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au 31 Mai 21 :
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L'Empereur
Par Yume_no_kuni
Originales  -  Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 1     6 Reviews    
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Encore une fois, les petites bouteilles en verre s’accumulaient sur la table de fortune, une planche de bois et deux tréteaux. Le jeune homme ne disait rien, et restait là, contre le chambranle de la porte, à fixer ces petites tâches vertes et marrons éclairées par le réverbère. Il ne fermait pas les volets, cela faisait longtemps. Il voulait juste regarder le désastre de la soirée. Encore des cris, encore des larmes. Et toujours ce vide. Il ne fit aucun geste pour se débarrasser des preuves de son malheur. Mais le plus ironique était que son père était certain de causer le bonheur de son enfant, après tout, il « s’en occupait ».


Brimades, sous-entendus, et supériorité. Je m’écrase sous la présence d’une inconnue. Je tolère papa, la femme que tu m’obliges à fréquenter. Amie de ton collègue. Elle m’épuise Papa. Et ses mensonges me détruisent. Instable psychologiquement, je sombre dans la folie.

<< J’ai fait cinq années d’étude, j’ai tout vu, j’ai vécu 68, toi, tu n’as que la théorie de la première année ! >>

Mon avis n’avait aucun intérêt, et pourtant, elle cherchait mon approbation pour se moquer de ton ami. Papa, cela, je ne le comprends pas. Elle qui se disait si gentille, qui se posait en victime vis à vis de lui, qui disait qu’il était mythomane, violent, faible… pourquoi continuait-elle à dire que sa tenue ne convenait pas, qu’il devait se couper les cheveux, qu’il était idiot.

Et moi papa, après une crise de larme, après m’avoir rabaissé, elle me dit que je suis comme un fils, mais est-ce que l’on dit à son enfant qu’il est sectaire, qu’il n’est pas démocratique et pire, qu’il est élitiste. Pourtant papa, nous ne mangions pas à notre faim, alors comment pourrais-je être cela ? Je ne comprends pas papa.


« Moi, mon chien, je le promenais cinq fois par jour. »

Ici c’était deux.

« Allez, pour me faire plaisir. »

Non, je n’avais aucune envie de lui faire plaisir.

« Pour leur faire plaisir. »

Mes chiennes ne m’ont jamais demandée d’autres sorties.

Mais elle, elle connaissait tout Papa. Elle savait tout mieux que moi, elle était plus intelligente, plus cultivée. Tu sais Papa, quand elle était là, il n’y avait plus que de la haine en moi.


Et puis tu sais papa, elle n’hésitait pas à me réveiller tu sais, en pleine nuit. Minuit, ou deux heures du matin, elle m’éveillait pour que j’éteigne la radio. Depuis ma quatrième, je n’arrive plus à dormir sans cela, et parce qu’elle était là, je me devais de me plier à ses exigences. Après tout, elle était malade, alors je devais obéir. Je ne disais rien, je m’y pliais. Mais dieu, que je la détestais !


Ou alors, puisque je ne sais pas cuisiner Papa, je n’avais pas à regarder des émissions qui parlaient de cela. Alors elle se permettait de changer de chaîne, sans mon avis papa. Et quand tu étais là, elle me disait « Tu regardes toujours l’émission de cuisine ? ». Finie depuis presqu’une heure ! Je serrais ma mâchoire, mordais l’intérieur de ma lèvre et essayait de tenir.

Tu sais, Ingrid Betancourt a été libérée, alors elle voulait voir toutes les émissions qui parlaient d’elle, même si on montrait cinquante fois les mêmes images, si on répétait cent fois le même discours… Et encore, j’avais le droit à des remarques désobligeantes.


Pour faire les courses papa, je devais faire sept kilomètres sous le soleil de plomb, en pente. Je n’avais pas envi de le faire. Et elle se plaignait. Il n’y avait pas assez à manger. Vu que je sautais les midis, il y avait assez pour elle et toi. Au téléphone, elle se posait de nouveau en victime. « Il dit qu’il y a à manger pour son père et lui. Mais alors moi ? »


Elle me prenait pour un idiot aussi papa. Des couverts propres dans une casserole, je les retire pour la remplir et permettre à mes chiennes de boire. Et je l’entends me crier :

« Tu ne les as pas mis dans l’évier j’espère. Ils sont propres. »…

Je serrais les poings, encore une fois.

