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au 31 Mai 21 :
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Sorry, I Fell In Love With You
Par Orina-Chan
Originales  -  Romance/Drame  -  fr
14 chapitres - Complète - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 14     Les chapitres     0 Review    
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Sorry, But I Still Fell In Love With You

Chapitre 14 : Sorry, but I still fell in love with you…

Un sentiment vide, indescriptible, s'imposa dans tous les esprits. Une personne faisait cependant exception et ne prêtait guère attention à ce sentiment, trop occupée à faire part de son inexcusable folie : le meurtrier de Sarah. La personnalité de celui-ci ne s'avérait pas démoniaque au point d'en rire de manière sadique comme dans les films d'horreur, néanmoins ce sourire…ce sourire qui persistait sur son visage, qui ne souhaitait aucunement disparaître… Emily n'en revenait pas. Comment avait-elle pu devenir amie avec un monstre tel que lui ? Elle en fut extrêmement chamboulée. De la répulsion contre le leader du groupe s'incrusta énergiquement en elle. Bien qu'elle n'éprouvait aucune sympathie envers la brune à la queue de cheval, dont le corps baignait à présent dans son sang suite aux trois violents et interminables coups de feu ayant atterri au cœur de sa poitrine, elle sentait le réel besoin de la venger. Selon elle, la jeune fille ne méritait absolument pas ce traitement barbare, impitoyable. Elle ne leur avait pourtant rien fait…

« T'es fier de toi, hein…du moment que t'arrives à te faire remarquer, tu te fous du reste, hein…ESPECE D'ORDURE, CREVE !!! »

Sans réfléchir, la collégienne se précipita en courant vers le concerné, qui n'était visiblement pas prêt d'effacer son expression euphorique, comme s'il avait une opinion de lui-même présomptueuse, comme si tuer représentait un talent incomparable… Pas de doute, la démence dévorait sa raison. Plus rien ne semblait en mesure de guérir cette extrême divagation… Dimitri, parvenu à se ressaisir des nombreux coups qui lui avaient été donnés, se rendit compte que l'assassin avait encore en tête des intentions plus que malsaines, lorsqu'Emily se hâtait en sa direction. Il eut alors le réflexe de la prévenir du danger qui l'attendait.

« T'approche surtout pas de lui, fais attention ! »,tenta de se faire comprendre le concerné. Néanmoins, le ton de sa voix n'avait pas l'air d'affecter la collégienne au point de l'interrompre dans sa démarche… Trop tard. Le leader, ayant heureusement pour l'instant dissimulé son arme périlleuse, poussa rudement la petite sœur à la jeune fille à la chevelure ténébreuse contre un mur. Sa tête fut touchée la première… Un cri bref de douleur se fit entendre, mais l'adolescente ne comptait pas se laisser lamentablement abattre pour autant. L'abandon ne faisait apparemment pas partie de son vocabulaire, à cet instant… Une autre phonation vint malgré tout l'interpeler… Une phonation qui lui paraissait beaucoup trop familière à son goût…

« EMILY ! »

Ellen glissa en essayant de s'arrêter à l'endroit spécifique où se situait sa petite sœur en danger. Elle fut suivie de près par son petit-ami aux cheveux roux cuivrés et par Jonathan, qui lui, se préoccupait plus pour le moment d'essuyer sa sueur avec sa manche au lieu de redresser prestement la tête afin de scruter ce qui se déroulait pendant qu'il n'était pas là… Ce qu'il fit, lorsque quelques secondes eurent défilé. La première chose, ou plutôt la première personne qu'il vit alors se révéla être le corps, recouvert d'une maudite peinture rouge, de Sarah. Cela était sa faute. Il en était assuré. S'il n'avait pas passé la plupart du temps à flâner et à se demander sans cesse si l'espoir semblait avoir le droit de pénétrer dans son esprit, cet atroce spectacle ne se serait sans doute pas manifesté… Il hurla. Puis fixa d'un regard noir comme les ténèbres celui qui s'avérait représenter le coupable de ce crime, assez impardonnable pour que le blond réagisse comme tel. Sa colère fut indomptable…

« C'est toi…qui as fait ça ? Ralph, t'es vraiment un…UN SALAUD ! »,cria-t-il en visant le leader et en fonçant vers ce dernier de façon complètement déraisonnée.

