Au final, je fus obligée de revenir le lendemain. Mon père, n'ayant écouté aucune de mes supplications, m'avait forcée à revenir travailler malgré le nombre de catastrophes que j'avais provoquées. Toutefois, il avait quand même convenu que femme de ménage n'est pas un boulot adapté à ma personne, par conséquent il m'avait promue "Assistante". Oui oui, la personne qui assiste le groupe dans ses besoins principaux. J'arrivais donc ce matin là de bonne humeur, après tout, rien ne pouvait être pire que le rôle de la femme de ménage. Tous les Lemonade Lords étaient réunis dans le salon pour m'accueillir, comme la veille. Dès mon entrée, Tsukasa s'avança vers moi et me fit la bise, comme si nous nous connaissions depuis des années.

- Hello, lança-t-il joyeusement.

Ils me saluèrent tous chacun leur tour, Sebastian, Gabriel, puis Dimitri qui m'accorda un sourire chaleureux. Et même Jeremy, encore tout rouge suite à l'événement de la veille. Il détournait les yeux pour éviter mon regard, malgré le fait que je le fixe intensément, attendant ses excuses.

- Je suis désolé pour ce qui s'est passé hier, marmonna-t-il.

Je n'étais pas rancunière, et il me faisait vraiment de la peineà être aussi mal à l'aise, alors je lui adressait un sourire.

- Pardonné.

Avant d'oublier, je fouinais dans mon sac sous le regard des garçons, pour en sortir les vêtements que m'avait prêtés Dimitri. Je les avais lavés et repassés, certes pas avec autant de soin que lui, mais du mieux que je pouvais. Je les lui tendit.

- Voila tes vêtements et merci encore, tu m'as sauvé la vie.

Pendant que je lançais un regard en coin à Jeremy qui signifiait "Tout ça c'est de ta faute", Dimitri me lança joyeusement un "Je t'en prie". Un silence suivit ses paroles et tout le monde le fixa avec étonnement. Tsukasa, bouche bée, brisa le silence.

- Dimitri, t'es malade ?

Je le regardais sans comprendre. Dimitri, quant à lui, soupira en lui lançant un regard noir et partit dans sa chambre sans dire un mot. Tsukasa prit un air désolé, ne s'attendant visiblement pas à cette réaction.

- Qu'est ce qu'il a ? lui demandais-je.

Ce fut Gabriel qui me répondit. Je n'avais pas vraiment l'habitude de l'entendre parler, aussi je l'écoutais avec attention.

- Dimitri n'est pas du genre sociable, dit-il en haussant les épaules. En général, tout ce qu'il fait, c'est rester dans sa chambre à écrire et c'est vraiment rare qu'il adresse la parole à quelqu'un, particulièrement aux inconnus. Je l'avais jamais vu sourire et réagir joyeusement de cette façon. Ce genre de comportement, c'est plutôt du style de Tsukasa que du style de Dimitri.

- Peut-être qu'il a envie de changer, proposais-je, c'est triste d'être solitaire.

Cette explication sembla convenir à tout le monde. Jeremy, forcé par son rôle de leader malgré son air toujours légèrement mal-à-l'aise, vint m'expliquer le programme de la journée.

- Bon, ce matin, on commence par une conférence de presse à 10 heures 15. Puis, on va déjeuner, ensuite à 13 heures 45 on se rendra à une séance photo pour un magazine. Après, on aura fini pour la journée.

J'acquiesçait et suivit tout le groupe dehors pour entrer dans la limousine servant à se rendre à la conférence de presse. Je fus impressionnée du nombre de journalistes présents dans la salle. Mon boulot consistait juste à attendre sur le côté au cas où les Lemonade Lords auraient besoin de quelque chose. Je me mordis la lèvre à la première question, adressée à Tsukasa.

