15/06/08 Bonsoir (ou bonjour, il est très tôt)! Voici la première fic que je posterai ici. Une irrépressible envie d'écrire m'a prise en rentrant de soirée hier, et ce qui est sorti de la course de mes petits doigts sur le clavier est l'histoire qui suit. Je ne sais pas trop ce que ça donne, ça fait très longtemps que je n'ai pas écrit. Il est très possible que ce soit niais à vomir, car je me sentais bêtement heureuse quand j'ai écrit ça -vous êtes prévenus! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez... Je suis trop indécise pour être contente de moi, mais j'avais envie de le publier... Après tout, un retour à l'écriture après environ cinq ans, ça se fête^^! Bonne lecture, donc! [Edit du 23-06-08: J'ajoute une petite illustration à cet OS sans prétention... Ca ne sert à rien, mais comme je me suis amusée avec ma sanguine et ma pierre noire, je vous en fais profiter!] ¤*¤*Alma*¤*¤ Je suis une Fille. Avec un grand F. En fait, si les héroïnes de Sex & The City étaient moins américaines, moins riches et plus étudiantes, la série décrirait presque ma vie… C’en est presque caricatural : je passe l’essentiel de mon temps avec mon petit groupe de copines soudé à coup de crises monumentales et de secrets à la confidentialité douteuse, je raffole de soirées trop arrosées au martini accompagnées de potins croustillants et le seul sport que je pratique intensément est le shopping. Pourtant, ce soir, c’est bien devant un match de football et un demi de bière que je viens de passer une excellente soirée. C’est presque devenu une coutume : chaque fois que l’équipe nationale joue un match assez important pour être diffusé dans un bar, on se retrouve pour aller le voir. Rugby de préférence –tous ces hommes qui se battent avec dignité sur le terrain, c’est so viril-, mais on ne crache pas sur un peu de foot de temps à autre. « Du foot ? Mais je croyais que tu n’aimais pas ça ? » Ha ça non, je n’aime pas le foot. L’idée même de regarder le foot seule chez moi devant la télé, un maillot sur le dos et la main plongeant dans le paquet de chips en un mouvement perpétuel en biberonnant une bière est pour moi l’allégorie même de la beaufitude… Mais ce soir, c’est avec empressement que je passe prendre une des filles à la fac où nous sommes en stage pour rejoindre le port. Un plat de pâtes vite avalé et nous nous pressons vers notre camp de base histoire d’arriver assez tôt pour garder des places. Lili gare la voiture tout près du Tiara et je respire avec ravissement les effluves d’iode portées par la brise du soir. L’été approche à grands pas, et l’air est plein de promesses de plages, de festivals et de soirées… Nous dénichons une petite table dans le pub irlandais et je passe au comptoir acheter deux demis de notre bière favorite. Nous sommes presque les seuls spécimens féminins du pub, mais le barman, pas étonné le moins du monde de notre présence, me tend notre commande avec un petit sourire. Lili m’annonce la venue d’un personne surprise que je dévoile après quelques tentatives infructueuses : notre Mo, rennaise de son état, nous rejoint pour le week end. C’est dit, ce soir, un parfum de vacances flotte au Tiara ! Lili et moi résistons laborieusement aux effluves de nos boissons par politesse pour nos amies. Nous nous racontons nos journées en observant les hommes du bar : ce n’est pas le printemps pour rien ! Et puis notre chasse visuelle a porté ses fruits tout à l’heure au restau’ de pâtes, alors pourquoi pas à nouveau ici ? Malheureusement, le pub ne nous offre pas d’Enrique en goguette, ici, les Jean-Claude sont le lot commun. Mais c’est aussi pour ça qu’on aime notre Tiara : avec ses quarantenaires un peu rustres, ses trentenaires entre potes et ses p’tits jeunes fuyant la hype pour le confort d’un coin simple mais chaleureux. Cécile nous rejoint