manyfics
     
 
Introduction Les news
Les règles Flux RSS
La Faq Concours
Résultats ManyChat
Plume & Crayon BetaLecture
Nous aider Les crédits
 
     

     
 
Par date
 
Par auteurs
 
Par catégories
Animés/Manga Comics
Crossover Dessins-Animés
Films Jeux
Livres Musiques
Originales Pèle-Mèle
Série ~ Concours ~
~Défis~ ~Manyfics~
 
Par genres
Action/Aventure Amitié
Angoisse Bisounours
Conte Drame
Erotique Fantaisie
Fantastique Général
Horreur Humour
Mystère Parodie
Poésie Romance
S-F Surnaturel
Suspense Tragédie
 
Au hasard
 
     

     
 
au 31 Mai 21 :
23295 comptes dont 1309 auteurs
pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Prince of Darkness
Par Lerena
Harry Potter  -  Humour/Drame  -  fr
18 chapitres - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 13     Les chapitres     5 Reviews     Illustration    
Partager sur : Facebook | Twitter | Reddit | Tumblr | Blogger
Chapitre 13

Cela faisait maintenant une semaine que Venceslas avait élu domicile chez la famille Weasley. Le cadre était chaleureux, Molly s'occupait bien de lui, tout comme Arthur, et Ginevra, la petite dernière qui n'avait pas encore l'âge d'aller à Poudlard, s'était montrée gentille, quoiqu'en retrait. Mais rien n'avançait. Au désespoir de tous, notamment du Professeur Rogue, qui prenait régulièrement de ses nouvelles, Venceslas stagnait, demeurant dans un état hagard, plongé dans un monde qui n'appartenait qu'à lui. Il ne restait jamais seul, accompagnant Molly durant la journée, mais, pourtant, pas un membre de la famille Weasley n'était parvenu à établir un contact durable avec lui. De temps en temps, le jeune garçon manifestait de l'intérêt au monde qui l'entourait, lorsque la goule qui habitait le Terrier se faisait entendre ou lorsque Molly l'invitait à « l'aider » à confectionner quelques petits plats. L'odeur douce et la voix amicale de Mrs Weasley parvenaient à le tirer de son monde intérieur et son regard semblait plus éveillé, quand bien même était-il toujours incapable de prononcer le moindre mot ou d'émettre un son. Il demeurait muet, sa voix semblant coincée au fond de sa gorge serrée.
Aujourd'hui, Venceslas semblait n'avoir rien envie de faire. Il était demeuré dans la chambre qui lui avait été assignée et pas une des paroles de Molly n'étaient parvenues à attirer son attention et à le convaincre de se lever et de la rejoindre. En lieu et place de cela, il préférait rester immobile, assis dans un coin de la chambre, son pouce rivé entre ses lèvres qu'il gardait constamment serrées. Molly n'osait pas le toucher. Lorsqu'il se trouvait dans cet état, il pouvait réagir extrêmement mal au moindre contact et ne se rappelait que trop ce premier jour où ils s'étaient rencontrés et où elle avait tenté de l'attirer dans un câlin, comme elle avait l'habitude de le faire avec ses enfants. Il n'avait pas hurlé, mais il s'était tant et si bien agité, une expression proprement paniquée, que la mère n'avait pu que s'écarter de lui, marquée par le visage terrifié qu'il affichait. Sans compter ses attitudes puériles, qu'un garçon de son âge ne devrait certainement plus manifester, à présent…
Que pouvait-elle faire ? Molly, comme bien d'autres, se sentait impuissante et elle ne pouvait qu'observer avec tristesse ce garçon qui avait dû vivre tant de malheurs pour se retrouver ainsi…
Après un instant d'hésitation, elle décida qu'il serait peut-être mieux de lui permettre de se reposer un peu avant de refaire une tentative. Quand Mrs Weasley sortit de la chambre, un sifflement se fit entendre, tandis que Natschel quittait son refuge, sous les vêtements de Venceslas :

J'ai bien cru qu'elle allait me repérer, cette fois ! Eh, Ven, tu m'entends ?

Venceslas n'émit pas de réelle réaction, alors que le serpent ondulait vers son visage, dépité. Il finit par se coller tout contre lui, sifflant beaucoup plus fort :

Ven ! Ramène ton arrière-train parmi nous, tout de suite !

