Et ouais, ce truc à une suite. La véritable histoire (de l'élaboration de Lost feelings) commence ici. :D Bonne lecture o/ __________________________________________________________________________________ Chapitre 2 Deux jours plus tard - J’y crois pas, t’écris vraiment ce truc ? Penché par-dessus l’épaule de François-Xavier, Ludo avait l’air choqué. Il portait encore son sac à dos en bandoulière sur ses épaules, et n’avait même pas pris le temps de déboutonner son manteau. François replongea dans la contemplation de son écran, songeur. - Ouais, mais j’hésite. Je me demande si ça serait pas mieux qu’il ait été violé ou battu dans son enfance, plutôt que juste orphelin. Ludovic renifla dédaigneusement et se mit enfin à l’aise, avant de tirer une chaise et de s’asseoir à côté de son ami. - Ca attirerait un autre lectorat. Mais fais gaffe, ça pourrait sentir le fake… Le blond faisait partie de ces derniers masochistes qui prenaient encore l’option latin. Il avait terminé une heure plus tard que son camarade, laissant à celui-ci le temps de commencer son machiavélique projet. Ils habitaient tout deux à quelques rues l’un de l’autre, et n’étaient qu’à une dizaine de minutes de bus de leur lycée ; autant dire qu’après les cours, ils étaient souvent fourrés ensemble. - Hmhm, marmonna François, songeur. Au fait, t’as lu le dernier chapitre de la fic de Ianto-Harkness ? Ludo s’accouda au bureau, pour observer son ami tout en zieutant l’écran du coin de l’œil. - Celui qu’est sorti hier soir ? Ouais, je l’ai lu. Franchement, elle fait durer. - Je trouve aussi, acquiesça François d’un air entendu. Ils échangèrent un regard presque blasé, de ceux qu’avaient souvent les personnes qui s’entendaient sur le même point et partageaient la même science sur un sujet. Ludo se mit à jouer avec un stylo qui trainait sur le bureau. Celui-ci était jonché de feuilles éparses, morceaux de cours, brouillons griffonnés, plans divers, qui s’entassaient sur chaque recoin entre des piles de livres et des entassements objets plus insolites. - Mais bon. Le lemon était chouette, tempéra-t-il soudain en se redressant. Un sourire goguenard s’étira sur les lèvres de François. Ils se comprenaient tellement bien. - Ouais, le lemon était chouette. Tandis que le jeune homme se remettait à écrire, son camarade se leva et empoigna un manga au hasard dans une pile instable sur une étagère. Il s’effondra sur le lit douillet de son meilleur ami et feuilleta mollement les pages, à la recherche de distraction. - Dit, ton machin, tu vas le publier sous ton vrai compte ? François ne répondit pas tout de suite, absorbé par son écriture –il leur arrivait souvent de passer plusieurs minutes, voire plusieurs heures dans la même pièce, sans même échanger un mot. - Non, je vais en créer un nouveau. Ma réputation, tout ça… ajouta-t-il avec une fausse grimace qui tira un sourire à son ami. Je trouverai un pseudo qui fait japonais, ou avec le nom d’un perso d’une série à la noix, ça fera plus réaliste. Genre « bidulextruc_forever ». Ludovic acquiesça par un vague grognement, à demi convaincu. Depuis que François-xavier lui en avait parlé, il n’avait pas caché que le plan ne lui plaisait qu’à moitié. La perspective de jouer sur la crédulité des gens le refroidissait au plus haut point, même s’il était bien forcé de reconnaître que le projet avait quelque chose de singulièrement amusant. Après quelques minutes de lecture silencieuse, il leva les yeux de son livre, un sourire goguenard aux lèvres. - Et tu feras un profil avec un portrait chinois ? Mal fait ? En mettant tes trucs préférés au lieu de ceux qui te correspondent vraiment ? - Bien sûr, répondit François en levant les yeux au ciel. C’est ce qu’ils font tous. Et juste en dessous, je mettrais une liste complète des choses que j’aime, de mes livres favoris jusqu’à la couleur de mes chaussettes. Ludovic haussa les sourcils, par-dessus ses lunettes. - Même pas cap’. - Oh si, affirma François de son éternel sourire carnassier. D’ailleurs, tu vas m’aider à le faire, parce que tu en meurs d’envie. Et sans lui demander son avis, il lui lança un carnet et un stylo, que Ludo saisit adroitement. Loin de lui renvoyer le tout à la figure comme il l’aurait certainement fait en d’autres circonstances, le blond déboucha consciencieusement le capuchon du stylo. - C’est mesquin, FX. Tu me prends par les sentiments. François lui envoya un baiser charmeur, accoudé à son fauteuil à roulette. -Oublie pas les grands classiques, conseilla-t-il avant de retourner à son ordinateur. Burton, Anne Rice, Poppy Z. Brite… - Tu me prends pour quoi ? Tiqua Ludo. Je vais les mettre