Voilà ca qu’une insomnie apporte à mes délires… Stephen King avant de dormir, et voilà le résultat… C’est malin… Note: Je tiens à remercier Yume du fond du coeur pour avoir donné vie à ma Zyrdia... Merci Yume, elle est tellement... elle... Bonne lecture… Vide Le Vent soufflait sur la ville déserte. Le ciel montrait des Myriades d’étoiles et leur nombre infini conférait une lumière étrange à l’endroit éteint. Nawfel jeta un regard à sa montre. 2h53. Seul, il marchait dans les entrailles de cette ville qu’il connaissait si bien. Chaque détour, chaque lacet venait frapper le siège de sa mémoire et lui rappelait avec émotion des moments vécus. Ici, derrière le panneau, endroit de retrouvailles quotidiennes avec ses compères de galères. Et là encore, ce banc, sur lequel ils passaient tant de temps à se moquer du fleuve de la vie et surtout des poissons et autres grenouilles de bénitiers qui peuplaient son lit. Et cette échoppe qui ne désemplissait jamais autrefois. C’était ici qu’il l’avait vue pour la première fois. Zyrdia… Elle était si belle, sombre comme la plus noire des peurs d’enfants, ses cheveux courts tombants en cascade autour de son visage fin, si fin. Chacun de ses traits semblait peint sur une plaque d’albâtre tant sa peau était diaphane. Deux grands Yeux bleus, comme deux douces Tanzanites encadrées de cils noirs et fins, se débattaient pour donner un peu de couleur à ce visage pelliculaire. Ses lèvres aussi ajoutaient à l’étrange lueur de ce visage. Elles étaient d’un rouge profond, finement ourlées et si promptes à se retirer pour laisser place à une dentition digne des panneaux publicitaires qui s’étalaient sur les murs de la ville. Chacun de ses gestes, chacune de ses esquisses, semblait à Nawfel d’une bien étrange légèreté, plume sur le levant du cœur du jeune homme, et d’une précision de lame de rasoir. Elle avait des allures de papillon grave. Nawfel tombe instantanément. De l’autre côté de cette vitrine, il ne put un instant défaire son regard de cette étrange apparition. Le monde s’écroulait autour de lui et sous lui. Plus tard, ils feraient connaissance lors d’une collision de tasse de café, dans un petit pub trois portes plus bas de cette même rue. « Tu aurais pu trouver mieux que de m’ébouillanter, si tu voulais nouer contact. » avait-elle dit. Nawfel sourit à cette pensée C’est avec Zyrdia qu’il avait passé les plus beaux moments de sa tendre vie et qu’il avait découvert la sensualité. Zyrdia… Sans elle, il n’aurait jamais su qu’une caresse pouvait arrêter le monde, qu’un souffle pouvait briser la douleur, qu’un frôlement pouvait amener à l’extase. Elle était une vie dans son cœur. Dieu qu’elle lui manquait… Ensemble, ils avaient parcouru tant de fois ces rues, ils avaient l’amour sous les porches, la révolution sur les comptoirs, la guerre aux vieux philosophes avinés, refait le monde par des soirs d’espoirs. Reconstruits les ponts écroulés entre leur vie et celle des autres. Zyrdia… Elle était tout, son autre, son parfum comme seule odeur du bonheur. Elle lui avait dit : « Amour, crois-tu que nous soyons nés séparés au moins une fois parmi les siècles ? Crois-tu que cela soit possible que nos âmes soient séparées ? » Il avait souri devant cette candeur inquiète qui faisaient briller ses yeux. Zyrdia… Combien de fois avait-elle ébloui ses nuits, en le trainant par la main pour l’emmener là où elle le voulait, juste là, juste comme ça… Sur un banc, sous un porche, dans l’eau sombre du lac qui habitait le cœur de la ville, partout où elle le voulait. « Sais-tu comme tu es beau mon Ange ? Gardien de la Forteresse de mon Cœur ? Cette lumière de lune te va à ravir, Amour… » Le Bonheur était simple avec elle. Et il serait mort pour elle. Et maintenant il n’y avait plus rien, il avait tout perdu et bien trop vite. Alors qu’ils écoutaient la radio un matin, une alarmante nouvelle vint percuter leur attention. Un étrange Mal semblait s’abattre