Venceslas eut un sursaut et cligna des yeux de manière répétée, observant son environnement d'un regard hagard et hébété. Alors qu'il recommençait à plonger dans son monde intérieur, Natschel reprit ses sifflements, tentant désespérément de conserver son attention si volatile. Le serpent commençait être à court de récits, mais il ne pouvait pas arrêter. Pourquoi Ven ne revenait-il pas à lui ? Qu'avait-il pu vivre pour se laisser sombrer de la sorte ? Natschel avait toujours été là, depuis bien longtemps, pour recoller les morceaux lorsque Ven souffrait et permettre au garçon de considérer son existence d'un point de vue moins décalé et sordide. Mais l'arrivée de son père et les évènements qui en avaient découlé avaient détruit le fragile équilibre que Ven et Natschel, le serpent ayant ensuite été aidé par tous les amis et alliés que Venceslas avait obtenu durant son année scolaire, avaient établis tant bien que mal. Voldemort avait tout brisé et, à présent, Natschel s'efforçait de reconstruire son maître et ami, mais le désespoir commençait à l'envahir. Que pouvait-il faire de plus ? Il n'était qu'un serpent…Où était Ven ? Où était-il passé ? Natschel le cherchait, mais il ne trouvait que quelques bribes du gamin, à peine capable d'appréhender le monde alentour.
Le serpent sifflait, sans relâche, cherchant à garder allumée la petite lumière qui se trouvait dans les yeux du garçon. Au fond de lui, il espérait sincèrement que, cette fois-ci, il parviendrait à ramener définitivement Venceslas…Que ferait-il sans son ami qui, tant d'années auparavant, l'avait sauvé de la solitude dans laquelle il s'était embourbé ?

AAAAAA

Severus replia la lettre que Mrs Weasley lui avait envoyée, soupirant devant le constat de la mère de famille. Les choses n'avançaient pas. Sept jours s'étaient écoulés, mais Venceslas demeurait dans cet état hagard et comateux, éloigné du monde qui l'entourait. Pire, il n'avait toujours pas prononcé le moindre mot…À croire que les choses ne s'arrangeraient jamais…

« M'sieur, il est minuit passé. Je peux finir demain ? »

Le Professeur de Potions leva un œil vers Zacharias Smith, lui adressant un regard hautement méprisant. La punition qu'il avait reçue était de son fait et Severus estimait que le Poufsouffle avait eu de la chance de bénéficier de l'indulgence de Dumbledore et de ne pas être renvoyé. Ainsi, Smith était obligé de recommencer tous les devoirs effectués depuis le début de l'année. Et ce, en deux exemplaires, afin d'expérimenter l'état d'épuisement dans lequel Venceslas avait été plongé par sa faute.
Actuellement, Smith était en train de recommencer un devoir qui portait sur le bézoard. Bien évidemment, les parchemins qu'il était chargé de remplir devaient tous présenter un contenu différent, comme Venceslas avait été obligé de le faire.

« Non, Mr Smith, vous ne pouvez pas finir demain, voyez-vous. Il me semblait que les consignes étaient très claires. À moins que votre cerveau peu développé ne soit pas en mesure de comprendre le moindre de mes propos, ce qui expliquerait le besoin que vous avez ressenti d'exploiter ainsi votre camarade… »

Ce faisant, Severus baissa à nouveau la tête vers la lettre, affichant une expression réfléchie. Il ne savait plus ce qu'il était censé faire. Dumbledore lui avait formellement interdit d'utiliser la légilimancie sur son élève, pensant qu'une telle intrusion ne ferait qu'aggraver les choses. Même s'il répugnait à l'admettre, Severus n'était pas en désaccord avec le directeur sur ce point-là. Malgré son envie dévorante d'explorer la psyché de Venceslas et d'extirper un à un les secrets que ce mystérieux garçon lui cachait, le Maître des Potions se devait de faire preuve de retenue.
Molly était une personne attentionnée et aimante, tout ce que Venceslas Malefoy pouvait avoir besoin en cet instant…
Il jeta ensuite un œil aux lettres que les élèves de Poufsouffle lui avaient transmis, de sorte à ce qu'il les fasse parvenir à leur camarade. La loyauté des blaireaux n'était pas qu'une déclaration vide sur un blason…
Et, à présent, le Maître des Potions voyait presque quotidiennement son bureau envahi par ces enveloppes, en particulier de la part des amis de Venceslas. Jamais Poufsouffle n'était autant venu que le voir durant l'entièreté de son mandat de professeur…
Severus eut un rictus à l'idée qu'il était plus « populaire » à leurs yeux que le Professeur Chourave. Celle-ci ne disait rien à ce sujet, mais le Maître des Potions pouvait aisément lire sur son visage un début de jalousie…Quelle puérilité…Tout à fait digne d'une Poufsouffle…
Severus releva les yeux en entendant brusquement un grand bruit. Un soupir s'échappa de ses lèvres lorsqu'il constata que sa source n'était autre que Zacharias Smith, qui venait de s'endormir sur sa copie.
Précautionneusement, le Maître des Potions sélectionna un ouvrage avant de l'abattre sans ménagement sur son élève. Le voir se réveiller en sursaut, un gémissement s'extirpant de sa gorge, avait quelque chose de très plaisant…

