fin d’études, sur la base du volontariat, vivront là et termineront l’année en sa compagnie. Je souhaiterais, bien entendu, qu’ils soient issus des rangs de l’Ordre du Phénix et représentent nos Maisons. ”

— “ Il va de soi que Saint Potter se propose ”, gloussa Malefoy. “ La besogne accomplie, on vole au secours de la victoire, n’est-ce pas ? ”

— “ Moi qui croyait ça une attitude Serpentard ”, répliqua Ron dressé sur ses ergots.

— “ J’inscrit donc Messieurs Weasley Ronald et Malefoy ”, lança Dumbledore sur le ton de la joie débonnaire. La tête des deux intéressés était passée sans intermédiaire de l’énervement à la consternation, et à présent ils consacraient leur énergie à se bouder. “ J’imagine que tu en es, Harry ; et vous, Mademoiselle Granger ? ”

— “ Ai-je le choix ? ”, demanda le Survivant. Question de pure rhétorique, d’ailleurs personne n’en fut dupe, car tous les regards hors ceux de Rogue et du directeur piquèrent vers le tapis de sol. “ Ne te sens pas un devoir, Mione, de t’embarquer là dedans... ”

— “ Du diable si je vous laisse sur ce coup-là ! ”, s’emporta la meilleure étudiante de l’école. Elle si pondérée d’habitude peinait à masquer son allégresse.

— “ Excellent ”, les félicita le vénérable mage. “ Trois Gryffondors et un Serpentard. Me fais-je des idées, Monsieur Malefoy, en supposant que Monsieur Zabini ne sera pas de trop avec vous ? Votre opinion, Severus — si vous en avez une ? ”

— “ Zabini et Malefoy sont mon meilleur binôme ”, confirma le sorcier revêche. La ligne de ses lèvres s’atténua encore tandis qu’il projetait sa voix très haut. “ Maintenant, Albus, par pitié ! abordons le point qui pose vraiment problème... Voldemort ne saurait rester ici. Même le fait de le transférer ne nous tire pas d’affaire. Pomfresh ? ”

L’infirmière de Poudlard sortit du coin relativement obscur dans lequel elle s’était à dessein tapie depuis le commencement de la réunion. Sa physionomie reflétait les peines prises au chevet des trop nombreux blessés et le manque de sommeil ; par dessus ces soucis, apanage de sa fonction, surnageait un voile d’inquiétude. Sa robe blanche de médicomage constellée de traînées carmin était partiellement noircie aux entournures et répandait des relents agressifs de fumée ; la cape mordorée qu’elle avait à peine trouvé le temps de passer par dessus montrait ici et là des taches vert-de-grisées répugnantes d’aspect, vomi ou morve.

— “ Le Stupéfix d’Harry fait toujours son effet ”, récita-t-elle avec un détachement clinique. “ Je Lui ai administré les soins indispensables, sans quoi Ses brûlures auraient été fatales, ainsi que des inhibiteurs de magie ; Il survivra, mais Sa peau est à nu, atteinte au troisième degré, sur quatre-vingt pour cent environ de Son corps. Mentalement, Il est encore sous le choc. Physique ou psychique, à ce stade, je l’ignore. Je Le considère transportable. ”

Elle était sur le point d’achever lorsqu’une ombre opacifia ses yeux. Ses traits joufflus respiraient un mépris absolu. Ses jointures livides s’étaient contractées sur sa trousse.

— “ Je vais vous parler franc ”, reprit-elle. “ Cette ordure ne mérite pas le temps que j’y ai consacré. J’ai pansé des Mangemorts dans des états catastrophiques sans éprouver l’ombre d’un regret. Y compris ce pauvre Londubat. Tout pourris qu’ils soient devenus, je ne puis mettre de côté la compassion qui fait partie de mon serment. Il en va autrement de Lui. Tout est de sa faute ! Livrons-le au Ministère, ces bureaucrates sont fichus de lui permettre de s’évader... Je dis que c’est à nous, dans ce bureau, de trancher son sort ! Au nom des générations à venir. ”

— “ Il aurait dû mourir, mais d’aucuns se sont opposés à ce que je le finisse ! ”

L’intervention venait de Mozenrath. Le Garçon qui avait Vaincu s’était levé et placé devant Pomfresh, dont il flatta la nuque du tranchant de la main. Ses yeux éclataient d’une lueur indomptable lorsqu’il fit volte-face et les embrassa du regard.

— “ Je veux une réponse qui ne dégénère pas en longs discours ! Qui d’autre, à part nous et les élèves, est au courant de sa déroute ? ”

Dumbledore se rencogna dans sa chaise. Il tenait préparée une réponse cinglante, mais la mine mortellement sérieuse de Harry le fit changer d’idée. Le Gryffondor ne prenait même plus la peine de masquer sa réprobation à l’égard des manières subtilement manipulatrices du vieux sage... Il s’exclama donc posément :

— “ Personne encore. J’ai restauré les barrières ceignant Poudlard et fait passer le mot, parmi les personnes réveillées, de tenir l’information secrète. Tout hibou qui viendrait à quitter ce château n’ira pas plus avant que les limites du parc... En quoi cela t’intéresse-t-il ? ”

Des protestations s’élevèrent depuis les fauteuils d’Harry, Drago et Rogue. Les autres enseignants, jusqu’à McGonagall et Fol-Œil desquels la fidélité était pourtant le trait le mieux chevillé au corps, soit évitaient de croiser le regard du directeur, soit le cherchaient au contraire de leurs prunelles où s’affichait le désaccord. Qu’il laissât s’exprimer leur nouveau champion !

