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Les chiens n'élèvent pas des chats
Par Aleksa
Harry Potter  -  Fantaisie/Fantastique  -  fr
8 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Chapitre 02 - Le rêve

Comme à tous les grands banquets de début d’année, la joie était au rendez-vous pour la plupart des convives. L’apparition des détraqueurs dans le train avait laissé quelques séquelles à deux ou trois d’entre eux, mais rien de majeur. Des visages pâles, de faibles tremblements éparses, une voix un peu plus aigüe qu'à l'habitude, vraiment rien qui sorte de l'ordinaire. Les sourires sincères et joyeux venaient camoufler tout cela. Elle avait entendu, par Ginny la sœur cadette des jumeaux, que le grand Harry Potter était tombé dans les vapes quand l’une de ses immondes créatures s’était pointée dans leur compartiment. Un peu comme elle, couvert de sueur, blanc comme un drap, il semblait un peu ébranlé, assis entre Ron et Hermione, à l’autre bout de la table des Griffondors. Bien que tous connaissent ce garçon pour ses réactions étranges et comportements particuliers, cela la rassura un peu : elle n’avait donc pas été la seule à se sentir très mal à l’approche de cette infâme créature aux pouvoirs assez étranges. Du moins, elle, elle était restée consciente, beaucoup moins humiliant. Elle n’avait pas à subir les railleries des Serpentard qui s’en donnaient en cœur joie pour imiter Harry perdant connaissance depuis leur table. Le jeune Drago Malefoy semblait y mettre encore plus d’ardeur que ses compagnons, frôlant le pitoyable.

Le choixpeau fut amené et placé sur le traditionnel petit banc à quatre pattes où les nouveaux allaient devoir s’asseoir et se voir répartis entre les quatre différentes maisons de l’école. Soit les Gryffondors, comme Aleksa et les frères Weasley, où les forts et courageux trouvaient leur place. Ou encore l’une des autres; c’est-à-dire,Serpentard pour les esprits un peu malins et roublards, ceux qui préfèrent passer par la fourberie et les tours de passe-passe plutôt que par d’autres moyens plus honnêtes. Serdaigle, la maison parfaite pour les plus érudits et sages, les gens qui aiment passer du temps le nez dans les livres à parfaire leur apprentissage. Et le dernier choix : Poufsouffles pour ceux qui aiment le travail, prônant la justice et la loyauté. C’était toujours un plaisir pour Aleksa de regarder s’avancer les jeunes, le regard apeuré, vers ce chapeau enchanté qui était doté d’un cerveau invisible. La démarche incertaine, franchissant chaque pas comme s’il s’agissait de leur dernier, comme elle l’avait fait quelques années auparavant.

Elle se rappelait avoir été en proie à un stress incontrôlable qui l’avait mené au bord de la nausée, comme presque tous ceux de son année. Elle qui était d’habituel si timide, elle devait s’exhiber devant tout une foule d’élèves qui n’avaient d’yeux que pour elle. Les deux seules personnes qui semblaient prendre la situation relaxe, c’était les jumeaux et ce n’était pas surprenant quand on savait qu’ils avaient trois frères aînés qui étaient déjà passés par Poudlard avant eux.

Un coup cette répartition terminée, Dumbledore fit son traditionnel discourt de bienvenue, ramenant Aleksa hors de ses pensées. Il enchaîna avec une nouvelle qui fut accueillie avec animosité de la part des étudiants : les détraqueurs allaient monter la garde autour de l’école jusqu’à la capture du dangereux Sirius Black. L’idée que ses créatures hideuses allaient patrouiller tout le tour du château pendant qu’elle dormait, les deux yeux fermés, ne la rassurait pas du tout. Cela semblait même ne pas plaire au directeur lui-même.

Ce Sirius devait être un criminel terrible pour que tant de précautions soient mises en place. Elle ne savait pas grand-chose de lui à part ce qu’elle avait lu dans la Gazette du sorcier, ce qui était bien peu à ses yeux. Un assassin qui avait été enfermé pendant plus de douze ans dans l’immonde prison des sorciers. Un homme qui, aux sous-entendus peux subtiles de la Gazette, aurait commis beaucoup plus d’un meurtre et de manière tout à fait atroce. Oui, mais comment ? Dans quelles circonstances ? Pourquoi ? Tout ça, personne ne l’expliquait parmi les employés du journal. Ce devait encore avoir un lien avec Harry. Tout revenait toujours à lui, rien d’inhabituel quand elle y pensait bien. Quand on protégeait quelque chose ou quelqu’un, c’était toujours prioritairement lui ou pour lui. À moins que Black eût été un tueur d’enfants avant son emprisonnement.