« Je vous surveille afin que vous travailliez, Mr Smith. Pensez-vous sincèrement que la notion de travail puisse inclure la pratique de la sieste ? »

Severus lui siffla de se remettre à la tâche, avant de retourner à son bureau, dissimulant aisément le sentiment d'amusement qui le traversait présentement. Un sentiment qui le quitta bien vite lorsque sa pensée l'amena au Professeur Quirrell. Ce dernier lui semblait de plus en plus suspect et Severus était plus frustré que jamais de ne pas pouvoir le neutraliser. Dumbledore lui faisait confiance…Quelle idée stupide. S'il venait à s'emparer de la pierre, qui sait ce qui pourrait arriver ? Il avait déjà essayé de le faire, en tentant de passer devant le chien à trois têtes d'Hagrid. C'était d'ailleurs en l'en empêchant que le Professeur des Potions s'était blessé à la jambe et s'était retrouvé dans l'obligation de boiter pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que la plaie ne soit cicatrisée. Severus le surveillait du mieux qu'il pouvait, mais Quirrell pouvait aisément tenter à nouveau sa chance. Le Maître des potions n'était pas infaillible…
De plus, la relation que le professeur de Défense Contre les Forces du Mal entretenait avec Venceslas lui laissait une mauvaise impression… Severus avait discrètement recueilli quelques témoignages à ce sujet et il savait que Quirinus Quirrell agissait avec lui en cours comme il ne le faisait jamais avec d'autres élèves. Il était exigeant, actif, autoritaire…Tout ce qu'il n'était pas normalement dans le cadre de ses cours.
Une seule question taraudait perpétuellement Severus : Pourquoi ? Pourquoi agissait-il de cette manière ? Pourquoi Venceslas semblait-il apeuré en présence de Quirrell ? Pourquoi restait-il dans cet état catatonique ? Pourquoi était-il si différent des autres ?
Bien souvent, le directeur de Poudlard avait déclaré que le plus important n'était pas de savoir « Pourquoi », mais « Comment ». Dans ce cas présent, le professeur de potions était certain d'une chose : il lui suffirait d'une réponse, une réponse à un « Pourquoi » au sujet de Venceslas ou de Quirrell pour élucider tout ce mystère. Malheureusement, c'était bien là la seule réponse qui lui était inaccessible…
Il y avait peut-être une solution…Une solution risquée, aussi bien pour Venceslas que pour lui-même…Une solution qui portait le nom de Malefoy…
Severus rejeta cette idée à l'instant même où il l'avait formulé mentalement. Ce n'était pas possible. Lucius ne devait pas être au courant de tout cela. S'il savait pour les Weasley, nul doute qu'il retirerait Venceslas du Terrier, peut-être même de Poudlard…Ce n'était pas une chose souhaitable.
Mais il y avait un autre Malefoy…Un Malefoy qui n'était pas Lucius…
Il était trop tard, à présent. Mais demain, il parlerait à Drago…Peut-être apprendrait-il quelques petites choses utiles au sujet du garçon…

AAAAAA

« Vous pouvez le rejoindre, mais soyez calmes, les filles, d'accord ? »

Ginny hocha la tête à la recommandation de sa mère, prenant la main de sa camarade pour l'amener à la suivre. Aujourd'hui était un jour un peu spécial. La petite rousse vivait assez seule depuis le départ de ses frères pour Poudlard, en particulier Ron qui, jusque-là, restait avec elle tout le long de l'année. Elle avait bien sa maman et son papa, quand celui-ci ne travaillait pas, mais ce n'était pas la même chose. Ce pourquoi la fillette était très heureuse, maintenant que son amie était rentrée du long voyage qu'elle avait entrepris avec son père…

« Vous avez trouvé des ronflaks cornus, alors ? »

Sa camarade, qui portait le nom de Luna Lovegood, eut un sourire rêveur à sa question. Elle souffla d'une voix évanescente, un timbre délicat et doux, tout à fait unique :

« Non, mais nous avons fait tant de rencontres. Nous avons vu des élans blancs dans le ciel gris de l'Ecosse, messagers de l'au-delà…

-Des nuages, peut-être ? »

Ginny aimait bien son amie, malgré ses bizarreries. Ses histoires étaient amusantes et ses croyances déroutantes. On ne s'ennuyait jamais en compagnie de Luna.

