On ne se ressemble pas

            Toi, tu as la peau pâle, d’une couleur presque maladive ; moi ma peau est légèrement hâlée et respire la vie.

            Tes cheveux d’or sont d’un éclat, d’une souplesse inégalable, si soyeux et si ordonnés ; les miens ne sont que le simple reflet des ténèbres qui envahissent mon cœur petit à petit, et sont voués, à jamais, à être indisciplinés.

            Je ne comprendrai hélas jamais la froideur de ton regard, ces orbes gris si envoûtants et pourtant si inexpressifs ; l’éclat du mien ne cesse de trahir mes émotions. Peut-être suis-je un peu trop vif.

            Alors que toi, tu es l’incarnation de l’assurance, tout en toi respire la noblesse, la sérénité, chacun de tes gestes est réfléchi ; je t’envie pour ce contrôle que tu détiens sur ta personne, alors que mes gestes et mes paroles ne résultent que d’une incertitude et d’un tempérament un peu trop fort.

            Tu viens d’un milieu stable, entouré de tes parents qui faisaient tout pour que tu sois avant tout le meilleur ; mon milieu familial à moi est inexistant, et chaque fois que j’y pense une douleur intense s’installe au fond de moi, cette impression grandissante de vide prend place.

            Tes amis te respectent pour ce que tu représentes et non pour ce que tu es, les miens sont les seules personnes qui me soutiennent et que j’aiderai quoi qu’il en coûte.

            Ton sommeil est des plus paisibles qu’il soit, le mien reste tourmenté par l’image des corps ensanglantés jonchant le champ de bataille. Toutes ces morts que je n’ai pu éviter.

            Tu as trahi les tiens pour sauver ta vie, et par opposition aux idées de ton maître ; je n’ai fait que ce que l’on attendait de moi, je me suis ancré un peu plus dans l’image de héros qu’on m’a attribuée.

            Ta trahison t’a valu le rejet des tiens ; ma bravoure m’a valu le respect des miens.

            Mais ce soir, une chose nous unit.

Ton corps nu contre le mien, l’empressement que tu as de me déshabiller à mon tour, le satin de tes lèvres contre les miennes, tes dents qui me mordent sans regret, le gémissement que je laisse échapper lorsque ta langue rejoint la mienne pour me faire perdre la tête un peu plus, tu ne nous laisses pas reprendre notre souffle, nos respirations se font difficilement, nos dents s’entrechoquent, ton excitation est au paroxysme, tes va et vient me transportent dans une effusion de sensations que je ne connaissais pas. Tes mains s’accrochent à mes hanches avec le même désespoir que tes baisers, cherchant à retenir mon corps comme si notre rêve allait cesser d’une minute à l’autre. Mes ongles s’enfoncent dans le matelas de mon lit. Je n’en peux plus, tu me tortures de plaisir à chaque fois que tu t’enfonces un peu plus en moi. Je crois que je vais venir. Ma lèvre inférieure souffre le martyr que lui font subir mes dents. Mon anneau se resserre autour de ta virilité et je me libère, peu de temps avant toi en criant ton prénom.

            Merlin que j’aime cette torture que tu m’as infligé.

            Une bise glaciale pénètre dans mon appartement et me réveille. Mes draps sont trempés.

Cette nuit passée à unir nos corps ne fut-elle qu’un simple rêve ?

Tu n’es plus là mon dragon.

Aucune union n’est donc possible ?

Certes, tout nous oppose, on ne se ressemble pas, moi Gryffondor, toi Serpentard, on m’a désigné comme sauveur de l’humanité, et toi ? Es-tu le mal ?