manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Adventice
Par Mokoshna
Final fantasy VII  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
8 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     2 Reviews    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
Chapitre 2

Auteur : Mokoshna
Crédits : Final Fantasy 7 est la propriété de Square-Enix, je ne reçois pas un sou en écrivant cette fic.
Avertissements : Spoilers du jeu et du film Advent Children, Yaoi Reno x Cloud.

***

Chapitre 2


Reno pouvait presque entendre son coeur battre dans la pénombre. La vision qui se déroulait devant lui était irréelle : AVALANCHE et Turks, oeuvrant ensemble et en un même lieu pour un but commun. Le dernier conflit avec le gang de Kadaj, un an plus tôt, n'avait pas présenté un cas si extrême : même en étant alliées, les deux factions ne s'étaient que rarement retrouvées dans le même espace immédiat. Et cela ne comprenait pas Barret Wallace, ancien chef d'AVALANCHE et râleur extraordinaire.
Bien entendu, la présence de Martha y était sans doute pour quelque chose. Barret et elle s'entendaient à merveille, au point qu'il lui pardonne sa faute de goût d'avoir appartenu aux Turks. La complicité entre eux était manifeste ; Reno eut un peu de peine pour Rude qui aimait encore la jeune femme, aux dernières nouvelles.
Un coup d'oeil en direction de son ami lui apprit qu'il allait très bien, en fait. Rude ne semblait même pas avoir remarqué la présence de leurs nouveaux alliés et discutait paisiblement avec Éléna des lunettes de soleil de grande marque qu'il comptait bien s'offrir une fois qu'il en aurait les moyens. La jeune femme faisait mine de ne pas l'écouter. À l'avant, Tseng et Cloud causaient stratégie. Reno réfléchit. Devait-il se joindre à un groupe ? Et si oui, lequel ? Il opta pour celui du milieu. Ni trop intime, ni trop professionnel : la conversation parfaite en pleine mission stressante. Le fait qu'Éléna ne puisse pas supporter ce genre de comportement frivole ajoutait un intérêt certain à l'affaire.
S'il y avait une chose que Reno adorait par-dessus tout, c'était de jouer les troubles-fêtes.
— Alors, on cause chiffons, les filles ? dit-il en se mettant de force entre ses deux amis.
— Non, lunettes, répliqua Rude.
Éléna soupira et ôta le bras que Reno avait nonchalamment mis sur ses épaules. Le Turk ricana. C'était parti pour la séance de reproches indignés.
— Nous sommes en mission, je vous rappelle ! Ce n'est pas le moment de parler de nos emplettes. Et Reno, tiens-toi mieux. Si on nous attaquait pendant qu'on marche ?
— J'aimerais voir ça, tiens, rit-il de bon coeur. Entre nous sept, l'ennemi doit avoir des couilles en mythril pour oser s'en prendre à nous, yo !
Éléna eut une grimace de dégoût.
— Surveille ton langage, Reno !
C'était si amusant de la sortir de ses gonds ! Reno savait que dans son dos, Rude arborait un magnifique sourire narquois qui eût paru presque invisible pour qui ne le connaissait pas assez. C'était sa spécialité à ce jour : il était l'une des rares personnes qui arrivaient à faire sourire son ami, que ce soit à ses dépends ou à ceux des autres. Autant continuer sur la lancée, non ?
— Ce que tu peux être coincée, Éléna chérie, yo !
— La ferme, Reno, fit alors la voix neutre de Cloud devant eux.
Le dos de Cloud était étonnamment large pour un homme aussi menu. Reno fixa sa silhouette rigide, les bras nus qui dépassaient de son haut noir. La large épée qu'il portait dans son dos le rapetissait davantage ; à chaque oscillation du corps, elle semblait vouloir racler le sol. Le Turk avait toujours eu un faible pour les armes blanches, même s'il n'était pas assez compatible avec pour s'en servir (il le regrettait énormément, d'ailleurs, mais plusieurs essais infructueux l'avaient à jamais convaincu de laisser ce type d'armes à plus habile que lui. Ça, et les jolies cicatrices qui lui ornaient le haut des joues après un entraînement malheureux avec une paire de poignards). Rude aurait pu en témoigner : la plupart de ses flirts passés avaient été des épéistes. Du reste, il ignorait ce qui l'attirait autant dans les épées et autres lames aiguisées ; le côté phallique de la chose, peut-être ? Il savait son subconscient assez tordu pour ce genre d'excuse. N'eût été son arme, Reno n'aurait jamais pensé à s'intéresser à Cloud autrement que pour le travail ; il avait en effet pour habitude de ne pas mêler vie professionnelle et vie privée... du moins, autant que possible.
Bien entendu, cette bonne résolution avait volé en éclats lorsque Rufus avait deviné son attirance pour leur illustre ex-ennemi-devenu-presque-un-allié-si-seulement-il-n'était-pas-si-têtu-pour-reconnaître-qu'il-avait-tout-à-gagner-en-rejoignant-les-Turks. C'était l'opinion de son cher patron ; Reno le connaissait assez pour savoir qu'il serait très difficile, voire impossible, de le faire changer d'avis. Du coup, Rufus avait complaisamment toléré, encouragé même, une quelconque liaison avec le bretteur, à la condition que Reno gagne son appui et le convainque de s'associer à ce qui restait de la Shinra.
Fichu boulot. Il lui arrivait de se demander si sa dévotion à Rufus et à la Shinra justifiait autant les plans foireux auxquels il était mêlé.
Reno fixa le visage de Cloud, ses cheveux blonds dont la tenue défiait toute forme de gravité. Il avait oublié à quel point il appréciait cette couleur. Le jaune tranchait singulièrement sur le noir de la tenue du bretteur, sur les pièces de métal qui la complétaient. Cloud remarqua son intérêt et parut contrarié. Il avait un air adorable ; yeux accusateurs et bouche pincée. Une vraie tête de gamin boudeur à qui on aurait demandé de partager son jouet favori. Reno lui fit son sourire le plus avenant, adjoignant un clin d'oeil du plus bel effet qu'il avait passé des heures à parfaire dans son miroir.
— Quoi ? grommela Cloud. Tu as quelque chose à redire, Reno ?
— Tu veux venir me faire taire personnellement, blondinet ? susurra-t-il de sa voix la plus sensuelle, sachant que cela mettrait Cloud hors de lui. Je n'attends que ça, tu sais, belle gueule. Que tu me « prennes » au combat.
Rude se mit à pouffer discrètement ; Éléna secoua la tête, exaspérée.
— Reno...
— On arrive, fit Tseng d'une voix tendue.