La jeune fille au regard ambré, consciente de la détermination du blond à décrire son insondable mécontentement au meurtrier, ne s'avéra cependant pas capable de se résoudre à le voir plonger dans une aussi imprudente situation, où le risque régnait en maître… Pour lui témoigner sa vive inquiétude à son égard, elle n'hésita pas à le retenir en l'attrapant sauvagement avec ses bras. Sauvagement, car, il ne fallait surtout pas qu'elle le laisse subir d'horribles choses comme Sarah y avait du être évertuée… Il ne devait surtout pas s'embarquer dans une posture telle que celle-ci, telle qu'elle l'imaginait. Sinon, elle se sentirait entièrement fautive, coupable de ce qu'il lui arriverait. Elle le tint, et n'eut alors aucune intention de lâcher prise, malgré les intempestifs grognements du concerné… Jonathan ne supporta pas qu'on l'empêche de cette manière de se défouler sur la personne qu'il détestait le plus au monde, la personne qui venait d'achever, à l'aide d'une odieuse méthode, celle dont il était éperdument amoureux… Son courroux se révéla ainsi de plus en plus insistant.

« Non mais lâche-moi ! LACHE-MOI ! J'ai besoin de le frapper, de le punir de ce qu'il a commis ! Si je le fais pas, jamais je me le pardonnerais ! Il doit pas s'en sortir comme ça, tu m'entends ? Ellen, merde ! Tu me saoules, laisse-moi ! »

Peu importe combien de fois il lui demandait, peu importe le nombre de fois qu'il se débattait de cette emprise, Ellen refusait tout simplement d'obéir à ses ordres, d'effectuer exactement ce qui correspondrait à ses attentes. Elle non plus ne se le pardonnerait pas si le blond rencontrait une certaine douleur pire que celle de la brune à la queue de cheval… Elle persista. Ce qui ne plut évidemment guère à l'intéressé.

« Tu vois pas qu'il est en train de s'enfuir, là ! Tu veux que je te fasse du mal juste pour que tu me lâches enfin ? Pourquoi tu ne réponds pas ? TU M'ENERVES ! Tu l'auras voulu ! »

Sèchement, sans pitié, Jonathan secoua son corps, afin de parvenir finalement à faire vaciller l'adolescente à la chevelure ténébreuse, qui, comme le jeune homme l'avait prévu, chuta rudement vers le sol. Yann n'avait malheureusement pas réussi à la rattraper à temps… La souffrance se fit tout de suite sentir du côté de la blessée. Néanmoins, elle ne souhaitait pas montrer à tous ceux se trouvant ici cette faible facette de sa personnalité. Malgré ce qu'elle endurait, malgré toutes ses petites égratignures qui la picotaient ardemment, elle repoussait le fait de se rendre ridicule à cause de telles inepties. Elle décida donc de se concentrer sur l'idée de rester forte devant les autres, quoiqu'il advienne. Le garçon roux cuivré connut une irritation bien plus béante par rapport à Jonathan, et ne chercha pas véritablement à la dissimuler, bien au contraire…

« Jo, tu veux ta mort ? Je sais pas ce qui me retient de te frapper… Tu peux vraiment pas t'empêcher d'être aussi brutal, hein ! Je comprends ta douleur, mais nous aussi, on en souffre, de ce qui est arrivé à Sarah ! Ellen s'inquiète pour toi, et toi, tu la pousses comme ça, t'es dur ! Regarde, tu vois pas qu'Emily est sur le point de contacter la police ? On peut régler ça d'une manière bien plus douce, crois-moi !

