manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Quatre
Par Tibre
Harry Potter  -  Romance  -  fr
4 chapitres - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     9 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
You're lost little girl

 

Nouveau chapitre. A nouveau vous trouverez la musique correspondante sur mon blog.

Merci à haniPyanfar et Nightsky pour les reviews.

Amusez-vous bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

_________________________________

Chapitre Trois

You’re Lost Little Girl

_________________________________

 

Le réveil devrait être pénible. On était mardi matin, il était sept heures et demie et il avait dormi cinq heures environ. Il n’était pas censé travailler la veille, soir de semaine, mais Claudio avait eu un empêchement et son oncle l’avait appelé en renfort. A titre exceptionnel. Pour la troisième fois depuis la rentrée.

Ça aurait du être un réveil pénible, plein de grognements, de gémissements et de jurons, pourtant le silence régnait en maître au 13, Mannaro Drive, domicile des Lupin. Remus était habitué à tout ça : la fatigue, la raideur des muscles, les paupières de plomb… Il se levait en silence dans sa maison silencieuse et prenait son petit-déjeuner dans sa cuisine vide.

Ses parents étaient déjà partis tous les deux, sa mère lui avait laissé un mot sur la table lui souhaitant une bonne journée et lui demandant de faire des courses ce soir en revenant de l’école.

La cuisine était exigüe, très propre mais vide. Les placards devaient l’être aussi. Remus buvait son café, souhaitant que le vieux transistor posé sur le comptoir près de l’évier marchât encore. Il était tombé par terre il y a quelques temps et depuis ne produisait rien d’autre qu’un brouhaha agaçant.

Cinquante minutes plus tard, Remus sortait de chez lui, accueilli par un ciel gris dans lequel le soleil n’était pas encore visible. Il tourna la tête vers la maison voisine. Il était en avance, comme d’habitude.

Le tacot à la carrosserie d’un vert passé était rangé dans l’allée d’à côté et elle n’était pas encore sortie de chez elle. Remus s’appuya contre le petit muret qui séparait les deux petits terrains et par-dessus lequel il sauterait quand elle arriverait.

Elle lui manquait, parfois, son amie. Il la voyait pourtant tous les matins depuis maintenant plus de deux semaines que l’école avait repris…

Non, il mentait, elle lui manquait tous les jours ; tous les matins son amie lui manquait quand il la voyait sortir de chez elle et lui dire bonjour sans vraiment sourire.

Ses bavardages enjoués lui manquaient quand, dans la voiture, le moteur faisait seul la conversation.

Et Remus ne pouvait s’empêcher de penser cela chaque matin quand, appuyé contre le muret, il laissait ses yeux absorber les mouvements des nuages. Il avait besoin de fumer. Mais s’il sentait la cigarette alors il serait sans nul doute banni de son bus scolaire personnel dans la seconde.

Il soupira doucement.

Un bruit de porte à sa droite. Remus regarda Lily Evans se diriger vers la portière avant de son tacot chéri en lui adressant un hochement de tête en guise de bonjour, sans vraiment sourire, se contentant de relever brièvement un coin de sa bouche. C’était le signal, Remus passa par-dessus la barrière et monta côté passager en murmurant un faible « Salut ».

Après cinq minutes de conversation mentale avec Lily pour ce qui est de Remus, et de mutisme général pour ce qui est de la réalité, la voiture s’arrêta devant une autre maison en brique et un autre portail modeste. Ils étaient devant chez Ethan, le deuxième bénéficiaire quotidien de la gentillesse de Lily Evans et le troisième et dernier titulaire d’une bourse pour Poudlard de leur âge vivant à Godrictown.

Autant Lily et Remus se connaissaient depuis la petite enfance, étant voisins depuis toujours, autant ils n’avaient rencontré Ethan Wells qu’à leur arrivée à tous à Poudlard, quand on leur avait remis leurs livres scolaires.

Ils ne s’étaient pas très bien entendus avec lui. Un peu coincé, s’étaient-ils alors fait la réflexion avec des rires étouffés. Ils avaient compris rapidement qu’il y avait des raisons pour avoir cet air coincé, être dans une école où personne ne veut de vous étant l’une d’elles.

Lily s’était apparemment rapprochée d’Ethan depuis qu’elle s’était éloignée de Remus. Elle lui parlait beaucoup plus qu’à lui en tous cas.

Ethan sortit de chez lui une minute à peine après que la voiture se soit arrêtée, il descendit la courte allée menant à son portail avec sa sobriété habituelle et monta à l’arrière avec un hochement de tête adressé aux deux.

« Salut, Ethan. Tu as fait de beaux rêves ? »

Finalement il entendait le son de sa voix ! Cette question, elle la posait tous les matins et sans la voir, Remus savait l’expression figée qu’arborait le visage d’Ethan à ce moment pour l’avoir vue bien des fois auparavant, il jugeait sans doute cette question inappropriée vu leur degré d’intimité. Lily le savait très bien. Au départ, elle avait adopté la manie de poser ce genre de question simplement pour le plaisir de revoir cette expression « coincée » et en rire avec Remus. A présent elle continuait, par habitude semblait-il, mais Remus ne riait plus parce que Lily ne se tournait plus vers lui avec un regard complice.

« Non. Tu as fini ton devoir de littérature ? »

Ça c’était Ethan, directement aux choses essentielles, sur un ton pincé. Remus crut entendre Lily laisser échapper un souffle plus long que les autres avant d’entamer une conversation scolaire avec Ethan.

Remus regardait la bruine par la vitre avec grand intérêt quand tout à coup la voiture fit un écart vers le bas-côté.

