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Chronique d'un amour
Par nausicaa2008
Originales  -  Drame  -  fr
4 chapitres - Complète - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 3     Les chapitres     2 Reviews    
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25 octobre 1980

Chapitre 3

 

Les secours… arrivés rapidement… pu la sauver … transportée à l’hôpital…La Mairie du 5ème… la direction de l’hôtel … ont adressé à la famille … leur soutien …

 25 octobre 1980. 

Les nuages qui envahissent le ciel,

Sortent de mon cœur rongé par la douleur,

Et pleurent les larmes d’un amour qui s'éteint. 

            Charlotte regarda par la fenêtre, la pluie qui tombait sur la ville. Assise à sa table, une plume à la main, elle écrivait. Ses yeux étaient secs, mais sa main balayait la feuille comme un sanglot infatigable. Elle écrivait ses larmes, puisqu’elle n’avait plus la force de les faire couler sur son visage.

 Cruels sont les hommes qui nous séparent !

De quel droit peuvent-ils juger de nos sentiments ?

Notre amour était honnête et innocent. 

            Cela faisait quatre mois exactement. Quatre mois de souffrance. Quatre mois depuis ce fameux soir, où certains de leurs sentiments, ils avaient annoncé à leurs parents qu’ils étaient ensemble. Comment aurait-elle pu imaginer que ces parents auraient réagi ainsi. Ils ne lui avaient épargné, aucune insulte, aucune colère, mais la colère, elle l’aurait supportée, si elle n’avait pas été aussi dirigée contre Adam. Finalement, ils avaient agit. Ils l’avaient retirée de Dominique Lapierre. Elle n’avait jamais revu personne de son ancienne vie.

 Nous le croyions invincible, mais ils l’ont réduit en poussière,

Ils m’ont enlevée de toi, comme on sépare la rose de son rosier,

Toi mon amour, ma vie, mon cœur. 

            Ils l’avaient alors envoyée chez sa grand-mère, en Provence. Elle y était restée consignée dans sa chambre tout l’été. Peu lui importait de toute façon : elle avait passé ses journées à pleurer dans le noir. Elle n’avait presque pas mangé, ne trouvant aucun réconfort dans la nourriture. Elle avait même envisagé de ne plus manger du tout, mais le moment des repas lui offrait une légère distraction dans son chagrin : elle se concentrait sur sa mastication, allant même jusqu’à compter le nombre de fois qu’elle mâchait un aliment avant de l’avaler.

 Ils ont cru que la distance effacerait ton souvenir,

Mais ils se sont trompés, et pour punir cette mémoire révoltée,

Ils m’ont enfermé dans une prison dorée. 

            La fin de ses vacances douloureuses était finalement arrivée avec une lenteur désespérante. Ces parents étaient venus la chercher chez sa grand-mère. Pas un mot ne fut prononcé : ils ne se parlaient plus depuis juin. Sa famille avait la rancune tenace ! De toute façon, lui auraient-ils parlé qu’elle n’aurait eu ni la force ni l’envie de leur répondre. On ne parle pas à ses bourreaux. Une seule fois, exceptionnellement, ils avaient brisé le silence qui lui était devenu quotidien, pour lui annoncer qu’elle allait désormais suivre ses études à l’internat pour fille de Sainte Bérangère, près de Bordeaux. Plus que la distance morale, ils incluaient à présent la distance physique.

 Que faire mon amour, comment vivre sans toi ?

Tu ne peux venir me chercher, et je ne peux te rejoindre.

Chaque jour est pour moi un déchirement infini de douleur. 

            Au départ, elle avait cru que cette distance avec ses parents allait lui être salvatrice. Loin d’eux, elle trouverait peut-être le moyen de contacter Adam ! Elle se ferait des amies qui la couvriraient lorsqu’elle voudrait le rencontrer pendant les week-ends ou les vacances. Mentir à ses parents ne lui faisait à présent pas plus d’effet que de mettre son linge au sale. Ils ne méritaient plus qu’on leur dise la vérité. De toute façon, ils ne la comprendraient pas. Ils étaient restés coincés au Moyen Age, et y resteraient jusqu’à leur mort.