*

S'il y avait une chose que Cloud détestait, c'était de perdre son temps. Reno avait pris la sale manie de lui faire du gringue dans les pires moments, histoire de l'énerver un bon coup. Il commençait à se dire que cette proposition d'alliance n'était pas une si bonne idée ; en tout cas, pas avec ce faux play-boy dans les pattes. Connaissant Reno, il était bien capable d'essayer de lui mettre la main au panier au beau milieu d'un combat. Fort heureusement, le couloir prenait fin et ils pourraient en terminer avec cette affaire. Il prit le parti d'ignorer les insinuations répugnantes du Turk. Mieux valait ne pas lui fournir de quoi attiser ses ardeurs et se concentrer sur leur mission actuelle.
Cloud ne savait pas exactement à quoi s'attendre : un laboratoire secret ou une salle de tortures ? Une immense bibliothèque, peut-être ? Réflexion faite, ce n'était pas une si bonne idée... Étrangement, cet endroit lui rappelait Nibelheim et la Maison Shinra qui s'y trouvait. C'était absurde. Ils n'avaient rien en commun, si ce n'était leur ancien propriétaire. Une atmosphère malsaine régnait dans l'air. Il hâta le pas.
Le groupe arriva dans une autre salle, fermée cette fois. L'ouverture par où ils étaient arrivée était la seule visible. Tout au centre, une immense colonne noire montant jusqu'au ciel bourdonnait. Cloud s'approcha et la toucha du bout des doigts : elle était chaude et pulsait. L'ensemble paraissait organique, bien qu'il distinguât çà et là quelques morceaux de métal imbriqués de manière désordonnée. La colonne semblait enfoncée profondément dans le sol.
— Bordel, c'est quoi ce truc ? s'écria un Barret mécontent. C'est vivant ?
— Ça m'en a tout l'air, dit Tseng. Je n'ai jamais vu ça.
— Vous croyez que c'est dangereux ? intervint Martha. C'est gigantesque !
— J'espère que ça va pas nous sauter dessus, fit Éléna. Je n'aimerais pas me retrouver dessous.
Rude acquiesça de la tête. Seul Reno n'avait pas donné son avis, et c'en était surprenant. Cloud lui jeta un coup d'oeil. Le Turk observait leur découverte à bonne distance, un peu à l'écart de ses amis. Il avait les sourcils froncés et la bouche tordue en une grimace ennuyée ; Cloud fit un pas vers lui pour essayer de déterminer ce qui n'allait pas. Un Reno qui avait l'air préoccupé, ce n'était pas courant.
Un tremblement de terre l'arrêta avant qu'il ait pu atteindre l'autre homme. Cloud leva les yeux vers la colonne et vit qu'elle vibrait de façon inquiétante ; elle était si grande que le reste du réacteur réagissait en conséquence. Des pores apparurent sur la surface et un liquide verdâtre vaguement écoeurant commença à s'en échapper.
— C'est pas vrai, pas encore ! hurla Barret. C'est quoi tous ces trucs bourrés de Mako, à la fin ?
Un hurlement se fit entendre. Martha avait été touchée par une sorte de rayon vert surgi d'un embout de métal de la colonne ; elle arracha en hâte la manche qui avait été atteinte et la jeta au loin. Ils la virent se dissoudre en une seconde. Rude s'empressa de verser une potion sur la blessure.
— Martha ! tonna Barret en se précipitant à ses côtés.
Cloud parcourut la salle du regard tandis que Tseng et les Turks (minus Reno qui restait bêtement dans son coin) tentaient de limiter l'écoulement du Mako. D'autres rayons acides fusèrent ; les Turks les esquivèrent sans trop de problème. Barret était en train de paniquer.
— Bordel ! Ce truc va nous péter à la face !
— Du calme, Barret ! cria à son tour Cloud.
Pourquoi cette chose se mettait-elle brusquement à les attaquer ? Avait-elle senti un danger face à leur présence ? Cloud parcourut l'endroit du regard, cherchant frénétiquement une solution. Une salle immense, assez grande pour contenir cette colonne, vide et totalement fermée. La seule porte n'était pas assez grande pour faire passer cette chose. Par où, alors ? Ou était-elle assez petite à la base, et avait-elle progressivement grandi jusqu'à atteindre de telles proportions ? Quels étaient les plans de ceux qui l'avaient mise là ?
Alors qu'il s'interrogeait sur la marche à suivre, Cloud aperçut une silhouette mouvante au-dessus d'eux, perchée sur une plate-forme quasiment invisible de leur position. L'homme faisait de grands gestes des bras ; à chaque mouvement, la colonne ondulait un peu plus, comme si elle répondait à ses commandes. Un claquement des doigts : un rayon en sortait et allait les frapper. N'eût été les capacités physiques exceptionnelles des personnes situées en-dessous, nul doute qu'elles seraient déjà mortes à cette heure.
— Là-haut ! fit-il à ses compagnons. Le clone !
C'était là une conclusion bien hâtive face au peu d'informations dont ils disposaient ; pourtant, quelque chose lui disait qu'il ne se trompait pas. Le fait d'avoir été du même côté de la barrière, peut-être ? Cloud se sentit pris d'une rage sourde. Lui qui pensait avoir échappé à cette folie ! Pourquoi fallait-il que son passé revienne sans cesse le hanter ?
Il dégaina son épée et l'assembla sans une hésitation. Le clone était à plusieurs dizaines de mètres du sol ; qu'à cela ne tienne. Il avait bien poursuivi Sephiroth dans les airs au milieu des débris d'une ville qui s'effondrait ; un simple clone ne l'intimidait guère. À peine entendit-il les cris d'encouragement de Barret dans le feu de l'action ; ses yeux étaient fixés sur l'ennemi.
Cloud fut sur lui en quelques bonds.

