Un truc vraiment con *** - A toi ! A moi ? A moi quoi ?Je regardais vaguement autour de moi…a oui, le jeu…je crois que j’ai trop bu… - Alors Action ou Vérité ? Y me font chier… - Vérité, je marmonne. Bourrée, définitivement. Je les regarde se concerter entre eux, tous les 4, qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir me pondre ?Surtout prenez votre temps… Sarah se tourne vers moi.Hum, j’en déduis qu’elle va me poser la question. Qu’est-ce que je suis intelligente même ivre. - Quel est le truc le plus con que tu ais fais dans ta vie ? C’est quoi c’te question ? - Trop boire ce soir !Je réponds. Et puis quoi encore, tu veux pas que je te raconte ma vie non plus ? - Aller dis-le nous ! Nous on a tous dit la vérité. Lâche-moi Thomas, j’ai envie de vomir là. Putain, ils insistent tous. Les salauds, ils en profitent, je suis faible. L’alcool rend faible. Et con. Enfin conne. Faut que j’arrête de picoler. Ou alors j’arrête de les fréquenter. Mais j’aurais plus personne avec qui picoler. Cruel dilemme. - Lena, quand t’auras fini de te parler à toi-même, tu pourrais peut-être nous répondre ! Oups ! Grillée.Vous l’aurez voulu bande de sobre ! - Ok, je vous raconte, mais venez pas râler après. Je vous préviens c’est vraiment con.Et en plus, je vais peut-être vomir entre temps. Ils mouftent pas. Tant mieux. Je sors une clope de ma poche en fusillant du regard Aurélien. Laisse tomber la blague pourrie comme quoi je vais m’embraser, on l’a entendu douze mille fois. Il est où ce con de briquet ? Dans ma poche.J’allume ma clope, tire longuement dessus.J’aurais du le faire plus tôt, ça fait du bien. Ils me regardent tous, ils attendent.Ils ne savent pas ce que je vais leur dire.Ils ne me connaissent pas. Pas vraiment.Ce soir, ils sauront.Un peu en tout cas.Moi je n’aurais pas menti. Je me retourne vers la mer, je suis conne de penser que se sera plus facile comme ça.J’essaye quand même. Et puis j’ai ma cigarette. - Le truc le plus con hein ? Je vais vous le dire.J’ai baissé les bras. C’est con hein ? C’est que vous aviez demandé non ? Le truc le plus con que j’ai fais dans ma vie ?J’ai 22 ans et j’ai déjà baissé les bras.J’ai abandonné.Je me souviens de tout. Parfaitement. Je revois ses sourires rien que pour moi chaque fois qu’il me parlait ou me regardait. A chaque instant. Javais son sourire. Je me souviens de ses mains. Elles étaient petites, il n’était pas très grand faut dire, mais ça comptait pas. Elles étaient abîmées. Ses mains je veux dire. Toutes sèches. Et calleuses aussi.A cause de l’escalade. Mais bon dieu qu’elles étaient belles. Elles me tenaient les mains quand il avait quelque chose à me dire. Elles me disaient au revoir chaque soir. Depuis je fais une fixette sur les mains. Je les cherche.Je ne les trouve pas. Elles sont toutes différentes. Je sais bien que je ne trouverais pas. Jamais ce ne seront les siennes. Mais je cherche quand même. Je fais une pause, je tire sur ma clope. J’ai toujours envie de vomir. Pas sur que se soit l’alcool cette fois. La fumée de ma cigarette s’enroule autour de ma main. Me réchauffe un peu. Je jette un œil aux autres derrière.Ils me fixent.Je crois qu’ils attendent.En fait j’avais raison, c’est plus facile de regarder vers la mer. - Je ne me souviens pas de la première fois où je l’ai vu. Pour sur que c’était à la rentrée, mais je n’ai plus ces images là. Mais c’est pas grave, j’ai toutes les autres. Les fous rires devant les profs. On s’est souvent fait virer de cours. Et on a très souvent vu la prof principale.Prof d’anglais je crois.Mais ça on s’en fout. C’est malin un prof, jamais convoqué en même temps.Mais on s’en foutait.Je l’attendais.Il m’attendait. On voulait juste être ensemble un peu plus longtemps. On grattait du temps quoi.Après il me raccompagnait. Pour pas qu’il fasse trop de chemin, je faisais un petit détour.Il repartait à mi-chemin.On se disait à demain. A ce moment là, y’avait toujours un lendemain. Et puis il y a eu le voyage. Ce putain de merveilleux voyage. Douze heures de car je crois. A