« Peut-être bien, oui…Papa a pris de belles photos, il a prévu de leur consacrer un article dans le Chicaneur. Je vais même pouvoir témoigner ! »

Le sourire de la fillette blonde s'étira un peu plus à cette idée. Lorsqu'elles arrivèrent devant la porte de la chambre de Venceslas, Ginny s'arrêta, se tournant vers Luna :

« Il ne faudra pas le toucher ou lui faire peur, d'accord ? S'il ne veut pas jouer avec nous, on le laisse tranquille. »

Luna hocha la tête, affichant une expression pensive :

« Les Joncheruines ont parasité son esprit, c'est cela ? »

Ginny haussa les épaules à sa question. Elle ne savait pas grand-chose au sujet de l'état de Ven. Elle avait déjà été très étonnée que ses parents acceptent d'accueillir un Malefoy sans discuter, comme si cela était pour eux la chose la plus normale du monde. Mais Venceslas ne ressemblait pas à Drago ou à son père, que la petite fille avait déjà croisé lorsque leur famille était allée faire des emplettes au Chemin de Traverse.
Venceslas avait des cheveux très sombres, en comparaison de la blonde chevelure des Malefoy, dont ils étaient si fiers. Il était petit, bien plus que Ginny, alors qu'il était plus âgé qu'elle. Et, surtout, il y avait ses yeux…ce regard…La plupart du temps, il semblait vide de toute âme, comme si Venceslas était mort. Ginny préférait éviter de le croiser, le regard du garçon lui donnait la chair de poule. Mais la petite fille était gentille et prévenante, en plus d'être curieuse, ce qui la poussait à essayer de sortir Venceslas de sa torpeur, un effort que sa mère appréciait.
Elle toqua à la porte, attendant une réponse éventuelle du garçon. Des bruits étouffés se firent entendre, un sifflement bizarre, puis le silence se fit. Ginny tourna la tête vers Luna, intriguée. Cette dernière émit alors une hypothèse :

« Peut-être que Venceslas a été attaqué par des lutins bleus…J'ai entendu dire qu'ils vivaient dans des champignons et attaquaient les sorciers si l'on essayait de détruire leur village. »

Songeant qu'en savoir plus sur le sujet n'était pas forcément des plus utiles, Ginny se décida alors à entrer. Elle soupira devant le spectacle qui lui était offert. Venceslas était recroquevillé sur le sol, les cheveux en bataille, le regard rivé vers le plafond. Il ne bougeait pas, ne parlait pas…ne vivait pas…

« Ven ? Tu m'entends ? »

Pas de réponse. Sans se démonter, Ginny continua :

« Luna est revenue de son voyage. Tu sais, Luna ? Ma copine ? Tu t'en rappelles ? »

Espérant capter son attention, la petite fille avait souvent babillé à ses côtés, lui racontant toutes sortes de choses à propos de sa vie. Elle lui avait parlé d'Harry Potter, qu'elle trouvait mignon et gentil, de Luna, de ses frères…Mais rien.
Ginny se tourna vers sa camarade, lui adressant un regard las :

« Il s'en fiche. On n'a qu'à jouer, s'il veut nous rejoindre, il viendra… »

L'attention de Luna restait focalisée sur le garçon. Sans hésiter, elle se dirigea vers lui et s'assit en tailleur à ses côtés. Elle posa alors son regard bleuté sur Venceslas, avant de souffler d'une voix avenante :

« Bonjour ! »

Le garçon resta silencieux, mais Luna ne sembla pas s'en offusquer. Elle lui fit un signe de la main, avant de reprendre :

« Tu as de jolis yeux. Ils sont de la couleur de la lave. Tu aimes bien les volcans ? Papa et moi, nous sommes allés en voir un, cet été. Papa voulait rédiger un article sur les feux follets et ils vivent en nombre au sein des volcans. Malheureusement, ils avaient décidé de ne pas venir nous voir, ce jour-là. »

Ginny écarquilla les yeux en voyant que Venceslas réagissait aux déclarations de Luna, même si ce n'était que de manière ténue. Le jeune garçon avait tourné légèrement la tête vers elle et il semblait opiner du chef à ses propos, signe qu'il l'écoutait. Cela ne s'était encore jamais produit…
Parfois, le regard de Ven avait semblé s'éveiller faiblement, mais c'était là le seul signe d'attention qu'il ne leur ait jamais manifesté.
Luna, elle, continuait de parler, comme si de rien n'était, s'exprimant avec douceur et spontanéité :

« Les feux follets peuvent être très susceptibles, tu sais ? Nous avons essayé de les invoquer en dansant, mais je me suis trompée dans l'un des pas et je pense que c'est ce qui les a offensées. J'étais triste, mais Papa m'a dit que ce n'était pas grave, qu'on avait toute la vie pour voir les feux follets. Qu'on avait toute la vie pour faire plein de choses amusantes… »

Luna prit la main de Venceslas dans la sienne. Le jeune garçon ne se dégagea pas, contrairement à ce que Ginny pensait. Luna fit signe à sa camarade de la rejoindre, avant de souffler à l'oreille du Poufsouffle :