- D'où vient ce changement radical de couleur de cheveux ? demanda un journaliste.
Le japonais sembla pris au dépourvu, ne sachant visiblement pas quoi répondre. Il me lança un regard en coin accompagné d'un sourire gêné.

- Simple accident. répondit-il.

La réponse ne convint pas du tout aux journalistes mais il refusa de répondre aux autres demandes sur ce sujet, ce qui me rassura. J'avais pas tellement envie de passer pour une catastrophe ambulante, tout de même. Les questions suivantes furent classiques, notamment posées sur le prochain album ou leurs concerts à venir. Au milieu de l'interview, Jeremy m'indiqua qu'il souhaitait que je lui apporte une bouteille d'eau, ce que je fis en courant tant j'étais enthousiaste à l'idée d'avoir enfin quelque chose à faire. Je l'ouvris avant d'arriver jusqu'à Jeremy. Grave erreur, puisque dans mon élan, j'en renversais la moitié sur le sol, devant tous les journalistes. Je voulus retourner chercher une serviette, mais le sol glissant me fit déraper et m'étaler sur le sol. Jeremy, dans un élan de bonté, se leva pour m'aider à me remettre debout, mais je glissait à nouveau, m'agrippant à la première chose à ma portée. Le pantalon de Jeremy. Qui retomba jusqu'à ses chevilles, sous l'oeil des caméras et des journalistes qui apprécièrent énormément l'événement. Décidant déjà que ce serait le scoop du moment, ils s'appliquaient à prendre des tas de photos du super caleçon canard de Jeremy. Ce dernier, après m'avoir adressé un regard de Serial Killer, remonta son pantalon d'un air très pro' et retourna s'asseoir à sa place, comme si de rien n'était. Je préférais m'éclipser discrètement avant de provoquer la troisième guerre mondiale. La fin de la conférence arriva trop vite à mon goût et je me retrouvais à nouveau dans la limousine, sous le regard accusateur de tous les membres de Lemonade Lords.

- Eh bien, on peut dire qu'on s'en souviendra, commença Gabriel, un sourire moqueur aux lèvres. Joli caleçon, Jeremy, au fait.

- La prochaine fois, tu feras attention, dit Sebastian, m'adressant un regard compréhensif.

Culpabilisant à mort, je dirigeait mon regard vers Jeremy, qui semblait visiblement réfléchir intensément à ce qu'il allait commencer à dire pour me hurler dessus. Je décidais de le devancer et prit un air contrit.

- Au moins, t'es sûr de faire la une des journaux demain, dis-je timidement.

- La faute à qui ? répondit Jeremy, de très mauvaise humeur.

Je n'osait pas dire quoi que ce soit après ça, et le silence régna dans le véhicule durant tout le reste du trajet, et même pendant le repas. Le studio photo était exactement comme je m'y attendais. Des tas d'appareils plus impressionnants les uns que les autres, des projecteurs et un grand fond blanc. Les membres du groupes partirent se changer, tandis que je m'assis sur le côté, n'ayant rien d'autre à faire. Au final, ce boulot était vraiment ennuyeux. Je m'appliquais donc à observer les membres de Lemonade Lords défiler devant le fond blanc, toujours très pros. Au bout d'un long, très long moment à ne rien faire, le photographe, me prenant en pitié, me tendit son appareil photo.

- Tiens, tu veux essayer ?

Je le pris avec enthousiasme et ignorait le "Nooooon ! Ca va être une catastrophe." émanant du groupe, pour prendre un air professionel et me placer devant le fond blanc. Décidant de prendre la photo d'un peu plus loin, je reculais de deux pas. Mauvaise idée, je trébuchais sur le projecteur derrière moi, qui tomba et s'écrasa sur le sol. L'appareil photo, qui m'avait échappé des mains durant ma chute, connut le même et triste destin.

- Fallait s'y attendre ! lança Gabriel, se moquant de moi.

Je lui lançait un regard noir. Et ce fut mon dernier jour en tant qu'assistante de Lemonade Lords.