C'est juste une drogue trop candide pour être réelle, un gris trop blanc pour être noir.
Il s'accroche du bout des doigts pour grignoter son morceau d'illusion et recrache amèrement ses doutes, quitte à mourir de nouveauté. Il lui suffit d'un souffle pour mêler un panache à l'élégance; aux volutes bleutées teintes par le mystère. L'habit austère dont il est vêtu est tâché aux endroits où il a vomi ses désillusions, mais il en redemande encore.
Quand il part en quête de quelque hypothétique vision pour l'emporter dans ses délires acides, le son de ses pas résonne sur le dallage pierreux comme s'il eut été suivi par une l'ombre de ses déboires.
Le même chemin, tous les jours, au travers de voûtes au bras de leur clé, d'arches millénaires et de poussière atemporelle, comme déposée là pour l'éternité. A ce sempiternel parcours s'ajoute parfois une peur soudaine qu'on le surprît à braver les interdits posés par sa conscience.
Et si la gueule figée de la gargouille n'attendait plus que de goûter à sa chair ? Et si cet oracle, sur son piédestal aux volutes ténébreuses, lui jetait un quelconque maléfice de son bras tendu vers la cime ? Parfois l'envie le quitte, il n'est pas prêt à s'opposer à la raison qui le détourne. Cependant qu'il marche irrémédiablement vers son exutoire intellectuel, cette drogue irréelle qui l'empoisonne de jour en jour, il lui arrive d'être perplexe et de douter de son côté révolution. Vient alors, récurent, ce mouvement de protection qu'il exécute vaguement, ce geste de la main qui l'invite à s'en retourner vers le monde.
Pour se cacher aux yeux de ses chimères, il rabat sur son visage un pan de sa robe, parfois la cape, souvent la folie. Mais il n'est pas fou ; il est en manque.
Et il a besoin de s'extraire de ce costume et de s'immiscer dans un autre, invisible aux yeux des autres. Il a besoin d'appeler sa témérité prière et son imaginaire Dieu. |