Et au téléphone, elle m’écrasait encore devant les inconnus à qui elle parlait. Pourtant, je ne disais rien qu’elle téléphone cinq heures sur un portable à partir de notre fixe.


Au téléphone aussi elle mentait Papa, elle disait que je faisais des choses que je n’avais jamais faite. Elle détournait tout. Une victime totale et parfaite. Elle avait dit que j’étais un poids pour toi Papa, que vous discutiez de ce que j’étais. Je m’en suis voulu de te faire subir ça. A cet instant-là, je ne pensais plus à ton alcoolisme et aux mois de souffrance qui avait précédé le calme actuel. La tempête, elle l’avait ramené avec elle.

J’ai fait claqué ma porte, je me suis enfermé Papa, et je me suis attaqué à mes veines. Le sang était noir, preuve que j’étais un monstre. Ma lune était ce lampadaire défaillant qui trouvait place devant ma fenêtre. Et je me suis couchée en croix Papa, malgré la chaleur de l’été, je me sentais glacé, c’était si délicieux. Je voulais mourir ainsi, les bras écartés, le sang sur mes avant bras.


Au réveil, le sang avait séché, les gouttes étaient devenues des croûtes ébènes. Soixante et une marques. Un immense « Adieu » sur l’avant-bras gauche. Dans la chanson de Cali, la personne inscrivait Emma sur son bras, et il avait du mal avec le « a ». En majuscule, il n’aurait eu aucune difficulté. Mais le « D » de « Adieu », je l’ai raté, on aurait dit un triangle… Et les lettres je les avais repassées mais dans l’obscurité de ma chambre, je ne voyais rien, alors au final, il y avait plusieurs lignes, rien de coordonnés, rien de beau… Une pure horreur. Comme moi.


Au final, par sa présence, le seul point positif fut que j’ai pu revoir ma sœur, nous avons pu lui rendre visite sans que pour une fois, je reste à la maison, pour surveiller les chiens. C’était le seul point positif…


A son départ Papa, tu as recommencé à boire, sans te limiter. Comme avant son arrivé. Je déteste les « comme avant ». J’ai toujours la sensation que malgré une course effrénée, malgré des dizaines de combats, mon passé me rattrape, me kidnappe, m’emprisonne. Tu sais Papa, j’ai vraiment essayé de me libérer, briser les chaînes et t’emmener avec moi. Tu avais fait de si beaux progrès… Tu n’avais pas le droit de retomber. Papa, pas après tout ce que nous avions enduré. J’ai dû aligner les bouteilles sur le sol papa, devant toi. J’ai dû pleurer, alors que les hommes ne pleurent pas papa, comme dans la chanson « Boys don’t cry ». Même ma fierté, je l’ai écrasé pour toi. J’ai dû m’arracher les veines, te montrer à quel point je sombrais. On avait lutté à deux papa, alors pourquoi tu retombes sans moi ? Pourquoi tu te reposes encore sur moi ? C’est inconscient, mais je suis si épuisé papa. Pitié, trouve une autre béquille que moi.

<< L’alcool est mon ennemi. Fuir son ennemi est lâche. Je ne le serai pas. >>

Bien Papa, alors je reste là, pour te soutenir. Tant pis si je m’épuise, tant pis si je me meurs. Tu seras sauvé, c’est le principal… Moi… moi je ne suis rien, juste là pour toi. Et je te rendrais fier de ce fils, de cette larve que je suis, je tiendrais debout Papa, je ferai face à mon ennemi, à l’alcoolique que tu deviens de nouveau.