*

Reno suivit la scène sans en perdre une miette. Il n'était pas loin de s'affoler ; mais que faisait donc cet imbécile d'ex-SOLDAT ? Ils devaient s'en aller, pas affronter l'ennemi de front, n'est-ce pas ? Il se rendit compte sitôt qu'il l'eût à quel point cette pensée était ridicule. Cloud était un guerrier et le sauveur de la planète ; bien sûr qu'il n'allait pas fuir comme un lâche et attaquer celui qui avait l'air de constituer une menace !
Une idée, vite ! Il ne fallait pas qu'ils s'affrontent directement, il ne fallait pas que Cloud découvre la nature de leur adversaire ! Reno se tourna en direction de ses amis et de Barret. Éléna et Tseng se trouvaient encore près de la colonne et tentaient une manoeuvre d'attaque ; Rude et Martha s'étaient mis en garde et attendaient un signal. Même Barret avait chargé sa mitraillette et semblait sur le point de lâcher une salve sur l'étrange créature qu'ils avaient en face d'eux.
— Qu'est-ce que tu fous, Reno ? hurla Tseng. Viens nous aider ! Formation trois-trois de part et d'autre du monstre ! Cloud s'occupera du clone !
Le reste de l'équipe se mit en branle. Barret parut vouloir protester mais un regard de Martha le stoppa net dans son élan : ce n'était pas le moment de jouer au cowboy solitaire. Reno alla rejoindre Tseng et Éléna ; Barret suivit Rude et Martha et à eux trois, ils contournèrent la bête pour l'attaquer sur un autre front. Reno poussa au maximum la commande de tension sur son bâton électrique ; bientôt, une décharge de dix mille volts en parcourut l'extrémité. Des étincelles vives claquaient autour de lui, menaçantes. Il insuffla toute la rage dont il pouvait faire preuve à sa posture de combat.
— C'est parti ! fit-il. On va faire regretter à ce truc de nous avoir fait traverser un continent.
Il allait jouer le jeu et aider à détruire la menace. C'était la meilleure solution qu'il avait trouvée avec le peu de temps dont il disposait. S'il ne pouvait pas dissimuler la présence des créatures de Carson, il pourrait au moins les éliminer et faire en sorte que leur existence ne pose plus de problème.
Ses deux amis l'approuvèrent du regard. Les éventails de Tseng étaient ouverts au maximum ; la preuve qu'il prenait cette bataille très au sérieux. Éléna avait sorti la grosse artillerie et brandissait sa meilleure arme : un 12 mm manufacturé à Junon, au canon aussi long que son avant-bras. Elle le chargea au maximum avec les balles explosives qu'elle avait gardé pour une « occasion spéciale ». Reno savait qu'elle attendait depuis un moment de pouvoir les utiliser sur le terrain ; la tension qui pesait sur ses épaules ne suffisait pas à cacher l'expression jubilatoire qui se peignait sur son visage. Il ne pouvait pas voir ce que Rude faisait de son côté mais nul doute qu'il avait déjà enfilé ses gants et s'apprêtait à lancer l'offensive, soutenu par Martha et Barret.
Reno fut le premier à se ruer sur l'ennemi en lui lançant son sort d'éclair le plus puissant, pour le tester. Il avait veillé à équiper toutes les zones correspondantes de son arme avec de la matéria de haut niveau ; on ne savait jamais quand on pouvait en avoir besoin. La créature eut un soubresaut, mais se remit vite et un rayon le frappa la seconde suivante, le faisant un peu chanceler. Bon. Cette chose réagissait donc à la magie en renvoyant une contre-attaque à chaque assaut, c'était bon à savoir. Était-ce le cas de toutes les attaques ou seule la magie comptait-elle ?
Alors qu'il revenait à sa position initiale, il vit Tseng foncer à son tour sur l'ennemi et lui jeter vigoureusement ses éventails à distance. Ceux-ci tranchèrent dans son enveloppe, faisant couler un peu plus de Mako. Pas de contre. Tseng rattrapa ses armes et d'un bond, les planta dans l'ennemi en lui laissant deux longues entailles verticales. Puis il revint auprès d'eux.
— Pas de magie sur le monstre ! hurla-t-il alors qu'Éléna vidait son chargeur sur leur opposant.
Reno chargea avec son bâton.

*

Le clone sembla enfin remarquer la présence de Cloud. Il poussa un cri qui ressemblait au crissement d'un millier d'oiseaux en colère, vrillant les tympans de tous ceux qui l'entendirent. Cloud hurla à son tour et ajusta son épée. Deux, trois, quatre lames ; l'imminence du choc lui procurait une sensation délicieuse. L'ennemi dressa un Bouclier d'un geste de la main tandis que de l'autre, il amorçait une attaque en contrôlant la colonne. Trois rayons verts furent tirés en direction de ses adversaires : deux vers le groupe de Tseng, un vers Cloud. Il ne vit pas qui de ses alliés fut touché.
Pour sa part, il encaissa le coup sans broncher, emporté qu'il l'était dans son élan. Son épaule lui piquait bien un peu : Cloud l'ignora et se concentra sur sa limite. Contre-taillade. S'il parvenait à immobiliser le clone, même un court instant, cela aiderait ses camarades en bas qui pourraient plus facilement en finir avec le monstre-colonne.
Comme d'habitude à chaque fois qu'il réussissait à placer sa limite, cela se passa trop vite pour qu'un être humain ordinaire puisse voir quoi que ce fût. Cloud avait assez confiance en sa maîtrise de l'attaque et en son niveau réel pour savoir qu'elle avait dû sérieusement atteindre le clone, même avec un sort de Bouclier au maximum pour restreindre les dégâts. Pas de paralysie ; l'ennemi bougeait encore. Il atterrit sur le mur et sans attendre que la gravité le fasse tomber, il prit son élan et retourna à l'assaut, enchaînant une autre limite : Pluie Météores. Des météorites allèrent s'abattre sans discontinuer sur la tête de son adversaire. Celui-ci s'agita à chaque coup et semblait sur le point de défaillir, mais il ne s'effondra pas pour autant. Au moins, il avait cessé d'agiter ses mains et la colonne n'envoyait plus de rayons. Encore un dernier acte de Bravoure, et le clone perdit pied et tomba lourdement sur le sol.
La colonne vibra d'un coup ; deux secondes plus tard, elle se désagrégeait lentement sous les yeux ahuris des Turks. Ils avaient gagné.