Lily, qui agrippait encore convulsivement le volant qu’elle venait de braquer, lança des insultes à la voiture qui venait de leur faire une queue de poisson tout en essayent de reprendre une respiration régulière après le coup au cœur qu’elle semblait avoir reçu. Remus vit l’autre voiture disparaître à vive allure dans le brouillard épais devant eux, il entendait presque le solo de trompette de Miles Davis « Sur l’Autoroute » en fond sonore...

« Vous croyez que c’est quelqu’un de Poudlard, ce malade ? » demanda Lily, ses sourcils roux à présent froncés sérieusement.

« Probablement un de ces fils à papa, ils savent que tout leur est permis ! » dit Ethan sur un ton amer.

Remus n’aimait pas ce genre de commentaires clichés mais il s’abstint prudemment de reprocher ses préjugés à Ethan. En présence de Lily ce n’était plus recommandé. Il n’avait aucune envie de se disputer de si bon matin… D’autant que c’était probablement un de ces fils à papa qui avait acheté son permis plutôt que de le passer.

Ils arrivaient en vue de Poudlard, remarqua Remus avec soulagement. Il n’était jamais à l’aise avec les silences, malgré toute l’habitude qu’il en avait.

Leur voiture franchit les grilles et bifurqua immédiatement à gauche sur la route de gravier qui menait au parking privé du collège.

Le jour de la rentrée, Lily avait fait l’erreur de continuer dans l’allée principale et de se garer dans la cour principale de Poudlard. En voyant que la voiture de Lily était la seule présente, ils avaient été pris d’un doute, immédiatement confirmé par Rusard qui était sorti du château un balai à la main et s’était dirigé vers la voiture dont heureusement aucun d’eux n’était encore sorti et avait braillé des insultes en brandissant son balai au-dessus de sa tête. Lily avait empoigné son levier de vitesse avec précipitation et avait fait demi-tour en trombe, devinant que la présence de sa voiture ne devait pas être autorisée ici. Ils avaient fini par trouver, avec quelques difficultés le parking privé dont ils avaient ignorés l’existence avant d’en avoir besoin. Heureusement pour eux Lily avait insisté pour qu’ils arrivent très en avance si bien que peu d’élèves avaient assisté à leur mésaventure, ils eurent cependant droit à quelques rires moqueurs en arrivant à nouveau devant les portes du château, cette fois à pied.

Lily se gara à l’entrée du parking privé, le plus loin possible du château comme elle en avait pris l’habitude depuis que Mr Hubert, professeur de littérature fraîchement recruté, leur avait vertement reproché de s’être garés sur une place réservée -pour qui pour quoi ils ne l’avaient jamais su, trop occupés à éviter les regards méprisants que leur avait adressés leur professeur. D’autant que Remus, en sortant de la voiture, vit garée à la place même d’où ils avaient été chassés quelques jours auparavant une voiture rouge dont il savait parfaitement qu’elle appartenait à un autre élève puisque c’était celle qui l’avait dépassé un jour sur le chemin du retour et dont les occupants l’avaient sifflé. Ça confirmait ce que Remus pensait : il n’aimait pas Mr Hubert.

Remus se tourna vers les deux autres et remarqua qu’ils regardaient dans la même direction que lui, une seconde plus tôt. Ethan leur souhaita une bonne journée avant de se diriger vers l’entrée secondaire du château. Lily fit de même après un dernier coup d’œil à la décapotable rouge et Remus partit également de son côté.

Son premier cours ne commençait pas avant vingt minutes -ils étaient toujours très en avance grâce à Lily-, mais Remus se rendit tout de même devant sa salle de classe et s’installa le plus confortablement possible à même le sol, pour feuilleter le carnet à dessins qu’il avait trouvé à la bibliothèque le jour de la rentrée.

Il avait mis ce carnet de côté et l’avait totalement oublié ces deux dernières semaines, il ne l’avait retrouvé qu’hier en mettant de l’ordre dans ses cours. Après deux semaines, son propriétaire n’était probablement pas à deux jours près, ainsi Remus s’était-il convaincu de le garder encore, juste le temps d’en étudier les dessins.

Le style était celui des bandes dessinées pour la plupart, comme il l’avait remarqué la première fois, mais il y avait aussi ici et là quelques tentatives de portraits. Remus n’aurait su dire s’ils étaient fidèles puisqu’il ne connaissait pas les modèles, même s’il crut reconnaître quelques élèves de Poudlard, en tout cas les dessins étaient réalistes.

Remus se rendit compte qu’il y avait des planches entières de BD dans ce carnet, les bulles étaient tracées mais ne comportaient que des notes, des mots en vrac, en revanche les dessins étaient très travaillés et au fil des pages il vit des personnages revenir : le type à lunettes avec les cheveux en pétard, le grand échalas avec des taches de rousseur et une fille avec des dents de lapin et des bouquins plein les bras en permanence, notamment. Apparemment le propriétaire de ce carnet était en train de réaliser une vraie BD. Et ça avait l’air pas mal ! Dommage qu’il n’y ait pas de bulles, l’histoire était un peu difficile à comprendre dans ces conditions…

Enfin, faire toutes ces planches -il y en avait bien une trentaine- avait du demander beaucoup de temps et l’artiste devait vraiment être dégoûté d’avoir égaré le fruit de son travail… Remus se promit de déposer ce carnet aujourd’hui à la conciergerie, où se retrouvaient tous les objets perdus, dès qu’il aurait une seconde, entre deux cours ou au pire ce soir.