Encore un soir, deux canettes sur notre petite table, et je n’ose plus aller dans la cuisine de peur de voir le cadavre des autres. Je suis tellement fatigué de te voir te tuer. Et moi, je reste sur le bas-côté. Je cherche à marcher à ta vitesse, à me retenir d’avancer, mais papa, je vais toujours plus vite que toi. J’ai la sensation de faire du sur place, de me condamner à un combat à mort avec mes démons, et pourtant, tu es toujours derrière, toujours trop loin… retenu par quelques photos dans le salon. Tu les connais par cœur, tu ne les regardes plus. Alors je voudrais les décrocher, tu sais, juste pour nous libérer. Elle est partie Papa, elle s’en est allée, on l’a vu ensemble s’enfuir et quitter la cage d’escalier.

Encore une fois, notre salon se trouve inondé, sous les ruisseaux de larmes, les torrents de regret. C’est un nouveau sinistre mais je suis si habitué Papa.

Un, deux.

Ta main tremble, je te connais.

Trois, quatre.

Tes yeux s’agitent. Tu y penses. Des années que j’agis en père pour toi papa, je te connais comme si je t’avais fait.

Cinq, six.

La crise approche.

Sept…

Tu te noies dans la bière. C’était plus rapide cette fois Papa…

Cela veut dire que demain, quand j’aurai fini ma journée de cours Papa, si ta voiture est déjà là, je n’oserai pas descendre dans le garage. J’attendrais, sur la chaise, devant l’un des bureaux du salon. Je t’attendrais. Et au moindre bruit qui viendrait du garage, je monterai le son de la télévision. Et pourtant j’aurai l’image en tête, de ton corps, pendu à une poutre avec un drap, de la chaise au sol… Mon cœur battra sans cesse plus vite, ma respiration se coupera. Et puis, comme à chaque fois, tu arriveras là. Le sourire aux lèvres, le bac de 25 bières sous le bras, mon bonheur mis à la porte.


Encore une fois je critique ton attitude, mes mots sont des éclats de verre dans ta gorge. Cynique je pourrai dire qu’en plus de boire de l’alcool, tu ingurgites grâce à moi, les bouteilles qui entourent ton précieux liquide. N’y vois aucun écœurement papa, cela fait longtemps que mon cœur n’en peut plus d’affronter tes vices. J’ai peur de rester avec toi, notre quotidien nous glace les os de nos erreurs, que l’averse s’arrête… J’ai besoin de repos tu sais. Mon esprit est comme du papier papa, rempli de belles tâches rouges, de belles ratures dans ma vie, mais c’est impossible de le recycler désormais. Il ne reste plus que moi, mes erreurs, les effluves de passé qui éclatent sur mon bras. Ça ne sert plus à rien si je pleure comme un enfant, les grosses larmes bleus n’ont plus de pouvoir sur toi… Mais voilà que je deviens un inconnu, un oublié de la vie… Je voudrais à chaque fois que tu agis ainsi me jeter par la fenêtre, peut-être que tu te réveillerais ? Tes yeux brilleraient enfin ? Tu te souviendrais de moi papa ? Comme d’un fils et non l’homme qui surveille ta vie, qui devient le policier de ton univers. Mais de toute façon, le temps que l’étincelle allume la flamme de tes souvenirs, je serai déjà couché sur le bitume, la bouche ouverte éclatée sur l’asphalte de ma vie à vomir des restes de rêverie. Surtout, ne t’en veux pas Papa, s’envoler par la fenêtre c’est un rêve d’enfant. Et même si je dois agir en adulte pour toi, au fond de moi, je suis toujours ce petit garçon qui tend les bras pour une étreinte. Le premier qui me serrerait aurait décidé de ma vie. La Mort aurait été plus rapide que toi. Alors en attendant, je ferme les volets. Un jour, un jour peut-être je m’envolerais par la fenêtre. Je suis certain que sans vous, j’aurai pu gagner les étoiles, sauf que vous me clouez à terre. Si je fuis dans les airs, je baiserai les pieds du sol. Par votre faute, par ta faute…

Pardon Papa je suis égoïste.

Pardon Papa, c’est toi qui souffre, pas moi.

Pardon Papa, pardon papa… Je suis trop faible pour tout cela.