— “ Je vous propose ceci ”, embraya Mozenrath en imprimant un mouvement dramatique à sa cape. “ Votre éducation, votre éthique, que sais-je ? vous interdisent de considérer comme une option l’exécution de ce V. Je sais que certains d’entre vous ”, regard oblique à Dumbledore, “ eussent préféré ma victoire acquittée d’un prix moins élevé. A la guerre comme à la guerre. Je l’ai fait afin que les enfants sous ce toit aient un avenir. Cela passe par la neutralisation de votre patient, Dame Pomfresh. Il existe un enchantement dont le résultat est d’extirper totalement la magie d’une personne ; je me propose de le lui appliquer... ”

— “ Etes-vous sûr de parvenir à le lancer, dans votre état ? ”. Maugrey, avec sa brutale franchise d’Auror, contemplait le jeune homme des pieds jusqu’à la tête.

Il visait, comme de juste, l’absence du gantelet. Un sifflement fusa hors des mâchoires d’Aladin et Hermione, prenant Ron par surprise et lui inspirant un nouvel accès de jalousie. Sa camarade n’avait jamais changé quoi que ce fût dans ses attitudes au contact du rouquin ; or ce bellâtre charbonné ouvrait la bouche, et la si peu influençable Granger s’empressait maintenant de renchérir sur lui, non pas à une reprise, mais plusieurs fois, des quantités de fois ! Y compris dans la vulgarité. C’était à n’y rien comprendre... Le contact réconfortant des doigts d’Harry n’y changeait rien ; l’avant-dernier Weasley se sentait misérable. Lui qui s’était jusqu’à présent retenu d’avouer sa flamme à sa meilleure amie le déplorait amèrement, compte tenu surtout de la différence flagrante qui séparait son physique rouge et laiteux de la beauté brune et musclée impartie au nouveau béguin d’Hermione. Trop commun qu’il était, pauvre de surcroît, rivaliser avec cette sculpture faite homme — cet Aladin qu’on aurait cru tout droit sorti du conte des Mille et Une Nuits ? Autant admettre sa défaite dès le début...

— “ Il faut en discuter, espèce de vieux cyclope ! ”, tonna Lupin en brandissant son poing serré dans les airs vers le sorcier à l’orbite mécanique. L’un et l’autre se rapprochèrent, rubiconds et soufflant de la vapeur hors des narines tels des bêtes de combat. “ C’est la loi du talion, ça ! Que faites-vous de la décence et de la morale qu’on enseigne céans ? ”

— “ Parles-en aux victimes ”, contra Severus, jailli de son fauteuil comme un beau diable et ses mèches alourdies de gras dansant devant ses yeux, “ toi toujours plein de compassion ! Tu me fais penser aux Potter père et fils ; du courage comme quatre, la bouche une vraie fontaine à belle paroles, mais en fait de vision globale des choses ou de sens des priorités, niet ! Nada ! Niente ! Qui façonne l’avenir n’a pas peur de se salir les mains si c’est à bon escient ! ”

— “ Cher professeur, je vais vous surprendre ”, déclara le Survivant qui s’était levé.

L’expression de ses traits arracha un soupir de soulagement à Rémus ; cela signifiait que son filleul allait remettre Rogue à la place qu’il n’eût jamais dû abandonner : parmi la vermine et les rats, dans les bas-fonds de ses cachots. D’autant plus grande fut sa surprise lorsqu’il entendit ce que le Gryffondor avait à dire.

— “ La Prophétie peut aller se faire voir. Je n’ai pas demandé à être l’Elu, ni à voir le cours de ma vie m’échapper, dans une spirale de violence. A présent que Voldemort est tombé à bas de son piédestal, afin que nul dans l’avenir ne puisse ignorer ce qu’il en coûte de souffler le vent de la haine et de la discrimination, je suis sincèrement d’avis qu’il doit périr. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je me serais résolu à l’affronter jusqu’à la mort ; pas davantage aujourd’hui ai-je envie qu’il décède. Surtout si j’y mets les mains. Par conséquent, toute solution définitive qui nous épargne la mauvaise conscience d’avoir versé son sang a ma pleine adhésion ! ”

— “ Bravo ! Bien parlé ! ”

Pomfresh, McGonagall, Rogue lui-même, et jusqu’à Drago, encore qu’il lui en coûtât de faire chorus derrière son ennemi intime, applaudissaient à cet heureux choix de mots. Sur un dernier coup d’œil à Severus et Maugrey qui opinaient gravement de la tête, le loup-garou se mit de la partie. Avec Hermione, Aladin et Ron qui entouraient Harry de leurs félicitations, cela laissait peu d’espace à Dumbledore pour exposer sa différence. Rarement au cours de sa très longue existence le poids des ans s’était appesanti avec semblable acuité sur la carcasse du directeur ; pour un peu, il en aurait conclu que sa magie s’opposait à ce qu’il douchât l’espoir du corps professoral et des meilleurs élèves que Poudlard avait connus de mémoire de sorcier. C’était très peu probable bien sûr, donc il écarta la sensation aux franges de son esprit.

— “ Mes amis... ”, entama-t-il en se dressant de sa hauteur conséquente et en lissant ses robes.

— “ Monsieur le Directeur, cela suffit ! ” Pomfresh s’était exclamée dans le même geste qui lui avait fait produire une clé dorée hors de sa trousse de soins. “ O toi qui nous a débarrassé de ce monstre, voici l’accès à mon infirmerie ! Fais que sa menace disparaisse de ce monde... ”

— “ Par Merlin ”, explosa Dumbledore ; “ cela n’aura pas lieu ! Accio clé !! ”

 
 
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