- Emily ? La police…On peut très bien se débrouiller sans eux ! Pourquoi ce serait toujours eux qui auraient la solution à nos problèmes ? On peut pas leur faire totalement confiance ! Toi, là, n'appelle personne, tu m'entends !,ordonna-t-il à la petite sœur d'Ellen, rougissant du fait qu'il s'agissait de la première fois qu'il lui adressait la parole, même si sa manière de le faire ne s'avéra pas véritablement sympathique… Selon elle, une réponse à ces propos lui étant destiné fut naturellement obligatoire.

- Oui…A condition…que tu m'appelles par mon prénom…,faillit-elle de bégayer timidement.

- Mais tu crois que j'ai que ça à faire pour le moment, t'appeler par ton prénom ? Sérieusement ! »,s'énerva-t-il une nouvelle fois, froissant alors la jeune fille en question, qui n'avait pourtant pas pensé une seule seconde à le brusquer avec ces mots… Elle baissa la tête, en gage de soumission.

La collégienne, en l'espace d'un instant, aurait préféré mourir à la place de Sarah. Ayant facilement détecté les sentiments qu'éprouvait le blond à son égard, juste pour que le bonheur de ce dernier se développe, elle aurait souhaité se mettre à la place de l'assassinée. Elle se disait que de toute façon, personne ne culpabiliserait si elle disparaissait subitement, personne ne la regretterait, personne ne prierait pour qu'elle repose en paix…C'était vraisemblablement ce qu'elle pensait. Dimitri dénicha la force de se relever, néanmoins difficilement. Il fut aidé par la jeune fille, visiblement encore traumatisée d'avoir été témoin d'une telle tragédie. L'adolescent ressentit les frissonnements de la concernée ainsi que les battements de cœur bruyants et incessants de celle-ci. Instinctivement, il désira à tout prix apaiser son angoisse, détruire sa solitude, et lui informer qu'à présent, tout allait bien se passer. Il l'enlaça en la serrant, de manière imprévisible, fortement contre lui. Emily, étrangement, n'eut pas du tout l'envie de le rejeter sévèrement. Effectivement, bien que surprise, elle souhaitait perdurer dans cette position. Celle-ci se révélait plutôt confortable, malgré la situation qui ne l'était en aucun cas. Cependant, elle s'interrogea tout de même sur la raison qui l'avait poussé à la prendre aussi soudainement dans ses bras…Elle ne comprenait pas.

« Pourquoi…tu fais ça ? On se connaît à peine !,tenta-t-elle de s'imposer par rapport à cette puissante étreinte.

- Oui, on se connaît à peine, mais j'ai envie d'être ami avec toi. C'est si gênant que ça que ce geste ait ce genre de signification ? Tu t'attendais à autre chose de plus…romantique ?

- Non…Non mais ça va pas ! T'es pas bien, pourquoi je penserais à ça ? T'es nul, vraiment ! Mais…être ami avec moi…J'pense pas que je le mérite, personnellement…Je suis une fille tellement égoïste et ennuyeuse…

- Réagis pas comme ça ! Et puis, arrête de te rabaisser, c'est pas vrai ce que tu dis ! Parce que le plus souvent, ce sont ceux qui se prennent pour des égoïstes comme tu dis, qui le sont le moins…Enfin, c'est que mon avis. Mais ce que tu peux être susceptible, sérieux ! C'est marrant !

- Vachement marrant… »,finit-elle sur un ton courroucé, néanmoins, moins qu'à l'accoutumée, ce qui fut immédiatement considéré comme un progrès au niveau de son comportement habituellement arrogant, selon sa grande sœur.

Malgré l'aspect inlassablement têtu de Jonathan au niveau de sa non-approbation vis-à-vis du soutien de la police, Yann n'osa pas gaspiller sa patience à essayer vainement de persuader ce dernier. Il entreprit donc lui-même de faire discrètement appel aux individus se présentant dans des uniformes, afin de ne pas prendre le risque de se faire repérer par le blond, et que celui-ci finisse ainsi par démolir, sous l'effet de son désespoir, le portable du petit-ami de la jeune fille à la chevelure ténébreuse.

