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au 31 Mai 21 :
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Par Mel Amarain
Harry Potter  -  Drame  -  fr
7 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Chapitre 2

Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de J.K.Rowling, qui a su créer un univers fantastique que nous prenons plaisir à exploiter.

Chapitre 2

« Un café. »

Ma voix s’élève pour la première fois depuis que je me suis assis à ta table. J’aurais pensé que ce ne serait pas pour une simple commande. C’est dingue Potter, comme ta présence semble tout rendre infiniment plus difficile.

La fille trop maquillée qui s’occupe des tables en terrasse s’éloigne, et ton regard la suit. Elle disparaît de ton angle de vue, et tu reportes ton attention sur le bouquin poussiéreux toujours posé devant toi.

Tu as si peur de me regarder, Potter ?

Je retiens de justesse le soupir excédé qui crève d’envie de passer mes lèvres.

L’ambiance de l’endroit me pèse, et l’animation autour de nous encore plus. La serveuse revient déposer devant moi une tasse ridiculement petite, la moitié de son contenu renversé dans la soucoupe. On ne peut pas dire que tu aies choisi l’endroit pour son service, ni pour son cadre d’ailleurs.

Je sens la tension monter d’un cran dans mon corps.

Contrôle. Je ne peux pas tout faire foirer maintenant.

Dix bonnes minutes s’écoulent encore dans un silence, que je qualifierais facilement de très pénible. Je n’ai aucune idée de ce que je pourrais bien dire. Je déteste ça.

Regarde-moi au moins.

Ma vue t’insupporte-t-elle ?

On croirait que tu lis dans mes pensées, Potter. Tu relèves la tête. Tu me dévisages calmement.

Cette scène dangereusement incongrue me ferait presque frissonner. Ta figure auparavant si démonstrative ne se contracte pas, tu paraîtrais presque indifférent. Presque. Ton visage n’est pas froid, simplement calme.

Tu te rattrapes plutôt bien Potter; ton air surpris de tout à l’heure n’était pas feint, il me semble.

Je ne sais pas vraiment comment réagir face à cette attitude. Je n’y suis pas habitué.

Je sais parfaitement bien que tu as changé Potter. Cela se voit en toi, dans tes gestes, tes regards, ta posture, et dans tout ce que tu peux bien faire.

Je n’avais cependant jamais aussi bien pris conscience de ce fait que maintenant. Dans ta manière de me regarder.

C’est tellement déroutant de te voir passif, dans l’attente. Patient, attentif. Prudent. Où est passé le Griffondor limite imbécile qui fonçait toujours dans le tas et se foutait éperdument des risques ?

Je ne fais rien d’autre que te fixer. Ça me parait pas mal surréaliste, d’être assis là, avec toi.

La café refroidit dans les tasses. Le temps s’écoule lentement.

Tu soupires de temps à autre, tu regardes de nouveau les passants. C’est plutôt…gênant, non ?

Je ne me lasse plus de la situation. Le silence toujours inconfortable me parait presque agréable.

Ce moment qui s’éternise, je n’ai aucune envie de le briser. J’imagine que c’est cela qui m’empêche de parler…

Ne le brise pas non plus. Je ne pourrais plus me donner l’illusion que ce n’est qu’un rêve. Que je ne suis pas assis là. Que toi non plus. Que je suis toujours aussi mort et loin d’un retour à la vie.

J’ai attendu une occasion comme celle-ci depuis longtemps. Je l’ai espérée, redoutée. Je ne l’ai pas recherchée. Je suis tombé dessus par hasard. Un hasard plutôt troublant qui s‘est présenté sous ta forme.

Le regard curieux de la serveuse s’attarde sur nous deux… Tu le sens aussi n’est-ce pas ? Évidement, une demi-heure au moins s’est écoulée et nous n’avons pas décroché un mot. Alors elle se demande pourquoi. Compréhensible. Mais elle pourrait se faire plus discrète, et se bouger au lieu de rester plantée devant le comptoir. Ça éviterait de me rappeler que je vais devoir ouvrir la bouche et en laisser s‘écouler des mots que je n‘ai pas le courage de prononcer.