En arrivant aux dernières pages du carnet, Remus eut la surprise de se retrouver face à un visage connu. Il put constater que le dessinateur était meilleur dans le style BD, mais qu’il se défendait cependant aussi côté portrait. Celui-là, même s’il avait de petites imperfections, avait su capter l’essence du modèle. Très joli. Remus se demanda si le portrait avait été fait avec l’accord du modèle : son regard allait sur le côté et son sourire semblait adressé à quelqu’un d’autre…

Des élèves commençaient à arriver dans le couloir, le cours allait bientôt commencer. Remus rangea le carnet à regret, sans l’avoir feuilleté jusqu’au bout.

_____________

 

Avant son premier cours du mardi matin, tout comme il l’avait fait lundi et tous les jours de la semaine précédente et de celle d’avant, Peter passa à la conciergerie. C’était un vrai calvaire chaque fois parce que Mr Rusard lui faisait vraiment peur avec ses bajoues frémissantes et ses yeux plissés de malice. Personne n’avait déposé son carnet aujourd’hui non plus. Peter désespérait à vrai dire de jamais le récupérer, mais il ne pouvait pas laisser tomber : tous ses dessins de l’année précédente étaient dans ce carnet et son projet de BD en entier s’y trouvait. Il avait été tellement dégoûté de le perdre qu’il avait été incapable de dessiner quoique ce soit depuis la rentrée…

Pas qu’il croie vraiment à ce projet mais c’était son passe-temps et ça représentait tellement d’heures de travail que c’était ce qu’il possédait de plus précieux. Mais sa mère lui avait toujours dit qu’il était trop tête en l’air et que ça finirait par le perdre… Ca avait perdu ses dessins en tout cas.

« Mr Pettigrow ! La réponse, si vous voulez bien. »

Peter regarda son professeur de mathématiques avec des yeux ronds. Une réponse ? Quelle question ? Peter se racla le cerveau pour essayer de se rappeler la question mais il ne se souvenait même pas l’avoir entendue, et pendant qu’il paniquait ses camarades ricanaient de bon cœur. Comment faisait-il pour toujours se retrouver ridicule, bon sang ?

Le professeur McGonagall poussa un petit soupir impatient.

« Le premier problème que vous aviez à faire pour aujourd’hui, Mr Pettigrow ! »

Peter tourna fébrilement les pages de son cahier qu’il n’avait pas ouvert à la bonne page. Il avait fait cet exercice. Il avait fait cet exercice. Il avait… Là !

« Euh… j’ai trouvé… vingt-sept x… »

« Vingt-sept x pour quoi, Mr Pettigrow ? »

« Euh… la tangente ? »

« C’est faux. Vous, qu’est-ce que vous avez trouvé ?... »

Peter se ratatina sur sa chaise dès que le regard de son terrible professeur se détourna de lui, espérant ne pas l’accrocher à nouveau. Il regarda son cahier, en fait il avait trouvé vingt et un, pas vingt-sept, il écrivait franchement mal !

« La réponse est vingt-neuf. Bien. »

Et il était nul en maths aussi.

Il se rattrapa dans le cours suivant, sciences naturelles. Un peu. A vrai dire il n’y avait aucune matière dans laquelle il excellait suffisamment pour compenser son niveau général médiocre, ainsi que son niveau franchement mauvais en maths.

S’il était à Poudlard, ce n’était certainement pas pour son intelligence, lui n’aurait jamais eu le niveau pour décrocher une bourse, mais uniquement grâce à la fortune que déboursait son père chaque année pour lui offrir le meilleur… Il fallait toutefois que Peter réussisse ses examens cette année, ceux du diplôme, les plus importants. L’année dernière, il était passé de justesse et seulement avec l’aide de cours particuliers. D’ailleurs il fallait qu’il parle à son professeur pour réorganiser la même chose cette année, sans ça il était sûr d’échouer…

Plus rapidement qu’il ne l’aurait souhaité vint l’heure maudite du déjeuner, et le rituel honni du passage au réfectoire. Ce qui avait toujours été pour Peter un moment difficile à passer, puisqu’à passer seul, était devenu depuis l’incident de la rentrée un cauchemar quotidien et un moment de chaleur intense, comme le rouge ne quittait pas ses joues tant qu’il ne quittait pas la cantine.

Une table pour quatre, au fond de la salle. Des pâtes à la carbonara aujourd’hui. Pas de poisson, plus jamais de poisson !

Peter en était à son dernier spaghetti quand entra dans le réfectoire la personne avec qui il devait parler au plus vite, son professeur particulier de l’an passé : Lily Evans.

Ses cheveux roux foncé étaient réunis en un chignon serré qui dégageait son joli visage et l’uniforme de Poudlard, avec sa jupe plutôt courte, mettait en valeur sa silhouette tout à fait agréable. Lily était aussi jolie que Lisa de la librairie, peut-être même plus... Peter en fit tomber son dernier lardon !

Elle rejoignit des amies à une table au milieu du réfectoire et se mit à bavarder tranquillement.

Peter devait lui parler mais il ne pouvait quand même pas l’aborder au milieu de la cantine, il l’attendrait à la sortie. Mais d’ici à ce qu’elle ait fini de manger il fallait qu’il s’occupe : il alla se resservir une assiette de spaghetti. Il allait encore avoir le ventre qui gonfle !

Après une longue observation qu’il espérait discrète, Peter vit que Lily était sur le point de sortir de table, et le meilleur était que, comme elle était arrivée en retard, ses amies l’avaient laissée terminer son repas seule. Il l’aurait pour lui tout seul, sans aucun gloussement méprisant en bruit de fond !