Mais ce n’est pas de notre faute tout cela, nous ne savions pas que nous vivions au bord d’un gouffre. Sauf que cette fois, j’ai fait un grand pas en avant. J’ai fait un pas et gagné le néant.

Plus besoin d’anesthésie, on m’arrache les dents une à une, on brise mes poignets pour m’empêcher d’escalader. Je dois rester dans les limbes de mes douleurs, à marcher dans l’obscurité pour rechercher une lumière désespérément. Je m’écorche contre les parois de l’indifférence, je me perds dans les labyrinthes de sourires factices, je tente de fuir les rires forcés qui y résonnent. En attendant, je marche, les pierres marquent ma chair de discrets bleus, me blessent un peu plus… Mais je ne ressens plus rien. Mon cœur est mort, mon corps le rejoindra.

Clair, obscur.

Éclair noir.

Lumière sombre.

Je suis perdu Papa, désolé, je ne peux pas te rejoindre. Je ne peux plus te sauver. Et toi, tu ne chercheras pas à me retrouver.

C’est marrant Papa, tu as peur du monstre qu’il y a en moi. Je crois que c’est notre seul point commun. Tu sais, moi aussi j’ai peur de lui. Il me ronge de l’intérieur, fais gonfler mon ventre, déchire mes entrailles, et dans ma gorge rougie ne demeure que mes larmes.

Unique point commun… C’est triste Papa. Je voudrais tellement exister, avoir de la valeur. Mais je crois que je suis de ces hommes qui valent « trois francs six sous », moins qu’une bière…Que mon âme se noie dans une de ses bouteilles, que tu l’engloutisses entière plutôt que de la détruire petit à petit. Qu’elle demeure unie même dans ton indifférence, ainsi survivra-t-elle peut-être… Peut-être. Mais là-dedans, au fond d’une canette fragile, j’aurai de l’importance pour toi. Je pourrai te faire oublier tes problèmes, jusqu’à perdre ton adresse entre le lieu où tu as posé les clés et mon prénom. Tu utilises souvent celui d’un autre quand tu bois trop…


Mais je te pardonne Papa, et je me contente des « Je t’aime » que je lis à la fin de chaque e-mail de Maman. Car je ne mérite rien de plus. Car je dois me haïr de mes faiblesses, de mes erreurs. Car tout cela est ma faute … Je voudrais tellement pouvoir tout oublier. Aussi facilement que toi. Un peu d’indifférence à l’égard d’un monde qui se meurt, qui se perd, qui m’exaspère. Un peu de naïveté dans les capacités de l’alcool… Un peu de tout cela. Et quelques regards de toi Papa. Enfin exister…

Sauf que tout cela est impossible sobre, n’est-ce-pas ? Sinon, tu n’absorberais pas tes trois doses de bonheur nocturne.



Alors puisqu’il est impossible de te rendre fier papa, puisque je suis un fils que tu n’écoutes plus, que tu ne vois plus. Alors, je n’ai pas d’autre solution.

<< Tu m’en passes une ? >>

Tu es étonné. Délice sous la langue, promesse d’un regard, j’ai enfin réussi à te surprendre.

Tu me passes une de tes précieuses bouteilles…

Et je me rappelle de ce poème d’un anonyme, d’un oublié … comme moi.


Mais le plus merveilleux des amours,
L'Amour de tous les amours,
[…]
C'est l'amour infini, tendre et passionné,
D'un ivrogne pour un autre ".


Je voudrais pleurer sur mon existence, mais nous avons l’alcool joyeux…

Enfin, au moins, tu me vois maintenant.

Une gorgée. Deux. Trois.

Ma gorge me brûle.

Quatre. Cinq. Six.

Je me hais.

Sept. Huit. Neuf.

Mais au moins j’existe…

Alors…

<< Tu m’en passes une autre ? >>

Nos langues brûleront sous les degrés, ma détresse touchera ton cerveau embrumé. Le reste du monde disparaîtra.
 
 
 
Et demain, tu auras tout oublié Papa.
 
     
     
 
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