Le leader ne supporta pas la distraite ignorance de tous ceux qui demeuraient dans cette maison délabrée. Se démarquer symbolisant son objectif primordial, il usa d'une technique très efficace pour en pétrifier la plupart, mais également très appliquée pour en horripiler d'autres. Il voulait principalement apeurer les deux énergumènes qu'il considérait comme un couple, à cause de leur embrassade paraissant plutôt intime à ses yeux. Ce qui fonctionna à merveille.

« Alors, les p'tits tourtereaux ? C'est pas le moment de vous faire des câlins et des bisous, hein ! Vous devriez plutôt jeter un œil par ici, et surtout…faire attention à votre vie…HAHAHA ! Tenez ! »

PAN !

Une multiplicité de tirs tel que celui-ci s'enchainèrent, néanmoins ne parvinrent à atteindre aucune victime. A vrai dire, le chef de bande ne prêtait pas véritablement attention à tout ce qui l'entourait. La démence ayant une totale suprématie sur lui, il agissait comme un ivrogne, et de ce fait, eut du mal à viser parfaitement ses cibles. Mais les balles rebondissaient, ce qui fit assimiler la méfiance aux jeunes. Ces derniers commençaient tout de même au bout d'un certain moment à ressentir une profonde panique, au point de gesticuler sans arrêt, sans savoir à quel endroit, ou sur quel être la chose dangereuse en question allait-elle finir par atterrir… Puis, un bras fut touché. Celui de Yann. Et, une jambe. Celle de Dimitri. Des cris s'éparpillèrent… Par chance, la police arriva. Presque tout était terminé. Presque.

« Ho ! Les mains en l'air, petite canaille !,ordonnèrent-ils à l'intéressé, tout en faisant en sorte d'imposer au maximum leur présence.

- Ah, j'ai compris ! Vous voulez jouer au chat et à la souris ? Ok ! Mais c'est moi la souris !,répondit-il en éclatant de rire, et en prenant la fuite.

- Ce jeune est complètement cinglé…Il faut l'arrêter ! Ainsi que ses complices ! Poursuivons-le ! »,conclut activement l'un des hommes au rang plus élevé que celui-ci des autres. Ceux-ci obéirent, sans broncher. Bien qu'en réalité, ils exécutaient ce que leur supérieur attendait d'eux, rien que pour obtenir le statut similaire au sien, et surtout afin de lui exposer à l'avenir leur fierté extravagante… Ellen et les autres ne se préoccupèrent pas plus que cela de leur réelle motivation, du moment qu'ils effectuaient leur tâche avec brio.

La fureur de Jonathan s'évapora, peu à peu. Ainsi que son extrême anxiété. Son esprit fut alors légèrement apaisé, libéré. L'assassin, s'étant amusé à attiser les nerfs de ceux qui vénéraient la justice, subit à présent les conséquences de son insouciance avec une course poursuite déchainée. Le blond, peu après s'être assuré que le criminel s'était bien éloigné avec ses amis, accourut vers le corps de Sarah, puis tint délicatement sa main meurtrie. Il l'embrassa, pour ensuite y laisser couler des larmes pleines de regrets… Ellen succomba à son tour. Lorsqu'elle scrutait son camarade afficher sa tristesse abyssale, elle ne pouvait s'empêcher d'adopter la même réaction que lui. C'était naturel, et elle ne se révélait pas en mesure de changer ou de voiler cet aspect d'elle… Emily fit de même, par pure compassion envers celui dont elle s'avérait encore et toujours secrètement amoureuse. Dimitri eut alors une mince et brève impression de jalousie à cet instant. Il oublia vite cette sensation lorsqu'il remarqua que sa blessure à la jambe se révélait bien plus douloureuse qu'il ne le croyait. Celle de Yann également. Tous deux ne purent cacher plus longtemps leur affliction qui se profilait sous forme de vive et impitoyable brûlure. Ellen prit l'initiative d'appeler une ambulance. La jeune fille fit en même temps le vœu de se dépêtrer de ce cauchemar au plus vite…

« Je n'aime pas… cet endroit. On pourrait pas…aller ailleurs ?,demanda timidement l'adolescente au regard ambré.