Il s’empressa donc de débarrasser son plateau afin de sortir avant sa camarade et de pouvoir l’attendre en embuscade…

« Excuse-moi ! Excuse-moi une seconde… »

« Peter ! Ca va ? »

Lily Evans lui demandait comment il allait en lui adressant un joli sourire. Il allait très bien ! Ce que Peter aimait par-dessus tout chez Lily, c’était qu’elle était très polie, même avec lui, et elle donnait toujours l’air de s’intéresser à lui. Sincèrement.

« Bien. » dit Peter avec un sourire timide.

« Ca a été ta rentrée ? »

« Bien. » dit Peter avec une grimace.

Lily sembla s’en apercevoir et eut un sourire contrit, puis changea de sujet.

« Comment vont les cours ? Nos leçons ont porté leurs fruits ? »

« Au début, oui, sur les sujets de révision. Mais on vient de commencer de nouveaux chapitres dans toutes les matières et je suis déjà en retard… En fait je voulais te demander si on pouvait reprendre nos cours particuliers parce que je n’y arriverais jamais tout seul… »

« Oh Peter, il ne faut pas dire ça… »

Mais Lily fut interrompue par un ballon qui la frappa dans le dos. Peter, en face d’elle, n’avait rien vu arriver, ni rien entendu des rires bruyants qui lui parvenaient à présent d’une bande de basketteurs, si l’on se fiait à la couleur orange du ballon que Lily venait de ramasser tout en se massant le dos au point d’impact. Elle se retourna vers les garçons qui la regardaient hilares et Peter vit James Potter se détacher du groupe avec un air agacé pour venir récupérer la balle.

Lily la lui lança rageusement et s’apprêtait visiblement à lui dire ce qu’elle pensait de leur comportement quand une autre voix, bien moins agréable que celle de Lily, mais tout aussi courroucée que la sienne l’aurait été, retentit dans le hall.

« Mr Potter ! Les ballons son interdits à l’intérieur des bâtiments, ce n’est pas la première fois que je vous le dis ! Vous viendrez ce soir en retenue. A dix-sept heures dans mon bureau ! »

Potter ouvrit la bouche pour protester mais Rusard lui arracha le ballon des mains et s’éloigna avec sans lui en laisser le temps. Dépité, James Potter rejoignit ses amis alors que Lily arborait un air vengé. La jeune fille revint à Peter qui lui fixait toujours Potter en train d’engueuler un de ses copains.

« Ecoute Peter, je suis désolée mais je ne vais pas pouvoir reprendre les cours particuliers avec toi. Quelqu’un m’a déjà demandé et je n’ai pas le temps d’avoir deux élèves. Vraiment, je suis désolée, si tu m’avais demandé avant j’aurais continué avec toi mais comme tu ne l’as pas fait, tu comprends… »

Lily était boursière, elle avait besoin de l’argent de ces cours particuliers mais elle avait aussi besoin de temps pour travailler, c’était vraiment une élève sérieuse et plus déterminée à réussir que n’importe qui d’autre que Peter connaissait à Poudlard. Il comprenait.

« Ca va. Mon père voulait voir si je pouvais m’en sortir tout seul avant de me faire reprendre des cours particuliers… Mais je ne m’en sors vraiment pas…

« Je suis sûre que tu peux te débrouiller, Peter. Tu n’es pas bête, tu ne serais pas ici sinon. Avec du travail, tu y arriveras comme l’année dernière ! »

« Hmm. »

Peter garda la tête baissé, déçu au-delà du possible à l’idée de ne plus travailler avec la jeune fille alors qu’il avait tanné son père pendant des jours et des jours pour le convaincre qu’il avait vraiment besoin de ces cours particuliers…

« Je dois y aller, Peter, les cours vont bientôt reprendre. On se voit plus tard, hein ? »

« Oui. Salut, Lily. »

Peter ne la regarda même pas partir mais réinstalla son sac sur son épaule, la tête toujours baissée et partit de son côté. Il avait économie, maintenant. La poisse !

Assis au milieu de la classe, Peter pensait à Lily Evans. Elle était gentille, jolie, intelligente… son seul problème était qu’elle était pauvre. Elle était un peu comme Remus Lupin en fait. Sauf que Remus n’était pas joli, bien sûr. Pas qu’il soit moche, mais Peter ne pouvait pas vraiment juger, c’était un garçon. Donc Remus était joli… non ! Lily était parfaite… non ! Enfin presque. Elle était seulement pauvre.

A chaque fois qu’il y songeait, Peter ne pouvait s’empêcher de se rappeler la chanson des Beatles « Lady Madonna », mais seulement parce que Lily ressemblait à une madone, bien sûr, elle ne lui faisait pas du tout penser à une… Pas du tout. « Wonder how you manage to make ends meet… » Peter secoua légèrement la tête pour en chasser l’air entraînant.

Peter se demanda s’il préférait être moche et plutôt bête mais riche comme lui, ou beau et intelligent mais pauvre comme Lily… Il ne savait pas trop, après tout l’argent c’était quand même bien pratique ! Il n’était pas très intelligent mais il pouvait se payer des cours particuliers -et puis de toute façon il était sûr d’avoir un travail dans l’entreprise de son père quoiqu’il arrive…- et son père lui avait même raconté qu’il se pourrait bien que dans quelques années on puisse changer complètement son apparence grâce à la science ! Alors peut-être qu’être riche ça suffisait… Peter voyait aussi les cernes sous les yeux des gens comme Lily Evans et Remus Lupin qui travaillaient énormément pour réussir. Il ne les enviait pas toujours.

Plutôt que d’être le genre de personne qu’il aimerait être, Lily Evans était le genre de personne dont Peter aurait aimé qu’elle l’aime…

Economie, économie ! Il ne pouvait pas se permettre d’être inattentif, il n’avait pas de professeur particulier pour lui expliquer ce qu’il pourrait louper.

