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La Triste Vie d'Antigone Rogue
Par LaFourmii20
Harry Potter  -  Général  -  fr
7 chapitres - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Tu as bien de la chance James Potter

La Triste Vie d'Antigone Rogue

Chapitre 2 : Tu as bien de la chance James Sirius Potter

Antigone venait de se lever quand elle eut la surprise de voir une photo d'elle sur la couverture de la Gazette du Sorcier. Son visage pâle contrastait avec ses cheveux ébène et ses yeux noirs, l'image en noir et blanc le rendait particulièrement bien, la photo la représentant à moitié cachée derrière les jambes de Harry. C'était un des rares clichés que les journalistes avaient réussi à prendre de la fillette âgée de six ans, que Harry essayait de cacher du mieux qu'il le pouvait.

Antigone se souvenait du jour où cette photo avait été prise, c'était le jour où elle avait ouvert la porte à des inconnus. Harry le lui avait interdit, mais elle avait voulu bien faire en laissant entrer les visiteurs pendant que son père adoptif était occupé un peu plus loin. A peine avait-elle entrebâillé la porte que les journalistes l'avaient effrayée avec des flashs aveuglants et des questions lancées de leurs voix tonitruantes. Heureusement, son père adoptif l'avait rejoint rapidement, ne la laissant pas plus de quelques secondes aux mains des chroniqueurs avares d'un quelconque potin, mais cela avait suffi à la terrifier pendant plusieurs jours.

Elle approcha le journal à côté de son bol de céréales.

— La... fi...lle...du...traî...tre, dit Antigone en commençant à déchiffrer le titre accompagnant la photo avec quelques difficultés. La fille du traître Se...ve...rus... Ro..gue... Severus Rogue ! On parle de papa !

— Antigone, pose ce journal, ce n'est pas pour toi, gronda gentiment Harry.

Elle replaça à contrecœur le parchemin sur la table et entama son petit déjeuner en silence. Elle préférait ne pas s'opposer à Harry. Il n'était jamais méchant avec elle et il était presque le seul à véritablement s'occuper d'elle. Alors elle ne voulait pas se le mettre à dos lui aussi. Néanmoins, elle ne comprenait pas toujours pourquoi tout le monde la mettait à l'écart, ni pourquoi ils parlaient d'elle tout bas quand ils pensaient qu'elle n'entendait pas. Ou pourquoi les journalistes de la Gazette voulaient sans cesse l'interroger et publiaient des photos d'elle en couverture du journal sorcier.

Elle avait compris que cela avait un rapport avec son père, Severus Rogue. Mais il était mort, non ? Pourquoi est-ce qu'ils lui en voulaient à elle ? Le fait qu'elle s'appelait Rogue signifiait-il qu'elle était une bête de foire que les gens dévisageaient sans pour autant jamais approcher ?

Elle souhaitait que son père soit encore en vie. Peut-être aurait-il pu la protéger mieux qu'Harry, même si elle en doutait, parce qu'elle savait que son père adoptif faisait du mieux qu'il pouvait. Elle imaginait qu'en la présence de Severus Rogue, personne ne se serait acharné sur elle comme tous les gens du Ministère le faisaient actuellement.

Harry soupira en observant la fille de Rogue, assise à la table du salon, silencieuse. Les choses s'étaient calmées depuis que le monde sorcier avait appris l'existence d'Antigone. Toutefois, en l'absence d'histoires plus intéressantes, Rita Skeeter et la Gazette du Sorcier se jetaient sur l'innocente fillette dès qu'elle mettait le nez dehors. Harry faisait ce qui était en son pouvoir pour l'éloigner de tout ce tapage médiatique dont elle n'avait pas besoin, mais c'était compliqué.

C'était d'autant plus compliqué qu'il était le seul à réellement s'impliquer dans l'éducation et la protection d'Antigone.