« Tu ne veux pas rire avec nous ? Il y a plein de drôles de choses à vivre et à découvrir…Ce serait dommage de rester enfermé dans ta tête. Ce n'est pas amusant d'être tout seul, là-dedans… »

Elle posa un doigt sur le front de Venceslas. Ce dernier eut un léger sursaut, mais il ne paniqua pas. Son visage n'était plus morne et neutre. Il semblait presque…éveillé…
Ginny prit le relais de Luna, soufflant au garçon, espérant qu'elles parviendraient enfin à le ramener à la réalité :

« Tu sais quoi ? Demain, Papa a promis de nous emmener au Chemin de Traverse pour nous acheter quelques bonbons. Il a eu une petite prime à son travail. J'suis sûre qu'il voudra bien que tu viennes, si tu lui demandes…Qu'est-ce que tu aimes, comme bonbons ? On pourra les manger ensemble ! »

Ginny prit l'autre main du garçon dans la sienne, anxieuse, sentant que quelque chose d'important était en train de se passer. La petite fille eut alors la surprise de le voir la serrer, avant que ce dernier ne tourne brusquement la tête vers elle, les yeux grands ouverts. Venceslas était revenu…

AAAAAA

Drago soupira de mécontentement. Pourquoi devait-il s'enfermer dans le bureau du Professeur Rogue alors qu'il faisait si beau et qu'il avait eu l'intention de profiter de ce temps pour sortir dehors ? Ah oui, pour Venceslas…Cet idiot de Venceslas…
Malefoy ignorait complètement où pouvait se trouver son « frère », excepté le peu que Severus avait bien voulu lui dire à ce sujet. Venceslas était malade, il devait se reposer et Mrs Pomfresh était impuissante. Bien évidemment, Drago avait envoyé une lettre à son père à ce sujet, mais aucune réponse ne lui était revenue. Le Serpentard pensait que son géniteur en savait plus que lui, ignorant que le Maître des Potions avait profité de son statut de directeur de la maison des Serpents pour intercepter son courrier et empêcher ainsi que Lucius ne se montre soupçonneux.

Severus posa sur son bureau la tasse de thé qu'il avait préparé pour le jeune garçon, avant de se servir lui-même. L'idée était de ne pas le braquer…Le Professeur des Potions voulait en savoir autant que possible à son sujet. La légilimancie était à exclure, ne serait-ce que parce que Severus ne pourrait jamais se résoudre à fouiller ainsi, sans son autorisation, l'esprit de Drago Malefoy. C'était là une promesse qu'il avait fait à Lucius Malefoy, voilà bien longtemps…De toute manière, il respectait trop l'héritier Malefoy pour lui faire subir ce traitement.
Venceslas était une exception et il ne l'avait fait que pour l'extirper de ses pensées qu'il devinait sombres, embrouillées et désespérées. Il avait eu toutes les meilleures raisons du monde de le faire.

« Comme tu le sais, Drago, je t'ai convoqué ici pour te parler de ton frère. »

Le court instant durant lequel le Serpentard leva les yeux au ciel n'échappa guère au Maître des Potions qui décida, pour une fois, de ne pas le réprimander à ce sujet. Il était important de ne pas l'offenser, pour mieux lui tirer les vers du nez.

« Son état ne s'est pas amélioré. J'aimerais en savoir à plus à ce sujet. S'est-il déjà retrouvé dans une telle situation auparavant ? »

Drago haussa les épaules à sa question, avant de répondre d'une voix traînante :

« Oui, ça lui est déjà arrivé. Cela finit par se régler tout seul, je ne vois pas pourquoi tout le monde s'inquiète comme ça pour lui. Il est stupide et il pourrait se perdre dans sa propre chambre.

-Je ne t'ai pas demandé de commentaires sur son intellect. Je veux seulement savoir comment l'aider à revenir à la réalité. »

Le Serpentard croisa les bras, visiblement contrarié par la remontrance, et sembla se renfrogner. Rogue prit une profonde inspiration. Ce n'était pas le moment de s'énerver…Il devait rester calme…Même devant une attitude aussi butée et têtue que celle de l'héritier Malefoy…

« Je suppose que tu n'en sais pas plus que moi à ce sujet. Que peux-tu me dire sur Venceslas ? Comment était-il au Manoir Malefoy ? »

Un ricanement échappa à Drago :

« Un vrai petit Prince. Mes parents se mettent en quatre pour lui et il ne voit rien de cela. Il a une chambre immense, des vêtements magnifiques, mais il s'en fiche. Il ne parle qu'à son serpent… »

Un frisson traversa le Serpentard à cette pensée. Rogue continua son investigation, sautant sur sa dernière remarque :