            Elle avait vite déchanté. Là-bas, les filles étaient toutes des petites pestes, riches comme Crésus, qui n’entretenaient de relation avec les autres que pour les mépriser et les humilier. Elle qui venait d’un lycée public était devenue la cible de nombreuses humiliations. Cependant, elle s’en fichait. Les autres ne comptaient pas. Ce qui l'avait rendu réellement malheureuse, c’était la surveillance continuelle qu’avaient demandée ses parents à la direction.

 Combien de temps supporterai-je cette douleur ?

Combien de temps supporterai-je ton absence ?

Je sens mes espoirs s’éteindre comme une bougie qui n’aurait plus de cire. 

            La prison parentale avait été remplacée par une autre, plus pernicieuse. La dépression l’avait gagnée. Ses résultats avaient chuté de manière catastrophique. Qu’importait son avenir s’il était sans Adam ! Elle n’attira même pas la pitié des filles du pensionnat : en fait, elles l’enviaient d’avoir connu le véritable amour, elles qui avaient toujours été cloîtrées dans un univers exclusivement féminin. Les professeurs, de leur côté, avaient lâché l’affaire : si elle ne voulait pas travailler, c’était son problème, pas le leur. Charlotte, n’avait jamais été aussi seule, mais qu’importe, la douleur est une expérience qu’on ne peut éprouver que seul.

            Le comble de l’injustice était arrivé le premier week-end où elle était rentrée chez elle. Ses parents n’avaient plus aucune confiance en elle, et ils voulaient à tout prix empêcher les deux amoureux de se retrouver en cachette. C’est pour cela que, dès son arrivée sur Lyon, on l’avait enfermée dans une chambre d’hôtel, un peu plus loin dans le cinquième arrondissement. Elle y restait les deux jours, ne voyant ses parents que pour les repas, des repas qui se passaient dans le silence. Pourquoi parler ? Elle n’avait rien à leur dire, et ils étaient de toute façon au courant de tout ce qui se passait à l’internat. De plus, si elle avait parlé, ses paroles n’auraient été qu’insultes et cruauté. Cela n’aurait rien arrangé, mais arranger quoi ?

 Je ne vois qu’une solution mon amour, et j’espère que tu me pardonneras,

Mais le seul moyen pour que nous arrêtions de souffrir,

Est que l’un de nous s’en aille. 

            Un jour, elle en vint à se demander si cette existence valait la peine d’être vécue. Au départ, malgré la douleur, elle s’était imaginé qu’Adam viendrait un jour la délivrer de son sort, ou qu’elle pourrait attendre qu’elle soit majeure et ainsi décider librement de ce qu’elle voulait faire. Elle avait déjà imaginé des milliers de fois ce qui se passerait ce jour là : elle attendrait le lendemain de son anniversaire, irait voir ses parents, leur dirait tout ce qu’elle avait sur le cœur et leur dirait adieu en leur assurant qu’elle regrettait vraiment d’être née dans une telle famille, et qu’ils ne la reverraient plus jamais. Elle leur aurait craché avec une cruauté illimitée, toute la douleur et toute la haine qu’elle ressentait pour eux. Elle aurait rejoint Adam.

Mais à chaque fois le rêve s’arrêtait là : qu’auraient-ils fait ensuite ? Aurait-elle le courage d’imposer ça à Adam, d’être une charge pour lui, alors qu’ils auraient à peine 18 ans ? Ses parents à lui accepteraient-ils cette situation ? Le mettrait-elle dans la situation où il devrait choisir entre elle et ses parents ? Que deviendrait-elle s’il ne la choisissait pas ? Aurait-elle la force de le voir souffrir de l’une ou l’autre de ces séparations ? Ne l’avait-il pas oublié ? Etait-il amoureux d’une autre ?