Ron et Hermione s'étaient installés ensemble depuis plus d'un an déjà. La jeune femme avait bien essayé d'aider Harry par de nombreuses recherches infructueuses à la bibliothèque, mais elle était désormais trop occupée à préparer son mariage avec le dernier fils Weasley pour être distraite par quoi que ce soit d'autre. Ron, lui, n'avait jamais trop aimé la petite Antigone. Malgré toute la gentillesse et la douceur qu'elle pouvait montrer, elle était et elle resterait à ses yeux la fille de Rogue. Alors, il avait pris le mariage comme excuse pour ne plus garder Antigone quand Harry en avait besoin. Et puis comme il l'avait dit à son meilleur ami, Antigone était assez grande maintenant, elle pouvait bien se débrouiller toute seule. Harry savait qu'elle ne le pouvait pas encore. Mais après tout, il était normal que Ron ne comprenne pas ce que c'était que de se trouver sans cesse à la merci de la Gazette.

Ginny, quant à elle, avait accepté Antigone – heureusement, puisqu'elle vivait chez eux – mais elle avait tendance à lui reprocher d'avoir pris la place, avant même qu'il soit né, de leur propre enfant. Leur véritable enfant, comme elle le laissait parfois douloureusement échapper alors qu'Antigone était encore dans la pièce.

Heureusement pour Harry, il en restait une qui ne le lâcherait jamais et qui était plus que ravie d'aider à élever Antigone.

— File te préparer, dit-il en ébouriffant les cheveux de la petite fille. Il faut que je te dépose chez Andromeda avant d'aller travailler.

— D'accord, papa.

Et Harry se surprit à sourire en suivant Antigone du regard, alors qu'elle montait les escaliers menant à sa chambre. Papa... Ce simple mot avait toujours le don de lui réchauffer le cœur. Même si Antigone n'était pas sa fille à proprement parler, il était évident pour lui qu'elle l'était devenue après avoir passé plus de six ans en sa compagnie.

De la même façon, il était évident pour Andromeda Tonks qu'Antigone était sa petite fille. Bien sûr, il n'y avait aucun lien de parenté entre elles. Mais Andromeda s'était prise d'affection pour cet être si fragile qu'on avait osé abandonner, et l'avait accueillie à bras ouverts, tout comme elle avait accueilli son petit-fils biologique, Teddy Lupin, l'antithèse d'Antigone du point de vue du caractère.

* * *

— Teddy ?

— Antigone, je croyais t'avoir déjà demandé de ne pas me déranger lorsque j'étais concentré ! reprocha Ted Lupin de sa voix la plus sérieuse ou du moins ce qui s'en rapprochait le plus, d'après lui.

— Teddy ? reprit néanmoins la fillette, après avoir froncé les sourcils.

— J'ai dit pas maintenant !

— Teddy ! s'écria Antigone. Tu manges une glace ! Y'a pas besoin de se concentrer pour manger une glace !

— Ah oui ? C'est vrai, tiens ? Je m'en étais pas rendu compte, répondit-il avec un petit rire nerveux, comme pris en faute. Alors, qu'est-ce que tu veux ?

— Ça veut dire quoi "traître" ? demanda-t-elle le plus sérieusement du monde.

— Bah, c'est facile ! C'est un méchant ! répondit-il immédiatement. Comme dans les histoires que nous raconte grand-mère.

— Pas tout à fait, petit chenapan ! s'exclama la grand-mère depuis le seuil de la porte.

— C'est quoi alors ? redemanda Antigone, attendant la réponse avec le plus grand intérêt.

Andromeda entra dans le salon, que les jouets de Teddy avaient envahi, et vint s'asseoir sur le tapis, entre les deux enfants.

— Eh bien, un traître, expliqua lentement et patiemment la grand-mère, c'est un homme qui a laissé tomber ses amis et en qui ils n'ont plus confiance. Mais si tu penses à ton père, ajouta Andromeda qui avait lu l'article de la Gazette ce matin-là et devinait les pensées d'Antigone, sache qu'il n'est pas un traître et qu'il faut croire Harry quand il dit que Severus Rogue a fini sa vie en héros.

— D'accord...

Andromeda n'ajouta rien, observant avec tendresse et compassion la petite Antigone, dont le visage n'était que triste beauté. La fillette avait pris toute la noirceur physique de son père. Des cheveux d'un noir d'encre tombaient sur ses fines épaules, mais ne reflétaient pas la lumière du soleil comme les cheveux de la plupart des petites filles de son âge. Ses yeux d'obsidienne trahissaient son incompréhension face à ce qui lui arrivait et la tristesse dans laquelle elle était plongée en permanence. Etaient-ils seulement capable d'exprimer la joie ? Andromeda en était persuadée, mais elle savait aussi qu'elle devrait attendre avant de voir un sourire se dessiner dans ses yeux.