les yeux gonflés de fatigue et de larmes contenues alors que les joueurs à la télé entonnent en sourdine leurs hymnes respectifs. Aujourd’hui est un jour pourri, nous prévient-elle, alors notre équipe va forcément se prendre une déculottée... Elle aurait bien besoin d’une bonne cuite pour oublier les parents indélicats, la chérie de son frère qui squatte la maison sans vergogne, le copain qui l’étouffe et le stage qui la fatigue, mais elle conduit ce soir. Et vu son état de fatigue, même une bière serait trop : ce sera juste un coca ce soir… Elle me jette un coup d’œil réflexe, à la recherche de l’approbation de celle qui a tenté de la débarrasser de son addiction au soda, mais qui suis-je pour la priver de ce petit réconfort ce soir ? Nous l’informons de la venue d’une personne surprise sans lui dévoiler son identité… Avec une pointe d’agacement, elle nous prévient que la surprise a plutôt intérêt à être bonne avant de se laisser aller au jeu de devinettes sans succès. De toute façon, le cœur n’y est pas. Nous commençons à raconter des bêtises, histoire de la consoler un peu. C’est notre manière à nous de nous remonter le moral : tout déballer de nos problèmes et en rire juste après. Le match commence, et nous trinquons à nous-mêmes en le suivant d’un œil distrait. Les malheurs de Cé retiennent notre attention et nous médisons un peu avec elle de ces personnes qui lui pèsent sur le moral : ça aussi, c’est efficace. Les bulles qui glissent sur nos langues et la fraîcheur du soir nous font doucement frissonner. Soudain, dos à la porte, je vois le visage de Cé en face de moi exprimer la surprise la plus totale, puis craquer : ses larmes de joie et de fatigue m’apprennent l’entrée en scène de Mo. Nous sommes au complet. Enfin. Un grand sourire accroché au visage, Mo nous embrasse avant d’aller consoler Cé qui déjà s’est reprise. Nous voici de retour chez nous : quel que soit le résultat du match ce soir, la soirée sera plus que bonne. La dernière arrivée détonne dans le pub en commandant un martini au citron, récoltant sourires un brin moqueurs mais indulgents des clients et du barman. Pas gênée le moins du monde, Mo s’attable et nous pouvons enfin entamer les choses sérieuses : l’heure de relater nos déboires de ces dernières semaines les unes sans les autres est arrivée… Le rencart mitigé de Lili, les coups de déprime de Mo causés par un ex indélicat, le manque de confiance de l’homme de Cé et le vide intersidéral de ma vie amoureuse depuis plus d’un an : tout y passe. Et alors que nous nous épaulons les unes et les autres à grand renfort de moqueries affectueuses et d’allusions douteuses, notre équipe se prend la déculottée prédite par Cé… Nous crions avec les autres supporters en les raillant gentiment lorsqu’ils s’enflamment de trop, nous tentons de suivre ce que nous pouvons entre les bonds que font les hommes assis devant nous… Ainsi, à la fin du match, malgré la défaite de notre équipe, nous sommes heureuses du spectacle qu’elle nous a servi. Lorsque l’écran s’éteint sur le visage fatigué de nos joueurs et qu’un morceau de musique celtique roule doucement dans le pub, je réalise que je passe un de ces moments parfaits qui n’existent en théorie qu’à la télé. Et tout me semble bon : la douce amertume de la bière sous mon palais, le tintement de nos rires à mes oreilles, le bois brut de la table sous mes doigts, l'éclat des gouttelettes sur mon verre à la clarté tamisée des lampes et cette odeur si caractéristique, mélange de houblon et d’un fantôme de cigarette, qui flotte dans l’air… Nous parlons et nous rions trop fort, ce qui nous attire quelques regards intrigués. Mais nous nous en fichons : nous sommes là, ensemble, et je me sens si vivante. Quatre filles, de la bière, un pub et un match de foot. Finalement, quoi de plus féminin ? |