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Chaque nuit
Par m0uwa
Originales  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 1     3 Reviews    
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Chaque soir

 

Il fait froid ce soir. Le vent entre par la fenêtre ouverte. Les rideaux se soulèvent voluptueusement. Ma peau légèrement bronzée prend un teint comme fantomatique à la lumière de la lune. L’air est frais et agréable. C’est l’automne mais je n’ai pas froid. La peau de mon torse apprécie la caresse soyeuse de la brise glaciale. Je ferme les yeux, me délectant de ce moment de calme. Je songe.

L’air se fait soudain plus lourd. Mes sourcils se froncent, mes yeux restant clos. Ma tête s’incline sur le côté. Le vent a cessé. Je ne sens plus qu’une agréable ambiance angoissante. Je ferme obstinément les yeux et baisse la tête. Les bras le long du corps, je ne bouge plus. Derrière mes paupières, je vois déjà un film se dérouler, et un sourire vient étirer mes lèvres.

L’air se fait de plus en plus lourd, et au moment où j’allais commencer à haleter, je lève brusquement la tête, ouvrant dans un même mouvement mes yeux. Tout se passe très vite.

Je suis projeté sur le lit sans que je ne sache ce qu’il m’arrive. Je me sens cloué au matelas, suffoquant presque de la poigne qui m’enserre la gorge. Mes poignets me font mal ainsi serrés. Mes yeux s’habituent alors à la nouvelle obscurité qui m’entoure. Un poids se fait sentir sur mon ventre. Je distingue les contours informes d’un corps. J’ai les dents serrées et bientôt je vois deux yeux d’une couleur de bronze en fusion me regarder. Mon propre regard s’y accroche, serrant plus fort les dents.

Je sais chaque soir quels dangers j’encoure, mais c’est mon choix. Chaque soir, je joue avec la mort. Deux belles paires de canines pointues luisent dans le noir, et je suis toujours aussi tendu, ne sachant encore une fois pas si je survivrai à cette nuit. Mon regard se fait plus précis, plus insistant, presque suppliant, comme chaque soir. L’idée de ne plus pouvoir vivre ce qu’il m’arrive me fais peur, je ne veux pas mourir, je ne l’ai jamais voulu, mais c’est le prix à payer pour ces quelques heures en dehors du temps.

Mon pouls se fait de plus en plus précipité, mon cœur se met à vouloir bondir hors de ma cage thoracique. Je sens l’adrénaline monter en moi, je sens que je suis si près de la mort que si je faisais un seul mauvais pas, je basculerais dans les draps sombres et accueillants des ténèbres éternels.

Je sens soudain ma tête tournée sur le côté. Mon cœur s’arrête, ma respiration aussi. Un souffle chaud se propage sur la peau de mon cou et soudain, je sens que les mains de mon agresseur me brûlent. Sa poigne se dessert, son corps couvre le mien, et c’est au moment où je sens sa chaleur que je me rends compte que je tremble de froid. Sa main à quitté mon cou et a rejoint ma hanche. Je sens le froid de ses crocs sur ma peau et c’est à ce moment là que je comprends que je suis perdu. Je vais y rester et mourir, une fois de plus. Ma chaire est transpercée aussi facilement qu’un ballon de baudruche le serait par une aiguille. Je n’ai pas mal, même si j’ai toute ma raison, pour l’instant. Je ne me débats pas, je reste calme. Je sens mon sang couler dans mes veines pour en être retiré. C’est une sensation étrange je dois dire. Mes mains se crispent sur le tissu de sa cape et je me rends compte que ma raison n’est pas si présente que ça. Je ne sais pas quand et comment elles y sont arrivées. Je les laisse pourtant agripper l’étoffe comme si ma vie en dépendait, et c’est peut-être bien le cas.

Je me sens lentement partir, je sens mon sang avoir un rythme à nouveau normal. Je sens les crocs sortir de ma chair. Je sens une langue lécher ce qui n’a pas été bu. Je sens les trous se refermer. Je sens le poids sur mon corps se faire plus léger. Je vois trouble. Je ne distingue pas son visage lorsqu’il se redresse. Comme chaque soir. Je vois simplement que ses yeux ne sont plus d’un bronze en fusion mais d’un paisible vert doré.

J’arrive à discerner un sourire timide avant que mes yeux ne se ferment et que je ne tombe dans l’inconscient.

 

Quelque chose d’humide me titille l’oreille. Mes yeux papillonnent et je tourne la tête vers l’origine de ce désagrément. Je sens une bouche quémandeuse se poser sur la mienne et mes yeux se ferment immédiatement. Une langue mutine demande l’entrée de mes lèvres que lui accorde sans plus de cérémonie.

Ma bouche quitte l’autre et sans rouvrir les yeux, je me cale dans des bras chauds et réconfortant. Ma joue se brûle alors à un torse dépourvu de vêtement. J’ouvre alors doucement les yeux pour tout de même vérifier l’identité de mon compagnon de lit. Je tombe nez à nez avec une peau blanche, semblant manquer de soleil. Je relève la tête pour me heurter au même regard que j’ai vu avant de sombrer. Je soupire de soulagement et embrasse à nouveau mon « agresseur ».

Je sens ses mains commencer à se faire baladeuses et je décide donc de les éloigner de moi puis de faire s’élever doucement ma voix dans le calme de la nuit encore présente et de ma chambre.

 

« J’ai dormis longtemps ?

-Comme d’habitude, une heure et demi. »

 

Sa voix est calme et douce, rieuse même. Je regarde le réveil sur la table de nuit par-dessus son épaule : 1h30.

 

« Comme d’habitude tu étais là exactement à l’heure.

-Un vampire n’est jamais en retard lorsqu’il s’agit de se nourrir, me répond-t-il.

-Pas qu’en ce qui concerne la nourriture, je marmonne.

-Effectivement »

 

Je n’ai pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit que je suis allongé sur le dos, un vampire à califourchon sur moi, embrassant mon cou, suçotant les deux petites cicatrices, vestiges des évènements remontant à seulement deux heure.

Gémissant de plaisir, les moments qui viendraient n’appartenaient qu’à moi, et chaque nuit qui recommencerait, chaque nuit qui suivrait, chaque nuit où je mourrais un peu plus d’amour.

 

THE END

 
     
     
 
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