« Où l'a-t-il trouvé ? Depuis quand possède-t-il le don de lui parler ? »

Severus haussa un sourcil en constatant que Drago semblait de plus en plus mal à l'aise. Il était peut-être sur la bonne piste…Après une certaine hésitation, l'héritier Malefoy répondit :

« Il l'a depuis son arrivée chez nous. Je ne sais pas comment, mais, le lendemain, nous avons découvert qu'il avait ce…ce reptile dans sa chambre et qu'il pouvait parler avec lui. Il a refusé catégoriquement de s'en séparer quand j'ai émis cette idée. Évidemment, mon père et ma mère l'ont écouté… »

Étrange…Pourquoi Lucius et Narcissa choisiraient-ils de privilégier de la sorte un enfant qui n'était pas le leur ? Certes, il s'agissait du fils de la sœur de Narcissa, mais cela ne justifiait pas ce comportement déplacé. Cela ne ressemblait en rien à Lucius, tel que Severus le connaissait.

« Évidemment ? Cela ne me semble pas si évident que cela, vois-tu. Dis m'en plus à ce sujet. »

Les mains de Drago se mirent à trembler après ses paroles. Il siffla d'une voix pleine de colère :

« Il est tellement mieux que tout le monde ! Tellement mieux que moi ! Lui qui est si stupide, si arrogant, si bizarre ! Mais ils le préfèrent tous, ils le respectent, s'agenouillent devant lui, comme s'il était puissant et fort ! Mais ce n'est qu'un gamin attardé ! Il ne mérite rien de tout cela ! RIEN ! »

Drago se leva et Severus sut alors qu'il ne servirait à rien de le retenir. L'héritier Malefoy ne lui dirait plus rien. Il le laissa partir, songeur et perplexe. Tout en faisant disparaître le thé d'un coup de baguette magique, Severus rassembla les informations qui lui avaient été présentées.
Lucius et Narcissa privilégiaient outrageusement Venceslas. Severus croyait le garçon à ce sujet. Jamais Narcissa n'aurait laissé dans sa maison un animal qui pourrait blesser ou effrayer son fils chéri…Jamais Lucius n'aurait habillé ou logé un de ses neveux mieux que son propre enfant…
Severus se prit la tête entre les mains, réfléchissant à vive allure. Il y avait anguille sous roche, il n'y avait pas de doute là-dessus.
Un autre « pourquoi » s'était ajouté aux questionnements de Severus. Il n'était pas sûr d'avoir avancé, mais il avait au moins obtenu une nouvelle pièce au puzzle « Venceslas Malefoy ». L'idée était maintenant de parvenir à la raccrocher aux autres morceaux, de façon à résoudre le mystère qui lui était présenté. Un garçon à la sociabilité difficile, traumatisé par un passé obscur, élevé par l'une des familles noires les plus prestigieuses du monde magique…et cette aura sombre qui l'avait entourée…

*Qui es-tu, Venceslas ? Chaque pas que je fais vers toi m'éloigne de cette réponse…*

Severus haussa un sourcil quand un hibou se présenta à sa fenêtre. Il l'ouvrit et le laissa entrer, prenant la lettre attachée à sa patte. Après une lecture rapide, le Maître des Potions se précipita vers la cheminée qui se trouvait dans son bureau, y jeta une poudre avant de marcher dans les flammes vertes qui s'élevèrent et de prononcer d'une voix forte et claire le nom du Terrier.