Il y a des moments, Potter, où je me demande si ça en vaut la peine, de m’acharner. Si au moins c’était sur ton corps…

Tu consultes ta montre distraitement. Impatient, Potter ?

Un rictus orne mes lèvres, et tu me renvoies un regard agacé.

On croirait que tu n’as pas de temps à perdre, et c’est sûrement le cas. Mais je n’en ai pas non plus. Je fais exception aujourd’hui. Rien que pour toi. Heureux ?

Allez, tu pourrais faire un effort, Potter.

Tu bois une gorgée de ton café, très certainement froid, et tu grimaces. Mes yeux se posent sur ma propre tasse, et j’entreprends de la finir. Vu le peu qu’il y a dedans, une gorgée sera suffisante…je pense commencer notre discussion après cette gorgée. J’aime bien cette idée.

Le café m’a toujours donné un peu de…vigueur. D’un geste, je réchauffe le liquide noir - ayant horreur du café froid.

« Si j’étais toi, je ne ferais pas ça. » me lances-tu, la tasse à mi-chemin de ma bouche. Débuter la conversation autour d’un café me semble soudain une idée beaucoup plus concrète, même si ridicule.

« Il est exécrable, chaud comme froid. » m’informes-tu d’une voix détachée.

J’en avale tout de même une gorgée, histoire de vérifier. Geste que je regrette immédiatement et qui m’arrache une grimace.

« Je t’avais prévenu. » remarques-tu.

« Infect. » acquiescé-je. « Alors, dis-moi Potter, qu’est-ce que tu fais là ? » Je continue, le ton que j’espère neutre comme à mon habitude.

Nous savons tous les deux pertinemment bien que je ne parle pas de l’établissement qui laisse à désirer.

Tes iris verts rencontrent soudain les miens gris, le fil qui retenait le moment se casse.

Dans tes yeux passe furtivement une lueur que je ne reconnais que trop bien. Elle est toujours là, tapie au fond de toi, ta haine.
Ce fait me rassure et m’effraye à la fois. Rien ne changera jamais, on dirait.

Le vert de ton regard se gèle pourtant rapidement, et je ne peux de nouveau rien y voir d’autre qu’une étrange passivité.

Si tu savais comme m‘agace ta capacité à te maîtriser. Elle est si peu caractéristique de l’ancien griffondor.

« C’est un café situé au bon endroit pour ce que je veux y faire. »

Je tique.

« Tu sais très bien que je ne parles pas du café Potter. »

« Vraiment ? » Tu souris d’un air moqueur. « J’aurais cru. »

J’ai la vague envie de vérifier si ma baguette est toujours à sa place, un mauvais pressentiment prenant place en moi.

« Malfoy, qu’est-ce qui t’amène ici ? » m’interroges-tu froidement.

Je pense tout à coup que la conversation pourrait durer des heures ainsi, et que ça ne me déplairait pas.

« L’attrait des retrouvailles j’imagine. » réponds-je, railleur. « Je me suis dit que ce serait bête de manquer une telle occasion. » J’aime particulièrement les phrases à double sens. « Après tout, on ne retrouve pas de vieux camarades d’école tous les jours, pas vrai ? »

« Non, en effet. Encore heureux. » grinces-tu. « Surtout pas mangemorts. »

« Oh ça me peine que tu me juges si vite, Potter. » rétorqué-je, affichant une mine soit-disant offusquée.

Tu souris sardoniquement, mais je vois bien que ta curiosité est éveillée.

Tu es une proie plus qu’intéressante Potter, mais sur certains points tellement prévisible.

« Aux dernières nouvelles, tu ne sembles pas vraiment te lasser de jouer les larbins pour Voldemort. » déclares-tu alors.