Il faudrait qu’il repasse au bureau de Rusard le lendemain, quand même. Des fois que quelqu’un aurait déposé son carnet à dessin aujourd’hui…

_____________

 

Ah, la politique. Cette matière qui vous illuminait une journée. Cette source intarissable d’informations utiles qu’était le professeur Vector.

« … ainsi James Patrick Montagu Burgoyne Winthrop Stopford est entré à la Chambre des Lords en 1975 avec le titre de Comte de Courtown… »

Ce lieu d’échange et de débats constructifs entre les élèves et le professeur.

Sirius donna un coup de coude à son voisin qui s’affalait de façon alarmante en direction de son épaule. Manquerait plus qu’il serve d’oreiller à l’espèce d’abruti qui s’était permis de s’asseoir à côté de lui sans lui demander la permission !

Peu importait qu’il n’y ait plus de place ailleurs, la moindre des choses aurait été de demander ; alors Sirius aurait dit non et l’autre se serait retrouvé planté debout devant lui gigotant d’un pied sur l’autre comme l’abruti qu’il était et au moins c’aurait été amusant. Probablement la seule chose amusante de tout le cours…

Mais elle ne s’était pas produite et le cours était tout à fait mortellement ennuyeux, comme le prouvait le voisin de Sirius qui essayait de mourir d’ennui sur son épaule, mais la peste soit de Sirius s’il se laissait faire !

« …et Robert Carr est devenu membre de la chambre des Lords sous le titre de Baron Carr de Hadley l’an dernier. C’est un conservateur, bien entendu… »

Et l’autre qui continuait à leur présenter en détails la fameuse Chambre des Lords. Ils y étaient depuis la rentrée, sur sa foutue liste…

Et encore aujourd’hui il était plutôt soft, ils avaient parfois eu droit à la biographie complète des membres les plus prestigieux avec des détails aussi palpitants que leur marque de chocolats préférée ou la race de leurs chiens de chasse. Sirius se croyait parfois dans un cours qu’on aurait pu intituler « Pot-de-vin, mode d’emploi : quoi et à qui ».

Certes certains d’entre eux deviendraient Lords -et Sirius en avait des frissons de terreur en pensant à leur quotient intellectuel- mais leur donner des sujets de conversation avec leurs futurs collègues ne devrait pas être la priorité du cours de Mr Vector… D’autant que d’ici à ce que leurs pères crèvent ou prennent leur retraite ils auraient le temps de tout oublier !

La bonne nouvelle était que le cours de deux heures touchait à sa fin. Nouveau coup de coude.

Ce prof était un de ces croûtons que Poudlard gardait uniquement parce que le bruit courait qu’âge était synonyme de sagesse et qu’on en avait déduit qu’augmenter la moyenne d’âge des professeurs d’une école accroîtrait proportionnellement son prestige.

« Bien, je vais maintenant vous parler de votre prochain projet. Il sera individuel, à rendre avant le break de Noël. Vous allez me faire une biographie et une généalogie de votre plus proche parent en rapport avec le monde politique britannique, en mettant l’accent bien entendu sur les fonctions exercées et les tendances politiques… »

Oh, oh, oh ! Sirius redressa lentement la tête vers son professeur, un petit sourire incrédule aux lèvres tandis que des exclamations diverses retentissaient dans la classe, bientôt suivies par des murmures.

« Pour ceux dont la famille travaille dans d’autres domaines, vous pouvez prendre pour sujet quelqu’un parmi les relations de vos parents peut-être, ou en dernier recours choisir une personnalité politique contemporaine, en prenant garde toutefois de ne pas empiéter sur le travail d’un de vos camarades, vérifiez que personne ne prenne le même sujet d’étude. »

Il y eut un court silence dans la classe, de ceux où on entend les cerveaux s’acharner à la tâche contre-nature qu’était de digérer une information… indigeste. Puis…

« Excusez-moi, monsieur » une voix claire bien qu’un peu serrée par ce qui se révéla être de l’énervement s’éleva « mais si j’ai bien compris ce que vous nous demandez alors c’est le travail le plus stupidement élitiste, discriminatoire et inutile qui ait jamais été confié dans cette école.

« Bien sûr je n’ai jamais pris la peine de référencer tous les travaux exigés des élèves de Poudlard depuis sa création, mais je ne pense pas me tromper grandement en affirmant que le votre est le plus con depuis quelques décennies ! »

Cette fois Sirius sourit franchement et se tourna vers la jeune furie qui venait d’énoncer ces propos pour le moins critiques. C’était une jolie rousse qui venait de s’exprimer assise de l’autre côté de la classe, quoiqu’elle se levait à présent pour faire face au professeur Vector qui semblait avoir quelques difficultés à la repérer à travers ses grosses lunettes à moitié opaques.

« Et pourriez-vous -pourriez-vous préciser votre pensée s’il vous plaît, Miss… » demanda le vénérable professeur, les rides autour de sa bouche accentuées par son expression contrariée.

« Evans, monsieur. Ce travail ne s’adresse qu’à ceux qui sont issus de familles influentes, ce qui discrimine ceux qui ne le sont pas, car au cas où vous n’auriez pas été mis au courant, il y a eu des réformes dans cette école depuis que vous y êtes arrivé, et l’une d’elle a pour résultat que tous les élèves ne sont plus ici uniquement grâce à l’argent de leurs parents, en conséquence de quoi vos élèves ne sont plus nécessairement associés aux hautes sphères du pays.

