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au 31 Mai 21 :
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Les Mômes
Par Mael
Tokio Hotel  -  Romance/Drame  -  fr
10 chapitres - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 4     Les chapitres     3 Reviews    
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IV. LE BREAK.

IV. LE BREAK.


    Les invités étaient déjà tous présents. Il ne manquait personne ; aucun individu sensé n'aurait refusé l'invitation d'un frère Kaulitz ou d'un de ses proches à une de ces soirées si réputées. C'était un privilège. De plus, cette boîte de nuit était chaque soir très fréquentée. Lorsque Bill arriva, tout le monde se pressa à la porte pour ne pas le manquer. Ce n'était déjà plus une célébrité : c'était une légende.

- Il paraît qu'il est malade...
- Bien sûr que non. Moi je sais que c'est Tom qui lui interdit de sortir, pour le garder pour lui.
- N'importe quoi. Il a le sida.
- Qui t'as raconté ça ? Il fait juste des voyages de plusieurs semaines. Des trucs spirituels.

Les suppositions fusaient, les versions se confrontaient, chacun avait sa propre interprétation qu'il tenait d'untel et qu'il avait modifié à sa guise. Lorsque le chanteur sortit de la limousine, pourtant, tout le monde se tut. La scène se déroula comme au ralenti. Bill se redressa, attendit quelques secondes que son frère sorte à son tour, et, saisissant sa main, il parcourut les quelques mètres qui le séparaient du bâtiment où se déroulait la fête, relevant lentement la tête, ses yeux sombres enveloppant la foule d'un seul regard, et sa bouche formant un sourire discret, totalement différent de ce sourire étincellent qu'il possédait autrefois, et pourtant si touchant. Les invités retinrent leur souffle jusqu'à ce que les deux vedettes, dont le lien était si complexe et si attirant, aient rejoint la porte. Les amis intimes - Georg, Gustav, leur meilleur ami Andréas et quelques autres - s'approchèrent d'eux pour les embrasser. Personne n'osa se renseigner à propos de la santé de Bill tant sa prestance était immense et intact. Chacun savait ce qu'il en était, mais ils ne purent s'empêcher d'espérer, même un instant, qu'il soit finalement sauvé. Tout ça rendait la chose un peu plus douloureuse.

- Allons-y, murmura Tom à l'oreille de son double, qui hocha la tête en lui souriant.

La foule les suivit, étourdie par la beauté du chanteur et la tendresse de son guitariste. Ils étaient tous un peu jaloux de cet amour qu'ils n'avaient jamais connu. De retour à l'intérieur, une chaleur presque étouffante les accueillit, accompagnée de la voix de Bill, dans un micro. Il était installé sur un petit plateau suspendu en hauteur, dans la pièce principale du complex. Le Break était, comme tous le savaient, une des discothèques que possédaient les Kaulitz.
Lorsqu'il se fut habitué à la lumière aux couleurs changeantes, le public fixa Bill, qui demandait de sa voix un peu éraillée si on l'entendait bien.

- C'est bon ? Y'a eu le clic ? ... Ah, ça me rappelle des souvenirs...
- C'est bon, Bill, on t'entend !
- Merci, And'. Hm... D'abord, bonsoir à tous. Si je suis ici ce soir, c'est pour vous remercier de venir si nombreux, c'est un bonheur pour moi de vous savoir encore fidèles à nous, malgré la rareté de nos concerts. Je sais que Georg et Gustav font un travail génial ici et...
- Et moi ? lança Tom, feignant l'indignation.

Le public rit à sa remarque et Bill secoua la main avec un regard moqueur.

- Je remercie aussi mon frère de prendre soin des jeunes filles qui viennent nous voir...
- Imbécile !
 
Bill se mit alors à rire. Il avait les yeux presque fermés, sa tête était balancée en arrière, et ce spectacle fit battre à l'unisson tous les cœurs qui le contemplaient. Bill brouillait les pistes, il se moquait des rumeurs à propos de sa relation avec Tom et se maquillait pour cacher sa pâleur, mais lorsqu'il riait ainsi, il n'y avait aucun mensonge ni aucune comédie. Cette sincérité les rendit un peu tous amoureux, comme chaque fois qu'il lui arrivait de rire.

- Je me fais rare, vous l'aurez remarqué. Je tiens à vous rassurer, je vais très bien. Nous continuons l'élaboration du quatrième album, il sera bientôt achevé, et j'espère vous voir encore nombreux pour la prochaine tournée, qui ne saurait tarder.

Quelques acclamations retentirent, accompagnés d'applaudissements. Les paroles de Bill avaient réanimés d'anciennes flammes au fond des yeux du public. C'est ce qu'ils avaient tous besoin d'entendre, il le savait parfaitement.

- Sur ce je vous souhaite une excellente soirée, et je vous remercie encore d'être venu. Merci !

Après avoir posé le micro, il tourna les talons avec un dernier signe de la main vers la piste de danse, puis quitta la plate-forme. Il rejoignit ses amis qui avaient pris place à une table installée dans le carré VIP.

- Très joli discours, Bill !
- Merci, Gus...
- Tu penses vraiment qu'on pourra sortir l'album bientôt ?
- On fera tout pour, pas vrai ? Dès que l'enregistrement instrumental sera terminé, vous me préviendrez.