*

Le monstre-colonne ne leur avait pas posé tant de problèmes, bien qu'il fût assez solide pour soutenir les assauts des six combattants expérimentés qui l'attaquaient de toutes parts. Les salves envoyées aléatoirement sur eux pouvaient être esquivées à temps tant qu'on gardait sa concentration ; une fois ou deux, Rude et Barret, qui étaient les plus lents mais aussi les plus résistants du groupe, les reçurent de plein fouet. Ils se relevèrent sans problème. Martha les arrosait constamment de potions revigorantes.
En haut, Cloud assénait limites après limites. Reno se dit qu'il n'avait rien à faire, finalement ; au rythme où ce brave guerrier battait leur ennemi, il n'en resterait plus grand-chose à la fin de leur joute. Le clone ne paraissait pas aussi costaud que le monstre qu'il manipulait.
La colonne céda enfin et partit en poussières. Reno vit le clone tomber. Cloud le suivait mais contrairement à lui, il avait assez de force et d'assurance pour ne pas s'écraser sur le sol. La cape noire se déroula dans les airs ; on eût dit d'immenses ailes de corbeau, lugubres et menaçantes. La tache de jaune que formait la tête de Cloud, juste derrière elle, donnait une touche insolite au tableau.
— Vas-y, mon pote ! cria Barret.
Un mouvement de cape ; le clone ralentit sa chute et l'espace d'un instant, il flotta au-dessus d'eux.
Et atterrit doucement sur le sol.

*

Le clone était manifestement encore en vie. Cloud vit Tseng et Éléna bouger en sa direction. Le chef des Turks lui fit signe de leur laisser la place ; sans doute voulaient-ils le capturer pour l'interroger. Cloud pouvait comprendre leurs raisons ; il était lui-même assez curieux de savoir ce que sa présence impliquait. Était-il seul ou avait-il d'autres frères, quelque part dans le monde ? Que signifiait sa présence à Corel ? Et surtout, quel était son lien avec ce Carson Nevada et la Shinra ? Tant de questions lui trottaient dans la tête. Il craignait que le retour des clones n'annonce aussi celui de Sephiroth. Après tout, son rival n'avait-il pas dit que rien ne pouvait le tuer, qu'il reviendrait encore et encore ? C'était sans fin.
Cloud rangea peu à peu ses lames, bien décidé à obtenir des réponses de ce drôle d'homme encapuchonné. Pas de risque qu'il leur échappe : cet ennemi-là n'était pas assez dangereux ni assez habile pour les affronter ou fuir sans qu'ils puissent intervenir.
Une brise se forma autour de lui au moment de l'atterrissage, chassant la cendre créée par la colonne. Cloud se mit bien droit et se dirigea sans hâte vers le clone. Il le vit tenter en vain de trouver une sortie : Rude et Martha bloquaient l'entrée par laquelle ils étaient arrivés, Barret le tenait en ligne de mire, Tseng et Éléna étaient presque sur lui.
Reno ne bougeait pas et fixait leur proie d'un air étrange.
Soudain, le clone amorça un virage brusque et se précipita sur le Turk immobile, griffes en en avant. Cri de rage. On hurla ; Cloud ne savait pas comment cela avait pu arriver. Il se ressaisit et fonça, priant pour arriver à temps.
Il avait hésité une seconde de trop.
Visage impassible et bras confiant, Reno frappa le clone en actionnant sa dernière limite, Ultime Déflagration. Une trentaine de coups puissants agrémentés à chaque fois d'une décharge de dix mille volts furent portés sur les points vitaux de l'adversaire.
Le clone s'effondra, les os broyés et la chair fumante.

*

Les mains de Reno étaient atrocement brûlées et son bâton était maintenant inutilisable. Éléna se sentait prête à fondre en sanglots en voyant à quel point il souffrait. Rude était obligé de le soutenir dans son dos pour qu'il ne tombe pas ; la vision des deux hommes, les mains de Rude plaquées contre le dos de Reno, était assez cocasse. Elle aurait largement préféré avoir matière à se moquer d'eux.
— Triple crétin ! le gronda-t-elle, la voix tremblante. T'étais obligé d'utiliser cette attaque pour un pauvre clone ? Tu savais pourtant ce qui allait arriver !
Reno fit la grimace, ses mains meurtries pendant à bonne distance de son corps pour éviter de les faire frotter. Certains endroits étaient calcinés et laissaient deviner les os sous une fine couche de cendre ; ce n'était pas beau à voir. Son visage était aussi pâle qu'un linge et il suait abondamment. Selon toute évidence, il n'était pas loin de tomber en syncope.
— Pas réfléchi, siffla-t-il. Il m'a... surpris.
Elle aurait bien voulu lui asséner un coup derrière la nuque pour lui apprendre à vivre, mais elle craignait que le choc ne le fît effectivement perdre connaissance. Dans l'état dans lequel il était, mieux valait le garder conscient.
— Une simple potion ne suffirait pas, dit Tseng. Elle ferait même plus de mal que de bien. Quelqu'un a-t-il un Élixir ? Une magie de Soin 3 ?
Sa question fut accueillie par un murmure négatif quasi-général. Éléna eut envie de crier.
— J'en ai, dit alors Cloud. Un Élixir.
— Je peux te le prendre ? La Shinra te dédommagera au double.
— Ça ira, marmonna-t-il en sortant la fiole. Mais Reno a un service à me rendre.
— Tu peux compter dessus, Cloudy, fit faiblement Reno. Un rendu pour un... rendu...
Éléna arracha presque l'Élixir des mains de Cloud. C'était elle qui était chargée d'administrer les soins chez les Turks, quand ils avaient le temps et qu'elle était disponible. Le bouchon laissa échapper un bruit sec lorsqu'il fut tiré ; l'odeur douce-amère de la préparation envahit l'air. Elle s'approcha de Reno et lui fit un sourire un peu crispé.
— Ça te fera un mal de chien au début, dit-elle, mais tes mains iront mieux après.
Reno hocha la tête et tendit ses bras.