- Moi aussi, j'en ai plutôt envie, mais…on va pas laisser le corps de Sarah ici. Il faut au moins attendre que l'ambulance arrive…Mais tout de même, ils mettent vachement de temps à débarquer… »,constata Emily, qui, pour la première fois, avait répondu normalement à sa grande sœur. Celle-ci ne manqua pas d'afficher une expression d'étonnement par rapport à ce surprenant détail.

[…]

Suite à un temps d'attente considérable, les secouristes arrivèrent finalement à destination. Malgré leur retard, tous les adolescents présents masquèrent leur mécontentement par rapport à ce fait, éprouvant quand même un certain respect pour le travail que les hommes en blouse blanche accomplissaient, pour les soins qu'ils procuraient aux malades et aux graves blessés. Tous énoncèrent un discret mais sincèremerci,avant le départ des concernés à l'hôpital. Les policiers revinrent ensuite, cependant sans avoir eu la chance de capturer le dangereux chef de bande. Mais en échange, un des assistants de ce dernier allait avoir la lourde responsabilité d'expliquer spécifiquement ce qui lui passait par la tête en suivant l'exemple du malfaiteur, au commissariat.

Chacun, peu après cette conclusion, fit valser un soupir à la fois pour exprimer le soulagement et la frayeur que des scènes de ce genre se reproduisent dans le futur, que le fugitif refasse parler de lui un jour… Néanmoins, des pensées positives s'efforcèrent de pénétrer à l'intérieur d'eux-mêmes. Même si Sarah ne se réveillera jamais, cela ne voulait pas dire qu'elle ne veillerait pas sur eux pour autant… Tout le monde décida de se garder cela en mémoire. Mais Jonathan, lui, ne se résolut pas à assumer cette cruelle réalité…

[…]

Trois jours s'étaient écoulés. Le rythme de vie normal, dont avaient l'habitude Ellen et les autres, reprit son cours. Tous tentèrent de chasser les tourments concernant l'injuste disparition de la brune à la queue de cheval de leur esprit.

Cependant, une de ces personnes répudiait l'idée d'agir comme ses compagnons. Cette personne restait chez elle, enfermée dans sa chambre, à se lamenter. Depuis le drame, malgré tous ses efforts, il ne parvenait à percevoir le sens précis de son existence, la raison précise pour lui de continuer à vivre… La personne qui était la plus importante à ses yeux se révélait à présent introuvable, perdue, errant dans le ciel… A compter du moment où l'enterrement de l'adolescente s'était terminé, à part la forme maussade de sa tombe, il ne pouvait plus contempler son visage, ses yeux, ses cheveux, ses lèvres. Il ne pouvait plus lui tenir la main. Il ne pouvait plus voir ni son sourire, ni ses pleurs, ni son expression irritée. Il ne pouvait plus passer du temps avec elle. Il ne pouvait plus jouer au garçon gentil et attentionné avec elle. Il ne pouvait plus se disputer avec elle. Il ne pouvait plus rire avec elle. Il ne pouvait plus profiter de sa présence. Il ne pouvait plus… Des larmes, preuve irréfutable d'un sombre désespoir, se formèrent. Il ne pouvait cesser de penser à elle, à sa personnalité énergique mais dans le fond très douce, à ses diverses facettes…

« A quoi bon continuer sans toi…A quoi bon aller de l'avant…Si tu n'es pas là, je ne peux que faire des pas en arrière, en espérant te retrouver et venir te rejoindre…Te rejoindre…Oui, c'est sûrement ce que je vais faire… »,monologua-t-il, croyant que quelque part, sa petite-amie décédée l'écoutait attentivement.