AAAAAA

Venceslas avait l'impression de sortir d'un long sommeil. Il ne savait pas vraiment comment tout cela était arrivé. Jusqu'ici, le jeune garçon était plongé dans ses pensées et ses souvenirs, voyant le monde à travers un voile épais. Tout lui parvenait avec une lenteur effroyable. Chaque syllabe se détachait, résonnant dans ses oreilles, n'offrant aucun sens au Poufsouffle, qui se contentait d'écouter vaguement avant de détourner son attention pour s'intéresser à des choses plus compréhensibles ou, tout du moins, plus intéressantes. Il n'y avait guère que le sifflement de Natschel qui parvenait à l'attirer quelque peu dans le monde réel, un bruit rassurant pour l'enfant qui avait l'impression de retrouver ses repères. C'était un bruit qui ne lui voulait pas de mal, un bruit qui n'était pas agressif, un bruit qu'il comprenait…Les voix humaines n'étaient pas de la même teneur. Il se rappelait de celle de sa mère, agressive et aiguë, dans laquelle il n'avait jamais perçu le moindre soupçon d'amour…Il se rappelait de celle de son père, découverte il y a peu, lente, sadique et violente…Celle de ses parents d'adoption, qui le respectaient et le craignaient…Celle de Drago, qui le haïssait…
Il n'aimait plus entendre. Entendre, c'était souffrir. Entendre, c'était envier…Envier tous ces gens emplis de bons sentiments et d'amour à donner, tous ces gens qui n'étaient pas lui…
Il ne voulait plus entendre, écouter, comprendre…Tout cela menait inévitablement à la souffrance.
Venceslas s'était fermé à tout cela, jusqu'à faire taire inconsciemment sa propre voix, demeurant dans un silence rassurant, loin des autres, loin du monde, loin de tout. Jusqu'à ce que des mots inattendus ne s'élèvent…
Cette voix était unique. Venceslas ne l'avait jamais entendu auparavant. Elle était douce, posée, évanescente…Elle captait son attention plus sûrement que la lumière pouvait capturer un papillon distrait et étourdi…Bientôt, les paroles trouvèrent un sens. Un volcan, des feux follets, une danse…
Tout cela était intriguant, curieux et fascinant. Si différent de la prison dorée dans laquelle il était enfermé depuis son adoption chez les Malefoy, si éloigné des paroles pleines de haine et de ténèbres auxquelles son père l'avait habitué…Ces mots étaient doux et envoûtants et Venceslas voulait les comprendre. Il voulait savoir…Savoir qui lui parlait de toutes ces histoires merveilleuses…Savoir ce qu'était un feu follet...Il voulait faire toutes ces activités amusantes dont on lui parlait…Il ne voulait plus être le Prince des Ténèbres. Il voulait être un enfant, un enfant comme les autres…
La main qui était dans la sienne était chaude et emplie de gentillesse. Cette fois-ci, Venceslas ne voulait pas retirer la sienne. Elle ne cherchait pas à l'emmener vers un endroit dans lequel il ne souhaitait pas aller…Elle ne le menait pas vers une punition inéluctable ou un événement sombre et terrible…Elle restait là, douce et délicate, lui offrant un amour auquel il n'était pas habitué…
Un sursaut le prit lorsqu'un doigt se posa sur son front, tandis que la voix lui suggérait de ne pas rester enfermé tout seul. Ce n'était pas drôle…
Quand l'autre voix, qu'il connaissait déjà, se fit entendre et lui suggéra une activité « normale », une activité « amusante » et « enfantine », Venceslas sut qu'il ne voulait plus rester dans le monde de silence qu'il s'était créé. Ses yeux s'écarquillèrent, retrouvant toute leur vitalité, alors qu'il se tournait vers les fillettes, le souffle court, le cœur battant. Il était là, à nouveau…Dans ce monde qui l'entourait…
Les souvenirs affluèrent, commençant à retrouver du sens. Ginny Weasley, Luna Lovegood…Il était au Terrier, avec la famille de son camarade, Ron…Il s'était enfui de tout cela parce que…parce que…
Venceslas recula brusquement contre le mur, un cri silencieux voulant s'échapper de sa gorge nouée. Sa voix ne lui était pas encore revenue…Mais il savait, à présent…Il se rappelait la raison pour laquelle il s'était enfui, la raison pour laquelle tout ça était arrivé…
Il ne voulait pas retourner à Poudlard. Il ne voulait pas revoir cet homme qui était son père. Il avait peur…tellement peur…
Il vit Ginny partir en courant, sans doute à la recherche de sa mère, alors que Luna restait à ses côtés, le fixant d'un regard calme et amical. Sa petite voix s'éleva dans l'air :

« De quoi tu as peur ? »

Venceslas se recroquevilla contre le mur, se sentant terriblement vulnérable. Avait-elle lu en elle pour le deviner ? À moins que son attitude ne soit suffisamment parlante…
Il essaya d'articuler quelque chose, n'importe quoi, mais il ne put laisser échapper qu'un mince filet de voix, à peine audible.
Luna hocha pensivement la tête. Puis elle pointa un doigt vers un paquet de cartes, qui traînait dans la chambre :

« On joue ensemble ? »

Elle n'attendit pas sa réponse. Lorsque Ginny et Molly revinrent dans la chambre, les deux enfants étaient face à face, s'essayant à une bataille explosive. Une bataille qu'il dut interrompre lorsque la matriarche s'approcha de lui, à la fois inquiète et emplie d'espoir :

« Ven, tu vas mieux ? Mon petit… »

Elle tendit les bras vers lui, hésitante. Un geste plein d'affection, sans arrière-pensées…
Son corps agit tout seul, sans que Venceslas ne le contrôle réellement. Il se leva et se précipita dans cette étreinte qui lui était offerte, avant de pleurer toutes les larmes de son corps, toutes ces larmes qui n'avaient pas voulu sortir, qui étaient restées en son être, en son cœur, durant trop d'années…
Molly resta surprise quelques instants, avant de poser une main tendre dans les cheveux de Venceslas et de les caresser. C'était une sensation douce et rassurante…
C'était ça, avoir une maman ? C'était ça, avoir une famille ? C'était tellement mieux que ce qu'il pouvait imaginer…