« Et d’autre part, quand bien même ce projet serait totalement égalitaire, il serait toujours aussi inutile, de même d’ailleurs que les informations que vous nous donnez depuis maintenant une semaine sur les membres du Parlement. Est-ce que savoir que Lord Fowler a obtenu plusieurs trophées pour son talent de joueur de criquet est sensé nous éclairer sur la façon dont fonctionne la politique en Angleterre ? Et si oui, alors aurons-nous droit la semaine prochaine à la liste des hobbies des membres de la Chambre des Communes ? Qu’est-ce qui est le plus révélateur selon vous : leur score moyen au bowling ou la main avec laquelle ils se torchent le cul ?! »

Ouh, ouh, ouh ! Tant d’ardeur dans une si frêle jeune femme ? Et tant d’éloquence ! Vector en était tout frémissant d’indignation.

Pour Sirius c’était presque Noël avant l’heure… qu’est-ce qu’il racontait, c’était mieux que Noël ! Il le passait toujours en famille.

Ah, Vector sortait de sa torpeur.

« Bien, Miss Evans. Si vous en avez fini avec cette classe, je pense que vous saurez répéter ces propos devant le Directeur. Vous n’êtes en aucun cas au vu de votre bagage en mesure de juger le contenu de l’enseignement d’un professeur diplômé. »

Au vu de votre bagage… Lui, on savait ce qu’il pensait de la bourse d’étude de Dumbledore ! Il n’était d’ailleurs pas le seul professeur à nourrir ce genre de préjugés envers les boursiers. Leur théorie était que la formation de la future classe dominante ne pouvait pas commencer seulement à l’entrée à Poudlard mais qu’il y avait toute une éducation en amont que des élèves issus de milieux pauvres ne pouvaient pas avoir et n’auraient probablement jamais. De plus ils considéraient que les relations sociales, héritées le plus souvent des parents, étaient un élément indispensable à la réussite d’une carrière.

Vector adhérait de toute évidence à cette idéologie et souhaitait l’appliquer dans ses cours…

« Ce projet est à rendre avant les vacances de Noël. Vous prendrez la feuille indiquant les détails de votre travail sur mon bureau en sortant. Le cours est terminé. »

Sirius soupira. Fin du spectacle.

Alors qu’il rangeait sans hâte ses affaires et que les élèves commençaient à partir, la voix du professeur s’éleva à nouveau un peu plus fort et sur un ton presque mesquin :

« Miss Evans, je vous attendrai ici après le dernier cours de la journée, pour vous accompagner au bureau du directeur. »

Sirius tourna le regard vers la petite rebelle pour voir sa réaction et constata qu’elle arborait un air de mépris total, et si on demandait son avis à Sirius elle le portait avec davantage de distinction que ses cousines au sang si bleu…

Il sortit finalement de la classe en dernier, laissant derrière un lui un professeur en sciences politique aux plumes froissées.

Il suivait de loin dans le couloir quasiment vide -puisque Mr Vector les avait lâchés en avance- Miss Evans dont le chignon semblait s’être desserré au cours de son discours, libérant quelques mèches rousses qu’elle essaya de coincer à plusieurs reprises derrière ses oreilles avec des gestes brusques. Sirius sourit encore, les gens en colère étaient toujours divertissants.

Tout de même, il ne l’avait pas vue arriver la petite Miss tout feu tout flamme… Elle était plutôt discrète en temps normal, lui en tout cas ne l’avait pas remarquée !

Même sans avoir assisté à son petit speech d’un peu plus tôt, on pouvait deviner son statut de boursière rien qu’à son air sérieux en cours et à son dos rigide qui semblait prêt en permanence à encaisser les coups. Il l’avait depuis longtemps classée dans le camp des ennuyeux, celle-ci. Il allait falloir la changer de case… Mais peu importait, vraiment, Sirius adorait se tromper.

Il perdit de vue Miss Evans au niveau des escaliers qu’elle descendit alors que lui commençait à monter. Entre le quart d’heure gagné sur le cours de sciences politiques et la pause de quinze heures, il avait largement le temps de faire un tour dans les étages…

Il se dirigea avec aise dans le dédale des couloirs de Poudlard grâce à l’expérience de six années d’internat avec des camarades de chambrée agaçants qui réussissaient à coup sûr à le faire fuir des lieux de vie commune, y compris après le couvre-feu.

Il arriva rapidement à destination, juste en-dessous des greniers de l’aile Nord.

Au fond de ce qui semblait être un simple boudoir doté d’un canapé pourpre défraîchi et une jolie vue sur la cour intérieure, il retrouva la porte fondue dans le décor des boiseries qui donnait sur un escalier étroit, en bois également. Sirius s’y engagea sans hésitation.

Il dut baisser la tête une fois en haut, il était dans le grenier.

Le boudoir de l’étage en-dessous se situait dans un coin du château si reculé qu’il ne pouvait pas ne pas avoir eu des usages clandestins en son temps. C’était en partie pour cette raison que Sirius l’avait choisi en première année comme antichambre et son grenier comme planque quand il avait ressenti le besoin de s’en créer une.

Toutefois si les gens qui avaient fréquenté ce boudoir quelques siècles auparavant avaient eu comme Sirius des desseins inavouables, ceux-ci n’avaient probablement pas été de même nature, et la rumeur qui descendait jusqu’à ces fantômes du temps où Poudlard n’était pas encore un temple du savoir n’aurait sans doute pas été le bon accompagnement de l’atmosphère d’alors. En effet, on avait connu plus intimiste que les guitares ronflantes de « 20th Century Boy » des T.Rex, car c’était l’air qui s’échappait de la discrète porte en bois ouvragé qui donnait sur un petit boudoir perdu dans les combles de l’aile Nord de l’école Poudlard.