Sachant que son père collectionnait les plus belles et les plus performantes armes afin de faire honneur à sa passion, Jonathan ouvrit sans hésiter le placard qui contenait toutes ces instruments, puis en saisit un au hasard. Il se le positionna sur sa poitrine, du côté où se situait son cœur, battant à tout rompre. Il créa un décompte, avant de commettre la dernière chose que l'on devait effectuer si on souhaitait poursuivre l'apprentissage de la vie…

« A 3, je serai à tes côtés, Sarah…Ne crains rien, j'arrive bientôt…

- Mais…T'ES FOU ? Retire ça hors de ma vue ! Non mais ça va pas, non ? »

La mère du blond se hâta à intervenir, paniquant à l'idée que son fils aurait très bien pu ne plus être de ce monde si elle ne le faisait pas. Sur l'impulsion du moment, sa main assomma la joue de l'intéressé, au point qu'une énorme marque rouge représenta une trace, loin d'être invisible, de cette claque. La tutrice prit une profonde inspiration, avant de faire honnêtement part du fond de ses pensées à celui qui avait la soudaine intention de se suicider.

« Tu n'es qu'un égoïste ! As-tu au moins pensé, avant de faire une chose pareille, à tous tes proches, à tous tes amis, à ton père, à…à moi ? Je ne sais pas ce qui me retient de te redonner une autre claque, tiens ! S'il faut en venir à là pour que tu comprennes… »,dit-elle d'abord d'une voix grave, puis par la suite d'une phonation de plus en plus aigue, les larmes prenant peu à peu le dessus. Jonathan fut touché par les propos de l'adulte. Tellement touché qu'il devint comme celle-ci dominé par la mélancolie. Il laissa négligemment tomber l'arme à terre, pour pouvoir se diriger ensuite vers les bras de la mère émue.

« Tu te rends compte que deux de tes amis, qui semblaient venus te rendre visite, ont également failli faire face à ton inconscience ?? »,rajouta-t-elle, entièrement bouleversée par l'acte atroce que s'apprêtait à commettre son jeune garçon.

Deux de ses amis ? Le concerné cessa l'embrassade, puis se retourna, s'impatientant à découvrir l'identité de ce duo. Il fut surpris d'apercevoir qu'il ne s'agissait que d'Ellen et de Yann, visiblement venus ici afin de prendre des nouvelles du blond, n'ayant donné aucun signe de vie depuis le fameuxincident.

« Il faut croire qu'on est arrivé à temps…Sinon, tu…,s'interrompit la jeune fille à la chevelure ténébreuse, ayant du mal à prononcer ces mots qu'elle jugeait difficiles…

- Ne parlons plus de ça, du moment que tu ne referas plus une telle erreur, Jo…On voulait te voir à la fois pour savoir comment t'allais, et pour te demander si tu saurais pas quelque chose à propos de l'homme qui espionnait, voire harcelait Sarah…,tenta de s'expliquer Yann par rapport à la principale raison de sa présence dans cette demeure.

- Ca va, je vais bien…Mais pour l'espion, c'était Ralph, ce salopard de leader, qui l'était, non ?

- Ben tu vas être surpris ! En fait, il a été capturé hier par la police, et lors de sa garde-à-vue, il a juré ne jamais avoir poursuivi Sarah, à part il y a trois jours…C'est pour ça qu'on se demande vraiment qui a bien pu faire une chose pareille. Désolé de parler d'elle alors qu'elle n'est plus là mais…tu n'as réellement aucune idée de qui il pourrait s'agir ?,répondit le garçon roux cuivré en entamant immédiatement une nouvelle question.

