Titre: Etoile Disclamer: Tout est a MOI (j'ai toujours rêvé de dire ca =D ) Auteur: Rin Résumé: "Et quand on apprend qu'on doit mourir? Avouer son amour, même s'il est impossible?" Note: Si c'est pas magnifique, tout vient d'un rêve :o Je me suis réveillé, et tout ce que j'avais a faire, c'était d'écrire. Pas besoin de réfléchir, ce fut bouclé en une heure =p *** La sentence était tombée: j’allais mourir. Et ô combien plus tôt que prévu. J’aurais aimé le savoir avant, pas seulement la veille. J’aurais pu profiter de lui, de ces derniers instants à ses côtés. Viendra-t-il me voir aujourd’hui? Oh, j’aimerais tant, mais il ignore tout de mon état et il est hors de question qu’il l’apprenne. Je refuse que la dernière image que j’ai de lui soit son visage empli de tristesse. Même si cette expression, tout comme ses larmes, n’ont jamais ornés son visage en ma présence. Mais ce n’est pas un sérieux manque à ma collection, je préfère même ça. Il est possible de faire de collections de millions de choses futiles, pour des raisons tout aussi dérisoires. Et bien moi, je collectionne les expressions que j’ai vu traverser son visage, et ma raison est tout bêtement d’en être tombé amoureux. Parfois je me dis que j’aurais dû aimer Mélusine, tout aurait été plus simple… Mais il est bien trop tard désormais. Je me dis qu’au point où j’en suis, quitte à mourir demain, autant qu’il sache. Mais ma lâcheté, je le sais, m’empêchera de parler. Alors j’écris.
Je trace de mon écriture incertaine tout ce que j’ai sur le cœur, essayant d’oublier ma pudeur. Le résultat est le mélange maladroit d’une lettre d’amour, d’excuse et d’adieu. Je me sens un peu pathétique et j’ai l’impression de redevenir cet ado de 15 ans timide et inexpérimenté. Bien qu’en 11 ans, je n’ai pas le sentiment d’avoir tant progressé. Je scelle l’enveloppe sans me relire, pour être sûr de ne pas changer d’avis, et calligraphie son prénom de ma plus belle écriture. Étoile. Il a le prénom le plus beau et le plus magique qu’il me fut donné d’entendre. Certes parfois dur à porter, je n’ignore pas les frasques de son enfance à ce sujet, mais devant un être aussi exceptionnel, comment se formaliser pour si peu? N’empêche, entre Mélusine et lui, j’ai la nette tendance à attirer les gens aux prénoms étranges. Pourtant, le mien est banal à en pleurer, comme ma personne. Être homo est la seule excentricité que je me sois permise. Je suis plutôt quelqu’un d’ennuyeux, je bois peu, sors peu, me couche tôt… Je pense que le prénom est peut être un reflet de la personnalité. Ca expliquerait pourquoi ils sont si extraordinaires et moi si commun. Enfin je ne vais pas blâmer mes parents pour ça.
L’heure des visites vient de commencer. Je suis un peu stressé. Viendra-t-il? Les heures semblent alors s’étirer, me faisant plus que jamais prendre conscience que ce sont mes dernières. Finalement, c’est Mélusine qui fini par entrer, l’ai radieuse. Si elle savait… Je suis un peu déçu que ce ne soit pas lui, mais elle aussi je voulais la voir, et lui dire implicitement au revoir. -Alors, comment vas-tu? Elle dépose un bouquet de jonquilles dans un vase. Elle ne se doute de rien alors que je regarde pour la dernière fois les reflets du soleil dans ses boucles sombres, ses yeux diabolo menthe si pétillants, et son sourire plein de bienveillance. -Bien… -Tu sors bientôt? Étoile m’a dit qu’il t’emmènerait au cinéma pour fêter ça. Il a même ajouté que si tu étais sage, il te paierait une glace au caramel, me dit-elle avec un clin d’œil. Il voulait venir aujourd’hui mais il avait trop de travail. Mon cœur se serre:il ne viendra pas. -Je ne suis plus un gamin! Tenté-je de protester, sans grande conviction. Mais elle ne semble pas le remarquer et bavarde tranquillement avec moi de tout et de rien. Elle va me manquer, et je regrette de plus en plus ce qui approche inexorablement.
Au moment pour elle de partir, je lui demande le voix chevrotante si elle accepterait de donner une lettre à Étoile. Elle semble étonnée mais accepte sans poser de question. C’est une des choses que j’aime chez elle, elle sait quand la curiosité s’impose ou non. Je sais aussi qu’elle ne la liera pas. Il aura sa lettre demain, et il sera déjà trop tard. Je me dis vaguement que j’aurais aimé voir sa réaction, tout en l’appréhendant. Je m’endors peut après, sans dîner car ce que je voudrais vraiment goûter n’est pas au menu. Je rêve plutôt d’un baiser d’Étoile, et de son goût mêlé à celui de cette glace au caramel qu’il m’a promis. Oui, mes dernières volontés ne seront pas exaucées, mais je n’en souffre pas outre mesure. Je préfère sombrer dans mes rêves étoilés aux saveurs chatoyantes après un dernier coup d’œil aux homonymes de mon amour impossible. Me réveillerais je demain?