Je frissonne. Comment peux-tu prononcer son nom avec tant de désinvolture ?

« Aux dernières nouvelles tu te bouges pas trop pour faire cesser la situation. » Tu fronces tes sourcils. J’aperçois ta mâchoire se crisper. « Ça me fait toutefois plaisir que tu t’informes sur moi, Potter. » j’ajoute en me penchant sur la table.

Tu hausses les épaules. Tu ne dénies pas. Ça me fait curieusement plaisir, même si je sais que tes informations pourraient simplement être dues aux rapports de Miss Granger.

« Je pourrais dire la même chose. »

« Tu plaisantes j’espère ? Tout le monde ne parle que de ça. » J’hausse un sourcil dubitatif.

Tu sembles te renfrogner.

Le livre entre nous disparaît subitement. Personne n’a rien semblé remarquer. Et tu n’as pas fait un geste. Je me sens de plus en plus intrigué par ce que tu peux bien chercher dans cet ouvrage.

« Ce n’est pas que je m’ennuie Malfoy, mais presque. » m’annonces-tu. « J’ai autre chose à faire. »

« Pas envie d’en savoir plus ? »

Tu me scrutes suspicieusement.

« On sait très bien tous les deux qu’un duel ici nous ferait plus de mal que de bien. » me préviens-tu.

« J’adore tes euphémismes Potter. »

« Qu’est-ce que tu veux ? » siffles-tu.

« Chaque chose en son temps. »

« Je n’ai pas le temps dont tu parles. » répliques-tu calmement.

Tu as envie de te lever, et de partir. Ça se voit très clairement.

« Pressé Potter ? »

« Va t’en. » Tu te lèves brusquement.

« Tu partirais sans m’arrêter ? » t’interromps-je. « Ce serait dommage de manquer une telle occasion…D’ailleurs, j’essaye toujours de saisir pour quelle raison tu ne l’as pas déjà fait ? »

« Je me le demande. Peut-être que je me rappelle de la tête de gamin effrayé que tu avais la dernière fois que je t’ai vu. » Tu me toises de toute ta hauteur. Tes mots sont calmes, et sonnent étrangement à mes oreilles.

« Le gamin a changé. » Et c’est on ne peut plus vrai.

« L’autre aussi. » répliques-tu. « Maintenant, je dois partir. On se reverra sans doute un jour, Malfoy. Et crois-moi, ce ne sera sûrement pas dans ces conditions. » Tu t’éloignes vers le comptoir, régler les consommations.

Le temps semble s’éterniser. Te laisserai-je partir ? Te retiendrai-je ? Tu as trop changé Potter. Tout se brouille en moi.

La serveuse te sourit de manière aguicheuse.

Tu attends patiemment qu’elle se bouge.

Tu me jettes un regard en coin.

Je suis comme figé. Ton attitude me donne envie d’hurler. Ça ne devrait pas se passer comme ça. Je devrais pouvoir contrôler cette foutue situation.

Merde, pourquoi je réagis pas ?

Si tu pars, c’est tout le reste qui s’envole avec.

Si tu restes, aucune idée de ce qui se passera. J’ai déjà imaginé cent scénarii.

Et pourquoi j’arrive pas à lâcher prise ? Rien ne m’attend si l‘on excepte des esquisses d‘un bonheur passé, irrémédiablement perdu. Une ombre de Severus, une pâle figure de ma mère. Que je n’arrive pas à abandonner.

Faut croire que je suis plus sentimental que je devrais. Deux mourants à côtoyer éternellement, ou bien une soi-disant liberté - auprès de Potter, seul ou mort.

Y a un peu trop d’ignorance à mon goût du côté je ne te laisse pas partir.

Mais beaucoup trop de certitudes du côté inverse.

Mes pas sont rapides jusqu’à toi. Je m’empare de ton poignet au moment où tu récupères la monnaie.

Ton regard assassin se pose sur moi.

Ma paume me brûle. Je ne lâcherai pas.