*

Cloud observa chacune des réactions de Reno sans détourner les yeux un seul instant. Il n'était pas dupe. Reno n'avait nullement été surpris par l'attaque du clone ; au contraire, il l'avait attendu en préparant sa technique. Le moindre de ses coups avait été délibéré et asséné dans le but de tuer. Il était impossible que le Turk se soit laissé aller sans pouvoir s'arrêter : Cloud l'avait assez vu à l'oeuvre pour savoir au moins ça. Toutes les fois où ils s'étaient affrontés, Reno avait été parfaitement maître de lui et de ses mouvements. Prêt à parer à toute éventualité ; qu'un clone l'ait pris de court était risible. Restait à savoir pourquoi il avait tant tenu à se débarrasser de lui au risque de perdre l'usage de ses mains. Un ordre de Tseng ? Il en doutait. Ce n'était pas son genre ; Tseng ne l'aurait pas chargé du sale boulot alors qu'il était présent. Ou était-ce une manoeuvre pour l'embrouiller ?
Il regarda en direction du cadavre. Il n'en restait plus grand-chose ; à peine un tas de charbon calciné. Cloud n'avait même pas eu le temps de voir son visage. Était-ce cela que Reno avait recherché ? Un anonymat total pour l'ennemi ?
En parlant de Reno, Cloud l'entendit pousser un joli bataillon de jurons colorés, dignes de Cid dans ses meilleurs jours.
— La portée de ton vocabulaire m'impressionnera toujours, dit une Martha livide qui épongeait son front humide avec un mouchoir sorti de sa poche. Tiens le coup, Reno. Encore un peu...
Une fumée rose s'échappa des mains du blessé. La chair se réassemblait peu à peu, la peau se reformait à vue d'oeil. Reno hurla encore durant trois bonnes minutes, le temps que ses mains redeviennent saines. Ses compagnons le soutenaient de leur mieux ; Rude semblait sur le point de le lâcher tellement les tremblements du corps de son ami étaient violents. Éléna avait le visage inondé de larmes.
Dans un dernier cri, Reno perdit connaissance.

*

Le retour se fit dans la confusion. Tseng préleva rapidement quelques échantillons et prit des notes, secondé par Éléna qui voyageait entre lui et le corps inanimé de Reno. Il lui fallait encore des soins et du repos, si possible dans un environnement plus favorable que celui-ci ; c'est pourquoi il fut décidé qu'ils ne resteraient pas longtemps. Rude se tenait aux côtés de son partenaire et le veillait d'un oeil jaloux ; Cloud sentit plus d'une fois son regard dans son dos. Ils restèrent encore une demi-heure, le temps de vérifier le reste du réacteur, de réunir toutes les informations nécessaires et de disposer des monstres qu'ils avaient rencontrés.
— Je vais revenir avec des hommes et faire sauter ce fichu endroit, affirma Barret. Marre d'avoir des problèmes avec. Plus de réacteur, plus de Mako, plus de fou qui vient squatter dans la région.
— Les fous continueront d'exister, réacteur Mako ou pas, chuchota Martha.
— Ouais mais au moins, ce sera pas à cause de ce réacteur.
La jeune femme brune secoua la tête.
— On ne sait même pas ce que cet homme faisait ici, dit-elle. À supposer que ce soit un homme ; vu ce qu'il en reste, c'est dur de savoir.
— Mouais. Bon débarras, pour ce que j'en dis.
— Je ne suis pas de cet avis, intervint Tseng. Nous avons perdu un témoin précieux. Il faudra que je pense à réduire le salaire de Reno ce mois-ci. Et à le mettre de corvée pour les deux mois qui vont suivre.
Éléna soupira, visiblement mécontente.
— C'est vrai qu'il a fait une gaffe, dit-elle d'une toute petite voix, mais il a assez payé...
Elle s'interrompit en voyant le visage blanc de Tseng, le tremblement nerveux de ses mains en tenant son carnet. Visiblement, il avait été aussi secoué à sa manière.
— On rentre, dit-il sans oser croiser le regard de la jeune femme. Je dois faire mon rapport à Rufus. Je mentionnerai l'erreur de Reno.
Cloud ricana. Il s'attendait à ce que Tseng couvre la regrettable « erreur » de Reno, bien entendu. Après tout, on disait bien que les Turks étaient une grande famille. Ce n'était même pas une faute surprenante de la part de cet imbécile roux ! Il préféra garder son opinion pour lui mais se demanda s'il était le seul à s'être rendu compte de la duperie. Tseng peut-être le savait, et Rude qui connaissait Reno depuis toujours... Avaient-ils seulement une idée de la raison pour laquelle il avait fait cela ou étaient-ils aussi dans le noir ? Il baissa les yeux vers le coupable. Reno semblait vraiment mal en point malgré la reconstruction réussie de ses mains ; son organisme devait être en état de choc. Ce n'était pas le moment pour l'interroger. Tant pis ; Cloud remit les questions à plus tard et s'efforça d'aider les autres à remettre de l'ordre. 