Enfin ! On se divertissait comme on pouvait…

_____________

Rusard ! T’es moche ! Ta mère est une sale coch’ !

Rusard ! T’es chiant ! Même pire que le prof d’allemand !

Rusard ! A mort ! On t’aura…

…par les pores ? Non, c’est nul. Il me faut une rime en « or »… Je vais pas mettre « porc », j’ai déjà traité sa mère de cochonne. Quoique ça serait cohérent… Nan, « te saigner comme un porc » c’est un peu violent ! « Or », « or »…

« Potter ! Je ne vous vois plus classer… »

« Je prenais simplement ma pause syndicale, Mr Rusard. » répondit James avec un sourire d’ange.

Rusard plissa ses yeux déjà si petits vers le jeune homme assis dans un coin de son bureau qui classait des dossiers de punition datant de la création de l’école depuis une demi-heure à présent –d’où la nécessité de faire une pause.

James se remit au travail sans cesser de faire défiler dans se tête des mots en « or ». Corps, dors, sort –« On va te jeter un sort ! », non -, retord, alors, encore, dès lors, score-« Potter fait péter le score avec ce sublime panier à trois points, tire en extension net et précis, une machine de guerre, ce Potter, écoutez la foule l’acclamer, les filles du public sont hystériques ! Appelez un médecin l’une d’elle vient de s’évanouir ! Non, attendez, il semblerait que ce soit ce vieux concierge, celui dont la mère est une vraie cochonne, on dirait qu’il a fait une crise cardiaque, ça alors ! Et regardez donc Potter qui vient de lancer une ola dans le public pour célébrer sa victoire, à moins que ce ne soit la mort de vieux type si moche qu’il salue…-

« Potter ! Baissez les bras, espèce de crétin ! Ce n’est pas comme ça que vous allez classer quoique ce soit ! »

« Je m’étirais, Mr Rusard. » La bouille innocente.

« Vous autres êtes vraiment des bons à rien… » Rusard se mit à marmonner dans ses bajoues.

Quelques minutes plus tard, on frappa à la porte. Après que Rusard ait aboyé un « Entrez » la porte s’ouvrit sur un gars de la classe de James. C’était son voisin d’histoire, celui qui était immunisé contre les pouvoirs soporifiques de Binns !

Il s’avança jusqu’au bureau du concierge en sortant un cahier de son sac à dos.

« Je l’ai trouvé à la bibliothèque, c’est à un élève. »

Rusard ne prit pas le cahier que le jeune homme face à lui tendait mais le regarda d’un air suspicieux.

« Pourquoi vous ne l’avez pas remis à Mrs Pince ? »

James n’aimait pas du tout la délicatesse avec laquelle le concierge prononçait le nom de celle qui avait failli le dégoûter des livres il y a des années de cela…

« Je n’y ai pas pensé. De toute façon, ce n’est pas un livre, ça n’appartient pas à la bibliothèque, un élève l’a simplement oublié là-bas. »

Il avait l’air mal à l’aise, le voisin. James se demandait si c’était à cause de sa présence en tant que spectateur muet, de celle de Rusard si proche et toujours incommodante ou d’un potentiel mensonge qu’il serait en train de lui servir… Ce cahier avait soudain l’air très intéressant.

« Bon. Posez-le là-bas. » répondit finalement Rusard avec un mouvement de menton vers une table près de la porte couverte d’objets divers que James savait être la table des objets trouvés. James connaissait très bien cette pièce.

En sortant le voisin partagea un regard avec James et dut voir qu’il avait été reconnu puisqu’il lui adressa un petit salut de la tête. James y répondit par un sourire puis, une fois l’autre parti, il reporta son attention sur le cahier. Avant de reprendre son travail de classement…

Environ cinq minutes avant la fin de sa retenue, l’horrible chatte du concierge vint se frotter contre les mollets de James qui baissa les yeux vers elle, l’air dégoûté. Il essaya de l’éloigner sans lui faire mal parce que d’une, il se sentirait mal de blesser un animal, même si celui-là était loin d’être innocent puisque c’était le suppôt de Satan -de plus la mère de James était membre de la SPA et exigerait qu’il soit condamné au bûcher si elle venait à apprendre qu’il avait, par exemple, envoyé un bon coup de pied dans l’arrière-train du matou- ; de deux, parce que si Rusard le voyait faire il serait collé jusqu’à Noël.

Miss Teigne ! T’es morte ! J’vais te clouer à la porte !

Cependant comme la bestiole ne semblait pas vouloir s’éloigner, James s’assura d’un coup d’œil que Rusard était toujours occupé à marmonner des propos injurieux sur les élèves de Poudlard, puis dévissa délicatement le pot d’encre noire posé au coin de son bureau. Avec un sourire quelque peu dément, il inclina le pot au dessus du dos de la chatte aussi noire que la nuit et fit couler un petit filet d’encre tout le long de sa colonne vertébrale. La chatte ne sembla pas apprécier la sensation et s’éloigna rapidement vers son panier. James referma le pot d’encre et le remit en place, essuyant discrètement le liquide qui avait coulé sur sa main.

Il n’y avait plus qu’à espérer que La Teigne ne viendrait réclamer les caresses de son maître qu’une fois que James serait parti, ce qui ne saurait tarder. Et sinon, James serait là pour voir les bajoues d’un Rusard aux mains pleines d’encre gonfler comme des ballons et rougir de fureur, ce qui était toujours une vue plaisante…

Mais finalement…

« Vous pouvez partir, Potter. L’heure est terminée. »

A vrai dire elle était terminée depuis dix minutes, mais James n’avait pas l’intention de rester sur place pour en faire la remarque.