Alors le rêve devenait cauchemar, et la douleur s’intensifiait, devenait de plus en plus grande chaque fois, au point qu’elle ne pouvait plus dormir, qu’elle sentait son cœur vouloir éclater en petit lambeaux de chair. Elle avait l’impression que ses poumons se remplissaient des larmes qu’elles n’arrivaient pas à faire couler de ses yeux, tellement elle en avait trop. Souvent, elle n’arrivait plus à respirer et faisait une crise aussi brutale que celle d’un asthmatique qui rechercherait son oxygène.

 Je mets entre nous une distance définitive,

Puisque la vie a mi entre nous un mur infranchissable.

Je pars vers des jours meilleurs, avec l’espoir de te voir heureux. 

            Elle ne pouvait plus continuer ainsi. Un jour, alors que l’orage déchaînait sa fureur sur les toits de la ville, elle décida d’en finir. La douleur devenait trop insupportable, il fallait y mettre un terme. Et puis, ce serait mieux pour Adam aussi : s’il souffrait autant qu’elle, sa mort lui permettrait de ne pas s’accrocher aux vains espoirs qu’elle avait entrevus ; s’il l’avait oublié, s’il était tombé amoureux d’une autre fille, mais qu’il ressentait la culpabilité de lui devenir infidèle, son action résoudrait tout. Dans tout les cas, il pourrait passer à autre chose, il serait triste c’était certain, mais il s’en remettrait : il a toujours été très fort et équilibré. Et elle, elle le regarderait vivre de là où elle serait, heureuse et sereine.

 Je t’en prie, ne me suis pas, n’essaie pas de me rejoindre,

Oublie moi, refais ta vie, change le monde.

Du haut des nuages je deviendrai ton ange gardien. 

            Elle signa le mot d’adieu qu’elle lui destinait. Il fallait à tout prix qu’il comprenne que c’était son choix et qu’en aucun cas elle lui demandait de l’imiter. Roméo et Juliette n’était que de la foutaise ! On de pouvait pas sublimer l’amour dans la mort. Tout ce qu’elle voulait c’était qu’il puisse vivre, et parce que leur amour devenait un obstacle, il fallait que l’un d’eux se sacrifie. Il avait des projets, il était promis à un brillant avenir, il trouverait facilement quelqu’un pour l’aimer autant, si ce n’est plus qu’elle ne l’avait jamais aimé. Oui, elle savait que son acte était égoïste, mais, en même temps, elle lui rendait ainsi sa liberté. Il deviendrait libre de faire ce qu’il avait envie, sans ressentir de culpabilité vis-à-vis d’elle. La liberté, c’était le dernier cadeau qu’elle pouvait lui offrir.

  Je t’aime mon amour,

Et parce que je t’aime je te demande de me pardonner, et d’accomplir ce dernier souhait :

Vis, aime, ne baisse jamais les bras. 

            Elle ouvrit la fenêtre qui menait sur le balcon. Sa chambre était au deuxième étage. Elle fut trempée en quelques instants par la pluie qui tombait depuis des semaines. Elle s’approcha de la rambarde et se laissa un instant pour regarder la fureur du ciel. Elle n’avait jamais rien vu de plus beau que les éclairs qui traçaient des sillons invincibles dans le noir d’encre des nuages. Dans quelques instants, elle deviendrait elle aussi un éclair. Ou elle deviendrait de la pluie. Elle regarda en bas. Des parapluies de toutes les couleurs se dépêchaient de traverser la rue. Les gens ne prêtaient pas attention aux flaques sur le sol. Peut-être que celle qu’elle provoquerait les arrêtera quelques secondes, puis ils repartiraient, parce que eux, la vie les appelait.

           Elle franchit la rambarde. L’orage tonna tandis que le vent fit balancer doucement ses cheveux mouillés dans son dos. Elle aimait ça, le vent sur sa peau et dans ses cheveux, qui lui donnait l’impression d’avoir des ailes. N’était-ce qu’une impression ?

 Je serais toujours là dans ton cœur,

Tu seras à jamais dans le mien,

Dans la vie, comme dans la mort.

                                                                          C.

 
 
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