Mon contact te révulse-t-il ?

« Il faut que je te parle Potter. »

La serveuse nous fixe de son regard bovin. Tu dégages ton bras de mon emprise. Je sens la peau brûlée de ma main piquer désagréablement.

« Très bien Malfoy. Si c’est ce que tu souhaites. » Tu t’engages vers la sortie. Je te suis.

Quelque chose au fond de moi me dit que ce n‘est pas une bonne idée. Qu’importe, je ne vois pas ce qui pourrait être pire que mon état présent.

Tu t’arrêtes à l’entrée.

« Et où allons nous maintenant ? »

« Si tu connaissais un endroit plus calme, où l’on ne serait pas dérangés… » je propose.

« Suis moi. »

Tu t’engages dans la rue sans plus attendre. Je calque mon pas sur le tien, légèrement en retrait.

Comme elle est étrange cette situation, tu ne trouves pas ? Je m’en remets à toi Potter.

On traverse plusieurs ruelles beaucoup moins fréquentées. Nous marchons depuis bientôt une demi heure lorsque tu ralentis ta cadence. Je me retrouve à ton niveau.

« Pourquoi ne m’as-tu pas attaqué ? » demandes-tu, continuant ta marche paisiblement, les mains dans les poches.

« Ce n’était pas dans mes intentions… » Tu me lances un bref coup d’œil. « A vrai dire, j’ai besoin de tes services. »

« Et qu’est-ce qui te fait croire que je t’aiderai ? »

« Pourquoi tu ne m’as pas attaqué ? » répliqué-je ironiquement.

Tu souris brièvement.

« Ils m’auraient localisé. »

« Ils ? »

« Le ministère. »

« Oh, tu travailles dans l’illégalité Potter ? »

« Dis pas de conneries. » Tu lèves les yeux au ciel. Je me surprends à apprécier ce semblant de conversation. « Ils préféreraient que je sois constamment sous leur garde. »

« Tout le monde se demande pourquoi tu n’y es pas .. »

Tu ne dis rien. Deux rues plus loin, ta voix me sort de mes pensées.

« De plus.. » Tu marques une pause, et te retournes vers moi. « Quelque chose me dit que tu pourrais m’aider aussi. »

Tu me jauges du regard. Qu’espères-tu trouver Potter ?

Je ne réponds pas. Je profite de notre halte pour fouiller mes poches à la recherche d’un étui.

J’allume une cigarette, et en inspire une bouffée.

« Qu’est-ce qui te dit que je ne monte pas un piège ? »

« T’as l’air encore plus paumé que moi, Malfoy. » Ai-je pour seule réponse.

« Faut pas exagérer non plus…. » Je rétorque moqueusement.

Tu souris. Encore. Cesse de sourire ainsi où je ne réponds plus de rien.

« Qu’est-ce qui te dit que ce n’est pas moi qui te piège ? » demandes-tu alors, reprenant ta marche.

« Paumé pour paumé… »

« Vu comme ça, on dirait que t’as plus rien à perdre Malfoy… »

« Qui te dit que c’est pas le cas ? » J’interroges calmement.

« On a toujours quelque chose à perdre.. » finis-tu par répondre avec une sorte de tendresse dans la voix. Tu penses.

Je fronce les sourcils.

« C’est encore loin ? »

« Pourquoi, tu t’impatientes ? Les mangemorts sont plutôt habitués à l’attente pourtant. »

« C’est pas dans le même cas de figure. » Je sais pertinemment bien à quoi tu fais référence..

Le soleil se couche, lorsqu’on arrive devant un immeuble d’aspect plutôt ancien.

Tu pousses la porte, et entres sans me jeter un regard.

Une dernière bouffée et je laisse ma deuxième cigarette tomber à terre. Je l’écrase du pied.

Je le regretterai. Je sais que je le regretterai. C’est viscéral.

Je te suis à l’intérieur.

A suivre…

 
 
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