Cloud quitta Barret et Martha pour reprendre Fenrir qui l'attendait bien sagement auprès des ouvriers de la mine. Les Turks installèrent Reno à l'arrière de leur jeep, coincé sous les deux seules couvertures dont ils disposaient. Martha leur en fournit d'autres pour la route, ainsi que des vivres et une trousse de secours pleine à craquer. Barret les laissa partir avec la promesse de garder un oeil sur le réacteur et les personnes suspectes qui pourraient éventuellement revenir finir le boulot du clone. L'entente était à peine cordiale mais c'était déjà bien plus que ce que Cloud avait imaginé. C'est fou comme Barret pouvait se montrer conciliant quand une femme à laquelle il tenait était impliquée. Martha souhaita bonne chance à ses anciens camarades d'armes et s'en alla reprendre son travail à l'accueil du téléphérique.
Le voyage vers Costa Del Sol se passa dans le silence. Cloud tenait à les accompagner, puisque de toute façon son chemin était le même. Les Turks acceptèrent sa présence d'assez bonne grâce. Néanmoins, Rude semblait moins indifférent que les autres ; de temps en temps, son regard traînait vers lui, comme s'il cherchait à le jauger ou à attirer son attention... Cloud n'était pas sûr. La présence d'Éléna et de Tseng semblait le mettre mal à l'aise. Cloud se demanda s'il savait quelque chose au sujet de ce qui s'était passé.
Leur équipe improvisée atteignit le port sans trop de problème. Cloud s'était attendu à voir surgir un ennemi à chaque recoin de la route ; ses inquiétudes se trouvèrent infondées. Il avouait volontiers qu'il était devenu un peu paranoïaque depuis ses déboires avec le clan de Kadaj. La course-poursuite sur l'autoroute désaffectée de Midgar avait suffisamment éraflé Fenrir pour que Cloud passe un jour entier à essayer de réparer les dégâts. Il avait regretté, en voyant l'état de sa chère machine, de ne pas avoir malmené davantage les trois frères. Qu'ils aillent au diable, tous ces sales types qui voulaient transformer son bébé en épave ! Il leur ferait tâter de son épée !
Costa Del Sol était l'une de ces villes qui ne changeait guère avec le temps. Il y faisait toujours aussi chaud ; les habitants et les touristes étaient toujours aussi insouciants. Difficile de croire qu'ailleurs le monde se remettait lentement du chaos qu'avait provoqué Sephiroth. Cloud parqua Fenrir sur le parking de l'auberge et alla se chercher à boire tandis que Tseng allait se renseigner sur les horaires des bateaux. Éléna s'occupait de Reno et lui épongeait occasionnellement le front et les mains ; Rude lui donnait de l'eau par petites gorgées.
— Mauvaise nouvelle, fit Tseng en revenant du port. Il y a eu un incident avec le bateau pour Junon, il ne pourra pas partir avant demain.
— Hein ? Et Reno ? marmonna Éléna.
— Son état m'a l'air de s'être stabilisé. On peut l'amener au docteur de la ville, ils doivent sûrement en avoir un ici, non ? Il faudra aussi prendre une chambre.
— On ne peut pas appeler Rufus pour qu'il nous envoie un hélicoptère ? demanda Rude.
— On pourrait, bien sûr. Seulement, la traversée risque d'être longue et à part Reno, aucun d'entre nous n'a vraiment les compétences requises pour en piloter un.
Cloud revint à ce moment avec un pack de bières à la main. Il en proposa une à Rude, afin d'accuser le coup et lui rappeler qu'il était de leur côté dans cette affaire, en quelque sorte. Rude déclina l'offre d'un geste et s'adressa de nouveau à Tseng.
— Et Rod ? Il avait un permis pour avions, si je me souviens bien.
— Ce n'est pas vraiment la même chose, dit Tseng. Et puis de toute façon, tu le vois piloter un hélicoptère de trois tonnes avec son bras en moins ?
Cloud haussa un sourcil. Rod ? C'était la première fois qu'il entendait ce nom. Rufus avait-il une nouvelle recrue dans les rangs de ses fidèles Turks ? En parlant de Rufus...
— Comment ça se fait que vous soyez là tous les quatre ? demanda-t-il suffisamment fort pour qu'ils l'entendent tous. Personne pour garder Rufus ?
— Ça va aller, dit Éléna sans réfléchir, il y a Rod et Alicia...
— Éléna !
Tseng darda sur elle ses yeux sévères ; la jeune femme poussa un cri étouffé et se plaqua les mains sur la bouche.
— J'ai rien dit !
Trop tard ; Cloud avait entendu.
— Vous recrutez d'autres Turks ? fit-il, incrédule.
Tseng secoua la tête.
— Techniquement, Rod et Alicia faisaient partie de notre organisation bien avant que Sephiroth ne détruise la Shinra, dit-il sur un ton ferme. Certaines... circonstances les avaient fait quitter nos rangs, mais ils sont revenus sans se plaindre lorsque Rufus leur a proposé la place.
— Et puis quoi encore ? Ce sera quoi, après ? L'emploi des enfants ? Vous allez recruter auprès des orphelins ?
— Pas du tout, argua Tseng. Tu savais que nous voulions reformer la Shinra, Cloud. Et cela passe par l'augmentation des effectifs des hommes fidèles à Rufus. Des hommes capables du meilleur comme du pire, afin de permettre l'avènement d'un âge nouveau.
— Les Turks, dit Cloud sur un ton amer. Et vous comptez reprendre le monopole de la planète, c'est ça ? Faire comme si tout ce qui s'était passé avec Sephiroth n'avait jamais existé ?
— Nous n'avons jamais dit ça. Rufus a tiré un enseignement des erreurs passées et compte bien ne pas les refaire. Il est...
— C'est mal parti, si vous voulez mon avis, le coupa Cloud en prenant une pose agressive. Et je ne te crois pas quand tu dis que vous ne voulez plus prendre le monopole. Les Turks... je n'aurais jamais dû vous faire confiance !
Tseng soupira.
