Je ne ris plus depuis bien des mois maintenant. Je pleure avec un cœur brisé, fendu par une blessure profonde... Elle me brûle, d’une chaleur insoutenable. J’ai le cœur qui se réduit en cendre, un peu plus chaque jour... Et lui, il s’en fout, il en a marre, il voudrait que je meurs pour ne plus me croiser. Il voudrait que je crève en sautant du rebord du monde. Et moi je l’aime, et j’veux vivre avec lui, mais c’est impossible. Alors, épuisée par cette histoire, je me suis laissée prendre... Je me penche vers le vide, et l’observe avec horreur. J’entends son rire dans mon dos, son rire froid et cruel. Sans jeter un regard en arrière, je sens la pointe de son arme dans mon dos et par petit coup, il me pousse vers le vide. Une larme naît au coin d’un de mes yeux, je la ravale avec rage : je ne peux le laisser me tuer aussi facilement. J’éclate alors de rire, d’un rire qui n’avait plus jaillit de moi depuis des mois entiers. D’un rire joyeux qui ravive le visage des gens que j’aime, d’un rire ému de ses journées passées à l’attendre, dans un espoir impossible. Je me retourne et lui fais face, un sourire sur les lèvres : il ne m’aura pas, pas ainsi ! Je le fixe de mes yeux bruns et lui dis : - Si tu tiens tant que ça à ma mort, vas y, tue moi avec les forces de tes mains. Ne sois pas lâche et ne jette pas mon corps vivant par-dessus bord, tel un morceau de viande qui sert à nourrir les requins. Silence sur le rebord du monde, au centre une bombe éclate. Son bruit nous parvient, mais ne nous effraie pas. On se fixe, toujours les yeux l’un dans l’autre, le regard soutenu. Il a l’air troublé par ce changement de situation, et moi, je ferme mon esprit et me prépare à recevoir ses coups. Les sirènes retentissent au loin, leurs sons nous parviennent en écho. Les immeubles s’écroulent les uns après l’autre, enterrant des vies sous les décombres de béton et de métal. Des gens courent, s’affolent, sauvent ceux qu’ils aiment et partent, partent loin vers des endroits sûrs. Nos regards se soutiennent, ne se lâchent plus, aucun des deux ne veux rompre ce contact. Un fil invisible nous relie, lui à moi, moi à lui... Il hoche la tête en signe d’approbation, baisse son arme et me fait signe de m’éloigner du bord. Il s’approche alors, pas à pas vers le rebord du monde et jette son arme dans le vide. D’un sourire satisfait, il m’observe et sans un geste, il me dit : - Prépare-toi à souffrir... Je ne réponds mots, dans tous les cas, je connais mon destin. Je ferme les yeux le temps, d’une seconde, juste pour admirer le noir luisant ternis. Des vies s’écroulent sous l’onde de choc, et d’autres bombes suivent la première. Je sens mon cœur battre, je ne touche plus la Terre de mes pieds. Il me tient avec férocité de ses mains douces, sensuelles, de ces mains que j’aime. Il me gifle, laissant des marques rouges et chaudes, sur mes joues froides de ce jour. La fumée noire monte dans le ciel bleu, cachant le ballon jaune et brûlant. D’un coup de poing, du rouge s’étale sur mon T-shirt. J’ai une côte brisée en mille morceaux, mais je le regarde encore dans les yeux, je le regarde encore avec amour... Une odeur me traverse les narines, une odeur noire, amer, piquante. Je la respire, empoisonnant mes poumons, je suffoque. Il sourit content de mes blessures et continue à me frapper avec toute la haine qu’il me porte. Je ne fais aucun geste, aucun recul, et j’accepte ses coups sans mots. J’ai des bleus, des entailles, du sang... Les sirènes chantent, les fracas s’accélèrent, les vies tombent les unes après les autres, le monde s’écroule. Je suis défigurée, je ne me vois pas, mais je m’imagine... J’enfle un peu partout, il me rut de coups, me tue à petit feu. Des incendies se propagent dans tous les sens, les villes se réduisent en cendre, leurs habitants pour la plupart ne sont plus. J’ai dû mal à respirer, mon cœur ralentit, mes jambes ne supportent plus mon poids, mon ventre saigne de toutes parts, mes mains sont douloureuses. Debout, haletant face à moi, il déglutit face à mon corps, il me demande avec colère si je veux mourir tout de suite, ou si je veux continuer à souffrir. Incapable de répondre, je fixe ses yeux, je le fixe d’un regard tendre, d’un regard qui l’enrage... Il ne peut plus supporter ce regard, cet amour que je lui porte et décide d’en finir, une bonne fois pour toute. Il ramasse mes pieds et me traine jusqu’au rebord du monde. Peu de monde a survécu à cet attentat, la queue au paradis n’a jamais été aussi longue d’après les anges... A vous de juger, ce texte... Je ne sais que dire.
T.ii.c - T.a.c. . .
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