Après cette annonce, elle apprit que l’homme qui l’avait sauvée des griffes du détraqueur dans le train allait être l’un de ses professeurs : Remus Lupin. Aussi que le garde-chasse de la place prendrait le poste de professeur aux soins des créatures magiques. Aux vues de son attitude bourrue et de ses manières rudimentaires, elle se demanda sincèrement s’il allait réellement être en mesure d’accomplir une telle tâche. Finalement, le directeur de l’établissement leva les bras et laissa enfin tomber :
— Je crois vous avoir dit l’essentiel. Que le festin commence!
Sur la table apparut alors tout un tas de nourriture diverse. Des plats différents et tous plus succulents les uns que les autres. La jeune femme aurait souhaité qu’il y ait quinze ans d’études juste pour pouvoir profiter encore longtemps de ces banquets somptueux.
— Il m’a vraiment l’air d’un fou furieux ce bonhomme, s’exclama Aleksa en repensant à Black. Vous en savez quoi sur lui, les gars? Demanda-t-elle alors que Dumbledore s’assoyait, laissant enfin les élèves s’affairer à raconter leurs vacances aux amis tout en pigeant dans leur assiette pleine.
— C’est un vieux d’un certain âge, il a l’habitude de débiter n’importe quoi, mais il n’en reste pas moins le meilleur directeur que cette école ait connu. Je n’irais certainement pas jusqu’à le décrire comme étant un fou furieux. Ça non! cita George ne comprenant pas tout à fait son allusion.
— Mais non gros bêta, je ne te parle pas de Dumbledore. Après quatre années passées ici, tu ne crois pas que je commence à savoir qui il est?
— Bon, alors pour Lupin, pas plus que toi, mais il a l’air plutôt bien. C’est quand même lui qui t’a aidé contre ce détraqueur.
Elle s’envoya une claque en plein front : découragement total.
— Pas de lui non plus. Et ne me parle pas de Hagrid, mais de Sirius Black.
— Toi, tu es plus bête qu’un troll parfois! ajouta son frangin en éclatant de rire.
— Ah là, il aurait fallu spécifier dès le départ, lança George en s’esclaffant, du tout gêné de sa bourbe. Pour celui-là, c’est une autre histoire. À ce qu’on dit, il aurait tué bien des gens à lui seul et d’un seul sort. Il aurait été le bras droit de tu-sais-qui avant d’être pris sur la plus triste scène de crime que le ministère ait vue.
— Ce n’était vraiment pas beau à voir d’après ce que papa nous a raconté, renchérit Fred en prenant une immense bouchée de pâté.
— Il est le plus redouté de tous les disciples de tu-sais-qui, chuchota Lee.
— Ce qui n’explique pas toutes ces précautions autour de l’école. Pourquoi en mettre autant ici alors qu’il n’est pas du tout dans le coin? Il serait un peu bête de venir à l’école alors qu’il y a un million de professeurs prêts à le réexpédier d’où il vient.
— Je crois que ça un rapport avec Harry, ajouta Fred à voix très basse pour être certain que personne d’autre n’entende. J’ai entendu papa en faire allusion à maman en descendant les escaliers pour prendre mon petit déjeuner, il doit y avoir une semaine de ça environ. Je ne peux pas t’en dire plus, ils ont arrêté la conversation aussitôt que j’ai mis les pieds dans la cuisine.
— C’est ce que je pensais! s'exclama Aleksa d’un air las.
Elle leva les yeux au ciel : tout tournait continuellement autour de ce garçon, ça en devenait lassant. Elle approcha une immense assiette de pommes de terre en purée et s’en servie une bonne part qu’elle recouvrit de sauce onctueuse.
— Des saucisses, lui demanda George en lui présentant le plat. Je ne sais pas exactement ce qu’il a contre Potter. Il croit peut-être que le tuer ramènerait le seigneur des ténèbres et il pourrait reprendre son règne sans encombre, continua-t-il.
— Il faut être sacrement futé ou bien fou à lier pour réussir à sortir d’Azkaban. Personne ne l’avait fait avant lui. C’était, jusqu’à son évasion, impossible. D’ailleurs, ils ne savent toujours pas comment il a pu le faire. C’est ce qui fait le plus peur dans cette histoire, finit Fred avant d’engloutir le reste de son jus de citrouille d'un trait.
— Tout le monde croit que tu-sais-qui pourrait être derrière tout ça. C’est le pourquoi de la panique totale au sein de la communauté des sorciers.
Effectivement, il y avait de quoi faire peur. Sauf qu’elle-même n’avait pas vraiment de danger à courir. Bien sûr, Sirius Black n’allait très certainement pas faire attention de lui épargner si elle se trouvait entre lui et Potter, mais en dehors de cette minime possibilité, elle n’avait rien à craindre. C’est le pauvre jeune homme scarifié qui devait mourir de trouille. Déjà qu’il devait être hanté pas le retour possible de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.
- Il n’avait pas la vie facile celui-là. Chuchota la jeune femme pour elle-même en mordant à belles dents dans l’une des saucisses.