Toutefois, Andromeda était d'accord avec Harry pour dire qu'Antigone ne ressemblait pas totalement à son père. Il y avait une douceur infinie en elle, dans son visage fin et son corps frêle, qui poussait à l'aimer et à la protéger, mais que bien souvent les autres ne voulaient pas voir. Elle n'était pas comme Severus Rogue. Néanmoins, la mélancolie qui se lisait sur ses traits ressemblait au chagrin que Severus avait caché toute sa vie et n'avait révélé qu'à sa mort.

Andromeda soupira. Serait-elle un jour capable d'être heureuse comme une petite fille normale ? L'absence de son père l'avait toujours beaucoup affectée. Sa silhouette maigrichonne et sa peau trop pâle trahissaient son mal-être. Antigone n'avait jamais connu Severus et Harry lui avait raconté bien des récits sur son père. Elle en demandait toujours davantage, avide de savoir qui était son vrai père, et peut-être aussi pour comprendre pourquoi il n'était pas là. Mais cela ne lui redonnait pas le sourire.

Andromeda espérait que l'absence de Severus Rogue ne ruinerait pas totalement son enfance. La vie d'Antigone Rogue était triste avant d'avoir commencé : un seul parent et une naissance dans un chaudron n'étaient pas les ingrédients d'une vie parfaite. La mort de Rogue n'avait rien arrangé. La petite fille avait eu la chance d'être adoptée par Harry ensuite. Elle aurait difficilement pu rêver mieux. Mais, même Harry ne pouvait totalement combler l'absence de Severus, son véritable père.

La triste vie d'Antigone Rogue pourrait-elle un jour s'illuminer ? C'était mal engagé pensa la grand-mère en se relevant difficilement pour aller s'installer dans un fauteuil non loin du terrain de jeu des enfants.

— Eh Antigone ! Ta maman, elle a grossi, non ? lança Teddy avec son insouciance de petit garçon.

— Non, elle attend un bébé, répondit-elle doucement.

— Whaou ! Alors ça veut dire que tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur. C'est génial ! Moi aussi j'aurais bien aimé avoir un petit frère ou une petite sœur. Mais enfin, puisque t'es là, c'est un peu pareil !

Teddy fixa ses yeux bleus pétillants sur Antigone avec un grand sourire, alors que son visage à elle restait impassible. Elle ne savait pas si elle avait le droit d'être heureuse pour l'événement. Elle ne savait même pas si elle en était vraiment heureuse.

— Oui, c'est un peu pareil, répondit-elle et un pâle sourire éclaira rapidement son visage.

C'était vrai. Du fait de l'absence de leurs parents respectifs, les deux orphelins s'étaient retrouvés ensemble plus souvent qu'avec n'importe quel autre enfant. Et bien que leurs caractères soient totalement opposés, ils avaient trouvé le moyen de s'entendre comme deux meilleurs amis, comme un frère et une sœur, complices de tout, s'acceptant malgré leurs différences.

Les lèvres de Teddy s'étirèrent davantage, ce qui réchauffa le cœur d'Antigone. Elle ignorait pourquoi il acceptait de passer autant de temps avec elle. Probablement parce qu'il n'avait pas le choix. Ou encore parce qu'elle acceptait de faire toutes les bêtises qu'il imaginait sans broncher. Quelle qu'en soit la raison, il semblait apprécier sa compagnie et la voir sourire était probablement pour lui une récompense après tant d'années à faire l'abruti pour essayer de l'amuser.

— J'espère que ce sera un garçon, souhaita vivement le Métamorphomage. On pourra encore plus s'amuser !

— Faire plus de bêtises, oui, rectifia gentiment Antigone, toujours un petit sourire sur les lèvres.

Et sur son fauteuil un peu plus loin, la grand-mère ferma les yeux, heureuse de les voir enfin sourire tous les deux.