— C'est pourtant bien regrettable, dit-il d'un air las. Nous sommes pleins de bonne volonté, je t'assure, mais personne ne veut nous laisser le bénéfice du doute. C'est pour cela que je n'ai pas voulu que tu saches encore, pour Rod et Alicia.
— Tu dois nous croire, Cloud ! s'écria Éléna en venant au secours de Tseng. Nous ne voulons que le bien de tous ! Pour que les humains puissent vivre dans la dignité ! Nous oeuvrons pour l'humanité !
Cloud secoua la tête.
— Et la planète dans tout ça ?
— On y pense aussi ! continua Éléna. Nous ne sommes pas stupides, nous avons bien vu qu'il faudra trouver un compromis. Vraiment !
— Éléna a raison, dit Tseng. L'humanité est en plein désarroi, elle a besoin d'un chef digne de ce nom pour lui apporter stabilité et prospérité. Nous pensons que Rufus est cet homme.
Cloud grogna.
— Vous m'en direz tant.
— Tu as le droit de penser ce que tu veux, pourtant nous pensons... non, nous savons que Rufus est ce qu'il faut à cette planète. Nous sommes prêts à faire ce qu'il faut pour le soutenir.
Cloud banda les muscles et commença à dégainer à moitié son épée.
— Y compris vous battre contre moi ?
Éléna dégaina immédiatement son arme et la pointa sur Cloud, le visage sévère. Rude se mit en garde devant le corps de Reno. Seul, Tseng n'avait pas réagi à la menace du bretteur. Il s'interposa entre les deux groupes et hurla.
— Ça suffit ! Êtes-vous fous, tous ? Ce n'est pas le moment de nous battre !
— Dans ce cas, intervint Cloud, prouvez-moi un peu mieux que vous avez changé ! Donnez-moi une bonne raison de croire que vous ne voulez que le bien de la planète, et on en reparlera.
— Je l'ai fait, protesta Tseng. Je t'ai donné toutes les informations dont je disposais et je t'ai parlé du plan de Rufus. Si ce n'est pas assez...
— Vraiment toutes ? ricana Cloud.
— Que veux-tu dire ?
— Tu le sais parfaitement. Reno...
Tseng secoua la tête, visiblement confus.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Pas de ça avec moi.
Tseng fit mine de s'énerver. Cloud le regarda avec mépris, la main toujours posée sur la garde de son épée qui brilla au soleil. Rude s'était relevé et paraissait perplexe.
— C'en est trop, dit Tseng avec une pointe de menace dans la voix. Tu n'insinues pas que Reno est un traître, n'est-ce pas ?
— Je n'ai absolument rien laissé entendre, dit Cloud sur un ton triomphal. Si tu en déduis que Reno est coupable de ce crime, c'est peut-être le cas, non ?
— Espèce de...
Rude fit alors un pas en avant, les yeux fixés sur Cloud. Tseng s'étonna de son geste ; Éléna était dans la confusion la plus totale.
— J'ai un truc à dire. Sur Reno.
Ses deux associés se tournèrent vers lui, surpris. Cloud ricana. Enfin !
— Rude ! s'écria Tseng en lui agrippant le bras. Je peux savoir ce que tu fais ?
— Il le faut, Tseng, dit calmement son subordonné. Reno a besoin d'aide et Cloud est peut-être celui qu'il nous faut. Et Rufus n'a-t-il pas assez répété qu'on avait besoin de lui ?
— Mais...
Tseng soupira, parut y réfléchir, fit les cent pas en à peine quelques secondes. Quand il se tourna enfin vers Rude, ses yeux étaient durs et l'espace d'un instant, Cloud crut qu'il allait lui sauter à la gorge.
— D'accord, dit-il en balayant du regard les rues de la ville, mais pas ici. Éléna, va nous chercher une chambre.
— Bi... bien, bégaya-t-elle en se précipitant en direction de l'unique hôtel de la ville.
Cloud put voir qu'elle avait les yeux humides. Tseng soupira et fit signe à Rude de l'aider à transporter Reno. Leur différend était apparemment remis à plus tard, le temps qu'ils soient un peu mieux installés. Cloud ne trouva rien à y redire.
Dix minutes plus tard, ils se trouvaient tous dans le confortable hôtel de Costa Del Sol. Les Turks occupaient la plus grande chambre, avec quatre lits moelleux aux quatre coins de la pièce. Reno fut couché dans le meilleur. Éléna badigeonna ses mains d'un baume apaisant et les recouvrit de bandages pour que la peau sensible ne frotte pas trop sur les draps. Voir l'exubérant Reno gisant ainsi dans un lit, pâle et sans force, était une chose étrange pour Cloud.
— Crache le morceau, Rude, dit Cloud lorsque tout fut réglé.
— C'est compliqué.
Tseng fronça les sourcils.
— Rude, j'espère que tu ne veux pas révéler quelque chose de confidentiel. Même si Cloud est notre allié, nous autres Turks...
— Ça l'est pour Reno, mais pas vraiment pour les Turks. Il va m'en vouloir quand il saura que je vous ai dit, mais c'est nécessaire. Je crois.
— Alors ?
Rude se tourna vers Cloud.
— Qu'est-ce que tu sais des conditions de recrutement des Turks ?
S'il fut surpris, Cloud n'en laissa rien paraître. Il rassembla ses souvenirs.
— Il faut certaines... aptitudes, je crois. Vous passez un test. Seul un Turk peut recruter un autre Turk.
— C'est ça, dit Rude en hochant la tête. Et on ne devient pas Turk à la légère, même si des fois on peut laisser penser le contraire. On rejoint une grande famille.
— Ça, je le sais déjà, grogna Cloud.
— Par exemple, continua Rude sans faire attention à l'interruption, on perd son nom de famille. On n'est plus que Reno ou Rude des Turks. C'est la règle.
— Et ? intervint Tseng. Je ne vois pas où tu veux en venir, Rude. Je sais moi-même tout ça. J'ai tous vos dossiers, tu te souviens ? Tu n'as rien à m'apprendre.
— Le nom de Reno ?
— Sanders.
— Faux.
Tseng le fixa avec des yeux ronds.
— Faux ?
— Ouais. Sanders est le nom de sa famille d'adoption. Je l'ai découvert en parlant avec sa mère, Fiona. Reno est arrivé dans leur famille à l'âge de dix ans.
— Quelle importance ? aboya Cloud.
— Avant, continua Rude en évitant le regard de ses camarades, il s'appelait Nevada. Reno Nevada.