Le repas se passa dans la convivialité. Quand elle se fut rempli l’estomac, Aleksa se sentit déjà beaucoup mieux. Le dessert ne fut qu’une gourmandise tellement elle avait déjà mangé. Mais comment s’empêcher de se servir quand les délicieux fumets de toutes les tartes et gâteaux possibles viennent vous chatouiller les narines et titiller votre appétit pourtant déjà assouvi. Elle laissa finalement tomber son impression de vide remplacée par celle si caractéristique de la fatigue. Justement, le directeur venait de se lever pour annoncer la fin du banquet. La jeune femme, qui n’avait pas parlé ou presque de tout le repas après la fin de leur conversation à propos de Black, suivit les jumeaux jusqu’à la salle commune des gryffondors. Il y avait déjà quelques élèves qui profitaient d’un bon feu de foyer bien calés dans les meilleurs fauteuils de la pièce ronde et chaleureuse.
— Une partie d’échec version sorcier avant d’aller nous coucher? demanda soudain George à la jeune femme.
— Ah, heu non. Désolée, je préfère passer immédiatement au dortoir. On se reprend demain soir si tu veux?
— Oui, il n’y a pas de mal, lui dit-il en souriant.
Elle lui répondit par un signe de la main et continua son chemin vers le dortoir des filles où elle tomba sur Angélina et Alicia, deux des joueuses de l’équipe de Quidditch et de la même année qu’elle. Elles discutaient avec agitation de la séance de sélection de l’équipe qui allait très bientôt avoir lieu. La jeune femme, nullement intéressée, ouvrit les rideaux de son lit et y découvrit son furet lové au pied profondément endormi. Il était le seul animal du dortoir des filles de cinquième année. L'un des seuls animaux à griffondor en fait. Quoi qu'un petit nouveau s'était ajouté cette année, un horrible boule de poils roux, au nez affreusement écrasé et aux yeux hargneux : Pattenrond appartenant à la miss-je-sais-tout de troisième. Sans demander son reste, elle tira les rideaux rouges de son lit à baldaquin, enfila son pyjama et se glissa sous les couvertures toutes chaudes. C’était bon d’être de retour à l’école malgré les cours ennuyeux qui l’attendaient.

Elle s’allongea sur le dos, les mains derrière la nuque et ferma les yeux. Elle se laissa doucement porter dans ses pensées, là où les doux souvenirs de ces premières années ici, dans cette école, la bercèrent. La jeune femme se rappelait encore son premier voyage par le Poudlard Express. À peine décrochée des bras de ses parents, elle s’était retrouvée seule dans un compartiment de train qui lui avait paru si grand et austère. C’est à ce moment-là que deux frimousses rousses s’étaient pointées et lui avaient demandé si la place était libre. Contente de se retrouvée avec de la compagnie, elle avait immédiatement dit oui. Depuis ce jour, Fred et George Weasley étaient les meilleurs amis qu’elle possédait.

Elle s’endormit rapidement, laissant le monde des rêves prendre la place de ses souvenirs. Et se fut des songes plutôt brouillons qui se présentèrent en premier lieu. Puis... Elle marchait dans un champ. Rien de bien spécial. Elle se promenait là au clair de lune à peine voilée par deux ou trois nues diaphanes. Le ciel était parsemé d’étoiles scintillantes et l’air était chaud. Une belle nuit d'été! La jeune femme souriait à pleines dents sans trop savoir pourquoi. Elle se sentait tout simplement heureuse, comme si elle était dans un état de bien-être total. Elle tournoyait sur elle-même, faisant valser sa longue chevelure d’ébène autour de son visage fin et pâle, laissant ses doigts effleurer la tête du blé à maturité qui recouvrait entièrement ce domaine. Ses yeux tout aussi foncés semblaient pourtant briller de mille feux à la lumière de la pleine lune. Une robe blanche, très légère, épousait son corps, entraînée par la brise fraîche.

Un craquement sinistre, sec, se fit alors entendre, cassant le rythme feutré de la belle nuit. Elle arrêta soudainement de danser, regardant tout autour afin de trouver ce qui venait de briser la quiétude. Ses yeux fouillaient l’obscurité : rien! Pourtant, elle se sentait épiée, observée, ses moindres gestes suivis. L’air devint alors froid, d’un seul coup. La lune se voila derrière des nuages lourds de pluie et le vent s’éleva furieusement. Ses cheveux ne se balançaient plus, ils lui fouettaient inlassablement le visage. Sa robe se soulevait et elle se mit à grelotter de froid. Une buée sortait de sa bouche à chaque expiration.