sur les populations du monde entier. Zyrdia avait tourné son regard opalescent vers Nawfel « Est-ce la fin ou le début d’une nouvelle aventure ? J’ai peur Amour… ». Il en avait été bouleversé… Et en quelques jours, l’hystérie s’était emparée des esprits comme une fièvre folle. On brûlait, on pillait, on violait. Des groupes religieux et autres prophètes sordides tentaient d’amasser de quoi se saouler une dernière fois. Une foutue grippe mentale. Les esprits étaient à feux et à sang et même Nawfel ne parvenait plus à trouver la paix auprès de sa Déesse Sombre, au milieu d’une telle confusion. La sale maladie se répandait de ville en ville, semant la mort sur son passage. Un vrai Fléau. Les plus grands spécialistes de la médecine moderne s’acharnaient à chercher une cause et une issue au drame. Et les charniers continuaient de s’étendre. La Mort devenait maîtresse et se repaissait de la moindre parcelle de vie à mesure que le Soleil continuait de se lever de manière cyclique. La Religion connaissait un regain d’intérêt et les Eglises, Temples et autres lieux de débauche mystique ne désemplissaient plus. On parlait du Fléau Divin, du Dernier Jugement de Dieu, d’une Punition Suprême, injuste pensait Nawfel. La Violence enflait à mesure que le temps passait. On pillait les magasins, les voisins, son chien, pour un peu de sensations fortes, pour une poussée d’adrénaline suprême, pour un dernier Shoot, pour un dernier Flash. Nawfel et Zyrdia ne pouvaient que constater. Ils s’en allaient main dans la main au milieu du Chaos. Et ils s’aimaient plus ardemment. Même leurs corps semblaient vouloir arracher une dernière bataille, une dernière guerre, « Pour s’aimer à en crever », pour mourir d’épuisement plutôt que de cette saleté de maladie. Et bientôt les rues désemplirent. Une puanteur morte s’installe, mélange de cadavres en décomposition et de pourritures des quelques denrées alimentaires qui subsistaient encore dans les vitrines, donnant à l’air une odeur âcre et sucrée, écœurante. Ils ne furent plus qu’une vingtaine, puis plus qu’une dizaine, puis plus que deux. Zyrdia et Nawfel. Les Deux Derniers cherchant un contact quelconque, un signe de vie extérieure. Mais rien, silence radio. Alors ils continuaient d’errer dans la ville, seuls au monde, trouvant le vide plus beau à deux. Et puis un matin, Zyrdia ne s’était pas levée. Fièvre, premier symptôme. Suivis par les autres en l’espace de quelques heures seulement. La saleté de maladie était rapide, la Mort affamée. Toux saignante, puis les vaisseaux qui explosent dans les yeux. Lorsqu’à la nuit tomba, elle le regarda pour la dernière fois des larmes de sang coulèrent au coin de ses yeux. « A bientôt, Amour, nos âmes sont liées, nous… » elle émit un gargouillement, encombrement des voies respiratoires par le sang qui se vidait des vaisseaux éventrés… Nawfel se leva, vomit, regarda les deux Tanzanites, vomit, pleura, s’effondra, pleura. Puis s’enfuit en courant, loin de leur nid d’amour, loin de sa vie. Et il marchait toujours après un bref arrêt au poste de police. Il sentait les larmes acides monter mais elles ne sortaient plus. Plus vite, pour que son sang soit plus prompt à le faire mourir, plus vite pour rejoindre son Ange. La Mort lui refusait cette requête… Radio qui grésille, Colt dans la main, Gâchette tirée. Assis dans l’ombre. Placer le canon contre la tempe, contact froid du métal sur une peau sous laquelle des flots de sang tourbillonnant. Cette Mort sera douce, un dernier voyage avec sa Déesse. Il rit, il n’avait jamais cru en quoi que ce soit et en cet instant, il se surprenait espérer une vie après, une vie heureuse avec Zyrdia. « Pas de vie sans toi, Amour… ». Nawfel appuya sur la détente. Bruit mat du corps qui tombe sur le sol. « …Hallo ?...Hall… Ha..o.. S’il vous plait, répondez ! Merde, je crois que je suis vraiment seul…Hallo ? » FIN Alors, qu’est ce que vous en pensez ? un peu trop SKing non ? |