cause du plan Vigipirate. Ca a fait mon bonheur. Douze heures à ses côtés. On faisait comme d’habitude .On riait.On parlait.On chahutait.On a dormi. Mes jambes sur les siennes.Il les caressait.Ca m’endormait. J’avais pas compris.Je ne comprendrais que plus tard. Trop tard. J’ai vu avec lui. Rome et ses ruines. Le Colisée. Les églises. Le Vatican. On a regardé les vieilles en noir qui priaient. Les touristes. On s’était assis sur des marches qui menaient je ne sais où. C’était bien. C’est là que c’est parti en live. Elle est venue me voir. En pleure.Il fallait que je le laisse. Ce n’était pas mon copain.C’était le sien. Ce n’était que mon ami.Personne n’avait compris. J’ai été bête.J’ai dis oui. Je rigole maintenant mais ce fut la demi-heure la plus dure de toute ma vie. Ouai, j’ai tenu une demi-heure. Une minuscule demi-heure.Une moitié d’heure loin de lui. Je ne pouvais pas.Pourtant j’ai essayé. Je l’aimais bien sa copine. Mais il a su.Tout de suite il a vu que ça n’allait pas. J’ai serré les dents. Comme dans les films. Seulement trente longues minutes. J’ai vraiment essayé vous savez. Mais je crois que mon cœur ne voulait pas. Des fois le cœur ne laisse pas le choix. Merde ! Ma cigarette vient de me brûler les doigts. Le filtre est cramé.Je la vire devant moi, les vagues l’emporteront.Vague culpabilité quand même.Tant pis, je vais pas me jeter à l’eau.Y’a pas de bruit derrière.Soit ils dorment, soit ils m’écoutent.De toute façon, il faut que je termine maintenant. - C’est donc là que tout a foirer. J’ai ouvert les yeux sur notre monde. Le vrai.Avant il y avait lui et moi. Je me rendais brutalement compte qu’il y avait les autres.Je peux vous dire que ça fait mal. Je n’arrivais plus à être moi. Je voulais rire.Je voulais le toucher. Mais il y avait les autres. Leurs rumeurs sur nous. Pompéi, le Vésuve C’était beau mais j’aurais voulu bien plus. Mais les autres étaient entrés dans mon monde.J amais rien ne les ferait en sortir. J’avais perdu. A notre retour, j’ai appris qu’on déménageait. J’ai bêtement cru que ça ne changerait rien.Rien de plus en tout cas. J’avais tord. Il a eu d’autres copines. Toujours plus jalouse que la précédente. Et moi entre eux. Je suis partie. Oh, on s’est revu. Une fois.A mon anniversaire. Dans mon nouvel appart.J’ai dormi à ses côtés.Collée à lui. J’ai voulu en profiter une dernière fois. Au fond je le savais. J’avais déjà commencé à baisser les bras. Dix ans ont passés. On s’est revu deux fois. On aurait pu se revoir c’est vrai. Mais on était trop jeune. On n’avait pas compris. On n’avait que treize ans. J’ai bêtement cru que ça passerait. J ’ai fini.En fait j’ai menti. Je savais que ça ne passerait pas. J’ai juste essayé de vivre avec.Au début ça faisait mal physiquement.J’avais le cœur en miette.Un étau dans la poitrine.Une impression de déchirement.Douloureux.Terriblement. Et puis ça passe un peu.On s’habitue.Mais j’ai toujours mal.J’aurais toujours mal. J’ai pas envie de me retourner tout de suite. Je crois que j’ai bien dessoulé là. Je vais reprendre une clope pour la peine. Je la fumerais celle-là. Pas comme l’autre.La flamme du briquet éclaire un instant le vide autour de moi.Il n’y a rien. Que la mer. Le sable.Je sais bien que si je me retourne, ils seront là.De toute façon, maintenant il y a toujours quelqu’un. J’ai perdu l’autre monde.Ca ne sert à rien de ressasser tout ça. Je me retourne vers mes amis.Allons bon, j’y crois pas, Sarah pleure. - T’as un grain de sable dans l’œil ? Je demande. Elle répond pas, elle se mouche.Donc c’est pas le sable. - T’as raison Léna. C’est vraiment con. Merci Laura pour ton merveilleux soutien.Je deviens un chouille sarcastique là non ? - Je vous avais prévenu. A toi Aurélien. Action ou Vérité ? - Action. T’as raison, ça vaut peut-être mieux. C’est con la vérité. *** Mon premier OS, mon bébé quasiment...Je ne sais pas vraiment quoi dire dessus, il m'est venu tout seul pour ainsi dire. J'espère que ça vous a plut. A bientôt pour d'autres aventures moins dramatiques ^^ Bisous Mmali |