Gustav et Georg firent la grimace, mais face au regard noir de Tom, ils n'osèrent pas contredire Bill. Des serveuses arrivèrent, comme pour clore la conversation, pour disposer des verres de part et d'autre de la table avant d'y joindre plusieurs bouteilles de différents alcools. Bill les suivit du regard, et remarqua le déhanché exagéré de celle qui s'approchait de Tom. C'était une jeune femme brune, dont la taille était étonnamment fine et le décolleté désagréablement plongeant. Elle fit quelques tours de plus, faisant mine d'avoir oublié quelque chose au passage, mais ce petit jeu agaça vite le guitariste qui n'aspirait, à cet instant, qu'à la tranquillité en compagnie de ses amis.

- Merci, Justine, ça ira. On s'en chargera nous-même.

La serveuse se redressa et s'excusa en bredouillant. Bill baissa la tête pour cacher son amusement. Il étouffa de justesse un gloussement et l'observa tandis qu'elle s'éloignait.

- Elles te plaisent toutes ces filles ? murmura-t-il à Tom, penché vers lui pour éviter que les autres ne les entendent.
- Bien sûr que non !

Le guitariste, offusqué, secouait la tête en fronçant les sourcils. Bill aimait le taquiner sur ce sujet.

- Et moi, je te plais... ?

Il promena ses doigts sur la nuque de son frère, et mordilla son oreille. Tom posa brusquement une main sur son jean, là où se trouvait son entrejambe. A ce geste, Bill s'esclaffa et se rapprocha jusqu'à ce que leurs jambes soient collées l'une à l'autre. Autour d'eux, leurs amis étaient lancés dans une conversation animée et prenaient soin de ne pas les déranger.
Lorsque enfin, Tom eut réussi à repousser Bill, ils se penchèrent tous deux au dessus de la table pour se servir. L'alcool n'était pas conseillé pour Bill, pas plus que la scène ou même le sexe. Mais il avait décidé que d'une façon ou d'une autre, il finirait par mourir, et qu'avant ça il préférait continuer à agir comme un véritable vivant. Cependant, il avait dû renoncer à la scène. Ce sacrifice l'avait brisé, le blessant un peu plus profondément qu'il ne l'était déjà, mais il avait fini par l'accepter. Son corps s'épuisait trop pendant les tournées, car il ne supportait plus ni le stress ni l'agitation dont il devait faire preuve à chaque concert. Il avait perdu son zèle, alors à quoi bon ?
Les jumeaux avaient longuement débattu de ce que devait ou ne devait pas faire Bill. Tom lui avait d'abord interdit toute forme d'épuisement, ce qui avait provoqué chez son frère un flot de colère incontrôlable qu'il eut du mal à apaiser. Bill se mourait, et alors ? Il n'était pas encore mort ; Tom avait finit par céder. Il comprenait, malgré son angoisse, que Bill avait raison.
Un verre rempli à la main, les deux musiciens se mêlèrent à la conversation. La soirée se déroula comme souvent : l'alcool coula à flot et les jumeaux devinrent vite déchaînés, suivis par Georg et Gustav qui chantaient à tue tête les chansons que le DJ diffusait, debout sur les tables. Cependant, il n'y eut aucun accro. S'ils avaient eu vingt ans, cette fête aurait certainement mal fini, comme c'était le cas lorsqu'ils avaient cet âge. A cette époque, ce complex ne leur appartenait pas et ils étaient encore sur le devant de la scène, sans cesse sur les routes ; ils apprenaient encore le métier. Mais ils avaient tous grandis, par la force des choses. Aujourd'hui, c'étaient des hommes d'affaires, même si ce mot les répugnait, et surtout, c'étaient des adultes, de véritables adultes. David Jost n'était plus leur manager, ils n'en avaient plus besoin. Bien sûr, ils comptaient toujours parmi eux des comptables, des conseillers, toutes ces personnes qui les aidait à rester sur la bonne voie ; mais depuis qu'ils avaient appris la nouvelle concernant la maladie de Bill, aucun des membres de Tokio Hotel n'était le même. Ils s'étaient métamorphosés. En trois ans, ils avaient pris les choses en main, refusant qu'on continue de contrôler leurs vies. C'était le désir de Bill, et finalement, ils partageaient tous ce sentiment.
Lorsque Tom comprit que son frère commençait à faiblir, il se leva et salua le groupe, avant d'entreprendre de quitter les lieux, tenant fermement la main de Bill entre ses doigts. Ses bagues lui faisaient un peu mal, mais il continuait à serrer, toujours plus fort, traversant la piste de danse sans quitter la sortie des yeux. Des filles venaient se frotter aux musiciens, criant leurs noms, et Tom leur rendait leurs sourires avec douceur. Bill, quant à lui, gardait la tête haute malgré l'épuisement qui le gagnait. Il distribuait les étreintes, entretenait le paraître, imitant l'arc bienveillant que portait constamment son frère sur le visage. Ils étaient propriétaires de cette discothèque et ne pouvaient pas se soustraire à cette activité qui consistait à flatter la clientèle. Cette hypocrisie, se disaient-ils, ne pouvait pas leur faire plus de mal qu'ils n'en avaient déjà subit.

 
 
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