*** Il y a un ange qui scande mon prénom. Suis-je mort? Ouvrir les yeux me semble plus difficile que jamais. Pourtant il y a cette voix qui m’appelle, une voix si belle… Et lorsque mes paupières se décollent enfin, c’est son visage qui m’apparaît. Je suis donc au paradis? Tant mieux, ça me va, s’il est là. -Hey te rendors pas! Ouvres les yeux! Oui, il a raison, chaque seconde sans voir son visage est une seconde de perdue. Mais pourquoi a-t-il l’air si inquiet? En fait, je n’ai même jamais vu son visage aussi préoccupé… Mais je ne peux pas m’empêcher de graver ses traits dans mon cerveau, une nouvelle pièce à ma collection. Je voudrais lever le bras pour toucher son visage, mais ma perfusion m’en empêche. Je réalise alors que je suis toujours à l’hôpital, je ne suis donc pas mort? Pourtant, je sens bien sa main dans la mienne… C’est alors que je la vois, dans son autre main, la lettre… Il s’est rassis sur la chaise près de mon lit et regarde les jonquilles sur ma table de nuit, sa main toujours dans la mienne. -C’est cruel… Tu as vraiment été dur avec moi sir ce coup la. Il me regarde à nouveau, et j’aperçois une larme dévaler sa joue pâle. Devant mon incompréhension, il continue. -Mourir, m’abandonner, sans même dire au revoir… Mélusine m’a appelé en sortant de l’hôpital, elle t’avait trouvé bizarre et préférait me donner ta lettre immédiatement. -Tu lui as dit… -La vérité? Non, j’ai directement accouru ici. Mais elle ne mérite pas ce silence non plus.
Le silence s’installe, et s’éternise. Je suis gêné, surtout parce qu’il sait désormais mes sentiments à son égard. Je ne trouve pas les mots, et je me sens rougir. Lui aussi semble perturbé, et son regard est toujours aussi fuyant. Mais après un moment qui me semble une éternité, il se lève, et m’embrasse. Un baiser doux, à peine une caresse, comme s’il demandait la permission de continuer. Je suis complètement pris au dépourvu, mais je ne dois pas laisser passer une telle occasion. Peut-être ne fait-il ça que par pitié, uniquement parce qu’il sait que je vais mourir? Si c’est le cas, c’est égoïste mais je veux en profiter… Ma main va se perdre dans sa chevelure dorée et ma langue s’insinue entre ses lèvres presque ensanglantées tant il les a mordillés. Mon cœur fait une embardée, et je suis heureux de ne pas être relié à une de ces machines qui prend les pulsations. La courbe serait sûrement devenue digne des pires montagnes russes du monde. Je sens son souffle qui se mêle au mien, et son goût si particulier envahir mes papilles. Quelle idée stupide de m’être dit que je pourrais mourir sans avoir connu ça! Comment ais-je pu seulement penser que « passer du temps avec lui et le regarder me suffit » alors qu’un seul de ses baisers m’envoi au paradis? Je voudrais faire de ce moment une éternité, et je grave chaque détails dans ma mémoire. Il se détache de moi, haletant, et sa main reprend la mienne. Son visage est rouge, mais cette fois, ses yeux ne quittent pas les miens. Leur couleur or en fusion brille de mille feus, et je voudrais déjà recommencer à l’embrasser. -J’ai toujours cru… En fait, quand je t’ai rencontré, j’étais persuadé que tu sortais avec Mélusine. Je pensais que vous n’étiez pas très démonstratifs. Vous étiez si complices… Puis avec le temps, j’ai fini par comprendre que non. C’est à ce moment que je t’ai proposé de sortir avec moi pour la première fois. Je voulais passer du temps ensemble, sans rien vraiment attendre en retour, et ça me rendait heureux. Jamais je n’aurais pensé… Peut être que si je t’en avais parlé… -Tu veux dire que… tu m’aimes? Ma voix s’étrangle alors dans ma gorge, et je me sens incrédule. C’est impossible, tout bonnement impossible! -Depuis bien trop longtemps, murmure-t-il.