 
Quand Reno se réveilla enfin, il faisait déjà presque nuit. Il leva la main en direction de son visage : elle était recouverte de bandages. Il avait un mal de crâne horrible et la gorge aussi sèche qu'un canyon en été.
Des draps blancs, quatre lits, un décor agréable à l'oeil : il se trouvait dans une chambre d'hôtel. Et s'il en croyait la chaleur torrentielle qui régnait, c'était celui de Costa Del Sol. Comment était-il arrivé là ? Ses derniers souvenirs le ramenaient au réacteur 27 de Corel, juste après qu'il eut éliminé le clone dissident. Le reste était flou : ses blessures, les soins administrés par Éléna, la poigne de Rude dans son dos. Le regard de Cloud posé sur lui.
Il chercha rapidement dans sa poche, ignorant les élancements de sa main. Elle ne trouva que du vide. La lettre avait disparu !
— C'est ça que tu cherches ? fit une voix sombre à sa gauche.
Cloud sortit de l'ombre. Dans sa paume, la lettre froissée de Carson. Les yeux de Reno s'agrandirent d'effroi tandis que l'ex-SOLDAT se rapprochait de lui.
— Tu m'as fouillé ! hurla-t-il. De quel droit t'as fait ça ?
— Et toi, de quel droit oses-tu trahir les tiens ? De quel droit t'allies-tu à un homme tel que Carson Nevada ?
Reno secoua la tête, paniqué.
— Tu ne comprends pas !
— Je comprends très bien, Reno. Tu as voulu défendre ton oncle, et c'est tout à ton honneur. Mais en mettant la vie de tes amis en danger ? En trahissant la planète ? Si ça se trouve, Carson est manipulé par Sephiroth !
— Je sais ! J'étais là, tu te rappelles ? fit-il, frustré.
— Alors pourquoi ? Lui es-tu fidèle au point de perdre l'usage de tes mains ?
— Elles vont bien, ok ? s'écria le Turk en les brandissant devant lui. Comme neuves !
— Là n'est pas la question ! Aah, tu m'énerves !
— Pareil ! Arrête de gueuler !
— Je ne gueule pas ! C'est toi qui gueule !
Reno détourna la tête, exaspéré. Cloud se pencha sur lui et posa ses mains de part et d'autre de sa tête ; son visage était si proche qu'il aurait pu l'embrasser s'il l'avait voulu. Ou le tuer.
— Que vas-tu faire, maintenant ? Tes amis sont au courant. Ils attendent ta réponse.
Que faire, vraiment ? Reno baissa les yeux.
— Tu as lu toute la lettre ?
— Oui.
Cloud s'éloigna de lui et il put respirer à son aise. Dépliant le morceau de papier d'un geste précis, il lut le contenu du message à voix haute.
— « C'est Carson. Un clone a échappé à mon contrôle et se trouve à Corel. J'aimerais que tu t'en débarrasses pour moi. Avec tout mon amour, Ton oncle chéri. » Plutôt explicite, si tu veux mon avis.
— Ouais, je sais. Il n'a jamais été très fan des codes.
Cloud ricana.
— J'imagine.
— Pourquoi est-ce que c'est toi qui m'interroge ? Pourquoi pas Tseng ?
— Il ne voulait pas, dit simplement Cloud. Et j'étais volontaire.
— Je suppose que ça doit te faire plaisir, hein ? Me torturer après tout ce que je t'ai fait subir ?
— Ai-je jamais dit ça ? chuchota son interlocuteur.
— C'est évident. Tu l'as dit toi-même, je t'énerve. Tu voudrais me voir mort.
— Reno, si je voulais vraiment ta mort, tu ne serais plus là pour te plaindre à l'heure qu'il est.
Il ricana.
— Je ne te crois pas.
— Ah oui ? Tu as la mémoire courte. Tu ne te souviens pas de toutes ces fois où tu es venu nous faire chier avec Rude et Éléna, et où on vous a quand même laissé partir après vous avoir foutu la raclée ? Et on était moins proches à l'époque.
— Vous aviez eu du bol. Rude était crevé ce jour-là. Ou Éléna avait ses ragnagnas.
Cloud éclata brusquement de rire.
— N'importe quoi ! T'es vraiment de mauvaise foi !
— Moi, je suis de mauvaise foi ? fit un Reno incrédule. Et c'est qui qui passe son temps à dire qu'il ne mérite pas d'être pardonné, qu'il n'est qu'une pauvre merde alors qu'il a tué Sephiroth un nombre incalculable de fois ?
— Ce n'est pas pareil ! C'est même complètement différent !
— Ouais, ben je vois pas. Gnagnagna, je suis faible, gnagnagna, j'ai tué pleins de gens, gnagnagna, Aerith est morte à cause de moi. Et moi, qu'est-ce que je devrais dire, hein ? Parce que les gens du secteur 7, c'est de la gnognotte sans importance, peut-être ? Loser.
Le visage de Cloud prit une teinte cireuse. Reno ricana ; il avait enfin réussi à lui clouer le bec. Et il avait seulement suffi pour cela qu'il mentionne tous les morts qu'il avait sur la conscience et tous les crimes qu'il avait commis dans le passé contre des innocents.
Bien joué, Reno. Vraiment très malin.
— Je dis pas que j'en suis fier, continua-t-il dans un soupir, mais c'était un ordre d'un supérieur et en tant que Turk, je devais obéir. Éléna aurait été à ma place, elle aurait agi de même. Quoique, je préfère quand même que ce soit moi, en fin de compte. La pauvre fille est trop sensible pour ce genre de boulot. Et Rude a encore quelques principes sous sa carapace de gros bourru.
Cloud fit une grimace de dégoût.
— En clair, c'est une chance qu'on t'ait attribué ce boulot plutôt qu'à un autre, parce que toi tu as obéi sans réfléchir ?
— Non, c'est une chance parce que je m'en fous, d'être haï jusqu'à la fin de mes jours. L'opinion des braves gens de Midgar, je m'en balance. Ma conscience, je peux la foutre aux chiottes quand je veux. Pas Éléna ou Rude. Et certainement pas Tseng, même s'il ne l'admettra jamais.
Cloud se tut. Reno s'en voulut d'avoir révélé autant de choses sur un coup de tête. Quel besoin avait ce type de savoir ? Tout son discours sur le pardon et le rachat par les actes n'était qu'hypocrisie habilement dissimulée sous des couches de cuir et de gel. Cloud Strife n'était qu'un menteur et un lâche qu'il fallait pousser pour qu'il puisse accomplir les grandes choses auxquelles il était destiné. Il avait la mort d'êtres chers sur la conscience ? La bonne blague. Reno aurait voulu avoir de son côté ne serait-ce que la moitié des personnes chères qui s'étaient sacrifiées pour lui. Sans parler de celles qui restaient et qui croyaient en Cloud, qui savaient qui il était et de quoi il était capable même si lui en doutait quelquefois.
— Oh et puis merde, s'exclama-t-il en se remettant sous les draps. Tu m'énerves, je me recouche, bonne nuit.
Étrangement, Cloud ne protesta pas et l'interrogatoire se termina là. Une minute plus tard, des pas lourds s'éloignant du lit et le bruit d'une porte qui se refermait annonça à Reno que Cloud s'en allait.
Il ne savait pas s'il devait en être soulagé ou mortifié.
 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>