*Tu penses vraiment mériter ce bonheur, Venceslas ? Toi qui es né et a vécu dans les ténèbres ? N'oublie pas qui tu es…N'oublie pas qui je suis…*

Venceslas écarquilla les yeux en entendant ce timbre si familier résonner dans son crâne. Son père…Lord Voldemort…Il était là, dans sa tête…

*Ces traîtres à leur sang…Que fais-tu donc à les prendre d'affection de cette manière ? Tu es le Prince des Ténèbres. Fais ce que tu as à faire. Ne me déçois pas.*

Son regard alla de Molly à Ginny, s'arrêtant quelques instants sur Luna. Il ne voulait pas leur faire du mal…Elles avaient été gentilles avec lui…Pourquoi ?

« Ven, qu'est-ce qu'il y a ? »

Molly s'approcha de lui, mais le garçon la repoussa avec force, sa respiration s'emballant. Elle devait rester éloignée de lui…Elle comme les autres…Il allait…Il allait…

*VENCESLAS !*

Le jeune garçon plaqua ses mains sur son crâne, qui menaçait d'exploser. Il devait partir…Partir loin…
Il se mit à courir, dévalant les escaliers, ne prenant pas garde aux cris alertés de Molly. Il devait rester seul…Tout seul…
Son père avait raison. Il ne méritait pas ce bonheur…Mais il ne voulait pas l'arracher à d'autres…Il ne voulait pas !
Venceslas était incapable de dire depuis combien de temps il pouvait courir. Il était fatigué, faible, sa tête lui faisait horriblement mal…
Il s'arrêta à l'ombre d'un arbre, les ongles plantés dans sa peau, gémissant d'une voix indistincte.

*Tu es pitoyable…Te complaisant dans une vie qui n'est pas la tienne…Indigne de ce destin de grandeur qui s'offre à toi…Je te donne une dernière chance, mon enfant. Une seule…Ne me déçois plus…*

Le silence se fit brusquement. Venceslas reprit son souffle petit à petit, tremblant de tous ses membres. Il n'était digne de rien…Le bonheur, son statut de Prince des Ténèbres…rien…
Il voulait crier, mais sa voix était trop faible. Tout juste parvenait-il à geindre…
Il se recroquevilla sur lui-même, alors qu'un sifflement lui parvenait :

Ven, t'es de retour…Mais ton père aussi, c'est ça ?

Il hocha lentement la tête, alors que Natschel quittait son refuge pour le fixer de ses yeux dorés.

Ca ne peut plus continuer comme ça…Il faut que tu en parles à quelqu'un.

Venceslas secoua frénétiquement la tête à sa déclaration. S'il faisait cela, tout était fichu...Tout serait fini…Le fils de Voldemort…Qui accepterait cette vérité ? Qui resterait avec lui après cela ?
Qui lui ferait encore confiance ?
Il ne lui resterait rien…rien ni personne…

Des pas se firent entendre. Venceslas écarquilla les yeux, effrayé, et se releva, prêt à partir, quand une main saisit son poignet, sans douceur, mais d'un geste dénué d'agressivité. Il se retourna d'un geste vif, voulant crier pour qu'on le laisse seul. Le jeune garçon s'arrêta brusquement devant l'identité de la personne qui l'avait ainsi découvert, le souffle court :

« Monsieur Malefoy ? Que faites-vous ici ? »

Severus Rogue…Le Maître des Potions…Que faisait-il ici ? Comment l'avait-il trouvé ? Venceslas l'ignorait…
Il ouvrit la bouche, cherchant à lui répondre, mais il ne put que gémir de façon indistincte. Rogue soupira longuement, avant de l'attirer à lui :

« Rentrons. »

Venceslas secoua la tête. Mais le Maître des Potions ne paraissait pas décidé à le laisser en arrière.

« Si vous ne voulez pas rentrer chez les Weasley, nous n'avons plus qu'à retourner à Poudlard, je suppose. »

Le jeune garçon hésita un instant, craignant de se retrouver à nouveau en présence de son père. Mais il ne pouvait pas non plus rester en compagnie de la famille Weasley…Il ne voulait pas les blesser…Il finit par hocher la tête, tout en se mordant la lèvre. Il était temps de dire "au revoir" à ces instants de normalité…Peut-être même "Adieu"…

 
 
Chapitre précédent
 
 
Chapitre suivant
 
 
 
     
     
 
Pseudo :
Mot de Passe :
Se souvenir de moi?
Se connecter >>
S'enregistrer >>