Un grognement sourd et rauque s’éleva des hautes herbes. Elle avait beau essayer, mais elle n’arrivait pas à voir ce qui produisait ce son plutôt inquiétant. Ce qui était maintenant sûr, c’était qu’elle n’était pas seule et belle et bien observée par une quelconque créature. Des yeux jaunes, mauvais, apparurent au milieu de nulle part. Prenant peur, la jeune femme se mit à courir en sens inverse, tentant de fuir cette bête. Tout son être lui criait de déguerpir au plus vite, mais impossible. Du haut de ses quatre longues pattes, la bestiole la rattrapa en moins de deux. La pluie se mit de la partie et rendait le sol boueux, difficile à courir. Impossible pour elle d’avancer aussi vite qu’elle le voulait et l’inévitable se produisit. L’animal lui sauta dans le dos pour lui faire perdre l’équilibre. Elle se retrouva donc à plat ventre sur le sol, face dans la boue et à la merci de la créature. L’odeur de l’herbe et de la terre lui envahit les narines, rendant le songe troublant de vérité. Elle se retourna péniblement pour faire face à cette bête aux yeux jaunes et globuleux. Elle lâcha un grand cri qui eut pour effet de la sortir de son sommeil en sursaut. Elle était trempée de sueur, la respiration saccadée, comme si elle venait de courir pour de vrai.
— Ça va Aleksa? entendit-elle quelque part un peu plus loin.
— Oui Angie. Je… je vais bien.
— Tu es certaine, on t’a entendu crier, demanda Alicia de l’autre côté du rideau.
— Oui, pas de problèmes les filles. Ce n’était qu’un cauchemar. Je suis désolée de vous avoir réveillées.
Elle se retourna sous les couvertures et fit semblant de se rendormir, mais ses yeux restèrent très longtemps grands ouverts.

Les yeux de la créature de son rêve la hantaient encore le lendemain au petit déjeuner.
— Dis donc, tu es sure que ça va, tu es d’une pâleur?
— Oui, n’avait-elle cesse de répéter à toutes les personnes qui lui faisaient remarquer sa mine épouvantable. J’ai simplement mal dormi.
— Et ce n’est pas avec notre premier cours que ton humeur va s’arranger, blagua George en prenant place à sa gauche, le bras déjà étiré vers les rôties.
— Potions! ajouta Fred qui prenait sa droite, juste en face d’Angélina.
— Ah joie! s’exclama Aleksa en sachant très bien qu’il avait raison. Je me demande comment se sont passées les vacances de ce cher Rogue.
— J’espère qu’elles ont été horribles, répondit George.
— Et même pire, en rajouta Fred.
— Et moi, je ne l’espère pas. Sinon, c’est encore nous qui allons écoper, argua Alicia avec sagesse.
— Qui sait, peut-être a-t-il rencontré l’amour et qu’il va être un peu moins aigri.
— Non, mais là tu rêves, Angie! Qui voudrait d’un homme pareil? Tu as vu ses cheveux et puis son gros nez de corbeau? argua Fred.
— Et après, on dira que se sont les filles qui sont superficielles, ironisa Aleksa.
— Ne me dis pas qu’il te plait, par pitié.
L’adolescente leva les yeux vers la table des professeurs, là où se trouvait l’objet de leur conversation. Severus Rogue, à priori, n’avait vraiment rien pour plaire à quiconque. Des cheveux noirs, sales, gras et sans éclat, lui tombaient mollement sur les épaules. Un regard tout aussi foncé, vide et froid. Un long nez épais et un peu crochu, un teint cireux et un caractère de cochon. Tout ça sans parler de l'aura de terreur qu’il dégageait.
— Non, il ne me plait pas. Je ne faisais que remarquer la superficialité de ta remarque.
— Nous devrions y aller, dit-elle devant l’expression muette de son camarade. Sinon, il va devenir encore moins attirant. Je ne trouve pas très séduisant de recevoir des retenues, encore moins lors de ma première journée. Je préfère être à l’heure pour les éviter si je le peux.
Le jeune homme regarda sa montre et se rendit compte qu’il ne leur restait plus beaucoup de temps avant le début des cours.
— Tu as raison, dit-il en la suivant une toast à la main, rapidement imiter par son jumeau, Angie et Alicia.

- 3125 mots

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- Aleksa

- Dernière M-à-J : 07-01-12

 

 
 
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