Il était presque vingt et une heures quand Antigone commença à s'inquiéter du retard de sa mère adoptive, qui devait venir la récupérer. Ginny avait des horaires assez changeants, surtout depuis sa grossesse, mais elle prévenait toujours lorsqu'elle devait finir tard ou qu'elle ne pouvait pas venir. Or, aucun hibou n'avait pointé le bout de son bec dans la petite maison d'Andromeda Tonks.

— Ginny n'est pas encore là, constata Antigone quand Andromeda les fit sortir de table pour aller se laver les dents.

— C'est super ! répondit Teddy. On va pouvoir jouer encore plus longtemps aujourd'hui !

— Oui, dit la fillette. Mais ce n'est pas normal...

— Ne t'en fais pas, Antigone, je suis sûre que tout va bien, tenta de la rassurer Andromeda. Et frottez moi ces quenottes plus fort ! Il faut que ça brille !

Ted se mit immédiatement à agiter sa brosse à dents avec plus de vigueur, envoyant du dentifrice dans toutes les directions, ce qui fit rire sa grand-mère. Par contre, Antigone ne riait pas. Elle fixait son reflet dans le miroir et le peu de bonne humeur qu'elle avait montré dans l'après-midi, semblait s'être envolé.

Pourquoi Ginny n'était-elle toujours pas là ? Antigone avait compris que la rouquine l'aurait davantage appréciée si elle avait vécu ailleurs que sous son toit, où elle détournait l'attention de Harry. Mais Ginny avait assez de tendresse et de compassion dans son cœur, surtout à l'approche de la naissance de son premier enfant, pour traiter la petite fille convenablement et ne pas l'abandonner. Harry ne la laisserait pas faire une chose pareille de toutes façons, n'est-ce pas ? se demandait-elle.

Sans rien montrer, elle commençait à paniquer. Elle ne voulait pas être abandonnée. Pas encore une fois... En dehors de Harry, qui serait capable de l'accepter telle qu'elle était ?

Ses yeux étaient figés sur l'image que lui renvoyait le miroir. Elle n'aimait pas son visage trop triste, elle n'aimait pas ressembler autant à Severus Rogue parce que ça ne lui apportait que l'indifférence et le dégoût de son entourage. Elle aurait aimée être Métamorphomage, comme Teddy. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas avoir les cheveux noirs ou la peau blanche. C'était juste qu'elle aurait voulu faire oublier au reste du monde qu'elle était la fille du traître, pour qu'ils puissent enfin l'accepter et l'aimer.

Antigone vit Andromeda s'approcher dans le miroir et la prendre dans ses bras. Elle se laissa porter jusque dans la chambre où la grand-mère l'allongea dans son lit à côté de celui de Teddy et la borda comme elle l'avait fait avec son petit-fils. Il y avait assez de chambre dans la maison de la grand-mère Tonks pour que Teddy, Antigone et Andromeda dorment chacun dans une chambre différente. Néanmoins, les deux enfants préféraient dormir ensemble.

Ce fut lorsqu'elle croisa le regard bleu pétillant de Teddy, juste à côté d'elle, qu'elle se rendit compte que Harry n'était pas le seul à la chérir. Pour une raison qui lui échappait, Teddy l'adorait. Et il y avait de fortes chances pour qu'Andromeda l'affectionne comme si elle était sa propre petite-fille.

Il était vrai que Ron la regardait avec les sourcils froncés et le nez plissé comme s'il respirait une odeur désagréable, et que Ginny ne lui montrait pas autant d'affection qu'elle aurait dû en tant que mère adoptive, mais Antigone était aussi entourée de gens qui l'aimaient malgré ses origines. Alors pourquoi se concentrer sur ceux qui ne l'aimaient pas ?

Peut-être tout simplement parce que son père faisait visiblement partie de ceux qui ne l'aimaient pas. Après tout, il l'avait abandonnée, non ? Il l'avait laissée seule alors qu'elle n'était qu'un bébé...

Ce n'était pas tout à fait vrai, et Antigone le savait. Severus Rogue était mort, il ne l'avait pas abandonnée intentionnellement. Mais de son point de vue, avec tous les problèmes que cela lui causait, elle avait vraiment l'impression qu'il l'avait abandonnée, qu'il l'avait laissée toute seule...