juste après Miyasaki, Tolkien et Kaori Yuki. Il se mit à griffonner à toute allure la liste la plus exhaustive possible de tous les auteurs, réalisateurs et groupes de musiques à la mode, japonisants, gothiques, underground, glauques ou follement connu dans le petit univers codifié de la fanfiction. Depuis le temps qu’il trainait là dedans, il connaissait les bases. A sa plus grande surprise, il mit tant de zèle dans cette classification que lorsque François vint lui mordiller l’oreille pour le sortir de sa concentration et réclamer un peu d’attention, deux heures s’étaient déjà écoulées. Le week-end suivant - Donc, je planifie ça sur une vingtaine de chapitres, avec un lime tous les deux ou trois, pour maintenir la tension sexuelle… -Obsédé, se moqua Ludovic par-dessus un coussin. - …et peut-être un lemon à la moitié, ça fera un rebondissement. Genre, ils baisent mais le héro est persuadé que son sauveur mérite mieux, ou le prof pense qu’il a « entaché la pureté de son protégé »… Quelque chose du genre, tu vois. N’obtenant aucune réaction, François leva les yeux de son plan et dévisagea son camarade, allongé de l’autre côté du lit. Ludo, vautré au milieu des oreillers –il aimait être entouré quand il dormait- lui rendit mollement son regard. - C’est cliché. Assis en tailleur sur la couette, François sourit de toutes ses dents. - C’est le but recherché. Mais j’ai l’impression d’oublier des choses… Pourtant j’ai distribué plein de prénoms stéréotypés, ou des trucs qui sonnent américain ou japonais… Il s’était pourtant documenté, sur le sujet. En moins d’une semaine, il avait écumé tous les sites et toutes les bibliothèques de fanfictions qu’il connaissait, à la recherche des fics dont il voulait s’inspirer. - Bah, je sais pas, soupira Ludo en haussant les épaules. Le prof a un passé torturé ? Un jardin secret ? Il emmène le héros refaire sa garde robe et lui offre le cadeau de ses rêves ? Un autre prétendant s’incruste ? François acquiesça à chaque fois d’un signe de tête, légèrement boudeur. Ludovic fronça les sourcils. - Le héros a un talent méga-génial, 220 de QI, a lu Guerre et paix en trois jours mais a la phobie des maths ? - Oui, oui, oui et re-oui, gémit un François au bord du désespoir. Son camarade roula sur le dos, jouant pensivement avec le col de son pull. Le plafond de la chambre de Ludo était recouvert de posters, tout comme le reste des murs ; une lubie adolescente qu’il n’avait jamais eu le courage de nettoyer. Il n’aurait jamais su quoi faire de toutes ces affiches amoureusement glanées et accrochées au cours des années. - A part le jumeau disparu ou la grossesse imprévue, je vois pas trop ce qu’il te reste… Peut-être une affaire de drogue… François-Xavier fit une grimace expressive, mâchonnant le bout de son crayon. - Figure toi que le jumeau et la drogue vont ensemble. Mais j’ai peur que ça commence déjà à faire trop… original. Un petit silence amical s’installa entre eux. Scrutant son plafond, Ludovic se gratta pensivement la gorge. - Faudra voir comment ça rend… Et au niveau des lemons, tu sortiras le grand jeu ? Son camarade fut particulièrement fier de lui brandir sous le nez une page entière de son carnet de notes. - Oh oui, fais moi confiance. Ca sera plein « de langues qui s’entrainent dans un ballet sensuel », « de feu d’artifice dans sa tête », et à chaque fois, dans un endroit et une position différente. Ludovic lui lança un regard entendu par-dessus l’oreiller qui les séparait. - Faudrait pas que la monotonie s’installe dans leur couple. - Ca serait trop triste, renchérit son ami. En plus, il faudra soigner leur toute première fois. Tu sais, celle où le petit puceau commence par couiner « nooon, nooon ! » avant de terminer en hurlant « oh oui défonce moi plus fo… » François ne put terminer sa phrase, attaqué à grand coups d’oreillers par un blond écarlate, qui vitupérait comme un hystérique parce que « sa petite sœur était dans la chambre d’à côté ». Le brun repoussa vainement les assauts en éclatant de rire, jusqu’à ce que l’autre s’épuise et qu’ils tombent tous les deux à la renverse sur le matelas, épuisés mais heureux. oooooooooooooooooooooooooo Et j'ai même pas honte d'avoir encore piégé certaines personnes. *3* Hohoho, cette fic s'enfonce de plus en plus dans le nawak, et chaque passage a créé en moi une nouvelle phase de remise en question et d'interrogations existentielles. Mais je me suis bien marrée en écrivant. J'espère que vous aurez passé un aussi bon moment en la lisant. :D Au passage, je remercie Lia pour son aide précieuse, ses conseils avisés et ses idées géniales. *3* A bientôt pour la suite et fin o/ |