Mon cœur fait un nouveau saut périlleux et des papillons s’envolent dans mon ventre. Une part de moi se plaint du temps perdu, une autre clame qu’il n’est pas trop tard, que nous avons jusqu’à demain pour nous aimer comme il se doit. Je l’attire jusqu’à moi et l’embrasse de nouveau, plus passionnément mais toujours aussi amoureusement. J’ai peur, mais je ne doute pas de ce que je vais faire là, maintenant. Ma main se glisse sous sa chemise, et je me contente de murmurer « S’il te plaît ». Le message est clair, et bien que l’hésitation traverse son visage, il monte sur le lit et s’installe sur moi. Mais la passion se calme vite, laissant de nouveau place à la tendresse. Nous avons tout le temps, toute la nuit. Je déboutonne sa chemise, et admire le tatouage qu’il à sur le bras. Une étoile, hommage à son prénom, et surtout à feu sa mère. Mais ce qu’il ignore, c’est que j’ai exactement le même à un endroit différent. Sur ma poitrine, juste au dessus des palpitations de mon cœur amoureux, il brille d’une encre noire et profonde.
Quand ses yeux se posent dessus, il semble ému. Il comprend ce que ça signifie. Il prend de plus en plus conscience de l’ampleur de mon amour. Il le caresse du bout des doigts, ne pouvant ignorer mon cœur qui s’affole juste en dessous, et m’embrase de nouveau. Ce moment est plus émouvant, plus beau que je n’aurais jamais osé l’imaginer. L’amour se passe de mot. En cet instant, je peux mourir heureux.
***
Je suis mort. Ça n’est pas une expression, je suis vraiment mort. Sinon pourquoi je flotterais bêtement au dessus de mon corps comme ça? C’est très étrange. A son réveil, Étoile a tout de suite compris. Il a pleuré en silence un bon moment, alors que je lui criais des mots de réconfort qu’il n’entendait pas, puis il a simplement dit « au revoir », a embrassé mon cadavre et est parti. Ce moment fut le plus éprouvant de tous, bien plus que les heures interminables à la morgue, un peu plus que les larmes de Mélusine, et terriblement plus que mon enterrement. Il y avait du monde, plus que je ne pensais en avoir connu, mais si peu quimpaient vraiment… Étoile, Mélusine, et ma sœur. C’est cruel, mais les autres auraient tout aussi pût ne pas être là. Étoile ne pleurait pas, ou du moins « plus » vu la rougeur de ses yeux, mais son visage trahissait un profond chagrin. Il fut le dernier à rester devant ma tombe, ne prononçant pas un mot. C’est égoïste mais j’appréhendais son dépars, comme si c’était la dernière fois que je le voyais. C’était peut être le cas d’ailleurs. Il regardait la pierre sans vraiment la voir, perdu dans ses pensées. Je voyais parfois ses sourcils se froncer, comme s’il débattait à l’intérieur de lui-même, puis il se leva d’un coup, l’air plus déterminé que jamais, et il partit. Je sentis un grand vide en moi, me demandant vaguement combien de temps j’étais destiné à attendre ici. Peut-être jusqu’à ce que les vers aient fini de ronger ma carcasse?
La nuit passa, puis le matin. Je ne sentais pas ni le froid, ni le vent. En fait, je n’avais plus aucune sensation physique. Mais mes émotions restaient intactes, et je ressentis une pincée de joie en voyant Étoile revenir me voir. Certes, je voulais qu’il m’oublie, qu’il soit heureux, mais pas si vite, pas tout de suite. J’étais et je reste égoïste Il s’assit, et resta de nouveau de longues heures sans bouger ni parler, ses yeux déterminés fixés sur ma tombe. C’était frustrant, mais je pouvais me délecter de son visage à ravir. Puis il parla, et je me nourrissais de chaque trémolo de sa voix.
-Tu vas m’en vouloir, mais je n’ai pas d’autres choix, c’est la seule solution… Pardon… Je ne comprenais pas. Lui en vouloir? De quoi, m’oublier? Oh non je ne lui en voudrait pas, que pensait-il? Mais il retira une chaîne de son cou au bout de laquelle pendait une lame de rasoir. Et je compris.
A ce moment, j’aurais pût pleurer, je l’aurais fait, mais je n’avais plus de corps, alors j’hurlai dans le vide en assistant à son suicide, impuissant. Son sang coulait sur ses fins poignets pâles et ses dents meurtrissaient ses lèvres pour ne pas gémir de douleur. Je dus rester là, à le regarder mourir, pendant ce qui me sembla une éternité.
Quand son âme s’éleva de son corps, j’étais plein de rancœur. Mais quand il me vit, et que son sourire illumina plus que jamais son visage, ce sentiment s’effilocha. Je ne voulais pas qu’il meure, vraiment pas, mais je le voulais près de moi, plus que jamais. Il me tendit la main, et je fus surpris de constater que je pouvais le toucher, le sentir, le goûter de la même manière que de mon vivant. Je sentis ce qui me reliait à mon corps s’estomper, et je compris que j’attendais simplement mon âme sœur pour nous élever ensemble.
Je suis quelque un de banal, très égoïste et ennuyeux. Mais si quelque un a pût m’aimer malgré ça, alors je suis et je resterais heureux. Nous voila uni, pour l’éternité, la vrai, et nous partons vers l’inconnu. |