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Ce qu'il restera d'eux
Par Hestia
Harry Potter  -  Drame  -  fr
3 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Vivre et Mourir

Vivre et Mourir

On perdait facilement le cour du temps quand on était enfermé; et cela Sirius Black l’avait vite appris. Au fond de sa cellule il ne voyait ni le jour ni la nuit passer. Seule sa dégradation physique l’informait qu’il était à Azkaban depuis longtemps maintenant…

Il avait appris avec le temps à oublier qui il avait été… Ce n’était jamais bon d’être nostalgique quand on était ici; les Détraqueurs se nourrissaient de ce genre de souvenir, et mieux valait ne pas les attirer.

 

Rémus, James… Ils n’étaient plus que des noms dans son esprit, Il ne voulait même plus y penser; trop d’émotions ressurgissaient à leur simple évocation. A Azkaban c‘était la première chose que l‘on vous prenait: vos sentiments. Progressivement cela s‘étendait à votre identité. Et ils finissaient par vous prendre la vie.

Pourtant, le nom de Peter Pettigrow revenait sans cesse en lui, comme un leitmotiv nécessaire à sa survie mentale. Toute sa vie consistait maintenant à haïr Peter Pettigrow.

Peter….

Peter qui avait été son ami

Peter à qui il avait fait confiance

Peter qui avait tué son meilleur ami

Peter, à cause de qui il s’était retrouvé ici

Peter qu’il rêvait de tuer de ses propres mains

Mais à quoi bon… Sirius Black était mort, presque enterré sous les débris de Godric’s Hollow… Les détraqueurs aimaient lui montrer cette scène de son passé… Il n’arrivait même plus à être triste en y pensant. Il ne sentait que la douleur.

James… Lily… Harry… Comme on rallume une flamme qui sommeil il revit avec horreur cette nuit là, telle que Sirius l’avait vécue. Il était venu à moto, avec sous le bras un cadeau pour son filleul, une petite chouette blanche en peluche… Il souriait à l’idée de revoir ses amis et ce petit garçon qui ressemblait tant à James. Il était heureux.

Le village de Godric’s Hollow se profilait… Il survolait les maisons jusqu’à celle des Potter. Il y avait du vent, un peu de pluie, et la nuit était déjà tombée, dévoilant dans le ciel des milliers de points lumineux.

Il avait levé les yeux vers son étoile: Sirius qui veillait sur lui comme lui veillait sur ses amis. Cette nuit là elle brillait haut dans le ciel.

Et puis il avait vu… Il n’y avait pas cru au départ.

Il s’était approché, plus vite qu’il n’aurait voulu. Il avait lourdement heurté le sol.

La douleur revint. Deux détraqueurs au moins passaient devant sa cellule…

Le prisonnier K390 se ramassa par réflexe dans le coin le plus reculé de sa cellule, redoutant ce qui s’insinuait déjà en lui. Il trembla, moins de froid que de peur.

La douleur… Si vive, si mordante le réveilla brutalement.

Hagard, il revit: Une maison détruite, un cri… le sien… Il courait dans les décombres, ce ne pouvait être vrai… il cherchait.

Il vit soudain.. Une main, blanche; morte déjà, une main qu‘il serrait en pleurant, une main qui un jour s‘était tendue pour lui quand il en avait eu besoin. Il essaya de dégager le corps mais n’y arriva pas.

A cet instant il entendit un autre cri: un pleur même. Harry. Il courut dans l’escalier qui à chaque instant risquait de s’effondrer sous ses pas.

Le souvenir heureux de le voir vivant ne fit que glisser sur lui.

L’image de Lily, morte, vint s’imposer à sa place. Elle reposait près du berceau de son fils.

Sirius revit ces deux émeraudes vertes figées. Sa main froide sur une baguette inutile. Son sourire horrifié aux lèvres.

Il hurla.

Il venait de fermer les yeux éteints de Lily Evans Potter

Dans sa cellule, le prisonnier fut secoué de sanglots secs, sa peau avait pali et ses traits déjà creusés par la faim et la négligence s’étaient affreusement tirés dans un rictus qui aurait pu sembler comique.

Les murs de sa cellule s’étaient couverts de glace.

L’instinct de survie guida alors les gestes du prisonnier. Lentement il força son corps à perdre forme humaine. Il sentit les os de son crâne s’enfoncer; son nez s’allonger. Sa peau se mit à gratter horriblement.

Les détraqueurs s’éloignèrent du numéro 390, ne sentant plus aucune chaleur à aspirer.
Peut être était-il mort?

Derrière la porte ferrée, on distinguait à peine une forme sombre, inquiétante, qui tremblait dans un coin. On aurait pu croire que c’était une fourrure miteuse, posé là négligemment.

Le chien aboya faiblement. Au moins la fourrure le réchauffait-elle un peu. La douleur finit par lentement s‘apaiser.

Sirius Black avait su dès l'instant où il était rentré à Azkaban qu'il vivrait son pire cauchemar: l'enfermement et la solitude était ce qu'il redoutait le plus.

Il n’avait plus rien du jeune homme d’antan; Il sentait déjà que ses dents blanches avaient pourries et qu’elles se déchaussaient. Son corps était maculé de divers tatouages qui indiquaient non seulement son matricule, mais aussi les crimes qu’on l’accusait d’avoir commis. Ses muscles avaient disparus, noyés dans des vêtements trop amples et déchirés en de multiples endroits. On pouvait fortement douter en le voyant qu’il ait pu un jour être séduisant.

A quoi bon lutter; A quoi bon se battre? Il ne ferait que prolonger sa souffrance.

Mais comme une lame qui transperce un cœur, il finit par se rappeler: Peter Pettigrow.

Il n’avait pas le droit de mourir, pas tant qu’il savait cet immonde traître en vie.

Le chien hurla Soudain.

Dehors, les vagues heurtèrent le rocher acéré qu’était Azkaban; Nul animal ne venait s’aventurer près de cet effroyable endroit d’où s’échappait de temps à autre des cris inhumains de désespoir.

Enfermé et sans repère, Sirius Black ignorait également qu’au dessus de lui, une pleine lune d’une lueur incroyable brillait tel un phare dans une mer d’étoiles.

 
 
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