Pour ouvrir la porte de l’étroit bureau, James devait se décaler sur la gauche, en face de la table des objets trouvés, histoire de ne pas se prendre le battant dans le nez. Heureusement il avait l’habitude depuis toutes ses années de colle. Avant de disparaître aux yeux de Rusard, le jeune homme lui adressa un signe amical de la même main qu’il utilisa ensuite pour refermer la porte, son autre main occupée à tenir hors de vue le cahier qu’il venait de subtiliser à la table des objets trouvés.

En marchant dans le couloir, James observait le mystérieux cahier d’un air satisfait : ça lui faisait deux revanches sur le concierge pour une seule heure de retenue ! Il serait probablement plus juste de se faire recoller, pour compenser… Oh, il trouverait bien quelque chose demain. En attendant James rangea le cahier dans son sac tout en sifflant gaiement l’air de « What’s New Pussycat ».

Il était donc dix-huit heures quinze quand James sortit dans le parking privé de l’école. Le ciel était encore clair et James savait qu’il fallait en profiter car bientôt les jours allaient commencer à raccourcir.

James était sur le point d’ouvrir la portière de sa voiture quand il sentit une main lui tapoter l’épaule gauche. Il se retourna et tomba nez à nez avec une jeune femme rousse, vraisemblablement une élève. Très joli nez, soit dit en passant, ni trop long, ni trop court, avec de très mignonnes tâches de rousseur disséminées aux alentours…

James, tout à son examen de peau, ne reconnut pas l’expression à laquelle contribuait l’adorable nez d’un léger retroussement pour ce qu’elle était, c’est-à-dire celle de la colère, de la fatigue et, peut-être surtout, de la frustration. Il ne fut donc pas du tout préparé à l’attaque qui lui tomba sur le coin du… nez.

« Bonjour, enchantée. Je me présente, je suis la fille dont tu as failli envoyer la voiture dans le fossé ce matin en lui faisant une queue de poisson ! Je te préviens que si jamais je te reprends à me faire une manœuvre du genre, je te prends en chasse et ce sera moi qui t’enverrai dans le décor ! A bon entendeur, salut. »

Et la rouquine s’éloigna sans plus de manières.

Attaque éclair. Un Blitzkrieg, voilà ce que James venait de subir ! Il était Londres, elle était les bombes…

Quand la poussière des bâtiments effondrés se fut dissipée, et que les flammes des incendies furent éteintes dans la tête d’un James tout étourdi, il put enfin retrouver ses capacités de raisonnement et s’indigner de cette agression injustifiée. Il s’empressa de se lancer à la poursuite de sa tourmenteuse qui avait presque atteint son propre véhicule.

« Non, mais ça va pas la tête ! » l’interpella-t-il, galamment. « Où tu as vu qu’on accusait les gens comme ça, sans preuve ? Je n’ai jamais fait de queue de poisson à personne, ni ce matin ni jamais ! »

La rouquine se retourna promptement, visiblement toujours prête à en découdre.

« C’est une voiture rouge qui as manqué de me renverser et la tienne était la seule voiture rouge garée sur le parking ce matin quand je suis arrivée ! »

« Tu parles d’un argument ! Ton chauffard n’était peut-être même pas de Poudlard… Eh, attend ! » s’interrompit James en reconnaissant finalement la jeune femme. « T’es la fille qui s’est pris le ballon de basket dans le dos, tout à l’heure… C’est pour ça que tu as décidé de m’agresser comme ça ! Bordel, c’est même pas moi qui ai lancé cette foutue balle, je suis juste le couillon qui s’est dévoué pour aller la chercher et ça m’a valu une retenue. Alors franchement, la prochaine fois t’essaiera de te contrôler pour éviter de passer tes nerfs sur un innocent. T’es pas la seule à avoir passé une sale journée ! »

« Une sale journée ?! » reprit la rouquine, pas vraiment calmée. « A cause d’une petite retenue ? Est-ce que c’est toi qui as failli avoir un accident ? Qui a été convoqué dans le bureau du directeur et a failli te faire virer ? Qui a finalement écopé d’une semaine de retenue avec un connard de prof tout ça parce qu’il avait tord ? Non. Et moi contrairement à toi je n’ai pas de temps à perdre à aller en retenue ou à m’occuper d’histoires de ballon ! Alors franchement, si tu attends des excuses, tu peux toujours courir… »

Sur quoi la rouquine se détourna à nouveau de James, pour de bon cette fois, monta dans sa petite voiture à la tôle vert passé, démarra et partit. James, lui était resté debout à côté de la voiture, à nouveau frappé par la foudre.

Il finit par regagner son propre véhicule et sur le chemin du retour, alors qu’il conduisait prudemment comme d’habitude, la chanson de Tom Jones continuait de jouer en boucle dans sa tête de même que l’image d’un nez parsemé de tâches de rousseur tout à fait charmant.

« You and your pussycat nose ! »

_________________________________

 

"What's New Pussycat" est une géniale chanson de Tom Jones.

Je tiens à préciser que ça fait trois ans que je n'ai pas fait de maths et c'était du niveau de L (ça veut tout dire) alors si les trois répliques sur ce thème ne veulent rien dire, c'est normal !

Une petite impression sur Lily ? Sur Remus ? Sur Peter ? Sur Sirius ? Sur James ? Vous avez l'embarras du choix !

Pour suivre la progression de la fic vous pouvez allez voir sur mon blog.

Que les Doors veillent sur vos lectures...

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>