Elle se sentait abandonnée dans la fosse aux lions, à essayer de survivre face à des événements qui la dépassaient. Elle sentit les larmes lui montaient aux yeux et elle fit ce qu'elle put pour les retenir. Ce n'était pas toujours facile et bien souvent, quand elle se retrouvait seule dans le noir, les larmes glissaient sur ses joues, finissant leur course sur son oreiller. Son papa lui manquait énormément et le trou qu'il avait laissé dans sa vie et dans son cœur, ne semblait pas vouloir se combler.

Elle essuyait ses pleurs avec le dos de sa main, quand elle entendit la voix de Harry dans le salon. Elle se leva immédiatement.

— Ginny est à Ste Mangouste, le bébé arrive ! dit Harry. Peux-tu garder Antigone pour la nuit, je viendrais la récupérer plus tard.

Antigone arriva dans le salon juste au moment où le cerf argenté se volatilisait.

— Le bébé va bientôt naître, répéta doucement Andromeda en se levant pour la prendre dans ses bras et la soulever de terre joyeusement. Tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur. C'est merveilleux !

Antigone posa la tête sur l'épaule de la grand-mère alors que celle-ci la ramenait dans sa chambre. La petite fille sentait comme un poids dans son estomac qu'elle n'expliquait pas. Elle aurait dû être contente, n'est-ce-pas ? Une naissance était un événement joyeux. Alors, pourquoi avait-elle soudainement peur plus que jamais de perdre le peu de repères que Harry lui avait donné ?

* * *

L'après-midi suivant, Harry, fou de joie, vint chercher Antigone, pour l'emmener voir James Sirius Potter, son premier fils. Dans les couloirs qui menaient à la chambre de Ginny, il prit soin d'expliquer à la fillette le choix du prénom auquel il accordait une grande importance.

— Mon père s'appelait James. J'ai déjà dû te le dire. Si parmi tous les récits que tu m'as forcé à te raconter, je n'ai pas mentionné James une fois, je veux bien mettre ma main au feu.

— Non ! murmura-t-elle horrifiée par cette idée. Je l'ai déjà entendu ! dit-elle précipitamment, ne voulant pas être la cause de la souffrance d'Harry.

— C'est une expression, Antigone, expliqua gentiment l'ancien Gryffondor.

— Ah.

Harry soupira intérieurement. Antigone semblait aussi enthousiaste que s'il l'emmenait à un enterrement et cela atténuait un peu sa bonne humeur. Il avait imaginé qu'avec un événement comme la naissance de son enfant, elle aurait montré un plus de gaité.

— Sirius était mon parrain, continua Harry, et aussi le meilleur ami de mon père. On raconte qu'ils étaient toujours collés l'un à l'autre, j'ai donc collé leurs prénoms pour en faire celui de mon fils pour le reste de sa vie.

Il offrit à Antigone son sourire le plus radieux et le plus sincère, mais, voyant la grimace crispée sur son visage, qui devait très certainement être une tentative de sourire, il perdit encore un peu de sa bonne humeur. Et il comprit aussi ce qui n'allait pas. Il s'agenouilla devant elle pour que sa tête soit à la hauteur de la sienne et lui prit les deux mains:

— Tu sais que James est mon fils et qu'ainsi, malgré le fait que je n'ai fait sa connaissance que depuis quelques heures à peine, je l'aime du plus profond de mon cœur. Il est fort probable que dans une semaine, je me mette à le détester parce qu'il aura ruiné à peu près toutes mes nuits et mon audition. Mais j'aurais beau le détester, je serais toujours là pour lui. Toujours.

Antigone ne le regardait pas. Il releva son menton et vit ses yeux remplis de larmes prêtes à couler.

— Et il en sera de même pour toi, Antigone. Toi aussi je t'ai détestée quand tu n'arrêtais pas de crier pour manger ou dormir. Mais, ajouta-t-il précipitamment quand il vit que des larmes commençaient à couler au coin de ses yeux, tu es comme ma fille. Non, rectifia-t-il, tu es ma fille maintenant, et je serais toujours là pour toi, parce que je t'aime autant que j'aime James. Ne l'oublie pas, d'accord ?