- A vrai dire, au départ, je n'étais pas du tout au m'adresser la parole…C'est Ellen qui m'a confié qu'elle avait peur de cette personne qui la suivait lorsqu'elle rentrait chez elle…Mais depuis ce moment, je n'en ai plus entendu parler, donc j'ai cru que ça s'était calmé…Est-ce que j'ai eu tort ?

- Je sais pas…Je ne peux pas te dire…Désolée…,eut du mal une fois de plus à s'exprimer Ellen, se sentant mal à l'aise pour Jonathan.

- T'excuse pas, tu n'as rien fait de mal…Mais moi aussi, je vous demande pardon, parce que…j'aimerais être seul…

- Oui, t'inquiète, on comprend. Par contre, ne nous effraie pas comme tout à l'heure ! T'as intérêt à rester en vie, hein !,ordonna Yann, ordre confirmé par un hochement de tête gêné de la part de l'adolescente au regard ambré. La mère fut aussi de cet avis. Elle raccompagna les intéressés jusqu'à la sortie, avant de leur faire un grand signe d'au revoir.

Le couple, après avoir accompli un bout de chemin ensemble, se sépara, chacun se rendant vers une direction opposée afin de rentrer chez eux et ainsi se reposer, oublier, ne serait-ce que pendant quelques minutes, leurs soucis.

Yann, ayant franchi le seuil de sa porte, ne put s'empêcher d'envoyer un message curieusement embarrassant, pour se rassurer à propos de la fidélité de sa petite-amie… A peine éloigné d'elle, la sensation de la savoir auprès de lui, lui manquait déjà… Tous les prétextes se révélaient bons pour perdurer en contact avec sa bien-aimée.

Dis, t'avais l'air d'accorder pas mal d'attention à Jo. J'suis certain qu'il s'est passé un truc, pendant mon absence en Amérique. S'il te plait, j'veux en savoir plus !

Lorsqu'Ellen reluqua les pensées écrites du concerné, le rire ne manqua pas de la faire chavirer.

T'es si jaloux que ça ? C'est mignon !

Le garçon roux cuivré manifesta une mine modestement boudeuse, il ne tenait absolument pas à en rester là.

Te fous pas de moi ! T'essaie d'éviter le sujet, là !

La jeune fille à la chevelure ténébreuse essaya de répondre plus franchement, afin de satisfaire comme il se devait les attentes de Yann.

Oui, il s'est passé quelque chose. Mais ce quelque chose, je l'ai déjà oublié depuis longtemps…Parce que c'est avec toi que j'ai réellement envie d'éprouver des sentiments que je n'ai jamais connu auparavant.

Le visé, suite à lecture de ces phrases, fut incapable de détecter les mots aptes à décrire ce qu'il ressentait à ce moment précis. Cependant, avant même qu'il se décide à faire part de sa réaction à Ellen, cette dernière fut apparemment plus véloce que lui…

Je ne sais pas quel don tu as eu à la naissance, mais en tout cas, il doit être bien efficace ! Car…je suis ENCORE tombée amoureuse de toi, désolée !

S'ils s'avéraient se retrouver face à face, le baiser représentant cette preuve d'amour aurait certainement été inévitable… A la place, chacun se contenta de fixer à l'aide d'un regard capitonné de petites étincelles son portable, en attente du jour suivant, en attente de l'instant où ils allaient se rencontrer à nouveau au lycée. En attente d'un bonheur bien plus grand…

[…]

Le soir, à une heure plutôt tardive, au cimetière, un homme se dressa devant la tombe de la brune à la queue de cheval. Plus il passait son temps à scruter la funeste chose, plus son sourire s'agrandissait. Il laissa échapper un soupir ironique, comme s'il faisait semblant de regretter la disparition de l'adolescente en question.

« Dommage…Je ne vais plus pouvoir te donner des cours de soutien… »

Son expression douteusement euphorique s'accentua.

« VRAIMENT dommage… »

Et il s'en alla. Son esprit à présent rempli de nouveaux projets, à ce moment-là, encore inconnus.

 
 
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