Elle hocha doucement la tête et Harry fut ravi de voir que les larmes avaient quasiment disparu.

— Maintenant, essuie tes yeux parce que je ne veux pas que ton frère te voie pleurer lors de votre première rencontre.

Elle frotta aussitôt sa manche contre ses joues et entra dans une petite chambre d'hôpital. En réalité, la chambre n'était pas si petite que cela, elle était même plutôt grande. Mais il y avait tellement de sorciers à l'intérieur qu'elle semblait étonnement étroite. La quasi totalité de la famille Weasley s'y était entassée, à commencer par Mrs Weasley qui avait pris place au chevet de Ginny et qui semblait ne plus vouloir décoller de sa chaise. Mr Weasley était présent également au pied du lit, ainsi que Ron et Hermione qui sourirent à Harry quand il entra.

Tous étaient silencieux et avaient, pour la première fois, quitté des yeux Ginny et le bébé, pour poser des regards froids sur Antigone. La petite fille baissa la tête. Elle n'aimait pas être entourée d'autant d'adultes qui avaient détesté son père. Ils n'étaient jamais méchants ouvertement envers elle, mais ils n'étaient jamais très aimables non plus.

— Allez, viens voir ton petit frère, annonça son père adoptif en la prenant dans ses bras pour qu'elle puisse admirer son fils endormi contre la poitrine de Ginny.

Antigone put voir le visage de James pour la première fois et, sans qu'elle s'en rende compte, un petit sourire naquit sur ses lèvres.

— Il est mignon, murmura-t-elle en observant ses cheveux noirs déjà en bataille.

Elle tendit le bras pour les caresser mais Ginny rapprocha instinctivement James contre sa poitrine en le serrant dans ses bras. Elle avait voulu être discrète, mais Antigone était assez proche pour le voir alors elle interrompit son geste. Néanmoins, un regard de Harry suffit à convaincre sa femme de laisser la petite Rogue s'approcher, et Ginny fit un sourire quelque peu forcé à Antigone avant de tourner son visage vers le bébé.

— Regarde, James, chuchota-t-elle. C'est Antigone, ta... grande sœur.

Antigone vit les yeux du nouveau-né s'ouvrir et elle tendit à nouveau le bras jusqu'à ce que son index soit serré dans la petite main de James. Tout le monde dans la pièce poussa alors un soupir d'émerveillement des plus ridicules.

Quand Ginny reposa le petit James dans son berceau et que les adultes se remirent à parler d'affaires d'adultes qu'Antigone ne comprenait pas toujours, la fillette se posta à côté du berceau. Perchée sur un tabouret, elle observait James dans son sommeil. Le petit garçon avait les cheveux noirs, comme elle, et une peau plutôt pâle. Il lui ressemblait finalement et ce n'était pas plus mal. Cela signifiait aussi qu'elle ne ressemblerait pas trop à une pièce rapportée dans la famille Potter.

Toutefois, d'énormes différences subsistaient entre elle et James. Le garçon avait deux parents aimants qui étaient là pour veiller sur lui, le câliner et le réconforter quand il en aurait besoin. Antigone ne pouvait s'empêcher de l'envier. Elle aurait presque pu lui en vouloir, mais elle savait que ce n'était pas juste car il n'y était pour rien. Ce n'était pas de sa faute s'il était bien né. Tout comme ce n'était pas de la faute d'Antigone si elle était mal née. Mais ça, les autres ne semblaient pas toujours le comprendre.

Antigone poussa un soupir et laissa pendre son bras par dessus le bord du berceau pour effleurer les cheveux noirs de James.

Antigone n'avait eu que du noir. Le noir du chaudron. Le noir des cachots. Celui de la robe de son père. Des cheveux de son père. De ses yeux. Et elle enviait James d'avoir des parents aussi gentils pour lui. Être un Potter devait être tellement plus simple...

—Tu as bien de la chance James Sirius Potter, murmura-t-elle. J'aurais bien aimé être à ta place.

Elle aurait aimé avoir tout ce qu'il avait et elle aurait aimé avoir tout ce qu'il aurait. En particulier, la possibilité de connaître son père.

A suivre...

Note de fin : N'hésitez pas à laisser un commentaire ^^

 
 
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